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(victor) he’s in love with the pain. I couldn’t stop caring.

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Jaesun Chesnais
Jaesun Chesnais
l'elixir de nina ricci

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MessageSujet: (victor) he’s in love with the pain. I couldn’t stop caring. (victor) he’s in love with the pain. I couldn’t stop caring. Empty28/6/2016, 11:03


i couldn't stop caring

It’s all the same, he takes the world and I take the blame.
It’s all the same, he wants to drown and I break the chain.
Shot down, he’s coming like a hurricane.
Shot down, he’s in love with the pain
I couldn’t stop caring (by anaëlle)

Une fois dans la rue, Jaesun respira un bon coup. Jamais il n’avait eu autant l’impression d’étouffer et l’air frais lui fit un bien fou. Silencieusement, il raccompagna Victor marchant à ses côtés, une main toujours enserrée à une des poignées. En apercevant les bars sur leur chemin, Jaesun eut envie de s’arrêter, de commander un verre pour le partager avec Victor comme si de rien n’était, mais ils n’étaient pas amis. Tout ce que voulait Victor était de rentrer chez lui après ces émotions fortes et Jaesun ne le forcerait en aucun cas à rester plus longtemps dans la rue s’il n’en avait pas envie. Il savait pourtant qu’il fallait réapprendre à Victor à apprécier les petits plaisirs de la vie, mais aujourd’hui n’était pas le bon moment. Cependant, en passant devant un traiteur asiatique, il s’arrêta. Son ventre criait famine après la session de danse intensive et tous ces cris. Toujours sans attendre l’avis de Victor, il entra dans la petite boutique en poussant le fauteuil devant lui. Le laisser attendre dehors et prendre le risque qu’il fille ? Jamais. Puis il voulait lui montrer qu’il n’avait aucune honte d’être avec lui, il fallait qu’il comprenne que sa vie était précieuse aux yeux des autres mais surtout aux siens.

Rapidement, il commanda pour deux, prenant un peu de tout. Si Victor ne voulait pas manger tout de suite, ça lui ferait un repas tout prêt. Commande en main, il la posa ensuite sur les genoux de son patient et salua la dame qui les regardait d’un air bien veillant. Jaesun espérait que ce genre d’attitude envers lui aiderait Victor à s’apprécier un peu plus lui-même. Face à l’immeuble du plus âge, Jaesun hésita un peu. Ne devrait-il pas le laisser souffler ? Bien sûr. Mais une petite voix en lui n’était pas de cet avis. Elle lui criait de monter, de rester près de lui. Le voir pleurer lui avait brisé le cœur et même si Victor avait agi comme un con à la salle, Jaesun n’arrivait pas à lui en vouloir complètement. Le silence entre eux aurait pu être pesant mais contre toute attente, Jaesun le trouva presque réconfortant. Il profita de chaque instant calme en compagnie de son patient. Peut-être que tout ça allait évoluer dans le bon sens cette fois ? Son côté extrêmement positif le poussait à y croire.

Une fois l’appartement ouvert par Victor, Jaesun s’y engouffra. S’il avait été sur pieds, il aurait sûrement tenté de refermer la porte rapidement mais sa mobilité réduite le privait de cette possible joie. Jaesun se faufila jusqu'à la cuisine après avoir récupéré le sac alimentaire. Il était presque aussi à l’aise chez Victor que sur son propre territoire grâce aux nombreuses heures passées en ces lieux. « Je vais réchauffer les plats… » Se tournant vers son patient, Jaesun scruta son visage fatigué puis remonta à ses cheveux devenus bien longs. Ses racines noires devenaient bien trop importantes et si Jaesun aimait bien le contraste avec ses cheveux platines, il était temps de faire quelque chose ou il allait redevenir tout brun. « Vos cheveux ont bien poussé… Est-ce que vous voulez que je m’occupe de vos racines ? Ou… peut-être que vous voulez redevenir brun ? » Jaesun avait pu voir des photos de lui avec sa couleur naturelle et il ne pouvait nier que ça lui allait bien mais il avait une petite préférence pour ce blond très clair. Le plus jeune avait d’ailleurs pris la liberté d’acheter des produits chez un grossiste en coiffure dans l’espoir qu’un jour Victor accepterait de le laisser s’occuper de sa tignasse. Hors de question d’effectuer une décoloration de supermarché, Jaesun avait choisi des produits conseillés par une charmante demoiselle, il avait même pris de quoi varier les couleurs. Du rose, du gris et du vert. La prochaine fois, il prendrait du bleu. Il était sûr que ça lui irait. Fixant le blond, il ne put s’empêcher de faire une moue suppliante qu’il avait apprise grâce à Elsa. Soit disant les gens en Corée appelait ça de l’aegyo et ça rendait « mignon ». Jaesun avait plutôt l’impression d’être con mais peu importait, ça marchait dès qu’Elsa lui faisait le coup, peut-être que Victor succomberait ?
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MessageSujet: Re: (victor) he’s in love with the pain. I couldn’t stop caring. (victor) he’s in love with the pain. I couldn’t stop caring. Empty17/7/2016, 22:16


