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Le bruit et la musique | Florent

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MessageSujet: Le bruit et la musique | Florent Le bruit et la musique | Florent Empty2/11/2016, 00:56



 

Le bruit et la musique

Songs and melodies change and change, and sway, but they still stay the same. The songs that we sung when the dark days come
Are the songs that we sung when we chased them away
La portière droite s'ouvrit lentement sur une paire de talons qui ne tardèrent pas à toucher l'asphalte. Louyse attrapa son sac de cours et l'étui de son violon avant de sortir définitivement de la voiture qu'elle verrouilla derrière elle. Le regard hébété d'un quidam se posa successivement sur l'auto de sport et la jeune rouquine qui venait d'en surgir ; à croire qu'il n'avait jamais vu de femme au volant d'un tel bijou. Il fallait bien l'admettre, la Morgan 4/4 avait de la gueule, plus encore lorsqu'elle était poussée au maximum de ses capacités sur les autoroutes françaises. En ville, le moteur avait tendance à s'ennuyer, et pour cause ! les ralentissements parisiens étaient connus à travers tout le pays. Il allait sans dire que la rousse aurait de loin préféré ne pas avoir à se déplacer en voiture dans la capitale. Bouchons, automobilistes peu attentifs, places de parking impossibles à trouver, … Conduire à Paris lui filait la migraine comme des maux de dents à force de serrer la mâchoire de peur qu'un foutu Parigot n'érafle sa carrosserie. Sur la route, le danger était souvent les autres.
Mais puisque son permis nippon ne lui octroyait pour l'instant aucun droit sur les examens de conduite français, la demoiselle se contentait de rêver le temps précieux qu'elle économiserait au guidon d'une moto. Restait évidemment le choix des transports en commun. Mais allez donc proposer à une personne ayant vécu à Osaka d'utiliser le morne et malodorant Métropolitain. Elle ne s'en servait, à contrecœur, qu'en cas d'extrême nécessité, lui préférant encore le vélo.

Les escarpins de l'étudiante battaient le trottoir avec la régularité d'un métronome. Elle hâta le pas en apercevant la devanture de l'établissement qu'elle avait eu si hâte de rejoindre depuis la fin de la matinée. Tant pis si les heures qui suivraient seraient réservées à ses révisions – à croire que ses soirées n'étaient qu'un triste prolongement de ses journées de cours.
Louyse s'était sentie affreusement stupide lorsque l'un de ses professeurs avait éclaté de rire devant la traduction approximative qu'elle avait faite d'un terme juridique. La rouquine avait étudié le droit au Japon et ne connaissait par conséquent en la matière que les vocabulaires japonais et anglais. Son ego avait extrêmement mal pris la réaction du maître de conférence. Elle avait passé les dernières semaines à essayer de traduire et d'assimiler le lexique spécifique français. Ce n'était certainement pas pour qu'un homme pédant dans un costume de mauvais goût aux épaules tombantes se permette de lui pouffer au nez de la sorte.

Louyse s'immobilisa net devant un passage clouté, le bonhomme des feux piétons indiquant clairement que l'heure n'était pas au passage. Et pourtant, nombreuses furent les personnes qui forcèrent, au grand dam des conducteurs qui témoignèrent leur énervement à grands coups de klaxon. C'était dingue, comme Osaka l'avait discipliné. Son retour en France n'était que le synonyme d'une liste incommensurable de choses à réapprendre ou auxquelles se réhabituer.

À commencer par n'en avoir strictement rien à foutre de la signalétique ou du respect du code de la route.
C'était comme de prendre la première obligation routière de Napoléon, de la mixer avec le code de la route privé paru en dix-neuf cent quatre, et de faire déguster le tout de force à Jules Perrigot. Avec les compliments du chef !

