.a change is gonna come.

Aujourd’hui, c’est le jour du groupe de soutien auquel Malory participe et va de temps en temps. Enfin, au début c’était de temps en temps. Maintenant, c’est toutes les semaines qu’elle s’y rend pour la voir, cette brune au visage de poupée et au regard si hypnotisant. Quand elle l’a vu pour la première fois, quand elle a franchi les portes et qu’elle a cherché un siège du regard, Malo a su qu’elle serait attirée par elle. Cette fille, elle a tout pour plaire. Une plastique de rêve et en plus, elle est sympa, pour le peu que la bipolaire lui ait parlé. Honnêtement, il faudrait être aveugle pour ne pas la regarder et la trouver mignonne. Clairement, elle lui plait. Son cœur bat légèrement plus vite quand elle la voit, ses mains deviennent moites et elle sent que ses joues prennent une jolie couleur rosé. Du coup, Malory ne peut pas s’empêcher de sourire comme une idiote parce qu’elle va voir Manon mais en plus parce que son horoscope était vraiment super aujourd’hui. Que demander de plus ? Son portable vibre alors et elle l’attrape par-dessus l’oreiller de son canapé. C’est Charles. « Est-ce que tu vas à ta séance de groupe aujourd’hui ? Je peux t’y déposer si tu veux. » Elle secoue la tête avec un sourire amusé sur le visage. Son oncle n’est pas encore au courant de ce qui se passe dans la tête de sa nièce. Il ne sait pas qu’elle va vraiment à toutes ses séances sans rechigner. Il pense encore qu’elle lui dit qu’elle y va et qu’au final, elle se barre avant même de rentrer à l’intérieur. C’est exactement ce qu’elle faisait au début. Parler à des gens qu’elle ne connait pas de sa maladie, de ses deux tentatives de suicide et de ses dépressions à répétition, ça ne plaisait pas trop à la jeune femme. Ça ne lui plait toujours pas, mais au moins, maintenant elle a une raison d’y aller et cette raison n’est autre que Manon. Depuis qu’elle est arrivée, elle est assidue et ça lui ferait presque peur. Bien entendu, elle rechigne à se livrer parce que ça ne regarde personne et qu’elle a l’impression que les gens autour d’elle sortent tous de l’asile. Cependant, inconsciemment, ça lui fait du bien de voir et entendre qu’elle n’est pas la seule dans ce cas et qu’ils arrivent à s’en sortir. Alors, elle répond à son oncle qu’elle veut bien d’un chauffeur et qu’elle l’attendra dehors. Elle enfile ses chaussettes, une grise à petits pois noir et une rose striée de violet, prend son portable ainsi que ses clés d’appartement et sort de chez elle après avoir verrouillé la porte derrière elle. Cinq minutes plus tard, elle entend un klaxon et voit la fenêtre de la voiture de son oncle s’ouvrir. « Allez rentre à l’intérieur grosse truie. » « Tu fais chier Charles. Arrête de m’appeler comme ça. Est-ce que moi je t’appelle handicapé de l’amour ? » Un sourire triomphant apparait sur les lèvres de la blonde alors qu’elle sait qu’elle a gagné. Son oncle a quelques difficultés avec les filles et elle ne rate jamais une occasion de lui rappeler. Après tout, lui il lui donne bien un surnom dégradant alors, pourquoi ne pourrait-elle pas s’amuser elle aussi de son côté. « C’est injuste ça Malo. » Il soupire et démarre la voiture dès qu’elle est montée à l’intérieur. Le silence se fait tandis qu’elle allume la radio et qu’une musique de maître Gims passe encore une fois. Malory lève les yeux au ciel. Sérieux, elle en a marre de cette chanson de merde. Elle appuie sur le bouton CD prête à tout entendre. Quand la voix de Céline Dion emplit l’habitacle, elle se tourne vers Charles un air interloqué sur le visage, l’air de dire « Are you kidding me ? really ? ». « Quoi ? C’est bien Céline Dion. On ne crache pas sur la reine canadienne. Si t’aimes pas tu peux toujours écouter la radio. » « Hors de question, j’en ai marre de Maître Gims et compagnie. Sérieux, la prochaine fois j’apporte ma musique, au moins, moi c’est bien. » Elle soupire en posant ses pieds sur le haut de la voiture. Ses orteils touchent le parebrise alors qu’elle coupe la musique et qu’elle met Maroon 5. Ça au moins c’est de la musique. Charles remarque alors qu’elle n’a pas mis de chaussures. « Sérieux Malo ? Et tes chaussures elles sont où ? » Un rire franc sort des lèvres de cette dernière alors qu’elle voit l’air dépité de son oncle. C’est pas sa faute si elle aime bien marcher pieds nus ou en chaussettes dans la rue. Elle n’a jamais aimé faire comme les autres et c’est pas maintenant que ça va changer. « Bah quoi elles sont pas belles mes chaussettes ? » Charles soupire une nouvelle fois et se gare devant l’édifice qui sert de groupe de soutien avant de poser son regard sur sa nièce. « Non mais au moins, t’aurais pu