Charlotte regardait autour d'elle, à la recherche d'une table. Bon sang qu'est-ce qu'elle détestait l'heure du midi. Probablement parce qu'elle n'avait pas vraiment quelqu'un avec qui s'asseoir la plupart du temps; ses rares amis et elle n'avaient généralement pas les mêmes heures pour manger. Et quand c'était le cas, elle oubliait. Charlie avait donc gâché une heure à la bibliothèque avant de se faire surprendre dans sa rêverie par la sonnerie, puis, de se faire gentiment agresser par plusieurs "t'es où?" quand elle alluma à nouveau son portable -bah, oui c'est interdit à la bibliothèque. Et d'un, bien trop récurrent, "je rentre tard ce soir, désolée Cha" de sa soeur. Un soupir s'était brièvement échappé de ses lèvres, ce n'était pas surprenant. Rosie passait plus de temps dehors que chez elles, à travailler. Charlotte ne l'attendait plus désormais, elle y avait perdu trop de temps, trop d'heures de sommeil aussi. L'adolescente échangea un sourire avec une cantinière avant de réellement rentrer dans l'assourdissant bruit produit par ses camarades. À son grand dam. Charlotte parcourrait de long en large la cantine du regard, cherchant des élèves qui se comportaient comme des êtres humains décents en sa présence, avec elle. Ce n'était pas gagné. Beaucoup ne la connaissaient pas, elle se faisait discrète. Se comportait presque comme une asociale, ce qu'elle n'était absolument pas. Beaucoup la connaissaient en tant que "la fille qui marche bizarrement", sans savoir qu'elle n'avait qu'une jambe et demie. Ça lui importait peu, Cha pouvait supporter les regards interloqués. Les remarques, c'était plus dur, option bien évidemment choisie par une grande partie de ses camarades. L'adolescente commençait à se résigner à manger seule, pas que cela la dérange réellement en fin de compte, quand une chevelure flamboyante, que trop reconnaissable, entra dans son champ de vision. Axel ? Oui, ça devait être lui. Il était seul, ça n'avait pas l'air de le déranger non plus. Tant pis, Charlotte allait tout de même tenter de s'incruster, au risque de le déranger. Et, puis, ce n'était pas comme s'ils ne s'étaient pas recroisés depuis son arrivée au lycée, pas vrai ? Ils avaient parlé rapidement et partageaient même un cours. Mais il appartenait en quelque sorte au passé, Axel ; ils étaient au collège ensemble, dans la même classe. Un jour, il avait été là et l'autre il ne l'était plus. La jeune Charlotte n'avait pas compris pourquoi, avant qu'on lui dise qu'il s'était fait renvoyer. C'était bien dommage, elle l'aimait bien Axel. Il était gentil. Et, puis, il y avait eu son accident. Il était devenu plus facile pour elle de se couper de tout -pas qu'elle le voyait vraiment souvent-, de toute vie extérieure à l'hôpital. Un après-midi, cependant, elle avait cru le voir, l'apercevoir serait plus juste, dans les rues de la capitale. Il ne s'agissait en réalité peut-être pas du jeune homme, mais elle l'avait tout de même évité ; se camouflant dans la foule tant bien que mal. Axel, elle ne l'avait jamais oublié. Peut-être parce qu'il avait toujours été sympa, peut-être parce que sa différence lui avait donné envie d'apprendre la langue des signes trouvant cela "cool" à l'époque. Quoi qu'il en était, la jeune femme se souvenait parfaitement de lui. Elle s'approcha doucement faisant des petits pas ; ça allait aujourd'hui, sa jambe ne la faisait pas trop souffrir. Rosie avait pourtant insisté ce matin, entre deux appels, pour que l'adolescente prenne sa béquille ; Charlotte devait rentrer à pied du lycée, elle se sentait coupable. Voilà tout. Et, ça l'avait fait sourire, Cha. L'adolescente, après une petite hésitation et la furieuse envie de rebrousser chemin, tapota l'épaule du jeune homme. Il leva la tête instantanément. Axel ? Elle était presque tentée de lui rappeler son prénom, au cas où. C'était stupide, il le connaissait. Il la connaissait. Charlotte se dirigea en face de lui, posant son plateau, c'était plus facile pour communiquer comme cela. Je peux m’asseoir ? Elle articula correctement, si ses souvenirs étaient bons il pouvait lire sur les lèvres, signant tout de même. Charlie n'était plus très sûre de s'en souvenir correctement, il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas signé. Son regard était posé sur elle, ses habits paraissaient soudainement trop serrés, elle n'aimait pas vraiment qu'on la regarde. Cela la gênait alors elle lui adressa un petit sourire nerveux coinçant une mèche rebelle derrière son oreille.
