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Louyse et Adélaïde - Les retrouvailles

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MessageSujet: Louyse et Adélaïde - Les retrouvailles Louyse et Adélaïde - Les retrouvailles  Empty28/10/2016, 16:04

    Les seuls et rares moments qu’Adélaïde avait de répits, elle le paissait avec une amie d’enfance – Louyse. C’était la seule personne qu’elle connaissait réellement à Paris, Louyse était la voisine de sa cousine. Quand elles étaient petites, elles passaient beaucoup de temps à jouer ensemble. Cela faisait des années qu’elle ne l’avait pas revu, depuis son déménagement vers un nouveau pays.

    Lorsque Louyse avait proposé à Adélaïde, une petite après-midi à se promener près de la Tour Effeil, elle était tellement heureuse de pouvoir la revoir. Même si au fond elle appréhendait un peu, de peur qu’elles soient devenues toutes les deux trop différentes …

    De chance, Adélaïde ne m’était pas très longtemps pour aller à la Tour Eiffel, son appartement étant situé près de la fac de médecine, il était donc également situé près des monuments historiques de la capitale.
    Cela faisait déjà deux mois, que la rentrée avait commencé, deux mois qu’Adélaïde c’était installée à Paris et elle ne regrettait pas du tout son choix. Elle avait une impression de liberté, de revivre.
    *Que le temps passe vite !*

    On s’était donné rendez-vous vers dix-sept heures. Depuis le déménagement de son amie, Adélaïde avait eu peu de contacts avec cette dernière. De nature curieuse, elle se demande ce qu’elle devient aujourd’hui. Elle savait juste que Louyse etait venue à Paris pour la même raison qu’elle : ses études.
    Son excitation de revoir son amie se lisait sur son visage, elle était tellement heureuse de revoir une personne familière dans cette immense ville.
    Après quelques minutes à attendre debout dans le métro, Adélaïde arriva au point de rendez-vous. Même si elle habitait ici depuis deux mois déjà, elle avait rarement vu la Tour Eiffel. Ses études et son travail de serveuse lui prenait quasiment tout son temps livre.

    Plongée dans ses pensées, elle s’était assise sur un banc sans vraiment chercher des yeux son amie lorsqu’elle l’entendit : Adélaïde, je suis là !
    Comme à son Habitude, Louyse n’avait pas perdue sa joie de vivre. Je me leva pour la prendre dans mes bras. Elle n’avait pas changé, toujours aussi jolie avec ses cheveux d’un roux flamboyant.

    Salut Louyse, désolée j’étais perdue dans mes pensées je ne t’ai pas vue arrivé. Comment tu vas ? Ca fait tellement plaisir de te revoir, je suis tellement heureuse ! dis-t-elle avec un large sourire.
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MessageSujet: Re: Louyse et Adélaïde - Les retrouvailles Louyse et Adélaïde - Les retrouvailles  Empty2/11/2016, 23:55



 

Les retrouvailles

Didn't know when, didn't know where,
But I knew we would meet again,
Some sunny day.

Ce type de rencontre vous faisait prendre de l'âge. Il y avait des années que Louyse n'avait pas vu Adélaïde. Quatre ans. Une éternité. C'était effroyablement long. Un cinquième de sa vie. Envolé. Disparu dans l'estomac d'un dieu chronophage. Le temps courait si vite, elle ne l'avait même pas vu passer. Elle s'était simplement réveillée, un matin, quand le reste de Paris dormait encore, et s'était dirigée vers sa salle-de-bain. En croisant son reflet dans le miroir, la jeune femme s'était rendue compte d'ô combien elle avait changé. La vision de son corps dans la glace l'avait médusé. Ç’avait été comme une rasade d'eau glaciale qu'on lui avait lancé à la gueule sans crier gare, une gifle bien placée, une constatation violente qui lui avait coupé le souffle.  