Les orbes pâles de la jeune femme se heurtèrent au macadam lorsqu'elle baissa la tête, prise dans une soudaine réflexion. Il n'y avait pas que le petit bonhomme rouge. Elle avait dû apprendre à rouler à droite, à supporter le manque de discipline des autres usagers de la route. Elle devait se retenir d'incliner le buste ou la tête pour reprendre l'usage de la bise et de la poignée de main. En quelques jours seulement, sa patience avait été mise à rude épreuve dans les queues désordonnées des institutions administratives. Quant à la lenteur de service de ces derniers … l'énervement lui prenait les tripes chaque fois qu'elle y songeait. Elle se surprenait à tendre discrètement l'oreille lorsqu'elle entendait un mot de japonais prononcé au détour d'une rue.
Le Japon lui manquait plus qu'elle ne saurait dire. Ce n'était pas Osaka, ce n'était pas ce gouffre sans fin qui l'avait si durement happé. C'était le Japon, en lui-même. Les Japonais. Le respect, la discipline.

La route passée, le trottoir d'en face enfin foulé, Louyse pu respirer un grand coup. Quelques pas lui suffirent à pousser la porte du Café de la Musique. Elle se sentit étonnamment plus légère en franchissant le seuil de l'établissement, comme si le poids de la ville ne l'atteignait pas ici. Le travail estudiantin semblait incroyablement plus facile lorsqu'il était fait dans l'un des fauteuils de cuir de ce café qu'elle chérissait tant depuis qu'elle l'avait découvert.

Le cœur léger, elle partit déposer ses affaires à une table basse au bois ayant déjà largement vécu. La sensation des vieux tapis persan sous ses semelles lui donna envie de sourire, mais elle n'en fit rien. Se satisfaire des petites choses était un plaisir coupable auquel elle se livrait volontiers. Le confort familier du Café de la Musique, c'était son plaisir coupable fréquent. Celui qu'elle s'accordait plusieurs fois par semaine, lorsqu'elle avait envie de déguster une part de tarte maison sur fond de jam session.

Louyse s'avança – courant presque – vers le comptoir. Une chevelure brune qu'elle saurait à présent reconnaître entre mille attira immédiatement son attention. Elle s'en approcha silencieusement puis s'accouda nonchalamment au comptoir.

« Bonsoir, glissa-t-elle dans un sourire. Un thé au jasmin s'il-te-plaît. »

Ses prunelles bleues quittèrent Florent pour se poser sur l'estrade où un guitariste accordait son instrument. S'il lui plaisait – comprenez si sa musique l'inspirait –, elle se joindrait à lui avec plaisir. Détournant le regard de ce spectacle, la rouquine fixa son attention sur le serveur à peine plus âgé qu'elle commençait lentement à connaître, et ce malgré l'aspect superficiel de la plupart de leurs conversations.

« Tu vas bien ? Je pensais que tu serais de service durant le concert de … elle fronça les sourcils, mince, je me souviens plus de son nom … Garmina ? Garnina ? le week-end dernier. Trop de travail pour les cours ? »
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MessageSujet: Re: Le bruit et la musique | Florent Le bruit et la musique | Florent Empty7/11/2016, 09:00

Le bruit et la musique
Louyse & Florent

D’un geste habitué, j’enfilai mon tablier noir par-dessus mon jean et passai par la cuisine pour saluer mes collègues, le plongeur en particulier. Un Sénégalais d’une trentaine d’années qui rêvait de faire carrière dans le show business grâce à ses talents d’acteur. Des talents d’acteur bien présents d’ailleurs, il était un sketch à lui tout seul, mais personne ne semblait vraiment y faire attention. Il travaillait dans l’ombre, ne croisait jamais un seul client et bossait comme un acharné pour nourrir sa famille trop nombreuse. Lui et moi, on était fous. Fous sur le plan familial, fous de travailler autant pour pas grand-chose au final, fous tout court. Mais cette folie m’allait. Pour le moment. Je gardais mes objectifs en tête : un jour je serais médecin généraliste et j’offrirais le plus beaux des futurs à ma femme et mon fils. Ce ne serait plus très long, maintenant, alors les images d’un meilleur avenir défilaient dans ma tête. Lui, il avait trop la tête dans les casseroles pour pouvoir s’imaginer quoi que ce soit.  

