.interrogatoire surprise.

Ce qu’elle s’apprête à faire, Malory n’en est pas vraiment fière. Seulement, elle a besoin d’être sûre que celui que Olivia voit n’est pas un autre connard qui va se foutre de sa gueule. Après tout, elle est toujours là pour elle quand elle se sent mal, alors c’est à son tour de lui rendre la pareille. La jeune femme attend que son amie se dirige vers les toilettes pour prendre son téléphone qu’elle a laissé sur la table du salon. Elle connait son code pour l’avoir vu le taper plein de fois et déverrouille le portable. La blonde s’empresse d’aller dans les contacts et de récupérer le numéro de Théo. Malo le note rapidement dans son propre téléphone avant de reposer celui de sa meilleure amie avant qu’elle ne revienne des toilettes. Sans se rendre compte de ce que Malory a fait, Olivia revient et elles reprennent leur conversation comme si de rien n’était. L’après-midi passe à une vitesse folle et quand la brune se décide à partir, elle n’a même pas encore franchi le pas de la porte, que Malo est déjà en train de taper un sms pour Théo. « Salut, je sais que tu connais pas ce numéro. Je suis Malory, la meilleure amie de Olivia. Je ne sais pas si elle t’a parlé de moi. Bref, c’est pas pour ça que je t’envoie un sms. Je voudrais savoir s’il était possible qu’on se rencontre ? Je sais que je devrais attendre que Olie fasse les présentations officielles, mais je m’inquiète pour elle. Je t’attendrais dans le 16ième à 19h au 16e sens. Je serai la blonde sans chaussures. » La jeune femme n’attend même pas de réponse de la part du brun. Après tout, c’est un peu bizarre de recevoir ce genre de message. Si elle avait été à la place de Théo, elle aurait pris peur. Mais, elle se serait rendu au rendez-vous par curiosité. Elle est trop curieuse pour ne pas saisir une occasion comme celle-là. Du coup, elle espère que le jeune homme l’est également. Sinon, elle va se retrouver vient conne à l’attendre à une terrasse de café. Elle enfile donc un sweat qu’elle remonte sur ses bras révélant ces quelques tatouages et passe une paire de chaussette dépareillées comme à son habitude, une rouge et une orange. Cette fois, elles sont unies et sans pois ou autres fantaisies dessus. Malory attrape ses clés de maison avant de sortir de chez elle et de fermer la porte. Un coup d’œil à l’heure lui apprend qu’elle a encore du temps avant de devoir le retrouver. Elle souffle et prend la direction du 16ième avec entrain. Elle ne sait pas du tout comme ça va se passer et elle appréhende un peu tout ça. Et s’il ne venait pas ? Et s’il la prenait pour une folle ? Et si Olie apprenait ce qu’elle a fait ? Et si à cause de ça, il refusait de revoir Olivia ? Toutes ces questions se bousculent dans son esprit alors qu’elle commence à marcher plus vite sous l’effet du stress. Malo tripote ses cicatrices nerveusement. C’est un tic qu’elle a. quand elle est stressée ou nerveuse, elle touche inconsciemment les cicatrices faites par ses tentatives de suicides.  Elle ne veut pas nuire à sa meilleure amie mais en même temps, elle veut s’assurer que ce n’est pas un connard qui se fout de sa gueule. Elle tient trop à la cadette Thavaud pour la laisser faire n’importe quoi. La jeune femme prie pour que si Théo vient à parler de cette entrevue à Olie, elle ne lui en veuille pas pour le reste de sa vie. Faudra qu’elle comprenne qu’elle faisait ça pour son bien et que ça partait d’une bonne intention. En plus, contrairement à Olympe, Malory n’a jamais en vrai à quoi il ressemble. Une photo ne rend pas forcément bien. Il peut être photogénique et carrément dégueulasse en vrai. Sauf que bon, vu le canon que Olivia lui a montré est peut-être photogénique, mais en vrai, il doit sûrement être aussi canon. C’est d’ailleurs tout à fait le type de la fille Lombard. Si Olivia n’avait pas été celle sur son chemin, elle aurait définitivement essayé quelque chose. Cependant, le visage de Manon s’impose à son esprit alors qu’elle le chasse en secouant la tête. Oui elle est attirée par la fille Lesca, en même temps, elle est carrément canon, mais ça s’arrête là. C’est ce qu’elle essaie de se convaincre alors qu’elle continue son chemin et qu’elle arrive enfin au café. Malory prend place sur la terrasse, loin de ce couple de fumeur et attend patiemment qu’il daigne se montrer. Un serveur arrive pour prendre sa commande. Malo demande simplement un thé et le regarde partir. Elle espère tout de même que Théo viendra et qu’il ne l’aura pas prise pour une folle. Enfin, elle est quand même un peu folle de faire quelque chose comme ça dans le dos de sa meilleure amie.

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.interrogatoire surprise.