mettre des chaussettes de la même couleur… Allez file, avant que je change d’avis et que je fasse demi-tour pour que tu ailles mettre des chaussures. » Malory rit encore une fois, dépose un baiser sur la joue de son oncle avant de quitter la voiture. Elle remarque qu’une vieille dame pose son regard sur elle et elle frissonne de dégoût. La jeune femme a peur des vieilles personnes et ce depuis qu’elle est petite. La différence entre maintenant et lorsqu’elle n’avait que six ans, c’est que maintenant, elle peut se contenir et ne pas fuir dès qu’elle voit un vieux. « Non mais c’est quoi cette jeunesse… Sortir sans chaussures, où va le monde ? » Malo adresse un signe de la main à la vieille avec un sourire amusé sur le visage et se dépêche de s’éloigner d’elle. On ne sait jamais qu’elle se mette à vouloir discuter avec elle. Ça ne l’a jamais dérangé que les gens la regarde bizarrement, la montre du doigt ou même se moque de sa façon de s’habiller. Malory n’a jamais suivi la mode et n’en fait toujours qu’à sa tête. Elle n’aime pas entrer dans un moule pour satisfaire la société et devenir une pâle copie. Elle est elle et si ça ne plait pas aux gens, elle les emmerde. La blonde monte à l’étage puis entre dans la pièce qui leur sert de groupe de soutien. Elle parcourt la salle des yeux et tombe sur Manon. Elle est seule dans un coin alors que la plupart des autres sont ensemble et discute avant le commencement de la séance. Malory s’approche d’elle avec un sourire, les mains moites et le cœur s’affolant un peu. Soudain, alors qu’il n’y a rien par terre, la blonde glisse sur le carrelage et se casse la gueule juste devant Manon. La honte ! Elle voudrait ne pas être là ou même disparaitre tellement elle se sent conne. Elle reste alors à terre et lève juste la tête vers la brune. « Salut toi ! Tu devrais essayer de t’allonger sur le sol, c’est bon pour les chakras et tout ça. J’ai lu dans mon horoscope aujourd’hui que j’allais faire une rencontre qui me ferait tomber par terre… ça se trouve c’est de toi qu’il parlait. Mais je comprends pas, parce qu’on s’est déjà rencontrées… Enfin bref ça a pas d’importance. » La bipolaire fait un sourire à la jeune femme. Elle essaie de se lever, mais une douleur lui prend le poignet. Oh d’accord, elle comprend mieux. En tombant, elle a du mal se rattraper et la voilà avec le poignet tordu. Ça lui arrive tellement souvent, qu’elle n’avait pas remarqué au premier abord. « Bon par contre, j’pense pas rester comme ça toute ma vie. tu voudrais pas m’aider à me relever s’il te plait ? Je crois que je me suis foulé le poignet. » Cette fois, son sourire est désolé parce qu’elle l’oblige à l’aider. Enfin, elle pourrait se lever sans aide. C’est plus un prétexte pour toucher Manon qu’autre chose en fait.

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Comme très souvent, Manon arrive au groupe de soutien avec énormément d'avance. Elle est déjà elle, plutôt du genre ponctuel, se mettant des alarmes pour un peu tout et n'importe quoi, mais comme c'est son père qui généralement l'emmène avant de prendre son service, et qu'il commence avant le début de la séance, elle arrive toujours bien trop tôt. La plupart du temps, elle doit même attendre dans le couloir que le groupe avant le sien ne finisse leur séance. Au départ, lorsque sa psychologue, celle qui la suit depuis que sa maladie a été détectée, lui a parlé de ses séances collectives, Manon était particulièrement sceptique et absolument pas motivée par l'idée de tenter l'expérience. Elle n'avait pas vraiment de déballer ses soucis mentaux à des tas d'inconnus, alors qu'elle n'en parle déjà pas à ses proches, seules quelques personnes vraiment très proches, comme bien sûr sa famille, mais aussi Ambre, sa future belle-sœur avec laquelle, elle est très complice, sont au courant pour sa schizophrénie. Comme la jeune fille prend avec soin son traitement depuis toujours, au quotidien, ça ne se perçoit pas trop, plus encore pour ceux qui l'ignorent, alors comme elle n'est un danger pour personne, elle ne voit l'utilité d'en parler. C'est pourquoi, elle ne voyait pas non plus l'intérêt d'en parler avec d'autres personnes, qui comme elle, sont malades. Sa psy a réussi à la convaincre en lui présentant les choses sous un autre angle, elle irait non pas pour elle, mais pour aider les autres, montrer que malgré la maladie, c'est plus que possible de vivre une vie tout à fait normale, qu'on peut être bien dans ses baskets, même en étant obligé d'avaler des médocs tous les jours et de devoir continuellement être suivie par un psychologue. Ce n'est qu'après avoir entendu cet argument, que Manon a accepté de s'y rendre.