Mon apparition dans la salle du café passa inaperçue, comme d’habitude. Les gens avaient le nez dans un bouquin, les yeux rivés sur un morceau de tarte bien trop gros pour leur régime, les doigts entrelacés dans ceux de leur partenaire. Quelques touristes avaient atterri dans le Café de la Musique, ce qui signifiait que j’allais devoir me souvenir du peu de cours d’anglais que j’avais suivis dans ma vie. Céleste ne ratait jamais une occasion de me rire au nez à cause de mon accent à couper au couteau, mais au final, je me foutais de ma propre tronche la plupart du temps. Et puis, entendre le rire de ma chérie, c’était sans aucun doute la chose la plus agréable sur terre – en même temps qu’entendre Ronan pousser ses petits cris de plaisir.

Après avoir signalé à mon collègue qu’il pouvait rentrer chez lui parce que je prenais la relève, je me chargeai de la première table qui me passa sous le nez. Une dame aux cheveux blancs et au visage tellement fripé qu’on voyait à peine sa bouche, habillée comme si le temps s’était arrêté dans les années soixante. Yolande de Galais. C’était une habituée du Café, mais seulement jusqu’à dix-huit heures. Après dix-huit heures, la musique ne lui plaisait plus – même si celle-ci n’avait rien de différent après une certaine heure. Elle vivait dans une énorme maison dans le centre de Paris, noblesse oblige, et m’avait invité plusieurs fois à venir prendre le thé chez elle. Une seule fois avait suffi : je n’avais pas réussi à m’éclipser avant plusieurs longues heures et je préférais sacrifier mon temps pour mon fils.

« Oh, bonsoir Florian ! » Un sourire avenant m’étira les lèvres. « Bonsoir madame de Galais. Un thé à la menthe, comme d’habitude ? » - « Oh, oui, s’il te plaît. D’ailleurs il m’en reste plein à la maison, tu devrais passer quand tu as le temps. » - « Promis, je passerai très bientôt. J’embarquerai même Ronan si vous voulez. » - « Oh, oui ! Oui, j’aimerais beaucoup. J’irai lui acheter quelques boîtes de biscuits. » Un rire amusé m’échappa et je hochai la tête. « Ce serait vraiment très gentil de votre part. Je vous apporte ce thé tout de suite ! »

Je n’attendis pas la réponse, histoire de couper court à la discussion. Si ça n’en tenait qu’à elle, on discuterait jusqu’au bout de la nuit et les autres clients pourraient aller se faire voir. C’est de cette façon que j’entamais mes soirées presque systématiquement. Certaines personnes aimaient parler, d’autres me traitaient comme leur esclave et ne m’adressaient que deux mots, mais je m’adaptais. L’idée de pester contre un client ne me traversait même pas l’esprit, ce n’était pas dans ma nature et puis ce job, j’avais bien envie de le garder. Le client est roi.

Une heure passa et le barman sortit fumer sa cigarette habituelle, ce qui me laissa l’occasion de le remplacer l’espace de quelques minutes. Il y a quelques années, je me serais volontiers joint à lui. Mais maintenant, l’odeur de la clope me donnait la nausée grâce à Céleste, qui m’avait gentiment fait comprendre qu’elle ne voulait pas d’un copain fumeur. Ni d’un mari fumeur par la suite.
J’aimais travailler au bar. C’était moins dynamique qu’en salle, mais les gens qui s’asseyaient sur les tabourets en cuir étaient souvent plus enclins à parler que ceux qui s’isolaient dans un coin. Alors que je servais une pression à un client, une chevelure plus rousse que rousse entra dans le café et un léger sourire m’étira les lèvres. Louyse. Pour elle, je n’étais pas ce serveur anonyme que j’étais pour tant d’autres. Non, j’étais Florent, on se tutoyait, on se racontait nos vies sans rentrer dans les détails. Elle ne savait rien de mon passé dans la Capitale, mais elle savait beaucoup de choses de mon présent. Elle était musicienne, elle aussi, et pas n’importe laquelle. Elle avait énormément de talent, c’était indéniable.

Elle vint s’accouder au comptoir et me salua, avant de commander un thé au jasmin. Elle aussi avait ses petites habitudes. « Coucou Louyse ! Je suis content de te voir, tu vas pouvoir te joindre au guitariste de la soirée ! J’ai hâte d’entendre ça » lui répondis-je joyeusement en me penchant au-dessus du comptoir pour lui faire la bise.