La cloche sonnait, mettant fin à ton cours et signifiant l’heure du midi. Quand cette période se terminait, tu allais directement à ton casier pour déposer tes cahiers des cours matinaux et récupérer ceux de l’après-midi en plus de ton sandwich maison, un bouquin et des devoirs. Tu foutais tout cela dans ton sac, à l’exception du sandwich. Le midi, ton interprète prenait une pause, du aux coupures budgétaire à l’école. Tu n’avais pas tant besoin de ce dernier, mais c’était quand même un peu inquiétant pour ta mère apparemment. Comme tu n’arrêtais pas par la cantine pour t’acheter à manger, tu arrivais aux tables pendant que les gens eux prenaient place dans la file pour acheter à un repas. Tu prenais une table et quand les gens te posaient des questions, ils voyaient bien que tu n’entendais pas et te laissaient tranquille. Tout le monde laissait le sourd tranquille et cela t’allait. Tu aimais la solitude et la tranquillité dans ce chaos de gens qui bougent. Tu y étais habitué. Zola ne s’était pas présentée à l’école aujourd'hui donc tu n’avais personne qui ne prendrais place avec toi sans permission. Du moins, c’est ce que tu croyais quand tu commenças à prendre une bouchée de ton sandwich.
Charlotte et sa béquille. Elle venait de toucher ton épaule et tu t’étais retourné pour voir que c’était elle.Vous aviez un cours ensemble depuis qu’elle était arrivée dans ce nouveau lycée. Tu la regardais, elle était encore plus jolie que dans tes souvenirs. Tu te souvenais de vos années de collège ensemble, vous étiez dans la même classe. C’était cette année-là qu’on t’avait renvoyé du collège. Tu étais pour eux un étudiant à problème. Tu te souvenais être rentré un soir à la maison avec une lettre de renvoie. Le lendemain, ta mère récupérais tes choses dans ton casier et t’inscrivait dans une nouvelle école. Tu n’avais pas sa permission d’être en contact avec qui que ce soit de l’école tellement ta mère avait honte de toi. Maintenant, Charlotte était différente de celle qu’elle était autrefois. Elle rayonnait, même avec une demi-jambe en moins. Elle dégageait un esprit de combattante, prête à tout pour vivre une vie normale.
Tu la salua d’un signe de tête. C’est alors que tu lu sur ses lèvres ton prénom. Tu hochas la tête positivement et tu signas son prénom une lettre à la fois. C-H-A-R-L-O-T-T-E. Pour ensuite le dire à haute voix et lui sourire. Elle posa son plateau sur la table et te demanda si elle pouvait se joindre à toi. Tu fis semblant pendant un instant d’hésiter en effectuant des mimiques de questionnement pour voir si elle allait s’inquiéter un instant avant de sourire et rigoler silencieusement avant de lui pointer la place à tes côtés comme étant pour elle. Son articulation était bonne alors pour le moment, la compréhension n’était pas un problème. De plus, elle ne tentait pas d’avoir une grande conversation encore. Tu voyais bien qu’elle était quelque peu nerveuse que tu la regardes, elle coinça une mèche rebelle derrière son oreille. Pour tenter de détendre l’atmosphère tu décidas de l’aborder simplement, ton accent-sourd se faisait entendre, mais cela t’importait peu, tu signais en même temps ce que tu disais :
« Alors, aimes-tu ce nouveau lycée? »
Elle était arrivée il n’y a pas très longtemps et c’était la première fois où vous étiez seuls ensemble depuis des années. Bien des choses avaient changés autant pour toi que pour elle tu t’en doutais bien.
