Too frightening to listen to a stranger, Too beautiful to put your pride in danger. But you've got demons in your closet, girl.
Un larbin. Voilà ce qu'elle était. Un chien bien docile qui baissait les yeux et la queue lorsque son maître la sifflait. Louyse détestait cette sensation écœurante de n'être que le pantin entre les mains du conseil d'administration de l'entreprise familiale. La voix de cette chère Ulrike Steinhof, actuelle directrice des ressources humaines de la branche allemande de la transnationale, résonnait à ses oreilles comme le crissement insupportable d'une craie trop blanche sur un tableau trop noir. La jeune femme se massa les paupières, concentrant toute son énergie à ne pas raccrocher au nez de la peau de vache qui l'appelait pour lui annoncer qu'On exigeait qu'elle représente l'entreprise au cours d'une soirée en compagnie de plusieurs partenaires professionnels. Le commercial supposé s'occuper de cela ayant eu la ravissante idée d'attraper une crève du diable, c'était à Louyse d'assumer cette tâche pour le moins ingrate. Ordre du Conseil. Et les ordres n'étaient que rarement discutables.
« Cela représenterait une belle opportunité pour vous. De quoi redorer votre image après avoir lâchement abandonné votre poste à CL Japan. - Stage, grinça la rouquine en correction. - Qu'importe. La décision a été prise. Bonne soirée, au plaisir de vous entendre. »
Une lourde et longue inspiration souleva sa poitrine. Il lui fallut quelques secondes pour ravaler le chapelet de noms d'oiseaux qui lui brûlait les lèvres lorsqu'elle songeait à chacun des membres du comité directeur de l'entreprise. Seuls l'actuel dirigeant et la secrétaire générale furent épargnées, et pour cause : il s'agissait de ses grands-parents.
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Une vibration dans la poche de son manteau victorien attira son attention. La jeune femme dégaina son téléphone, ses sourcils s'arquèrent lorsqu'elle prit connaissance de l'identité du destinateur. Alfred. Papi, comme elle avait l'habitude de l'appeler en privé.
« Pas de bière, tu es une femme, sois ... féminine. Garde la note, tu l'enverras par mail à Hoffmeister pour le remboursement. »
Hoffmeister, l'expert comptable de l'entreprise ; également trésorier au sein du Conseil d'Administration. Encore un qui l'avait condamné, quelques mois auparavant, lorsqu'elle était encore à Osaka. Elle rangea son portable aussi prestement qu'elle l'avait sorti, lorsqu'une vibration attira une nouvelle fois son attention.
« Ne fais rien que je ne ferais pas. »
Un léger sourire étira les lèvres carmin de la jeune femme alors qu'elle replaçait son cellulaire dans sa poche. Louyse se figurait parfaitement la voix et le ton de son grand-père lorsqu'il disait – écrivait – cela, et ce simple tour de son imagination suffisait à faire naître un rien de chaleureux dans son cœur de pierre. Il n'y avait que quelques personnes qui savaient provoquer ce genre de sensation habituellement déplaisante. Alfred était particulièrement doué pour cela. Probablement parce qu'il l'avait éduqué lorsque sa mère ne l'avait pas fait. Probablement parce que c'était lui qui avait fait d'elle ce qu'elle pouvait se vanter d'être aujourd'hui : un monstre. Mais un monstre intelligent, et doué de surcroît.
Une chaleur guindée accueillit l'héritière lorsqu'elle franchit la porte du bar de standing qui les accueillerait ce soir, les collaborateurs et elle. La rouquine balaya la salle du regard, trouvant sans difficulté aucune la table à laquelle elle passerait les prochaines heures. Elle ne fit pas un pas dans l'établissement que déjà un serveur au costume impeccable venait la débarrasser de son vêtement d'hiver. Sa tenue était simple : une robe de velours noir suffisamment cintrée pour mettre sa taille, si fine dans son corset, en valeur. Un décolleté léger, des manches ballon. Des escarpins classiques pour allonger sa silhouette. Habillée, sans trop en faire, l'idéal pour un afterwork entourée de trentenaires dont elle ignorait l'identité, pour la plupart. Seul le visage de Fabian lui était connu. Louyse se présenta sobrement, préférant une poignée de main forte à une bise. De quoi asseoir immédiatement sa position. Elle avait beau être jeune, elle avait beau être la seule femme présente, elle n'en restait pas moins la future dirigeante d'un empire de transport et logistique qui s'étendrait encore sous son règne. Et l'entreprise de chacun des hommes d'affaires accoudés à la table où elle se tenait aurait un jour à traiter avec elle. Autant leur faire comprendre dès le départ qu'elle ne se laisserait jamais faire facilement.