Encore aujourd'hui, elle n'est pas réellement ravie de devoir se prêter au jeu chaque semaine, même si ça lui permet d'autres personnes. Parfois, elle aimerait juste faire autre chose, ne pas penser à sa propre maladie pendant plus que quelques jours d'affilés. Mais, elle n'est pas vraiment du genre rebelle, et puis elle sait que si elle n'y va pas, son père ne sera pas content et qu'il risque de s'arranger avec la psychologue, comme elle est son amie, pour ré augmenter ses séances individuelles avec elle, ce que Manon veut absolument éviter, vu le temps qu'elle a mis pour arriver à les espacer de la sorte. Heureusement, la miss à une très bonne motivation pour s'obliger à y aller, une motivation bien plus agréable que le seul fait de ne pas à avoir à voir sa psy plus souvent, et cette jolie motivation se trouve être blonde, complètement délurée et porte le doux nom de Malory. Elle ne lui a jamais vraiment plus parlé que ça jusque-là, et c'est sans doute un peu bizarre à dire comme ça, mais dès le premier regard échangé entre elles, la footballeuse a senti que la jeune femme serait spéciale pour elle, d'une manière ou d'une autre.

Manon est la première à entrer dans la salle dès qu'elle est disponible. Elle va s'assoir sur une chaise, dans un coin de la pièce, histoire de pouvoir avoir une vue d'ensemble sur tout le monde, et aussi de rester à l'écart. Elle n'est pas spécialement quelqu'un de solitaire, ni même d'asocial, elle est juste réservée et n'a pas vraiment envie de se mêler à tout ce petit monde, déjà qu'elle vient, qu'elle participe, il ne faut pas trop lui en demander. « Manon, tu te mets toujours dans ce coin, tu ne veux pas te rapprocher un peu ? » La jeune fille secoue la tête négativement. « Non merci, j'aime bien cette place, j'ai pris l'habitude d'y être, elle me convient bien. » Tout à fait le genre de réponse qu'adore analyser les psys, mais elle s'en fiche, du moment qu'on lui laisse rester là où elle en a envie. Soudain, alors qu'elle est encore en train de se ronger les ongles d'ennui, son coeur se met à palpiter un peu plus rapidement dans sa poitrine, il sait que Malory vient d'arriver avant même que Manon n'ait le temps de poser les yeux sur elle. Lorsque c'est le cas, un sourire béat apparait inconsciemment sur son visage, mais rapidement ses joues se parent d'une teinte rosée, la blondinette avance dans sa direction. Elle n'a pas le temps de réfléchir à ce qu'elle va bien pouvoir lui dire, la demoiselle s'étale devant elle, sans, à priori, aucune raison valable. Bien évidemment, le premier réflexe, comme la plupart des gens, c'est de rire un peu avant même ne serait-ce que de penser à l'aider. C'est surtout la réaction et l'explication de la principale concernée qui fait sourire Manon. C'est exactement pour cette raison qu'elle apprécie Malory, ce côté décalé, amusant, un brin excentrique, tout le contraire d'elle. « Oh pardon. Désolée, je... Euh, je... oui. » Honteuse de ne pas avoir réagi avant, elle bafouille un peu tout en rougissant autant qu'une tomate bien mûre, avant de se précipiter auprès de la blonde pour l'aider à se relever. Elle s'abaisse près d'elle, passe un bras autour de ses hanches, et posant sa main libre de l'autre côté. « Ça va aller ? Tu veux que j'aille chercher quelqu'un pour ton poignet ? » Ce n'est qu'une fois qu'elles sont toutes deux à nouveau en position verticale, que Manon observe de bas en haut Malory, histoire de vérifier que ça va et c'est à ce moment qu'elle remarque l'absence de chaussure et surtout l'originalité de la paire de chaussettes qu'elle porte. Définitivement, elle kiffe cette nana. « Tu sais les chaussettes sur le carrelage, c'est pas très recommandé, même si j'avoue que je trouve fun ta manière d'être, c'est dangereux ici. » Miss Lesca lui adresse un clin d'oeil complice pour le côté décalé, et un sourire sincère quant à sa remarque sur la dangerosité des chaussettes sur du carrelage. « Et il faut quand même te faire soigner ton poignet, viens ! » Elle se met en marche en direction vers la sortie de la salle, tout en restant à bonne distance de Malory, juste au cas où elle glisserait à nouveau, prête à sécher la séance de groupe, quitte à se faire taper sur les doigts par le paternel plus tard.