Dire que Charlotte était mal à l'aise aurait été un euphémisme, elle se sentait rougir, sentait ses joues brûler de plus en plus seconde après seconde. Et cela la rendait encore plus nerveuse, qu'on sache qu'elle l'était. Que son interlocuteur le sache parfaitement. Qu'il fasse semblant d'hésiter avant de lui indiquer de s'asseoir n'avait en rien arrangé les choses. Au fond, elle savait qu'il la taquinait, elle le savait ... mais elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il allait refuser. Pas que cela soit le genre d'Axel, quoiqu'elle n'en savait rien après tout. Elle souffla un simple "merci" qui se voulait reconnaissant et qui l'était vraiment prenant finalement place. Charlotte coinça rapidement sa béquille entre sa chaise et le pied de la table, elle en avait désormais l'habitude. L'adolescente osa un coup d'oeil furtif vers Axel, avait-il l'air toujours aussi guilleret ? Elle l'ignorait, à l'évidence. Mais c'était plutôt plaisant. Autre point positif ? Il s'était souvenu de son prénom, elle savait parfaitement qu'il le connaissait, mais cela lui avait fait plaisir. Dans un monde où elle se sentait parfois invisible, ça lui avait réchauffé le coeur. Lui avait donné le sourire, bien qu'il n'était pas resté accroché bien longtemps à ses lèvres, les quittant bien trop rapidement ; Charlie était trop nerveuse pour cela. La jeune femme jouait avec son déjeuner, on pouvait avoir l'impression qu'elle dessinait avec sa fourchette, sans vraiment s'en rendre compte. Si aucun des deux ne commençait la conversation, ils se confronteraient à un long repas. Peut-être avait-elle fait une erreur ? Alors, aimes-tu ce nouveau lycée ? Ou peut-être pas finalement. Charlotte le regarda vraiment pour la première fois depuis qu'elle s'était assise, lui décochant un sourire soulagé. Il avait pris les choses en mains, il aurait attendu longtemps avant qu'elle ne commence la conversation. Charlotte essayait souvent de ne pas se retrouver en tête-à-tête avec quelqu'un, elle devenait ... bizarre quand c'était le cas. Timide ou tout le contraire. Parlait peu ou bien trop. Elle n'était jamais vraiment sereine, surtout au début. Surtout si cela faisait des années qu'elle n'avait pas adressé la parole à son interlocuteur. Eh bien, c'est différent de l'école à la maison. Moins ... calme ? Charlotte osa un petit rire, qui se voulait léger mais était crispé. C'est mon premier lycée alors je peux pas réellement comparer. Elle tenta cette fois-ci un petit sourire qui devait finalement plus ressembler à une grimace qu'autre chose. La nervosité commençait à quitter son système, elle le sentait. C'était rapide, bizarrement. Honnêtement, rien que de voir les têtes de nos chers camarades me donne envie de partir en courant. S'essayait-elle aux blagues ? Charlotte n'en savait rien, elle ne savait même pas pourquoi elle continuait sur sa lancée. Généralement, elle ne parlait pas plus que ce qui était nécessaire, répondant le plus souvent monosyllabiquement. Ne donnant pas plus que ce que l'on attendait d'elle, de sa réponse. Mais, là, ce n'était pas sa soeur qui essayait de lui soutirer des informations. Simplement Axel qui essayait de faire la conversation, d'être gentil. Ils ne s'étaient pas vus depuis longtemps, il voulait peut-être rattraper le temps perdu. Ou au moins en apprendre un peu sur elle; même si ce n'était que son avis sur leur lycée. Et le rythme d'apprentissage est définitivement plus lent. Les mots voulaient vraisemblablement sortir, elle allait les laisser. Elle était obligée, à vrai dire. Mais en même temps avec une vingtaine d'élèves c'est normal. Charlotte radotait donc, c'était une radoteuse à présent. Noté. Ce n'était pas ce qu'il y avait de plus pratique avec sa jambe non plus, mais elle n'allait pas mettre cela sur le tapis. Ce n'est pas une anecdote qu'on peut lancer comme cela, comme si ce n'était qu'une simple banalité. Et, puis, qui veut entendre parler d'une demi-jambe en moins, surtout à table ? Personne et probablement pas Axel. Elle ne voulait pas avoir l'air s'apitoyer sur son sort, ce n'était pas le cas en plus de cela. Surtout qu'elle avait déjà donné. Pendant bien trop longtemps. Maintenant, c'était fini. Elle avait accepté sa condition, mais ne l'assumait certes pas vraiment. C'est aussi quelque peu étrange d'avoir d'autres élèves à mes côtés. Ça faisait longtemps. Char marqua une pause, reprenant sa respiration. Et merde, elle espérait avoir fait attention à sa façon de parler. Pour qu'il puisse lire sur ses lèvres. Elle n'avait pas continué à signer, n'étant pas très forte à faire plusieurs choses en même temps. Surtout quand cela implique des couverts. Bien que sa nourriture reste intouchée pour le moment . Trop occupée à parler. Depuis la classe qu'on partageait, en fait. Ce n'était pas exactement vrai, elle avait eu des cours communs à l'hôpital, mais ils n'étaient jamais plus d'une dizaine. C'était vraiment différent. Cela faisait beaucoup de changements d'un seul coup. Et ... Arrête-toi Charlotte, bon sang ! La jeune femme prit une grande respiration, jouant par habitude avec ses cheveux. Axel était encore là, à la regarder. La troublant, gênant, quelque peu à nouveau. Tu es ici depuis longtemps ? Enfin. Elle ne monopolisait plus la conversation sur sa petite personne. Tu t'es retrouvé où après, comment ne pas dire "t'être fait virer ?" ?, être parti du collège ? Nice save. Maintenant, c'était à son tour de ne plus le quitter du regard, bien que cela était peu habituel de sa part. Mais elle se sentait bien, elle n'était moins nerveuse. Elle était à l'aise, c'était peut-être facile de l'être avec Axel. Parce qu'ils se connaissaient déjà, parce qu'il rayonnait la bonté. Peut-être pour des centaines de raisons qu'elle ne connaissait pas encore.
