benoît & alizée ☆

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Je devais bien l'avouer, je n'étais pas vraiment fan des soirées en week-end, où je me retrouvais toute seule. J'aimais avoir quelqu'un à proximité, avec qui je pouvais échanger. Il faut croire que je ne m'étais pas encore habituée à parler seule. Sauf que je n'avais personne qui partageait ce foutu appartement avec moi, ce qui engendrait que je passais la plupart de mon temps ici, totalement seule avec moi-même. Ça pouvait même me foutre le cafard parfois. Mais ça restait un avantage quand Rudy passait me voir, je n'avais de compte à rendre à personne. Seulement voilà, il n'avait pas réussi à se libérer ce week-end, à mon plus grand désarroi. Il y avait l'anniversaire du neveu de sa femme ou je ne sais plus trop quoi. Tout ce qui m'importait et que j'avais retenu était donc que je ne le verrais pas. Moi qui me faisais une joie de terminer la semaine dans ce seul but, je m'étais encore fait avoir. Bref, je devais trouver une alternative et vite, si je ne voulais passer mon vendredi soir et mon samedi soir à déprimer en compagnie de mon écran de télévision et d'un pot de glace à la vanille. Je décidais alors de passer faire un coucou à mon grand frère Benoît. Cela faisait un moment que nous n'avions pas pu vraiment discuter lui et moi. On avait nos vies chacun de notre côté et pas forcément le temps de faire de grande discussion. Cependant, il avait toujours été important à mes yeux alors je comptais bien rattraper le temps perdu. Ni une, ni deux, je me préparais et prenais la direction de sa maison. Je ne tardais pas à me retrouver devant sa porte d'entrée puis je pressais le bouton de sonnette. J'étais sûre qu'il allait être bien surpris de me voir vu que ce n'était pas prévu, mais j'espérais surtout qu'il allait être chez lui. Je me retrouverais bien conne comme une plante verte sur le pas de sa porte autrement. Et là, j'entendis la serrure et la poignée tourner, ce qui me soulagea automatiquement. Il suffit de pas grand chose certaines fois. Seulement le spectacle qu'il m'offrit me fit lâcher un léger rire. « Euh... je te dérange peut-être ? Ou bien ce n'était pas moi que tu espérais trouver en ouvrant » plaisantais-je. Après tout, il était peut-être en charmante compagnie, qu'est-ce que je pouvais bien en savoir moi. J'osais seulement espérer que ses fils n'étaient pas dans le coin parce qu'il n'auraient sûrement pas tellement apprécié le spectacle. J'entrais quand même à sa demande, tout en déduisant qu'il était vraisemblablement tout seul. Il ne m'aurait pas invité à participer dans le cas contraire. « Pas de problèmes » le rassura, quand il s'excusa de m'avoir accueillie comme ça. On s'expose à ce genre de choses quand on ne prévient pas de sa venue. « Heureuse d'être en week-end, et toi ? » commençais-je. Enfin, heureuse si on veut parce que ces deux jours ne s'annonçaient pas aussi géniaux que je l'aurais voulu. « Je veux bien si t'as un jus de fruits ou quelque chose du même style. Mais je veux pas te déranger, va prendre ta douche si tu veux » lui répondis-je. Ma soirée devait être sans intérêt, je pouvais bien attendre un quart d'heure de plus qu'il fasse ce qu'il avait à faire.

