send my love to your wife.

(by anaëlle)

Encore une journée en enfer avec son propre Satan. Jaesun appelait ainsi Victor depuis quelques temps. Son patient continuait de lui en faire voir de toutes les couleurs et il devait prendre sur lui pour ne pas lui exploser à la figure. Parfois, dans ses rêves, il resserrait ses longs doigts autour du cou de Victor jusqu’à ce que celui-ci arrête de l’insulter. Il se réveillait toujours en sursaut, la culpabilité le rongeant de l’intérieur. Rêver d’assassiner son patient ne lui plaisait pas, ça le rendait même malade mais Victor faisait tout pour le pousser à bout. Son cerveau réagissait comme il le pouvait. Jamais cependant il ne ferait du mal à son patient. Il tenait à lui malgré tout. Il était sa priorité, sa mission. Victor retrouverait goût à la vie et il serait à ses côtés pour le voir. Même s’il devait subir toutes sortes de mauvais traitements. Ça occupait Victor même si lui devenait cinglé.

Jaesun marchait d’un pas rapide, la mauvaise humeur le bouffant littéralement. Il était pourtant un soleil pour les autres mais Victor pompait son énergie. Tout ce que Jaesun voulait était se retrouver chez sa cousine avachi sous un plaid sur son canapé. Il avait envie de la serrer dans ses bras et ne plus penser à ses journées épuisantes. Il n’avait pas pris la peine de l’appeler, il pensait qu’à cette heure elle serait chez elle alors il se hâta quand il aperçut enfin sa rue se profiler à l’horizon.

Ses pas rapides furent stoppés par une vision qu’il n’apprécia pas du tout. Juline venait de descendre d’une voiture et il put apercevoir le fameux Lauri à travers la porte ouverte. Ses poings se serrèrent immédiatement. Cet homme l’insupportait. Au début, il avait été heureux pour sa cousine, il avait espéré que cet homme craque et laisse sa femme. Après tout, Juline était parfaite, qui pourrait lui résister ? Certainement pas cet homme avait pensé Jaesun. Pour lui ça avait été une évidence, ce n’était qu’une question de petites semaines avant qu’il ne la choisisse elle. Pourtant, de longs mois plus tard, ils en étaient toujours au même point. Juline amoureuse folle avec le statut de maitresse. Elle méritait tellement mieux que ce que lui offrait ce sombre crétin. En voyant Juline s’éloigner vers la porte de son immeuble – qui se trouvait à presque cent mètres de là – Jaesun hésita à la suivre. Il aurait pu enrouler son bras autour de sa taille et déposer un baiser sur sa tempe, il aurait pu lui sourire et l’accompagner chez elle… mais il n’en fit rien. Non, il se précipita vers la voiture et ouvrit la porte côté passager par laquelle Juline venait de sortir. Sans attendre il s’installa sur le siège et claqua rudement la portière. Fixant durement le propriétaire de la voiture, Jaesun serra la mâchoire. Il aurait pu lui coller son poing sur le nez, il en avait une envie folle. Mais il se contenta de siffler entre ses dents. « Vous avez tellement honte que vous la déposez à plus de cent mètres de chez elle. Pitoyable. » Son regard se posa sur la silhouette de sa cousine qui finit par disparaître dans la rue. La laisser au bas de son immeuble aurait changé quoi ? Bon sang, cet homme ne faisait rien pour que Jaesun change d’opinion sur lui. « Vous les hommes mariés vous êtes vraiment tous des cons. » Ça lui rappelait beaucoup trop sa propre histoire. Lui aussi avait été l’amant de l’ombre et il ne voulait pas que sa cousine vive ce qu’il avait pu endurer. Non l’autre n’était pas marié mais il l’avait laissé pour vivre avec sa future femme. Si Jaesun avait su qu’il n’était que l’amant, jamais il n’aurait continué cette histoire, c’est pour ça qu’il ne comprenait pas pourquoi Juline s’acharnait après autant de mois. « Vous ne la méritez définitivement pas. Vous ne voyez pas que vous faites du mal autour de vous ? » Sa femme à la maison ne devait pas être au courant et il se foutait de la nature réelle de leur relation, tout ce qui comptait était le bonheur de Juline et tant qu’elle ne serait pas la première dans le cœur et la vie de cet homme, elle ne serait jamais pleinement heureuse.

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(by anaëlle)