Tu la contemplais, ses joues rosies par la timidité étaient assurément adorable à tes yeux. Son anxiété, tu l'ignorais. Tu te rappelais parfaitement du stress que pouvait engendrer un changement d’école. Il n’était pas une tâche aisé d’être le nouvel étudiant handicapé, encore moins au lycée. L’handicap de ton amie était relativement nouveau , probablement que c'était son premier lycée depuis ce changement. Pour faciliter l’heure du repas, tu avais tenté de détendre l'atmosphère avec ta blague d'hésitation, mais celle-ci n'avait semblé qu'aviver le stress de Charlotte. Refuser la présence des gens n'était pas dans tes habitudes, tu adorais la compagnie. C'était plutôt les gens qui ne voulaient pas se joindre à toi. La complexité que semblait présenter ta surdité leur paraissait un obstacle de taille. Pourtant, ils devaient simplement se souvenir d'articuler, de freiner la vélocité des mots qu’ils prononçaient en te faisant face, pour avoir un contact visuel et que tu puisses lire leurs lèvres. Tu hochas la tête en souriant à son merci. C’était normal de laisser les gens s’asseoir. Avoir quelqu'un à qui taper la discussion n'était pas désagréable. Ton sourire restait, après tout, comment ne pas sourire devant une aussi jolie fille. Une fois assise, son stress sembla commencer à passer dans son déjeuner. Elle jouait avec la nourriture sans la manger. De ton côté, tu avais presque terminé ton sandwich. Le silence était plaisant, habituel à tes oreilles. Tu la regardais, même si tu savais que sa nervosité l'empêcherait de commencer la conversation ou de t'observer.
Après que tu ais ouvert la bouche, elle leva ses yeux vers toi. Ceux-ci étaient envoutant, magnifique. Son sourire, lui,, n’était qu’un petit rictus à la commissure de ses lèvres. Elle semblait un peu se détendre. Tu sentais quand même angoissée, chose dont tu ne te souvenais pas d’elle au collège. Dans tes souvenirs, Charlie avait toujours été rayonnante, un soleil qui brille et aimée. Tu avais entendu entre les branches par des amis qu'elle avait eux un accident et était partie. La revoir maintenant, quelques années plus tard, différente, te donnait une occasion de découvrir une toute nouvelle fille. Elle répondit à ta questions, disant que c'était moins calme que l'école à la maison. Sur ce point-là, tu étais certain que la différence était énorme. Son nez se crispa un peu, ses lèvres s'écartèrent légèrement, un petit rire, calme, comme elle. Elle ajouta ensuite que c'était son premier lycée, qu'elle ne pouvait pas comparer. Toi, tu en étais à ton deuxième lycée. Un sourire apparu, le stress diminuait enfin, tu le sentais. Ses épaules s'étaient affaissées un peu, elle parlait un peu, mais pas trop, et quelques sourire pointaient le bout de leur nez sur ses lèvres. Elle ajouta ensuite qu'à être honnête les têtes de leurs collègues de classe lui donnait envie de partir en courant. Tu hochas la tête positivement pour appuyer ses dires. Les étudiants de Paris n'étaient pas de tout repos. La majorité de ceux-ci étaient de véritables abrutit et ne comprenaient rien à rien sur les gens qui ne correspondaient pas à leur idée de la normalité. L'intimidation n'était pas rare et le personnel enseignant n'en avait rien à cirer. Ils étaient trop occupés, les yeux rivés sur leur propre nombril. Elle mentionna le rythme d'apprentissage plus lent. Elle avait probablement raison, toi parfois ce rythme t'allait, par exemple en cours de français. En Langue signé française vous ne preniez pas le temps de conjuguer les verbes, pour toi la langue française était d'une complexité extrême. Cependant, dans d'autre cours, tu avais l'impression parfois d'être entouré de singes qui ne comprennent rien. Elle tenta de justifier qu'avec une vingtaine d'étudiant c'était normal. Votre lycée n'était pas si bien côté, c'était normal d'avoir plusieurs idiots parmi vous.