Il m’est arrivé de recevoir des messages, écrits ou vocaux, étranges. Je peux vous affirmer qu’il y a une bonne quantité de délurés dans le milieu dans lequel je travaille, à savoir celui de la musique, et j’en ai fait les frais plus d’une fois. Pour ne citer qu’un exemple parmi tant d’autres, un homme m’a un jour laissé un message sur ma messagerie pour me demander si j’étais intéressé par l’élaboration d’un disque entièrement constitué de musicalité bovine. Oui, oui, vous avez bien lu. Un mec voulait réellement enregistrer des bruits de vaches, buffles et autres bovinés pour en faire un album. Non pas que je n’aime pas les animaux, mais quand même. Et encore, c’est un exemple plutôt bas de gamme que je vous offre là. Bref, vous l’aurez compris, j’en ai rencontré des vertes et des pas mûres. Par contre, recevoir un sms de la part de la meilleure amie de la fille qui m’intéresse –meilleure amie que je ne connais ni d’Eve, ni d’Adam, je tiens à le préciser ; d’ailleurs, je croyais connaître la meilleure amie d’Olivia, n’était-ce pas la blonde à lunettes avec laquelle elle passe des heures interminables au Starbucks ?-, ça ne m’était encore jamais arrivé. Encore moins pour me dire des phrases du type « je m’inquiète pour elle » ou encore « je serai la blonde sans chaussure ». Je ne sais pas laquelle de ces deux phrases doit le plus m’interpeller…

Après une journée de travail interminable qui a eu le don d’user mes nerfs déjà sensibles, je me vois enfin libéré de mes obligations et rentre chez moi sans demander mon reste. Je m’offre une douche salvatrice et me change pour enfiler un jean et un tee-shirt. Puis je me laisse tomber sur le canapé avec la ferme intention de continuer mon aventure en compagnie de Richard Papen et compagnie, personnages issus de l’imagination de Donna Tartt. Cependant, je suis incapable de parvenir à la fin de ma page, car mon attention est sans cesse accaparée par l’objet que j’ai délaissé sur un étage de ma bibliothèque, à savoir mon téléphone. À bout de patience, je finis par m’en accaparer et relis pour la énième fois le message de cette prénommée Malory. « Je t’attendrai dans le 16ième à 19h, au 16e sens. » Je vérifie l’heure. 18h35. Jamais je n’y serai à temps, mais si je me dépêche, je peux n’avoir qu’une petite demi heure de retard. Je finis par céder et me relève. Je m’empare de mon portefeuille, mes clés et mon portable, puis je quitte mon appartement pour aller rejoindre le métro. J’arrive au lieu de rendez-vous comme prévu, avec une demi heure de retard. La terrasse est pleine à craquer en ce beau début de soirée, il me faut ainsi un certain temps à repérer la fameuse blonde sans chaussures. Elle n’a étrangement pas perdu patience ni espoir de me voir débarquer étant donné que je la trouve attablée, un verre à la main qu’elle sirote tranquillement en observant les personnes qui l’entourent. Mon sang ne fait qu’un tour lorsque je repense aux mots écrits dans son sms. « Je m’inquiète pour elle. » Je me fraye un chemin parmi les tables et la rejoins. Sans réfléchir, je me jette à l’eau. « Malory ? » Elle lève vers moi des yeux gris clairs qui reflètent le ciel bleu au-dessus de nos têtes. J’ai visé juste, il s’agit bien d’elle. Ouf. « Je… » Mon cœur bat la chamade. Il me faut quelques secondes pour trouver mes mots. J’ai l’air d’un parfait imbécile, debout devant elle au milieu de cette terrasse, parfaitement incapable d’aligner une phrase correctement. « Tout va bien ? Je veux dire, Olivia va bien ? » Bon d’accord, je m’y prends comme un manche. Exaspéré face à ma propre stupidité, je lève les yeux au ciel et soupire avant de lui tendre une main maladroite. « Théo. Désolé, j’ai tendance à me mélanger les pinceaux quand je panique. » Je ris nerveusement puis passe ma main dans ma nuque, main qu’elle n’a pas attrapée. Elle me fixe toujours de ses grands yeux gris et cela en devient déstabilisant. J’attends cependant qu’elle veuille bien me répondre et me conforter dans l’idée que je ne suis pas fou, qu’elle m’a bien écrit ce foutu sms et qu’elle m’a bel et bien demandé de la rejoindre ici. Et j’aimerais aussi qu’elle me rassure au sujet d’Olivia. Car, mine de rien, je me rend compte maintenant que le trac qui me ronge le ventre depuis cet après-midi n’est pas issu de l’idée que je me faisais de cette rencontre impromptue. Il concernait Olivia et uniquement elle. Le message de la blonde a foutu mes sens en alerte et j’ai peur qu’elle m’annonce une terrible nouvelle concernant sa meilleure amie.

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.interrogatoire surprise.