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Le groupe de soutien, si Malory au début rechignait à l'idée d'y aller, maintenant, elle prie pour qu'il y en ait un tous les jours. Et tout ça, à cause d'une seule personne, à cause d'elle. Cette brune obsède la jeune femme qui ne sait plus comment réagir quand elle est en face d'elle. Pourtant, elles ne se sont jamais réellement parlées, n'ont jamais cherché à se connaître d'avantage que ce que le groupe leur offre. Mais Malo ne sait pas pourquoi, mais elle sent que c'est de cette personne que la voyante lui parlait la dernière fois qu'elle a été la voir. Depuis ses tentatives de suicide, elle a trouvé refuge dans l'astrologie et ne peut pas passer une seule journée sans checker son horoscope. Toute sa vie est basée sur ça maintenant. Du coup, plusieurs fois par an, il n'est pas rare de la voir aller une voyante pour connaître son avenir. Et la blonde croit à tout. Jusqu'à maintenant sa vie n'a pas été la plus simple qu'il soit. Ses parents l'ont plus ou moins abandonnée quand elle a commencé à développer les symptômes de la bipolarité sans savoir que c'était de ça dont il s'agissait. Elle s'est retrouvée chez son oncle, oncle qu'elle aime plus que tout au monde et qui lui sert plus de figure paternelle que son propre père. Puis, elle a connu la descente aux enfers. D'ordinaire quand quelqu'un parle de ça, c'est souvent à cause de la perte d'un être cher, de drogue ou même d'alcool. Elle non, c'était sa maladie. Elle ne savait pas qu'elle était malade et pensait ne plus avoir sa place dans ce monde. C'est pour ça qu'elle a attenté deux fois à sa vie, la première en se défenestrant et la seconde en se coupant les veines. C'est l'astrologie et tout ce qui est en rapport à cette science occulte qu'elle a pu s'en sortir, et bien sûr le soutien de Charles et de ses meilleures amies. Sans eux et sa nouvelle lubie, elle aurait sombré plus profond qu'elle ne l'avait fait et la troisième fois aurait été la bonne. D'ailleurs, elle porte les stigmates de ses tentatives. De longues scarifications le long de ses bras pour les veines tailladées et de plus petites sur tout le corps pour la fenêtre. Malory n'en a pas honte, elles sont là pour lui rappeler qu'elle a eu de la chance d'être toujours en vie et qu'il faut qu'elle la chérisse. Et c'est ce qu'elle compte faire en apprenant à connaître Manon. La dernière voyante qu'elle a consulté lui a annoncé qu'elle rencontrerait une personne qui changerait totalement sa vie et qu'elle connaîtrait pour la première fois un amour réciproque. Malo avait hâte de savoir si c'était la jolie brune ou pas, mais dans tous les cas, elle voulait la jeune femme dans son entourage. Elle n'hésite donc pas une seule seconde quand son oncle lui envoie un message pour la conduire à son groupe en priant pour que Manon y soit aussi. Dans la voiture, ils se battent un peu pour la musique, la blonde appréciant très peu les goûts musicaux de son handicapé sentimental d'oncle. Elle met donc du Maroon 5 et se délecte de la musique en posant ses pieds chaussés seulement de chaussettes dépareillées sur le tableau de bord. Charles lui fait une réflexion en rigolant même s'il est à moitié sérieux. Le côté décalé et déluré de sa nièce ne l'a jamais gêné. Elle ne serait pas elle-même si elle devait se plier à tous ces dictas de la mode. Elle est Malory Lombard parce qu'elle est comme ça et il l'aime comme elle est. Il la dépose et la regarde entrer dans le bâtiment inquiet pour elle. Il sait qu'elle va bien, qu'elle va mieux, mais qu'à tout moment elle peut replonger... Il se dit qu'il ne sera pas toujours là pour la protéger, ni même Olivia et Olympe et qu'il faudrait qu'elle trouve une personne avec qui continuer sa vie. Il démarre la voiture pour la laisser faire sa vie avec une boule au ventre. Malory quant à elle, elle se retourne pour regarder l'automobile échapper à son champ de vision. Elle est bien consciente des inquiétudes de son oncle, et même si elle ne laisse rien paraître, elle a peur de replonger et de cette fois se retrouver toute seule. Sa famille et ses amis en auront-ils marre un jour de s'occuper d'elle ? Elle soupire avant de rentrer dans le bâtiment le cœur léger quand elle pense qu'elle va enfin voir son visage. Il s'illumine d'un sourire quand elle la voit, toujours dans le même coin et elle se précipite vers Manon, sans forcément courir, mais elle ne va pas doucement, ce qui bien entendu à pour effet de la faire glisser sur le sol et de s'étaler par terre à ses pieds. Malory est vraiment maladroite quand elle s'y met. Cependant, au lieu de s'offenser des réactions qu'elle entend autour d'elle, elle ne se préoccupe que de Manon qui rit à cause de sa réflexion. Ce son est si charmant que la blonde ne peut pas s'empêcher de sourire comme une idiote devant celle qui l'a met dans tous ses états. C'est ce qu'elle aime chez la jeune femme, c'est qu'elle ne se moque pas d'elle. Elle rit parce que Malo fait le clown et explique qu'elle s'est étalée par terre à cause d'elle. Elle ne va pas rester à terre pendant trente ans et essaie de se lever mais une douleur lui prend le poignet. Alors, elle demande l'aide de la jeune femme avec un sourire. Manon l'aide en rougissant. Qu'est-ce qu'elle est mignonne avec cette jolie couleur sur les joues. « Oui ça va, merci Manon. Et ça va aller pour mon poignet. C'est sûrement pas grave. J'ai l'habitude de me faire mal. » Malory fait référence à sa faculté de tomber un peu n'importe quand, mais surtout à ses