Invité Invité | Sujet: (chris&héloïse) l'univers ne gravite pas autour de toi, princesse. 24/12/2015, 18:24 | |
| patience feat. chris & héloïse Je passe la soirée chez Aurore, à moitié avec elle, à moitié sur mon ordinateur à bosser sur un truc pour les cours. Je suis là sans vraiment l'être, la tête plongée dans mes notes, dans ce dossier qui me prend la tête plus que nécessaire. Présent. Ailleurs. Elle me laisse travailler sans m'importuner, je ne sais pas ce qu'elle fait, la tête plongée dans son ordinateur et ça ne m'importe pas vraiment. Petit-ami à la noix, je sais. Pas uniquement parce que je dois bosser sur un projet pourri au lieu de profiter de ma soirée avec elle, non, si ce n'était que ça, ça passerait encore. Bidon parce que je ne pourrais jamais lui offrir ce qu'elle mérite. Bidon parce que je passe beaucoup trop de temps avec d'autres femmes. Bidon parce que je lui mens beaucoup trop. Bidon parce que je ne l'aime pas suffisamment. Je ne veux pas l'aimer. Je ne veux pas être attaché à quelqu'un. Je ne veux pas souffrir et j'agis comme un con. Petit-ami en carton.
J'éloigne cette pensée de mon esprit et je me concentre à nouveau sur mon dossier. Je dois le rendre dans une semaine et je suis totalement à la ramasse. Je ne suis pas du genre à anticiper les choses, je me retrouve toujours à travailler à la dernière minute et à rendre des trucs à peine passable. Ça m'apprendra. Ce dossier m'énerve. Non pire encore, ça me gonfle littéralement. Je suis à deux doigts de tout envoyer valser pour la soirée quand mon téléphone vibre dans ma poche. Je le sors, le nom d'Héloïse apparaît, non, je ne suis pas le genre à mettre des petits surnoms débiles dans mon répertoire. Je ne suis pas non plus le genre à modifier les prénoms pour éviter que ma petite-amie ne tombe sur des conversations qu'elle ne devrait pas voir. J'ai toujours été clair avec elle, enfin, c'est ce que je ne cesse de me répéter. Oui, je lui ai dit au début de notre histoire que je ne voulais rien de sérieux, mais j'avoue n'avoir jamais relancé cette conversation. À mes yeux, elle sait et je ne veux pas avoir le droit à une conversation houleuse si ce n'est pas le cas. J'ouvre le message de la jolie Demange. « Rejoins-moi à l’hôtel de Notre-Dame vers vingt-trois heures. Demande la chambre de Mlle Demange. Ils te laisseront monter. » Pas de formules de politesse, pas de « bonjour », pas de « j'espère que je ne te dérange pas », pas de « t'es disponible pour qu'on se voie ? », pas de « comment tu vas depuis le temps ? », rien de tout ça. Une adresse, une heure, une indication et c'est tout. Rien de plus, digne d'elle-même. « Rejoins-moi et si tu es occupé, démerde-toi. » Elle se croit tout permis, comme toujours, elle pense que tout lui est dû. Elle pense que je vais tout envoyer valser pour aller la rejoindre parce que Mademoiselle a toujours tout obtenu. Pourrie gâtée. Je pose mon téléphone à côté de l'ordinateur sans prendre la peine de lui répondre. Non, je ne vais pas la rejoindre. Non, je ne vais pas tout envoyer chier pour ses beaux yeux. Non, elle peut rêver. Elle va attendre toute seule dans son hôtel trop luxueux et ce sera très bien comme cela. J'exagère ? Oui, très probablement. Elle est ainsi depuis que je la connais, je ne vois pas pourquoi ça me dérange plus aujourd'hui qu'hier. Enfin, si, je sais très bien pourquoi aujourd'hui je ne le supporte pas. À cause de ce qu'elle a sous-entendu la dernière fois que l'on s'est vu. À cause de son putain de sourire fier. À cause de cet air sûr d'elle lorsqu'elle m'a balancé que j'aimais Aurore. Je la supporte lorsqu'elle joue sa princesse avec les autres. Je la supporte lorsqu'elle s'amuse à me saouler sur des broutilles. Je supporte beaucoup de choses d'elle pour des raisons que je préfère ne pas m'avouer, mais ce que je ne supporte pas du tout, c'est qu'elle se mêle de ma vie. Elle devrait déjà gérer le bordel qu'est la sienne au lieu de venir me gonfler avec ses phrases débiles, sa conviction à la noix et sa psychologie de comptoir.
