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Go Against the Flow - (Maklie)

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Julie Perrin
Julie Perrin
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MessageSujet: Re: Go Against the Flow - (Maklie) Go Against the Flow - (Maklie) - Page 2 Empty6/2/2018, 20:27


Go Against the Flow
Maksim Kryuko & Julie Perrin
« Il n’y a rien à détruite. » Cette révélation te fait l’effet d’une bombe dans la poitrine. T’ébranles totalement. Tu aurais certainement pu dire ce genre de chose toi aussi. Tu n’es qu’un champ de ruines après tout. Mais tu imagines que la phrase de Maksim ne voulait pas dire la même chose que la tienne. Tu laisses ton regard glisser sur son visage en restant silencieuse un instant. Tu essaies de nouveau de lire entre les lignes, de lire son regard, la crispation de ses lèvres peut être, quelque chose qui te mettrait seulement sur la voie de ce qu’il pense au fond de lui. Il n’y a rien à détruire. Tu ne sais pas pourquoi cette révélation te fait quelque chose, après tout vous n’êtes pas proche mais, quelque chose chez Maksim te donne envie te donne envie de gratter la surface et de faire un énorme trou pour y voir plus clair. Étrange. Ce n’est pas toi qui ne supportes qu’on essaie de connaître tes plus sombres secrets ? Pourquoi tu veux connaître les siens alors ? Tu te fiches des autres pourtant tu veux en savoir toujours plus sur sa vie. Ce n’est pourtant pas un défi, si autrefois tu voulais en connaître davantage pour gagner un pari que tu avais avec toi-même aujourd’hui tu es juste curieuse d’en apprendre plus. C’est sûrement pour ça que tu lui parles de sports de combat. Que tu lui demandes de t’apprendre. De canaliser toute cette rage au fond de toi. D’ailleurs ta colère revient par vague, brûlant ton estomac, et ta gorge lorsque tu vois Isabelle partir du bar comme si elle était poursuivie par le diable. C’est pour ça que tu te lèves de ta chaise et que tu confrontes cet abruti de Marc. Tu ne peux pas arrêter, tu ne peux pas fermer les yeux. Elle était ton amie auparavant. Ce n’est peut être presque plus le cas mais tu es fidèle en amitié, ceux que tu apprécies tu les abandonnes pas, surtout pas à cause d’un abruti comme Marc. Alors tu laisses ta main partir toute seule sur son visage, deux fois, tu attendais qu’une chose, qu’il réplique, putain de shoot d’adrénaline que tu recherches encore comme une paumée. Visiblement la cocaïne n’est pas la seule drogue que tu ingères depuis longtemps. Tu te rassois doucement sur ta chaise lorsque Marc s’en va, furieux, tu restes silencieuse pour reprendre le contrôle sur ton propre corps avant de reprendre la parole. « Je crois que la mémoire n’est pas la seule chose que j’ai perdu suite à cet accident. La colère dont toi et Marc avez fait preuve. La manière qu’à cette fille là-bas, de rougir et de se sentir embarrassée par les compliments du mec en face d’elle. Les éclats de rires de ces businessmen, suite à la blague que vient de leur raconter celui qui n’a pas de cravate. Toutes ces choses je … je n’arrive plus à les éprouver ou les ressentir. » Tu es surprise ça se voit. Non pas par ses révélations mais surtout par le fait qu’il ose enfin te l’avouer. C’est bien la première fois que tu le crois totalement lorsqu’il t’annonce quelque chose. Tu ne te poses pas de questions pour peser le pour et le contre de sa révélation, tu sais qu’il ne ment pas. Qui pourrait bien dire ce genre de connerie dans une conversation ? Qui pourrait feindre ce genre de problème ? Pourquoi il te tendrait une perche énorme, à toi, la chieuse, si c’était faux ? « Aucune émotion ? » Pas de tristesse. Pas de colère. Pas de joie non plus. Maksim était bien plus fracassé que tu l’imaginais jusqu’à présent. « Je comprends mieux pourquoi je n’arrive pas à te lire alors. » Il n’y a vraiment rien que toi pour sortir ce genre de connerie alors que la discussion est aussi sérieuse. Mais tu comprends mieux certaine chose. Maksim est si illisible que tu jalousais presque la manière dont il arrivait à dissimuler ses sentiments derrière son regard. Maintenant que tu connais son secret tu es encore plus étonné par la manière dont il arrive à décrypter les émotions des autres. Il vivait sans aucune base et pourtant il savait les reconnaître, voilà quelque chose d’incroyable pour toi. « Néanmoins je ne suis pas sûre que ce soit vrai. Je te crois évidemment, qui irait mentir sur ce genre de chose ? Mais tu ressens des émotions, des sentiments, j’en reste persuadé. » Ben tient. Voilà que tu te fais psychologue Ju’. Regarde-toi plutôt que d’essayer de convaincre Maksim qui sait ce qu’il dit. « J’ai rencontré un homme comme toi une fois, il était dépourvu d’émotion, il était si glacial qu’il m’a foutu la trouille de ma vie. Il ne faisait pas la différence entre le bien et le mal. Il regardait les autres mais il ne comprenait pas, ne savait pas les lire leurs émotions. Il n’y avait aucune douleur chez lui. Aucun sentiment de malaise ou de tristesse, il était simplement vide. » Cet homme t’avait mise tellement mal à l’aise que tu ne t’étais pas éternisée près de lui. Il te regardait comme si il avait envie de te disséquer pour lire au fond de ton âme. Il entortillait ses doigts autour de tes cheveux en te posant des questions avec une lueur de curiosité malsaine au fond des pupilles. Tu en as encore des frissons rien qu’en imaginant ce qu’il a bien pu faire à la femme qui lui finalement cédé. Mais avec Maksim ? Tu ne ressentais aucun malaise. Aucun besoin de fuir en courant dans la direction opposée, au contraire tu étais simplement toi, tu jouais aucun rôle devant lui. « Tu étais perturbé par ton flash-back, ça t’a mis en colère. Lorsque tu m’as ramené chez moi en taxi cette nuit-là ? C’était de la compassion. T’as accepté de me donner des cours par gentillesse. Et je t’ai vu tout à l’heure quand Marc a voulu m’intimider tu t’es levé pour me venir en aide. Tout ça ? Ce sont des émotions Maks. T’as juste un peu de mal à les faire ressortir mais elles sont bien réelles. » Et ça tu en es sûre. Il ne ressent peut-être pas les choses de la même manière que toi mais il ressent quelque chose au fond de lui. Avec sa mémoire en berne il ne pouvait pas feindre les sentiments dont il ne se souvenait pas. Peut-être autrefois était il plus froid que la moyenne et l’accident lui a effacé une bonne partie des sentiments qu’une personne dite normale ressent, mais tu restes persuadée qu’il en a quand même. « T’es pas un robot je le ressens en te parlant. Tu peux feindre, c’est vrai, tu le fais parfois pour ne pas être en décalage des autres mais… Je ne sais pas. Je me trompe peut-être. » Tu hausses les épaules, tu ne peux pas expliquer pourquoi tu lui dis ça, c’est un pressentiment peut-être. Difficile de lui faire comprendre ce genre de chose. Tu avales un peu de bière avant de reprendre. « Enfin je veux que tu saches que t’as pas besoin de faire semblant avec moi Maksim tu sais. » Pas besoin de feindre. De mentir. Si il ne ressent aucune émotion alors il n’a pas besoin de sourire, de rire, d’être tristesse ou compatissant si ce n’est pas ce qu’il pense au fond de lui. Toi-même tu es en marge de la société, tu ne vois pas les choses de la même manière que les autres. Tes réactions sont parfois disproportionnées et ta compassion est parfois aux abonnés absents alors tu ne risques pas de le juger. Bien au contraire. Tu veux juste qu’il se sente à l’aise d’être lui-même, ou du moins une partie de lui-même, avec toi.

