Ca faisait plus de deux mois que je n’avais pas changé ma routine : Dodo boulot, dodo boulot, etc. Plus rien ne me faisait envie et je m’en voulais d’être si malheureuse au fond. Allongée dans mon lit, j’écoutais comme à mon habitude un de mes CD préférés, j’essayais de ne penser à rien. Ça ne marchait pas ce truc de penser à rien, même quand tu essayais, tu pensais forcément au fait d’essayer de penser à rien. Alors rien que ça ça me tourne la tête. Je ne donnais plus de nouvelles à personne, personne ne m’en donnait non plus. Alors je fus surprise de sentir vibrer mon téléphone. Coucou Charlie, j'espère que tu vas bien, ça fait un sacré moment ! Dis, ça te dit de se mater un film au ciné ce soir ? bisous jao Jao, alors tu te souviens que tu as une meilleure amie ? Je ne vais pas te blâmer, moi aussi j’avais oublié. Je suppose que tu dois avoir une vie aussi chaotique que la mienne. Te connaissant, tu dois encore être fourré dans une histoire rocambolesque ! *J’vais pas te mentir, j’ai pas trop trop envie de sortir. * Oui, ça m’arrive souvent de parler toute seule, j’sais pas pourquoi, peut-être pour ne pas perdre ma voix à force de ne plus parler de vive voix. Ma mère et ma sœur me parlent qu’en langue des signes, alors comme je vois personne d’autre ou presque, je ne parle pas beaucoup. J’ai toujours voulu dire à jao qu’il était nul avec ça, mais c’est le seul ami qui s’investi vraiment pour me parler en langue des signes alors je ne lui dis pas et de toute façon, j’arrive à décrypter ce qu’il veut dire ! Je lui répondis que je devais travailler, j’adore mon meilleur ami, mais en ce moment, j’avais vraiment envie de voir personne. Par contre, son message me prouva qu’il fallait que je me bouge un peu. Je commençai à sortir mon reflex de l’armoire puis me ravisa. Je devrais quand même aller voir, jao, si ce n’est pas pour moi, le faire au moins pour lui. Il a toujours été là, je pense que je devrais lui rendre la pareille. Je lui envoyai donc un texto lui expliquant mon changement d’avis. Il avait l’air heureux dans sa réponse, rien que ça, ce fut agréable. Rien que l’apercevoir au loin m’a fait un bien fou, je me suis même demandé comment j’avais pu tenir aussi longtemps sans lui. Depuis que je le connaissais, je lui racontais tout dès la seconde où le moment important était arrivé, même le moment pas important d’ailleurs. Je sais qu’il a sans doute des problèmes plus importants que moi, mais je ressens le besoin de lui parler de l’épisode d’avant-hier avec astrid. J’étais en train de lui signer que j’étais ravie de le voir quand mon portable vibra. Un message d’Hugo, j’avais rendez-vous avec lui dans une demi-heure, comment avais-je pu oublier ça ?
Un rayon de soleil. Un œil qui s’entrouvre à peine pour finalement se refermer immédiatement. Tu te retournes et ton corps heurte quelque chose. Quelqu’un plutôt. Tu ouvres à nouveau difficilement les yeux pour te rendre compte que tu n’es pas seul. Merde ! Tu as si bien dormi que tu en avais même oublié ce petit détail. Tout petit détail. Ce n’est rien, tu as juste à enfiler tes vêtements en vitesse et repartir chez toi en courant sans oublier bien entendu la jolie enveloppe laissée sur le bord de la table de nuit.
En chemin, tu t’arrêtes dans un petit café. Tu as besoin de manger. Tu as l’impression que tu ne l’as pas fait depuis des millénaires. Il faut dire aussi que ce genre de soirée ça creuse. Vraiment. Enormément. Lorsque tu es confortablement installé, tu en profites pour sortir ton téléphone et envoyer un message à Charlie. La petite Charlie. La jolie Charlie. Ca fait quoi un mois que tu ne l’as pas vu ? Deux peut-être ? Le temps passe si vite et tu es tellement occupé ces derniers temps que tu ne saurais le dire. Tu lui proposes donc un cinéma, histoire de ne pas trop arriver comme un cheveu sur la soupe. Elle va te le reprocher et tu le sais. Mais elle te connait, pas vrai ? Elle est la mieux placée pour savoir que tu n’es pas quelqu’un qui donne des nouvelles. Tu n’es pas sans arrêt sur ton téléphone à guetter les moindres fait et gestes de tes amis. Tu n’es pas non plus du genre à les harceler pour un rien. En revanche, s’ils sont dans le besoin, ils savent où te trouver et jamais tu ne leur fermeras la porte au nez.
