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Sujet: Re: Go Against the Flow - (Maklie) 6/2/2018, 20:27
Go Against the Flow
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Maksim Kryuko
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Sujet: Re: Go Against the Flow - (Maklie) 8/2/2018, 00:18
Go Against the Flow A force de constamment épiloguer, retourner le problème dans tout les sens et me couper les cheveux en quatre, j’en arrive presque à douter du bien-fondé de mes paroles. Si encore il n’y avait que cela, ça irait à peu près. L’ennui, c’est qu’il arrive des fois que je n’arrive plus à dissocier le vrai du faux. Par là j’entends qu’il m’est difficile de savoir si ce que je vis est bel ou bien réel, ou s’il s’agit au contraire du pur produit de mon imagination. Il faut dire aussi que ces flashbacks ainsi que ces souvenirs qui me reviennent avec autant de violence qu’un mannequin propulsé à travers le pare-brise d’une voiture lors d’un crash test, n’aident en rien. D’ailleurs, dois-je leur accorder un quelconque crédit ? Ils pourraient très bien n’être que foutaises et fictions. Le Docteur Roucka m’avait expliqué que dans de rares cas avec ce genre d’amnésie, il arrive que le cerveau compense sa déficience en inventant des faits et des souvenirs erronés ou n’ayant jamais eu lieu. Avec la chance que j’ai, je ne serais pas étonné d’apprendre que je fais pari de ces rares cas. Toujours selon ce même Docteur, l’hypnose ou une polysomnographie pourraient aider à démêler le faux du vrai parmi la masse de … de visions m’assaillant au compte-goutte. Le problème c’est que ne croyant pas à l’hypnose, je doute d’y être très réceptif et que cela fonctionne. Quant à la poly machin truc, ma dernière expérience avec le corps médical m’a, comment dire … pas mal refroidi.
Ce n’est donc pas demain la veille que j’irais voir un toubib ou passer je-ne-sais-quel examen médical, fusse-t-il indolore, de routine ou léger. Si je me prenais une balle, je crois que je tenterais de me la retirer en me charcutant moi-même, plutôt que de me ruer aux urgences du premier hôpital venu. En soi, cela ne doit pas être impossible. Avec un bon quart de rhum pour s’anesthésier et se donner du courage, ainsi qu’un bout de bois planté entre les dents pour ne pas hurler à la mort, je pense qu’on doit pouvoir faire des miracles. Oui, je ne bois pas d’alcool en temps normal, mais dans un pareil cas où cela s’impose presque, je devrais être en mesure de pouvoir faire une exception. En tout cas, ça en dit long sur ma foi ainsi que la confiance que j’ai en le système de santé à présent. Dommage qu’elles soient réduites à néant par la faute de quelques uns. Car dans le lot, il doit bien y en avoir des réglos et intègres. C’est comme partout. Seulement, dès que l’on a croisé la route de pourris, cela suffit pour vous dissuader et vous vacciner à vie. Bref, on ne m’y reprendra pas, comme on dit. La réaction de Julie suite à cette révélation peu banale et qui aurait certainement suffit pour glacer le sang d’un grand nombre de personnes, me désarçonne quelque peu. Je sais bien qu’il n’y a pas une façon de réagir qui soit meilleure que d’autres mais … je pensais qu’elle serait nettement moins étonnée que cela.
