Jean noir levi's, chemise de la même couleur, blouson de cuir, masque sur le visage, il ne sait toujours pas comment il s'est fait embarquer. Soirée masquée au Montana. Le petit monde de Paris. Y'a des mannequins. Y'a des acteurs. Y'a des footeux. Y'a lui, apparemment. Pas spécialement friand de ce genre de soirée, il s'est laissé embobiner par son coéquipier, lui vendant l'affaire avec tellement de passion et de promesse qu'il n'a pu dire non. Il balance les clés de sa maserati au mec de l'entrée avec nonchalance, écrasant sa clope sur le sol déjà bien encombré. C'est dégueulasse. C'est pas sain. Il s'en fout. Y'a déjà la queue, des filles aux robes trop courtes, des types gominés, des masques. Son regard se perd sur quelques fesses quand il passe devant la file, sourire en coin, sourire crâneur. VIP. Il est sur cette liste si prisée. Pas d'attente. Pas de frais. Du champagne gratuit. Parce que montrer sa tête dans ce genre d'endroit est bénéfique. Parce qu'il attire du monde. Parce qu'on se courbe devant lui. Florian Juliard. Putain de footballer. Des sommes astronomiques sur son compte - et merde, probablement de l'argent planqué dans un paradis fiscale. Le gorille de l'entrée le salue comme une vieille connaissance, il délaisse son blouson contre un billet, rejoint son pote déjà bien entamé près du comptoir. Il reconnait certains visages, sourit à la serveuse et son tee-shirt trop petit comprimant sa jolie poitrine, commande un truc au hasard sans alcool. La musique est forte. Les rires encore plus. Les corps qui se déhanchent, se frottent, s'amusent, s'apprivoisent, tous planqués derrière des masques extravaguant. Son regard se pose sur une robe blanche trop moulante, trop courte. Sur des courbes affriolantes. Des courbes qu'il connait par coeur pour les avoir trop de fois fantasmées. Un sourire nait sur son visage, il la regarde se déhancher, hypnotiser. Ça s'agite dans son pantalon. Elle est bien trop belle. Elle est bien trop tout. Il abandonne son verre sur le comptoir, s'approche d'elle, se faufile entre les corps, se mouvant en rythme. Il glisse ses mains sur ses hanches, douce torture de pouvoir la toucher sans jamais l'avoir. Elle est belle Lina, toujours. « Cette robe n'est-elle pas trop courte ? » Sa voix se fait légèrement moqueuse, doucereuse. Il est derrière elle, sa bouche près de son oreille pour qu'elle l'entende. Pour qu'elle le déteste. « J'crois que t'as pris une taille trop petite... ou celle de ta soeur de dix ans ? » Il ricane, ses mains glissants sur le corps plantureux, tirant sur le tissus pour faire descendre la robe. Lina, elle est comme ça, ou l'a-t-il toujours connu ainsi. Des robes trop courtes. Trop transparentes. Des décolletés trop plongeant. Elle est un putain de fantasme. Ils rêvent tous de se la faire. Ils rêvent tous de lui enlever ces putains de robes. Elle dit toujours non. Elle lui dit toujours non. N'est-il pas mieux que l'abruti qu'elle se trimballe ? « Ton petit chéri t'autorise à te frotter contre des inconnus comme ça ? » Il n'est pas vraiment un inconnu. Il la connait depuis si longtemps. Il fantasme depuis si longtemps.