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Rentrer chez lui et disparaître. Se faire oublier. C'était tout ce qu'il désirait pour le moment. Tout ce qu'il attendait. Juste ça. Parce qu'il était prêt à s'effondrer, plus encore. Et il ne supporterait pas le regard de Jaesun – ou même de qui que ce soit d'autre – qui découlerait d'un véritable pétage de cable. C'est pourquoi il voulait absolument retourner chez lui, se terrer et n'en ressortir que lorsque sa carapace se serait à nouveau reconstituée. Ca allait prendre du temps, il se savait. Mais il était inconcevable pour lui de craquer à nouveau. Car s'il craquait... il ne pensait pas être capable de se relever. Il atteindrait un point de non retour. Et il souffrirait de façon certaine. Il se refusait à l'idée de morfler encore. D'endurer à nouveau ce qu'il avait enduré en apprenant que plus jamais il ne pourrait danser. Plus jamais. Il en avait déjà parfaitement conscience, bien sûr. Mais il arrivait, par le biais de son comportement ronchon, en se focalisant sur des broutilles peu importantes, en se défoulant sur des innocents ne voulant que son bien, à penser à autre chose. Et à ne pas sombrer dans la folie.

Il lui demanda son aide, parce qu'il n'avait pas le choix. Parce que se hisser sur son fauteuil depuis le sol, il n'en était pas encore capable. Pas la force dans les bras. Lui qui avait toujours été fluet... Il se voyait obligé de gagner en musculature pour arriver à soulever son propre poids. Mais ça n'était pas encore le cas. Et puis il ne s'aidait pas non plus vu qu'il restait la plupart du temps immobile devant sa télévision... Alors oui, il lui fallait une assistance, celle de Jaesun. Celle de celui face à qui il avait craqué. Celle de celui face à qui il avait pleuré. Celle de celui qui l'avait enlacé... Pourquoi avait-il fait ça ? Il n'en revenait encore toujours pas. Il ne comprenait pas pourquoi il lui avait témoigné une telle tendresse, tout à coup. Il ne la méritait définitivement pas. Avait-il eu pitié ? C'était une possibilité. La possibilité la plus probable à ses yeux.

Il en était là de ses réflexions lorsqu'il se rendît compte qu'ils étaient déjà à l'extérieur, en route pour... chez lui ? Il ne lui avait rien demandé. Et au point où il en était, il n'osait même plus ouvrir sa gueule. Levant les yeux discrètement vers le garçon, il détailla son expression. Il avait simplement l'air déterminé. Son air déterminé habituel. L'air de ceux qui sont jeunes et ont encore des rêves, des objectifs. Et que la vie n'a pas trop malmené. Mais après, sa vie, il ne la connaissait pas. Il ne s'y était jamais intéressé. Il avait refusé de le faire. Imbécile.... Non. Non, il recommençait à se fendiller. Fermant les yeux, il passa une main sur son visage, se laissant transporter sans un commentaire. Ca l'arrangeait. Pleurer l'avait épuisé et il aurait été prêt à s'endormir.

