Hey I just met you. And this is crazy. But here's my number. So call me maybe
Stellan & Lucy
Assise à l’extérieur de l’amphithéâtre, je lisais pour la cinquantième fois le profil de Stellan Iseki. On saluera le prénom à coucher dehors. Alors, il a 48 ans. Bien, bien. Chimiste de renom. Donc le mec aime faire exploser des trucs. Il est également passionné de philosophie. C’est une blague ? Qui est passionné par la philosophie ? « Non mais comment je vais séduire un mec pareil ? D’ailleurs comment Sandrine qui n’a rien dans le poix-chiche a pu le séduire ? Dis-je à mon acolyte qui était à notre QG tandis qu’une autre était dans l’amphithéâtre et faisait semblant d’écoute son cours. Apparemment vu comment elle soupirait, je pense qu’elle ne devait pas y comprendre grand-chose. Je l’imitais alors avant de reprendre la lecture de ma fiche si passionnante que m’avait fournie l’assistant de ma mère. Passionné de musique classique et de gadgets. Un riche en somme. Je passais une main sur mon front désormais moite à cause de la chaleur avant de relever les yeux. Trente minutes. J’avais trente minutes de retard sur son cours. Allez cinq minutes de plus.
Je me remets donc debout, vêtue d’un pantalon assez sobre pour une fois. Une chemise en jeans et un foulard de noué dans mes longs cheveux blonds que j’avais attaché en chignon lâche. Certains arnacoeurs adaptaient leurs physiques à leurs missions. No way. Je reste comme je suis. Je rangeai le dossier au fin fond de mon sac que j’avais intitulé « poterie » pour entamer ma marche. Je poussai les larges portes et je pus apercevoir tous les losers qui prenaient des cours d’été. Rattrapages. Imbéciles. Puis, je fis exprès de louper une marche et finie par m’étaler par terre. Comme l’autre courgette dans Cinquante Nuances de Grey. Un homme –typique du geek- se leva pour m’aider à ramasser mes affaires et je lui souris. Sourire qui je pense a dû lui faire faire un arrêt cardiaque. Je finis par me remettre totalement debout avant de passer une main pour dégager de mèche de cheveux qui m’obstruait le visage. « Pardon, est-ce ici le cours de littérature avancée dispensée par M. Germain ? » Je jette un regard à l’assistance qui doit m’avoir repérée. Ça fait trois fois depuis quinze jours que j’interromps son cours. Toujours à la même heure. Je pose enfin mes yeux sur lui. « Ah bah toujours pas non, dis-je d’une voix timide, désolée Monsieur. Pardon, pardon. » Je bats en retraite pour refermer les portes derrière moi.
Je n’ai jamais pris de contact direct avec lui pour l’instant. Il faut dire qu’on n’a rien en commun. Enfin, il aime les gosses mais c’est tout. Et il est hors de question que je me serve de Gaël pour l’appâter. Jamais. Je préserve mon fils de toutes ces conneries. Et je ne voulais pas qu’il rentre en contact avec Sandrine. Cette femme, c’est la belle-mère dans Blanche-Neige. Et dire qu’elle m’a mis au monde. Bref pendant les deux heures et demie restantes, je vague à mes occupations. Un thé sorti de la machine, je vérifie au téléphone toutes les vingt minutes que Gaël va bien au point qu’on finit par me raccrocher au nez. Et enfin, je pose sur un banc non loin de la salle de cours pour relire Madame Bovary de Flaubert. Je suis plongée dans ma lecture lorsque je sens une ombre devant moi. Les hommes mordent toujours à l’hameçon de la blonde potiche aux yeux bleus qui s’est ramassée par terre. Je relève alors la tête pour froncer le nez. « Je peux faire quelque chose pour vous ? » Mise à part vous délivrer d’une horrible mégère.