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Maksim Kryuko
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MessageSujet: Re: Go Against the Flow - (Maklie) Go Against the Flow - (Maklie) - Page 2 Empty8/2/2018, 00:18

Go Against the Flow
A force de constamment épiloguer, retourner le problème dans tout les sens et me couper les cheveux en quatre, j’en arrive presque à douter du bien-fondé de mes paroles. Si encore il n’y avait que cela, ça irait à peu près. L’ennui, c’est qu’il arrive des fois que je n’arrive plus à dissocier le vrai du faux. Par là j’entends qu’il m’est difficile de savoir si ce que je vis est bel ou bien réel, ou s’il s’agit au contraire du pur produit de mon imagination. Il faut dire aussi que ces flashbacks ainsi que ces souvenirs qui me reviennent avec autant de violence qu’un mannequin propulsé à travers le pare-brise d’une voiture lors d’un crash test, n’aident en rien. D’ailleurs, dois-je leur accorder un quelconque crédit ? Ils pourraient très bien n’être que foutaises et fictions. Le Docteur Roucka m’avait expliqué que dans de rares cas avec ce genre d’amnésie, il arrive que le cerveau compense sa déficience en inventant des faits et des souvenirs erronés ou n’ayant jamais eu lieu. Avec la chance que j’ai, je ne serais pas étonné d’apprendre que je fais pari de ces rares cas. Toujours selon ce même Docteur, l’hypnose ou une polysomnographie pourraient aider à démêler le faux du vrai parmi la masse de … de visions m’assaillant au compte-goutte. Le problème c’est que ne croyant pas à l’hypnose, je doute d’y être très réceptif et que cela fonctionne. Quant à la poly machin truc, ma dernière expérience avec le corps médical m’a, comment dire … pas mal refroidi.

Ce n’est donc pas demain la veille que j’irais voir un toubib ou passer je-ne-sais-quel examen médical, fusse-t-il indolore, de routine ou léger. Si je me prenais une balle, je crois que je tenterais de me la retirer en me charcutant moi-même, plutôt que de me ruer aux urgences du premier hôpital venu. En soi, cela ne doit pas être impossible. Avec un bon quart de rhum pour s’anesthésier et se donner du courage, ainsi qu’un bout de bois planté entre les dents pour ne pas hurler à la mort, je pense qu’on doit pouvoir faire des miracles. Oui, je ne bois pas d’alcool en temps normal, mais dans un pareil cas où cela s’impose presque, je devrais être en mesure de pouvoir faire une exception. En tout cas, ça en dit long sur ma foi ainsi que la confiance que j’ai en le système de santé à présent. Dommage qu’elles soient réduites à néant par la faute de quelques uns. Car dans le lot, il doit bien y en avoir des réglos et intègres. C’est comme partout. Seulement, dès que l’on a croisé la route de pourris, cela suffit pour vous dissuader et vous vacciner à vie. Bref, on ne m’y reprendra pas, comme on dit. La réaction de Julie suite à cette révélation peu banale et qui aurait certainement suffit pour glacer le sang d’un grand nombre de personnes, me désarçonne quelque peu. Je sais bien qu’il n’y a pas une façon de réagir qui soit meilleure que d’autres mais … je pensais qu’elle serait nettement moins étonnée que cela.

Entant qu’observatrice avisée, je m’étais dit que cela sonnerait pour elle comme une évidence et que je ne lui apprendrais rien en partageant cela. Toutefois, quelques petits détails dans son attitude et son comportement me prouvent le contraire. Peut-être tout simplement, qu’elle ne s’attendait pas à ce que je reconnaisse ceci de mon propre chef et de mon plein gré ? Elle imaginait sans doute qu’il aurait fallu plus de temps et davantage de questions, avant que je ne décide à enfin faire la conversation, et surtout que je daigne bien vouloir parler un peu de moi sans être sur la défensive ou entrain de peser consciencieusement chaque mot que je prononce. Si tel est le cas, alors oui je me mets à sa place, cela peut surprendre. D’autant plus qu’elle a dû s’habituer à ne pas prendre pour argent comptant, tout ce que je peux bien lui dire. Comment pourrais-je lui en vouloir ? Si j’avais à faire à quelqu’un se complaisant dans le silence et racontant des choses paraissant abracadabrantesques le peu de fois qu’il ouvre la bouche, je crois que j’aurais moi aussi de bonnes raisons d’être sceptique, sans pour autant jamais mettre en doute sa parole à voix haute. Notre relation est pour l’heure teintée d’estime et de respect certes, mais pour ce qui est de la confiance mutuelle, il faudra sûrement attendre encore un peu avant qu’on ne la gagne. Ou plutôt, qu’on soit prêt à se l’accorder l’un l’autre.