Elle n'était plus la même.
Physiquement, les différences étaient visibles. Les quelques centimètres qu'elle avait gagné, la taille fine qu'elle avait davantage creusé, la poitrine plus ronde qu'elle soulignait plus souvent, la cicatrise rosée qui ornait sa cuisse, les rides de concentration qui commençaient lentement à marquer, la lueur différente qui animait son regard. Tant de détails qui l'éloignaient du physique de ses seize ans. Louyse était une autre. Il lui avait fallu quelques secondes pour reprendre ses esprits, pour réaliser que la rousse dans le miroir était la résultante des quatre années passées. Une personne étrangère mais trop bien connue, ce reflet qu'elle observait et qui l'observait en retour. La version grandie, mûrie, de celle qu'elle avait été.

Si elle avait changé, qu'en était-il d'Adélaïde ? Comment la lycéenne qu'elle avait vu pour la dernière fois au début de l'année deux-mille douze était-elle à présent ? Physiquement, mentalement ? Un pincement d'appréhension prit le cœur de Louyse. Et si Adélaïde avait évolué pour devenir tout ce qu'elle détestait chez ses pairs ? Non, elle la connaissait suffisamment droite pour n'avoir jamais dévié à ce point. Mais là était le problème en réalité. Louyse ne la connaissait plus. Elle l'avait connu. Nuance complexe, non des moindres.
Si Facebook ne lui avait rappelé occasionnellement à quoi ressemblait la fille avec laquelle elle jouait autrefois, la rouquine aurait à coup sûr lentement oublié le visage de la brune. Certaines connaissances qu'elle avait pu avoir en France lui apparaissaient parfois en mémoire voilées du flou du temps qui passe. Le flou de l'oubli. Leurs caractéristiques principales et leurs contours restaient. Le reste disparaissait. C'était triste. C'était volontaire.

La rousse secoua la tête pour libérer ses idées, sa chevelure jaspée ondulant dans son dos. Elle replaça une mèche venue frôler son nez et plaça sa main en pare-soleil pour mieux observer les alentours. La lumière du jour décroissait de plus en plus rapidement, teintant la Tour Eiffel d'une aura cuivrée. Adélaïde devait l'attendre de l'autre côté. L'étudiante traversa la place en coupant sous le monument. L'espace d'un instant, elle se fit voyeuse entre les jambes de la Dame de fer, leva les yeux pour mieux regarder sous sa jupe la structure métallique de son corps. Quelle construction que celle-ci. Louyse comprenait sans difficulté les touristes qui s'en émerveillaient jour après jour.

Dans un réflexe mécanique d'automate propre sur elle, la demoiselle épousseta sa tenue déjà impeccable. Elle aimait être présentable au quotidien et ne se serait jamais permise de faire entorse à cela, quand bien même c'était une vieille amie qu'elle retrouvait. Une blouse edwardienne au col noir, dont les manches tombaient au-dessous des coudes, enveloppait le haut de son corps. Quelques liserés sombres couraient de-ça, de-là, traçant des lignes parfaites sur la poitrine et les avant-bras. Du plat de la main, Louyse lissa la jupe crayon noire qui embrassait ses courbes de la taille au haut des genoux. Ses doigts suivirent un instant le tracé de l'une des baleines de métal qui cerclait son corset court, prononçait la finesse de sa silhouette en sablier. Il n'était jamais aisé de porter un sous-vêtement comme celui-là sous un vêtement moulant. Mais à force d'expérience, la jeune femme avait fini par développer une combine parfaite. Dissimuler les lignes d'un corset sous n'importe quel tissu – aussi proche du corps fut-il – était devenu un art qu'elle maîtrisait sans mal.

Elle arriva enfin au point de rencontre. Louyse balaya du regard les visages alentours, mais aucun signe de la jeune femme. Résignée, elle dégaina son téléphone, prête à composer le numéro de Mademoiselle Morrin, lorsqu'enfin elle l'aperçut.