tentatives de suicide. Elle sourit à la jeune femme qui l'a aidé pour la remercier mais aussi pour se retirer de la tête ces pensées morbides. Elle est avec Manon, elle ne peut pas penser à quelque chose d'aussi noir. La réflexion de la jeune femme sur ses chaussettes ainsi que son clin d’œil a pour effet de faire se colorer de rouge les joues de Malo. Alors que tout autre personne aurait tourné la tête gênée, Malory elle, elle plante son regard dans celui de Manon avec un grand sourire idiot sur le visage. « J'aime les choses dangereuses. Et puis si je peux être sauver par une magnifique femme, je vais pas hésiter longtemps. » Nouveau sourire et la jeune femme se met à suivre la schizophrène qui veut quand même aller regarder son poignet. De sa main non blessée, elle attrape alors le bas du chemisier de Manon. « Ça m'évitera de tomber comme ça. » Elle aurait très bien pu récupérer sa main aussi, mais elle ne veut pas aller trop vite. Elle ne veut pas faire peur à Manon. Les deux filles sortent de la salle alors que le groupe commence. Tant pis, elles le rateront mais est-ce vraiment une mauvaise chose ? Hmmm, pas forcément puisque ça permet à Malory d'être seule avec Manon. « Je peux être contente d'avoir ma propre infirmière... Je devrais me blesser plus souvent alors. » Malo sourit encore une fois innocemment. Bien entendu, il n'y a aucun sous-entendu dans cette phrase.

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Il y a des fois où Manon n'aime vraiment pas se rendre aux séances de groupe, car ça lui donne l'impression de se retrouver dans un asile. Non pas que les gens qui participent à la séance avec elle sont spécialement fous, mais c'est vrai que certaines de leurs réactions ou de leurs paroles peuvent dans certains cas heurter la sensibilité de la demoiselle Lesca. En réalité, le pire, c'est ceux qu'elle voit sortir de la séance avant la sienne, eux ils ont l'air d'être d'un autre niveau de maladie déjà. Et comme elle sait que généralement, elle arrive avant la fin de leur séance, indubitablement elle va les croiser, et ça lui fait froid dans le dos. Heureusement, qu'ils ne sont pas tous comme ça, surtout dans sa séance, et heureusement surtout, qu'il y a la présence de l'excentrique Malory. La jeune femme a le don d'alléger le ton parfois trop lourd et sérieux des séances, de mettre du fun dans les discussions, d'apporter de la bonne humeur au groupe. Tous les groupes de soutiens devraient avoir leur Malory, les gens se porteraient bien mieux. Manon aime comparer la blondinette à une liane à laquelle se raccrocher pour ne pas tomber, et dans son cas, ne pas perdre la motivation et l'envie. Et c'est dans cette optique qu'elle attend avec impatience l'arrivée de la demoiselle. Arrivée qui ne tarde pas. Manon se met à rougir en voyant Malory venir directement vers elle, mais elle n'a pas le temps de chercher ce qu'elle va bien pouvoir lui dire, que la miss s'étale lamentablement par terre, sans à priori aucune raison. La première réaction de la schizophrène, est la même que tout le monde aurait, celle de rire, mais non pas parce que la jeune femme est tombée, mais bien à cause de ce qu'elle a dit pour donner le change et ne pas perdre la face. C'est ce qu'elle aime chez cette fille, son humour totalement décalé. Manon ignore où Malory trouve tout ça, mais elle est bien contente de la connaître. La bipolaire est son exact opposé ou presque et c'est ce qui lui donne tout son charme.

Elle s'excuse en rougissant de plus belle, quand c'est la blondinette qui doit lui demander de l'aide, alors qu'elle aurait dû le faire d'elle-même bien plus rapidement. Mais il faut dire que Malory a de quoi déstabiliser plus d'une personne avec sa répartie décapante, alors une personne comme la jeune Lesca qui est très réservée de nature, il n'en faut pas autant qu'elle est déjà facilement déstabilisée. Par contre Malory a beau dire que son poignet, ça va aller, Manon s'inquiète et préfère l'emmener voir ce qu'il y a, quitte à louper la séance et se faire sermonner par son père quand elle rentrera. Elle n'est pas vraiment du genre rebelle, mais de temps à autre ça ne fait pas de mal, surtout si c'est pour une raison plus que valable. Après tout, elle n'est plus un bébé qui a besoin de sa tétine et des bras de sa maman pour la rassurer, elle est assez grande pour prendre aussi des décisions par elle-même, et présentement, sa décision et d'emmener Malory faire ausculter son poignet. La réponse de la jeune femme sur sa remarque quant à la dangerosité des chaussettes sur le carrelage, la met particulièrement mal à l'aise. Bien sûr qu'elle est jolie, qu'elle le sait, mais elle a toujours eu du mal à savoir comment réagir à ce genre de compliment. « Euh... merci. » Dit-elle hésitante, tout en souriant aussi à Malory, qui s'accroche à sa chemise. « Oui, c'est peut-être préférable, ici y'a que du carrelage partout, il ne faudrait pas que tu te casses quelque chose. La prochaine fois, si tu t'obstines à rester en chaussette, pense à prendre un rembourrage pour amortir une future possible chute. » Manon se met à rire, déjà plus à l'aise, et prend même carrément la main de Malory, sans vraiment y réfléchir, juste pour être certaine d'avoir elle-même une meilleure prise sur elle si jamais elle venait à glisser à nouveau, se fichant de prendre le risque d'être entrainer dans la chute. Après tout, elle est footballeuse, les coups, les chutes, ça la connait, ce serait pas bien grave comparé à ce qu'elle a déjà subit sur le terrain.