« Un jack rose, commanda-t-elle sobrement. »
Un cocktail. Voilà qui ferait l'affaire. Les cocktails étaient bien une boisson féminine. Bien plus que les bières, en tous cas. L'amertume d'une bonne indian pale ale lui manquait déjà … La jeune femme se concentra sur la conversation. On prenait des nouvelles de la compagne ou des enfants de l'un, on demandait comment se portait l'autre depuis sa gueule de bois montre de la dernière fois, on s'enquit des études qu'elle suivait et de si elle s'en sortait ou non. Le ton était léger, à la plaisanterie. Mais l'afterwork avait beau être dédié à un instant de détente entre partenaires commerciaux, certains enjeux cruciaux pouvaient se jouer lorsque les langues se déliaient à force de verres dans le nez. Aussi la rouquine faisait-elle de son mieux pour ne rien laisser échapper qui pourrait compromettre son image ou celle du fruit du labeur de son grand-père.
Ses yeux dérivèrent discrètement sur les visages alentours, sur les clients aux revenus plus qu'aisés, sur le personnel aux gestes parfaitement maîtrisés. Sur la décoration huppée, les quelques détails qu'elle pouvait observer ça et là. Une chevelure sombre et un teint pâle attirèrent son attention. Deux orbes perçantes qui lui rappelaient quelque chose, et qui semblaient fixer sa table avec insistance. Louyse darda un regard glacial dans celui de la serveuse, un sourire vaporeux brisant un instant le calme de ses traits.
Curious thing, curious people × ft. LOUYSE & AMBER
« Amber, tu pourrais rester ce soir ? On devrait avoir du monde, il y a une réservation pour un afterwork… et Julie doit partir tôt. Il nous faut quelqu’un en plus… » déclara le gérant du bar. La jeune femme fit vaguement la moue, pas vraiment emballée à l’idée de passer sa soirée au travail. Surtout qu’elle n’était pas du genre à faire des heures sup. Après tout, à quoi bon ? Elle n’avait pas besoin de ça pour gagner sa vie. Ce bar, ce job, ce n’était qu’une couverture… Elle n’y était que dans le but d’approcher Fabian, l’homme qu’elle convoitait. Sa « cible ». Elle s’apprêtait donc à refuser, préférant rentrer chez elle pour une soirée au calme. Cependant, sa curiosité la poussa à jeter un coup d’oeil à la réservation. Le nom ne lui était pas inconnu et pour cause, il s’agissait de l’un des collaborateurs et proches du fameux Fabian. Intéressant… Il était donc tout à fait possible que le jeune milliardaire soit présent. Cela valait le coup de le tenter. Sans plus tarder, elle accepta donc de rester. Pur professionnalisme, évidemment ! Un mince sourire se dessina sur le visage de la jeune femme tandis qu’elle continuait son service, attendant avec impatience l’arrivée des clients. Bon, évidemment, même si Fabian était présent, le contexte ne serait pas le plus adéquat pour une approche. Mais avec un peu de chance, il la remarquerait. Quelques oeillades et sourires discrets suffiraient à initier un premier rapport de séduction… en attendant qu’il revienne, cette fois-ci seul, évidemment.
