quentin & flavie ☆

in my head, i see you all over me.
in my head, you fulfill my fantasy.
in my head, you'll be screaming out.
in my head, it's going down, going down.

Cinq mois. Cinq longs mois depuis la dernière fois que j'avais eu des nouvelles de Quentin, de sa part du moins. Et presque aussi longtemps que je lui avais adressé la parole. Pour lui dire quoi en plus ? Que j'avais rencontré un autre mec. Ramassis de conneries. Parfois, je mériterais des baffes. J'étais vraiment en dessous de tout. J'étais décidément trop conne. Pourquoi est-ce que mes parents m'avaient faite comme ça ? C'était facile de blâmer les autres, rien ne m'empêchait de prendre sur moi et de faire des efforts pour que ça change. Toujours est-il qu'il me manquait, même si je ne l'avouerais jamais. Foutue fierté. Qu'on soit en couple ou non, j'avais besoin de ne pas le savoir trop loin de moi. J'aurais pu faire le premier pas, sachant que tout était de ma faute mais je n'avais pas réussi. Après tout, on en avait vu d'autres lui et moi, on se relèverait de tout ça, une fois de plus. C'est ce que j'espérais en tout cas. Quoiqu'il en soit, Alice en avait vraiment marre de me voir broyer du noir quand je pensais à Quentin, elle avait donc décidé de me changer les idées et de me sortir ce soir. Elle m'avait même arrangé un rancart avec un pote à elle. J'avais horreur de ce genre d'arrangement mais n'ayant pas envie de la froisser et de gâcher tous les efforts qu'elle faisait visiblement pour moi, je me résignais. J'essaierais d'y passer le moins de temps de possible. Pour la première fois de ma vie, je rentrerais tôt d'une soirée. C'était en tout cas ce que j'avais prévu. Puisque rien ne se passa comme je l'avais imaginé quand je fus sur place... Alors que j'étais assise au comptoir du bar, un cocktail placé juste devant moi, et ce mec qui était un vrai moulin à paroles collé au train, mon regard se posait sur celui que je ne m'attendais pas à retrouver ici. Juste en face de moi, de l'autre côté du comptoir. Quentin. Mon Quentin. Même s'il ne l'était plus vraiment à l'heure actuelle. Pourquoi étais-je si compliquée ? Je ne pouvais pas supporter de l'avoir toujours sur le dos, mais dès qu'il n'était plus près de moi, il me manquait atrocement. Ce soir, je l'avais repéré et je ne comptais pas le lâcher du regard. D'autant plus qu'il avait l'air en charmante compagnie, ou pas, ce qui m'agaça encore plus. Description rapide : blonde, montée sur échasses, moche. Elle aurait pu ressembler à n'importe quoi, je ne l'aurais pas trouvé plus belle de toute façon. Mais pouvais-je vraiment lui jeter la pierre ? J'avais lancé les hostilités de mon propre chef. Comme je l'avais prévu, il remarqua bien vite qu'il était observé. Nos regards se croisèrent une fraction de seconde avant qu'il ne trouve plus d'intérêt à sa blonde puisqu'il éclata de rire, suite à son blablatage j'imagine. Rien de tel pour me mettre encore plus hors de moi que je ne l'étais déjà. « Alice, j'me casse » avais-je prévenu mon amie, tout en me levant de mon siège. Pas une parole, ni un regard pour ce David qu'elle m'avait refourgué. Supporter ce genre de vision était impossible pour moi. Bien entendu, la brunette m'avait fait la morale quand je lui avais exposé le pourquoi du comment. Aller lui parler, aller lui parler, c'est qu'elle est marrante quand elle veut. Pourquoi est-ce que je devais me rabaisser alors qu'il se payait ouvertement ma tête ? Elle invoquait bien évidemment l'état dans lequel il me mettait. Je le savais, ça avait toujours été comme ça et ce n'était pas près de changer. Je pris alors sur moi et alla commander un autre cocktail au bar. Verre en main, je me dirigeais vers Quentin et sa blonde, comme je l'avais baptisé. Je me plaçais à côté d'elle, posais ma boisson, fit mine de me baisser, puis poussais légèrement le contenu pour qu'il tombe sur elle. « Oh pardon, je suis désolée. Je n'ai pas fait attention... » dis-je en me relevant, faussement gênée. Alors qu'elle tentait de s'essuyer du mieux possible avec des serviettes en papier, je pris mon verre, adressa un grand sourire de fierté à mon ex et reparti dans la direction d'où j'étais venue. Oui, j'avais clairement agi comme une gamine, je n'avais pas réfléchi deux secondes, j'avais fait la première chose qui m'était passé par la tête. En temps normal, je n'étais pas comme ça. Mais l'avantage était que Quentin comprendrait très bien le message. Il m'avait provoqué, j'avais répondu.

quentin & flavie ☆

in my head, i see you all over me.
in my head, you fulfill my fantasy.
in my head, you'll be screaming out.
in my head, it's going down, going down.