Quand la peau de sa main frôle celle de Malory, il y a comme une décharge électrique qui lui parcourt tout le corps. Manon prend ça comme un signe qu'elle avait raison la première fois qu'elle l'a vu, la bipolaire est faite pour faire partie de sa vie d'une manière spéciale. Manon ne peut bien évidemment pas prédire l'avenir, pas plus qu'elle ne peut déjà dire de quelle manière Malory spéciale pour elle, elle est juste certaine que ce sera le cas d'une manière ou d'une autre. Le premier avantage, c'est qu'elle n'aura pas à avoir peur de devoir lui cacher sa maladie ou à se demander comment le lui annoncer, elle le sait déjà. Elle n'a pas le temps de creuser plus ses pensées, elle arrive au niveau de l'infirmerie du bâtiment, mais avec la chance qu'elles ont, il n'y a bien évidemment personne. « On va devoir attendre, j'espère que ce ne sera pas long. » Manon arbore une moue déçue et fait un signe de tête, vers les chaises qui se trouve dans le couloir et qui doivent probablement faire office de salle d'attente. « Ça va ton poignet ? Tu arrives à le bouger ? Si oui, au moins, c'est qu'il n'est déjà pas cassé. » Elle tente un faible sourire qui se veut rassurant. Elle finit par lâcher la main de Malory une fois qu'elles sont assises pour fouiller dans son sac et en sortir un petit paquet de cacahuètes qu'elle tend vers Malory. « Tu en veux ? Enfin si t'es pas allergique aux arachides. » Manon, c'est une gourmande qui à la fabuleuse chance de pouvoir manger à peu près tout et n'importe quoi sans réellement grossir. Elle fait quand même attention à ne pas abuser, mais jamais au grand jamais, vous ne la verrez sans quelque chose à grignoter dans son sac, juste au cas où, comme là, ça permet de faire patienter. « Petite pointe de curiosité, si ça t'embête pas. Ça t'est venu d'où cette envie de porter des chaussettes dépareillées et de marcher sans chaussure ? » Elle a failli dire manie, mais c'est ravisée de justesse, se disant qu'employer le terme envie serait plus approprié et donnerait moins l'impression de jugement, parce que ce n'est pas ce qu'elle souhaite laisser transparaitre. Manon ne la juge absolument pas, elle est simplement curieuse de connaitre le pourquoi de cette particularité. Elle trouve ça même plutôt chouette les gens qui osent être eux-mêmes en dépit du regard des gens trop bien pensants.

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Tomber comme ça et se faire mal de la sorte prouve bien que Manon perturbe un peu trop Malory. La jeune femme ne sait plus comment réagir envers elle et même si elle n’a pas couru pour la rejoindre son empressement a fait qu’elle s’est retrouvée la tête la première contre le sol. Elle s’est même foulé le poignet à cause de ça. Mais comme elle l’a dit à la brune, le fait d’avoir une jolie infirmière pour la soigner lui convient parfaitement. La blonde remarque que ça met mal à l’aise sa cadette de recevoir des compliments. Elle est mignonne quand elle est gênée et ça s’ajoute aux choses que la bipolaire aime à propos de la fille Lesca. Il y a tellement de choses qu’elle pourrait en faire une liste. D’abord, son physique puisqu’au début elle ne la connaissait pas du tout… Mais maintenant, son caractère vient accroitre cette liste. Du coup, elle se dit que si c’est Manon, elle pourrait se blesser mille fois que sa douleur serait toujours inférieur à ce qu’elle ressent pour la jeune femme. Malo ne sait pas si c’est de l’amour, mais en tout cas, elle perturbe assez son esprit pour ne pas avoir envie de sauter les séances du groupe de soutien et même les attendre avec impatience. Pour éviter de tomber une nouvelle fois, elle attrape le chemiser de Manon et sa réaction fait sourire la blonde. Elle aurait pu rebondir dessus en disant qu’elle pourrait tomber sur elle la prochaine fois, qu’elle pourrait lui servir de rembourrage, mais elle est coupée dans son élan par la brune qui lui attrape la main. Si elle, elle avait hésité avant de prendre sa main, pour ne pas lui faire peur, la brune est carrément celle qui a le courage de le faire. Cependant, Malory comprend très bien que si ce geste à une signification particulière pour elle, ça ne doit sûrement rien dire pour Manon. Qui voudrait d’une fille autant abîmée par la vie ? Si elle remonte ses doigts de quelques centimètres, elle sentira les cicatrices que ses tentatives de suicides ont laissées. Ce n’est pas parce qu’elle les a caché