« Adélaïde, je suis là, annonça-t-elle, le visage illuminé. »

L'étreinte qu'on lui servit la déconcerta. Elle avait oublié que les Français étaient si tactiles. Cette simple embrassade lui tira un sourire.

« Salut Louyse, désolée j'étais perdue dans mes pensées je ne t'ai pas vue arrivé. Comment tu vas ? Ca fait tellement plaisir de te revoir, je suis tellement heureuse ! 
- J'ai l'impression qu'on ne s'est pas vues depuis … une vie au moins ! C'est … elle la dévisagea de la tête aux pieds, J'ai failli ne pas te reconnaître. Tu es superbe. Elle sourit un peu plus. Je vais bien écoute, un peu sonnée par le rythme de vie parisien, mais bon. Un léger rire ponctua sa phrase. Qu'est-ce que tu deviens ? Aux dernières nouvelles, tu voulais entrer en médecine, non ? Tu es en quoi ? Quatrième, cinquième année maintenant ? »
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MessageSujet: Re: Louyse et Adélaïde - Les retrouvailles Louyse et Adélaïde - Les retrouvailles  Empty4/11/2016, 10:49

    Tellement rêveuse, Adélaïde avait presque oublié pourquoi elle était venue à la Tour Eiffel. C’est typique d’elle ce genre d’attitude, toujours en train de rêvasser. Le pire dans tout cela c’est qu’elle rêvait de choses et d’autres sans une très grande importance. A ce moment précis, elle pensait haut combien elle était excitée mais anxieuse de revoir son amie. Cinq ans ont passé depuis leur dernière rencontre. Elle se souvenait de cette journée. Adé était allé rendre visite à sa cousine car c’était l’anniversaire de sa tante. Les trois jeunes filles s’ennuyaient tellement qu’elles avaient décidé d’aller faire un tour à la patinoire. Amusement, fous rires et chutes plus qu’impressionnantes ont fait de cette après-midi, un moment qu’elle n’oubliera jamais.

    Et là, Ce fût un choc ! Louyse se tenait juste devant la jeune femme. Elle ne faillit pas reconnaitre. Elle était d’une élégance à en couper le souffle. Ses cheveux roux lui tombait jusqu’au creux de son dos, ils étaient d’une couleur éclatante. Elle était d’une grande classe, super bien habillé, comme à son habitude d’ailleurs. C’est une chose qu’elle n’a pas perdue. C’est à ce moment, Adélaïde se sentie ridicule vu la façon dont elle était vêtue. Elle portait un simple jeans slim accompagné d’un t-shirt noir et d’une paire de basket. Tout de ce qu’il y a de plus simple. Il faut dire que le rythme parisien est tellement ardu qu’il est difficile de porter une paire de chaussure à talon toute une journée. C’est un risque qu’elle ne voulait pas essayer.

    Tu es sublime Louyse, toujours aussi bien habillé à ce que je vois. Et bien écoute oui je suis en fac de médecine, en quatrième année exactement et ça se passe plutôt bien, même si le rythme est difficile à tenir je t’avoue. Et toi que fais-tu ici ? Tu deviens quoi ? Sa bonne humeur devait se lire sur le visage de la jeune brune, le sourire aux lèvres depuis une bonne dizaine de minutes.

    Viens on va s’asseoir sur un banc, on a tellement de chose à se raconter que je ne sais même pas par où commencer. Tiens si tu me parlais de ta vie depuis que tu as déménagé de Strasbourg.

    C’est vrai qu’Adélaïde s’en voulait beaucoup de ne pas avoir pris plus de nouvelles de son amie. Elle regrettait d’avoir perdue autant d’années. Mais avec ses études, elle a malheureusement perdu de vu beaucoup de ses amis. Entre ceux qui sont allés étudier à l’étranger, ceux qui travaillent et ont une maison et une vie de famille, il est difficile de garder contact après le lycée. C’est la vie que veut ça. Une chose est sûre c’est que la jeune femme comptait bien rattraper le temps perdu.
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MessageSujet: Re: Louyse et Adélaïde - Les retrouvailles Louyse et Adélaïde - Les retrouvailles  Empty9/11/2016, 10:34



 

Les retrouvailles

Didn't know when, didn't know where,
But I knew we would meet again,
Some sunny day.