Encore une soirée, déguisée cette fois. Un joli masque sur ton visage, toi qui a l'habitude d'en porter un quotidiennement. Il n'a pas pour fonction de camoufler ton identité comme celui ci, simplement de masquer tes souffrances. Il y a du monde, un peu trop à ton goût. T'as pas tellement eu le choix, il aime se pavaner avec toi les premières minutes puis te délaisse ensuite pour aller faire son trafic, et c'est pas plus mal comme ça. Il est loin de toi, ainsi. Des gens que tu croises, que tu connais pas vraiment pour la plupart. Tu te fonds dans la foule en allant déhancher ton corps au rythme de la musique. Ta robe remonte un peu mais tu t'en moques, t'essaies de profiter de la soirée maintenant que t'y es, avant que l'orage ne gronde une fois que tu seras rentrée. Dans ta bulle, transportée par la musique, tu sens tout de même leurs regards sur ton corps mais ça ne t'arrête pas. Si seulement ils pouvaient voir à travers ce bout de tissu, ils te verraient différemment. C’est pas aussi simple parce qu’évidemment, il ne laisse pas des cicatrices sur l’ensemble de ton corps non, il sélectionne avec soin les parcelles de ta peau à fragiliser, de manière à ce que personne puisse se douter de rien. Tes côtes, ton dos, ton bassin, tes cuisses et parfois tes épaules, à la naissance de tes bras où de ton cou. Un homme se glisse juste derrière toi, s’appropriant aisément tes hanches. Tu t’attends à ce que ce soit encore lui, c’est toujours lui qui te surprend de la sorte, ce footballer entreprenant. Un murmure affirme que tu ne t’es pas trompée, c’est bien Juliard contre ton dos. « Encore toi. », souffles-tu simplement en remuant ton corps sur la musique pour toute réponse à sa remarque sur ta robe. Depuis le temps, il voit rien lui non plus, toujours rien, ne cherchant pas plus loin que le bout de son nez, s’attardant uniquement sur tes courbes féminines. Il n’y a que ton corps qui l’intéresse, s’il pouvait te sauter dans les toilettes de cette foutue soirée il le ferait, seulement tu lui en as jamais laissé l’occasion. Il en a certainement à la pelle des nanas, bien plus faciles que toi. Il continu en ricanant et cette fois la réponse fuse. « En attendant elles t’attirent à chaque fois. » T’es habituée à ça, les mains baladeuses sur ton corps, il y a pas si longtemps encore, tu te pavanais en compagnie d’autres hommes pour des soirées de ce genre, c’était ton boulot et ils se privaient pas pour en profiter, ils te payaient aussi pour ça. Celles de Florian sont douces, elles n’abusent pas de toi, ne s’amusent pas à marquer ton corps. T’as presque oublié la sensation des caresses, parce qu’après les caresses il y a toujours un moment où ça dérape, où la violence reprend le dessus et où ton corps s’en retrouve marqué, alors tu peux pas le repousser Florian non, tu laisses ses mains sur tes hanches même si t’as mal au coeur. Tu rêves de retrouver cette douceur, cette légèreté alors tu te perds entre ses doigts. Ton corps se raidit lorsqu’il parle de lui, t’aimes pas ça, tu détestes les mots qu’il emploi, d’ailleurs tu le déteste aussi. « Il faut croire que t’en a pas grand-chose à faire de ce qu’il m’autorise ou pas, Juliard. ». Lui ça ne l’empêche pas de chercher le rapprochement physique avec toi, que tu lui dise non aurait été pareil, ça ne l’aurait pas arrêté. Tu sais que s’il te vois comme ça, tu vas payer mais pour l’instant tu t’en soucies pas, tu te laisses approcher même si tu dépasseras pas les limites, comme à chaque fois.

Il fait chaud. Peut-être est-ce du à la surpopulation - ou à la proximité excitante de Lina. Ils sont collés l'un contre l'autre, il sourit diaboliquement, ses mains se baladant sur ce corps parfait, trop parfait. Il n'a probablement pas l'autorisation. Ce n'est probablement pas respectueux. Mais il s'en fout Florian. Lina, c'est son fantasme. Lina, elle hante ses rêves érotiques. Lina, il donnerait n'importe quoi pour se glisser entre ses cuisses. La baiser. C'est terriblement égoïste. C'est terriblement douloureux de se faire rejeter. Pour un abruti vendant des pilules magiques. Pour un type qui ne vaut rien. Il sourit à ses réponses, se frottant contre elle, épousant ses mouvements en rythme. Ils ne font qu'un et s'est foutrement déstabilisant. « J'sais pas si ce sont les robes ou toi. » Qui l'attirent, encore et encore. Depuis un bout de temps maintenant. Depuis qu'il fréquente ces bars avec ses potes. Depuis qu'il a rencontré le connard vendeur de rêve. Depuis qu'il lui a présenté Lina, sourire suffisant, la promenant à son bras comme une jolie acquisition. Il est jaloux Florian. Comme un gosse jalouse une putain de carte pokémon. C'est peu flatteur. Mais c'est ce qu'il ressent - ressentait ? Parce que Lina, c'est une obsession. Parce que Lina, c'est le sujet préféré de ses coéquipiers pour le chambrer. Parce que Lina, c'est le sujet à éviter. Parce que Lina, c'est Lina. Il la questionne sur son petit-ami. Ça l'écorche presque de le dire. Est-ce qu'elle la sent la jalousie ? Vicieuse et silencieuse. Il ricane à sa réponse. Dépose des lèvres un peu trop entreprenantes sur la peau de son cou, une caresse interdite. « J'en ai rien à foutre de ton abruti. » Non, vraiment