Pourquoi j’ai fait ça ? Pourquoi ai-je crû bon de parler de ça, là maintenant ? Un coup de tête. Un acte irréfléchi et purement instinctif. Comme tout les autres qui m’est donné de réaliser d’ailleurs. Je secoue négativement le chef tout en déglutissant laborieusement ma salive, lorsque Julie s’empresse de demander sur un ton interrogateur, s’il n’y a même pas ne serait-ce qu’une once d’émotion qui comate en moi. Quelque chose dans son regard s’en est allé. Cette petite étincelle de malice et de curiosité illuminant ses yeux, tel un coucher de soleil au dessus de la Seine, a disparu. Rien d’étonnant. Avec l’aveu dont je viens de lui faire part un peu plus tôt, le mystère Maksim n’a plus lieu d’être. L’homme qu’elle a en face d’elle doit même lui paraître désormais bien terne, insignifiant et ennuyeux. Normal, compte tenu que je le suis plus ou moins. Non, je n’ai rien du bon copain à qui l’on tape sur l’épaule en rigolant, ou avec lequel on sort en soirée s’amuser et se mettre minable jusqu’à pas d’heure. D’ailleurs, je suis agréablement surpris que Julie n’ait pas encore avancé une excuse pour me fausser compagnie et se soustraire à ce … ce rendez-vous ? Même si ce n’en est pas un au sens où on l’entend. Disons que c’est juste un verre partagé en tout bien tout honneur, entre deux adultes consentants. Je ne sais pas si je suis très clair, ou s’il existe un mot pour qualifier cela, mais en tout cas je vais me taire avant de m’enliser davantage.

Julie exprime par la suite son intime conviction, que mon apathie n’est pas ce qu’elle est. Ou tout du moins, qu’elle est partielle. Sourcils légèrement froncés, un petit « hum ? » voulant signifier ma stupeur inexistante, trouve le moyen de se faufiler d’entre mes lèvres. Tendant attentivement l’oreille, je bois ses paroles et tente de suivre le cheminement de sa pensée. A chaque détail sur ce fameux homme comme moi, j’ai la sensation de me tasser toujours un peu plus sur ma chaise, tel un boxeur dans les cordes croulant sous les uppercuts. L’abord glacial, l’incapacité à faire le distingo entre le bien et le mal, la nécrose des sentiments et des émotions. Tout dans cette description fait écho en moi. J’ignore si elle dit ça simplement pour me rassurer ou si ce type a vraiment existé, mais si c’est le cas alors il semblerait que je dispose d’un double ou d’un jumeau fantôme. Même si ce n’est plus à démontrer et que j’énonce des platitudes, je ne suis pas quelqu’un disposant d’un abord très avenant, ou faisant des efforts pour aller vers les autres. Avec moi, le credo « moins je connais les gens, mieux je me porte » prend soudainement tout son sens. Cependant, je ne crois pas être pour autant quelqu’un de totalement associable et acariâtre. Les usages de politesses, les convenances et tout ce qui gravite autour, j’accepte de bonne grâce de m’y conformer et de m’y plier.

Probablement par souci de ne pas être encore plus en marge de la société, que je ne le suis déjà. En règle générale, j’obéis à mon instinct en faisant et disant ce qui me paraît juste. La nature de mes actions et de mes paroles ? Je ne m’en préoccupe pas le moins du monde. Je n’ai absolument pas conscience à un instant T, de l’effet qu’ils produiront. Ce n’est qu’après la bataille, lorsque je fais un état des lieux ou constate les réactions des gens, que je réalise la véritable portée de mes actes. Bref vous l’aurez compris, j’ai une conception du bien et du mal relativement particulière et sans nulle autre pareille. Ne sachant définitivement plus quoi penser ni à quel saint me vouer, j’esquisse un désormais traditionnel haussement d’épaules en répondant : « Peut-être que tu as raison. Je veux dire … ce n’est pas parce que je suis incapable de les dén… déceler ou de les apprécier, que sentiments et émotions ne sont pas là pour autant. J’espère seulement qu’il est possible d’apprendre, ou plutôt de réapprendre avec le temps, à éprouver et ressentir les choses. ». Une petit expression de triomphe passe furtivement sur le visage de Julie, lorsqu’elle entend les mots « tu as raison ». Pas de doute, elle fait incontestablement partie de ces personnes qui aiment avoir raison. Peut-être même rentre-t-elle également dans la catégorie de ceux et celles qui sont friands d’avoir le dernier mot ?

