Il y a de ça plusieurs jours maintenant, Donovan avait rencontré une jeune femme dans un bar. Ce n'était pas commun qu'il s'y rende après le boulot, il préférait largement boire en solitaire dans sa caravane. Question de principe. Au moins, personne ne vient l'embêter ou lui poser des questions sur tel ou tel sujet qu'il n'a pas envie d'aborder. En clair, il n'a pas envie de parler tout court, et pourtant, avec son métier c'est compliqué de ne pas parler. Alors ce soir là, il avait discuté avec la jeune femme sans lui préciser qu'il était flic. Il y a de ça plusieurs années en arrière, il aurait été fier de le préciser, il aspirait à ce métier depuis son plus jeune âge, et pourtant, aujourd'hui plus rien ne le motivait à faire ce qu'il fait, hormis le fait de retrouver les meurtriers de sa femme, c'est la seule chose qui le maintient en vie il faut croire.

La demoiselle lui avait parler brièvement d'elle, fournissant un prénom et autres informations bénignes. Sans vraiment s'en préoccuper, Donovan avait acquiescé, se présentant à son tour sans donner de détails pertinents sur sa personne.

Quelques jours plus tard, c'est-à-dire aujourd'hui, il était contraint de rester au bureau faute d'agents pour prendre les dépositions, interroger des suspects et autres conneries du genre. Sans gaieté de coeur, il était donc à son bureau attendant patiemment que les minutes défilent et que la fin de la journée arrive. Il vit défiler pas mal de petits délinquants, jusqu'au moment où, il vit cette femme. Celle avec qui il avait discuté au bar l'autre soir. Inquiet ou plutôt étonné, il demanda à son collègue ce qu'on lui reprochait. Malgré son visage angélique, la demoiselle avait assisté à un match, et elle avait forcé le cordon de sécurité pour aller rejoindre un des joueurs sur le terrain.

Donovan se mit à soupirer. Il n'avait jamais compris pourquoi on s'attardait sur des cas comme celui-ci. Elle n'avait pas commis de meurtre, elle n'était pas reconnue comme étant une dangereuse psychopathe. Alors pourquoi pas simplement l'avertir, quitte à demander une mesure d'éloignement si vraiment c'est nécessaire et puis basta. Le commissariat avait vraiment le don pour s'encombrer inutilement de personnes qui n'avaient pas vraiment lieu d'y être.

Mais tout cela n'était rien comparé à ce qu'il s'apprêtait de découvrir. Il feuilleta le dossier de la dite-criminelle, en découvrant que toutes les informations qu'elle lui avait fourni l'autre soir, y compris son prénom étaient totalement fausses. Ce qui retient le plus son attention ce fut le prénom de la demoiselle. Anna. Anna, comme celui de sa femme. Sans savoir réellement pourquoi, il fut poussé par une motivation à trouver pourquoi elle lui avait menti. C'est donc dans la salle d'interrogatoire qu'il la retrouva.

" - Bonjour Johanna, ou plutôt devrais-je vous appeler Anna." fit-il d'une voix calme tout en prenant place face à elle, dossier ouvert.