rien. « J'demande par politesse. » Il demande toujours. Parce qu'elle n'aime pas. Parce qu'elle se raidit toujours. Parce qu'il veut savoir. Savoir pourquoi elle s'y attache tant. « Allez Lina...» Sa voix se fait plaintive. Ses caresses un peu plus prononcées. Un peu plus poussées. C'est toujours le même schéma. C'est toujours la même chose. Peut-être qu'il espère qu'elle craque. Un moment de faiblesse. Un verre de trop. « Il ne saura rien.» Il se fait l'effet d'un adolescent, un peu trop à l'étroit dans son jean juste en se frottant deux minutes avec elle. Perdus dans la foule. Dans leur bulle. Ses lèvres explorent la peau dorée de son cou, de son épaule, des caresses chaudes, pleines de promesses maintes fois susurrées à son oreille. Jamais mises en pratique. Il pourrait la trainer dans les toilettes. Dans sa voiture de luxe. Même dans son appartement. La ramener ici. Et recommencer. Encore et encore. Ses mains descendent un peu trop bas. Un peu trop intrusives. Ça a probablement grillé là haut. Tout se passe en bas. Ça réfléchit plus. « S'il te plait Lina. » Ouais, s'il te plait. Il est égoïste Florian, il ne voit pas plus loin que la jolie robe, que les jolies formes, que cette image qu'elle renvoie. Il n'imagine pas le pire. Y'a que dans les films, n'est-ce pas ? Y'a que dans les films que les jolies filles souffrent. « J'habite pas très loin. » Stupide footballeur. Abruti de Juliard.

Cette approche si directe, ces mains venant épouser les formes de ton corps, avec ou sans masque, tu les aurais reconnu entre mille. Florian il t'attaque toujours par surprise tel un bon prédateur, il se glisse dans ton dos sans même que tu ai le temps de savoir qu'il se trouvait au même endroit que toi. Il t'avoue ne pas savoir ce qui lui fait le plus d'effet, tes vêtements provocants ou simplement ton corps, toi. La réponse te fait légèrement sourire, t'imagines bien que le mélange explosif que tu lui offres sans lui donner l'occasion d'y goûter réellement le plonge dans une frustration immense. Tu crois bien que quelque chose en toi le captive pour qu’il revienne sans cesse vers toi malgré tes nombreuses tentatives pour l'éloigner. Peut-être que c'est justement ça, qui l'attire constamment vers toi, tu représentes l’inaccessible à ses yeux. Visiblement, les limites que tu lui pose en le repoussant ne parviennent aucunement à le lasser, au contraire t'as l'impression qu'il monte d'un cran supplémentaire à chaque fois. Florian doit être persuadé qu'un jour tu finiras par craquer, après tout il a certainement toujours eu tout ce qu'il voulait, d'autant plus en entrant dans le monde des célébrités. Seulement ça n'a rien à voir avec ton monde à toi, le tien est bien plus sombre, inavouable. Ses lèvres viennent se déposer sur ton cou et un frisson parcourt l'ensemble de ton corps. Il se fait du mal à lui même en allant si loin, parce que c'est pas ce soir qu'il t'aura, ni les autres à venir. « Tes lèvres aussi, c'est par politesse là ? », que tu souffles presque moqueuse. Il te faisait bien rire avec sa politesse, son corps pourtant n'exprimait en rien quelque chose ressemblant de près ou de loin à de la politesse, que ce soit ces mains entrepreneuses ou ces lèvres avides sur ta peau. Tu devines aisément le désir qui l'envahit en ce moment même lorsqu'il se colle contre tes fesses et quelque part, ça te plait de le savoir impatient et frustré au point d'en venir presque à te murmurer des supplices à l'oreille. T'as l'impression de refuser sans arrêt ces caprices comme pour un enfant, t'as l'impression d'avoir un certain pouvoir que t'as totalement perdu avec celui qui te tient prisonnière. Ton corps se raidit à nouveau lorsqu'il t'assure qu'il n'en saura rien, Florian a tord, il n'imagine même pas ce que tu subirais s'il l'apprenait, ne serait ce que s'il savait la manière dont il se permet de te toucher actuellement. « Tu te trompes. », répliques-tu plus froidement, sans en dire davantage. Seulement ses lèvres le long de ton cou jusqu'à la naissance de ton épaule t'invitent à te détendre à nouveau contre lui. Tu fermes les yeux le temps de quelques secondes à peine, tu savoures cette sensation interdite. Il s'emballe un peu trop en laissant ses mains courir un peu plus bas, et tu finis par stopper sa main même s'il te demande de céder. T'as du mal à rester indifférente, c'est indéniable mais tu le détestes autant qu'il t'attire. « Cesse de t'acharner, y en a bien d'autres qui n'attendent que toi. », que tu lui dis, curieuse d'entendre sa réponse. Toujours dans sa douce folie, son désir ne le quitte pas et il te dit qu'il vit pas loin d'ici, prêt à faire une escapade avec toi, le temps de te baiser comme il en rêve depuis longtemps. Sensuellement, tu te retournes pour lui faire face, n'hésitant pas à plonger ton regard dans ses yeux puisque c'est l'une des seules parties que le masque ne cache pas. Ton corps est toujours pressé contre le sien, parce que t'as pas cherché à t'en éloigner en te retournant, et tu mordilles ta lèvre avant de t'approcher jusqu'à son oreille pour lui susurrer. « Dans tes rêves, Juliard. » Une main délicate que tu poses contre son torse avant d'afficher un sourire vainqueur.