Il fût surpris lorsqu'ils entrèrent chez un traiteur. Vietnamien, chinois, japonais... il n'avait pas tout à fait déterminé de quelles traditions étaient tous les plats étalés face à son nez renfrogné. Qu'est-ce qu'il trafiquait? Levant les yeux vers le garçon il constata qu'il était en train de commander. Enormémement. Etait-ce pour lui-même ou était-il en train de lui offrir aussi le repas. Il aurait protesté s'il l'avait constaté avant mais il était maintenant trop tard. Ils étaient déjà en train de repartir. Fixant le sol, il fronça les sourcils, ne comprenant plus. Ils s'étaient insultés mutuellement il y avait de ça quelques instants. Pourquoi restait-il aussi gentil ? Il lui faisait pitié. Ca ne pouvait être que ça. Que ça.

Ils furent enfin chez lui. Victor ne tenta même pas de refermer derrière lui avant que Jaesun n'entre. Il était trop fatigué pour ça. Il se contenta de soupirer et de tâcher de retirer ses chaussures. Il entendît à peine le plus jeune lui dire qu'il allait réchauffer les plats, trop concentré sur sa position délicate et plutôt ridicule. Défaisant comme il pouvait ses scratch – c'était plus facile à fermer ainsi – il dégagea ses pieds non sans un sifflement de douleur. Ses membres inférieurs étaient encore et toujours sensibles et le resteraient certainement à vie. Il finît par se diriger lentement en direction du salon dans le but ultime de s'échouer sur son canapé. S'y hissant difficilement alors que les effluves des plats cuisinés lui montaient au narine, le faisant saliver, il fût pris de court par son estomac grognant, réclamant nourriture. Il grogna en réponse en se posant dans le sofa et vînt poser une main sur son ventre. Il aurait voulu refuser ce que Jaesun avait acheté. Par fierté. Par esprit de contradiction. Mais là... il se raviserait peut-être. Il avait définitivement la dalle ! « Vos cheveux ont bien poussé… Est-ce que vous voulez que je m’occupe de vos racines ? Ou… peut-être que vous voulez redevenir brun ? » lui proposa le jeune coréen. Machinalement à ses mots, Victor vînt passer ses doigts dans les mèches décolorées et abîmées qui ornaient sa tête. En effet, il avait constaté dans le miroir – pas celui de la salle de bain, hors d'atteinte mais plutôt celui de poche que sa mère lui avait filé – les dégâts du temps mêlé à son laxisme. C'était devenu laid. Lui qui avait toujours pris grand soin de ses tiffs, qui les avait coloré de mille et une couleur, passant même par une phase arc-en-ciel, se retrouvait aujourd'hui avec une tignasse brute aux racines, d'un brun sombre typiquement asiatique, et de bouts blonds décolorés où filaient encore des résidus d'un rose délavé qui s'était voulu pastel et vif à un moment. Faisant rouler sous ses doigts ses fourches il finît par répondre. « Non... quel intérêt ? » Il s'étonna lui-même de ne pas être agressif. Avait-il tant perdu d'énergie dans cette salle de danse ? Il fronça le nez et les sourcils, en colère devant sa propre faiblesse. « J'veux pas de ton aide en plus. » lâcha-t-il, le ton plus ferme. Comme pour lui signifier que son caractère de merde était toujours là et qu'il s'y agripperait comme à une bouée de sauvetage encore longtemps. « J'ai faim ! Ca arrive quand la bouffe ? » râla-t-il en haussant le ton et en tournant vivement le regard vers le plus jeune. « T'as voulu te ruiner en traiteur là... maintenant me fais pas attendre. T'entends pas comme je gargouille ? Je m'auto-digère là ! » Il était injuste, encore une fois. L'ancien lui, celui qu'il avait refoulé, aurait été reconnaissant, l'aurait remercié d'un grand sourire, de ses yeux rieurs et peut-être même d'une étreinte amicale. Le nouveau lui se devait d'être infecte. Il devait tenir. Il le devait. Et en se retournant dos au jeune homme, il ponctua sa phrase d'un « Crétin. » inutile, faible, à peine audible. Mais juste pour la forme, il l'avait fait pourtant. Par défense. Pour reconstruire sa carapace. Pour l'empêcher de s'émietter. Pour s'empêcher de lâcher prise à nouveau.
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Jaesun Chesnais
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MessageSujet: Re: (victor) he’s in love with the pain. I couldn’t stop caring. (victor) he’s in love with the pain. I couldn’t stop caring. Empty20/7/2016, 13:00