Vu le caractère de la demoiselle, je ne serais guère surpris si tel est le cas. Son sens de l’observation est d’une acuité stupéfiante. Et que dire de son jugement, si ce n’est qu’il est d’une sublime clairvoyance. Oui, Julie a une manière quelque peu agaçante d’avoir constamment raison. Ce qui alimente à n’en pas douter, le petit côté peste qu’elle essaye de se donner. Toutefois, ce n’est qu’une façade. Un rôle qu’elle essaye d’incarner. Une véritable peste n’aurait jamais dit ce qui suit. Une peste pure et dure ne s’échinerait pas à me ré-humaniser et à me convaincre que je ne suis pas un monstre. Une garce dans toute sa splendeur n’en aurait strictement rien à faire, et prendrait un malin plaisir à mettre du sel sur la plaie. Ses derniers mots sonnent comme une sorte d’invitation qu’elle m’adresse. Une invitation à lui faire confiance. Et j’ai envie d’y répondre. Sans réserve ni restriction. Advienne que pourra. Eh tant pis, si je serais amené dans l’avenir à le regretter. « J-je … je ne peux rien te promettre pour ce qui sera du résultat, mais je peux essayer quoi qu’il en soit. D’ailleurs, je suis plutôt sur la bonne voie là. Non ? ». Ma question peut sembler quelque peu rhétorique, mais cela fait tellement longtemps que je vis replié et en intériorisant tout, que j’en arrive à me méfier de l’objectivité de mon regard sur mon propre comportement. Seul un regard extérieur, et tant qu’à faire un regard très perspicace comme celui de Julie, est capable d’avoir un avis impartial sur la question. Un soudain et fracassant boucan du diable attire l’attention de tout le clients, ainsi que la mienne, en direction du comptoir. Un pilier de bar vient de chuter du tabouret, sur lequel il devait déjà être dangereusement assis, s’écrasant ainsi comme … bah comme une merde en fait, sur le sol. Yeux clos et sourcils haussés pour mimer l’exaspération, j’ajoute sur un ton se voulant blasé : « En voilà un qui ne rentrera sûrement pas chez lui par ses propres moyens. Ne pas connaître ses limites et jouer au dessus de sa catégorie jusqu’à se retrouver hors-jeu : triste. ». Mes limites ? Elle s’arrêtent là où commence mon ignorance. Je suis le seul obstacle à ma propre réussite et avancée. Mon seul, pire et plus grand ennemi. Au moins, j’en ai conscience et le sais. Au final, c’est peut-être bien là la seule et unique chose que je sache avec une certitude que rien ne peut entamer.
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MessageSujet: Re: Go Against the Flow - (Maklie) Go Against the Flow - (Maklie) - Page 2 Empty11/2/2018, 16:36


Go Against the Flow
Maksim Kryuko & Julie Perrin
Ne pas avoir d’émotions, voilà un concept que tu ne connais pas et que tu connaîtrais sûrement jamais. Toi Julie tu es une passionnée ça bouillonne à l’intérieur de ton crâne. Tu passes d’un sentiment à l’autre. Tu exagères. Tu abuses. Tu ne te contrôles pas. Tu cries, tu t’énerves et ensuite tu te calmes d’un seul coup. Peut-être es-tu une bipolaire qui s’ignore finalement. Qui sait ? Mais du coup tu ne peux pas réellement comprendre ce que traverse Maksim. Cette apathie t’est totalement inconnue. Tu essaies de te mettre à sa place. Plus aucune tristesse certes, mais aussi plus aucune colère. Plus aucun plaisir. Plus aucune joie ni sentiment de liberté éphémère. Ça ne doit pas être facile à vivre c’est sûr. Devoir se demander comment une personne, dites normales, doit ou non se comporter. Maksim aurait pu faire le choix de rester engourdit, de ne pas se mêler aux autres et de rester dans son état cotonneux mais, il essaie de suivre le rythme, de feindre des sentiments qu’il ne ressent pas au fond. Est-ce pour ne pas se faire remarquer ou seulement pour ne pas être en marge de la société ? Tu n’en sais strictement rien, tu ne le connais pas assez pour ça, mais tu imagines qu’être déjà étranger au pays ne doit pas être facile à vivre alors être différent des autres est encore pire. Tu ne juges pas ce qu’il te dit, tu réfléchis seulement à haute voix en lui expliquant que non, tu ne le crois pas vide. Ce nom que tu lui as donné un peu plus tôt, perdu, lui va comme un gant finalement. Il est perdu dans les marasmes des sentiments qu’il ne reconnaît plus et qu’il ne sait plus exprimer correctement. « Peut-être que tu as raison. Je veux dire … ce n’est pas parce que je suis incapable de les dén… déceler ou de les apprécier, que sentiments et émotions ne sont pas là pour autant. J’espère seulement qu’il est possible d’apprendre, ou plutôt de réapprendre avec le temps, à éprouver et ressentir les choses. » Voilà une très bonne question, tu n’en sais strictement rien. Tu imagines que c’est sûrement possible oui. Comme un enfant Maksim va devoir apprendre doucement à reconnaître et ressentir de nouveau. Tu te souviens que lorsque tes parents sont morts tu as ressenti comme un vide à l’intérieur de toi, un trou dans le cœur. Tu n’éprouvais plus rien, ni tourment, ni peine et aucune culpabilité. Ton cœur battait, tes poumons se gonflaient d’air, mais ton esprit n’était plus là. Comme s'il avait été aspiré dans un trou noir. Cela a duré un long moment avant que tes sentiments se remettent en marche et là tu as ressenti le choc jusqu’au fond de tes os, comme si tu venais de te prendre un train dans le ventre. Tu as anesthésié la douleur à grand coup de joints et de whisky mais les faits étaient là, tu ressentais de nouveau et tu aurais préféré t’arracher le cœur avec les ongles si ça cela avait pu te sauver. Ce n’est certes pas la même chose que pour Maksim, mais c’est ce qui y ressemble le plus. La question que tu te poses maintenant c’est, comment réagirait-il lorsque ses sentiments reviendront ? Est-ce que son cerveau ne bloque pas ses souvenirs ainsi que ses émotions pour une bonne raison ? À quel point sa vie fut triste et violente pour que son propre corps se retourne contre lui-même ? « Je ne suis pas médecin mais j’imagine qu’il est possible de réapprendre à ressentir. » Mais une question vrille tes lèvres et tu n’arrives pas à l’empêcher de sortir. « Est-ce que ça vaut le coup ? De réapprendre je veux dire. Certes tu ne ressens plus la joie, ou le plaisir, mais tu retires aussi la colère, la tristesse et tout sentiment de culpabilité. Ce n’est pas si mal. » Mais au fond tu sais que tu n’es pas très objective Julie, parce que si tu ne ressens rien, tu n’es plus réellement humaine, tu n’es plus entière. C’est ton caractère fougueux qui fait de toi celle que tu es aujourd’hui. Sans ? Tu ne serais rien de plus qu’un objet encombrant dans une maison. Une vieille table qui prend la poussière et qui ne sert strictement à rien. Finalement tu lui demandes d’être honnête avec toi, de ne plus feindre, maintenant que tu connais son secret tu ne veux pas qu’il mente pour te faire croire qu’il réagit normalement à une phrase, à un bruit ou à la ville. Mentir sans arrêt c’est fatiguant, c’est épuisant, tu ne veux pas qu’il s’embête à faire cela avec toi. Il peut se montrer tel qu’il est devant toi sans se préoccuper de tes réactions. « J-je … je ne peux rien te promettre pour ce qui sera du résultat, mais je peux essayer quoi qu’il en soit. D’ailleurs, je suis plutôt sur la bonne voie là. Non ? » Un sourire triomphant étire tes lèvres. Tu es sur la bonne voie c’est vrai. « On dirait bien oui. Et tes secrets quels qu’ils soient seront toujours bien gardés avec moi. » Parce que tu es bavarde Ju’, tu ne cesses de blablater toute la journée mais il peut te faire confiance. Tu as beaucoup de défauts, mais raconter les secrets des autres ce n’est pas dans tes habitudes, tu n’en retires aucun plaisir. De plus, Maksim semble te faire confiance ce qui est assez étonnant pour le souligner tu ne comptes donc pas lui planter un couteau dans le dos. Il aurait pu rester silencieux, te laisser dans le noir complet et pourtant il a bien voulu te faire une place dans sa vie. Ça en aura prit du temps mais tu commences à voir le bout du tunnel. « Tu aurais dû me le dire plus tôt tu sais ? ça t’aurait sûrement évité de très longs monologues que tu as dû supporter jusqu’à aujourd’hui. » Mais est-ce que ça aurait changé quelque chose ? Tu sais bien que non Ju’. T’es trop chiante pour ça, tu aurais posé encore plus de questions, tu aurais creusé encore plus violemment et tu aurais essayé de titiller Maksim encore plus souvent. Il a bien fait de ne pas te faire confiance à ce moment-là. Tu es coupé dans ton élan par un homme qui tombe du tabouret, visiblement ivre, génial, voilà un rappel de la vie que tu menais il n’y a pas si longtemps que ça. « En voilà un qui ne rentrera sûrement pas chez lui par ses propres moyens. Ne pas connaître ses limites et jouer au-dessus de sa catégorie jusqu’à se retrouver hors-jeu : triste. » Tu soupires doucement et tu hoches la tête. Cet homme il se sentira sûrement minable le lendemain mais il recommencera à la nuit tombée. C’est une spirale sans fin. Un cercle vicieux dont on ne sort jamais. Tu connais ce sentiment, tu te levais le matin encore défoncée de la veille et tu recommençais le soir sans avoir pris le temps de redescendre sur terre. « Il en a l’habitude. Vu ce qu’il raconte au barman il doit venir souvent ici. Il reviendra sûrement demain aussi. Il n’a pas le temps de dessaouler qu’il recommence encore et encore. » Tu admires le spectacle comme une voyeuse. Tu te reconnais tellement dans cet homme, que c’est compliqué pour toi de regarder le triste déclin d’un humain de plus sur cette planète. Et à cet instant tu te sens encore plus pathétique qu’auparavant. À quel point tu faisais pitié autrefois ? Combien de fois tu es tombé sur le sol d’une boite crasseuse parce que tes talons ne portaient plus le fardeau de tes épaules ? Beaucoup trop de fois pour les compter. Tu pousses ta bière du bout des doigts en soupirant de nouveau, tu ressens juste la fatigue s’abattre violemment sur toi, tu es épuisée Julie, pas physiquement mais moralement, épuisée de continuer sur cette voie. « Tu ne te rends pas toujours compte à quel point tu peux être pitoyable quand tu es dans cet état. Tu ne t’en rends même pas compte le lendemain. » T’as juste ce sentiment de honte qui s’infiltre dans tes veines, et ce, goût amer dans la gorge. Le seul moyen pour le retirer ? Boire encore plus. Pitoyable. Pathétique. Déprimant. Mais totalement vrai.