En effet, un guitariste accordait son instrument sur l’estrade et s’il était assez bon, la jeune femme s’y joindrait probablement. Je n’avais pas encore eu l’occasion de jouer avec elle : mon devoir m’appelait. Un jour peut-être. J’agrippai une tasse transparente posée sur le comptoir derrière moi, avant d’y faire couler de l’eau brûlante, maniant habilement les nombreuses touches de la machine à café. Café au lait, latte macchiato, cappuccino, café viennois, lait, tout sortait de cet appareil magique. C’était carrément la classe, fallait se le dire. Louyse me demanda comment j’allais, et en parallèle pourquoi je n’avais pas été présent pour le concert du week-end dernier.

« On fait aller, mais Ronan a un peu de mal à faire ses nuits ces derniers temps. Mes cernes te le confirmeront. » Je ris un instant, puis poursuivis : « Garmina, c’est ça. J’étais censé être de service, mais pour l’instant je suis en retard sur quelques cours et j’ai préféré prendre congé. Je t’ai manqué ? » Un sourire amusé vint m’étirer les lèvres alors que je déposais la tasse d’eau chaude sur une soucoupe, avant d’y ajouter le bon sachet de thé et de déposer le tout sur le comptoir devant Louyse. « Et toi, comment tu vas ? Pas trop de nuits blanches à cause des cours ? » On était dans la même galère, elle et moi. La galère des étudiants. « Si tu veux je peux te prêter ma chienne, elle fait réchauffe-pieds et machine à bisous. Elle marche aux croquettes, pas besoin de la recharger. C’est une super affaire ! »  
   

Emi Burton
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MessageSujet: Re: Le bruit et la musique | Florent Le bruit et la musique | Florent Empty17/11/2016, 23:44



 

Le bruit et la musique

Songs and melodies change and change, and sway, but they still stay the same. The songs that we sung when the dark days come
Are the songs that we sung when we chased them away
Le brun s'exécuta, visiblement heureux de retrouver un visage plus ou moins familier. Ses gestes avaient l'aspect parfaitement chorégraphié des mouvements mille fois exécutés. Il y avait à peine plus d'un mois que Louyse fréquentait l'établissement. Et pourtant il lui semblait avoir connu le jeune homme depuis toujours. Elle n'avait beau connaître que les grandes lignes de sa personne et de son histoire, quelque chose chez lui le rendait accessible. Humain, même. De tous les membres du personnel qui travaillaient au Café de la Musique, Florent était de loin le favori de la rouquine. Il était souriant, il était sympathique – chose rare, derrière les bars parisiens –, et cela suffisait à faire le bonheur de la demoiselle.

« Coucou Louyse ! Je suis content de te voir, tu vas pouvoir te joindre au guitariste de la soirée ! J’ai hâte d’entendre ça, lança-t-il dans une bise.
- Ce n'est pas garanti. Ça va dépendre de mon avancée côté cours, lâcha-t-elle, une moue aux lèvres. »

Loin d'elle l'idée de gâcher son enthousiasme, mais telle était la dure loi de la vie estudiantine. Celle qui forçait souvent à abandonner ses plaisirs et loisirs, à mettre de côté sa satisfaction immédiate, pour ne plus se concentrer sur une tâche : réussir. Louyse ne se laissait même pas le choix à ce niveau. Il était hors de question qu'elle se plante. Tant pis si cela signifiait repousser ce qu'elle aimait quelques années encore. Elle était si proche du but que la simple idée d'échouer lui donnait la nausée. Moins de deux ans la séparaient de son ultime diplôme : celui qui ferait office de précieux sésame, ouvrant les portes de nombreuses entreprises de renom. Un laisser-passer pour le monde professionnel, pour la vraie vie. La crédibilité qui manquait à son profil pour plaire au Conseil d'Administration de l'entreprise familiale, pour la rendre enfin adulte et digne de reprendre les rênes.
Dieu savait pourtant que sa seule envie était de boire d'une traite le thé brûlant qu'on lui servirait bientôt pour s'élancer sur scène. Il y avait comme un manque, en elle. Une partie de son âme s'était envolée avec sa voix dans une forêt trop sombre d'Osaka ; l'autre était bridée par son rythme universitaire trop chronophage pour permettre à ses instruments de s'exprimer aussi souvent qu'elle le voudrait.

