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A little flower is growing up in my garden | Alix

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MessageSujet: A little flower is growing up in my garden | Alix A little flower is growing up in my garden | Alix Empty24/1/2016, 23:44

A little flower is growing up in my garden
alix & césar



« Tout va bien se passer Madame Breant. Vous serez sur pied en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Ce n'est qu'une toute petite opération et la tumeur à enlever est bénigne. » Un sourire forcé accompagne les mots du trentenaire. Bien sûr que dans ce cas-là, il croit à ce qu'il dit, mais il y a toujours un pourcentage pour que ça foire et que finalement, la tumeur qu'il pensait n'être qu'un tout petit pois, se révèle être une balle de golf voire même de tennis. C'est rare que ce genre de chose arrive, mais on n'était pas à l'abri. Il sort de la pièce après que sa patiente l'ait remercié de s'occuper d'elle. César aurait voulu dire quelque chose d'autre mais il ne sait pas quoi ? Ce n'est pas nécessaire et donc, il préfère se taire plutôt que de passer pour un bouffon. Il soupire quand il se rend compte qu'il doit encore faire toute la paperasse pour son opération. Seulement, d'abord, il doit faire le tour de ses patients dans les diverses services. César fait tout ça machinalement sans voir le temps passé et l'après-midi est déjà presque passée quand il se rend compte de l'heure qu'il est. Il salue tout le monde avant de s'enfermer dans son bureau pour signer, faire des lettres pour les différents patients qu'il a. Son téléphone vibre une douzaine de fois et il n'a pas besoin de regarder pour savoir qui l'appelle. Ses sœurs, sauf Jeanne, ont décidé de continuer de l'ennuyer avec toute l'histoire autour de Claire et Emma. Mais il ne veut pas en parler et repousse tout le monde sans exception. Ça lui fait mal de repousser sa famille de la sorte, mais c'est la seule solution qu'il a trouvé pour ne pas craquer. César rejette tous les dossiers sur un coin de son bureau avant de se prendre la tête dans les mains. Il en a marre pour aujourd'hui et décide de pour une fois rentrer chez lui. Depuis que Emma n'est plus de ce monde, le trentenaire ne se rend plus chez lui. Même s'il a gardé la maison après son divorce, il n'y va que très peu. Ça lui rappelle trop de souvenirs de sa vie heureuse et ça le fait souffrir. Cependant, il ne sait pas pourquoi, mais aujourd'hui, il a envie d'y aller. Il récupère ses affaires, sort de son bureau pour descendre dans le parking et monter dans sa voiture. Il se déplace à allure normale voire même un peu moins de la limitation parce que finalement, il ne sait pas si c'est une bonne idée d'y retourner. Avec un soupir, il continue quand même son chemin. Il a besoin de vêtements propres et de dehors dans un vrai lit pour une fois. César coupe le moteur une fois qu'il est devant chez lui et entre. « Je suis rentré. » dit-il dans le vent. C'est une habitude qu'il a prit quand il vivait encore ici avec sa femme et sa fille. Mais il n'y a que le silence pour lui répondre. Avec un nouveau soupir, il pose ses affaires sur une chaise dans le salon et se rend compte à quel point c'est silencieux sans Claire, Emma et leurs chiens. L'oncologue va alors pour ouvrir sa baie vitrée qui donne sur le jardin quand il remarque une silhouette allongée dans la pelouse. Il lève un sourcil interrogateur. Ce n'est clairement pas son ex-femme parce qu'elle ne serait jamais venue d'elle-même et que surtout elle n'a pas la clé. Est-ce que c'est un voleur ? Non il ne se serait pas endormi comme ça dans le jardin d'une personne qu'il a cambriolé. Un sans-abri ? Oui peut être bien. Il étudie la respiration de la personne et se rend compte qu'elle est endormie. César prend alors un plaid et ouvre la fenêtre avant de s'asseoir à côté de la jeune femme. Elle semble tellement paisible dans son sommeil et ne ressemble absolument pas à quelqu'un qui n'a pas de toit. Il dépose alors la couverture sur elle et ça a pour effet de la réveiller. « Tu sais que c'est un crime de rentrer dans le jardin des gens comme ça ? » Malgré ses paroles un peu froides et directes, César sourit gentiment. Il n'est pas un monstre non plus. « Je peux savoir ce que tu fais dans mon jardin ? » C'est bizarre après tous ces mois sans être venu ici et dire que c'est à lui...

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Alix Beauregard
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MessageSujet: Re: A little flower is growing up in my garden | Alix A little flower is growing up in my garden | Alix Empty25/2/2016, 22:05


A flower is growing up in your garden
Elle hurle. Elle hurle si fort que ça siffle dans ta tête ; une mélodie assassine qui ne semble pas vouloir cesser de si tôt. Tu n'entends même plus ses mots, t'es court-circuitée. Tu oses à peine essayer de te remémorer la raison pour laquelle vous avez commencé à vous déchirer... encore. Son nouvel amant ? La prétendue maladie dont tu serais soit-disant victime ? Ou peut-être un tout petit détail aux grandes conséquences ? En toute honnêteté, tu préfères ne plus y penser. Naïvement, t'as cru que t'enfermer à double tour dans ta chambre évacuerait toutes les pensées négatives de ton esprit. Trop naïvement sûrement ; t'aurais dû t'en douter, ça ne fonctionne pas. Tu tournes en rond comme un lion en cage, tu te ronges les ongles jusqu'au sang. C'est souvent comme ça lorsque tu es angoissée. Ton regard se perd finalement au-delà de la fenêtre de la pièce, et t'es comme une enfant devant une balançoire : tu observes l'herbe dans le jardin voisin, et elle te paraît si verte tout à coup. Le ciel te semble beaucoup plus bleu, là-bas, à quelques mètres de chez toi. C'est souvent le cas ces derniers temps. C'est drôle, aussi loin que tu t'en souviennes, tu n'y a jamais vu personne. Pourtant, tu y imaginerais volontiers une petite famille à la Ingalls avec un chien, deux peut-être. De beaux labradors aux poils dorés. Etrangement, ce n'est pas le cas. Au contraire, la maison semble inhabitée. Du moins, les quelques fois où tu y as mis les pieds, t'es toujours restée seule avec toi-même, comme un petite louve solitaire. Au fond, t'es même pas sûre que ce soit ce que tu recherchais. La vérité c'est que ça fait bien longtemps que tu ne recherches plus rien, tu fais pas tellement confiance à la vie de toute façon. Ce jardin, c'est ton isoloir. C'est une façon de retrouver avec ton “moi” intérieur, même si tu l’exècres certainement encore plus dans ces circonstances. Peu importe.
Tu ignores de quelle façon tes pieds ont a nouveau foulé cette pelouse si verte. C'est à peine si tu t'es rendue compte que tu avais quitté ta chambre et que tes jambes frêles t'avaient menée jusque là. Il fait frais, il y a même quelques goûtes d'eau ça et là sur les brins d'herbes. Ça te donne envie de plonger dedans plutôt que de plonger la tête la première dans les problèmes. Ça te changerait. Alors tu finis par le faire, bêtement. Tu fais l'ange comme si tu étais dans la neige en plein mois de décembre. Du coup, t'as l'esprit qui divague, t'as l'impression que ton âme quitte ton corps. Tu te sens flotter. Tu te sens anormalement bien, le temps de quelques minutes, peut-être moins. Tu sais plus trop, t'as perdu la notion du temps. Et puis finalement, tu perds à peu près tout alors que tu t'abandonnes au sommeil en toute insouciance.
« Tu sais que c'est un crime de rentrer dans le jardin des gens comme ça ? » Tu ne réponds pas parce que ce n'est qu'un rêve. Cela ne peut qu'être un rêve. A moins que... Dans un soudain élan de prise de conscience, tu te redresses énergiquement. Malgré la vigueur de ton geste, tu remarques qu'une couverture te recouvrait le corps, et que c'est probablement de là que venait ce sentiment si agréable de chaleur rassurante. Ce qui l'est moins cependant, c'est cet homme ténébreux au regard sombre qui se trouve à tes côtés. Le temps d'une fraction de seconde, tu hésites entre les deux solutions qui s'offrent à toi : celle de rester plantée là, de lui répondre et peut-être même de lui tenir tête, ou celle de prendre tes jambes à ton cou. Mais t'es pas de ce genre là toi, tu détales rarement comme un lapin. Et si tu dois partir, ce ne sera que par la force de ses muscles et rien d'autre. Machinalement, tu te décales néanmoins de quelques centimètres, comme pour te rassurer un peu plus. « C'est pas la première fois que je viens ici. En quoi est-ce votre problème ? » T'étais dans ce jardin avant lui, qu'est-ce qu'il te veut après tout ? Et qu'est-ce qu'il fout là ? « Je ne pense pas avoir à me justifier, mais je vais quand même vous rassurer en vous affirmant que ça fait un petit moment déjà qu'il n'y a plus personne ici. » Tu l'observes. Tu es incapable de lire une quelconque réaction sur son visage, et ça t'angoisse. Pourtant, tu ne te démontes pas pour autant. « Et vous, qu'est-ce que vous faites là ? Pour quelqu'un qui affirme que pénétrer dans le jardin de parfaits inconnus est un crime, vous bravez les interdits... » Un sourire taquin presque moqueur se dessine sur tes lèvres. Tu ne doutes pas qu'il pourrait te virer de là à coup de pieds au cul, et vu sa carrure, tu t'en souviendrais pendant un petit moment. Au lieu de ça, il sourit. Simplement. Gentiment. Sincèrement. Tu mentirais en affirmant ne pas être destabilisée face à cet homme dont l'ambiguité t'étonne inévitablement. « Je peux savoir ce que tu fais dans mon jardin ? » Le malaise, tu le sens immédiatement. Son jardin. « Euh... je... c'est pas... » Tu bafouilles, telle une petite fille prise en faute. C'est un peu ce que tu es à vrai dire. « Je sais pas vraiment moi-même en vérité. » Des arguments plus convaincants, il a dû en connaître. Mais toi, tu cherches pas vraiment d'excuses. Pourtant, tu te doutes qu'il aurait accueilli un “désolé” avec plaisir. Mais tu sais pas, tu sais plus. T'es prise de cours, t'es un animal pris au piège, et au lieu de battre en retraite,  tu joues la biche égarée. En fait, tu es une biche égarée, aveuglée par les fards trop ardents de cette espèce de chose qu'on appelle couremment “la vie”.
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MessageSujet: Re: A little flower is growing up in my garden | Alix A little flower is growing up in my garden | Alix Empty7/3/2016, 00:54