Quelques heures plus tard, l’établissement était bien plus calme. Quelques clients étaient encore là pour boire un verre entre amis, ou se détendre après une journée de travail. Seule une table, au fond du bar, était plus animée. Celle qui avait été réservée un peu plus tôt. Un peu isolée du reste du bar, elle permettait à ses clients de s’y retrouver un peu plus au calme. Plusieurs hommes d’affaires étaient déjà arrivés et discutaient de tout et de rien. Des discussions banales et plutôt légères, mais qui permettaient aux différents partenaires et collaborateurs de garder des bons liens. La porte du bar s’ouvrit à nouveau, et cette fois, Meghan savait très bien de qui il s’agissait; Fabian. Elle avait donc eu raison de rester. Elle afficha un léger sourire puis se remit à travailler, gardant un oeil sur le jeune homme. Et bien évidemment, elle ne laissa aucune place au hasard et s’occupa du service des tables les plus proches. A chaque passage, elle lançait un regard en sa direction. Rien. A aucun moment, il n’avait semblé se soucier d’elle. A croire qu’elle était invisible… Cela en devenait frustrant. Elle retourna ensuite derrière le comptoir, reprenant ses tâches en gardant un oeil sur son type. Elle ne voyait pas vraiment comment créer un contact ce soir-là, s’il ne daignait pas s’intéresser un minimum à elle. Il y avait bien trop de monde pour qu’elle l’aborde… Eh bien, soit. Elle allait probablement se contenter de servir les commandes de la table. Cela lui donnerait au moins l’occasion d’approcher le groupe et d’échanger quelques mots avec. Et puis, elle allait en profiter pour l’observer. Avec qui parlait-il le plus ? De quoi parlait-il ? Et toutes ces petites informations qui lui permettrait de l’approcher d’une manière ou d’une autre… Lorsque son regard gagna une énième fois la table, elle croisa celui d’une jeune femme. La seule parmi tous ces hommes. Meghan fronça légèrement les sourcils…. Elle ne lui était pas inconnue. Mais où l’avait-elle déjà croisé ? Rapidement, elle se souvint d’une soirée, quelques semaines auparavant, où elle s’était rendue car Fabian devait y être. Et si elle n’avait pas pu approcher le beau brun, elle avait eu le temps de repérer la jeune femme. Elle était si jeune pour être déjà dans ce milieu. Et elle semblait connaître Fabian… Meghan préféra faire comme si de rien n’était et adressa un sourire poli à la demoiselle, puis détourna le regard en reportant son attention sur les commandes à préparer. En quelques minutes, elle prépara les différentes boissons demandées par le groupe et s’empressa donc d’aller les servir. Arborant son plus beau sourire, elle rejoint la table, salua le groupe puis servit chaque client. Son regard allait de Fabian à la jeune femme. C’était les deux seules têtes qu’elle connaissait vraiment. Pour les autres, elle en avait parfois croisé sans savoir qui ils étaient vraiment…
Too frightening to listen to a stranger, Too beautiful to put your pride in danger. But you've got demons in your closet, girl.
Le temps égraina quelques longues secondes durant lesquelles les deux jeunes femmes se regardèrent en chiens de faïence. La Française en aurait presque oublié la conversation qui résonnait à quelques centimètres d'elle tant elle était occupée à tenter de percer les mystères qui semblaient se terrer derrière les yeux clairs de la serveuse. Il y avait une sorte de méfiance dans leur jeu de regard. De défiance, éventuellement. Il fallut un petit moment à la rouquine pour associer les traits de la brune au contexte dans lequel elle l'avait déjà croisé. Le souvenir lui sauta en mémoire comme une évidence lorsqu'elle put enfin remettre la demoiselle dans la soirée à laquelle elle avait participé, plusieurs semaines auparavant. Comment diable le nom d'une serveuse avait-il pu se retrouver sur la liste des invités ? Elle se le demandait bien.
Un sourire poli de la part de la jeune femme aux cheveux sombres. Le visage de Louyse reparut lisse et fermé lorsque la barmaid détourna le regard. Son sourire fourbe disparut aussitôt, effacé par un froncement de sourcils à peine perceptible. Cette petite risette voulait tout dire, mais ne disait pourtant rien à la fois. Et en cela, Louyse appréciait l'arborer. Car quelle que fût l'intention qu'elle voulait lui donner, elle savait pertinemment que le destinataire ne le percevrait jamais de la même manière. Il ne le percevrait jamais de manière positive, en tous cas.
Sans doute ses compagnons de soirée remarquèrent-ils qu'elle semblait dans la lune. L'un des hommes d'affaires l'interpella d'un classique « Ici la Terre », rapidement suivi de quelques rires.
« Navrée, s'excusa-t-elle dans un soupir, j'étais perdue dans mes pensées. - La même expression que son grand-père quand elle est concentrée ! Est-ce qu'on doit partir du principe que vous avez exactement le même sale caractère ? plaisanta le plus âgé des dirigeants présents. »
Là où d'autres se seraient vexés, Louyse préféra remercier le businessman d'un hochement de tête entendu, puis d'un haussement d'épaules. Il fallait le dire : elle appréciait le compliment, et pouvait difficilement réfuter le fait qu'elle avait sensiblement le même tempérament que le patriarche. C'était atavique. L'une était la version encore jeune et fougueuse de l'autre, bien plus sage et mature.