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Ce soir-là, j'avais deux options qui s'offraient à moi. Et j'avais clairement opté pour la deuxième. Je n'avais aucune envie de passer ma soirée seule chez moi, dans mon canapé. C'était donc sans réfléxion que je décidais de rendre visite à mon grand frère. Nous avions tout deux des vies bien remplies et un boulot qui nous prenait tout notre temps. Ce pourquoi nous ne pouvions plus nous voir autant que c'était le cas quand nous étions plus jeunes. Nous avions toujours été assez proches l'un de l'autre, nous sautions donc sur l'occasion dès qu'il était possible de passer un moment ensemble. J'avais l'habitude de le prévenir quand je lui rendais visite en général. Mais pour cette fois-ci, c'était la surprise. Cela pouvait peut-être expliquer la situation dans laquelle je l'avais trouvé quand il m'avait ouvert sa porte. Je n'avais pas pris peur quand même, c'était mon frère et puis je l'avais déjà vu comme ça plus jeune. Immédiatement, j'avais plaisanté sur le fait qu'il attendait peut-être une femme ou bien qu'il était déjà accompagné d'une femme. Si ça se trouve, je venais de casser son coup et j'étais on-ne-peut-plus indésirable actuellement. En tout cas, je fus rassurée de ne pas être un problème pour lui quand il m'avoua qu'il allait seulement prendre sa douche. Décidément, je choisissais bien mon moment. C'était à croire que je le faisais exprès. « Mais attends... Tu prends une douche à cette heure-ci toi... Pourquoi tu prends une douche à cette heure-ci ? » le questionnais-je, prenant finalement conscience qu'il était plutôt tard pour prendre une douche et que ça ne servait à rien quand on ne sortait pas. En général, on fait ça le matin. Par la suite, je lui faisais savoir que j'étais heureuse d'être en week-end parce que je ne refusais jamais une petite pause au boulot. Mais malheureusement, ces deux jours ne s'annonçaient pas aussi parfaits que j'aurais pu le croire. « La routine tu sais. J'aime bien profiter des week-ends. Et toi, pas trop débordée ces derniers temps ? » continuais-je. Benoît avait un boulot un peu plus important que le mien. Il sauvait des vies, lui. Je comprenais alors que mes neveux n'étaient pas là ce soir, tant pis pour moi. « Va pour un jus d'oranges ou je risque de me faire taper la prochaine fois que je verrais ton fils » dis-je en riant. Il n'était peut-être pas très partageur. Après tout, mieux vaut prévenir que guérir. « Comment vont les garçons d'ailleurs ? » rajoutais-je. Au même titre que leur père, cela faisait un moment maintenant que je ne les avais pas vu.

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J'aurais dû savoir qu'en ne prévenant pas mon frère de la visite que j'allais lui faire, je m'exposais à un tas de surprise. C'est vrai que quand on arrive à l'improviste, on ne sait jamais à quoi s'attendre. Et première chose, je ne savais déjà même pas si Benoît allait être chez lui. Après tout, le week-end était arrivé, il était bien libre d'aller se promener avec ses fils, avec des potes ou tout seul. Seulement, il faut croire que dans ma malchance de devoir passer une soirée en solitaire, j'avais eu quand même un peu de chance vu que mon frère était effectivement chez lui quand je me pointais. Nous ne parlerons pas de sa tenue qui n'en était même pas une d'ailleurs. Ce sont les idées qui me passèrent par la tête qui furent plus drôles. Un tas de