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Maksim Kryuko
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MessageSujet: Re: Go Against the Flow - (Maklie) Go Against the Flow - (Maklie) - Page 2 Empty18/2/2018, 01:54

Go Against the Flow
En bon cyclotimique et versatile que je suis devenu, il est des jours où la remise en question de l’unique raison, qui me laisse dire que cette seconde vie vaut quand même le coup d’être vécue, est plus forte que tout. Pourquoi ? Pourquoi s’évertuer à jouer les fossoyeurs du passé exhumant leur œuvre ? Pourquoi ne pas simplement procéder à la mise en bière et à ensevelissement des restes de l’ancien Maksim ? Il n’est plus. Il a fait son temps. Le bon sens voudrait que je le laisse partir et qu’il trouve définitivement le repos. Le bon sens, ou à défaut la facilité et la simplicité. Cela serait dans la droite lignée des choses. Ce besoin, presque malsain, que j’ai de vouloir me raccrocher à lui … pourquoi l’emporte-t-il finalement sur tout le reste ? Quand bien même je parviens à recoller les morceaux de cette gigantesque mosaïque : qu’est-ce que cela changera concrètement ? A quoi bon s’obstiner, puisque de toute manière je serais incapable d’en apprécier le rendu. Il n’y aura pas de place pour une quelconque nostalgie ou des regrets. Est-ce que le fait de savoir influencera, même de façon minime, mon existence d’aujourd’hui ? Honnêtement, j’en doute. La seule satisfaction que je pourrais à la rigueur tirer de cette exploration des vestiges d’une vie à présent décimée, c’est celle d’obtenir des réponses. Alors oui, ces fameux jours où mon ciel s’habille d’orage, je me demande si cela vaut vraiment la peine d’encourir autant de risques pour un gain aussi dérisoire.                                                                              

