Never made it as a wise man. I couldn't cut it as a poor man stealing. Tired of living like a blind man, I'm sick of sight without a sense of feeling, and this is how you remind me. This is how you remind me of what I really am.
Il se baladait, sans but particulier. Tout allait pour le mieux. La fin de l'année étudiante avait été prometteuse (il passait en troisième année) et sa vie sociale au beau fixe entre sorties aux matchs de football pour l'euro, soirées en tout genre et vacances dans le sud de la France avec ses amis. Tout était parfait au final. Peut-être trop pour le satisfaire complètement: il lui manquait quelque chose, ou plutôt quelqu'un. Il n'avait pas revu Billie. Il savait qu'elle travaillait chez sa mère, mais n'osait pas s'imposer. Ça l'agaçait, il s'énervait contre lui-même. Ses pensées étaient plein de "et si". Et si je lui avais dit qui j'étais, et si j'allais la voir chez ma mère, et si j'entreprenais de prendre contact avec elle ? Toujours des questions, jamais de réponse. Ça le rendait malheureux et amer. Il se sentait incapable mais ne voulait rien faire pour. Quand on l'interrogeait sur le sujet, il faisait celui qui n'en avait rien à faire. Billie ? Pourquoi devrait-il s'en soucier ? Elle ne se souvenait même pas de lui. Il la détestait pour ça. Il lui en voulait, autant qu'il s'en voulait lui de ne rien faire pour y remédier. Songeant à cela, il s'était assit sur les marches avec les autres touristes, regardant l'avenue qui lui faisait face. Il attendait un miracle.
Un miracle qui se matérialisa sous les traits de Victoire. La grande soeur de Billie. Son ange gardien. Et c'était sûrement la dernière personne que Lionel pensait voir ou même souhaitait voir. Il y avait de bonnes raisons à cela. Le jeune homme n'avait jamais été irréprochable dans ses actes ou dans son comportement. Victoire était la mieux placée pour savoir combien il avait fait souffrir Billie. Elle ne comptait plus les fois où elle avait ramassé sa soeur à la petite cuillière. Et elle n'avait pas toujours trouvé les mots pour faire les choses bien. Elle arrivait à peine à lui trouver des circonstances atténuantes. Comment pouvait-elle trouver des excuses à un mec qu'elle n'estimait pas franchement ? Puis ces deux-là s'étaient séparés et Billie avait eu son accident, qui lui avait fait perdre partiellement la mémoire. Celui-là même qui lui avait oublier Lionel. Aux yeux de Victoire, c'était la meilleure chose qu'il puisse lui arriver. Tirer un trait sur ses souffrances passées pour pouvoir reprendre une vie nouvelle et bien plus agréable. En quelque sorte, Billie avait eu la chance de se réinventer. Comme si elle avait la possibilité de démarrer une seconde vie en faisant tout différemment. Ça pouvait faire rêver mais également faire peur. Ce qui avait réellement effrayé l'avocate, ce fut le retour de Lionel. Parce qu'il avait tenté de revoir Billie en apprenant qu'elle était à l'hôpital. Et c'était hors de question qu'il vienne remettre son nez dans la famille et encore moins qu'il se replace dans le coeur de sa petite soeur. Elle avait vécu assez d'épreuves comme ça. Elle s'était fait une promesse, tant qu'elle serait vivante, Lionel ne s'approcherait plus de sa soeur. Et comme si le simple fait d'y penser pouvait le faire apparaître, Victoire tomba justement sur Lionel. Il était assis sur les marches. Elle hésita à l’apostropher, sachant pertinemment que leur échange ne serait pas des plus agréables. Mais la dernière fois à l'hôpital, elle avait coupé court, souhaitant se débarrasser de lui au plus vite avant que Billie ne s'aperçoive de sa présence. Alors elle avait fait sa tête de cochon, et elle n'avait absolument rien écouté aux paroles du jeune homme. Elle s'était bornée et n'avait pas été ouverte le moins du monde. Le genre de personne qu'elle n'est jamais en temps normal. Sauf qu'on ne devait pas toucher aux personnes qu'elle aimait. Elle avait assez perdu là-dedans. « Mais qu'est-ce que tu cherchais en venant à l'hôpital ? » entama-t-elle de but en blanc, ne prenant même pas la peine de le saluer d'abord. Elle avait dépassé ce stade avec lui, et la politesse ne lui semblait plus de mise. Ce ne serait que de l'hypocrisie. « Billie t'a oublié et si tu veux mon avis, c'est beaucoup mieux comme ça » continua-t-elle, d'un ton qui n'autorisait aucune contradiction. Victoire pensait savoir ce qui était bon ou non pour sa soeur. Elle faisait cela de bon coeur, mais peut-être qu'elle avait tort.