raisons pouvaient expliquer le fait qu'il se ballade seulement vêtu d'une serviette de bain. Mais je ne préfèrais pas m'imaginer trop de choses, ça devenait presque gênant. Curieuse comme j'étais, il était évident que j'allais lui demander quelle en était la véritable raison. De plus, je m'étais rendue compte de l'heure tardive qu'il était et on n'est jamais tout à fait innocent quand on se lave à cette heure-ci. Ou alors, c'est que Benoît avait toujours préférer se doucher le soir, mais si c'était ça, c'est que j'étais complètement à côté de la plaque. J'avais passé mon enfance à ses côtés et je n'avais jamais remarqué ce détail. Je ne pouvais pas y croire. La réponse que j'espérais ne se fit pas attendre bien longtemps. Mon frère avait un rencart ou plutôt un rendez-vous comme il me l'avoua, peu importe, le résultat restait identique. « T'as un rencart et tu comptais le cacher à ta petite soeur ? » m'outrageais-je presque. Je lui exposais ma mine complètement surprise et outrée. C'est vrai quoi, je méritais bien d'être tenue un minimum au courant de ses relations. Je savais qu'il n'était pas très fier de son premier échec sentimental, mais il arrive à tout le monde de faire des erreurs. Benoît me somma de ne pas en parler aux parents, pour ne pas faire d'histoires inutiles. Je crois qu'il préférait attendre d'être sûr de son coup avant d'en parler à qui que ce soit. J'entendais donc être la première informée, je pouvais en être heureuse. « Je la connais cette demoiselle ? Et comment ça, ça se passe mal avec les garçons ? Ils ne veulent pas l'accepter ? D'ailleurs, ça fait combien de temps ? » le mitraillais-je presque. Oui quand j'avais un sujet de conversation intéressant sous la dent, je voulais tout savoir tout de suite. Je n'étais peut-être pas très patiente pour le coup, mais ma curiosité sans faille prenait le dessus. J'étais vraiment déçue aussi de ne pouvoir voir mes neveus, ils me manquaient ces petits garnements. Cela me rappela d'ailleurs que je devrais les prendre un peu chez moi un de ces jours ou ne serait-ce que sortir avec eux. J'aimais mon rôle de tante, en attendant d'avoir celui d'une véritable mère. « Merci » dis-je simplement à mon frère quand il me tendit le verre de jus d'orange. « Ne bois pas trop avant ton rendez-vous, ça ne se fait pas de boire seul » le taquinais-je, en lui adressant un clin d'oeil. Benoît me déclara que ses fils étaient chez leur mère ce week-end. Ceci expliquait cela. Il pouvait donc sortir en toute quiétude. C'était un bon point pour lui s'il profitait de l'absence des garçons. En l'écoutant, je me rendais bien comptes que les bonnes relations n'étaient toujours pas au beau fixe avec son ex-femme. Ça m'embêtait vraiment pour les enfants parce qu'ils n'avait vraiment pas besoin de ça, c'était déjà assez difficile pour eux comme situation. « Ça ne s'arrange toujours pas avec Laëtitia ? » commençais-je, même si je pensais l'avoir bien compris. Je l'entendais par la suite espérer qu'elle ne lui fasse pas le même coup que le week-end dernier. Qu'est-ce qu'elle avait bien pu faire ? J'aimais beaucoup Laëtitia, je m'entendais bien avec à l'époque où tout allait bien avec Benoît. Mais ce dernier restait mon frère et je ne pouvais que prendre son parti étant donné que je n'étais pas dans leurs histoires personnelles. « Il s'est passé quoi le week-end dernier ? » m'enquis-je alors en buvant une gorgée de jus d'oranges.