Entant qu’observatrice avisée, je m’étais dit que cela sonnerait pour elle comme une évidence et que je ne lui apprendrais rien en partageant cela. Toutefois, quelques petits détails dans son attitude et son comportement me prouvent le contraire. Peut-être tout simplement, qu’elle ne s’attendait pas à ce que je reconnaisse ceci de mon propre chef et de mon plein gré ? Elle imaginait sans doute qu’il aurait fallu plus de temps et davantage de questions, avant que je ne décide à enfin faire la conversation, et surtout que je daigne bien vouloir parler un peu de moi sans être sur la défensive ou entrain de peser consciencieusement chaque mot que je prononce. Si tel est le cas, alors oui je me mets à sa place, cela peut surprendre. D’autant plus qu’elle a dû s’habituer à ne pas prendre pour argent comptant, tout ce que je peux bien lui dire. Comment pourrais-je lui en vouloir ? Si j’avais à faire à quelqu’un se complaisant dans le silence et racontant des choses paraissant abracadabrantesques le peu de fois qu’il ouvre la bouche, je crois que j’aurais moi aussi de bonnes raisons d’être sceptique, sans pour autant jamais mettre en doute sa parole à voix haute. Notre relation est pour l’heure teintée d’estime et de respect certes, mais pour ce qui est de la confiance mutuelle, il faudra sûrement attendre encore un peu avant qu’on ne la gagne. Ou plutôt, qu’on soit prêt à se l’accorder l’un l’autre.
Pourquoi j’ai fait ça ? Pourquoi ai-je crû bon de parler de ça, là maintenant ? Un coup de tête. Un acte irréfléchi et purement instinctif. Comme tout les autres qui m’est donné de réaliser d’ailleurs. Je secoue négativement le chef tout en déglutissant laborieusement ma salive, lorsque Julie s’empresse de demander sur un ton interrogateur, s’il n’y a même pas ne serait-ce qu’une once d’émotion qui comate en moi. Quelque chose dans son regard s’en est allé. Cette petite étincelle de malice et de curiosité illuminant ses yeux, tel un coucher de soleil au dessus de la Seine, a disparu. Rien d’étonnant. Avec l’aveu dont je viens de lui faire part un peu plus tôt, le mystère Maksim n’a plus lieu d’être. L’homme qu’elle a en face d’elle doit même lui paraître désormais bien terne, insignifiant et ennuyeux. Normal, compte tenu que je le suis plus ou moins. Non, je n’ai rien du bon copain à qui l’on tape sur l’épaule en rigolant, ou avec lequel on sort en soirée s’amuser et se mettre minable jusqu’à pas d’heure. D’ailleurs, je suis agréablement surpris que Julie n’ait pas encore avancé une excuse pour me fausser compagnie et se soustraire à ce … ce rendez-vous ? Même si ce n’en est pas un au sens où on l’entend. Disons que c’est juste un verre partagé en tout bien tout honneur, entre deux adultes consentants. Je ne sais pas si je suis très clair, ou s’il existe un mot pour qualifier cela, mais en tout cas je vais me taire avant de m’enliser davantage.
Julie exprime par la suite son intime conviction, que mon apathie n’est pas ce qu’elle est. Ou tout du moins, qu’elle est partielle. Sourcils légèrement froncés, un petit « hum ? » voulant signifier ma stupeur inexistante, trouve le moyen de se faufiler d’entre mes lèvres. Tendant attentivement l’oreille, je bois ses paroles et tente de suivre le cheminement de sa pensée. A chaque détail sur ce fameux homme comme moi, j’ai la sensation de me tasser toujours un peu plus sur ma chaise, tel un boxeur dans les cordes croulant sous les uppercuts. L’abord glacial, l’incapacité à faire le distingo entre le bien et le mal, la nécrose des sentiments et des émotions. Tout dans cette description fait écho en moi. J’ignore si elle dit ça simplement pour me rassurer ou si ce type a vraiment existé, mais si c’est le cas alors il semblerait que je dispose d’un double ou d’un jumeau fantôme. Même si ce n’est plus à démontrer et que j’énonce des platitudes, je ne suis pas quelqu’un disposant d’un abord très avenant, ou faisant des efforts pour aller vers les autres. Avec moi, le credo « moins je connais les gens, mieux je me porte » prend soudainement tout son sens. Cependant, je ne crois pas être pour autant quelqu’un de totalement associable et acariâtre. Les usages de politesses, les convenances et tout ce qui gravite autour, j’accepte de bonne grâce de m’y conformer et de m’y plier.