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alix & césar



Pour la première fois depuis des semaines qu’il rentre chez lui, il faut qu’il retrouve quelqu’un assoupi dans son jardin. Heureusement, ça ne semble pas être un voleur ou même un quelconque violeur. Il ne s’agit simplement que d’une jeune femme qui a pris son jardin pour son lit. Il prend donc un plaid sur le canapé et ouvre la baie vitrée pour se placer à ses côtés et placer la couverture sur elle. La brune se réveille alors et se redresse tellement vite que César est surpris qu’elle ne soit pas prise de vertige. Il remarque alors ses magnifiques yeux bleus hypnotisant et lui sourit sincèrement même si ses paroles sont quelque peu froides et directes. Il n’est pas vraiment en colère de voir que quelqu’un dorme sur sa pelouse. Ça l’emmerde juste parce que ça veut dire que ça fait tellement longtemps qu’il n’a pas mis les pieds ici que la brune croit avoir l’autorisation de poser les pieds ici. Ça le fait encore plus chier quand il apprend que ce n’est pas la première fois qu’elle vient ici. Pense-t-elle que la maison est abandonnée et que personne n’y vit ? Dans un sens ce n’est pas véritablement faux. César n’est pas venu ici depuis tellement de temps qu’il ne se souvient plus quand il a foulé le pas de la porte de la maison qu’il partageait avec Claire et Emma. C’est trop douloureux d’être là. Heureusement, cette jeune femme lui a totalement fait oublié cette douleur qui lui prend la poitrine et compresse son cœur et compresse son cœur jusqu’à ce qu’il ne puisse plus respirer et manque de s’étouffer avec les sanglots qu’il retient, à chaque fois qu’il revient ici. « Ce n’est pas mon problème du tout… Tu fais ce que tu veux après tout. » Bien sûr que c’est son problème, c’est quand même chez lui ici. Cependant, ce qu’elle rajoute le fait soupirer. Elle a raison, personne n’est venu ici depuis longtemps. Claire n’habite plus ici, Emma est morte et ne reviendra jamais. Quant à lui, il passe sa vie entre l’hôpital et les bars. Donc sa maison ressemble sûrement à une maison abandonnée. La jolie brune enchaîne alors et se montre taquine avec lui en lui faisant remarquer que lui aussi est entré dans ce jardin. Un rire franc s’échappe des lèvres de César tandis qu’il pose un regard tendre sur la petite. Elle ne manque pas de courage pour lui dire quelque chose comme ça. Apparemment, pas une seule seconde elle n’a pensé qu’il puisse être le propriétaire des lieux. L’oncologue lui demande ce qu’elle fait dans son jardin et elle perd son attitude insouciante et arrogante. Il sourit encore une fois devant sa mine défaite. C’est presque relaxant parce qu’il ne sent plus le poids de la culpabilité, de la rancœur sur ses épaules alors qu’il a l’impression de se retrouver devant une petite fille qui vient d’être prise la main dans le sac après avoir fait une bêtise. Elle lui rappelle Emma. Elle était toujours en train de leur tenir tête, mais dès qu’ils haussaient un peu le ton, elle changeait complètement de comportement pour redevenir la petite chose fragile qui a besoin d’être protégée. César ne sait pas pourquoi mais il a l’impression de voir sa fille dans ce petit bout de femme. « Et bien, si tu ne sais pas ce que tu fais ici, ça fait deux personnes… » dit-il en s’allongeant sur le dos, le regard fixé sur l’immensité du ciel. Les nuages bougent au rythme du vent sans vraiment de schéma particulier. Revenir ici fait remonter pleins de souvenirs qu’il n’est pas prêt à retrouver. Les longues nuits d’été passées avec sa fille à regarder les étoiles et à dormir l’un contre l’autre. La piscine qui était le lieu de tous leurs éclats de rire, de leurs premiers moments entre père et fille. Tout ça fait remonter des émotions qu’il pensait avoir verrouiller. Ses yeux s’humidifient et il les ferme quelques secondes avant de se relever aussi brutalement qu’il s’était allongé et de proposer son aide pour que la jeune femme se lève à son tour. « Je comptais boire un café, tu veux quelque chose à boire ou manger ? Il commence à faire un peu froid, autant rentrer. » César ne sait pas si elle va le trouver bizarre et partir ou si au contraire elle va le suivre. Tout ce qu’il veut c’est qu’elle rentre soit chez elle soit chez lui parce que la température vient de baisser de quelques degrés et que la nuit est prête à tomber. De plus, ils seront mieux au chaud.

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MessageSujet: Re: A little flower is growing up in my garden | Alix A little flower is growing up in my garden | Alix Empty12/3/2016, 20:53

A flower is growing up in your garden
T'étais en plein rêve, ou du moins un truc du genre dans lequel ton esprit a eu l'amabilité de te laisser vagabonder quelque temps. C'est rare. Ça fait du bien pourtant. Mais ça ne rend le réveil que davantage brutal ; un dur retour à la réalité qui fait mal et qui bouleverse. Il est là devant toi, cet inconnu au regard sombre et à l'expression pas si avenante que ça malgré une esquisse de sourire au coin de ses lèvres. A vue d'oeil, il doit avoir entre trente et quarante ans, il a probablement une jolie femme et une grande maison, alors si tant était qu'il ait lui aussi envie de squatter quelque part, il pouvait le faire dans son propre jardin. Ici, c'est ton échappatoire à toi. T'es déjà venue si souvent que t'en deviens presque possessive. T'es possessive avec cette herbe folle et tellement plus libre que toi tant elle n'a pas été tondue depuis si longtemps. T'es possessive avec cet air frais et pur, ce réel oxygène qui t’enivre. T'es possessive avec ce sentiment si peu connu de tes sens, celui d'un apaisement presque inébranlable. Tu ne partagerais ces moments encore trop rares avec quiconque, même pas avec cet homme à l'allure de vieil ours ronchon. Pourtant, tu te sens presque obligée de lui expliquer la situation, toi, la gamine tenace qui se terre bien trop souvent dans son imperturbable silence. « Ce n’est pas mon problème du tout… Tu fais ce que tu veux après tout.» Ses propos te surprennent presque autant que cet espace de détachement qu'il prétend avoir envers cet endroit. Qu'il prétend, ouais. Il a le cœur enraciné ici presque autant que ses pieds le sont dans la terre molle de son jardin. Ça se voit, ça se sent. T'aurais pas pu passer à côté de ça, toi. Et tu devines que cette propriété a quelque chose de spécial. Il le faut pour réunir les sentiments enfouis de deux personnes comme vous, pas vrai ? Ces sentiments étranges qui le poussent à s'éloigner, ceux-là-mêmes qui font que toi, tu t'y attaches.  Mais s'il y a bien une chose encore plus étrange encore que tous ces trucs qui vous habitent, c'est que t'es bien incapable de justifier ta présence ici, aussi régulière soit-elle. Et apparemment, lui non plus, à ton plus grand étonnement. « Et bien, si tu ne sais pas ce que tu fais ici, ça fait deux personnes… » Tu fronces les sourcils à l'entente de cet aveu que tu n'attendais pas. « Attendez, y'a un truc qui m'échappe... » Avant de poursuivre, tu guettes une quelconque réaction de sa part, mais il reste stoïque, imperturbable. « Est-ce que j'ai rêvé cette phrase ou est-ce que vous m'avez bien dit que ce jardin était le vôtre ? » Si ta logique est toujours aussi implacable, cette propriété est la sienne. Pourtant, il t'affirme sans aucune once de doute qu'il ne sait absolument pas ce qu'il fait ici. Il semble aussi paumé que toi, et ça te perturbe autant que ça te rassure. A cet instant, y'a tout un tas de questions qui se bousculent dans ta tête, et tu voudrais toutes les lui poser, une par une. Mais en apparence, t'es pas du genre à t'intéresser aux gens, et lui, il n'a pas l'air du genre à aimer répondre aux questions indiscrètes des autres. Il a ce truc dans le regard qui dit qu'il ne vaut mieux pas s'approcher de trop près. Il a ce comportement empli de mystère aussi. Et surtout, tu le vois fermer finalement les yeux et se laisser tomber dans l'herbe. Tu te contentes alors de l'observer, refusant d'empiéter sur ces quelques secondes qui semblent avoir la plus grande des importances pour lui. C'est curieux comme le hasard peut faire étrangement bien les choses ; toi t'es le silence, et lui, il est celui qui sait l'apprécier. A vous deux, vous formez comme une sorte de puzzle qui fonctionne. C'est bizarre, mais c'est appréciable aussi. C'est juste bien. Pour un peu, tu l'aurais bien accompagné dans son petit moment privilégié de solitude, mais il se décide à en sortir, bien trop tôt à ton goût. D'ailleurs, t'es prise d'un sursaut non contrôlé lorsqu'il se relève aussi brusquement que nerveusement. « Je comptais boire un café, tu veux quelque chose à boire ou manger ? Il commence à faire un peu froid, autant rentrer. » Sans trop prêter attention à ses paroles dans un premier temps, tu te relèves nonchalamment avant de recouvrir tes épaules de la couverture qu'il t'avait généreusement apportée quelques minutes auparavant. Et puis finalement, sa proposition te percute de plein fouet, comme lorsque l'on se réveille trop brusquement d'un cauchemar. « Vous êtes sérieusement en train de me proposer à boire et à manger alors que j'escalade votre grillage comme une voleuse depuis des mois pour squatter votre jardin ? » Paradoxalement, tu prends pourtant sa suite afin de te diriger à l'intérieur. « Vous êtes qui au juste ? Le bon Dieu? » Pas que tu sois vraiment croyante, mais il paraît qu'il a plutôt le cœur sur la main cet homme-là, du moins, d'après ce qu'en raconte ta mère. Et pour être honnête, ton hôte (si tu oses l'appeler ainsi) te semble tellement généreux à ce moment-là que t'aurais pu le confondre avec le saint patron. Cette idée saugrenue t'arrache d'ailleurs un sourire, ou plutôt un rictus amusé. Au fur et à mesure que tu pénètres dans cette maison que tu as bien souvent imaginée, tu caresses tous les objets que tu trouves du bout des doigts, comme pour essayer de t'emparer de leur âme. T'es persuadée qu'ils en ont tous une. Tes yeux s'attardent sur chaque détail, et t'es surprise de voir à quel point t'as pu te tromper. Si la jolie décoration et les innombrables bibelots s'apparentent plutôt bien à ce que tu t'étais imaginée, l'atmosphère est bien loin de l'idée que tu t'en faisais. Il fait sombre, les murs semblent tristes. Tout ici dort, mais pas d'un sommeil si serein. « Et... vous vivez... là-dedans ? » tu te permets tout de même de demander, non sans laisser une grimace déformer tes lèvres. N'importe quel inconnu qui entrerait ici pourrait parier que plus personne n'a mis les pieds ici depuis des siècles. D'ailleurs, c'est un peu ce qui s'est passé avec toi la première fois où t'as pris possession de ce jardin abandonné. « Au fait, merci pour la couverture. », tu le remercies enfin alors que tu entreprends de rehausser cette dernière de façon à t'y emmitoufler davantage. « Vous devez avoir des enfants pour être si gentil avec moi, j'me trompe ? » Tu ne lui laisse toutefois pas le temps de répondre puisque tu poursuis presque immédiatement. « J'imagine qu'ils ont plus de chance que moi. » C'est vrai, ta mère et toi, vous êtes en éternelle collision. Ça casse toujours, ça passe jamais. Mais t'as plus qu'elle, elle et ton caractère de merde que t'essaie tant bien que mal de mettre de côté à chaque fois que tu reviens chez elle. Mais c'est dur d'échapper à sa nature quand on est si sauvage. Alors tu fuis comme un animal apeuré par les phares d'une voiture, et t'atterris ici. Toujours. « Et au fait... je veux bien un peu d'eau. Enfin, si elle est encore potable », tu lâches avant de lui adresser un sourire taquin. Il n'y a aucun once de dégoût ni même de jugement dans tes paroles. La vérité, c'est que tu te retrouverais presque dans cet environnement sombre et hostile. On dirait ta vie toute entière. Et ça t'intrigue, autant que cet homme.
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MessageSujet: Re: A little flower is growing up in my garden | Alix A little flower is growing up in my garden | Alix Empty21/3/2016, 01:32