Elle est tellement froide Lina. Sans coeur. Elle piétine celui de Flo en souriant. Rejet sur rejet. Il ne comprend pas, ne la cerne pas. Ne vaut-il pas mieux que la loque qui lui sert de petit-ami ? Il lui offrirait le monde. Les plus belles choses. Elle est tellement belle qu'elle mérite d'être traité comme une princesse, pas abandonnée dans un bar au milieu de types affamés. À sa merci. Elle l'attire comme un aimant. Il sait toujours quand elle est là, la repérant au premier regard. Parce que Lina, elle brille au milieu des autres filles. Elle a un truc que les autres n'ont pas. Elle est déstabilisante, Lina. Elle est envoutante. De la manière dont elle bouge ses hanches en rythme, de ses formes généreuses à son regard doré pailleté de vert, à sa bouche pulpeuse qu'on rêve de faire sienne. Ils se mouvent l'un contre l'autre, se complétant au milieu des inconnus, loin du regard du petit-ami. Mais qu'importe, Florian serait près à user de ses poings pour Lina. À la gagner au corps à corps. Prince charmant défiant le dragon - ou dragon défiant le prince charmant ? Elle se moque de lui mais frissonne sous ses caresses, sous ses baisers légers. « Elles explorent une terre inconnue. » Une peau qu'il ne fait que caresser succinctement. Une peau qui lui fait terriblement envie. Elle a cette odeur particulière, elle sent tellement bon. Y'a probablement un truc qui déraille chez lui, un neurone qui fait des siennes. Mais il aimerait se fondre en elle. Ne faire plus qu'un. Qu'elle lui appartienne. Qu'elle soit une putain de WAGs - wives and girlfriends. Il se fiche des autres. Elles ne sont pas elle. Elles sont trop faciles. Trop tout. Elles lui tombent entre les doigts avec aisance, ne se faisant pas prier. Lina, elle dit non et c'est peut-être ça qui la rend si unique, si tentatrice. Elle est l'interdit. L'inconnue. L'indomptable. Elle lui file entre les doigts. Elle l'allume pour mieux le repousser. Elle le déteste, le dénigre. « Elles ne sont pas aussi belles que toi. » Y'en a pas une qui arrive à son talon si haut. Y'en a pas une qui lui donne l'impression d'être un adolescent pleins d'hormones. Y'en a pas une qui l'oblige à se soulager en pleine nuit après un rêve trop explicite. « J'crois bien que t'es la plus... excitante à des kilomètres à la ronde. » Il a hésité. Baisable. Que ses lèvres ont failli balancer. Mais c'est pas gentleman. Si ? Son but c'est pas de la faire fuir. C'est qu'elle accepte de faire un tour dans son lit - même plusieurs tours. Même y rester pour un temps indéterminé. Elle se retourne entre ses bras, se frottant contre son corps. Leurs regards se croisent, planqués derrière les masques stupides. Elle mordille sa lèvre, son entrejambe s'excite, tressaute, intéressée. Ses mains se posent sur ses hanches, caressent à travers le tissus, seul obstacle entre lui et son fantasme. Elle se rapproche, ses lèvres proches de sa propre peau, lui susurrant l'habituel refrain auquel il est habitué. Dans tes rêves, Juliard. Si elle savait ce qu'il rêve de lui faire. Elle pose une main sur son torse, il fronce les sourcils. Elle s'échappe. Comme d'habitude. Elle s'échappe et le laisse avec sa queue un peu trop raide. Avec sa seule main pour compagne. Il grimace rien qu'à l'idée de devoir se rabattre sur une autre fille.  « Même pas pour quelques minutes dans les chiottes ? Il verra rien du tout. » Quelques minutes dans les toilettes pourries. Pourquoi pas une jolie fellation. Il demande pas grand chose, qu'elle assouvisse un de ses fantasmes. Qu'elle veuille de lui. Ou juste ses mains sur lui, sur sa queue. Il verra rien l'autre abruti, trop occupé à vendre du rêve. Il colle ses hanches contre les siennes, frottant son bassin contre le sien dans un mouvement sensuel. Elle ne peut pas être si insensible. Si fidèle.

