Les petits plats dans les grands, ou l’art de tout faire en grand. Grandiose. C’était sûrement l’adjectif qui définissait le mieux le cadre de cette soirée. Quelle soirée ? Ronan, un de mes ex petit-amis. Cela faisait quelques temps que nous nous étions pas vu, que nos regards s’étaient éloignés, et que les nouvelles se furent inexistantes. Jusqu’à ce que j’apprenne sa récente relation avec un autre, ce qui sur le moment, ne me fit ni chaud ni froid. Quoi que. Jaloux ? En fin de compte, l’envie quelque peu joueuse, je me surpris à échanger quelques messages avec lui, afin de convenir d’un rendez-vous. Nous devions donc nous retrouver, aux alentours de 20h30, en plein centre de Paris, pour un dîner en tête à tête. Quoi de mieux qu’un petit restaurant gastronomique intimiste pour rapprocher les cœurs délaissés. Un décor somptueux, du velours cramoisi, digne du Moulin Rouge, des verres de cristal et tables noires comme le jais. La lumière formait des alcôves aux quatre coins de la pièce. Deux à deux, les convives étaient baignés dans une atmosphère détendue, sophistiquée, et on ne peut plus passionnée. Les serveurs, habillés à la parisienne, dirigeaient d’une main de maître les clients dans l’allée des tables. Seul, dans la pénombre, un sourire franc dévoilant des dents immaculées, j’attendais, patiemment, la venue de Ronan. Habillé d’une chemise blanche et d’un pantalon à épingles noir, la luxure transpirait de ma prestance. Peut-être en faisais-je un peu trop ? Jamais. Il n’était pas question de jouer un double-jeu. L’honnêteté était de mise, après tout. Après quelques minutes d’attente, scrutant parfois le cadran de ma montre, la silhouette du jeune homme, qui n’était autre que mon invité, fit son apparition à l’entrée du restaurant. Satisfait, la mine lumineuse, je me levai de ma chaise pour accueillir Ronan, tandis qu’il avançait en compagnie du serveur. « Quel bel homme ! » m’exclamai-je à la vue de celui-ci, toujours aussi bien apprêté. Il fallait dire qu’il ne manquait de rien, physiquement, et qu’un sac poubelle lui siérait à merveille. Un brin taquin, je tirai sa chaise pour l’inviter à s’asseoir, avant de faire de même en face de lui.  « Tu veux boire quelque chose ? Du champagne ? Un whisky ? » lui demandai-je, honnêtement heureux qu’il ait accepté l’invitation. Quelques secondes de silence, attendant une réponse, avant que la conversation ne reprenne. « Comment vas-tu ? Cela faisait un moment que je ne t’avais pas vu. » ajoutai-je, curieux de savoir ce que nous allions bien pouvoir nous raconter.