A little flower is growing up in my garden
alix & césar



La surprise passée, César s’installe près de cette brune qui a investi son jardin. Depuis combien de temps fait-elle ça ? Depuis combien de temps pense-t-elle que ce bout de terre ainsi que cette maison qui appartiennent au médecin sont-ils abandonnés pour qu’elle vienne ici souvent ? Il ne sait pas vraiment si elle vient ici souvent, mais sa réaction ainsi que son comportement lui font penser que c’est le cas. Qu’elle escalade souvent les murs séparant les deux jardins, ne l’embête pas plus que ça. C’est plutôt le fait qu’elle pense que les lieux sont laissés à l’abandon qui le gène le plus. En même temps, elle n’a pas tort. La maison ainsi que le jardin ne sont pas entretenus et ce depuis des mois. C’est à peine si César s’y rend pour prendre des affaires de rechanges ou pour dormir. Aujourd’hui, c’est la première fois qu’il revient depuis longtemps. Et bien entendu, il a eu la bonne surprise de voir une jeune femme allongée dans l’herbe qui doit attendre bientôt les trente centimètres. Les deux entames une conversation et César a l’impression de comprendre cette fille aux yeux hypnotiques. Elle semble totalement perdue dans un monde qu’elle ne comprend pas et qui ne la comprend pas. Il ne sait pas pourquoi, mais il se sent proche de la jeune femme et se dit que peut-être ils peuvent s’aider mutuellement. A quoi ? Il ne connait pas la réponse à cette question, mais l’oncologue ressent au plus profond de son être cette sensation que cette rencontre va changer sa vie. La première fois qu’il a eu ce genre de sentiment, c’est quand il a vu pour la première fois Claire. Et oui, elle a changé sa vie comme personne ne l’avait fait avant elle. Ils continuent de discuter comme si de rien n’était, comme si elle n’était pas dans sa propriété sans en avoir le droit. « Non tu n’as pas rêvé. Je suis bien le propriétaire de cette maison et par extension de ce jardin... » Il voudrait rajouter que ce n’était pas parce qu’il l’était que c’était vraiment à lui. Oui c’est paradoxal et en même temps tellement vrai. Ça ne lui appartient que sur le papier. Cet endroit est à sa famille, celle qu’il a laissé mourir à petit feu. Il se retient de dire ça parce qu’il sait qu’il embrouillera encore plus, si c’était possible, l’esprit de la jeune femme. César s’allonge alors quelques instants dans l’herbe, fermant les yeux pour se laisser happer par des souvenirs qu’il avait enfermé dans son cerveau. C’est bien la première fois qu’il se laisse aller de cette façon. D’ordinaire, quand il vient ici, il ferme son cœur et son esprit pour éviter de souffrir. Mais aujourd’hui, c’est différent, il le sent et ne sait pas comment l’interpréter. Seulement, il ne reste pas longtemps dans cet état de nostalgie mêlée à de la mélancolie. César se lève brutalement, faisant sursauter son invitée avant de lui proposer son aide pour se relever ainsi qu’une boisson et à manger. La réaction de la brune le fait sourire. Est-ce vraiment bizarre de lui proposer quelque chose alors qu’elle le dit si bien, qu’elle ressemble à une voleuse ? Cependant, malgré sa réticence première, elle le suit tout en le comparant à Dieu. Détrompe-toi ma petite, je n’ai rien d’un Dieu… je suis plutôt Satan, pense-t-il alors qu’il referme la baie vitrée derrière elle. « Je ne suis pas Dieu ni même un bon samaritain. Juste quelqu’un qui sait reconnaitre un animal égaré. » Oui César vient juste de la comparer à un animal. Mais ce n’est pas sa faute s’il voit en elle un petit chaton abandonné et perdu, qui essaie de se faire une place quelque part. Il reprend la parole en prenant la direction de la cuisine pour se préparer un café. « Et si on oubliait que tu t’introduis chez moi comme un cambrioleur ? Tu ne faisais rien de mal. J’aurai peut-être pas eu ce comportement, si tu m’avais volé… Mais, bon y a pas grand chose à voler, tu l’as sûrement remarqué. » Le trentenaire a observé le corps de la jeune femme se déplacer dans le séjour, touchant et regardant chaque objet comme si elle était capable de sentir leur âme et leur histoire. Depuis combien de temps n’y a-t-il pas eu de présence féminine dans ces lieux qu’il a abandonné ? Il ne se souvient plus vraiment, peut-être quand Claire est venue pour récupérer ses vêtements avant la mort de Emma. La voix de la jeune femme s’élève et il sort de ses pensées comme on sort d’un songe. Il secoue la tête et se remet à son café tout en lui répondant. « Plus vraiment… enfin, c’est compliqué. » César ne rajoute rien. Il n’est pas prêt d’expliquer à une inconnue, aussi sympathique soit-elle, la raison de la désertion de ses lieux. Il se tait alors, se concentrant sur le bruit de la machine Senseo que son ex-femme lui avait acheté pour une fête des pères. Un sourire triste s’affiche sur ses lèvres alors que la dernière goutte de la boisson chaude tombe dans la tasse. Qui aurait cru qu’il se ferait un café aujourd’hui ? Il n’avait aucune idée de cette envie soudaine de venir ici. C’était peut-être le destin qui avait mis cette fille sur son chemin et qui l’avait poussé à revenir chez lui alors qu’il n’y avait pas mis les pieds depuis des mois. Une fois de plus, c’est la voix de son invité qui le sort de ses pensées et il relève la tête vers elle reportant son attention sur elle. Il sourit légèrement quand elle le remercie et n’a pas le temps de répondre qu’elle enchaîne directement sur une question. César sent son cœur se serrer à l’énonciation d’enfants. Oui il en avait il y a encore un an, mais maintenant c’est de l’histoire ancienne. Encore une fois, tu te trompes… elle n’a pas eu de chance en m’ayant pour père, pense-t-il. S’il avait été un meilleur père, il aurait sûrement pu faire en sorte de la sauver de cette maladie de merde. A la place, il l’a laissé crevé parce qu’il ne voulait pas voir la réalité en face. Il lui faut quelques secondes pour ne pas se laisser submerger par les émotions. Il s’occupe alors en servant un verre d’eau à la jeune fille. « Tiens, vérifie par toi-même. Si besoin, je suis médecin. Tu peux même t’asseoir sur le fauteuil si tu n’as pas peur que tes vêtements ressortent tout poussiéreux. » César prend place sur le canapé en face du fauteuil qu’il a présenté à la jeune femme. Lorsque c’est fait, il boit une gorgée de son café et s’apprête à répondre à ses questions. « Je n’ai pas d’enfants, mais j’ai toujours du m’occuper de mes frères et sœurs. Je suis le plus vieux de la famille et la plus jeune doit à peu près avoir ton âge. » Ce n’est pas un mensonge de dire qu’il n’a pas d’enfants. C’est vrai, elle est morte l’année dernière. Elle n’a pas besoin de savoir cela. Il ne veut pas qu’elle s’apitoie sur sa vie, même si elle ne semble pas vraiment être le genre de fille à le faire. « Et si tu me disais ce que tu fuis et ce que tu cherches en venant dans mon jardin. Je me doute que tu fais pas ça pour la vue et l’entretien de ma pelouse… » Ce n’est pas qu'il tient absolument à savoir et elle pourrait ne pas lui répondre que ça ne le dérangerait même pas. Mais elle l’intrigue. Elle n’est pas comme les autres filles de son âge. Elle semble plus mature, moins en phase avec le monde qui l’entoure  que sa sœur. Il a juste envie de continuer à parler avec cette biche égarée.



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MessageSujet: Re: A little flower is growing up in my garden | Alix A little flower is growing up in my garden | Alix Empty2/4/2016, 00:31

A flower is growing up in your garden
Tu comprends plus trop... ce que tu fais là, ce qu'il fait là. Ce qu'il veut, ce que tu veux pas. Ce qu'il fuit, ce que tu cherches.  Autant de mystères dont les causes te semblent encore bien trop opaques pour y déceler une quelconque réponse. Les propos de ton hôte sont aussi confus que l’entièreté de ton esprit, et pourtant, tu t'obstines à rester là, sans trop de raison. Curieusement, t'as envie de le percer à jour, toi qui d'ordinaire ne t'intéresse jamais aux gens de trop près. Alors tu tends une oreille attentive. « Non tu n’as pas rêvé. Je suis bien le propriétaire de cette maison et par extension de ce jardin... » De contradictions en paradoxes,  tu te noies inévitablement dans un trop plein d'informations qui se confrontent entre elles, sans te laisser le loisir de les saisir au vol. Sourcils arqués, tu laisses finalement ton regard se poser sur l'homme à tes côtés, et t'autorises à l'observer quelques secondes. Ses traits sont quelque peu tirés comme s'il était soucieux, à tel point que tu comprends bien rapidement que votre conversation prend un chemin glissant, et qu'il vaut mieux pour toi comme pour lui que tu ne poses pas davantage de questions. Elles te brûlent les lèvres pourtant, vives et tenaces. Pourquoi cet endroit qu'il considère comme le sien lui fait si mal ? Et pourquoi refuse-t-il d'en parler ? Cependant, il paraît que ce n'est pas ton genre de jouer les jeunes filles sociables et inlassablement curieuse, toi qui portes un désintérêt tout particulier à cette race humaine. Alors pourquoi cette homme visiblement meurtri par des souvenirs trop douloureux faisait-il exception à la règle ? Probablement parce que tu vois dans ses yeux qu'il est différent. Que même si son coeur semble sonner trop creux, son âme te paraît tout à coup tellement riche. Pas comme tous ces minots aussi gâtés que capricieux que tu côtoies ces jours trop rares où tu vas à la fac. Ceux-là même qui ont déjà troqué la dernière de leur valeur contre un peu de reconnaissance malsaine de la part de tous les autres. Ces idiots, ces têtes vides, ces corps démunis. Tout ce qui te fais détester le monde. Lui, il pourrait se méfier aussi, prendre des distance avec ta petite personne, te faire sortir de son jardin aussi vite que t'es arrivée, et à fortiori, te faire sortir de sa vie. Après tout, t'es qu'un grain de poussière en plus, qui se voit pas tellement mais qui dérange quand même. Au lieu de ça, il t'accepte. Mieux encore, il t'invite à pénétrer dans cette maison que tu ne pourras bientôt plus imaginer. « Je ne suis pas Dieu ni même un bon samaritain. » T'en doutes sincèrement. T'as rarement eu l'occasion de côtoyer une personne si tolérante, si gentille d'une manière si simple, tellement naturelle. Tu t'apprêtes d'ailleurs à lui faire part de cette pensée, mais il reprend la parole, t'empêchant alors de le faire. « Juste quelqu’un qui sait reconnaître un animal égaré. » Tu ignores si ça se voit, mais tu blêmis de l'intérieur. C'est ton corps tout entier qui tangue, comme si t'étais en équilibre sur un poteau étroit. C'est pas anodin, tu le sais. Cette façon qu'il a de parler de toi, cette façon qu'il a de repérer d'un seul coup d'oeil ce que t'es au plus profond de toi. Une bête sauvage égarée, perdue dans un monde trop grand, trop sinueux, trop ambigu... trop tout. T'aimerais pouvoir répondre mais t'es paralysée, parce que t'as peur qu'il en sache déjà trop alors qu'il y a si peu à savoir. Alors tu hausses nonchalamment les épaules d'un air faussement détaché, et tu te contentes de le suivre à l'intérieur. Vous restez silencieux de longues minutes, et tu mets ce temps à contribution pour observer les moindres recoins de la grande maison. Dans le même temps, tu penses. Tu penses qu'elle n'est pas du tout comme tu l'avais imaginée ; elle est moins jolie à l'oeil, moins accueillante, plus hostile. Et pourtant, tu trouves qu'elle a un potentiel non négligeable, un charme particulier. Au fond, elle n'est pas si mal sous cet atmosphère si peu heureux et cette poussière significative de ces jours passés sans que personne ne prenne la peine de s'occuper d'elle. Elle est comme toi cette baraque. Elle a des choses à dire, d'autres à prouver, mais personne ne la regarde. Elle n'intéresse plus le monde. Malgré toi, tu lâches un fin soupir, et ton hôte brise finalement le silence. « Et si on oubliait que tu t’introduis chez moi comme un cambrioleur ? Tu ne faisais rien de mal. J’aurai peut-être pas eu ce comportement, si tu m’avais volé… Mais, bon y a pas grand chose à voler, tu l’as sûrement remarqué. » « Au contraire, je trouve qu'il y a beaucoup de choses intéressantes ici. » Certes, elles ne le sont peut-être pas dans leur utilité première : une lampe reste une lampe, un bibelot reste un bibelot, et il en va de même pour tout le reste. Mais le simple fait qu'ils soient abandonnés et usés par la vie les rend particulièrement vivant. « Dommage qu'il n'y ait plus personne pour les admirer à leur juste valeur. » Du moins, c'est ce que tu en penses, toi. Mais il paraît que tu as toujours eu une vision étrange de la vie. C'est peut-être pour cette raison que ta propre mère a abandonné tout espoir de te cerner un jour. Elle ne cherche plus à le faire depuis longtemps. Pire encore, elle voudrait te changer, se débarrasser de tout ce qui fait que tu est toi, ce toi qu'elle ne comprend pas. Vu sous cet angle, il va sans dire que tu te passerais bien d'une quelconque présence parentale. Même l'inconnu te porte davantage d'intérêt. Aussi, tu suppose qu'il doit avoir un ou deux enfants et qu'au contraire de toi, ils sont bien lotis. Néanmoins, il te contredis. « Plus vraiment… enfin, c’est compliqué. » Dès lors, elles reviennent ces fichues interrogations. Comment peut-on avoir des enfants, mais pas vraiment ? En ce qui te concerne, tu ne penses pas qu'il soit possible d'en avoir qu'à moitié. Et pourtant, tu vois bien qu'il n'a aucune envie de s'aventurer dans cette discussion. Tu le vois à son regard tranchant et tranché, à ce faux sourire empli de mélancolie qui naît au coin de ses lèvres pourtant bien scellées. D'ailleurs, il n'ajoute rien, préférant te servir le verre d'eau que tu avais accepté quelques minutes plus tôt. « Tiens, vérifie par toi-même. Si besoin, je suis médecin. Tu peux même t’asseoir sur le fauteuil si tu n’as pas peur que tes vêtements ressortent tout poussiéreux. » Tu secoues énergiquement la tête avant d'aller t'installer sur le fameux fauteuil. « J'ai pas peur. », tu réponds d'un air presque glacial. De toute façon, t'es déjà abimée par la vie toi aussi, y'a plus grand chose qui t'effraie parce que tu ne ressens plus grand chose. La tristesse, le bonheur, la peine... tant de choses que tu serais incapable d'identifier si elles s'offraient de nouveau à toi. T'es plus qu'un vieux tiroir vide, un tiroir en bois plein de noeuds et d'échardes. Après quelques secondes, tu te décides à boire une grande gorgée d'eau qui te fait beaucoup de bien, contre toute attente. Ton hôte, qui semble apprécier tout autant son café, reprend la parole par la suite. « Je n’ai pas d’enfants, mais j’ai toujours du m’occuper de mes frères et sœurs. Je suis le plus vieux de la famille et la plus jeune doit à peu près avoir ton âge. » Tu te contentes de hocher la tête car tu as encore la bouche pleine. Alors il poursuis, mais cette fois, t'aurais aimé qu'il ne le fasse pas. « Et si tu me disais ce que tu fuis et ce que tu cherches en venant dans mon jardin. Je me doute que tu fais pas ça pour la vue et l’entretien de ma pelouse… » Tu laisses ton regard se perdre dans le vide un instant, comme si tu avais besoin de réfléchir à la question. « Ce que je fuis ? » tu répètes avant de lâcher un rire sans joie. « Je ne fuis rien », tu commences sans être réellement sûre de toi. Comment l'être face à un si gros mensonge ? Mais après tout, t'as pas fait gage de bonne foi, et tu détestes parler de toi. Pourquoi est-ce que cet inconnu, aussi bien intentionné soit-il, serait privilégié ? « La question serait plutôt “qu'est-ce que je cherche” à mon avis », tu rectifies en faisant cogner tes ongles contre le verre. Le temps d'une fraction de seconde, ce tintement t'apaise, et ça te donne une certaine contenance. « J'cherche un sens à ma vie... à la vie en général, en vérité. » Le silence est lourd, et soudain trop pesant pour ta petite personne. « On a tous été envoyé sur cette fichue Terre pour cette raison, non ? » En réalité, ça t'aide de penser que t'es pas unique en ton genre et que tu te contentes de répondre à une règle qu'on t'impose, à toi, et a toute la race humaine. Tu t'es toujours sentie comme un pantin. Un pantin isolé, mais un pantin quand même. Parce que c'est ça le problème, c'est que tu te mens ; t'es pas comme les autres, tu l'as jamais été et tu ne le seras probablement jamais. T'es perdue, paumée, déboussolée. Tu sais même pas comment ça fonctionne la vie. On t'a jetée là, comme ça, sans préavis. Pourtant, t'es un peu comme l'agneau au pelage noir du troupeau. Et c'est ce dernier que tu fuis. « Et quand bien même je fuirais quelque chose, il me semble que je ne suis pas la seule dans cette pièce. » Inévitablement, tes yeux azures se posent sur cet homme à la mâchoire crispée et au regard sombre, comme pour lui signifier que tu n'es pas dupe, et qu'il est sûrement aussi paumé que toi. Ton attention ne se détache pas, tu attends qu'il cède. Avec un peu de chance et un brin de jugeote, il comprendra que ta curiosité est bienveillante, et non maladive. Contre toute attente, ça te fait du bien d'être (peut-être) utile à quelqu'un d'une certaine manière.
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MessageSujet: Re: A little flower is growing up in my garden | Alix A little flower is growing up in my garden | Alix Empty6/4/2016, 23:47