Probablement par souci de ne pas être encore plus en marge de la société, que je ne le suis déjà. En règle générale, j’obéis à mon instinct en faisant et disant ce qui me paraît juste. La nature de mes actions et de mes paroles ? Je ne m’en préoccupe pas le moins du monde. Je n’ai absolument pas conscience à un instant T, de l’effet qu’ils produiront. Ce n’est qu’après la bataille, lorsque je fais un état des lieux ou constate les réactions des gens, que je réalise la véritable portée de mes actes. Bref vous l’aurez compris, j’ai une conception du bien et du mal relativement particulière et sans nulle autre pareille. Ne sachant définitivement plus quoi penser ni à quel saint me vouer, j’esquisse un désormais traditionnel haussement d’épaules en répondant : « Peut-être que tu as raison. Je veux dire … ce n’est pas parce que je suis incapable de les dén… déceler ou de les apprécier, que sentiments et émotions ne sont pas là pour autant. J’espère seulement qu’il est possible d’apprendre, ou plutôt de réapprendre avec le temps, à éprouver et ressentir les choses. ». Une petit expression de triomphe passe furtivement sur le visage de Julie, lorsqu’elle entend les mots « tu as raison ». Pas de doute, elle fait incontestablement partie de ces personnes qui aiment avoir raison. Peut-être même rentre-t-elle également dans la catégorie de ceux et celles qui sont friands d’avoir le dernier mot ?
Vu le caractère de la demoiselle, je ne serais guère surpris si tel est le cas. Son sens de l’observation est d’une acuité stupéfiante. Et que dire de son jugement, si ce n’est qu’il est d’une sublime clairvoyance. Oui, Julie a une manière quelque peu agaçante d’avoir constamment raison. Ce qui alimente à n’en pas douter, le petit côté peste qu’elle essaye de se donner. Toutefois, ce n’est qu’une façade. Un rôle qu’elle essaye d’incarner. Une véritable peste n’aurait jamais dit ce qui suit. Une peste pure et dure ne s’échinerait pas à me ré-humaniser et à me convaincre que je ne suis pas un monstre. Une garce dans toute sa splendeur n’en aurait strictement rien à faire, et prendrait un malin plaisir à mettre du sel sur la plaie. Ses derniers mots sonnent comme une sorte d’invitation qu’elle m’adresse. Une invitation à lui faire confiance. Et j’ai envie d’y répondre. Sans réserve ni restriction. Advienne que pourra. Eh tant pis, si je serais amené dans l’avenir à le regretter. « J-je … je ne peux rien te promettre pour ce qui sera du résultat, mais je peux essayer quoi qu’il en soit. D’ailleurs, je suis plutôt sur la bonne voie là. Non ? ». Ma question peut sembler quelque peu rhétorique, mais cela fait tellement longtemps que je vis replié et en intériorisant tout, que j’en arrive à me méfier de l’objectivité de mon regard sur mon propre comportement. Seul un regard extérieur, et tant qu’à faire un regard très perspicace comme celui de Julie, est capable d’avoir un avis impartial sur la question. Un soudain et fracassant boucan du diable attire l’attention de tout le clients, ainsi que la mienne, en direction du comptoir. Un pilier de bar vient de chuter du tabouret, sur lequel il devait déjà être dangereusement assis, s’écrasant ainsi comme … bah comme une merde en fait, sur le sol. Yeux clos et sourcils haussés pour mimer l’exaspération, j’ajoute sur un ton se voulant blasé : « En voilà un qui ne rentrera sûrement pas chez lui par ses propres moyens. Ne pas connaître ses limites et jouer au dessus de sa catégorie jusqu’à se retrouver hors-jeu : triste. ». Mes limites ? Elle s’arrêtent là où commence mon ignorance. Je suis le seul obstacle à ma propre réussite et avancée. Mon seul, pire et plus grand ennemi. Au moins, j’en ai conscience et le sais. Au final, c’est peut-être bien là la seule et unique chose que je sache avec une certitude que rien ne peut entamer. 2981 12289 0