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Si je m'attendais à une telle révélation en débarquant chez mon frère ce soir-là... En fait, je ne m'y attendais pas du tout. A vrai dire, je commençais même à désespérer pour lui me demandant si il se déciderait à bouger un jour. J'en étais presque rendue à prier pour lui, moi qui n'étais pas croyante pour un sou. Benoît est tout de même jeune, beau garçon. Ce n'est pas parce qu'il a eu la malchance de divorcer une fois que sa vie est désormais finie. De nos jours, tout le monde passe au moins par deux compagnons, si ce n'est pas deux maris. Et encore, mes calculs sont bien en-dessous de la réalité. J'étais donc à la fois surprise et heureuse d'enfin entendre que mon grand frère avait un rencart ce soir. Finalement, j'avais bien fait de venir aujourd'hui puisque j'allais avoir tous les détails en direct. Histoire de rajouter un peu de drame, je lui avais quand même montré que j'étais outrée qu'il n'ait pas jugé bon de m'en parler lui-même. Peut-être bien que si je n'avais pas débarqué chez lui, je n'aurais pas été au courant avant un bon moment. Pour l'heure, ma curiosité légendaire avait été piquée au vif, et j'entendais bien la rassasier rapidement. Un tas de questions se bousculèrent dans ma tête et je ne me rendis compte qu'après, que je les avais toutes formuler comme elles venaient. Effectivement, ça allait donner de la matière à Benoît pour pouvoir me faire toutes ces révélations croustillantes. « Tu devrais savoir que quand on me lance une bombe comme ça, je vais vouloir tout savoir à la minute » m'exclamais-je dans un rire. Quand j'ai un truc dans la tête, je ne l'ai pas ailleurs et il faut me donner les informations pour que je me sente mieux. Je fus un peu déçue quand il m'avoua que je ne connaissais sûrement pas la demoiselle en question étant donné qu'elle travaillait seulement avec lui. Mais il était toujours temps que je fasse sa connaissance. Je serais bien capable de débarquer à son boulot pour faire une inspection. « Quelques mois comme deux mois ou quelques mois comme huit mois ? » le questionnais-je. La première option était la meilleure parce qu'il risquait de m'entendre s'il choisissait la deuxième option. Bien sûr que je comprenais la réaction de mes neveux, elle était tout à fait normal. N'importe quel enfant ne comprendrait pas forcément qu'une autre femme, inconnue d'autant plus, prenne la place de leur mère. Pour eux, il y a un père et une mère et ils ne peuvent pas encore imaginer que ceux-ci puissent se séparer pour une quelconque raison. Plus tard, il serait en âge de réaliser ce qu'il se passe. Je hochais la tête à la réponse de mon frère. On était assez intelligents pour se rendre compte que la situation n'était pas évidente pour eux. Mais il était aussi hors de question que leur père s'empêche de vivre à cause d'eux. « Oui, laisse-les grandir. Ils s'habitueront et il comprendront » approuvais-je. Tant que Benoît ne les oubliait pas au profit de sa nouvelle petite-amie, les garçons ne pouvaient lui reprocher grand chose et moi non plus. Ils devaient être sa priorité et pour le reste, il était seul maître de son destin. Les évènements auraient aussi été plus faciles à vivre si Benoît était en bons termes avec Laëtitia, la mère de ses enfants. Sauf que ce n'était pas le cas et ça ne semblait pas sur la bonne voie pour s'arranger. Je me demandais souvent si ce n'était pas Laëtitia qui voulait saboter tout ça. Peut-être même qu'elle voulait faire capoter la nouvelle relation de son ex-mari. « Elle est au courant pour ta nouvelle petite-amie ? » lui demandais-je. Parce qu'elle semblait vouloir l'empêcher de vivre en lui refourguant les garçons à n'importe quelle heure et n'importe quel moment. Elle avait l'air de vouloir que sa vie ne tourne qu'autour de ses fils pour qu'il n'ait aucune possibilité de refaire sa vie. Et ce n'était franchement pas correct de sa part.