Sujet: Re: (Stecy) so call me maybe 20/7/2016, 23:09
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Stellan & Lucy
Alors voici mon plan pour la journée : après m’être faite remarquer auprès de la cible, j’allais entrer en contact direct avec. Mais attention, il ne faut pas que ça soit moi qui l’aborde. Il faut que ça soit lui qui vienne à moi. Pourquoi ? Parce que ça démontrerait son côté séducteur. Cette sensation, ce besoin de plaire à autrui. Je devais trouver un moyen de me démarquer, de lui taper dans l’œil outre les autres étudiantes. Je suis banale comme fille. Certes, j’ai de grands yeux bleus, de très longs cheveux blonds et un petit nez en trompette mais je suis banale. Je n’ai pas de courbes généreuses, des cheveux volcaniques. Non, je suis plus comme Raiponce avec un petit côté juvénile. Il me fallait une excuse du pourquoi j’étais entrée trois fois dans la salle. « Parce que vous êtes un homme séduisant. » Non trop cliché, trop flatteur. Je ne suis pas du genre à tomber tout cuit dans le bec des mecs car sinon il allait me sauter –no way- et se désintéresser de moi. « Je suis blonde. » Cliché, typique. Si je suis scolarisée à la Sorbonne –ce que je ne suis pas- c’est que j’ai un cerveau. J’ai trouvé. Une excuse banale, typique que je pourrais mettre sur le compte d’une légère étourderie.
Donc je me lève pour inspirer longuement. Moteur. Action. J’entends les autres qui me donnent des conseils dans l’oreillette et je la coupe pour pousser les portes assez lourdes de la salle de classe. Chimie hein ? Moléculaire ? Je ne sais pas trop. De toute façon, j’ai décidé en commun accord avec mon équipe que nous n’adopterions pas le comportement d’une étudiante en chimie. Je ne serai pas crédible du tout comme je n’y connais rien et en plus, ça serait trop cliché. Je me stoppe un moment avant de le fixer. Bizarrement, vu le regard de toutes les femmes présentes, cet homme était le nouvel Henry Jones III. Indiana Jones pour les incultes. Un rapide coup d’œil et j’évalue. Barbe bien taillée, lunettes qui coutent extrêmement chères, des cheveux bien peignés. Ce mec prend soin de son apparence et a un costume à 5000. Il ne manquerait plus qu’il conduise une bagnole de sport et on lui attribuerait l’étiquette d’homme qui effectue sa crise de la cinquantaine. Je glisse sur une marche –volontairement- pour me laisser tomber. Mes –faux- cours volent dans tous les sens et un garçon que je remercie d’un sourire se lève pour m’aider. Mon chou, je suis trop vieille pour toi, dégage. « Au revoir, monsieur. » Puis, je fais volte-face en souriant avant de sortir de la salle.
Il fait extrêmement chaud pour un jour de juillet. Mais en France c’est kif kif. Soit on a du beau temps et on fond au soleil, soit on se les gèle. Gaël n’arrêtait pas de tomber malade avec toutes ses conneries. Je me plonge dans ma lecture peu de temps avant la sortie de l’amphithéâtre pour lever la tête de mon livre et observer le professeur qui me fait face. Il a mordu à l’hameçon. Parfait. Je retire alors mon sac avant de lui sourire. Pas un sourire enjôleur. Merci mais il n’y a pas écrit trainée sur mon front. Je veux le séduire. Pas forcément écarter les cuisses. « Bien entendu, professeur. Euh… » Forcément comme il n’est pas l’un de mes enseignants, je ne suis pas censée connaitre son nom. Je me tourne alors vers lui. Il me lance un sourire enjôleur. Mon dieu. Pathétique. Je lui en fais un timide. Il me met mal à l’aise ce gars. Sans doute parce que c’est mon beau-père. « Je viens de débarquer ici. De Nice, j’ai été transféré et les deux premières fois on m’a indiquée le chemin de votre salle de classe. » Je baisse la tête, confuse. « Je pense qu’on voulait me faire une blague parce que je suis blonde. Et la troisième je pense que mes pieds ont enregistré le chemin tous seuls. » Je ne quitte pas son regard un seul instant sans forcément lui sourire. Rien. Je me contente d’être stoïque. Comme pour lui indiquer qu’il ne m’aura pas si facilement. Que le jeu commence. Viens vers moi mon gros minet, je t’attends à bras ouverts –et non à cuisses ouvertes-.