Cette journée au jardin du Luxembourg, ce pique-nique avec Juline, tout avait été tout simplement parfait. Lauri n’aurait pu rêver mieux comme journée loin de l’université, loin de chez lui, même si par moment, il avait trouvé Juline un peu bizarre, comme si elle lui cachait quelque chose. Mais il n’aime pas la pousser à lui parler, alors même s’il lui a posé quelques questions au cours de la journée, il n’a jamais insisté pour qu’elle lui parle alors qu’elle ne semblait pas encline à le faire. Le professeur sait qu’il la met dans une position délicate, il a bien conscience de ce qu’il lui fait endurer et c’est une des raisons, au-delà de son propre caractère, qui lui fait être si réservé avec elle sur ce type de sujet. Il n’a pas le droit de la forcer à quoi que ce soit, alors qu’elle-même ne se permet pas de l’obliger à choisir, ce qui serait après plus d’un an de relation, assez légitime. Lauri s’en veut et culpabilise, que ce soit pour elle, comme pour sa femme, mais il n’y a rien à faire, il n’arrive pas à se décider. Au fond de lui, il sait qu’actuellement, il est bien plus heureux avec la jeune femme et il aimerait bien pouvoir être pleinement avec elle, si seulement sa femme allait un peu mieux, qu’il pourrait la laisser sans culpabilité. Mais Elina est encore trop faible, trop fragile, et divorcer serait un coup de poignard qui l’enfoncerait encore un peu plus. Lauri ne veut pas lui faire ça, il n’arrive pas à se résoudre à la quitter à cause de ça. Pourtant, c’est bien elle qui a créé cette situation entre eux, ce vide qui existe aujourd’hui dans le couple, alors qu’ils étaient si fusionnels par le passé. Ce serait probablement mieux pour tout le monde qu’ils se séparent, mais il y a toujours un petit quelque chose qui le retient. Il lui faudrait sans doute un déclic, quelque chose qui lui fasse réaliser que la situation n’est vraiment plus possible comme elle est en l’état, et que même en dépression, sa femme saura s’en sortir s’il n’est plus là. En fait, c’est de ça dont a besoin Lauri, il a besoin d’être certain que sa femme ne sombrera pas encore plus sans lui.

Quand il dépose Juline au coin de sa rue comme à chaque fois, pour ne pas se faire griller par hasard par quelqu’un de l’université, il s’inquiète une dernière fois de savoir si tout va bien, elle répond par l’affirmative, alors il sourit et l’embrasse une dernière fois avant qu’elle ne sorte du véhicule. C’est le plus gros souci de leur couple et ce qui fait qu’ils ont autant besoin de se cacher, ce n’est pas le fait qu’il soit en couple, mais bel et bien leur statut d’étudiante et professeur. Elle ne serait pas dans son cursus, ça me poserait moins de soucis, quoiqu’il y aurait toujours l’étique, mais là, techniquement, c’est carrément prohibé. Heureusement, elle a bientôt fini sa dernière année, après ça, ce sera bien plus simple, ils n’auront plus autant besoin de faire attention de se montrer ensemble. Comme chaque fois qu’il la dépose, le finlandais reste là encore quelques minutes, la regardant se diriger jusqu’à son immeuble, juste pour s’assurer qu’elle soit en sécurité. Ce qui est nouveau aujourd’hui, c’est le jeune homme qui s’incruste dans sa voiture côté passager, ce qui le fit sursauter, ne l’ayant pas vu arriver. Aux paroles dures et pleines de colère du garçon, il comprend très rapidement de qui il s’agit, sans qu’il n’ait besoin de se présenter. Juline lui ayant déjà parlé à plusieurs reprises de son cousin dont elle est très proche. « Jaesun, je présume ? » Lauri, d’un naturel calme et ayant plus que l’habitude de devoir rester serein face à ses étudiants, ne s’énerve pour le moment pas, malgré ce qu’il vient d’entendre. Après tout, comment pourrait-il lui en vouloir de penser ça ? Il ne connait probablement pas sa situation avec Elina et il ne cherche qu’à protéger Juline, ce qui est tout à son honneur. « Je comprends ton point de vue, mais tu ignores certaines choses à prendre en considération. » Il le lui précise, sans pour autant lui expliquer ces choses qu’il ignore, il n’a absolument pas envie de parler de sa femme avec un gamin, ça ne le regarde pas, qu’il soit le cousin de Juline ou pas. Le principal, c’est qu’il ne le cache pas à son étudiante. Il ne lui a jamais menti, et elle est parfaitement au courant de sa situation. « Mais sache que je n’ai nullement honte de Juline, que je préfèrerais largement pouvoir la déposer directement devant sa porte d’entrée. Le problème étant qu’elle est pour le moment encore mon étudiante, et qu’on ne peut pas prendre le risque d’être vu ensemble tant que c’est le cas. Ça nous porterait préjudice à tous les deux, et je n’ai pas envie qu’elle ait des problèmes pour ça alors qu’elle a presque fini son cursus. Ce sera différent après. » Il ne le montre pas, parce que c’est dans sa nature de ne montrer que très peu ses émotions, que c’est comme ça qu’il a été éduqué, et pourtant ça gonfle royalement Lauri de devoir s’expliquer et se justifier devant un gamin qui ne doit même pas avoir vingt ans. Pour le moment, il reste poli et courtois devant lui, uniquement parce qu’il est le cousin de Juline, et il espère que ses paroles suffiront à le faire partir. Mais s’il insiste trop, il ne restera peut-être pas aussi calme bien longtemps, il a, au-delà de son éducation british, du sang finlandais dans les veines, origine dont il tire sont côté un peu plus impulsif. Lauri, c’est le calme avant la tempête.