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Mon grand frère avait un rencart ce soir même, dans quelques heures seulement si j'en jugeais par ce qu'il était en train de faire, et son degré de préparation. J'étais plus que ravie de la nouvelle. Il n'avait pas toujours été heureux avec son ex femme, le divorce avait été difficile, et je me réjouissais à l'idée qu'il puisse peut-être enfin profiter d'une relation saine. Au détail près que j'aurais préféré qu'il m'en informe lui-même, pas que je le découvre de but en blanc en me rendant chez lui ce soir. Quoiqu'il en soit, maintenant que la nouvelle était tombée, j'allais me faire une joie de lui poser tout un tas de questions. Afin de me renseigner sur cette toute nouvelle relation. C'était ma curiosité qui me prenait clairement le dessus. Et comme mon grand frère ne semblait pas décidé à m'apporter les infos tout seul, j'entendais bien aller les chercher moi-même. Je n'oubliais jamais de ponctuer mes discours par des mines assez spectaculaires, histoire d'en rajouter un peu dans le théatrâl, ça faisait toujours son effet. A écouter Benoît, j'en faisais encore trop. Apparemment ce n'était pas si gros que ça d'apprendre que son frère à une petite-amie. Bien sûr que si ! Cela me met dans tous les états parce que c'est une super nouvelle. Pour lui comme pour moi. En tant que soeur, j'étais heureuse pour lui alors il devrait m'en remercier en m'expliquant tout ce qu'il se passe entre eux et surtout depuis quand. Ça me rendait malade de me dire que Big Ben me cachait peut-être ça depuis des mois, voire des années ? Non j'exagère là. Il n'aurait pas été aussi doué pour me jouer la comédie pendant tant de temps. La première étape fût de me renseigner sur la durée actuelle de leur relation puisqu'un 'des mois' était assez vague finalement. Cela pouvait tout aussi bien vouloir dire deux mois soit très peu, comme ça pouvait vouloir dire onze mois et c'était tout de suite plus conséquent. Quatre mois, on coupe la poire en deux, approximativement. « Ça fait quatre mois que tu me caches ça ? » fis-je d'une mine outrée, alors que ma bouche s'arrondissait en un O significatif. « Et tu n'as même pas honte de le dire... Tu comptais garder ça pour toi encore longtemps ? » Parce qu'il était clair que si je n'avais pas débarqué ce soir-là et découvert le pot-aux-roses, je ne serais toujours pas au courant de l'info. Ce pourquoi je voulais désormais savoir si j'aurais encore dû attendre des lustres pour apprendre cette bonne nouvelle. Je nous pensais suffisamment proche pour être tenue la première au courant dans ce cas de figure, mais je m'étais trompé visiblement. Tant pis pour moi. Puis, nous en étions venus à ses fils qui avaient dû mal à accepter sa nouvelle compagne. Ce qui était plutôt compréhensible pour des enfants, surtout quand ils sont jeunes comme eux. On en vient à accepter quand on vieillit. « Tes fils pensent que c'est toi qui a quitté leur mère ? » L'idée me paraissait assez énorme. Et surtout le fait qu'ils sachent ça, à leur âge. Ce sont des histoires de couple, d'adultes. Je ne voyais absolument pas ce que mes neveux venaient faire là-dedans. « Qui est-ce qui leur a mis ça dans le crâne ? » J'avais une vague idée de la chose mais j'espérais franchement me tromper parce que ce serait vraiment de l'acharnement et ce ne serait surtout pas juste pour les petits. Et c'était sûrement par eux que Laëtitia avait découvert que son ex mari commençait à refaire sa vie. J'imaginais assez bien sa tête en fait et je la connaissais assez bien aussi pour penser qu'elle aurait pu vouloir lui mener la vie dure. Je soupirais tout en secouant la tête, tout ça me dépassait. « C'est triste d'en arriver là quand même. Ce ne sont que des mômes et ils sont coincés au milieu d'une gué-guerre qui n'a ni queue, ni tête. Laëtitia devrait penser à refaire sa vie elle aussi au lieu de pourrir celle des autres » affirmais-je, espérant qu'elle entendrait mes paroles et que les choses s'apaiseraient. Cela ferait le plus grand bien à tout le monde.