Sujet: Re: (Stecy) so call me maybe 13/8/2016, 00:41
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Stellan & Lucy
C'est tous les jours la course. Avec un enfant en bas âge que je me devais de laisser dans une garderie car je ne pouvais pas l'emmener avec moi, le chien énorme que nous avions et ma nouvelle vie parisienne. Je ne suis pas trop dans l'ambiance mais j'avais un contrat à remplir. Je sais que je pourrais exercer n'importe quel métier mais ma mère était une réelle source d'inspiration pour moi . Outre le fait que cette femme détestable a caché mon existence à tout le monde. Elle a épuisé des maris à je ne sais qu'en foutre. Et elle m'a renié quand elle a appris que j'avais un petit garçon. Même pas une larme pour la mort de Rémi. Non bien sûr que non, pleurer ça fait couler le mascara. Pétasse. Je déteste ma mère. Je la hais. Mais j'avais un garçon de quatre ans et je le gâtai énormément. Je voulais pouvoir emmener mon fils à Disneyland et lui payer le billet qui coute cher. Voire même un séjour. Et plein de souvenirs. Ce contrat allait me rapporter gros et autant pourrir la vie de ma mère. Cette salope. Je sais que normalement, je devrais ressentir de la compassion mais lorsqu'elle est venue me voir tout de noir vêtue -Chanel j'aurais dit- et pour me sortir. « L'amour c'est pour les enfants. » Oui, bien sûr. Je ne suis qu'une enfant. Une enfant indésirable à ses yeux. Une atroce déception qui s'habille comme un sac à patates. J'ai beau devoir séduire monsieur Iseki, je ne changerai pas de style vestimentaire pour autant. Stellan Iseki. Bel homme. S'il avait été un poil plus jeune, je pense que j'aurai pu me laisser aller dans ses bras.
Je semble perdue sur mon banc avec mon exemplaire trop vieux de livre. Je dois le connaître par cœur mais je suis censée être une étudiante en littérature donc autant être crédible. J'ai même mes lunettes de vue dans le sac. Il fait plutôt chaud cet été bien que le temps demeure capricieux. Je relève la tête pour faire face au professeur infidèle. Bingo, il a mordu à l'hameçon. Trop facile. Je lui sers un sourire très très white et il me répond. Ok, arme redoutable du jeune homme. Son sourire et ses rides. Ça le rend un peu plus sexy que la normale. Mais je dois me concentrer sur ma mission. Je me déplace pour lui laisser le temps de s'asseoir. « Lucie Soler. Oui, ce n'est pas un jeu de mots. Je suis solaire. » J'éclate de rire avant de lui serrer doucement la main. Son contact est chaud, ses mains rugueuses. On ne dirait pas quand on sait qu'il a une cuillère en argent dans la bouche. « Enchantée de faire officiellement votre connaissance. » Je penche la tête sur le côté tandis que je le laisse se plonger dans mes yeux. Mes yeux bleus trop grand qui font souvent peur aux gens. Puis, je lui annonce qu'on m'avait fait une blague. Excuse facile. Puis, je range alors mon livre pour faire la moue. « Oui, j'aime les livres. Ils ne sont pas décevants contrairement à certains hommes. » Je l'imite lorsqu'il regarde Madame Bovary avec un certain intérêt. Je rougis alors. Je n'y suis pour rien si je préfère ce genre de romans. Même si l'histoire est dramatique. Il s'apprête à se lever et je pose doucement ma main sur son bras. « Iseki c'est pour quoi ? » Traduction du message : reste à mes côtés beau brun. Je n'ai même pas encore commencé à te grignoter.