Ton regard s'égare tout de même vers la foule, tu vérifies qu'il n'est pas dans les parages à t'épier pour mieux frapper une fois que vous aurez retrouver votre intimité. Seulement les mouvements du jeune footballeur suffise à te transporter ailleurs, à imaginer une vie plus douce que cette vie sans répit que tu mènes depuis que t'es avec lui. Il t'épuise mentalement et physique, il te brise sans le moindre remords. A cet instant Juliard t'apporte un nouveau souffle. Tu sais que les hommes te désirent, mais aucun ne te désire à ce point, aucun ne se démène autant pour tenter de t'avoir. Seulement Juliard ne connait rien de toi, si ce n'est l'image aguichante que tu lui offres, c'est simplement ça qu'il veut, Juliard ne s’ennuierait certainement pas avec une fille se révélant aussi sombre que ça. Si un jour il venait à le découvrir - chose qui n'est pas prête d'arriver - il se lasserait bien vite et serait probablement empli de déception. Pourtant t'aimerait qu'il sache putain, qu'ils sachent tous ce qu'il est capable de te faire, qu'il t'offre une issue, n'importe quoi te permettant de lui échapper quelques jours, quelques heures. Toute une vie c'est surement trop demandé. Une terre inconnue, voilà ce qui l'attire, il te l'avoue plus ou moins et tu laisses ses lèvres explorer une partie de ton cou. Tu serais tenté de lui en donner plus mais tu te raisonnes à la seconde suivante, n'oublie pas Lina, n'oublie pas cette assurance et ces provocations qui t'insupportent, n'oublie pas cette ignorance aveuglante. Soit disant les autres ne sont pas si belles que toi. T'y crois pas. Il ne t'a pas choisi que pour ça, t'es provocante, vulgaire alors à la limite t'es bonne à ses yeux avec tes robes trop courtes mais pas juste belle. Excitante, c'est le mot hésitant qui a franchit ses lèvres, tu imagines bien les autres qui lui sont venu en tête à cet instant. Bandante ? Florian, il tente de te flatter pour mieux t'avoir, mais tu trouves toujours à lui répondre. « Je sais très bien que tu finiras par te rabattre sur l'une d'entre elles à la fin de la soirée. » T'es pas dupe non, si tu t'offrais à lui, tu finirais dans le même lot, une de plus qu'il ignorerait par la suite, il se trouverait un nouveau joujou et t'ajouterais à sa liste de ses trophée, seulement il est hors de question de lui faire se plaisir. Puis tu te retournes, pour lui répéter ce qu'il sait déjà, qu'il ne t'aura pas ou simplement dans ses rêves les plus fous et encore, t'es pas persuadée d'être son obsession lorsque tu disparais de sa vue, il doit te prendre comme amusement, comme défis lorsque tu te trouves pas loin de lui. Tu oses, de ta main douce tu effleures puis caresses son entrejambe à travers le tissu quelques secondes à peine, mais il n'aura rien de plus. « Je vaux mieux que quelques minutes dans les chiottes. », que tu lui rétorque sûre de toi. Rien d'autre. Tu vas le rendre fou et tu le sais mais l'adrénaline en toi ne t'arrête pas. Tu te retournes une fois de plus, cette fois t'es dos à lui, comme au début puis tu t'échappes de son étreinte, faisant quelques pas pour aller voler un verre sur un plateau à un serveur qui passait par là. Ce n'est pas la direction des toilettes que tu prends non, tu comptes pas non plus aller retrouver celui avec qui tu partages ton lit, tes cauchemars les plus noirs. Tu rejoins pas Florian, mais c'est certainement lui qui te rattrapera dans ta fuite.