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La soirée que j'avais imaginée avec mon frère allait tourner court, c'était une évidence. Je venais de constater qu'il avait un rencart. Avec une femme qu'il connaissait depuis quatre mois, en plus de ça. Et ce qui me chagrinait le plus, c'est qu'il n'ai pas jugé utile de m'en parler. Je pouvais concevoir qu'il fallait toujours laisser passer un minimum de temps pour être sûre d'une relation, et ne pas présenter à nos proches une personne seulement de passage, mais j'étais quand même sa soeur. Et s'il me l'avait demandé, je n'aurais rien cafté du tout, j'aurais gardé son secret aussi précieusement que s'il avait été le mien. Cependant, il n'avait pas pensé de la même façon que moi. Ce pourquoi je me retrouvais à devoir lui poser tout un tas de questions pour en savoir davantage puisqu'il ne semblait pas enclin à beaucoup s'épancher. En plus, il admettait avoir seulement omis le fait de m'en parler. C'était de mieux en mieux. Benoît croyait vraiment pouvoir me faire avaler des couleuvres. « Je ne le gardais pas pour moi, j'attendais d'être sûre Al'... » C'était un fait, il prenait son temps. C'est sûrement la maturité qui vient avec l'âge ça. Pas que mon frère était déjà un vieillard mais il avait vécu en couple plusieurs fois, s'était marié et avait même subi un divorce. Le genre d'évènement qui remet forcément les idées en place et vous pousse à vous poser les bonnes questions avant d'agir. « Et alors, c'est la bonne ? T'es prêt à franchir le cap ? Tu me la présentes quand ? » que j'enchaînais pour rebondir ce qu'il me disait. Je n'étais vraiment pas patiente. Mais c'était surtout de la faute de mon frère qui le faisait exprès. Dans une discussion sur lui, c'était toujours le minimum syndical et je galérais à lui tirer les vers du nez. La situation était encore plus compliquée pour lui à cause de ses deux fils. Il fallait les ménager au maximum et faire en sorte que ça ne les affecte pas trop. Cependant, leur bien-être ne semblait pas être la priorité de leur mère qui avait l'air de vouloir les monter contre leur père, qui n'avait pourtant rien fait. « Ils pensent ce que leur mère veut bien leur dire » Évidemment, ce ne sont que des enfants et ils ne sont pas toujours capables de penser par eux-mêmes. « C'est surtout Rafael qui ne comprend pas ce qu'il se passe, Corentin est juste en pleine crise d'adolescence et un peu désorienter alors il me teste... D'ailleurs tu sais pas qui lui a mis l'idée de se faire percé la lèvre ? » Ces propos me touchèrent parce qu'ils étaient mes neveux et que leurs sorts m'importaient plus que tout. Je n'avais malheureusement pas encore d'enfants alors ceux de mon frère étaient tout pour moi. Le piercing, c'était autre chose par contre. J'affichais sûrement une tête de dix pieds de long en entendant l'annonce. « Tu plaisantes ? Ça ne va rester qu'une idée rassure-moi ? » Corentin était vraiment trop jeune pour se faire percer un endroit du corps. Il n'avait pas pu y réfléchir intelligemment, ce n'était qu'une lubie passagère je l'espérais. Et pourvu que ce ne soit pas encore sa mère ou elle finirait par gâcher la vie de son fils dans le seul but d'atteindre celle de son ex-mari. Il n'y avait qu'une solution pour changer tout ça, Laëtitia devait rencontrer un autre homme. Ce serait quand même glauque que je lui mette délibérément quelqu'un sur son chemin. « J’ai essayé de lui faire comprendre mais dès que je lui dis un truc elle se braque alors j'arrête d'essayer, jusqu'au jour où je vais être clair et que je vais lui bloquer ses droits parentaux si elle continue... » Je voyais bien que mon frère en avait par-dessus la tête de cette histoire et je pouvais aisément le comprendre. « Tu peux faire ça ? Pour quel motif ? » que je me renseigne. Laëtitia était sûrement une bonne mère, quoique je n'avais pas vécu avec elle au quotidien pour pouvoir en juger, mais ce serait une situation extrême. Il était encore possible de discuter en tant qu'adultes.