La différence physique était là, chez son amie. Discrète, mais bien réelle, bien présente. C'était fou ce que le temps était capable de faire lorsqu'on lui laissait tant de mois. Si elle avait été perdue dans ses pensées dans la rue, Adélaïde aurait bien pu passer à côté d'elle que la rouquine ne l'aurait absolument pas reconnue.
Les études vous changeaient quelqu'un. Si le cursus universitaire était déjà particulièrement difficile au Japon, Louyse savait fort bien que des études de médecine en France étaient loin d'être aisées. Nombre d'étudiants s'y heurtaient avec violence, et voyaient leur rêve professionnel partir en fumée s'ils n'avaient la volonté de s'y accrocher comme à leur propre vie. La jeune femme avait vu sa jumelle en pâtir d'ailleurs. Celle qui se voyait depuis toujours chirurgienne cardiologue avait affreusement souffert des quatre années qu'elle avait déjà passé en médecine. Manon avait perdu du poids – elle qui n'était déjà pas bien épaisse –, ne se défaisait plus des cernes qu'elle avait sous les yeux. Elle était trop souvent fatiguée, éreintée même.

« Tu es sublime Louyse, toujours aussi bien habillé à ce que je vois.
- Merci.
- Et bien écoute oui je suis en fac de médecine, en quatrième année exactement et ça se passe plutôt bien, même si le rythme est difficile à tenir je t’avoue. Et toi que fais-tu ici ? Tu deviens quoi ? »

Adélaïde irradiait de bonheur. Au moins une chose qu'elle n'avait pas perdu. La brune avait toujours été ainsi. D'aussi loin qu'elle se souvienne, Louyse ne l'avait que connu souriante. Une boule d'énergies positives que rien – ou presque – ne pouvait altérer. Elle semblait tant emballée à l'instant présent que la juriste peinait à la suivre. Ses lèvres s'étirèrent dans un léger sourire amusé.

« Étudiante, comme toi. Je suis en première année de master droit des affaires et management. Je …
- Viens on va s'asseoir sur un banc, on a tellement de chose à se raconter que je ne sais même pas par où commencer. Tiens, si tu me parlais de ta vie depuis que tu as déménagé de Strasbourg. »

Les deux jeunes femmes rejoignirent en quelques secondes le banc le plus proche. Louyse s'y installa confortablement, croisant les jambes, le buste légèrement incliné vers son interlocutrice pour être certaine de lui transmettre l'information qu'elle était heureuse d'être là, prête à l'écouter, prête à renouer les liens malgré les années et la distance.

Lorsqu'elle entendait sa voix, Louyse repartait en enfance. Elle défiait les lois du temps pour remonter dans le passé. La Strasbourgeoise n'était encore qu'une enfant lorsqu'elle avait rencontré Adélaïde ; était toujours une gamine quand elle l'avait vu pour la dernière fois. Lui parler, c'était voir resurgir des souvenirs enveloppés d'un écrin de coton. Elle se remémora certains instants passés ensemble. Ils semblaient recouverts d'une fine pellicule de poussière, comme dans un film. Une nostalgie chaleureuse prit le cœur de la rouquine. Elle ne regrettait que peu souvent son passé ; chaque belle chose qu'elle avait faite et chaque erreur avaient contribué à forger celle qu'elle était devenu à présent. Mais son enfance dans la capitale alsacienne … Il lui arrivait d'y repenser avec une sorte de vague-à-l'âme ; avec cette envie indescriptible d'y retourner, de redevenir une petite fille pour goûter à nouveau à ce temps béni où seul l'amusement comptait. Où les résultats estudiantins et donner le meilleur d'elles-même n'avait pas autant d'importance que maintenant.