Julie Perrin
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Sujet: Re: Go Against the Flow - (Maklie) 11/2/2018, 16:36
Go Against the Flow
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Sujet: Re: Go Against the Flow - (Maklie) 18/2/2018, 01:54
Go Against the Flow En bon cyclotimique et versatile que je suis devenu, il est des jours où la remise en question de l’unique raison, qui me laisse dire que cette seconde vie vaut quand même le coup d’être vécue, est plus forte que tout. Pourquoi ? Pourquoi s’évertuer à jouer les fossoyeurs du passé exhumant leur œuvre ? Pourquoi ne pas simplement procéder à la mise en bière et à ensevelissement des restes de l’ancien Maksim ? Il n’est plus. Il a fait son temps. Le bon sens voudrait que je le laisse partir et qu’il trouve définitivement le repos. Le bon sens, ou à défaut la facilité et la simplicité. Cela serait dans la droite lignée des choses. Ce besoin, presque malsain, que j’ai de vouloir me raccrocher à lui … pourquoi l’emporte-t-il finalement sur tout le reste ? Quand bien même je parviens à recoller les morceaux de cette gigantesque mosaïque : qu’est-ce que cela changera concrètement ? A quoi bon s’obstiner, puisque de toute manière je serais incapable d’en apprécier le rendu. Il n’y aura pas de place pour une quelconque nostalgie ou des regrets. Est-ce que le fait de savoir influencera, même de façon minime, mon existence d’aujourd’hui ? Honnêtement, j’en doute. La seule satisfaction que je pourrais à la rigueur tirer de cette exploration des vestiges d’une vie à présent décimée, c’est celle d’obtenir des réponses. Alors oui, ces fameux jours où mon ciel s’habille d’orage, je me demande si cela vaut vraiment la peine d’encourir autant de risques pour un gain aussi dérisoire.
J’ai bien conscience que savoir pour savoir n’est pas une fin en soi. Remonter le fil de trente-quatre années passées sur cette Terre m’occupe et me tient en haleine pour l’instant. C’est un fait que je peux difficilement nier et contester. Seulement, lorsque cette partie de cache-cache avec mes souvenirs sera terminée, que se passera-t-il après ? Qu’est-ce qui me retiendra encore ici bas ? L’avenir ? Ah, belle ironie ! Comment échafauder des plans à moyen et long terme sans désir ? Comment aller de l’avant, sans avoir quelque chose qui vous tient à cœur et vous fait vibrer ? Les rêves, les projets, les ambitions … ils sont beaux, mais pas pour moi. Rien ne peut pousser et s’épanouir sur un tapis de cendres. Quant à l’image et au vœu pieux du Phoenix renaissant des siennes : je n’ai pas la naïveté d’y croire. L’avenir, je le vois comme une impasse. Un sol aride et dévasté condamné à l’abandon. Vivre au jour le jour et s’en remettre au carpe diem, n’est pas vraiment un programme qui me branche. Je suis surtout et avant tout un militaire, ne l’oublions pas. Un esprit cartésien, rationnel et carrée. Certains dirons strict, sévère et rigide. Peut-être. Sans être pour autant un homme de pouvoir, je reconnais néanmoins avoir un certain goût pour le contrôle. Le hasard, l’improvisation et l’inattendu sont tout autant de choses que je m’efforce de bannir au quotidien. Prendre une décision, s’y tenir et s’y conformer sans faire d’écart ou de sortie de piste : telle serait ma vie dans le meilleur des mondes.