Voir des gens c'était différent effectivement. Elle te dit qu'en fait leur classe ensemble au collège avait été sa dernière aussi. Tu hochais encore la tête pour signaler que tu l'écoutais toujours, après tout, tu ne voulais pas lui couper la parole, elle s'ouvrait enfin, et répondait en jouant avec sa nourriture. Elle n'avait rien touché encore. Elle s'apprêta à commencer une nouvelle phrase, mais elle joua nerveusement dans ses cheveux plutôt avant de te demander si cela faisait longtemps que tu étais ici. Demandant aussi où tu étais allé après t'être fait viré, sans mentionner que c'était le cas. Tu prenais la dernière bouchée de ton sandwich et répondait ensuite en signant en même temps ce que tu disais. « Tout le monde sait que je me suis fait virer du collège. Ma mère m'a inscrite à l'Institut National pour Jeune Sourds de Paris, j'ai finis mon collège là-bas. Ensuite, j'ai été placé dans lycée en partenariat, avant de me faire virer pour une connerie. Là, je suis ici depuis l'an dernier. C'est plein d'idiot ici, faut s'y faire et les ignorer. »
Tu comptais manquer la prochaine période, tu avais gym et c'était toujours l'horreur. Ton prof vous faisait jouer au basket c'est temps-ci. Et bien entendu, personne ne te voulait dans son équipe, parce que tu n'entendrais pas si on te criait pour te donner la balle. Tu comptais donc prendre ta moto et te pousser. Aller te promener, aller ailleurs. Tu regardais Charlotte avec attention, tu pourrais l'inviter à venir. Curieux, tu lui demandas: « Quel cours as-tu à la prochaine période? »
Bien entendu, tu allais attendre de savoir ce qui allait lui arriver. Tu étais certain que monter sur ta moto serait un défi pour Char, mais tu n'avais aucun doute que rien ne lui serait impossible si elle le décidait, tout comme toi.
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Sujet: Re: lunch buddies (axel). 30/1/2016, 06:00
Lunch buddies
axel & charlotte
Charlotte ne savait pas s'il avait fait attention à son épanchement verbal, elle n'en avait que faire à vrai dire. Ou, plutôt, essayait de s'en convaincre. Avec une certaine réussite, il fallait l'avouer. L’adolescente picora rapidement son déjeuner, désormais froid, écoutant Axel d'une oreille attentive. Veillant à ne pas le couper. Tout le monde sait que je me suis fait virer du collège. Ma mère m'a inscrite à l'Institut National pour Jeune Sourds de Paris, j'ai finis mon collège là-bas. Ensuite, j'ai été placé dans lycée en partenariat, avant de me faire virer pour une connerie. Là, je suis ici depuis l'an dernier. C'est plein d'idiot ici, faut s'y faire et les ignorer. Charlie ne l'avait pas quitté des yeux, acquiesçant par-ci et par-là. C'est vrai, concéda-t-elle finalement, mais je voulais faire preuve de ... délicatesse ? Plus question qu'affirmation, elle tenta un petit sourire désolé, gêné - qui n'était que trop récurrent depuis le début de leur conversation. Il fallait que cela cesse. Et ça fait déjà pas mal de temps que tu es ici. Je ne le savais pas. La jeune femme s'arrêta quelques instants, plissant les yeux, réalisant là sa "bêtise". Ils n'avaient jamais réellement parlé depuis son arrivée ici. En même temps, c'est plutôt normal. Charlotte regarda distraitement autour d'elle. Cet endroit était rempli d'idiots, Axel n'avait que trop raison. Ses prunelles s'arrêtèrent sur le reste de leur table, leur grande et vide table. Occupée seulement et uniquement par eux deux. Étrangement, elle ne l'avait remarqué avant, comme si elle avait été dans une bulle que seul Axel et elle occupaient. Ce qui s’avérait plutôt vrai après tout. De son côté tout du moins. Mais, et cela montrait le processus de pensée du cerveau de Charlotte plutôt bien, la jeune femme ne put s'empêcher de cogiter -et de s’inquiéter- à ce propos ; avait-elle interrompu ce moment privilégié qu'Axel