« Je profite de quelques derniers jours de vacances, les cours reprennent déjà mercredi, soupira-t-elle. Très sincèrement, je ne suis pas sûre d'avoir grand chose à raconter. Au final, j'aurai passé plus de temps le nez dans les bouquins qu'autre chose, au Japon. Elle ponctua sa phrase d'un rire. Rien de bien intéressant à se mettre sous la dent en fait. »

Ce n'était pas qu'elle mentait. Elle omettait simplement certains éléments de sa vie. Louyse n'était pas prête à confier tout ce qui avait bien pu lui arriver à Osaka, tout ce qu'elle avait bien pu commettre. Elle savait parfaitement que la vision qu'avait ses proches sur elle changerait du tout au tout si elle venait à livrer ses aventures en territoire nippon. Elle n'était pas suffisamment forte pour encaisser cela. Pas maintenant.

« Ah si ! Dis-toi qu'il m'a fallu plusieurs semaines pour me réhabituer à manger avec des couverts. La première fois que je suis sortie dans un restaurant, en arrivant à Paris, j'ai eu le réflexe de demander une paire de baguettes. Tu aurais dû voir la tête du serveur, le pauvre était décomposé à l'idée de m'annoncer qu'il n'y en avait pas. »

Elle s'était platement excusé auprès de lui d'ailleurs, accusant de vieux automatismes liés à son mode de vie au Pays du Soleil levant.

« C'est étrange, de revenir en France. Pour tout te dire, je ne pensais pas revoir du pays avant bien des années. J'avais prévu de terminer ma scolarité à Osaka, puis de commencer à y travailler avant de partir pour les États-Unis. M'enfin … Et toi ? Tu en avais assez de Nancy ? Envie de vivre la grande vie des parisiens ? »
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MessageSujet: Re: Louyse et Adélaïde - Les retrouvailles Louyse et Adélaïde - Les retrouvailles  Empty16/11/2016, 10:20


    Adélaïde avait du mal à canaliser sa bonne humeur. De nature joviale, elle avait tendance à trop montrer ses sentiments, peu importe la situation. Cela pouvait parfois lui jouer des tours. Lorsqu’il s’agissait de mentir, la jeune femme n’était vraiment pas douée, cela se voyait tout de suite qu’elle n’était pas sincère. Son expression sur son visage la trahissait, il devenait crispé. A d’autres moments, cela pouvait être positif. En effet, ceux qui connaissait Adé l’appréciait justement pour sa bonne humeur, elle savait comment remonter le moral de ses amis, elle pouvait être de bon conseils. Quoi qu’il en soit, voir son amie l’avait irradié de bonheur après une journée qui avait moyennement débutée. Louyse était en train de lui expliquer pourquoi elle avait quitté sa famille au Japon pour s’installer à Paris. Oh, tes études ont l’air très intéressante. En plus, il te reste deux ans, tu arrives au bout. Elle n’était pas étonnée de voir que Louyse avait fait de longues études, elle a toujours été très intelligente. Elle gagnait à chaque fois lorsqu’elles jouaient au Quizz. Assise sur un banc, Adé était curieuse de savoir comment était sa vie au Japon, si elle s'y plaisait ou tout simplement si elle comptait y retourner après la fin de ses études.

    -Je profite de quelques derniers jours de vacances, les cours reprennent déjà mercredi. Très sincèrement, je ne suis pas sûre d'avoir grand chose à raconter. Au final, j'aurai passé plus de temps le nez dans les bouquins qu'autre chose, au Japon. Rien de bien intéressant à se mettre sous la dent en fait.

    Tu as de la chance de reprendre les cours seulement mercredi, tu peux encore un peu profiter des vacances et du beau soleil qu'on a ses derniers jours. Les livres sont toujours de bonnes compagnies, c'est bien aussi. Dit-elle en riant.

    Il fallait mieux lire un livre qu'être mal accompagné, c'est toujours ce que la jeune femme se disait.

