Tu souris en enfilant ta robe. Elle te colle un peu plus à la peau que d’ordinaire alors que ton ventre prend quelques formes, rien de bien visible encore vu que t’es encore qu’au premier mois. Pour le moment, tu arrives à cacher le fait que tu es enceinte derrière tout ce que tu manges en ce moment. T’arrives encore à le cacher à tes proches, mais ça va commencer à devenir compliqué dans quelques semaines. Heureusement, tu as prévu de l’avouer à tes parents après ton voyage en Finlande pour l’annoncer à ta Nonna en premier. Tu veux qu’elle soit la première au courant, bien avant Lauri. Il l’apprendra en même que ta grand-mère et cette idée agrandit ton sourire. T’as presque envie d’y aller maintenant en Finlande pour lui dire. Tu finis de t’habiller toujours un sourire aux lèvres et tu récupères ton sac à main ainsi que des lunettes de soleil avant de mettre tes chaussures pour sortir prendre un peu l’air. Il faut que t’ailles faire quelques courses aussi. T’as presque plus rien dans ton frigo et ça te gêne. Toi la grande gourmande que tu es, tu es à sec niveau bouffe que ce soit dans ton frigidaire ou tes placards. Tu as toujours des bonbons à porter de mains ou du chocolat pour les sucreries et pour ce qui est du salé, c’est du fromage. Tu marches donc vers le supermarché le plus proche et tu entres après avoir pris ton caddie. Tu farfouilles dans les allées mettant le plus de cochonneries possibles dedans. Ça te permettra d’expliquer ce petit ventre qui se pointe. Bon, y a au moins qu’avec Jaesun que tu n’as pas besoin de trouver une excuse. Il est au courant et même s’il n’aime pas la situation, il va être obligé de l’accepter parce que c’est hors de question que tu avortes. Ce petit être en toi grandi et a le droit de vivre autant que n’importe qui. Alors, tu vas le garder et ce même si Lauri n’est pas prêt à s’en occuper. Tu ne peux pas en vouloir à ton cousin de réagir de la sorte. Il ne veut pas que tu souffres, il ne veut pas que tu sois dans la même situation que lui. Tu sais qu’il le fait pour ton bien, qu’il ne dit pas ça pour te blesser, mais tu ne peux pas concevoir de laisser tomber ton professeur. Cet homme est celui qui t’as redonné goût à l’amour. Tu l’as dans la peau, tu l’aimes trop pour ça. Tu continues de flâner sans but dans le magasin quand tu surprends la discussion de deux adolescents. « T’as vu l’handicapé dans l’allée des boîtes de converses ? Ça fait cinq minutes qu’il essaie d’attraper une boîte de conserve… Un peu plus et il manque de tomber. » Ils se mettent alors à rire comme des imbéciles et tu soupires. Qu’est-ce que le monde va devenir avec des idiots pareils comme nouvelle génération. T’essaies de relativiser en te disant qu’ils ne sont pas tous comme ça, mais même toi tu n’y crois pas. T’es pas du genre à juger les gens, pourtant, il y a des fois où tu ne peux pas t’en empêcher. C’est grave quand même la jeunesse de maintenant. Tu ne te souviens pas avoir été aussi débiles qu’eux quand tu avais leur âge, dix ans plus tôt. Peut-être est-ce parce que tu as toujours été ouverte d’esprit et de cœur ? Tu n’en sais rien mais une chose est sûre tu n’étais définitivement pas comme eux. Tu prends ton caddie et te rend dans l’allée indiquée par les deux garçons et tu le vois sur son fauteuil. Il se démène pour attraper une conserve et personne ne semble vouloir l’aider. Ils l’évitent tous comme s’il avait la peste. Sont-ils au courant que les handicaps ne sont pas contagieux. Tu lèves les yeux au ciel et te diriges vers lui avec un sourire. Tu prends d’une main ce qu’il voulait et tu lui tends, toujours les lèvres étirées dans un sourire que tu veux chaleureux. Ça ne doit pas être facile tous les jours pour lui. Recevoir la pitié des gens ou même leur regard de mépris. Cependant, ce n’est pas ton cas. Tu l’aides simplement parce que c’est dans ta nature d’aider les gens, tu ne cherches rien en retour. T’as toujours été comme ça. Gentille et serviable. Un peu trop parfait puisqu’on t’a souvent prise pour une conne. Même si tu t’es endurcie avec le temps, tu restes un peu trop gentille ce qui te vaut toujours de te faire avoir. « Tenez monsieur. » Tu continues de sourire en lui tendant la boîte de conserve. Tu ne t’imagines pas une seule seconde qu’il puisse refuser ton aide. Après tout, il galérait pour l’attraper.