Tu obtiens très rapidement une réponse. Tu t’attends à une remontrance de sa part mais il s’avère que tu es davantage déçu. Elle ne veut pas sortir … Bon et bien tant pis. Ca ne sera pas faute d’avoir essayer. Tu pourrais insister et lui demander ce qui ne va pas mais c’est Charlie et Charlie restera Charlie. Elle est têtue comme une mule cette petite si bien qu’il est impossible de lui extorquer des informations lorsqu’elle a décidé qu’elle ne dirait rien. Tu laisses donc tomber cette affaire et continue le fil de ta vie. Tu bosses cet après-midi, c’est parfait. Ca t’occupera l’esprit au moins. Tu ne penseras ni à Charlie, ni à ce qui ne va pas et encore moins à cette jolie brune qui ne quitte pas tes pensées en ce moment.
Au final, tu n’as même pas le temps de te faire à l’idée de ne pas voir ta meilleure amie que déjà, elle t’envoie un nouveau message. Pour s’excuser peut-être ? Ou alors pour te donner une explication qui tient la route. Finalement, tu as faux sur toute la ligne. Elle a changé d’avis. Tiens donc … Toujours aussi indécise. Tu t’empresses donc de lui répondre, tout excité. Ca fait tellement longtemps ! Tu te rends compte qu’elle t’a réellement manqué.
Après le boulot, tu passes en vitesse chez toi histoire d’être présentable. Tu veux te faire beau pour elle, ce n’est pas tous les jours que Charlie te fait honneur de sa présence. Et toi non plus d’ailleurs. Lorsque tu l’aperçois enfin sur le lieu de rendez-vous, tu es aux anges. Tu t’approches d’elle à la hâte et … Elle est sur son téléphone. Génial. Sur le moment, tu es légèrement vexé mais tu te reprends vite en main. Tu l’embrasses délicatement sur le front comme tu as l’habitude de faire. « Tout va bien ? » Elle a l’air pour le moins … Embarrassée.
Ses bisous sur le front. Je ne pourrais jamais m’en passer. De loin, je suis sûr que tout le monde pense que nous sommes en couple. Et ça me fait bien rire. C’est ce dont j’avais besoin d’ailleurs, de rire. C’est pour ça que je lui ébouriffai les cheveux comme j’avais l’habitude de le faire. J’adorais ça parce que lui détestait ça. Il faisait alors une tête indescriptible et je ne pouvais m’empêcher de pouffer de rire. Je savais qu’en me confiant à jao sur astrid, j’allais avoir un conseil avisé, et ça me ferait juste ENORMEMENT de bien qu’il m’écoute. Voilà pour résumer, rire et se sentir écouté, pour cela, rien de mieux qu’un meilleur ami. Mais pour l’histoire de la rigolade, je savais que ça allait tourner court en lisant le sms d’hugo. Jao était du genre jaloux, très jaloux avec moi. C’était un défaut, même le seul défaut que je détestais chez lui. Et je n’avais pas besoin d’une de ses crises aujourd’hui. J’avais besoin de lui, et quand il était comme ça, ce n’était pas lui. « Ecoute petit cœur, je suis vraiment désolée. Mais j’avais oublié que j’avais donné un rendez-vous à hugo. On devait aller boire un verre. » Je n’ai jamais su si jao aimait bien hugo ou pas. Je l’espérais. En y réfléchissant, je ne pouvais pas lui en vouloir d’être jaloux, je l’étais aussi avec cette louane. Je ne voulais pas dire à hugo par sms que je devais annuler. Je décidai donc de lui répondre de me rejoindre devant le cinéma. « Tâche d’être civilisé jao, je viens de lui dire de venir ici, je lui expliquerais que c’est très important pour moi de te voir et d’être en tête avec toi ». Maintenant, il ne restait plus qu’à croiser les doigts pour que hugo ne m’en veuille pas. Je lui pris la main, pas comme un couple, même si certains devaient le penser, encore, mais juste parce que j’avais besoin de sentir qu’il était bien là. Je savais que ce n’était pas trop son genre, mais je savais aussi qu’il savait bien pourquoi je faisais ça. « Tu m’as manqué tu sais. J’ai quelque chose d’important à te dire. Et tu veux voir quoi comme film ? ». Quand il parlait, il essayait en même temps de faire les signes adéquats. Je trouvais ça tellement mignon qu’il fasse des efforts comme ça, juste pour moi. J'angoissais à l'idée de lui raconter pour astrid, il la déteste depuis qu'elle est partie et qu'elle m'a laissée dans cet état."Mais toi, comment tu vas ?"