« On fait aller, mais Ronan a un peu de mal à faire ses nuits ces derniers temps. Mes cernes te le confirmeront. »

La petite mine et les valises que Florent avait sous les yeux ne pouvaient en effet dire le contraire. Il avait du courage, c'était indéniable. Cumuler des études, un emploi, et un rôle de père de famille ? Il fallait une force indéniable pour survivre à ce trio infernal. En cela, il avait du cran. Et en cela, Louyse le respectait. Elle n'avait jamais connu cette peine, n'avait jamais eu à suer sang et eau dans un petit boulot pour boucler ses fins de mois. Elle avait toujours été une privilégiée. Une petite privilégiée qui pouvait se targuer de vivre confortablement sans se soucier de son compte-bancaire. Qui n'avait besoin de s'inquiéter de rien car on lui offrait tout. Qui profitait d'un cent quatre-vingt huit mètres carrés, aux frais de la princesse. Merci à sa famille qui avait acheté sans même réfléchir un appartement tout à fait original, idéalement situé dans le dixième arrondissement. Tout ça pour s'assurer que la petite dernière ne manquerait de rien à présent qu'elle était installée dans la capitale.
C'était écœurant, d'une certaine manière, de savoir qu'une petite élite capitaliste jouissait de manière indolente de tels privilèges quand le reste de la population se crevait jour et nuit pour espérer une vie décente. C'était révoltant. Et Louyse n'en avait rien à faire. Elle était trop égoïste pour se soucier des autres. Du moins en temps normal. C'était différent, avec Florent. Elle voyait quelque chose vibrer en lui. Quelque chose qui vibrait encore en elle.

La fibre musicale.
La vraie.

« Garmina, c’est ça. J’étais censé être de service, mais pour l’instant je suis en retard sur quelques cours et j’ai préféré prendre congé. Je t’ai manqué ?
- Tellement, si tu savais ! plaisanta-t-elle. »

Elle tira vers elle la tasse qu'on venait de déposer sur le comptoir et s'amusa un instant à faire successivement couler puis flotter le sachet de thé qu'elle y infusa. La rouquine s'installa nonchalamment le temps de la conversation. Elle aurait encore tout le loisir de s'attaquer à ses révisions plus tard. Oh, qu'il lui tardait d'ouvrir des dictionnaires de traduction pour espérer trouver les équivalents français des termes juridiques nippons …

« Et toi, comment tu vas ? Pas trop de nuits blanches à cause des cours ? Si tu veux je peux te prêter ma chienne, elle fait réchauffe-pieds et machine à bisous. Elle marche aux croquettes, pas besoin de la recharger. C’est une super affaire ! »

Ses épaules se haussèrent dans un mouvement peu convaincu.

« On fait aller écoute. Je crois qu'à force, mon corps s'est habitué à ne plus recevoir ses huit heures de sommeil, ricana-t-elle. Je ne suis franchement pas à plaindre. »

Et c'était bien vrai. Elle préférait ne pas s'apitoyer sur son sort en face de Florent qui avait cent fois plus de raisons de le faire, et pourtant le faisait rarement, si ce n'était jamais.

« Je retiens la proposition pour la chienne ! mais je ne suis franchement pas sûre que ma sale bête de chat soit particulièrement ravie de voir une nouvelle arrivante. »

Louyse prit une gorgée d'un thé à peine infusé. Elle plissa le nez en constatant que sa boisson avait encore un goût trop prononcé d'eau chaude.

« T'as du courage Flo … -rent, ajouta-t-elle aussitôt par peur des familiarités. Peu de gens arriveraient à tenir la cadence. Surtout avec un mini-monstre en prime ! Et d'ailleurs, redis-moi l'âge de ton fils ? J'ai du mal à visualiser vers quand les enfants font leurs dents, j'y connais rien. »

Instinct maternel ? Zéro. Louyse n'aimait pas les enfants ; et ils avaient tendance à bien le lui rendre. Elle serait bien aidée le jour où elle en aurait … Plus tard serait le mieux.

« Tu vas un peu jouer ce soir ? Ça fait un moment qu'on ne t'a pas entendu. »
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