choisissait de passer seul ? Mangeait-il seul ? Et par choix ? Ses sourcils s'étaient immédiatement froncés. Soucieuse de l'avoir potentiellement empêché d'exécuter une quelconque routine qu'il avait mis en place. Quoique, cela aurait été plutôt bizarre. Pas impossible, pourtant. Axel préférait peut-être manger seul, peut-être était-ce quelque chose que tous les autres savaient parfaitement. Il était vrai que Charlotte l'avait déjà aperçu ici même, oui, mais elle avait ensuite vaqué à ses occupations - c'est-à-dire ; retourner dans le monde de Charlotte où elle était souvent coincée. Articulant quelques phrases par-ci, par-là à ses amies quand elles mangeaient ensemble, quand Charlotte choisissait de ne pas manger seule dans la bibliothèque. Elle ne lui avait donc jamais vraiment prêté attention durant ces moments-là. Charlotte n'arrivait pas à arrêter son train de pensée, à l’évidence. Le Roux espérait que son agitation intérieure ne striait pas trop son visage. Il fallait qu'elle change de sujet, rebondisse sur ce qu'il lui avait confié plutôt. Mais ... Elle n'était pas trop sûre de l'endroit où elle s'aventurait. C'est bizarre, comme si c'était la chose étrange de ce déjeuner -ha!, t'as pas l'air de quelqu'un qui se fait virer. Et c'était on ne peut plus vrai, il ressemblait à un vrai enfant de chœur ... Jusqu'à ce qu'on l’aperçoive sur sa moto. Pas qu'il faut avoir un air particulier pour se faire renvoyer, se défendit-elle bien qu'il n'ait pipé mot. Ce que je veux dire, c'est que t'es pas une de ces brutes qui martyrise les g-, gens comme nous avait-elle presque soufflé inconsciemment, autres ! Même Charlotte se perdait elle-même. Elle était inutile. Elle espérait de tout son être qu'Axel vienne à leur secours ... bon dieu qu'il devait regretter l'avoir acceptée à sa table ! Et ce dernier devait vraisemblablement être doté de pouvoirs, il avait entendu sa demande. Quel cours as-tu à la prochaine période ? Bonne question. Euh, quel jour était-il déjà ?, histoire il me semble. Et cela ne l’enchantait pas plus que cela. Rendu flagrant par l'expression qu'elle arborait. La charlotte à tendances anxieuses et déstabilisée reprit le contrôle, elle était vraisemblablement tenace, pendant quelques secondes à nouveau. Assez pour tenter un légèrement incertain et quelque peu timide ; p-pourquoi ? Et elle s'en mordait les doigts à peine les mots avaient franchi ses lèvres. Elle ne comprenait pas pourquoi elle se comportait ainsi avec Axel. Ce n'était pas qu'Axel l'impressionnait, non, mais elle ne pouvait pas en dire de même pour son aisance. Cette confiance en soi qui émanait de lui. Enfin, je veux dire, et toi ? Charlotte reprit sa fourchette en main, terminant sa nourriture que peu ragoutante en attendant -avec impatience- sa réponse. Charlotte trouvait la manière avec laquelle il parlait tellement belle. C'était comme une mélodie à ses yeux -ou plutôt oreilles. Elle s’inquiétait et se demandait tout de même si cela requérait un effort considérable, en plus, pour lui. Charlotte le regardait, plus intensément qu'elle ne l'avait auparavant fait, il l'éblouissait. Axel était éblouissant. Elle ne venait pas le de remarquer, non, mais de le réaliser. Et, se trouvait peut-être là, la raison de son comportement si étrange. Une des raisons. L'adolescente se comportait possiblement ainsi parce qu'ils se connaissaient déjà. Avant. Axel connaissait la Charlotte d'avant l'accident, celle qui s'était effacée timidement avec la disparition de ses parents pour ensuite s'égarer durant les longues heures de thérapie. Avant de disparaître complètement lors de ses innombrables, interminables, infernales heures de rééducation. Il ne lui restait plus que des fragments de l'ancienne Cha qui, parfois, apparaissaient sans crier gare. Mais ce n'était pas un de ces moments, pour l'instant.