    Mais du coup, à la fin de tes études tu comptes retourner au Japon ? Et dis moi comment elle va ta sœur, Manon c'est bien ça ?

    -Ah si ! Dis-toi qu'il m'a fallu plusieurs semaines pour me réhabituer à manger avec des couverts. La première fois que je suis sortie dans un restaurant, en arrivant à Paris, j'ai eu le réflexe de demander une paire de baguettes. Tu aurais dû voir la tête du serveur, le pauvre était décomposé à l'idée de m'annoncer qu'il n'y en avait pas.

    Adélaïde riait de plus belle, il y avait que Louyse pour faire une boulette pareil, elle aurait bien voulu voir cela. Le serveur a du te prendre pour une touriste, dit-elle en riant.

    Je n'ai jamais mangé avec les baguettes, ça doit être dure ! On devait aller manger chinois un jour !

    Il est vrai que la jeune femme aimait beaucoup la cuisine asiatique, mais n'avait jamais mangé avec des baguettes. Du moins sans résultats très concluant. Elle admirait beaucoup les personnes qui arrivaient à manger du riz avec ce genre d'instruments.
    C'était au tour de Louyse de poser des questions. Et évidement elle lui demanda pourquoi elle avait déménager, la question de base que tout le monde lui posait.

    Oui je ne pouvait plus être à Nancy, ça me pesait, j'avais l'impression d'étouffer. Et puis rentrer tout les week-ends voir ma famille commençait à être gênant. A vingt-cinq ans j'avais tout de même envie de commencer à faire ma vie seule. Une opportunité s'est présenté lorsque j'ai du choisir mes options, Paris était la seule université à proposer une en relation avec ma spécialisation en cardiologie.

    Elle n'avait rien a caché, du coup elle ne sentait pas coupable d'avouer que l'affection de ses parents l’oppressant et qu'il était venue pour elle de prendre son envole. Sa mère a toujours été une vrai mère poule avec elle, elle lui faisait absolument tout. LE linge, la lessive, à manger. C'est pratique lorsqu'on est jeune mais au bo^t d'un moment cela devient pesant.
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MessageSujet: Re: Louyse et Adélaïde - Les retrouvailles Louyse et Adélaïde - Les retrouvailles  Empty30/11/2016, 11:55



 

Les retrouvailles

Didn't know when, didn't know where,
But I knew we would meet again,
Some sunny day.

Les quelques images que la rouquine avait de Nancy lui semblaient bien mornes et grises. Louyse n'avait que rarement eu l'occasion de visiter cette ville, et pour cause : elle n'y voyait aucun intérêt. La capitale de la Meuthe-et-Moselle était tout sauf dynamique. Son université laissait à désirer comparée à celle de Strasbourg, qui elle-même ne rivalisait que difficilement avec celle de Paris. Rien de bien étonnant, donc, à ce qu'Adélaïde quitte l'Est de la France pour venir vivre dans la Ville Lumière. Il y avait tant de choses à faire ici, tant de lieux à découvrir. Paris était une corne d'abondance culturelle et artistique. Il était proprement impossible de s'y ennuyer.

« Mais du coup, à la fin de tes études tu comptes retourner au Japon ? Et dis moi comment elle va ta sœur, Manon c'est bien ça ? »

Elle hocha la tête. Non. Non, elle ne retournerait pas vivre au Japon. C'était à peine si elle concevait prendre l'avion pour y passer quelques jours de vacances afin de revoir sa famille et pourquoi pas quelques amis – aussi rares étaient-ils. Elle s'était fait trop d'ennemis à Osaka, à commencer par la pègre. Et il était de notoriété commune qu'on ne flirtait pas avec les Yakuzas sans en payer les conséquences … Alors entre la mafia qui voulait sa peau, les forces de l'ordre qui l'avaient encore dans leur ligne de mire après sa petite romance avec J., et ce dernier qui avait soudainement refait apparition dans sa vie tel un cheveu sur la soupe … Louyse avait bien trop à perdre à remettre le pied en territoire nippon.