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(by anaëlle)

Être en compagnie de Lauri n’impressionnait pas Jaesun, il n’était pas du genre timide et lorsque quelque chose le tourmentait, il n’hésitait que rarement à en parler. Sa victime du jour n’était autre que l’amant de sa cousine, un homme à qui il ne voulait pas donner son respect tant qu’il n’en ferait pas de même avec Juline. Pour lui, la demoiselle méritait quelqu’un de présent, d’aimant et qui ne verrait qu’elle. Peut-être qu’il l’aimait sincèrement mais ça n’était pas suffisant aux yeux du jeune homme. Après tout comment ne pas voir que Juline méritait tout l’or du monde et certainement pas une place d’amante dans le cœur d’un homme déjà marié ? Il n’était pas objectif parce que pour lui, sa cousine était la femme la plus parfaite sur Terre alors il voulait le meilleur pour elle. Et à présent, « le meilleur » n’était pas synonyme de « relation extraconjugale stagnante ».

« Certaines choses à prendre en considération ». Ah, ça il aimerait bien les entendre ces fameuses choses. Quelles excuses pouvait-il bien avoir pour ne pas faire de sa cousine la seule femme dans son cœur ? Haussant un sourcil lorsque l’homme finit par prendre la parole, Jaesun retint comme il put un rire. L’excuse de la relation professeur-élève. Bien sûr. « Je ne suis pas vraiment idiot. Je me doute que vous faites ça pour essayer de vous protéger. Mais ici ou à cent mètres ça ne change pas grand chose vous savez. Regardez, je vous ai surpris. Ça aurait très bien pu être un de vos élèves ou supérieurs. » La déposer devant chez elle ou non ne changeait strictement rien. Si quelqu’un passait par là, il les verrait. Son explication n’avait évidemment pas convaincu Jaesun. Mais Lauri ne semblait pas comprendre son vrai problème. « Je comprends quelque part que vous soyez prudent. C’est normal avec 'son cursus' comme vous dites. » Ses yeux ne quittaient pas ceux de l’amant de sa cousine cherchant à le sonder calmement. « Ce qui me pose souci c’est l’après, justement. » En quoi la situation allait-elle être différente ? En quoi ils évolueraient ? « Vous êtes marié, vous allez vous cacher de votre femme après ? A moins qu’elle soit d’accord ? » Jaesun se posait réellement ces questions. Peut-être paraissait-il stupide aux yeux de cet homme qui avait presque vingt ans de plus que lui mais il ne comprenait pas ce qui pouvait pousser les gens à tromper. Peut-être était-il trop sincère. « Je ne connais pas votre situation avec votre femme mais je ne vous imagine pas la quitter pile au moment où Juline finira sa scolarité. Vous l’auriez déjà fait si cette option était envisageable, non ? » Les deux choses n’avaient aucun rapport. Il pouvait très bien quitter sa femme et rester célibataire officiellement en attendant que Juline ne soit plus son élève. « Vous devez vous dire que je ne suis personne, juste un petit con qui se mêle de ce qui ne le regarde pas mais je ne peux pas m’empêcher de vouloir la protéger. » Sa cousine avait toujours été là pour lui, elle avait pris sa défense face à des gamins bien plus costauds qu’elle lorsqu’ils s’étaient attaqués à Jaesun. Il ne comptait pas les fois où elle l’avait sorti du pétrin ou défendu contre les moqueries lorsqu’il était petit. Alors peut-être qu’aujourd’hui il en faisait trop mais il ne supportait pas la situation dans laquelle Lauri mettait sa cousine. « Je ne doute pas non plus de vos sentiments pour elle. Vous ne resteriez pas avec Juline aussi longtemps en risquant votre carrière et votre mariage si ce n’était pas quelqu’un d’important pour vous. » Fixant au loin, Jaesun soupira. Il avait l’impression de parler à un mur. Il savait que cette conversation ne mènerait à rien. Peut-être comprendrait-il un peu mieux la situation de cet homme mais ça n’excuserait jamais le fait qu’il avait deux femmes dans sa vie et qu’il semblait incapable d’en choisir une. « Si vous aimez vraiment ces deux femmes, vous devriez faire un choix et pas vous contenter d’avoir les deux. Ce n’est qu’une impression mais c’est comme si vous attendiez qu’elles choisissent pour vous ou qu’un élément extérieur vienne changer les choses. » Penchant la tête, il regarda de nouveau l’homme qui à ses yeux gâchait la vie de sa cousine. « Juline accepte cette situation mais elle mérite tellement mieux. Vous le savez au fond. Elle ne sera jamais pleinement heureuse en n’étant qu’une maitresse même si elle clame le contraire. Pire, si vous finissez par ne jamais la choisir, vous l’aurez empêchée pendant plusieurs mois de trouver quelqu’un qui aurait pu être à la hauteur. » Il ne doutait pas que Lauri saurait traiter sa cousine parfaitement s’il la choisissait. Ce n’était pas son problème, pas ce qu’il lui reprochait. Il voulait juste qu’il fasse un choix pour que sa cousine puisse enfin avancer dans sa vie. Etre sa seule et unique compagne ou pouvoir être libre de trouver quelqu’un qui ne verrait qu’elle.