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Avoir quelqu'un qui foule ses lieux renfermés depuis des semaines est un peu bizarre et met César mal à l'aise. Il ne sait pas comment réagir avec cette jeune femme qui semble totalement égarée et en même temps à sa place ici, dans ce lieu remplis de souvenirs. Elle se laisse porter par les courbes des meubles, touchant des objets ici et là sans s'attarder réellement. En l'observant, le trentenaire pense immédiatement au vas et viens de la mer et plus ça va et moins il trouve qu'elle ressemble une biche effrayée et perdue. Non, elle est comme la mer, incomprise, immense et seule. Cette métaphore le fait sourire lui-même alors qu'il se dirige dans la cuisine tout en continuant de lui parler. Vraiment, c'est bizarre d'avoir quelqu'un à ses côtés dans cette maison devenue trop grande pour lui maintenant. Il ne se souvient pas de la dernière fois qu'il a reçu quelqu'un chez lui, de la dernière fois que la maison était pleine de vie et habitée. Tout ça lui semble remonter à loin, trop loin et il n'a pas envie de se rappeler ces souvenirs. Une fois encore, la jeune femme le sort de ses pensées en prenant la parole. C'est étrange de voir que ses paroles ont toujours un sens profond, comme si elle en fait, elle n'était pas une jeune adulte d'une vingtaine d'années, mais une personne plus âgée coincée dans ce corps enfantin. Elle est mature pour son âge, plus que lui ne l'était. C'est sûrement sa vie qui l'a fait devenir comme ça, aussi peu insouciante. César trouverait presque ça triste s'il n'était pas occupé à ne pas penser à tout ce que les objets présents dans la pièce représentent pour lui. « Oui, tu as sans doute raison. C'est dommage... Mais c'est la vie. » Quelle phrase de vieux vient-il de sortir ! Il a pris cinquante ans dans la tête après que ces mots aient franchi le seuil de sa bouche. Maintenant il a l'impression d'être son père qui explique quelque chose à l'un de ses enfants. Il hausse les épaules et sourit tristement avant de finir son chemin dans la cuisine. Il attrape un verre qu'il remplit d'eau avant de revenir vers la jeune femme. Pendant qu'il fait ça, il élude sa question sur le fait qu'il vive là. Oui, normalement, il devrait habiter ici, mais la couche de poussière ainsi que l'odeur de renfermé prouvent le contraire. Ça ressemble à une maison de personnes âgées non aérée. L'odeur est la même puisque ça fait des jours qu'il n'a pas mis les pieds sur ce carrelage. Se lever tous les matins, préparer son café, s'habiller pour travailler et revenir le soir dans cette maison. Seulement, il ne peut pas ou plutôt ne veut plus faire tout ça dans cette demeure qui a vu naître tellement de bonnes choses. Ce serait comme s'il s'autorisait à connaître le bonheur encore, chose impossible pour lui. Alors, il déserte l'endroit pour dormir sur un lit d'hôpital ou sur son canapé dans son bureau. Ça lui permet de se reposer quelques heures avant de reprendre le boulot. Il ne passe ici que pour prendre des vêtements propres. Même ses douches, il les prend à l'hôpital. C'est pour dire à quel point il fuit cet endroit. Mais il n'est pas le seul à fuir quelque chose. La brune fuit aussi et il veut savoir quoi ou qui. Cependant, avant d'entrer dans le sujet, César lui sert son verre d'eau et la défie de s'asseoir sur le fauteuil poussiéreux. Son ton aussi froid que la banquise ne lui fait. L'oncologue n'a pas réellement peur d'elle. Elle ne l'impressionne pas du tout et si elle essaie de se donner un genre, c'est complètement raté. Elle prend place dans la poussière tandis qu'il s'installe en face d'elle. Ils s'observent, se jaugent quelques instants avant que le plus vieux reprenne la parole. Il énonce une demie vérité en omettant le point le plus important de sa vie, la mort de sa fille. César lâche alors la question qui lui brûle les lèvres depuis qu'il l'a vu installée dans son jardin. Apparemment, ça n'a pas l'air de plaire à la jeune femme qui semble se refermer un peu sur elle même. Ça a totalement l'effet inverse que ce que le trentenaire voulait. En même temps, pas étonnant. Qui aime parler de ça ? Lui-même a évité les questions sur sa vie privée assez habilement. Seulement, ne pas savoir le frustre et il déteste être frustré. César laisse la brune s'exprimer et faire comme si elle n'avait rien à fuir. Il plisse les yeux cherchant à déceler la véritable raison de sa présence sur sa pelouse. Il a compris que c'était un mensonge. Ça se sent à des kilomètres. Il voudrait lui dire. Pourtant, il se tait et continue de l'écouter. Un sens à sa vie ? Hmm, cette fille devient de plus en plus intéressante. C'est rare de voir des gens si enclin à chercher à comprendre la raison de leur venue sur Terre. L'oncologue lui ne vit pas vraiment sa vie, il essaie de nager en surface et d'essayer de survivre. Alors ce genre de chose ne l'atteint pas vraiment. « Un sens à ta vie et la raison de notre présence ici... ça ressemble un peu à un discours de secte. » Il fait une pause, boit une gorgée de son café avant de reprendre, les yeux dans le vide. « Je ne pense pas que notre vie ait un but. On naît, on vie et on meurt. Ainsi va la vie. Je respecte toutes les croyances et convictions, mais je suis pratiquement sûr qu'il n'y a personne qui a décidé de nous envoyer ici et encore moins qui veille sur nous... » Sinon, il n'aurait pas fait mourir Emma. Voilà ce qu'il pense et qu'il ne rajoute pas. César a perdu foi en tout quand son bébé est passé de l'autre côté du rideau. Alors, même s'il est respectueux et qu'il peut discuter sans soucis de ce genre de chose avec d'autres personnes, il n'y croit pas lui-même. À quoi bon croire en quelqu'un qui se fiche de nous ? Si vraiment il y avait quelqu'un, il n'y aurait pas de guerre, pas de maladie mortelles et sûrement moins de cons sur Terre. La jeune femme reprend la parole, le sortant de ses pensées encore une fois pour émettre à nouveau une évidence. « Tu as raison, tu n'es pas la seule à fuir ou chercher quelque chose. » dit-il tout en crispant la mâchoire et détournant les yeux. C'est définitivement bizarre d'avoir quelqu'un avec lui dans le salon à discuter comme si de rien n'était. Il pose alors son regard sur le rebord de la fenêtre où trônait quelques mois auparavant deux portraits de famille : un de tous les Peyre réunis et le second seulement Claire, Emma et lui, souriant et heureux. Ce temps lui semble tellement loin maintenant qu'il soupire. « Mon passé, c'est ce que je fuis. Cette maison est remplie de souvenirs et c'est pour ça qu'elle est désertée. » révèle-t-il sans donner plus de détails. Elle n'aura rien de plus à se mettre sous la dent que ce qu'il lui a donné à l'instant. Il ne veut pas y penser et encore moins en parler avec une inconnue qui squatte son jardin depuis des jours maintenant. César se tourne alors vers la jeune femme en souriant maladroitement. « Ça fait cinq minutes que l'on discute tous les deux et je ne connais toujours pas ton prénom. » Il tend alors sa main pour serrer la sienne quand elle lui donnera. « Je suis César et toi ? » Il essaie de deviner son prénom et partirait pour quelque chose comme sa sœur Marie ou alors quelque chose de plus long et avec plus d'histoire comme Juliette. Oui voilà, elle a une tête à s’appeler Juliette.