Si la rouquine n'avait pas appris depuis toutes ces années à contrôler son faciès et son langage non-verbal, elle aurait à coup sûr baissé le regard pour fuir la question. Mais elle n'en fit rien. Elle ne savait que trop bien masquer les apparences et refouler les émotions qui la traversaient parfois. Rarement. Dieu qu'elle haïssait ressentir quoi que ce soit.

« Ce n'est pas au programme, non. Je pense faire quelques années en Europe une fois mon diplôme en poche, avant le grand départ. »

Elle s'imaginait déjà parfaitement dans une grande entreprise au modèle capitaliste. Quelle magnat du droit elle ferait ! À mener d'une main de fer le secteur juridique, à gravir rapidement les échelons jusqu'au jour où elle serait appelée à de plus grands desseins.

« Manon, oui. Écoute, elle va … plutôt bien. Du moins aux dernières nouvelles. Elle vit assez mal notre séparation, mais il va falloir qu'elle s'habitue assez rapidement0. »

Ce n'était pas la première fois que les jumelles vivaient séparément. Durant toute leur enfance, elles avaient partagé la même chambre, leur mère étant persuadée que cela s'avérait nécessaire à leur lien gémellaire. En arrivant à Osaka, elles avaient pour la première fois vécu dans des pièces séparées, ce qui avait déjà été une épreuve pour l'aînée. Lorsqu'enfin, Louyse s'était installée seule en appartement, Manon avait terriblement mal vécu la chose. Autant dire que l'annonce de son départ pour la France avait été le coup de grâce. La plus âgée des deux sœurs avait fondu en larmes en entendant la nouvelle. Elle ne s'était d'ailleurs toujours pas remise du déménagement de sa cadette. Cette dernière voyait quant à elle une bénédiction dans cette séparation plus ou moins forcée. Quelle monstre égoïste elle faisait.

Adélaïde eut un rire qui mit du baume au cœur. Toujours aussi joviale, toujours aussi vivante. Une vraie boute-en-train, cette fille-là. À bien y songer, Louyse ne l'avait que rarement vu d'humeur maussade.

« Je n'ai jamais mangé avec les baguettes, ça doit être dure ! On devait aller manger chinois un jour !
- On pourrait éventuellement y aller un peu plus tard, si tu n'as rien à faire ce soir ? Je t'apprendrais ! Tu verras, c'est assez facile, ajouta-t-elle dans un clin d’œil. »

La perspective de passer plus de quelques heures superficielles en présence d'Adélaïde lui plaisait bien. Elles avaient beaucoup de temps à rattraper. Et si Louyse n'était pas résolue à parler de ses quelques frasques passées, elle avait en revanche bien envie d'en savoir un peu plus sur les quatre dernières années de son amie d'enfance.

« Oui je ne pouvait plus être à Nancy, ça me pesait, j'avais l'impression d'étouffer. Et puis rentrer tout les week-ends voir ma famille commençait à être gênant. A vingt-cinq ans j'avais tout de même envie de commencer à faire ma vie seule. Une opportunité s'est présenté lorsque j'ai du choisir mes options, Paris était la seule université à proposer une en relation avec ma spécialisation en cardiologie.
- Mhm, je comprends parfaitement le besoin d'indépendance. C'est assez difficile quand la famille est trop présente, trop pesante même. Tu as bien fais de prendre ton envol maintenant, sans quoi tu aurais pu rater les meilleures années de ta vie ! Même si je me dis qu'avec de telles études, le loisir et profiter de la vie estudiantine ne doivent pas être tes priorités. »

Elle eut une petite moue compréhensive. Chirurgienne cardiologue. Belle ambition que voilà ! Beaucoup de travail, beaucoup de patience, et un sang-froid à toute épreuve.

« Et tu t'en sors, ça va ? Bon les cours n'ont commencé qu'il y a peu, mais je suppose que tu as déjà eu l'occasion de prendre la température, du coup. »
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