Je tente de la faire sortir de mon esprit et je reprends ce que je faisais. Sans vraiment le vouloir, je ne cesse de guetter les minutes qui défilent, mon regard fait des allers-retours entre l'ordinateur et le téléphone, comme si j'attendais un autre message de sa part. Je suis stupide et je me désespère. Rien à faire. Je n'arrive pas à me concentrer, je n'arrive pas à avancer sur mon dossier et je ne cesse de l'imaginer à attendre comme une conne à son hôtel. Ce qui est encore plus stupide, c'est que ça me fait plaisir. J'aime l'idée que pour une fois, elle n'obtienne pas tout ce qu'elle désire. J'aime l'idée de la laisser patienter sans la moindre nouvelle. J'aime l'idée qu'elle doit bouillonner parce qu'il est vingt-trois heures passé et que je ne lui ai envoyé aucun SMS. Je l'imagine, seule dans sa chambre, à pester contre moi et je jubile. Tu veux jouer Héloïse ? Tu veux tout contrôler ? Tu veux tout savoir ? Et bien, vas-y, mais tu le feras seule dans ton coin. Je t'en prie, tente de faire de la psychologie de comptoir maintenant. Un immense sourire trouve le chemin de mes lèvres. Cette fois, je pense que c'est clair, je déraille complètement.
Je décide d'éteindre mon ordinateur, inutile de chercher à écrire quoi que ce soit maintenant, ce serait trop utopique. Mon esprit est ailleurs, loin de ce dossier, il vogue jusqu'à une chambre dans un hôtel du quatrième arrondissement. Aurore lève les yeux de son écran et me jette un regard plein d'incompréhension. Je n'ai cessé de lui dire que j'allais devoir passer la nuit là-dessus et là, j'arrête alors que j'ai à peine avancé. Je sais, je perds l'esprit, je vais le regretter, mais c'est de la faute de l'aîné des Demange, encore et toujours. « Urgence familiale. Je dois aller régler un truc. » Crédibilité zéro. Je le sais, elle le sait également, mais elle ne prend même pas la peine de relever. Un immense sourire étire mes lèvres et contraste totalement avec l'excuse pourrie que je viens de lui lancer. Je ferme mon ordinateur et je me dirige vers elle avant d'effleurer ses lèvres des miennes. Ça ne me ressemble pas, c'est un joli désolé masqué. « Je reviens dès que possible. Je suis désolé. » Je passe la porte avant d'entendre la moindre remarque de sa part. Est-ce que je reviendrai ? Probablement. Est-ce que je suis désolé ? Probablement.
Je sors de l'immeuble et je m'engouffre dans une bouche de métro. Je ne suis pas à côté de Notre-Dame, je vais arriver avec énormément de retard, mais ça lui apprendra la patience. Héloïse, patiente. Douce ironie. Je m'installe dans le métro sans jeter le moindre regard aux personnes qui m'entoure. Je sors à nouveau mon téléphone. Pas de nouveau message. J'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et je regarde les stations défiler sans intérêt. Perdu dans mes pensées. Perdu bien loin de tout ce qui se déroule autour de moi. Pourquoi alors que je comptais la faire chier, j'ai craqué et je me dirige jusqu'à son hôtel ? Très bonne question que je tente de faire disparaître de mon esprit. Si je vais la voir, c'est uniquement pour la faire chier. Uniquement. Rien d'autre, rien de plus. De toute façon qu'est-ce que ça pourrait être d'autres ?! Je la revois me lancer pleine d'assurance « Tu m'aimes ? » et je secoue la tête pour éloigner cette phrase stupide de mes pensées.
Je monte enfin les escaliers qui m'éloignent du métro et à peine sorti, je me sors une cigarette que j'allume. Je fume et je me dirige vers son hôtel, enfin, l'hôtel dans lequel elle a décidé de séjourner parce qu'elle a une tonne d'argent à dépenser bêtement. Mademoiselle possède un logement luxueux, immense, mais elle préfère loger à l'hôtel. Je ris presque à cette pensée. J'attrape mon portable, il est presque minuit, presque une heure à attendre sans la moindre nouvelle. J'aimerais être une petite souris pour aller voir l'état dans lequel elle se trouve, vraiment. Je sors mon téléphone et je commence à taper un message pour la jolie brune. « Je ne peux pas te rejoindre. Je t'attends en bas. » Envoyé. Pas de « bonjour », pas de « désolé pour le retard », pas d'explications. Rien. Deux petites phrases sans smileys. J'aurais pu monter la rejoindre dans sa chambre, j'aurais pu, oui, mais ce n'est pas quand elle veut, où elle le veut. made by guerlain for bazzart |
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