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Impossible de nier que voir Victor pleurer avait touché Jaesun. Il avait senti son ventre se tordre désagréablement et tout ce qu’il avait pu faire était le serrer dans ses bras. La réaction négative qu’il avait attendue n’était pas venue. Victor n’avait pas hurlé, il ne l’avait pas frappé pour se débarrasser de lui, non, il s’était laissé aller. Bien sûr, Jaesun avait senti la réticence dans son corps mais pouvoir le serrer lui avait fait à lui aussi beaucoup de bien. Depuis qu’ils se côtoyaient, jamais le jeune homme n’avait pu lui montrer son soutien par de tels gestes. Il avait essayé de l’aider par les mots, de le rassurer, mais ça n’avait jamais eu d’impact. Aujourd’hui il espérait que cette étreinte ne bloquerait pas Victor un peu plus. Ils venaient de faire un pas vers l’autre mais Jaesun n’était pas confiant, il craignait que Victor ne recule. Alors il fit tout ce qu’il put pour essayer de garder ce petit côté positif. Il acheta à manger et le raccompagna chez lui. Sur le trajet, il ne parla pas, préférant laisser Victor se remettre de toutes ses émotions. Il se doutait de la honte qu’il devait ressentir. Jamais il n’avait craqué ainsi et Jaesun ne voulait pas insister. Beaucoup seraient partis après les mots infectes qu’il avait reçu, après ce geste violent que Victor avait eu envers lui. Un instant, un  très bref instant, il y avait songé. L’insulter, le laisser et partir sans plus jamais se retourner. Seulement, Jaesun en avait été incapable. Il tenait à Victor et surtout, à sa promesse. Il l’aiderait à aller mieux. Et ça marcherait. Le jeune homme devait juste encaisser encore et encore les réactions excessives de la bombe à retardement face à lui. Au fond, il espérait que l’explosion avait eu lieu à la salle et qu’il n’y en aurait pas d’autre mais il n’était sûr de rien. Victor était un mystère pour lui.