Pour l’heure, l’idéal n’est pas vraiment à l’ordre du jour. A mon grand désarroi. Pas besoin que je vous assomme d’un long discours ou que je fasse un dessin, pour vous en convaincre. Aucune feuille de route. Pas l’ombre d’un plan, ou presque. Juste de l’incertitude et du pur freestyle. S’acclimater. S’adapter encore et encore. Tenter d’être au diapason selon les situations, et en fonction des personnes que je peux avoir en face de moi, pour ne pas apeurer ou donner encore davantage l’impression d’être un alien venu d’ailleurs. Il n’y a guère pléthore de moyens pour y parvenir. Mentir. Minimiser et atténuer les choses. Enjoliver la réalité, afin de la rendre plus vraisemblable. Prendre quelques libertés avec le déroulement chronologique, peut s’avérer être une possibilité également. Un exercice complexe qui s’apparente à une insoluble quadrature du cercle. Autant dire qu’un aficionado, voire un maniaque, du contrôle et de la maîtrise tel que moi, est loin d’être dans son élément. Ce n’est un secret pour personne, je suis loin d’exceller lorsqu’il s’agit de jouer la partition d’un homme que je prétends être. Tout le temps passé avec Julie en est la preuve par trois. Mes mensonges sont aussi crédibles que ceux d’un gamin, qui serait pris sur le fait entrain d’engloutir un pot de glace à la petite cuillère. Elle n’y croit pas, c’est évidant. D’ailleurs comment le pourrait-elle, vu que je suis le premier pour qui tout cela sonne faux.
Je commence à être fatigué et las de tout ce cinéma. Peut-être que … peut-être qu’il serait préférable que j’y mette un terme pour de bon ? Que je fasse preuve pour une fois d’un peu d’honnêteté. A ce que l’on dit, elle est toujours récompensée. Je suis loin d’être infaillible. Chaque minute passée à me complaire dans le mensonge, augmente de manière considérable les risques qu’une bévue ou une méprise de ma part, ne fasse éclater la vérité. Si les choses sont découvertes de cette façon, les conséquences pourraient être catastrophiques et cataclysmiques. Est-ce que cela en vaut la peine ? Ces paroles de Julie s’accordent à l’unisson avec le dilemme intérieur qui m’écartèle. Même si le sujet est tout autre. Voilà une question que je me suis posée plus de fois que je ne saurais le dire, depuis que je foule l’asphalte parisien. Les mains enfouies dans les poches de mon jean, je bascule la tête en arrière fixant ainsi le plafond, tout en me balançant sur ma chaise comme s’il s’agissait d’un rocking-chair. Attitude accompagnant de la meilleure des manières ce moment de réflexion, et illustrant à la perfection mon éternel air indécis. Lorsque les deux pieds de la chaise en équilibre heurte le parquet, le bruit généré se révèle être plus sourd et prononcé que je ne l’imaginais. C’est approximativement au même instant que je rétorque à la jeune femme, sans grande conviction.
« C’est ce que je n’ai de cesse de me demander. Malgré tout, je pense que oui, ça en vaut quand même la peine. Les hauts, les bas ainsi que les sensations qui en découlent et qu’ils nous procurent … je pense qu’en plus de donner un sens à notre existence, c’est également ce qui fait qu’elle n’est pas vaine. Si tout est pareil, plat et reft… rectiligne, à quoi bon vivre puisque rien ne change et tout est imbu… immuable. ». Non, c’est tout sauf pas si mal. Et je parle en connaissance de cause. Etre vide, tari, inanimé, désincarné, sans flamme … c’est véritablement terrifiant. Tout cela me donne l’impression d’être déjà mort. Devoir vivre dans la discrétion, la crainte et la méfiance permanente d’un éventuelle menace : ça à la rigueur, je peux le gérer. En revanche, je refuse catégoriquement de passer le temps qui me reste dans un no man’s land émotionnel. Oui, je veux de nouveau rire, pleurer, aimer, détester. Ne serait-ce qu’une seule petite et dernière fois. Avant qu’il ne soit trop tard. Avant que l’oublie et l’indifférence n’engloutissent définitivement tout. A moins d’être dans la même galère, je pense que personne ne peut réaliser et être à même de comprendre, ce que c’est réellement que de perdre son humanité. Pourquoi donc s’embêter à partager ce type d’information avec autrui ? Même si je reconnais que ça aurait au moins le mérite d’éviter quelques petits malentendus.