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Apprendre que mon grand frère avait quelqu'un dans sa vie m'avait fait l'effet d'une bombe et m'avait mise dans tous mes états. Je m'étais montrée surexcitée, telle une petite gamine qui se mettrait à sautiller dans tous les sens en apprenant une bonne nouvelle. Benoît n'avait pas eu de chance lors de sa précédente relation, avec un mariage qui s'était soldé par un divorce. Le genre d'évènement qui refroidit beaucoup. Sa seule consolation était ses deux fils. De tout mon coeur, j'espérais donc que cette nouvelle idylle lui permettrait de revoir la vie en rose. Quatre mois, ce n'était déjà pas mal et j'entendais bien savoir ce que ça donnait dans son esprit. Comment il ressentait les choses. Mais par dessus tout, je voulais savoir quand il comptait me la présenter. J'avais besoin d'avoir un avis à lui donner sur ma future belle soeur. « Je ne sais pas, mais je l’espère vraiment… Pour ce qui est de te la présenter, il faut que je vois avec elle. Je ne vais pas la jeter dans la gueule du loup comme ça et sans la prévenir… » Alors là, c'était le pompon. Clairement, il me cherchait. « C'est bien moi que tu considères comme le loup en question ou c'est seulement un effet de mon imagination ? » Je n'avais vraiment rien de cette bête féroce. Je savais me tenir et me montrer particulièrement sociable et attentionnée avec mes interlocuteurs. Big Ben ne payait rien pour attendre. Je tiendrais certainement ma vengeance un jour. Quand j'aurais quelqu'un à présenter à ma famille. C'est-à-dire pas dans un futur proche étant donné que je n'avais aucune envie de leur introduire mon homme marié. Ça ferait mauvais genre, ça ne me ressemblait tellement pas, mais c'était plus fort que moi. En clair, ma vie était d'un compliqué... Et ce qui se passait avec mes neveux n'avait pas l'air simple non plus. Ces pauvres gamins étaient coincés entre leurs deux parents. Avec en prime, une mère qui essayait de gâcher la relation qu'ils entretenaient avec leur père. Je fus sidérée encore davantage en apprenant que l'idée du piercing s'était insinuée en Corentin, sûrement soufflée par Laëtitia elle-même. Quelle genre de mère acceptait que son fils si jeune aille se faire percer ? Le prix de la meilleure maman ne lui serait pas décerné cette année. « Non, c'est trop tard, il est arrivé dans la semaine avec ce truc sur le visage, j'ai cru que j'allais lui arracher ! » Et je pouvais comprendre sa réaction. Moi qui était pourtant d'un naturel très calme, prenant toujours le temps d'analyser les choses avant de m'énerver, je ne pense pas que j'aurais pu garder mon calme dans une pareille situation. « Mais il est si jeune... Il le regrettera plus tard » Son ex-femme le poussait vraiment à bout et elle n'allait pas tarder à récolter ce qu'elle avait semé puisque Benoît parlait de lui retirer ses droits parentaux. C'était peut-être extrême mais si c'était la seule solution envisageable pour le bien-être de ses fils, je comprenais. Ses histoires ne regardaient qu'eux. Et les gamins n'avaient pas à en pâtir, ils devaient être préservé. « En fait, le juge a estimé qu'elle n'était pas assez présente pour avoir un droit de garde... On s'est juste arrangé à l'amiable. Lorsqu'elle est là, elle peut les voir quand ils ne sont pas à l'école… Il n'y a aucun papier de signé, donc je peux très bien lui dire que je ne veux plus qu'elle les voit... Mais je ne veux pas faire ça aux garçons, c’est leur mère quand même » J'admirais vraiment mon grand frère, qui prenait les choses avec calme. Tout le monde ne pouvait pas se permettre de réagir aussi bien. « Je te trouve vraiment serein face à tout ça. Franchement, je suis impressionnée. Mais tu sais, si il n'y a que ça qui puisse dégager les garçons de sa mauvaise influence, je pense que tu devrais le faire. Au pire, ça lui servira de leçon et elle comprendra peut-être par la suite » Comme une sorte d'avertissement en fait. Rien ne l'empêchait de reprendre les choses telles qu'elles étaient maintenant un peu plus tard, quand tout serait calmé.