Dans l’appartement, il fit comme chez lui. L’aide s’était attendu à se faire virer à peine la porte de l’immeuble passée mais non, Victor avait même laissé la porte ouverte pour lui. Petite victoire que Jaesun ne manqua pas de fêter intérieurement ne laissant rien paraître sur son visage. Il avait pourtant envie de sourire alors il se tourna vers la cuisine et s’affaira à réchauffer les plats. Pensant l’accalmie bien installée, il tenta d’amener le sujet des cheveux de Victor. Il se souvenait parfaitement d’avoir vu le professeur arborer plusieurs couleurs de cheveux par le passé. C’était sa signature en quelque sorte mais aujourd’hui, Victor n’avait plus envie de rien, il ne s’occupait plus de lui. Jaesun serait ravi de l’aider à retrouver une coupe digne de ce nom alors il se proposa. Il avait même acheté les produits qu’il avait ensuite planqués dans la salle de bain. « Non... quel intérêt ? » Le ton trop triste de Victor lui fit mal au cœur.  Mais lorsqu’il ouvrit la bouche pour lui expliquer l’intérêt que ça pouvait avoir, il fut directement coupé. « J'veux pas de ton aide en plus. » Pourquoi avait-il espéré une autre réaction au fond ? Son ton était moins agressif mais toujours aussi froid, ferme. « L’int… » « J'ai faim ! Ca arrive quand la bouffe ? » Croisant son regard, Jaesun se figea. Il n’était toujours pas habitué à ce regard noir et ce ton plus que dédaigneux. « T'as voulu te ruiner en traiteur là... maintenant me fais pas attendre. T'entends pas comme je gargouille ? Je m'auto-digère là ! Crétin. » Bêtement, Jaesun cligna des yeux encaissant les mots durs de son patients. Son cœur se serra lui rappelant bien à quel point l’attitude de Victor le faisait souffrir. Etre détesté à ce point par cet homme le rendait triste. Il faisait tout son possible pour l’aider, pour être agréable et ça ne changeait rien. Il n’était pas faible, non, mais il aurait pu en pleurer. Il mettait ça sur le dos des événements de la salle de danse, ça l’avait sensibilisé. Pourtant, dispute ou pas, plus Victor l’insultait plus ça lui faisait mal. A ça, il ne répondit rien se contentant de sortir les plats à présent chauds. Sans se précipiter – peut-être pour provoquer Victor, il posa le tout sur un plateau et s’avança vers lui. Un instant, il eut envie de poser le plateau loin de lui pour l’énerver mais ça allait encore lui retomber dessus. Puis il n’aimait pas le faire souffrir, il n’était pas assez méchant pour ça alors il posa tout pour que Victor soit le plus à l’aise possible. « J’en ai marre que vous me traitiez de crétin » confia-t-il l’air triste. Victor voulait le blesser et il y arrivait de plus en plus. « Je ne suis pas un crétin. Vouloir être agréable et vous aider ne fait pas de moi un crétin, un débile. Loin de là. » Il eut envie de lui que ses réactions à lui étaient idiotes, mais il ne le fit pas. Non. A quoi bon ? Ça ne ferait qu’envenimer la situation à nouveau et Jaesun n’avait pas le courage de se disputer de nouveau avec lui. Son énergie avait été totalement drainée par leurs cris quelques instants plus tôt. « Mangez. La bouche pleine ça vous empêchera de dire des bêtises. » Jaesun ne prit pas la liberté de s’asseoir près de lui pour partager le repas comme il l’aurait fait avec un ami, il s’éloigna et pris la petite portion qu’il avait gardé pour lui. Pour une fois, cependant, il n’avait plus si faim. Son ventre était noué par la tristesse et il détestait ça. Jaesun n’était pas quelqu’un qui acceptait la tristesse et qui la laissait s’installer. Non, il était joyeux, il aimait sourire et positiver. Aujourd’hui seulement, ça lui paraissait plus que difficile.

Délaissant son repas à peine entamé, il rangea tout au frais sans s’occuper de Victor. Il ne voulait pas lui parler pour repousser au maximum la prochaine dispute. Il entendait presque le « tic tac » du minuteur annonçant leur prochaine altercation. D’un pas plutôt léger, il se dirigea vers la salle de bain et sorti le sac contenant les produits de coloration qu’il avait achetés. Soupirant tristement, il regarda le tout et décida de ne pas laisser le choix à Victor. Il allait lui teindre les cheveux. Avant de retourner au salon, il s’occupa du linge sale du jeune homme et lança une machine avant de plier ce qui était sec pour le ranger dans la chambre. Il en profita pour aérer la pièce qui sentait un peu trop l’homme à son goût. Il en profita pour changer les draps et revint ensuite dans le salon avec le sac de produits et une serviette qu’il posa sur la table de la cuisine. Un rapide coup d’œil vers Victor et il constata qu’il avait terminé de manger. Ça lui fit plaisir quelque part qu’il ait accepté le repas. Sans un mot, il débarrassa  les boites vides avant de récupérer le sac et la serviette de toilette. « Vous savez quoi ? Je ne vous laisse pas le choix. J’ai acheté ça » il laissa tomber le sac sur les genoux du jeune homme et reprit « Il y a de la poudre décolorante, de l’oxydant et surtout, des couleurs pour après. Choisissez celle que vous préférez. » Avant que Victor ne puisse réagir, il sortit le bol et son pinceau puis la poudre  l’oxydant lui laissant les pots de couleurs. Il pourrait y trouver du gris, du vert et du rose. Jaesun savait qu’il avait déjà testé les deux dernières couleurs et il avait pris la liberté d’ajouter le gris. Il avait toujours aimé voir des colorations de ce type même si elles étaient beaucoup trop éphémères à son goût. « Je vais préparer la décoloration. Mettez la serviette sur votre dos, j’arrive. » S’installant sur la table pour faire les mesures grâce à sa balance, il se tourna un instant vers Victor. « Si vous n’acceptez pas, je vous attache à votre siège et je vous le fais quand même alors inutile de songer à un moyen de vous échapper. Et je sais au fond que ça vous tente. » Victor n’avait plus eu sa couleur naturelle de cheveux depuis longtemps, Jaesun ne pouvait pas se tromper en affirmant qu’il aimait ça. Du moins, l’ancien lui appréciait. Il fallait que le nouveau Victor reprenne confiance et ait de nouveau l’envie d’être présentable sans pour autant en faire des tonnes. Avoir une bonne couleur et coupe de cheveux était un premier pas en avant.
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MessageSujet: Re: (victor) he’s in love with the pain. I couldn’t stop caring. (victor) he’s in love with the pain. I couldn’t stop caring. Empty3/8/2016, 22:56