Lina, elle fuit. Lina, elle s'échappe, encore et toujours. Elle se rapproche de lui pour mieux s'éloigner. Il a parfois l'impression qu'elle est sur le point de craquer puis finit par se raviser. Une raison obscure qui lui échappe ou qu'il ne veut pas voir, se contentant d'imaginer qu'elle puisse réellement aimer son petit-ami. C'est qu'une amère déception pour lui, fantasmant sur l'interdit, l'intouchable. N'aurait-il pas pu s'enticher stupidement d'une fille moins chiante ? Mais aurait-il ressenti la même chose ? Au final, peut-être n'apprécie-t-il que le jeu qu'ils mènent. Que le moment où il finira par l'avoir, il se lassera, l'abandonnera. Don Juan du XXIème siècle, seulement séduit par le jeu aime-moi, déteste-moi qui les animent depuis plusieurs mois. Il est comme ces gamins à qui on refuse quelque chose, hurlant et tapant du pied, pour finalement se lasser à la minute où le jouet sortira de son joli plastique. Florian est égoïste et il ne s'en rend probablement pas compte. Comme à son habitude, un scénario maintes fois joué entre eux, elle le repousse. Revient vers lui. Le laisse la caresser quelques minutes pour mieux l'envoyer se faire foutre. T'es pas assez bien pour elle Florian. T'es nul. Bien sûr qu'il se rabattra sur une autre fille. Comme à chaque fois qu'il la croise, il sera frustré et en colère, hargneux et excité. « Parce que tu ne veux pas de moi mais elles, oui. » Un reproche à peine voilé. Un froncement de sourcil accentué. Elle joue avec lui. Il la détesterait presque de lui faire subir ça - il la déteste, ouais. Parfois, il a juste envie d'être méchant, de lui balancer qu'elle n'est qu'une trainée, qu'elle mérite pas mieux qu'une soirée. Et putain, rien que d'y penser, il s'en veut. Parce que ce n'est pas vrai. Mais c'est souvent que ça déborde là haut. Y'a pas trop de censure, il est un peu débile quand il est vexé, Florian. Un peu trop sanguin. De sa main elle effleure son entrejambe, torture si douce. Une simple caresse, passée inaperçue, un millième de secondes. Y'a comme un feu qui grimpe en lui, c'est presque douloureux. Il grimace, la regarde s'éloigner, l'écoute lui balancer qu'elle vaut mieux que quelques minutes dans des toilettes pas très nettes. C'est probablement vrai. Elle le quitte pour voler un verre sur un plateau, Florian suit de son regard clair son déhanché enivrant, ses fesses moulées dans la robe trop courte. Il reste quelques secondes sans bouger, probablement vexé de s'être encore fait planter. Habituellement, il aurait abandonné, il serait surement retourné au comptoir, aurait bu son verre, ramasser la première venue pour rentrer, abandonnant ses potes. Il l'aurait laissé rejoindre son connard de petit-mai. Mais pas ce soir. Il s'élance à sa suite, mu par il ne sait trop quoi. Il lui saisit le bras et la force à se retourner vers lui, geste surprenant venant de sa part. Geste sortant du scénario si bien écrit de leurs entrevus. « T'es qu'une allumeuse Lina. » Ça sort plus vite qu'il ne le pense. C'est amère. C'est un peu méchant. Ça lui ressemble pas vraiment. Mais c'est peut-être bien le rejet de trop. Ou la jalousie qui fait des siennes. L'amertume. Peut-être qu'il en a marre. Peut-être. « T'agites ton cul sous le nez des mecs, tu te frottes comme une chienne et tu te casses pour aller te faire baiser par l'autre connard. » Elle veut pas de lui. Il n'a plus besoin de faire d'efforts pour ce soir. Il est cru Florian. Il est à bout. Il est blessé dans son égo de mâle. « T'étonnes pas qu'on te traite de pute. » Parait qu'elle n'a pas super bonne réputation Lina. Qu’elle ne vaut vraiment pas plus que quelques minutes dans des chiottes miteuses.