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MessageSujet: Re: A little flower is growing up in my garden | Alix A little flower is growing up in my garden | Alix Empty19/4/2016, 22:22

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T'es là comme dans un musée. Tu admires, tu observes, tu penses chacun des meubles d'une façon nouvelle. C'est drôle, tu es venue ici pour t'évader dans l'immensité d'un jardin et tu te retrouves entre quatre murs étouffants de souvenirs en compagnie d'un homme que tu ne connais pas mais que tu te sais capable de comprendre. Il est comme ces détails de la vie que toi tu aimes analyser mais qui, la plupart du temps, n'attirent pourtant l'oeil de personne. A ton avis, il est de ces détails infiniment grands avec un tas de choses à dire. Ou a crier plutôt. Tu sais pas d'où tu sors toutes ces suppositions, tu les ressens simplement comme si c'était naturel. Comme si t'étais là, devant un miroir à observer l'esprit abîmé que tu seras dans quelques années – si tant était que tu puisse l'être encore davantage. La vérité, c'est que contre toute attente, ça te fait du bien. Oui, la présence de cet homme te fais du bien car elle te permet de te sentir un peu moins seule dans ton désespoir. Et, comme ça n'a pourtant plus été le cas depuis bien longtemps, tu es prises d'une sensation particulièrement plaisante : celle de penser qu'il pourrait t'aider, d'une manière ou d'une autre ? A quoi, tu n'en sais encore rien, mais ce sentiment est là, et il est bien vif. C'est sûrement pour cette raison que, sans même que tu ne t'en rendes réellement compte, tu te confies à lui. Bien sûr, tu ne te mets pas à nu. Bien sûr, tu n'exposes pas tes innombrables failles. Bien sûr, tu n'entres pas dans les détails pour ne pas avoir mal. Bien sûr, tu englobes la vérité dans une espèce de discours énigmatique qui se rapproche pourtant énormément de la vérité. De ta vérité. « Un sens à ta vie et la raison de notre présence ici... ça ressemble un peu à un discours de secte. » Tes lèvres qui étaient jusqu'alors formellement scellées se désserrent dans un sourire. Et puis finalement, tu ris. De bon coeur qui plus est. A ce moment, t'as l'impression qu'un truc au fond de toi se déclanche. Depuis quand tu n'as pas ri, hein ? En toute honnêteté, tu n'en as aucune idée. Trop longtemps probablement. « Alors c'est pour ça que les autres aiment à me qualifier de “spéciale”... » tu lâches dans un murmure. Spéciale. Tu aimes bien ce mot pourtant. Mais dans la bouche des autres, il sonne comme un reproche. Tu hausses légèrement les épaules et écoute ton hôte qui poursuis. « Je ne pense pas que notre vie ait un but. On naît, on vie et on meurt. Ainsi va la vie. Je respecte toutes les croyances et convictions, mais je suis pratiquement sûr qu'il n'y a personne qui a décidé de nous envoyer ici et encore moins qui veille sur nous... » Toi, tu ne sais plus vraiment ce que tu crois, alors tu pars du principe qu'il doit avoir raison. Parce que dans l'éventualité où il y aurait bel et bien quelqu'un là-haut, il devait sacrément se foutre de ta gueule. « Le problème, c'est que tout le monde autour de moi se tue à m'affirmer le contraire. Ils disent que la vie se bâtit sur des rencontres, sur les belles coïncidences, le destin et sa longue traîne de circonstances. Que l'amour forge le bonheur et que le bonheur donne un sens à cette fichue vie. On me sort ces conneries toute la sainte journée pour que j'me sente bien. Pour que j'garde l'espoir que quelque chose m'attend quelque part. », tu lui avoues comme si tu te parlais à toi-même. « J'essaie d'y croire mais j'y arrive pas. » Tu grimaces alors que tu te rends compte que c'est bien triste de penser de cette façon à ton âge. T'as encore rien vu de la vie et tu ne lui fais déjà plus confiance. Tu ne lui fais pas confiance parce qu'elle ne semble pas s'intéresser à ton cas, comme personne d'ailleurs. Sinon, ta minceur alarmante ne passerait pas inaperçu, tes tours et tes détours aux toilettes non plus, et tout un tas d'autres choses encore. Mais pour la première fois de ta vie, t'as l'impression de ne pas être invisible pour quelqu'un. D'ailleurs, aussi sincèrement s'intéresse-t-il à toi, tu peux affirmer que la réciproque est vraie. Tu ignores si le fait de t'être en quelque sorte confiée un peu plus tôt le pousse à faire de même, mais il s'avère qu'il t'avoue finalement fuir quelque chose lui aussi. « Mon passé, c'est ce que je fuis. Cette maison est remplie de souvenirs et c'est pour ça qu'elle est désertée. » Si son passé et ton futur sont vraiment si terribles, peut-être ferait-il mieux de se concentrer sur le présent. C'est justement à l'instant présent que ton hôte t'annonce finalement son nom. « Ça fait cinq minutes que l'on discute tous les deux et je ne connais toujours pas ton prénom. Je suis César et toi ? » Tu hoches la tête avant de prendre la parole. « Avec un nom pareil, vous devriez pourtant être à la tête d'un passé glorieux », tu lâches avant de lui adresser un semblant de sourire espiègle. « Moi c'est Alix. » A cette instant, tu ignores ce que ces présentations officielles pourraient bien changer à ta vie. Est-ce que cette rencontre sera de celles qui marquent ? Etrangement, tu tends à penser que oui, même si tu ne sais pas encore comment. « J'voulais pas m’immiscer dans votre vie... César », tu finis finalement par avouer comme pour t'excuser enfin de t'être introduite chez lui. « Alors j'espère que ma présence ici, aussi inattendue soit-elle, ne s'ajoutera pas à la liste de tous ces mauvais souvenirs. » Tu ne t'attends pas à faire partie des bons non plus mais, bien que tu le connaisses à peine tu t'en voudrais d'ajouter à ses heures obscures une nouvelle couche d'ombre. Tu n'es pas vraiment le soleil qui pourrait illuminer sa vie, mais de toute façon, tu ne cherches pas à l'être. L'air pensif, tu te réhausses sur le fauteuil de manière à croiser tes jambes en tailleur. « C'est drôle... je préfère être ici. », tu confies dans un chuchotement, comme pour ne pas risquer de déranger un seul objet. “C'est drôle”, oui, car lui préfèrerait être ailleurs. Partout sauf ici. Et contre toute attente, tu te sens finalement bien quelque part, dans le malheur d'un autre.
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MessageSujet: Re: A little flower is growing up in my garden | Alix A little flower is growing up in my garden | Alix Empty1/5/2016, 14:05

A little flower is growing up in my garden
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La conversation part sur un sujet un peu trop vague et obscur à son goût. Il n’aime pas vraiment penser que quelqu’un là-haut régit tout à sa place. Ce n’est pas particulièrement un maniaque du contrôle mais se dire que c’est un mec qui ne connait probablement pas tout de sa vie qui la dirige lui fait froid dans le dos. Si c’était vraiment le cas, il n’aurait pas fait mourir Emma, l’aurait aidé à ne pas de détourner de sa famille et ses amis et plus important tout le monde vivrait en paix avec tout le monde. Sauf que cette vision des choses n’est qu’illusoire et utopique. Qui pense comme ça ? A part quelqu’un qui n’a jamais réellement vécu de choses horribles dans sa vie. Quoiqu’en y repensant, il y a quand même des gens pour croire que Dieu existe et qu’il se préoccupe de ceux qui vivent sur Terre. Mon cul oui ! Même si César ne croit pas en ce genre de chose, il respecte ceux qui y croient et n’essaie jamais de dénigrer leur croyance. Ils peuvent bien croire ce qu’ils veulent tant que ça ne vient pas l’emmerder lui. « Je pense pas que ce soit une mauvaise chose d’être spéciale… Tu es unique et ça devrait te rendre heureuse. Le monde serait tellement ennuyeux si on se ressemblait tous, tu ne crois pas ? » C’est clair que si les gens étaient comme lui, ce serait la catastrophe. Abandonner sa famille alors qu’ils avaient besoin de lui à ce moment-là, heureusement qu’il n’y a que quelques cons sur Terre pour le faire. Il soupire légèrement avant de reprendre la parole en parlant de ce qu’il croit par rapport au but de la vie et de tout ça. César sourit quand la jeune femme lui répond. Avec ce genre de paroles, pas étonnant qu’on dise d’elle qu’elle est spéciale. Elle a à peu près le même discours que lui alors qu’il a presque 35 ans. Elle doit, elle avoir tout au plus 25 ans. Elle est en avance de dix ans sur sa maturité. Normal, que les gens autour d’elle le voient bizarrement. « Tu devrais pas essayer d’y croire. Tu as tes propres croyances, tes propres envies. Alors n’essaies pas de les étouffer parce que quelqu’un dans ta famille t’as dit de penser autrement. Dans le fond, ils ont pas tort. Tu rencontres des gens toute ta vie, mais je pense pas que ce soit du au destin. Ce sont simplement des coïncidences. Après c’est à toi de te forger ta propre opinion par rapport à ce que tu penses et ce que tu ressens et non pas par rapport à ce qu’on te dit de croire. » Son discours fait un peu moralisateur, mais absolument pas pour elle. César est d’avis que chacun est libre de penser ce qu’il souhaite. Du coup, il ne comprend pas forcément qu’on puisse essayer d’imposer ses croyances à d’autres. C’est sûrement pour cette raison qu’il repousse sa famille, parce qu’elle essaie de lui faire prendre conscience qu’il a besoin d’elle malgré ce qu’il pense et croit. De nouveau la conversation part sur quelque chose de plus sérieux quand la brune fait sa curieuse et lui renvoie sa question. Elle est maligne la petite, César l’aime bien. Sans entrer dans les détails, il lui dit que c’est son passé qu’il fuit. En vérité, il fuit aussi son présent, se contentant de passer les jours comme un zombie en espérant que le suivant soit mieux que le précédent mais en tombant toujours de haut quand il se rend compte que ce n’est pas le cas. Voyant qu’elle ne souhaite pas réagir à ce qu’il vient de dire, le trentenaire décide de se présenter puisque ça fait quand même quelques temps qu’ils discutent ensemble et ils ne savent même pas le prénom de l’autre. La remarque de la belle le fait sourire et il apprend alors qu’elle s’appelle Alix. On est très loin du Juliette qu’il pensait. « Hmm, pas vraiment non. Mon prénom est simplement un fantasme de mes parents. Je pense qu’ils auraient voulu que je sois aussi classe que Jules César… Mais soyons honnêtes, j’ai pas autant de prestance que lui. » L’oncologue soupire une nouvelle fois, soupir qui est coupé par la voix de Alix. Ça lui fait bizarre d’entendre son prénom dans la bouche de la jeune femme. Il ne saurait pas dire pourquoi il trouve ça étrange, mais c’est l’impression qu’il en a. « Ne t’en fais pas pour ça Alix. Si ça m’avait dérangé, je ne t’aurais pas laissé rentrer à l’intérieur et je t’aurais demandé de partir en te trouvant dans mon jardin. Et pour les mauvais souvenirs, ne t’inquiète pas. » C’est vrai qu’il n’est absolument pas du genre à faire semblant de tolérer quelque chose s’il n’a pas envie de le faire. Alors du coup, que la brune soit là dans son salon ne le dérange pas plus que ça. Même, sa présence l’apaise. Comme si d’un coup, elle pouvait lui faire oublier tout ce qui lui donne envie de s’isoler. Il ne sait pas encore si c’est parce qu’elle est nouvelle dans sa vie ou si c’est parce que c’est une sorte de placebo et qu’il a envie de s’en convaincre très fort que cette sensation est présente en lui. « Je dirais que si je dois te retrouver dans mon jardin et que ce manège se reproduit régulièrement, j’avoue que ça me donnera une occasion d’apprécier revenir chez moi… C’est agréable de discuter avec quelqu’un qui ne connait rien de toi et donc, ne te juge pas pour ce que tu as pu faire par le passé. » Il ne sait pas pourquoi il dit tout ça à Alix, mais les mots sortent de sa bouche sans qu’il ne puisse les arrêter. Peut-être que finalement, il a envie de s’épancher un peu plus sur sa vie privée. Cependant, il n’a pas le temps de plus y penser que la brune reprend la parole. Il ne sait pas quoi répondre à ça, alors il laisse le silence s’installer entre eux. César finit d’une seule traite son café et se lève pour aller s’en refaire un autre. « Désolé de pas pouvoir te proposer autre chose que de l’eau ou du café… Enfin, si, il doit bien me rester des gâteaux quelque part, mais je suis pas sûr qu’ils soient encore bon… » Reprendre la parole après ce que Alix vient de dire lui semble irréel. Néanmoins, il ne peut pas laisser le silence s’éterniser. « Mais si tu as faim, je peux commander une pizza ou un truc dans le genre. » César ne comprend pas vraiment pourquoi il est comme ça. Toute personne normalement constituée lui aurait demandé de partir, de quitter les lieux. Mais lui, non. Il se sent bien en sa présence.