Quand tu la vois, tu perds la notion du temps. Lorsque tu es avec elle, tu mets de côté tous tes petits tracas. Le principal est de profiter d’elle. Tu la vois si peu … Pourtant vous n’habitez pas loin l’un de l’autre, vous êtes même dans la même ville. Vous n’avez donc pas d’excuse. Mais malheureusement, la vie fait que vous n’avez pas l’occasion de vous voir aussi souvent que tu le voudrais.
Cette journée est donc la bonne. Cette fois-ci, aucune excuse acceptée. Tu veux profiter de ta meilleure amie au maximum. Tu veux pouvoir partager un bon moment avec elle comme vous avez l’habitude de faire. Cependant, tu étais bien loin de te douter qu’un contre temps arriverait. Bien entendu, c’était trop beau pour être vrai. Alors que tu pourrais enfin profiter tranquillement de ta meilleure amie, il faut qu’une espèce de connard lui donne rendez-vous. Bon, elle te dit que c’est elle qui a fixé cette date mais tu n’y crois pas une seconde. Elle dit cela pour que tu n’aies pas le choix, pour que tu acceptes de la partager sans rechigner. Sauf que si elle croit une seule seconde que tu vas garder ta bouche bien fermée, elle se trompe. « Donc tu acceptes de me voir le jour où un espèce de trou du cul devait te voir ? Il doit être important à tes yeux pour que tu l’oublies comme ça … » Tu ne sais pas si elle a réellement oublié leur rendez-vous ou bien s’il s’agit d’une embuscade (bien que tu ne l’as crois pas capable de te faire cela) mais le fait qu’elle l’ait oublié te fait sourire. Bien fait. Aucun mec n’approche ta Charlie sans que tu ne lui aies donné l’autorisation. C’est aussi simple que cela. Et du plus loin que tu te souviennes, tu n’as pas autorisé ce mec à la fréquenter. « Je suis toujours civilisé … » Tu fais mine d’être vexée mais elle sait pertinemment que tu ne l’es pas. Il en faut tout de même plus pour te faire de la peine ou bien te vexer. « C’est pas grave au moins ? » Il ne faut jamais te dire quelque chose comme cela. Jamais. Ou bien il faut aller jusqu’au bout et assez vite. Comment ça quelque chose d’important ? Tout de suite, tu t’imagines le pire. Du calme Jao, quelque chose d’important ne veut pas forcément dire quelque chose de grave ! Peut-être qu’il s’agit seulement d’une importante bonne nouvelle, ni plus ni moins. « Moi ça va mais qu’est-ce qu’il se passe ? Tu me fais peur là. C’est quelqu’un qui te veut du mal ? Je te préviens je me charge personnellement de son cas. » Tu ne perds pas le nord Jao … En plus de ça, tu t’emballes surement un peu trop. Mais tu es comme ça. Elle le sait. Elle était forcément consciente que tu réagirais comme cela. Elle te connait mieux que personne. Ca ne doit pas être si grave que cela … Non, elle ne te le dirait pas au beau milieu de la rue ou dans une salle de cinéma. Non, si c’était grave, elle prendrait le temps de t’accueillir chez elle et de te balancer le coup de massue.
Jao courtel, sa rencontre a été pour moi le déclenchement d’un sentiment indescriptible. Bon d'accord j’exagère, mais disons que ça a commencé d’une façon bien à nous. J’étais avec ma sœur la terrasse d’un café à papoter de tout et de rien. Je remarquais bien qu’il m’observait et ça me fit grandement plaisir. Il s’assit juste à la table à coté nous, je n’arrêtais pas de le fixer furtivement mais souvent. Le soleil, moi qui l’adorais d’habitude, le détestais à ce moment-là, il m’éblouissait et j’étais obligé de plisser les yeux pour observer ce bel inconnu. Obligée aussi de ne plus faire attention à ce que me signait ma sœur. Se tournant furtivement elle vit jao et me regarda droit dans les yeux en me signant que j’étais folle et que ce gars était trop beau pour moi. Bien sûr elle rigolait, je le savais mais j’étais vexée malgré moi. Je lui répondis alors qu’elle avait peur que je lui pique car il lui plaisait. A la fin de ma phrase, Jao vient se planter juste devant nous et me regardant dans les yeux, signa avec perfection "avec plaisir mesdemoiselles" Puis il éclata de rire. Il m'avoua plus tard que c'était les seuls signes qu'il connaissait. Il était trop mignon avec sa petite fossette quand il souriait. Je pris bien la chose, plutôt très bien même et l’invita à boire un café à notre table. Alors oui, on pourrait croire qu’on allait finir ensemble et vivre heureux jusqu’à la fin des temps mais non. J’avoue qu’il me plaisait mais notre histoire pris une toute autre tournure, le début d’une sincère et longue amitié. "Calme