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Shot down, he’s in love with the pain
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La méchanceté gratuite. Il avait toujours détesté ça. Il n'avait jamais compris tout ce qui était sarcasme et humour noir. C'était des choses avec lesquelles il avait appris à vivre certes, mais il n'en avait jamais usé ou abusé. Jusqu'à son accident. Et là... il était devenu tout ce qu'il détestait auparavant. Un individu aigri faisant preuve d'une mauvaise foi à toute épreuve et insultant tout ceux qui daignaient lui accorder de l'attention. Et il était pire encore avec ceux qui souhaitaient l'aider. Parce qu'être lui-même le mènerait à sa perte. Parce qu'il souffrirait. Car s'il prenait en compte ses émotions réelles, il ne s'en sortirait pas. Tout l'optimisme dont il avait pu faire preuve auparavant s'était évaporé. Et il n'était pas sûr de jamais en revoir la couleur. Alors il avait éteint les lumières, avait laissé son âme plongée dans le noir. Et ce qui en ressortait était toute l'animosité du monde. La première victime de son agressivité était Jaesun, sans aucun doute. Car il était le seul à encore vouloir se frotter à lui. Il était le seul à encore l'approcher et à vouloir prendre soin de lui. Les autres avaient abandonné ou n'avaient même pas essayé. Il ne restait que Jaesun. Et sa mère... oui. Mais sa mère subissait moins le venin que crachait Victor. Du moins n'avait il pas le même comportement exactement. Il n'était pas un ange, mais il ne l'insultait pas. C'était déjà ça. Il ne la traitait pas de débile. Ou de crétine.

Alors que Jaesun, il n'avait pas pu s'empêcher de ponctuer sa phrase d'un « crétin » bien piquant. Injustifié, déplacé. Mais incontrôlable. Et pour la première fois depuis qu'ils s'étaient rencontrés... il regrettait presque son propos. Il s'était tellement évertué à être mauvais... mais suite à ce qu'il s'était passé dans la salle de danse, il avait une drôle de sensation au fond des tripes. Comme des remords. Il ne s'excusa pas pour autant et le laissa apporter les plats qu'il avait acheté à table. Regardant le tout en salivant presque, il cacha pour autant sa faim dévorante. Il n'attendît même pas que le garçon s'installe avant de s'emparer des nouilles sautées. Il manqua de lui dire que ce n'était pas trop tôt mais pour une fois se ravisa. Et au fond il n'en aurait pas eu le temps. « J’en ai marre que vous me traitiez de crétin » entendît-il mais il ne bougea pas, restant focaliser sur le plat entre ses doigts. « Je ne suis pas un crétin. Vouloir être agréable et vous aider ne fait pas de moi un crétin, un débile. Loin de là. » continua Jaesun. Et Victor ne leva même pas les yeux dans sa direction. A quoi bon après tout ? Qu'allait-il bien pouvoir lui dire ? Je suis désolé ? C'aurait été un début. Mais ça n'était encore dans ses projets pour autant. Il resta juste immobile, sans rien dire. Pourquoi se sentait-il coupable tout à coup ? Peut-être que l'étreinte que lui avait offert le coréen l'avait touché.. ? Il aurait préféré que ça ne soit pas le cas. « Mangez. La bouche pleine ça vous empêchera de dire des bêtises. » Et sans plus attendre, il planta sa fourchette dans le plat, engouffrant de grandes bouchées entre ses lèvres. Pleurer l'avait certes fatigué, mais lui avait aussi ouvert l'appétit. Bien que les excuses lui mordaient les lèvres, prêtes à sortir, il les retînt et se contenta de manger. Discrètement, il jeta un coup d'oeil vers Jaesun pour le voir manger un peu plus loin sa propre portion. Il avala ce qu'il avait dans la bouche et pinça les lèvres, baissant à nouveau les yeux sur son plat. Il devenait faible. Il le sentait. Car le garçon lui avait fait de la peine à cet instant. Le voir s'éloigner pour manger seul avait quelque chose de triste. Mais c'était de la faute de Victor. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. Et à lui seul.