Il t'a rattrapé Juliard, il saisit ton bras assez fermement, de manière à ce que tu n'ai pas d'autres choix que de te tourner face à lui. Il n'est plus du tout le même, son visage s'est transformé, malgré le masque tu le remarques en un instant. Le Florian flatteur et doux d'il y a quelques minutes venait de disparaître pour laisser resurgir un homme colérique. Instantanément, une boule se forme au creux de ton estomac, t'as l'impression de te retrouver face à ton bourreau, celui capable de t'aimer puis l'instant d'après de te détruire complètement. Ton coeur bat un peu trop vite, peut-être même qu'au fond de tes yeux, il peut y distinguer une certaine peur. T'es déstabilisé, tu ne t'attends pas à ce revirement de situation, à ce changement de comportement. Tu venais de lui céder une caresse exquise et voilà qu'il était remonté plus que jamais. La prochaine fois, tu t'abstiendras Lina. Sur le coup, tu ne fais rien, tu ne dis rien, incapable de savoir la réaction à adopter. Il est fréquent que vous vous envoyez des pics tous les deux, que vous soyez cinglant l'un envers l'autre mais cette fois, il s'emporte pour de bon semble-t-il et tu refuses de te laisser fragiliser à nouveau. « Tu sais rien de moi. », rétorques-tu sur la défensive. Peut-être que t'es une allumeuse, peut-être qu'il n'a pas tord, tu joues trop avec le feu sans prendre garde au conséquences, mais il sait pas tout ce qu'il y a derrière. Et lui, c'est pas un salop à sauter sur tout ce qui bouge, à te faire des avances des plus dégradantes chaque fois que tu croises son chemin ? « Rappelle moi de jamais hésiter devant tes avances, je me répéterais tes mots pour me convaincre que tu le mérites pas. » Il te cherche, il te trouve. T'es pas prête de te laisser démonter, tu te soumets déjà beaucoup trop en d'autres circonstances mais c'est pas Florian qui va t'humilier. Même si au fond de toi t'es dégoûté, blessée, t'as plus envie de jouer. Ces mots font mal, il a réussi à toucher un point sensible. Puis il va trop loin en évoquant le mot pute. Il n'a pas à te parler comme ça, tout ce que tu sais, c'est que tu mérites pas ces insultes, parce qu'au fond de toi, t'es brisée. Par un connard du genre, capable des pires choses lorsque la folie et la colère flirtent avec lui alors que t'étais simplement une femme qui l'aimait et prenait soin de lui. C'est à cause de lui si t'en es arrivée là désormais, à te trimbaler avec des fringues trop aguichantes. T'as beau essayer d'attirer l'attention Lina, voilà ce que tu récoltes, t'es qu'une pute. Il semblerait que tu sais pas t'y prendre pour dévoiler tes souffrances. « Dégage si c'est pour me parler comme ça, tu vaux pas mieux que lui. » que tu balances avec un regard noir. Qu'il pense ce qu'il veut de toi, t'auras essayé mais c'est peine perdue. Ce nœud au ventre ne te quitte pas, t'en attendais mieux de Florian mais ce soir, il t'a déçu, blessé, même effrayé. Qu'il t'oublie. Qu'il aille se trouver une pétasse parmi tout ce beau monde, une qui exécutera chacun de ses désirs, une qui ne le fera pas languir, une qu'il ne reverra probablement pas.

Ça lui ressemble sans lui ressembler. Florian, il n'est pas un gars très patient habituellement. Des mois qu'il se pavane devant Lina. Des mois qu'il lui court après. Sans succès. Encore et encore repoussé. C'est même presque surprenant qu'il est insisté si longtemps. Lui, l'électron libre. La tête brûlée de l'équipe. Entichée d'une fille qui ne veut pas de lui. Peut-être qu'il en a marre. Qu'il est fatigué de courir après une chimère. Ou que c'est à cause de la pleine lune mais ses mots se font blessants, piquants. Ouais, Lina n'a pas bonne réputation. Y'a des trucs qui courent, des rumeurs stupides qu'il ne prenait pas le temps d'écouter. Des on dit qui trainent dans le milieu sur elle, sur son petit-ami le dealer. Il n'y a jamais vraiment cru. Parce qu'il s'en fout qu'elle vienne d'un milieu plus que modeste, qu'ils sont des arrivistes, des nouveaux riches. Parce qu'il n'a pas toujours été un riche footballeur. Parce qu'il a vécu dans la pauvreté. Il balance ces mots sans réellement les penser, juste pour la faire chier, juste pour se venger de son manège incessant. Peut-être bien qu'il ne sait rien d'elle comme elle l'affirme mais l'image