J’ai bien conscience que savoir pour savoir n’est pas une fin en soi. Remonter le fil de trente-quatre années passées sur cette Terre m’occupe et me tient en haleine pour l’instant. C’est un fait que je peux difficilement nier et contester. Seulement, lorsque cette partie de cache-cache avec mes souvenirs sera terminée, que se passera-t-il après ? Qu’est-ce qui me retiendra encore ici bas ? L’avenir ? Ah, belle ironie ! Comment échafauder des plans à moyen et long terme sans désir ? Comment aller de l’avant, sans avoir quelque chose qui vous tient à cœur et vous fait vibrer ? Les rêves, les projets, les ambitions … ils sont beaux, mais pas pour moi. Rien ne peut pousser et s’épanouir sur un tapis de cendres. Quant à l’image et au vœu pieux du Phoenix renaissant des siennes : je n’ai pas la naïveté d’y croire. L’avenir, je le vois comme une impasse. Un sol aride et dévasté condamné à l’abandon. Vivre au jour le jour et s’en remettre au carpe diem, n’est pas vraiment un programme qui me branche. Je suis surtout et avant tout un militaire, ne l’oublions pas. Un esprit cartésien, rationnel et carrée. Certains dirons strict, sévère et rigide. Peut-être. Sans être pour autant un homme de pouvoir, je reconnais néanmoins avoir un certain goût pour le contrôle. Le hasard, l’improvisation et l’inattendu sont tout autant de choses que je m’efforce de bannir au quotidien. Prendre une décision, s’y tenir et s’y conformer sans faire d’écart ou de sortie de piste : telle serait ma vie dans le meilleur des mondes.

Pour l’heure, l’idéal n’est pas vraiment à l’ordre du jour. A mon grand désarroi. Pas besoin que je vous assomme d’un long discours ou que je fasse un dessin, pour vous en convaincre. Aucune feuille de route. Pas l’ombre d’un plan, ou presque. Juste de l’incertitude et du pur freestyle. S’acclimater. S’adapter encore et encore. Tenter d’être au diapason selon les situations, et en fonction des personnes que je peux avoir en face de moi, pour ne pas apeurer ou donner encore davantage l’impression d’être un alien venu d’ailleurs. Il n’y a guère pléthore de moyens pour y parvenir. Mentir. Minimiser et atténuer les choses. Enjoliver la réalité, afin de la rendre plus vraisemblable. Prendre quelques libertés avec le déroulement chronologique, peut s’avérer être une possibilité également. Un exercice complexe qui s’apparente à une insoluble quadrature du cercle. Autant dire qu’un aficionado, voire un maniaque, du contrôle et de la maîtrise tel que moi, est loin d’être dans son élément. Ce n’est un secret pour personne, je suis loin d’exceller lorsqu’il s’agit de jouer la partition d’un homme que je prétends être. Tout le temps passé avec Julie en est la preuve par trois. Mes mensonges sont aussi crédibles que ceux d’un gamin, qui serait pris sur le fait entrain d’engloutir un pot de glace à la petite cuillère. Elle n’y croit pas, c’est évidant. D’ailleurs comment le pourrait-elle, vu que je suis le premier pour qui tout cela sonne faux.

Je commence à être fatigué et las de tout ce cinéma. Peut-être que … peut-être qu’il serait préférable que j’y mette un terme pour de bon ? Que je fasse preuve pour une fois d’un peu d’honnêteté. A ce que l’on dit, elle est toujours récompensée. Je suis loin d’être infaillible. Chaque minute passée à me complaire dans le mensonge, augmente de manière considérable les risques qu’une bévue ou une méprise de ma part, ne fasse éclater la vérité. Si les choses sont découvertes de cette façon, les conséquences pourraient être catastrophiques et cataclysmiques. Est-ce que cela en vaut la peine ? Ces paroles de Julie s’accordent à l’unisson avec le dilemme intérieur qui m’écartèle. Même si le sujet est tout autre. Voilà une question que je me suis posée plus de fois que je ne saurais le dire, depuis que je foule l’asphalte parisien. Les mains enfouies dans les poches de mon jean, je bascule la tête en arrière fixant ainsi le plafond, tout en me balançant sur ma chaise comme s’il s’agissait d’un rocking-chair. Attitude accompagnant de la meilleure des manières ce moment de réflexion, et illustrant à la perfection mon éternel air indécis. Lorsque les deux pieds de la chaise en équilibre heurte le parquet, le bruit généré se révèle être plus sourd et prononcé que je ne l’imaginais. C’est approximativement au même instant que je rétorque à la jeune femme, sans grande conviction.

« C’est ce que je n’ai de cesse de me demander. Malgré tout, je pense que oui, ça en vaut quand même la peine. Les hauts, les bas ainsi que les sensations qui en découlent et qu’ils nous procurent … je pense qu’en plus de donner un sens à notre existence, c’est également ce qui fait qu’elle n’est pas vaine. Si tout est pareil, plat et reft… rectiligne, à quoi bon vivre puisque rien ne change et tout est imbu… immuable. ». Non, c’est tout sauf pas si mal. Et je parle en connaissance de cause. Etre vide, tari, inanimé, désincarné, sans flamme … c’est véritablement terrifiant. Tout cela me donne l’impression d’être déjà mort. Devoir vivre dans la discrétion, la crainte et la méfiance permanente d’un éventuelle menace : ça à la rigueur, je peux le gérer. En revanche, je refuse catégoriquement de passer le temps qui me reste dans un no man’s land émotionnel. Oui, je veux de nouveau rire, pleurer, aimer, détester. Ne serait-ce qu’une seule petite et dernière fois. Avant qu’il ne soit trop tard. Avant que l’oublie et l’indifférence n’engloutissent définitivement tout. A moins d’être dans la même galère, je pense que personne ne peut réaliser et être à même de comprendre, ce que c’est réellement que de perdre son humanité. Pourquoi donc s’embêter à partager ce type d’information avec autrui ? Même si je reconnais que ça aurait au moins le mérite d’éviter quelques petits malentendus.