Sujet: Re: (Stecy) so call me maybe 20/8/2016, 15:53
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Stellan & Lucy
Je commence à me sentir seule. Sans Rémi. Sans ma grand-mère à mes côtés. La capitale française est un véritable dépaysement. Les immeubles partout et la mer me manque. Je ne peux plus y emmener Gaël comme je veux. Il adore la mer, il adore nager. Enfin faire semblant. J'ai un pincement au cœur en me disant que son père ne lui apprendra jamais à nager, à faire du vélo sans les roues, ne l'emmènera jamais à Disneyland pour son anniversaire. Je suis en train d'économiser pour le faire mais le parc coûte tellement cher. Rémi me manque tous les jours. Je revois encore son visage mais je n'entends plus sa voix. Je n'y arrive plus. Auparavant, j'arrivai à le voir, à l'entendre. Surtout lorsqu'on se racontait notre journée sur l'oreiller en riant. Il me faisait rire. C'est ce qui m'a plu chez lui. Et maintenant, je me retrouvais seule, dans un deux pièces avec une mission. Détruire le mariage d'une femme que je déteste. Ma mère. La femme que j'aurai aimé avoir à mes côtés à mon accouchement. Qui est venue me voir sans jeter un coup d’œil au bébé pour me dire que j'avais gâché ma vie. Que Gaël était une erreur. « Alors il est ma plus belle erreur. » Je l'avais regardé dans les yeux. Nos yeux similaires. Et elle est partie sans tourner les talons Louboutin pour revenir voir sa fille unique. Mariée à un homme objet, bourreau de travail, une femme acariâtre qui se fiche de sa progéniture et de tout ce qui l'entoure. Seule elle compte et si j'ai accepté cette mission ce n'est que pour un but : lui rendre la monnaie de sa pièce.
Je ne l'avais vu qu'en photo. Stellan Iseki, brillant professeur, véritable génie, marié à une femme belle mais froide comme un glaçon, coureur de jupons. Voilà comment on pourrait le définir. Je le plains. Vraiment. Je lui souris. Lumineuse. Comme mon nom de famille, différent de celui de ma mère. Enfant caché, honte inavouée. Je lui sers alors la main. Elle est chaude, ne tremble pas, n'est pas moite malgré la chaleur. C'est un homme sûr de lui. Son sourire est charmeur à la différence de son regard qui témoigne une profonde lassitude. Pauvre homme. Piégé entre les griffes d'un vautour blond. Infidèle. Ce comportement n'est pas excusable. Certes ma mère n'est pas facile à vivre mais pourquoi ne pas divorcer tout simplement ? La réponse est évidente. Il ne supporte pas la solitude et ne peut quitter sa femme que pour une autre. Il me sort que les femmes sont décevantes. Ouverture pour lancer le sujet. « Vous semblez dire ça en connaissance de cause ? Et je m'excuse pour la gente féminine si nous avions pu vous faire mauvaise impression. » La gente masculine ne m'a jamais déçue. Mais il faut dire que je n'ai connu qu'un homme. Aimé. Choyé. Et maintenant, en deuil. La mort me l'a pris trop tôt. Il semble vouloir se lever et je pose alors délicatement ma main sur son avant-bras comme pour lui faire comprendre que sa compagnie m'est agréable. Et c'est vrai. De toute façon, je ne fais jamais semblant dans mes missions. Sauf si l'homme est véritablement repoussant mais pour avoir parcouru les informations pêchées sur Stellan Iseki, cet homme semble juste mal loti en terme d'affection. En même temps avec Sandrine, il ne faut s'attendre à rien. « Il faut dire que Paris semble belle pour tous les étrangers. Mais il y a des villes magnifiques en France. J'ai une préférence pour les petites villes comme Rocamadour ou encore les châteaux de La Loire. Enfin, je suis plus branchée histoire que... Vous enseignez quoi ? » Il part dans ses pensées un instant et je lui souris de nouveau. « Je suis de Nice. Le Sud. J'ai récemment emménagé à Paris pour mes études. » Rectification : une mission. Toi, mon coco. « ça m'étonne que vous ne soyez pas parti en vacances. Il y a mieux à faire que de rester dans une fac poussiéreuse en plein été, vous ne pensez pas ? »