qu'elle renvoie n'est pas des plus belles. Il ne connait que son prénom et ses robes moulantes. L'odeur de sa peau. La douceur de ses cheveux. Il ne la connait pas, il la fréquente à peine. « On peut pas apprendre à te connaitre, tu te barres dès qu'il te siffle. » C'est amère, accusateur. Il lui reproche de suivre son petit-ami aveuglement. De ne jamais rien faire sans lui. Lina, il ne l'a jamais vu seul. Il ne l'a jamais vu ailleurs que dans des bars ou des clubs. À croire qu'elle ne vit que la nuit et reste séquestrée la journée. Une triste réalité qu'il ignore, les yeux trop pleins de paillettes. « J'comprends pas ce que tu fous avec lui. » Jalousie. Il n'est qu'un abruti qui deale. Un pauvre type sans avenir. Un pseudo caïd vendant des drogues de merde à des prix exorbitant. Il n'a rien à lui offrir hormis une vie de merde. Florian, il se dit qu'il est mieux que lui. Qu'il pourrait offrir une jolie vie à Lina. Quelque chose de mieux. À sa hauteur. Il écarte les bras dans un geste théâtrale, ricanant en faisant quelques pas en arrière. « J'en ai rien à foutre ! J'me casse Lina. » Il secoue son visage de droite à gauche, dans un mouvement de dégout. Ouais, il se casse. Il abandonne. Pour ce soir ? Pour toujours ? Qui sait. Peut-être qu'il reviendra à leur prochaine rencontre, peut-être qu'il la draguera comme il a l'habitude de faire. Peut-être pas. « J'vais aller me chercher une fille bien. » Il insiste sur le bien pour enfoncer le clou. Pour la faire culpabiliser. Pour la rendre jalouse. Pour qu'elle capte qu'elle rate probablement quelque chose avec lui. Putain de Juliard. Putain de Lina.

Juliard ne voit rien, ni les blessures dissimulées sur ton corps, ni la peur au fond de tes yeux lorsqu'il change de visage. T'aimerais bien tout balancer, retirer ta robe trop étroite devant l'assemblée pour qu'ils constatent, qu'ils arrêtent de te prendre pour celle que tu n'es pas, une dominatrice, une allumeuse voulant se taper la moitié de la planète. Certains rétorqueront que l'on récolte ce que l'on sème mais tu penses que Florian s'en voudrait. Peut-être pas en fait, il pourrait tout à fait en avoir rien à foutre et se désintéresser totalement de toi à la minute d'après. Après tout, toi non plus tu connais rien de lui, seulement ce que les médias veulent bien en dire et l'attitude qu'il peut avoir lorsqu'il est avec toi. Ce soir, t'auras appris qu'il pouvait te surprendre et pas seulement dans le bon sens. Le jeu devenait trop dangereux, il avait perdu patience. Tu te barres, qu'il reproche, ouais tu te défiles lorsqu'il revient dans les parages, t'as juste pas envie de finir hospitalisée parce qu'il aura trop frapper pour se venger, sans aucun contrôle. Rien ne sert de discuter tu sais qu'il va rester sur ses positions et toi sur les tiennes. T'es juste déçu qu'il te traite de la sorte, tu vas finir par croire que tu le mérites vraiment si ça continue. Tu meurs d'envie de lui répondre que toi non plus, tu sais pas ce que tu fous avec lui, tu l'as aimé sans rien voir venir, désormais t'as bien du mal à comprendre comment la situation a pu se dégrader à ce point. Ton regard est triste en fait, parce que t'es bloquée par le silence, constamment, les menaces qui pèsent sur toi sont trop lourdes pour que t'exprime clairement ce que tu vis. Il est exaspéré par ton comportement, tu le sens et toi tu détestes l'attitude qu'il prend en ce moment, tu préférais encore lorsqu'il restait dans la séduction. Nerveusement, il ricane déclarant s'en foutre que tu refuses perpétuellement ses avances, c'est déjà ce que tu fais de toute façon, mais il ment, ça l'atteint, ça le frustre, tu le sais bien. Il déclare s'en aller et c'est ce que tu attends, tu ne t'es pas gêné pour le lui dire ouvertement. Encore une provocation avant de partir, encore une remarque pour te faire comprendre que tu vaux rien Lina, s'il cherche à créer de la jalousie en toi c'est râté, parce que t'as plus aucune envie de partir avec lui, de céder. « T'auras pas de mal à trouver. », que tu lâches d'une voix faible avant qu'il ne s'en aille, se fondant dans la foule pour trouver une proie plus facile. Tu restes là quelques secondes, réalisant la scène qu'il vient de se produire avant de disparaître toi aussi parmi les visages masqués.