« À défaut d'avoir le même lever de coude … ronchonna-t-elle dans une moue mutine. »
De nouveaux éclats de rire qui ne baissèrent pas malgré l'arrivée de la serveuse. Louyse se redressa dans son assise pour mieux attraper le verre de jack rose qu'on venait de lui tendre. En matière de short drink, elle n'était clairement pas en mesure de suivre l'exemple de ses camarades féminines. Là où la plupart des femmes se seraient contentées d'un vulgaire cosmopolitain, la rouquine avait préféré remonter le temps pour aller puiser sa première boisson de la soirée dans les grands classiques des années vingt. Autant dire que le cocktail n'était pas particulièrement facile à trouver en ville. Et lorsqu'un bar le proposait à sa carte, il y avait généralement deux chances sur trois qu'il n'ait aucune harmonie dans son goût. L'étudiante porta le verre à son nez pour mieux profiter de son parfum, à défaut de pouvoir le goûter de suite. Elle remarqua sans mal les œillades que lui lançait la barmaid, dont les orbes passaient de Fabian à elle, puis d'elle à Fabian. Ce dernier était d'ailleurs bien trop occupé à discuter pour se rendre compte de l'attention toute particulière que semblait lui consacrer la brune. Ou qu'il fût aveugle. Ou qu'il eût simplement oublié qu'il existait encore aux yeux de la gent féminine, et ce malgré le décès de sa précédente compagne. Les prunelles glacées de la rousse se heurtèrent successivement à celles de la serveuse, puis de Fabian, qui décidément ne comprenait rien à la vie. Il eut même l'audace de hausser un sourcil, visiblement déconcerté. Un « Quoi ? » muet franchit ses lèvres. Un hochement de tête suffit à lui faire comprendre qu'il devait laisser tomber.
La conversation se poursuivit. Plus ou moins intéressante. Plus ou moins tranchante et périlleuse. Louyse se sentait comme un poisson dans l'eau, parfaitement à l'aise dans ce monde de requins capitalistes qui attendaient impatients un signe de faiblesse pour passer à l'attaque. Elle s'excusa un instant, se leva de table et serpenta jusqu'au bar, ce qu'il restait de son verre à la main.
« La même chose pour ces messieurs, merci. Et de même pour moi, d'ailleurs. Vous ferez passer ça sur ma note. »
Il y avait fort à parier que la soirée ne serait qu'une surenchère de tournées gracieusement payées à grands renforts d'American Express Platinum. Personnelle, business ou Corporate, c'était selon. Personnelle, en ce qui concernait la rouquine.
Les orbes bleues de la demoiselle se perdirent un instant sur les diverses boissons qui trônaient à l'arrière du bar.
« Vous devriez lui parler, si vous le trouvez tellement attirant, glissa-t-elle l'air de rien. Je ne pense pas qu'il soit du genre à mordre. Ou alors, il ne mord probablement pas dans un contexte autre que charnel. »
Un petit rictus étira les lèvres maquillées de la jeune femme qui le noya dans une dernière gorgée de jack rose avant de poser le contenant sur le plan de travail de la serveuse.
Curious thing, curious people × ft. LOUYSE & AMBER
Jusqu’à présent, Meghan n’avait jamais vraiment eu de mal à se rapprocher des hommes qui l’intéressaient. Elle était plutôt séduisante et savait jouer de son charme pour arriver à ses fins. Et puis, elle était généralement plus jeune que ses « cibles », qui ne se faisaient donc pas prier. Après tout, une jolie jeune femme qui s’intéresse à vous, c’est flatteur non ? La plupart de ces hommes savaient à quel point leur fortune les rendait tout particulièrement « séduisants » et en profitaient… Même si elle n’était qu’une « conquête » parmi tant d’autres, cela était suffisant à la belle pour repartir avec un petit pactole, faucher quelques objets ou repérer les lieux… Et pourtant, cette fois, sa missions s’avérait beaucoup plus compliquée… Sa cible n’était pas un quinquagénaire appréciant et cherchant la compagnie de jolies jeunes femmes, mais un trentenaire, veuf depuis peu, dont rien ne semblait plus l’intéresser que son travail. Que ce soit lors d’un dîner mondain ou au sein d’un bar qu’il fréquente, la trentenaire n’avait pas véritablement réussi à se faire remarquer par le beau brun. Evidemment, leurs regards s’étaient croisés, elle avait prit sa commande ou lui avait mené… Et c’est tout. Peut-être qu’elle ne l’attirait pas… Ca serait problématique dans ce cas. Ou alors, il était bien trop préoccupé pour la voir. Elle avait l’impression de faire partie du décor et cela ne lui plaisait pas vraiment.