toi jao, je vais lui dire de ne pas venir, je vais l’appeler, ça lui évitera de se déplacer et de se faire frapper par un petit idiot!" Jao me faisait très souvent rire, mais parfois qu'est ce qu'il pouvait m'énerver. Quand je voulu lui parler d'astrid, je savais qu'il allait se mettre en colère. De un parce que je faisais durer le suspens, et que je savais qu'il détestait ça. Et de deux, parce qu'il avait peur pour moi, et que depuis son départ, on ne peut pas dire qu'il l'apprécie. "C'est pas grave jao je t'assure. C'est juste que.. J'ai revu astrid il n'y a pas longtemps. Elle est revenue. Mais ça va, j'ai rien ressenti, je crois que c'est du passé." Je savais qu’il ne me croyait pas. Il me connait et je le connais. Je sais qu’il sait que c’est un mensonge, mais ça me va comme ça et lui sait exactement ce qu’il faut faire dans ces moments-là. Je lui pris son billet des mains avant même qu’il ne paye le popcorn, le fourra dans sa poche et sorti mon argent pour payer, après avoir demandé une glace Haagen dazs, la préférée de jao. Nous donnâmes alors nos tickets à un monsieur en rouge, comme dans les cinémas américains, se dira sans doute jao. Puis il nous indiqua la salle. Troisième rang en partant du fond, au milieu, la meilleure place, les pieds sur le siège de devant, ma tête sur l’épaule de jao et j’étais prête à rire aux éclats. Mais je savais bien qu'il n'en avait pas fini avec moi, et qu'avant le film, il y avait les pubs, et donc il allait me tirer les vers du nez. J'essayais donc de changer de sujet. " Et toi, comment tu vas ? toujours fourré avec cette louane ?"
Les nerfs commencent à te monter. Comment ça il doit la rejoindre ? Ils avaient rendez-vous ? Puis c’est qui ce mec déjà ? Tu es incapable de le dire. Il faut bien avouer que les garçons qui fréquente ta jolie Charlie, tu ne les affectionnes pas particulièrement. A vrai dire, alors que tu ne sais rien d’eux, tu les détestes déjà. Tu as toujours cette fâcheuse impression que n’importe lequel d’entre eux pourrait te remplacer. Pourtant tu sais que ce n’est pas le cas. Personne ne pourrait prendre ta place auprès de ta meilleure amie mais tu ne peux t’empêcher de douter constamment. C’est le complexe même de Jao Courtel, cet homme qui assure ne douter de rien, qui se montre on ne peut plus sûr de lui pour, au final, se remettre sans cesse en question intérieurement. Et Charlie qui commence à te connaitre comme sa poche en est parfaitement au courant. « Je ne suis pas idiot. C’est lui l’idiot s’il pense qu’il peut trainer avec toi sans mon accord. » Te voilà rassuré. Elle va lui dire de ne pas venir. Parfait. Ca t’évitera de t’énerver pour un rien. Et lui, ça lui évitera de passer un sale quart d’heure.
En direction du cinéma, elle croit qu’elle va échapper au petit questionnaire que tu lui as concocté ? Elle se trompe. Ce serait mal te connaitre ! Mais à ta grande surprise, tu n’as pas à trop insister. Au contraire elle se prête volontiers au jeu qui dans le fond n’en est pas vraiment un. Tu la regardes, intrigué. Elle ne te dit pas tout, tu le sais. Elle se ment à elle-même, c’est ça le pire. Et toi, tu es assez stupide pour la laisser faire. « On l’emmerde cette fille d’accord ? L’homme de ta vie c’est moi de toute façon et si elle vient à nouveau te voir je me ferai un plaisir de lui faire comprendre. » Encore une fois tu abuses. Tu es toujours dans l’excès Jao, c’est là ton plus grand problème. « Si tu es passée à autre chose alors tant mieux. » Malheureusement tu n’en es pas si sûr.
Alors que vous vous installez confortablement sur vos fauteuils, tu attends de voir si elle va poursuivre, si elle va aller plus loin au niveau des détails. Sans grand succès. Elle ne le fait pas. Peut-être n’a-t-elle pas envie d’en parler davantage, ce que tu comprends facilement. De toute manière elle sait qu’elle peut te parler et qu’elle peut venir te trouver à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit. « J’apprends à la connaitre pour le moment. C’est une chouette fille. Pour le moment, elle m’apprécie bien. Elle est dingue de moi si tu veux tout savoir. Mais quand elle saura, elle va vite déchanter. » Puis, comment tu aurais pu le lui dire de toute manière ? Salut je suis escort, non je ne compte pas arrêter pour une femme et oui, j’ai envie d’en savoir davantage sur toi. Génial, tu n’aurais pas pu mieux faire Jao. Dieu merci tu as su fermer ta bouche. C’est mieux ainsi.