par des tatouages qu’elles ne sont pas là. Manon a déjà dû les remarquer puisqu’il y a des endroits de sa peau qui ne sont pas encrés et donc laissés libres pour toutes les marques blanches. Si elle les a vues, la jeune femme n’en n’a jamais rien dit et Malo l’en remercie. Elle ne se sent pas encore le courage de tout lui expliquer bien qu’elle ait déjà dit qu’elle avait essayé de se tuer par deux fois lors d’une des séances. Seulement, le dire et entrer dans les détails sont deux choses bien différentes. Malory n’a pas le temps d’y penser plus qu’elles arrivent devant l’infirmerie qui se retrouve être fermée. La voix de Manon résonne à ses oreilles et elle lui sourit tristement. « Tu sais, si tu veux pas attendre avec moi, je comprendrais… Tu peux retourner avec le groupe. » dit-elle alors que son expression est indéchiffrable. La moue déçue de Manon a manqué de l’achever. Elle a sûrement dû se sentir obligée de l’accompagner parce qu’elle est la raison de la chute de Malo, enfin indirectement du moins. Cependant, Manon la guide jusqu’aux chaises qui font office de salle d’attente. Oh, alors elle n’a pas l’intention de la laisser seule. Un immense sourire s’affiche sur les lèvres de Malory alors qu’elle répond à la question de la jeune femme. « Non ça va j’ai plus trop mal. Juste quand je le bouge en fait. Du coup, non, je ne pense pas que ce soit cassé. » Quand la main de Manon quitte la sienne, c’est comme si un vide s’emparait d’elle. La main de la brune est parfaitement adaptée à la sienne et elle avait fini par l’oublier. Elles s’assoient toutes les deux et la brune sort de son sac un paquet de cacahuètes avant d’en proposer à Malory. Gênée, la blonde refuse poliment. « Désolée Manon. C’est très gentil de ta part, mais je ne mange que bio… » Elle se passe la main derrière la tête gênée par la situation. Les gens la trouvent toujours bizarres quand elle dit ça, encore plus que d’ordinaire. C’est juste qu’elle a pris l’habitude de manger bio et végétalien et qu’elle ne pourrait plus changer maintenant. Heureusement, sa gêne ne reste pas trop longtemps puisque la fille Lesca enchaîne sur ses chaussettes. Malo part dans un grand éclat de rire. C’est bien la première à lui poser aussi directement la question. D’ordinaire les gens cherchent des détours, essayant de ne pas la froisser. Cependant, c’est justement de cette manière qu’elle est plus blessée par leur question. Parce que plus ils cherchent à trouver des moyens détournés pour lui demander et plus ils la jugent. Si elle a appris avec les années à se moquer de ce que les gens pensent, quand ils en viennent à lui parler directement, elle est souvent rapidement vexée par ce qu’ils disent. Alors c’est une première pour elle. « Hmm, je sais pas vraiment. J’ai commencé au collège. J’aimais bien me promener en chaussettes chez moi et un matin j’ai oublié de mettre mes chaussures et je suis allée au collège comme ça. Ça m’a tellement plu que j’ai recommencé presque tous les jours après ça. » Elle sourit en faisant une pause, nostalgique de cette période où avant ses tentatives de suicide, elle allait bien. Maintenant c’était à double tranchant. Elle pouvait aller bien et la seconde d’après être terriblement mal. « Et pour les chaussettes disons que j’aime pas ce qui est conventionnel. Alors j’ai toujours fait en sorte d’avoir des chaussettes de couleurs différentes. Ça mettait ma mère dans une colère noire et moi ça m’amusait. Et puis c’est devenu une habitude. » Malory se penche pour les enlever et les mettre dans son sac. Avant que Manon ne lui pose la question, elle reprend. « Et puis des fois, je n’en porte même pas. Souvent, il m’arrive de me balader dans les rues de Paris pieds nus. Du coup, ils sont dans un état lamentable quand je rentre. Les premières fois je saignais tellement que j’ai eu peur. Et après, je m’y suis habituée et maintenant ça va. » Pour preuve, elle lève son pied et lui montre la plante. Heureusement cette fois-ci, il n’est pas sale comme lorsqu’elle marche sans chaussettes, mais on peut clairement voir les cicatrices des coupures mais aussi la corne qui s’est formée pour renforcer sa peau. « Et toi, tu as des manies bizarres ? » demande-t-elle avec un grand sourire. Bah oui, il n’y a pas que Malory qui doivent répondre à des questions sur ses habitudes qui sortent de l’ordinaire.

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.a change is gonna come.