Si encore, elle le croisait seul… Mais évidemment, il est toujours accompagné. Ce soir, visiblement par des collègues et autres chefs d’entreprise. Difficile donc d’initier un contact, à part visuel… Mais il semblait même insensible à ses oeillades. Voire totalement aveugle, en fait. Et clairement, avec tout ce monde autour, elle ne pouvait pas aller lui parler. Elle aurait tellement l’air ridicule, elle, Amber, la petite serveuse, à essayer de séduire le riche dirigeant d’entreprise. Non, à l’approcher, il fallait trouver LE bon moment. Quand il serait seul, évidemment. Pour le moment, c’était impossible. Meghan se contentait donc de garder un oeil sur lui, espérant qu’il finirait par la remarquer. Malheureusement pour elle, c’était une autre personne qui semblait l’avoir remarqué; une jeune femme rousse dont les traits n’étaient pas inconnu à la serveuse. Elle ne connaissait pas son prénom mais l’avait déjà croisé lors d’une soirée caritative, à laquelle elle s’était rendue afin d’approcher Fabian - qui, évidemment, s’était très rapidement éclipsé, avant que Meghan n’ait pu s’en rapprocher -… Et, à la manière dont les deux jeunes femmes s’étaient observées, elle aussi la reconnaissait. Elle devait sans doute se demander ce que faisait une serveuse dans une telle soirée… La brune espérait juste que cela n’éveillerait pas trop de doutes en elle. Au bout d’un moment, la rouquine rejoint le bar, son verre à la main. « La même chose pour ces messieurs, merci. Et de même pour moi, d'ailleurs. Vous ferez passer ça sur ma note. » Amber acquiesça et esquissa un léger sourire. « Très bien, je vous prépare ça. » Sans plus tarder, elle remplit les verres, ne prêtant pas attention à la cliente. Elle aussi, elle l’avait gardé à l’oeil. Plutôt jolie, elle semblait connaître et apprécier Fabian… Mais jusqu’où ? Aurait-elle pu avoir des vues sur lui ? Elle ne semblait pas lui tourner autour mais Meghan voulait la garder à l’oeil, juste au cas où.
« Vous devriez lui parler, si vous le trouvez tellement attirant, glissa-t-elle l'air de rien. Je ne pense pas qu'il soit du genre à mordre. Ou alors, il ne mord probablement pas dans un contexte autre que charnel. » Les doigts de la brune se refermèrent un peu plus contre la bouteille qu’elle tenait fermement. Son regard se leva brusquement vers la jeune femme de l’autre côté du bar. Bon, elle, au moins, elle avait remarqué ses regards envers Fabian. Si, sur le coup, cela ne plaisait pas vraiment à la serveuse, elle réalisa finalement qu’elle pouvait peut-être devenir une alliée. Si, tous ces trucs de solidarité féminine, là… Ca peut marcher. Le regard de la jeune femme s’adoucit alors tandis qu’un maigre sourire - faussement gêné - se dessinait sur ses lèvres. « Oh… Je ne pensais pas que vous aviez remarqué… Je suis désolée… » lâcha-t-elle en secouant vaguement la tête de droite à gauche. Elle continua à remplir quelques verres silencieusement avant de reprendre la parole. « Ca serait ridicule… Comment une petite serveuse sans importance, comme moi, pourrait l’intéresser ? Et puis, j’imagine que des femmes, ce n’est pas ce qui doit lui manquer… » Avec un peu de chance, la rouquine pourrait la renseigner un peu… Ou au moins lui donner quelques pistes sur ce qui pourrait le faire craquer. Ou s’il voit déjà quelqu’un d’autre… A priori, non. Mais quelque chose avait peut-être échappé à l’américaine…
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