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MessageSujet: Re: A little flower is growing up in my garden | Alix A little flower is growing up in my garden | Alix Empty6/5/2016, 14:29

A flower is growing up in your garden
La louve solitaire que tu as toujours été ne parle que très peu. Pour cause, tu ne désserre la mâchoire que lorsque tu considères que c'est nécessaire. En revanche, comme pour pâlier à un manque de communication certain, tu observes et tu écoutes. Tu écoutes tous ces gens persuadés de tout connaître de la vie, de ses tours et de ses pièges ; ces gens qui tendent à te dire de quelle manière tu dois penser ; ces gens qui pensent à tord que parce que t'es pendue à leurs lèvres, tu les crois. Si seulement tu croyais encore à quelque chose. Mais t'es pas comme tout le monde toi, il paraît. Qui ne s'en rendrait pas compte ? D'ailleurs, t'es certaine que même César l'a remarqué, bien que vous ne vous côtoyiez que depuis une demi-heure tout au plus. « Je pense pas que ce soit une mauvaise chose d’être spéciale… Tu es unique et ça devrait te rendre heureuse. Le monde serait tellement ennuyeux si on se ressemblait tous, tu ne crois pas ? » Tu hausses les épaules de manière tout à fait machinale car au fond, tu sais pertinemment que tu es d'accord avec lui. « Si... certainement », tu te contentes alors d'affirmer pour toute réponse. De toute façon, il reprend la parole presque aussitôt, ne te laissant pas le temps d'ajouter quoi que ce soit - et quand bien même, tu ne l'aurais pas fait. « Tu devrais pas essayer d’y croire. Tu as tes propres croyances, tes propres envies. Alors n’essaies pas de les étouffer parce que quelqu’un dans ta famille t’as dit de penser autrement. Dans le fond, ils ont pas tort. Tu rencontres des gens toute ta vie, mais je pense pas que ce soit du au destin. Ce sont simplement des coïncidences. Après c’est à toi de te forger ta propre opinion par rapport à ce que tu penses et ce que tu ressens et non pas par rapport à ce qu’on te dit de croire. » Dans un premier temps, tu baisses la tête, comme si t'avais honte de quelque chose. En vérité, tu réfléchis à ses dernières paroles qui te touchent plus que de raison. Ce que tu ressens. ça doit bien faire une éternité que plus personne ne se préoccupes de ce que t'as dans le ventre, dans la tête ou dans le coeur. Tu inspires un grand coup pour trouver quelque part la force qu'il te manque, puis tu te lances aveuglément. « En vérité, je sais plus vraiment ce que je ressens. Tout est embrouillé. C'est comme si chacune de mes émotions était un fil qui s’emmêlait parmi tous les autres, et je suis tout bonnement incapable de m'en dépêtrer. J'ai la sensation d'être emprisonnée là-dedans... » Et c'est affreux. C'est même douloureux, et si tu n'étais pas si pudique, tu l'aurais admis en même temps que le reste. Mais tu peux pas, parce que t'es une handicapée des sentiments incapable de montrer la moindre faille, la moindre émotion susceptible de te rendre trop vulnérable. « J'sais pas comment faire et y'a personne pour m'aider. » Alors lorsque tu sens des larmes taquines embuer progressivement tes yeux, tu te mets à mordiller un morceau de laine qui dépasse de l'une des manches de ton pull comme pour ravaler tout ce que tu n'aurais jamais dû laisser partir hors de toi. Si t'étais tout à fait honnête avec toi-même, tu devrais préciser que tu refuses l'aide de quiconque. Oui, parce qu'il y a bien ce jeune homme que t'as rencontré à la fac, celui-là-même qui s'évertue à te tendre la main sans même savoir pourquoi. Mais qu'importe, il fuirait sûrement s'il venait à découvrir les innombrables zones d'ombre qui noircissent ta jeune âme. Alors tu recules et tu fuis. Voilà ce que tu fuis. Et si tu ne veux pas risquer de briser cette carapace que tu t'es forgée depuis tant d'année – et Dieu sait que tu ne le veux pas – mieux vaut changer de sujet dès maintenant. Par chance, comme si César avait pu lire dans tes pensées et ainsi exaucer tes prières, il passe aux présentation, et toi, tu sautes sur l'occasion. D'ailleurs, tu t'amuses curieusement de son prénom qui est manifestement en parfaite contradiction avec sa vie. « Hmm, pas vraiment non. Mon prénom est simplement un fantasme de mes parents. Je pense qu’ils auraient voulu que je sois aussi classe que Jules César… Mais soyons honnêtes, j’ai pas autant de prestance que lui. » « Vous avez raison », tu confirmes dans un premier temps, non sans lui adresser toutefois un sourire narquois. « Je dirais que vous en avez bien plus », tu corriges finalement avant de lâcher un léger rire. Au fond, ce n'est pas complètement faux. Du charisme, il en a, mais d'une toute autre manière. Cette manière, elle te plaît davantage pour la simple et bonne raison que t'as la sensation qu'il s'impose dans ta vie exactement de la façon dont tu en as besoin, au détail près que tu ne t'en rends pas encore réellement compte. Ce que tu apprécies néanmoins, c'est que ce sentiment inattendu semble réciproque. « Ne t’en fais pas pour ça Alix. Si ça m’avait dérangé, je ne t’aurais pas laissé rentrer à l’intérieur et je t’aurais demandé de partir en te trouvant dans mon jardin. Et pour les mauvais souvenirs, ne t’inquiète pas. Je dirais que si je dois te retrouver dans mon jardin et que ce manège se reproduit régulièrement, j’avoue que ça me donnera une occasion d’apprécier revenir chez moi… C’est agréable de discuter avec quelqu’un qui ne connait rien de toi et donc, ne te juge pas pour ce que tu as pu faire par le passé. » Tu acquiesces simplement afin de lui signifier que tu penses la même chose, mais tu te refuses à prendre la parole parce que tu lis dans ses yeux que ce n'est pas le moment de le faire. Aussi, tu te contentes de te nourrir de ce silence alors qu'il semble faire de même. Finalement, c'est César lui-même qui reprend la parole. « Désolé de pas pouvoir te proposer autre chose que de l’eau ou du café… Enfin, si, il doit bien me rester des gâteaux quelque part, mais je suis pas sûr qu’ils soient encore bon… » De l'eau, c'est tout ce que tu es capable d'ingurgiter sans prendre le risque de tout revomir quelques temps après. De ce fait, la simple évocation de gateaux te donne inévitablement la nausée, nausée que tu tentes de dissimuler en mettant tes deux mains devant ta bouche le plus naturellement que tu le peux. C'est étrange comme ton corps s'est habitué à rejeter toute forme de nourriture simplement parce que toi tu en as décidé ainsi. Au début, c'est toi qui te faisais vomir. Maintenant, c'est la moindre de tes cellules qui s'en charge pour toi. C'est devenu un automatisme biologique que tu es désormais incapable de réprimer. Les yeux perdus dans le vide, tu secoues frénétiquement la tête de droite à gauche en espérant qu'il n'insistera pas d'une manière ou d'une autre. Cependant, il surenchérit, sans aucune mauvaise intention pourtant. « Mais si tu as faim, je peux commander une pizza ou un truc dans le genre. » « Non, ça va aller ! », tu t'exclames trop vivement pour être honnête. Aussi, tu tentes de te justifier presque aussitôt. « Je... fais un régime. Je veux absolument rentrer dans une petite robe que j'ai repérée il y a quelques jours dans une boutique. » C'est tellement pas ton genre. C'est tellement pas crédible. Mais malgré l'irréalisme de tes propos, tu te persuades que César ne te poseras pas davantage de questions. Après tout, il n'a aucune raison d'être intéressé par tes prétendues lubies post-adolescentes. « Vous savez, les filles... », tu lâches d'un ton de pimbêche qui te sied si mal. « D'ailleurs, vous... avez-vous une femme à qui plaire ? » C'est à la fois la curiosité et la panique qui te font parler, mais ces deux sentiments semblent s'équilibrer plutôt bien pour que tu oublies le précédent malaise intérieur dont tu as été victime quelques secondes auparavant. Tu n'es pas certaine que ton hôte se livrera à nouveau, mais tu oses l'espérer, toi qui n'espères plus grand chose depuis si longtemps. Et puis, tout est bon pour passer à autre chose, alors tu tentes.
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MessageSujet: Re: A little flower is growing up in my garden | Alix A little flower is growing up in my garden | Alix Empty27/5/2016, 16:37

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En la trouvant dans son jardin, César ne pensait pas qu’il allait parler de sujet si philosophique et pourtant c’est le cas. Ils se mettent à parler du sens de la vie et de leur présence sur Terre. Le trentenaire a une vision de la chose très terre à terre. Pour lui, il n’y a pas particulièrement de raison. Ils sont là un point c’est tout. Ils naissent, vivent et meurent. C’est le cycle naturel de la vie. Il n’arrive pas à trouver une raison spirituelle. Alors, même s’il n’essaie pas d’influencer la brune avec son raisonnement, il y a quand même une part de lui qui force les choses. Il lui fait comprendre qu’elle doit commencer par penser par elle-même et par parce que quelqu’un lui a dit de penser de la même façon que lui. Mais si elle fait ça, ce serait faire comme César le dit. L’un dans l’autre, ça revient à penser par elle-même parce que quelqu’un lui a dit. Il s’embrouille lui-même en pensant à ça et préfère laisser ce genre de choses trop philosophiques de côté. Lui, il est un homme de science, alors tout à une explication logique et rationnelle. Du coup, il lui dit de suivre ce qu’elle ressent. Il s’attendait à toutes sortes de réaction, sauf à celle-là. Comment est-il supposé réagir à ce genre de propos ? C’est inhabituel d’avoir une jeune femme de son âge réfléchir de la sorte. Il est un peu déstabilisé par ses paroles et met quelques secondes pour assimiler le tout. César va pour parler à nouveau mais il remarque le mouvement de repli de la jeune femme. Il juge plus sage de se taire pour le moment et de la laisser se renfermer un peu sur elle-même. Ils ne se connaissent pas, alors pourquoi lui dirait-elle des choses personnelles sur elle ? Du coup, il garde ses questions pour lui et pour une prochaine fois s’il venait à se revoir un jour. L’oncologue change de sujet en amenant les présentations et se moque de son prénom. Ses parents ont toujours eu une affection particulière pour les prénoms à signification. Lui s’appelle César à cause de l’empereur romain et parce qu’ils n’aimaient pas Jules. Marie c’est pour la vierge, Jeanne pour Jeanne D’Arc, Hugo pour Victor Hugo. La seule qui a échappé à la folie de leurs parents pour le prénom est Jasmine. Elle, elle a eu le droit à un prénom tiré d’un dessin animé, Aladin en l’occurrence. L’aîné de la famille Peyre se fout de son prénom. Certes, il est souvent associé à Jules César, et c’était le souhait de ses parents, mais comme il le dit lui-même il n’a pas la prestance de cet empereur romain. D’ailleurs, Alix confirme ses propos avant de rajouter qu’il en a même plus. Le trentenaire sourit quelques instants. « Essaies-tu de me remonter le moral parce que j’ai un prénom pourri ? » Il ne considère pas vraiment son prénom comme étant pourri, juste qu’il aurait nettement préféré s’appeler Jules à la place de César. Ça impliquait moins d’attente de la part de ses parents et il n’aurait pas vraiment eu de moqueries à l’école. Heureusement, ils ne restent pas longtemps sur cette histoire de prénom et bouge assez rapidement sur la présence de la brune dans le jardin et la raison de la désertion de la maison. Si les deux restent sur la surface du problème, ils ont conscience que c’est bien plus profond que ce qu’ils veulent bien faire croire à l’autre. Cependant, aucun des deux n’est prêt à s’ouvrir. Pourtant, César fait un petit pas en avant en expliquant un peu plus qu’il fuit sa maison pour les souvenirs qu’elle contient. C’est clair que cette maison est pleine de souvenirs. D’abord de Claire et lui en tant que jeune couple, puis couple marié et pour finir couple avec un enfant. Seulement, la maladie et la mort de Emma avait tout balancé par la fenêtre comme si de rien était, comme si tous ces souvenirs qu’ils s’étaient faits ensemble ne valaient rien. Pour éviter de se replonger dans ses souvenirs tristes, César finit sa tasse de café et se dirige vers la cuisine pour s’en couler un autre. Il s’excuse de ne pas pouvoir donner à Alix plus qu’un simple verre d’eau. Cependant, il la rassure en lui disant qu’il peut commander à manger. Sa réaction trop vive lui fait froncer les sourcils et quand elle se rattrape ça n’arrange pas les choses. Elle ne semble définitivement pas être le genre de femme à se soucier d’un truc aussi futile que son poids pour rentrer dans une robe. Il semble qu’il décèle un traumatisme ou quelque chose derrière ses paroles. Il se doute qu’il y a plus que ça. Et ça sonne tellement faux quand elle rajoute d’un ton sarcastique que les filles sont comme ça. César en rigolerait presque si elle n’enchaînait pas de suite avec une question qui le met mal à l’aise. Y a bien Claire à qui il veut plaire, mais il ne sait pas s’il a des chances de la reconquérir un jour. Après tout, elle est celle qui a demandé le divorce. Elle ne doit plus l’aimer. Le trentenaire soupire en revenant dans le salon pour reposer ses fesses dans le fauteuil avec son café fraîchement sorti de la machine. « Pas vraiment… Je suis divorcé depuis presque un an maintenant. » Il n’a pas envie de rentrer dans les détails alors il balaie de la main ses potentielles futures questions. Il espère qu’elle n’insistera pas sur ce sujet. Il aime encore Claire, et il se doute qu’au fond d’elle, elle est toujours amoureuse de cet étudiant en médecine avec qui elle partageait un appartement plus jeune en colocation. Il en est persuadé et pourtant, il n’arrive pas à se dire que quelque chose est encore possible entre eux. « Et toi alors ? Pas de petit ami à qui plaire vu que tu essaies de rentrer dans une robe ? » César fait bien exprès de prendre un ton ironique pour lui signifier qu’il a bien compris qu’elle mentait. Cependant, il a la décence de ne pas lui faire remarquer directement. « Je me doute qu’il y a bien un garçon qui te tourne autour. Tu es vraiment charmante. Si j’avais quelques années de moins, j’essaierai probablement de te draguer… Mais là avec mes trente-cinq ans, j’aurai juste l’air d’un vieux pervers. » Il sourit encore une fois, pendant quelques instants avant de reprendre son air impassible. Il n’arrive pas à être heureux ou même content plus de quelques secondes. En fait, il ne s’en donne pas les moyens. Il préfère ressasser ses pensées noires et vivre dans le passé plutôt que d’avancer.