J'avais pris sur moi, c'était clair. Mais j'en avais un peu marre de toujours remballer Alice. Mon amie faisait tout ce qu'elle pouvait pour me redonner ma bonne humeur habituelle, mais rien n'y faisait. Non parce que quelque chose ne tournait pas rond dans ma vie. Il me manquait clairement quelqu'un pour que tout marche comme sur des roulettes. Quentin, dont je n'avais aucune nouvelle depuis plusieurs mois. Je n'avais absolument pas l'habitude de ce genre de situation et ça me rendait dingue. Même si je ne l'avouerais jamais, tout le monde me connaissait et donc tout le monde le comprenait. Alors aller m'amuser en boîte n'était franchement pas dans mes plans, parce que je n'avais pas du tout envie de m'éclater en ce moment, c'était même le cadet de mes soucis. Évidemment, je faisais l'autruche. J'aurais pu arranger ça de moi-même, en faisant le premier pas vers Quentin. Mais il avait beau être tout pour moi, il faut croire que je n'étais pas encore prête à ravaler ma fierté. Tant pis pour ma pomme. Je n'avais donc aucun droit de m'en prendre aux autres pour évacuer mon trop plein de conneries. Enfin, ce qui n'arrangea pas vraiment les choses non plus, ce fût ce David que Alice me refila entre les pattes pour la soirée. Il était sûrement très gentil mais je n'étais pas d'humeur à flatter son ego ce soir-là. Et alors que c'était à lui que je pensais, n'écoutant même pas d'une oreille distraite mon partenaire de conversation, je le vis. Quentin était là, mais le pire était qu'il n'était pas seul. Je crois que c'est cela qui m'a davantage énervée que le reste. Je n'avais jamais supporté de le voir avec une autre fille et pourtant, il était évident que j'avais du mal à le supporter aussi quand il était avec moi. J'étais une énigme à moi toute seule. Quoiqu'il en soit, quand nos regards s'étaient croisés, j'avais oublié une fraction de seconde tout ce qu'il pouvait y avoir autour. Rien n'avait jamais d'importance quand il était là, mais la situation avait changé dernièrement. Il valait donc mieux que je remette les pieds sur terre et que j'essaie de bouger un peu. Pourquoi est-ce qu'il est obligé d'attendre que je le remarque pour éclater de rire aux discours sûrement totalement puérils de sa blondasse ? Est-ce qu'il le faisait exprès pour m'agacer encore plus ou est-ce qu'il comptait vraiment finir sa soirée avec elle ? Je crois que je n'avais même pas envie de connaître la réponse. Par crainte d'être déçue certainement. Mon impulsivité prenant le dessus, je ne pu pas rester une minute de plus à le regarder s'éclater avec cette fille qui me ressortait déjà par les yeux et que j'aurais égorgé si j'avais pu. Je ne tarde pas à prévenir Alice que c'en est trop et que la soirée est finie pour moi. Je peux supporter beaucoup de choses sans broncher mais là, c'est tout simplement au-dessus de mes forces. Sauf que j'aurais dû m'en douter, ma brunette de copine ne l'entendait pas de cette oreille et n'avait pas l'intention de me laisser prendre la poudre d'escampette sans m'être au moins expliquée avec lui avant. Mais pour expliquer quoi concrètement ? Tout semblait clair. Pour lui, comme pour moi. Et puis, au final, je me rends compte que ce serait peut-être encore plus marrant si j'allais me rappeler à leur bon souvenir. J'ai des idées plein la tête en plus alors autant en profiter. Je commence par me diriger vers eux, avant de commander un nouveau cocktail, que je renverse délibérément sur la blonde en prétendant le contraire. Et je repars dans l'autre direction. J'avais bien entendu un rire, j'aimais imaginer que c'était celui de Quentin. Après tout, peut-être que je lui avais enlevé une épine du pied en le débarrassant de cette meuf. Enfin, c'est lui qui vint de poser entre David et moi. Pour m'en mettre plein la gueule évidemment. Je ne vois absolument pas ce que je pouvais bien lui expliquer, tout était clair comme de l'eau de roche. « J'avais rien à te dire. Je voulais juste soulager mes nerfs sur quelqu'un. Elle était là, sa tête me revenait pas. Fin de l'histoire » répondis-je sans ciller. Finalement, il fait mine d'être désolé de s'interposer entre mon accompagnateur et moi. Je lève les yeux au ciel. A d'autre, il n'est pas crédible du tout. Mais je ne lui en veux pas de me débarrasser de ce David qui ne me sert à rien depuis tout à l'heure, à part à me traîner un boulet au pied. Quand j'entends sa question, mon regard surpris se re-pose sur lui. « Ce que je veux ? J'sais pas. Ce que je veux pas par contre, c'est admirer ton tableau de chasse. Évite de t'exhiber sous mes yeux la prochaine fois » tranchais-je. Mais en moi-même, j'espérais fortement qu'il n'y aurait pas de prochaine fois.