Il mangea plus lentement, en silence, fixant le vide, se posant mille et une questions. Devait-il changer son comportement ? Etait-il légitime de sa part d'être aussi mauvais ? Oui pour la première. Non pour la deuxième. Ces réponses auraient été les plus évidentes et pourtant... et pourtant. Il finît par poser l'assiette sur la table devant lui, sans terminer ce qu'il avait entamé. L'angoisse de son débat intérieur lui avait coupé la faim abruptement. Il était perdu, ne savait pas quoi faire. Il s'ouvrait à nouveau aux émotions qu'il avait pu ressentir avant... tout ça. Et c'était dangereux. Très dangereux. « Vous savez quoi ? Je ne vous laisse pas le choix. J’ai acheté ça » Il avait à peine entendu ces mots là, trop perdu dans ses pensées. Il sursauta en voyant tomber sur ses cuisses un sac rempli du nécessaire pour se teindre les cheveux. Il connaissait bien ces produits, il en avait souvent utiliser. Glissant ses doigts légèrement sur le paquet, il regardé les trois couleurs différentes qui s'y trouvaient. Jaesun avait bon goût. « Il y a de la poudre décolorante, de l’oxydant et surtout, des couleurs pour après. Choisissez celle que vous préférez. » Et le jeune homme commença la préparation décolorante sans que Victor n'ai le temps de répondre, l'invitant expressément à placer une serviette sur ses épaules. Levant légèrement les yeux, il le regarda, sans un mot. Après un instant, il vînt sortir discrètement le pot de couleur rose du sac en plastique et le cacha dans ses mains.

« Si vous n’acceptez pas, je vous attache à votre siège et je vous le fais quand même alors inutile de songer à un moyen de vous échapper. Et je sais au fond que ça vous tente. » lui adressa son cadet. Et il avait raison. En effet. Pour la première fois depuis longtemps, Victor avait envie de quelque chose. Ca lui rappelait « avant », cette belle période qu'avait été tout le début de sa vie, ses belles années en tant que professeur de danse pour des jeunes, de gamin avec des rêves plein la tête. La plus belle époque de sa vie. L'époque où ses jambes fonctionnaient encore. Il lâcha un simple « Ok. » Et sa voix n'avait rien d'agressif, rien de méchant, rien de froid. C'était un vrai consentement. Il le voulait. Il joua avec le petit pot entre ses doigts, admirant l'intensité de la couleur qui s'y trouvait, mordillant sa lèvre. Il sentait que cet acte pouvant paraître banal avait une toute autre symbolique. C'était quelque chose en apparent anodin mais d'une importance inestimable. Il s'ouvrait. Plaçant la serviette que lui avait donné Jaesun sur ses épaules, il se redressa et tenta de passer sur son fauteuil. Ainsi le plus jeune pourrait avoir plus de liberté de mouvement. Il eût quelques difficultés pour ce faire, car il tremblait. Il n'en connaissait pas vraiment la raison. L'appréhension ? L'excitation ? Un peu des deux peut-être. Relevant enfin les yeux vers le brun il tenta pour la première fois un très léger sourire. Très bref. Peut-être que l'asiatique ne le verrait pas. Il se déporta, se rapprochant de la table et regarda les gestes expert de ce garçon qui partageait la même passion que lui. Il scruta son coup de poignet ainsi que ses expressions. Et pour la seconde fois en une journée, il se rendît compte qu'il était beau.
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