D’ailleurs, mon interlocutrice ne manque pas de me le faire discrètement remarquer en filigrane. Fixant le bois sombre et mate de la table, je m’offre quelques secondes de réflexion en me grattant le coin du sourcil. C’est d’ailleurs un bien curieux tic que j’ai développé là. Est-ce qu’inconsciemment j’essaye de témoigner aux autres une sorte de gène ou de malaise, à travers cette manie ? « Oui c’est vrai. Tu as raison, je m’en excuse. A ma déf… décharge, je n’ai pas vraiment trouvé de moment opportun pour te faire part de cela. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut sortir comme ça de but en blanc. Difficile d’aborder le sujet, sans prendre le risque de passer pour une espèce de solo… so-cio-pathe. ». Hum. Je commence à être fatigué. Il faut dire aussi, que je n’ai pas vraiment l’occasion de parler aussi longtemps avec quelqu’un. En français, qui plus est. Cela s’en ressent dans mon phrasé. Je bute sur plus de mots que d’habitude, mon accent très rauque et gutturale de l’Oural se fait plus prononcé. C’en est tel, que j’en arrive à me demander si tout ceci est très audible et compréhensible pour Julie. En tout cas, je ne suis visiblement pas le seul à montrer quelques signes de faiblesse. Toutefois, pour ce qui est de ce malheureux, ce sont plus les vapeurs d’alcool qu’un discours trop prolixe, qui sont à l’origine de sa défaillance. Ce que j’affirme à son sujet ne relève pas spécialement de la critique, mais cela n’est toutefois pas pour autant très flatteur et dithyrambique.

Argh ... bis repetita. Une nouvelle fois, je viens d’épingler quelqu’un sans envisager un seul instant, que Julie pouvait se sentir elle aussi visée et concernée. Des fois, j’ai l’impression d’être un char d’assaut lancé à pleine vitesse, et anéantissant la moindre chose ayant le malheur de se trouver sur son passage. Je sors les rames et essaye tant bien que mal de rattraper aux branches restantes. Tentant d’accrocher le regard fuyant de Julie en baissant la tête, j’ajoute dans la foulée : « Je … je ne sais pas jusqu’où tu as pu aller dans le laisser aller et le lâcher prise, mais le peu de fois où je t’ai vu dans des états approchants ou similaires, tu m’as toujours semblé conserver une intim… infinitésimale partie de lucidité. Certes, tu perds tout sens d’inhibition ainsi qu’un bon nombre de tes moyens, mais jamais je ne t’ai aperçu ivre morte à ne plus te relever, ou raide défoncée. Tu sais dire stop, et te rends compte lorsque tu dois t’arrêter. Excepté la dernière fois que l’on s’est vu au D-Light. Là par contre, j’ai vraiment eu peur et ai été inpi… inquiet. Dieu merci, ça a été. Hormis, ton cauche… . ». Повія ! Quel imbécile ! Emporté par mon élan, j’ai commis la bêtise de partiellement lui révéler ce que je m’étais jusqu’alors efforcé d’occulter et éluder, afin d’éviter tout malaise. Il est trop tard lorsque je me rends compte de mon erreur. Je ne peux que clore les paupières, me mordre l’intérieur des joues et froncer les sourcils pour maudire mon impulsivité verbale. J’ai beau être exténué et parler français avec un accent à couper au couteau, je suis quasiment sûr qu’elle a parfaitement entendu et qu’elle va, à n’en pas douter, me prier de bien vouloir répéter et poursuivre sur ma lancée. Hum, on dirait que le temps des omissions et des pieux mensonges est terminé … .                      
                                                                                                                                                   
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Julie Perrin
Julie Perrin
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Go Against the Flow
Maksim Kryuko & Julie Perrin
Jamais tu ne te serais douté du véritable secret de Maksim. Tu imagines qu’il y en a d’autres évidemment, mais celui-ci est déjà énorme. Cette conversation est étrange, tu ne t’y attendais certainement pas. Vous revoilà devant des questions existentielles digne d’un cours de philosophie. Est-ce qu’il vaut mieux ne rien ressentir, ni souffrance, ni malheur ou au contraire vivre une vie comme les autres et être submergé parfois par des douleurs les plus affreuses qui existent ? C’est une vraie question que tu lui poses même si toi-même tu te le demandes aussi. Est-ce que tu serais la même personne si tu n’avais pas tous ses sentiments au fond de toi ? Est-ce que tu serais la même si tu ne ressentais pas toutes ses émotions ? Est-ce que ça vaut le coup qu’il cherche à ressentir de nouveaux tous les sentiments qui pourrait le blesser ? Il ne sait pas ce qu’il a vécu, sa perte de mémoire et son manque d’émotion pourrait lui faire encore de mal et peut être le détruire. Alors oui est ce que ça vaut vraiment le coup ? « C’est ce que je n’ai de cesse de me demander. Malgré tout, je pense que oui, ça en vaut quand même la peine. Les hauts, les bas ainsi que les sensations qui en découlent et qu’ils nous procurent … je pense qu’en plus de donner un sens à notre existence, c’est également ce qui fait qu’elle n’est pas vaine. Si tout est pareil, plat et reft… rectiligne, à quoi bon vivre puisque rien ne change et tout est imbu… immuable. » Effectivement il n’a pas tort. Tu restes silencieuse un moment à réfléchir à cela. Que serait ta vie désormais si tu ne te souvenais pas de la mort de ta famille ? Que serait ta vie sans la culpabilité qui cisaille ta conscience chaque jour ? Est-ce que tu vivrais normalement ? Peut être bien. Mais si on retirait ce poids sur tes épaules en t’enlevant tes souvenirs et tes sensations tu ne serais plus qu’un robot. Tu marcherais parce que tu sais comment mettre un pied devant l’autre. Tu saurais boire et manger parce que c’est machinal. Mais le reste ? Ne plus ressentir de désir. De peur. De joie aussi. « D’accord. Tu as raison. Ça vaut le coup. Même avec les souffrances et la douleur. » Tu hoches la tête parce qu’il vient de te convaincre, tu ne mens pas. « Tu ne t’inquiètes pas parfois ? » Tu lui souffles ça parce que tu réfléchis en même temps et tu laisses les mots volaient hors de tes lèvres sans même y penser. « Je veux dire tu ne t’inquiètes pas ce que tu découvriras le jour ou ta mémoire te reviendra ? Ton corps fait peut être barrage de souffrance qu’un être humain ne pourrait supporter. » Tu te mêles vraiment de ce qui ne te regardes pas Ju’. Mais tu t’imagines à la place de Maksim. Si tu étais amnésique, si tu vivais une vie presque normalement et que d’un seul coup tu te rendais compte que tu n’avais plus de famille, que tu étais une droguée autrefois, que tu étais responsable de toutes les souffrances de ta vie, comment réagirais-tu à cet instant ? Mal tu le sais bien. Au fond si tu tiens encore debout c’est parce que les épreuves se sont succédé petit à petit et non d’un seul coup. Tu as eu le temps de faire ton deuil avant que la faucheuse revienne te frapper de plein fouet une troisième fois. Tu as eu le temps d’apaiser ta douleur avant de perdre ton frère mais si un jour tu te réveillais avec aucun souvenir d’eux ni les bons ni les mauvais et que ça te revenait de plein fouet tu t’écroulerais d’un seul coup. Est-ce que Maksim était assez fort pour apprendre toute sa vie d’un seul coup ? Est-ce qu’il survivrait à ce qu’il avait fait ou à ce qu’on lui avait fait durant les trente premières années de sa vie ? C’est une question à laquelle aucun de vous deux ne pouvez pas répondre. Seul le futur lui dira.