Malory n’a pas pour habitude de faire ce genre de chose. Fouiller dans le portable de ses amies, pire encore dans celui de sa meilleure amie ne lui plait pas du tout. Pourtant, elle s’inquiète pour Olivia. Elle s’inquiète de voir que les choses n’avancent pas avec Theo ou alors, que ça n’avance pas, parce qu’il se fout de sa gueule. Malo sait que si Olie apprend qu’elle a fait ça, elle peut lui dire adieu pendant un long moment voir même à vie. Seulement, malgré cette épée de Damoclès qui peut s’abattre à tout moment sur elle, la blonde le fait quand même. Elle a besoin de savoir que sa meilleure amie ne s’engage pas une nouvelle fois avec un connard. Alors, une fois, Olivia hors de son champ de vision, elle attrape son téléphone et récupère le numéro de son jules. Une fois que c’est fait, elle attend que la jeune femme s’en aille avant d’envoyer un message à Théo. Elle sait que ça parait fou, que c’est totalement insensé et qu’à la place du jeune homme, Malory ne viendrait pas au rendez-vous, mais elle a besoin de savoir les véritables intentions de Théo. Ainsi, la blonde se retrouve à se préparer pour être à l’heure au rendez-vous. Elle ne supporte pas de ne pas être ponctuelle et elle espère que lui le sera. Elle checke une dernière fois son téléphone pour voir qu’il n’a pas répondu à son sms. Viendra-t-il seulement ? Malo se rend compte à quel point son message peut paraitre bizarre mais elle s’en moque. Le bienêtre de sa meilleure amie passe avant tout. Elle arrive donc à l’heure dans le bar où aura lieu l’interrogatoire. Parce que c’est ce qu’elle a l’impression de faire. Elle a le sentiment d’être un flic de mauvaises séries qui va interroger un de ses indics dans un lieu public. Elle s’installe donc à une table en terrasse et croise ses pieds nus sous la table. Malory sent les regards sur elle et ses pieds. Elle sait que ça dérange les gens de la voir comme ça, qu’ils la prennent pour une sans-abri ou quelque chose dans le genre. Seulement, elle, elle s’en contrefout. Elle fait ce qu’elle veut et si ça plait pas, elle emmerde les gens. Un serveur vient troubler ses pensées alors qu’elle commande un thé et qu’il lui apporte dans les deux minutes suivantes. Malo fixe sa montre toutes les deux minutes et plus le temps passe et plus elle se dit qu’il ne viendra pas. Il a sûrement dû prendre peur et il va la laisser poireauter toute seule. Faudrait qu’elle s’en aille. Elle ne va pas rester à faire la plante verte sur la terrasse du bar pendant toute la soirée. Pourtant une partie d’elle n’arrête pas de lui répliquer qu’il va venir, qu’il va se montrer et qu’ils discuteront de Olivia pendant quelques minutes. Une demie-heure plus tard, Malory commence à perdre espoir. Elle soupire et finit son thé pour partir quand elle entend son prénom, dit par une voix masculine. Aussitôt, elle repose sa tasse et relève les yeux vers celui qui vient de l’appeler. Oh mais quel bel apollon ! Est-ce que c’est Théo ? D’un côté, la jeune femme l’espère et de l’autre pas du tout. Il commence à parler mais se stoppe presque essoufflé alors qu’il n’a pas dû faire courir pour arriver jusque-là. Malo se contente de le fixer et de le laisser parler. Sa voix trahit sa précipitation à savoir ce qui se passe pour Ollie et de la panique ? La blonde n’est pas sûre mais ça y ressemble grandement et quand le jeune homme s’excuse parce qu’il est paniqué, elle ne peut pas s’empêcher de l’observer encore et encore sans se soucier du fait que ça pouvait le rendre mal à l’aise. Est-ce qu’il tient réellement à Olivia ? Est-ce qu’il joue la comédie ? Est-ce qu’il envisage quelque chose avec elle ? Se fout-il d’elle ? Tant de questions qui se bousculent dans le crâne de Malory alors qu’elle continue de fixer le jeune homme sans un mot. Après quelques secondes, elle prend enfin la parole. « Assis toi, on sera mieux pour discuter. » Elle attend qu’il le fasse avant de reprendre. « T’inquiète pas, il ne se passe rien de grave avec Olivia… Juste moi qui suis inquiète pour elle, par rapport à toi. » Malo croise les mains en dessous de son menton et appuie ses coudes sur la table. Elle attend que Théo ait bien assimilé que c’est lui le problème pour prendre la parole à nouveau. « Ollie ne sait pas que je t’ai contacté. A vrai dire, je suis sûre qu’elle me tuerait sur place si elle l’apprenait. Mais disons qu’elle a toujours été là pour moi quand je n’allais pas bien et que je veux lui rendre la pareille. » Pas besoin de lui dire qu’elle est bipolaire. Ce serait une façon de le faire fuir. « Jusqu’à maintenant, elle n’est tombée que sur des connards qui lui ont brisé le cœur. Je veux juste m’assurer que c’est pas ce que tu comptes faire… » Malory ne l’a pas quitté des yeux alors qu’elle continue de parler. Ça doit vraiment être bizarre pour le brun d’avoir cette blonde aux yeux gris, tatouée et pieds nus, qui le regarde sans ciller.

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