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MessageSujet: Re: A little flower is growing up in my garden | Alix A little flower is growing up in my garden | Alix Empty23/6/2016, 23:10

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T'as tout un tas de questions dans la caboche, comme s'il s'agissait de celle d'un môme. La différence c'est que parfois tu cherches des réponses, d'autres fois tu refuses de les entendre. C'est que t'es compliquée comme gamine, toi-même t'as du mal à cerner ce que tu veux vraiment, ce que tu penses aussi. Tu doutes que quiconque ne le sache un jour, d'ailleurs. Néanmoins, en plantant ton regard dans celui de César, tu trouves un bienveillance étonnante qui te convainc finalement de lui faire confiance, bien qu'au bout du compte tu ne le connaisses absolument pas. Ils sont beaux ses conseils, un brin poétique aussi, et c'est probablement pour ça qu'ils ne tombent pas dans l'oreille de la sourde que tu es parfois. Pour autant, c'est pas toujours évident d'écouter son coeur, encore moins pour toi qui as pour habitude de faire abstraction de quelqu'infime trace de sentiment qui pointerait le bout de son nez. T'entends ce qu'il te dit, tu prends ce qu'il te donne, mais c'est pas si facile. T'as l'impression qu'il te décortique petit à petit et en toute honnêteté, t'es pas franchement fan de cette sensation. D'ailleurs, ça se remarque sur ton corps, à la posture que tu prends sans même t'en rendre compte. Ça se voit, tu le sens parce que César se résigne à poursuivre sur le sujet, et c'est d'un regard empli de sympathie que tu l'en remercies. Les présentations qui suivent sont beaucoup plus légères et te permettent de te détendre un peu plus. C'est pas négligeable. « Essaies-tu de me remonter le moral parce que j’ai un prénom pourri ? » Un léger rire s'échappe de tes lèvres en un souffle cristallin. « Peut-être bien, oui », tu lâches, le regard taquin. C'est pas vrai, tu le penses réellement qu'il a un charisme certain sous ses airs mystérieux. Il a quelque chose d'intriguant, une carrure qui en impose. C'est un petit truc au fond de lui qui n'a définitivement rien à voir avec le prénom qu'il porte. D'ailleurs, ça pique pas mal ta curiosité. Tu te demandes ce qu'il a bien pu vivre, ce qui l'a forgé de cette manière. Le temps de quelque secondes, tu t'interroges sur les remouds de son passé. T'es loin d'être idiote, il a pas la vie rose César. Il a pas la légèreté du bonheur ni le sourire qui va avec. Il est marqué par la douleur, tu le vois bien. Comment est-ce que tu pourrais passer à côté de ça, toi ? Tu sais trop bien ce que c'est. Néanmoins, il évite soigneusement de t'en dire trop. Sois pas naïve, gamine. Il ne te connaît ni d'Eve ni d'Adam, il n'a aucune raison de se reposer sur tes épaules bien trop frêles. Tu ne le blâmes pas, la réciproque est vraie aussi. Tu mentirais en affirmant que t'en as pas envie parce qu'au fond, tu sens que sa présence te rassurerait presque. Mais t'as bien trop peur, presque autant que lorsqu'il te propose de commander à manger rien que pour toi. Tu prie pour qu'il n'insiste pas et qu'il ne se donne pas ce mal. Tu prie pour qu'il croie ta piètre tentative d'explication foireuse. Tu prie tellement fort que tu ne te rends compte que tes paupières sont fermement closes que lorsque tu les ouvres à nouveau. C'est ton truc de jouer la comédie, de faire preuve de subtilité et de filer là où l'on ne t'attend pas pour que n'importe qui détourne son attention de toi. Alors cette fois encore, tu mens. Tu joues. Tu trompes. Habilement, tu changes de sujet de conversation, t'intéressant d'un peu plus près à la vie privée de ton hôte. « Pas vraiment… Je suis divorcé depuis presque un an maintenant. » Tu ouvres de grands yeux ronds, étonnée qu'il t'en parle de manière si naturelle. La seconde suivante, tu lui adresse un sourire désolé, consciente de la maladresse dont tu as fait preuve. « Oh... désolée. Mes parents aussi sont divorcés », t'avoues sans trop être certaine que ça l'intéresse vraiment. Toutefois, t'avais étrangement besoin de le lui dire à cet instant précis. « Parfois c'est mieux ainsi. » La vérité c'est que tu n'es plus bien sûre de ce que t'essaie de faire : le rassurer lui ou te rassurer toi-même ? Le doute est permis, parce que lui, tu vois dans ses yeux que ça lui fait mal. Non, c'est probablement pas mieux comme ça, du moins pas dans son cas. « Et toi alors ? Pas de petit ami à qui plaire vu que tu essaies de rentrer dans une robe ? » qu'il enchaîne sans que tu t'y attendes. Qu'est-ce que tu vas bien pouvoir lui sortir comme mensonge maintenant, hein ? « Euh... non. » tu hésites. « Non, pas vraiment. J'aime simplement être jolie. » Non, t'aimes pas vraiment ça. C'que t'aimes c'est aguicher parce qu'on t'a mis dans la tête que c'est ce que tu sais faire de mieux et que c'est ce qu'ils veulent, tous. Oh, t'aimerais bien être simplement belle aux yeux de quelqu'un, Alexandrine. Mais c'est impossible, pas vrai ? Parce que cette jeune fille si jolie au fond de toi, tu te refuses à ce que quiconque la voie. Elle est trop fragile, elle, trop vulnérable. Toi tu l'es pas, tu t'le jures. « Je me doute qu’il y a bien un garçon qui te tourne autour. Tu es vraiment charmante. » Sourcils froncés, tu hausses négligemment les épaules. « Des vautours », tu balances de manière on ne peut plus sarcastique. T'as pas envie d'en rire plus que ça en réalité, mais tu ne peux t'en empêcher. « Disons qu'ils vont et viennent », tu réponds finalement. T'en charmes certain, t'en manipules d'autres. Tu préfères t'amuser d'eux plutôt que de t'y attacher. Ça te fais moins mal, pauvre môme au coeur trop fragile. « Si j’avais quelques années de moins, j’essaierai probablement de te draguer… Mais là avec mes trente-cinq ans, j’aurai juste l’air d’un vieux pervers. » Sans que tu ne puisses t'en empêcher, un rire s'échappe de tes lèvres. C'est curieux, il te semble si vrai, si sincère. Le pire, c'est que t'aurais jamais imaginé rire de ça, d'une situation qui se rapprocherait beaucoup trop de celle que t'as vécue il y a de cela quelques années. « Un vieux pervers, ouais », tu confirmes, amusée. D'un geste lent, tu te débarrasses de la couverture qui te recouvre avant de te lever du fauteuil. « Mais il paraît que j'aime bien le danger », tu murmures à l'intention de César. Un sourire sournois au coin des lèvres, tu fais le tour dans la pièce comme si tu la redécouvrais et passes ton index sur le dessus de l'un des meubles. Une ligne immaculée se dessine alors, entourée d'une couche de poussière traduisant clairement le désintérêt de ton hôte envers cette maison qui fut autrefois la sienne. « Vous ne croyez pas qu'il serait temps de faire un peu de ménage ? » Sans même attendre de réponse de sa part, tu poses tous les bibelots de la commode au sol avant d'ôter le gros pull en laine que tu as sur le dos. Sans plus attendre, tu t'en sers de torchon afin d'épousseter le meuble en un seul geste. Tes vêtements, t'y tiens pas plus que ça de toute façon tandis que cette maison a bien plus d'importance pour l'homme avec qui tu partages cette pièce qu'il ne veut bien l'avouer. « Vous ne trouvez pas que c'est mieux comme ça ? »
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MessageSujet: Re: A little flower is growing up in my garden | Alix A little flower is growing up in my garden | Alix Empty9/8/2016, 23:50