Tu lui lances une petite pique sans aucune forme de rancune et tu lui dis qu’il aurait pu être honnête avec toi auparavant. Déjà tu ne veux pas qu’il fasse semblant avec toi maintenant que tu sais mais effectivement tu l’aurais peut être mieux analysé si tu avais appris son problème avant. « Oui c’est vrai. Tu as raison, je m’en excuse. A ma déf… décharge, je n’ai pas vraiment trouvé de moment opportun pour te faire part de cela. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut sortir comme ça de but en blanc. Difficile d’aborder le sujet, sans prendre le risque de passer pour une espèce de solo… so-cio-pathe. » Tu imagines la tête que tu aurais faite s'il t’avait dit ça auparavant. C’est une très bonne idée qu’il n’ait rien dit finalement. Surtout pour sa tranquillité d’esprit. « Tu n’es pas un sociopathe ! » Pourquoi tu prends sa défense au fond Ju’ ? Tu ne le connais pas assez ! Mais tu as toujours eu un don pour reconnaître les « gentils » des « méchants » et tu sais au fond que Maksim n’est pas mauvais. Tu ne le vois pas comme un sociopathe tu n’arrives même pas à l’envisager. Et comme tu lui as dit il ressent des sentiments tu en es sûre, ce n’est simplement pas évident pour lui de se rappeler c’est tout. « Mais oui j’imagine que c’est pas une information que tu donnes comme ça. Et de toute manière j’imagine que je ne t’aurais pas cru. » Tu lèves les yeux au ciel parce qu’évidemment, tu ne l’aurais pas cru. Dans ton état de semi-conscience tu n’aurais même pas accordé de valeur à ce genre d’information parce que ça semble irréel. « Ou j’aurais essayé de te faire ressentir quelque chose. Je peux être très chiante quand je m’y mets. » Comment tu aurais fait ? Aucune idée mais tu aurais trouvé un moyen pour le faire péter les plombs et à ce moment là tu lui aurais dit AH tu vois ! Tu ressens bien quelque chose. Ouai tu peux être plus que chiante quand tu as une idée en tête. Tu l’es encore plus lorsque tu n’as pas les idées claires. Tu regardes d’ailleurs une réminiscence de ton passé pas si lointain lorsqu’un homme tombe de son tabouret. Ta peau brûle légèrement parce que tu sais que toi aussi tu as fait ça quelques fois. Tu n’étais pas souvent dans cet état parce que tu ne supportes pas de perdre totalement le contrôle mais c’est déjà arrivé. Maksim devait bien le savoir puisqu’il t’a ramené chez toi dans un état bien plus pitoyable que l’homme en face de vous. « Je … je ne sais pas jusqu’où tu as pu aller dans le laisser aller et le lâcher prise, mais le peu de fois où je t’ai vu dans des états approchants ou similaires, tu m’as toujours semblé conserver une intim… infinitésimale partie de lucidité. Certes, tu perds tout sens d’inhibition ainsi qu’un bon nombre de tes moyens, mais jamais je ne t’ai aperçu ivre morte à ne plus te relever, ou raide défoncée. Tu sais dire stop, et te rends compte lorsque tu dois t’arrêter. Excepté la dernière fois que l’on s’est vu au D-Light. Là par contre, j’ai vraiment eu peur et ai été inpi… inquiet. Dieu merci, ça a été. Hormis, ton cauche… . » Tu relèves la tête d’un seul coup en entendant le dernier mot qui sort de ses lèvres. Un cauchemar. Comment est il au courant pour les cauchemars ? Même tes amants et amantes ne savent pas. Tu fais partir les gens de chez-toi avant de dormir afin de leur éviter les hurlements que tu pousses parfois. Alors si il est au courant c’est qu’il est resté près de toi. Combien de temps ? Une partie de la nuit au moins. « Mes… Cauchemars ? Comment… » Puis tu te revois te serrer contre lui, lui demander de ne pas partir, de ne pas te laisser seule. Cet instant de faiblesse ne te met pas en colère tu te sens simplement mal à l’aise, au point que pour la première fois de ta vie tu sentes ton visage rougir. « Oh mon dieu… » Tu sens ton souffle s’arrêter dans ta poitrine et tu caches ton regard derrière tes mains, tu n’aimes pas te montrer dans ces instants de faiblesse même ton meilleur ami sait qu’il ne doit pas venir te réconforter parce que lorsque tu dors tu es tellement fragile que tu pourrais te briser et Maksim t’avait vu dans ces instants. « Quelle honte… Je t'ai vraiment obligé à rester avec moi ? » Et tu t’y connais pourtant en honte, tu en as essuyé un bon nombre mais ça n’a jamais touché tes sentiments-là par contre c’est une autre histoire.

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