Les excentricités de Malory, cela fait un moment que Manon a appris à ne plus en faire cas. Au contraire même, c’est une des choses qu’elle apprécie chez la jeune femme. Alors c’est sans aucun étonnement qu’elle apprend que la blonde ne mange que bio et elle ne se formalise absolument du refus. Miss Lesca ne dit même rien, se contentant elle, de taper encore un peu dans son paquet de cacahuète. Elle a cette chance de pouvoir manger un peu ce qu’elle veut sans avoir à s’inquiéter de grossir, et elle en profite, enfin hors période de compétition. Parce que même si elle peut de permettre des écarts, en grosse période de compétition, elle se doit d’avoir un régime alimentaire exemplaire. Ce n’est pas une question de poids, mais seulement de forme physique. Elle n’est pas en période de compétition, alors la question ne se pose pas et plutôt que de continuer de parler de cacahuète, Manon préfère engager la discussion sur une question qui la turlupine, parce qu’elle trouve ça cool et que ça la démange depuis un moment de la poser à Malory : pourquoi des chaussettes dépareillées. Il n’y a pas l’ombre d’un jugement dans sa question, juste une envie, un besoin de savoir. Alors elle écoute attentivement la réponse faite par la bipolaire et sourit, parce que même si elle, n’a jamais eu l’idée de sortir sans chaussures, Manon adore trainer en chaussettes chez elle, au grand dam de ses parents qui lui répète sans celle qu’elle devrait mettre ses chaussons sous peine d’attraper froid. Foutaise, avec le sol chauffant, elle sait très bien qu’elle ne risque rien et puis elle a toujours fait comme ça, c’était déjà la bagarre pour lui faire garder ses chaussons aux pieds quand elle était toute petite. Elles ont au moins ça en commun et elle est pressée de le lui dire. Mais comme Malory poursuite, Manon se retient et continue de l’écouter, admirative. Elle aussi, aimerait être capable d’oser s’affirmer de la sorte et ne pas avoir peur du jugement des autres. Elle l’observe, amusée, de la voir ôter ses chaussettes et de constater qu’effectivement, vu l’état de la plante de ses pieds, la miss ne lui ment pas pour se venter. Non pas qu’elle doutait des dires de sa comparses, mais là, plus aucun doute n’est permis. « Tu sais, je trouve ça vraiment génial que t’oses faire tout ça. C’est vraiment cool d’arriver à assumer pleinement ce qu’on est en se fichant éperdument du regard d’autrui. Et puis, on a une chose en commun, j’aime me balader en chaussette chez moi, même si tout le monde à la maison voudrait me voir avec des chaussons aux pieds. » Manon est emplie de fierté de dire ça, parce que mine de rien, c’est une petite victoire sur son affirmation de soi. C’est bien la seule chose, avec sa passion du foot, qu’elle a réussi à imposer. Sauf que la fierté s’envole en un clin d’œil, alors qu’un énorme postillon s’échappe d’entre ses lèvres sur la fin de sa dernière phrase. « Pardon, désolée. » Elle éclate de rire, après s’être assuré qu’elle n’a pas touché son amie et s’empresse de sortir un mouchoir pour essuyer ça. « Un vrai boulet, ça ne change pas. » La schizophrène reprend place auprès de Malory afin de reprendre le cours de la conversation en répondant à sa question. « Je ne sais pas si j’ai vraiment beaucoup de manies, ce qui me vient comme ça à l’esprit, comme tu l’as peut-être déjà remarqué, je m’attache quasiment toujours les cheveux, mais hors de question de les couper. Je me ronge tout le temps les ongles et je me mets un nombre incalculable d’alarmes sur mon téléphone pour ne rien oublier. » Et comme pour prouver ce qu’elle vient de dire, l’alarme de son téléphone sonne lui rappelant la prise de l’un de ses nombreux cachets pour soigner sa maladie. Manon s’empresse d’éteindre la sonnerie et pour le cachet, elle le prendra plus tard, tant pis, elle se sent gênée de le faire là, même si elle l’a dans son sac. Cette sonnerie lui indique aussi que la séance est déjà probablement terminée et que son père l’attend à l’extérieur. Alors elle regarde la blonde gênée et un peu déçue aussi de devoir s’éclipser. « Je suis désolée, j’attendrais bien encore avec toi, mais mon père est là, je dois y aller. » C’est précisément à cet instant que l’infirmière décide d’arriver. Quel timing. Manon farfouille rapidement dans son sac pour en sortir un stylo et attrape le bras de Malory. Evidemment, elle aperçoit les cicatrices, elle les avait déjà repérées, mais elle n’ose pas lui en parler, elle sait ce que ça fait d’être questionné sur un sujet difficile à aborder et que c’est mieux quand ça vient de la personne elle-même. Alors elle fait comme si de rien était et se contente de griffonner avec son BIC sur le dos de la main de la bipolaire. « Je te laisse mon numéro, si jamais. » Elle accompagne sa phrase d’un clin d’œil « A bientôt Malory. » Et la voilà en train de filer dans les couloirs pour rejoindre son père qui s’impatiente en double file dans la voiture.

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