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César se sent bien. Pour la première fois depuis la mort de Emma et son divorce de Claire, il se sent en paix dans cette maison qui a abrité ses joies et ses peines. Il ne dirait pas qu’il est complètement à l’aise, mais la présence de la jeune femme aux yeux hypnotisant l’apaise plus qu’il ne l’aurait pensé. C’est vrai qu’il avait un peu été surpris en la voyant dans son jardin, mais maintenant, plus il y pensait et plus il se disait qu’elle faisait partie des meubles. Ces derniers mois, elle avait dû passer plus de temps que lui dans cette foutue baraque. L’oncologue y vient tellement peu souvent qu’il ne peut même pas proposer autre chose qu’un simple verre d’eau à cette jeune fille perdue. Mais ça ne semble pas l’embêter le moins du monde puisqu’ils se mettent à discuter. Les présentations se font et Alix, puisque c’est son prénom, le complimente sur le sien. César n’est pas débile. Il sait que ses parents auraient préféré qu’il soit plus comme l’empereur ou du moins qu’il agisse comme si son prénom lui importait. Mais ce n’était pas le cas. Ça avait juste été sujet de moqueries quand il était plus jeune. Heureusement, maintenant, ce n’était plus trop le cas. Maintenant, on essaie plutôt de le complimenter dessus. Chose à laquelle il ne croit jamais du coup. Cependant, aujourd’hui, le trentenaire a envie d’y croire. Aujourd’hui, il a envie de penser que pour une fois, quelqu’un est sincère en parlant de son prénom. Alors il hoche simplement la tête quand Alix répond à sa question. Il l’aime bien cette petite. Il a l’impression de la comprendre sans qu’ils n’aient besoin de parler, comme s’ils se connaissaient depuis des années. C’est plutôt parce qu’ils sont dans le même état d’esprit. Ils sont tous les deux meurtris par la vie et aussi perdus l’un que l’autre. Sûrement pour ça que César a l’impression de se sentir à l’aise avec la jeune femme. Cependant, cette sensation ne reste pas très longtemps puisqu’elle en vient à lui poser des questions sur sa vie amoureuse. Il pourrait éviter la question parce que de toute manière ça ne la regarde pas. Mais il avoue qu’il est divorcé depuis un an maintenant. C’est d’ailleurs sorti naturellement, comme ce qu’on dirait à un vieux pote qu’on connait depuis des années. Le médecin ne se formalise pas de la réaction de la jeune femme. A vrai dire, il ne s’attendait pas à un genre de réaction particulier. Pour lui, dire qu’il est divorcé, est devenu un automatisme. De toute façon, on peut clairement voir sur sa main gauche, la trace de la bague qu’il a enlevé le jour où le divorce a été prononcé. « C’est moi qui suis désolé… C’est pas toujours facile de voir ses parents se déchirer. » En fait, lui-même ne peut pas le dire vu que ses parents sont toujours ensembles et s’aiment comme au premier jour. Il ne dit pas qu’ils ne s’engueulent pas, tout couple a ses périodes de hauts et de bas, mais il lui semble qu’ils sont plutôt heureux de cette manière. « Mais oui, tu as raison, des fois c’est mieux pour tout le monde. » ajoute-t-il, plus pour parler de lui que réellement pour approuver ce qu’elle a dit. Dans sa situation, il était clair que César et Claire ne pouvaient pas rester ensemble. Pas après ce qu’il lui avait fait subir. Cependant, malgré le divorce, César reste très attaché à Claire. Il l’aime encore plus que tout au monde et il espère un jour pouvoir se faire pardonner, quand il se sera pardonné lui-même. Ce qui ne risque pas d’arriver un jour. L’oncologue décide de partir sur un autre sujet plus léger plus joyeux parce qu’il se rend compte que la jeune femme lui a menti. Il se doute bien qu’elle n’allait pas être franche dès leur première rencontre, mais son mensonge semble cacher quelque chose de plus. Seulement, il ne va pas creuser. Si elle ne veut pas lui en parler, c’est totalement son choix, il ne va pas la forcer. Il hoche donc simplement la tête en souriant quelque peu. César reprend alors sur le potentiel homme dans la vie de Alix. Sa réponse le fait un peu grimacer. Elle semble tellement fragile quand elle lui répond et puis surtout ce n’était pas le genre de réponse qu’il attendait. Là encore, il se tait. Mais cette fois ce n’est pas parce qu’il ne veut pas creuser pour savoir la vérité, non cette fois c’est parce qu’il ne sait tout simplement pas quoi dire. Il ne sait pas pourquoi, mais si elle avait été sa fille, il aurait tout fait pour la sortir de là, pour l’aider à aller mieux. C’est drôle qu’il pense de cette façon, vu qu’il n’a pas aidé sa propre fille sur son lit de mort. Une nouvelle fois, César change de sujet et ça a le don de faire rire Alix. Il la voit pour la première fois depuis qu’il lui a parlé dans le jardin quelques minutes plutôt être elle-même. Elle ne se cache pas derrière cette carapace de fille solitaire, elle ne se cache plus derrière ses sarcasmes. Elle n’est juste que Alix, la fille qui prend du bon temps en compagnie d’un vieux pervers. « Attention, je pourrai te prendre au mot jeune fille. » Le sourire qui apparait sur le visage du trentenaire n’est en rien le sourire charmeur qu’il prend pour draguer les femmes dans les bars. Non, il est taquin et amusé. Il passe un bon moment pour la première fois depuis des mois. Cependant, c’est de courte durée quand elle parle de faire le ménage dans la maison. Son visage se fige dans une grimace de douleur pendant quelques secondes avant qu’elle ne disparaisse. Claire et Emma aimaient faire le ménage toutes les deux, la musique à fond en chantant et dansant, se servant de tout ce qui les entouraient pour faire leur show. La voix de Alix le ramène sur terre et il voit dans sa main son pull en laine dont elle s’est servie pour la poussière. « Si tu le dis… Mais pourquoi t’as utilisé ton pull ? Je t’aurai passé des chiffons. » César soupire. Alix a raison, cette maison a besoin qu’on s’occupe d’elle. Elle a besoin d’être nettoyée, d’être occupée de temps en temps. Il a alors une idée et s’empresse de la sortir avant qu’il ne change d’avis. « En échange d’un peu d’argent de poche, ça te dirait de venir t’occuper de la maison ? Je te passerai les clés histoire que tu puisses rentrer quand tu veux et tu pourras venir te réfugier ici dès que t’en auras l’envie. Je te dérangerai pas. Je suis pas souvent chez moi, je préfère rester à l’hôpital. » conclut-il sans réellement savoir ce qui lui ait passé par la tête pour lui proposer ça. Il ne la connait pas, vient juste de la rencontrer et il est prêt à lui donner les clés de sa maison. Il hausse les épaules. Après tout, il n’a rien de valeur ici et rien à perdre.



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MessageSujet: Re: A little flower is growing up in my garden | Alix A little flower is growing up in my garden | Alix Empty23/8/2016, 12:06

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Rares sont les enfants heureux de voir leurs parents divorcer. Mais tout aussi rares sont ceux qui aiment les voir se déchirer. De ce fait, dans certaines circonstances, le dilemme est bien plus difficile qu'on ne pourrait le croire. Toi, t'as plutôt bien accepté la séparation. Lorsqu'ils te l'ont annoncé, tu t'es même demandé pourquoi ils avaient mis autant de temps. Au fond, t'étais soulagée. Soulagée de savoir qu'ils ne se hurleraient plus dessus comme des chiens. Soulagée de penser que t'aurais plus jamais affaire à ton père parce que ce divorce serait enfin ta porte de sortie. Alors contre toute attente, t'étais plutôt satisfaite. « Mais oui, tu as raison, des fois c’est mieux pour tout le monde. » Tu te demandes s'il est réellement convaincu de ce qu'il dit mais en vue de sa situation, tu comprendrais qu'il ne le soit pas. Quoi qu'il en soit, il n'a manifestement pas envie de s'étaler sur le sujet, tu le devines au lourd silence qui s'en suit. Le silence, tu l'as jamais trouvé malaisant. Au cintraire, tu l'apprécies bien souvent. Mais cette fois, tu sens bien que ton rôle, c'est de le briser. Aussi, tu portes à nouveau ton attention sur cette maison qui aurait bien besoin d'un petit rafraichissement. Peut-être était-il temps de s'y coller. « Si tu le dis… Mais pourquoi t’as utilisé ton pull ? Je t’aurai passé des chiffons. » Une faussette malicieuse se dessine au coin de tes lèvres alors que tu souris à sa question. « Pour éviter les fausses excuses. Celles comme "c'était ma femme qui faisait le ménage, je ne sais pas où sont les chiffons", ce genre de trucs », tu t'expliques presque aussitôt comme si tu t'attendais à ce qu'il te pose la question. « Au fond, vous n'avez pas envie d'y toucher à tous ces meubles, ces bibelots. Vous avez bien trop peur que ça entâche vos souvenirs pour de bon. » Tu l'analyses sans gêne aucune, comme s'il était allongé sur un de ces divans rouges qui ont, paraît-il, le pouvoir de faire parler les gens. La seule différence c'est qu'il n'a rien dit mais que toi, t'as tout compris. Du moins, c'est ce dont tu es persuadée. « Alors, vous en auriez inventé une, une excuse », tu conclus en repassant un dernier coup sur le bois sali. Pour un peu, t'aurais presque pu ajouter un "je vous connais", sauf que non, tu ne le connais pas. « ça va, rassuez-vous j'suis pas pudique », tu reprends amusée, de manière à ne pas rester sur une note trop lourde. Si tes précédentes déclarations sont vraies, il y a de fortes chances pour que César se prenne un coup en pleine face. C'est jamais facile de réaliser ce genre de choses lorsqu'on n'est pas prêt à le faire. Alors peut-être bien que ta remarque n'aura pas l'effet escompté et qu'il va habilement continuer à se voiler la face. Après tout peu importe, t'as pas l'ambition de changer un vieux loup solitaire de labrador de compagnie. De toute façon, il reprend finalement la parole, déviant un brin le sujet par la même occasion. « En échange d’un peu d’argent de poche, ça te dirait de venir t’occuper de la maison ? Je te passerai les clés histoire que tu puisses rentrer quand tu veux et tu pourras venir te réfugier ici dès que t’en auras l’envie. Je te dérangerai pas. Je suis pas souvent chez moi, je préfère rester à l’hôpital. » Presque trop vivement, tu te retournes vers ton interlocuteur alors qu'il te prend par surprise. Tu restes même béate quelques instant, ne sachant que répondre. « Oui ! Enfin, non... je... » Tu prends quelques secondes pour tenter de remettre tes idées en place, mais tu peines à t'exprimer. En vérité, si t'y arrives pas, c'est parce que tu voudrais lui dire que oui, ça te ferait plaisir. Ça te ferait plaisir parce que tu l'aimes bien cette bararque, pour une raison qui t'échappe totalement. Comme dans ce jardin qui t'a souvent semblé être le paradis que t'aurais sans doute jamais connu. Le problème, c'est que ça fait bien trop longtemps que rien ne te fait plus plaisir. Du coup, tu sais même plus comment le dire. Tes grands yeux bleus semblent lui crier "oui", mais tes lèvres grimacent d'hésitation, et de maladresse aussi. « Non, j'veux pas de votre argent », tu finis par répondre par politesse, en dépit de tes envies. Qui plus est, tu ne peux t'empêcher de repenser à la fin de sa phrase. « Je suis pas souvent chez moi, je préfère rester à l’hôpital. » Là encore t'en es parsuadée, il cherche délibérément à s'éloigner de cet endroit d'une manière ou d'une autre. Non, il ne préfère pas l'hôpital, il préfère n'importe quel autre lieu qui lui permettrait un tant soit peu de garder cette maison intacte, telle qu'il l'a laissée. Telle qu'elle l'a probablement laissée aussi. Tu te mords la lèvre, hésitant à lui dire ce que tu en penses. Et puis contre toute attente, tu te lances. « Est-ce que je peux me permettre de vous donner un conseil ? » En toute honnêteté, ta propre question t'étonne toi-même parce que t'es pas vraiment du genre à donner des conseils à quiconque d'ordinaire. T'as beau être plutôt maligne, tu t'intéresse autant aux autres qu'à ta personne, c'est-à-dire pas du tout. « Juste comme ça. Soit vous le prenez, soit vous ne le prenez pas », t'ajoutes en agitant tes mains afin qu'il ne se braque pas. De toute façon, si t'étais lui, t'écouterais pas tes conseils. Ils valent que dalle de toute façon, t'en es bien consciente. T'es qu'une gamine aussi paumée que lui, comment est-ce que tu pourrais bien l'aider ? Pour autant, tu te permets quand même de lui dire ce que t'as à lui dire. « Retourner dans le passé, c'est impossible. Alors certes, vous pouvez stagner comme vous le faites pour ne pas avoir à trop vous éloigner de ces souvenirs. Mais je pense que le mieux, c'est d'avancer. » Tu guettes une quelconque réaction de sa part, non sans appréhension. T'as peur qu'il s'énerve, qu'il le prenne mal, qu'il te vire de là d'un coup d'un seul. Il aurait raison après tout, t'es qui pour te mêler de sa vie ? Pour mentionner son passé, sa femme, ses souvenirs ? T'es personne, c'est clair. Toutefois, comme il ne réagit pas, tu poursuis. « Franchement César, on est dans la vraie vie, pas dans une vulgaire adaptation du mythe d'Orphée et Eurydice, vous aurez toujours le droit de vous retourner. Toujours. » Tu baisses machinalement les yeux alors que tu t'en voudrais presque de te permettre une telle remarque qui aurait pu passer pour un jugement alors qu'il n'en est rien. « En fait si j'vous dis ça, c'est parce que je trouve que vous gagnez à être connu. Vous me semblez honnête et puis vous êtes gentil avec moi », tu lui avoues sans même remarquer que le son de ta voix s'affaiblit. Tu hausses finalement les épaules, un brin penaude. Ça fait bien longtemps que tu n'as pas éprouvé de sympathie pour quelqu'un, c'est vrai. T'as même l'impression que César va changer quelque chose à ta vie. Quelque chose d'infime, peut-être, mais quelque chose quand même.
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