D’ailleurs, mon interlocutrice ne manque pas de me le faire discrètement remarquer en filigrane. Fixant le bois sombre et mate de la table, je m’offre quelques secondes de réflexion en me grattant le coin du sourcil. C’est d’ailleurs un bien curieux tic que j’ai développé là. Est-ce qu’inconsciemment j’essaye de témoigner aux autres une sorte de gène ou de malaise, à travers cette manie ? « Oui c’est vrai. Tu as raison, je m’en excuse. A ma déf… décharge, je n’ai pas vraiment trouvé de moment opportun pour te faire part de cela. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut sortir comme ça de but en blanc. Difficile d’aborder le sujet, sans prendre le risque de passer pour une espèce de solo… so-cio-pathe. ». Hum. Je commence à être fatigué. Il faut dire aussi, que je n’ai pas vraiment l’occasion de parler aussi longtemps avec quelqu’un. En français, qui plus est. Cela s’en ressent dans mon phrasé. Je bute sur plus de mots que d’habitude, mon accent très rauque et gutturale de l’Oural se fait plus prononcé. C’en est tel, que j’en arrive à me demander si tout ceci est très audible et compréhensible pour Julie. En tout cas, je ne suis visiblement pas le seul à montrer quelques signes de faiblesse. Toutefois, pour ce qui est de ce malheureux, ce sont plus les vapeurs d’alcool qu’un discours trop prolixe, qui sont à l’origine de sa défaillance. Ce que j’affirme à son sujet ne relève pas spécialement de la critique, mais cela n’est toutefois pas pour autant très flatteur et dithyrambique.
Argh ... bis repetita. Une nouvelle fois, je viens d’épingler quelqu’un sans envisager un seul instant, que Julie pouvait se sentir elle aussi visée et concernée. Des fois, j’ai l’impression d’être un char d’assaut lancé à pleine vitesse, et anéantissant la moindre chose ayant le malheur de se trouver sur son passage. Je sors les rames et essaye tant bien que mal de rattraper aux branches restantes. Tentant d’accrocher le regard fuyant de Julie en baissant la tête, j’ajoute dans la foulée : « Je … je ne sais pas jusqu’où tu as pu aller dans le laisser aller et le lâcher prise, mais le peu de fois où je t’ai vu dans des états approchants ou similaires, tu m’as toujours semblé conserver une intim… infinitésimale partie de lucidité. Certes, tu perds tout sens d’inhibition ainsi qu’un bon nombre de tes moyens, mais jamais je ne t’ai aperçu ivre morte à ne plus te relever, ou raide défoncée. Tu sais dire stop, et te rends compte lorsque tu dois t’arrêter. Excepté la dernière fois que l’on s’est vu au D-Light. Là par contre, j’ai vraiment eu peur et ai été inpi… inquiet. Dieu merci, ça a été. Hormis, ton cauche… . ». Повія ! Quel imbécile ! Emporté par mon élan, j’ai commis la bêtise de partiellement lui révéler ce que je m’étais jusqu’alors efforcé d’occulter et éluder, afin d’éviter tout malaise. Il est trop tard lorsque je me rends compte de mon erreur. Je ne peux que clore les paupières, me mordre l’intérieur des joues et froncer les sourcils pour maudire mon impulsivité verbale. J’ai beau être exténué et parler français avec un accent à couper au couteau, je suis quasiment sûr qu’elle a parfaitement entendu et qu’elle va, à n’en pas douter, me prier de bien vouloir répéter et poursuivre sur ma lancée. Hum, on dirait que le temps des omissions et des pieux mensonges est terminé … . 2981 12289 0
Julie Perrin
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Sujet: Re: Go Against the Flow - (Maklie) 25/2/2018, 21:31