Sujet: Re: let me help you | VICTOR 22/7/2016, 11:20
don't wanna face my fate
I'm only human, and I bleed when I fall down. I'm only human, and I crash and I break down. (by anaëlle)
Victor n'aimait pas l'extérieur. Ou plutôt il n'aimait plus. Il y avait encore de ça quelques mois, sortir ne lui posait aucun soucis. Il était de nature sociale, aimait le rythme auquel pulsait les artères parisiennes. Aujourd'hui... il ne s'y sentait plus à place. Tout ce monde, marchant tout autour de lui... Ça l'oppressait. Il évitait au maximum les sorties. Mais aujourd'hui il n'avait pas eu le choix. Sa mère l'avait traîné à l'extérieur. Ou plutôt avait-elle poussé son fauteuil... Et après de longues minutes à errer, elle fût frappée d'une illumination. " Je dois faire quelques courses, mon ange. Ça ne te dérange pas ? " Si. ça le dérangeait. Il le lui fît comprendre d'un grognement puis d'un long soupir. Pourtant il se laissa guider à l'intérieur d'une supermarché sans plus rechigner, gardant simplement la tête basse. Finalement, il se dégagea de la poigne fragile qu'elle avait sur les poignées de son moyen de locomotion. " Fais tes courses. On se retrouve dans une demie heure à la caisse libre-service. " imposa-t-il sans lui laisser seulement le choix.
En quelques poussées sur ses roues, il s'éloigna d'elle. Il haïssait sa situation. Mais il détestait encore plus la lueur de pitié qu'il lisait dans le regard des gens lorsqu'il était mené par quelqu'un. C'était pire que tout. Il détestait la pitié. Lui n'avait jamais eu pitié de qui que ce soit. De l'empathie oui. De la compassion. Mais de la pitié hors de question. Il aurait préféré qu'on soit indifférent à son sort. Oui, exactement. Il aurait voulu être invisible.
Avançant dans les rayons il ralentît devant les conserves. Il scruta les étalages, cherchant un peu d'inspiration parmi les nombreux produits proposés. Lorsque sa mère n'était pas disponible et que Jaesun - ce gamin - n'était pas de service... Il fallait bien qu'il ai de quoi manger. Même si au fond il y avait souvent des restes, mieux valait prévenir que guérir.
Il jeta son dévolu sur une boite de lentilles cuisinées et tendît la main dans sa direction. Merde. Il.était trop loin. Il se rapprocha plus encore et retenta. Un grognement s'échappa de ses lèvres. Il était trop bas. Des rires lui parvinrent aux oreilles et la certitude qu'ils étaient pour lui le prît aux trippes. Il fronca les sourcils. " Sales gosses ! " lâcha-t-il entre ses dents. Lui qui avait longtemps bossé avec des adolescents et qui avait adoré ça ressemblait à un vieux grand père aigri à présent.
Il réitérera son essai, tentant de se redresser au maximum mais rien n'y faisait. Cette put**n de boîte restait hors d'atteinte. Il s'apprêtait à céder lorsqu'une jeune femme vînt l'attraper pour lui, la lui plaçant entre les doigts. « Tenez monsieur. » lui adressa-t-elle d'une voix douce. Voix qui lui sembla familière. Il resta confus un instant avant de lever les yeux dans sa direction, sourcils froncés. Il avait l'intention de l'envoyer paître, de lui dire qu'il n'avait pas besoin de son assistance mais sa phrase s'étrangla dans sa gorge lorsqu'il reconnut la demoiselle. " Juline...? " lâcha-t-il dans un souffle discret, stupéfait. Il ne pouvait pas ne pas la reconnaître. Que ce soit ses jolies joues constellées de tâches de rousseur, ses yeux verts fascinants ou même sa morphologie fluette... Il ne pouvait que se souvenir d'elle. Et puis... ils étaient sortis ensemble un moment. Ca comptait, malgré tout. Malgré le fait qu'ils aient perdu contact. Ca comptait. MAIS BON SANG TOUT DE MÊME ! Paris n'était pas assez grande pour qu'ils se retrouvent nez à nez ? Victor avait tout fait pour s'éloigner de toutes ses connaissances, proches ou moins proches. La seule qui s'agrippait encore était sa mère. Il ne voyait plus personne autrement, sinon son aide à domicile. Il n'avait voulu parler de son état à personne. Il avait voulu l'affronter seul. L'affrontait-il vraiment, ce changement de vie ? Pas sûr.
Il détourna vivement la tête. Elle ne l'avait pas reconnu. Pas encore en tout cas. Mieux valait que ça reste le cas. Il allait lui dire merci et fuir le plus vite possible. Pour ne pas avoir à s'expliquer. Pour ne pas avoir à discuter avec elle. Il n'en avait pas envie. Non. Il n'en avait surtout pas le courage. Il ne voulait pas qu'elle le regarde comme tout le monde le regardait. Il ne voulait pas voir dans ses yeux à quel point elle était désolée. Il ne voulait définitivement pas.
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Sujet: Re: let me help you | VICTOR 21/8/2016, 20:12
.let me help you.
victor & juline
T’avais toujours été du genre à aider les autres sans rien attendre en retour. Alors c’est tout naturellement que tu t’étais rendue près de l’handicapé dont parlaient ces gamins. Tu ne comprendras jamais qu’on puisse être mesquin comme cela avec quelqu’un dans le besoin. Tu laisses donc ce que tu es en train de faire pour te diriger vers le rayon des conserves ton caddie dans les mains. Qu’est-ce que ça peut être idiot un garçon de seize ans ! Tu ne te souviens pas d’avoir été comme ça, ou même d’avoir été amie avec ce genre de personnage. Pourtant, t’es sûre que si t’en parlais à tes parents ils te diraient le contraire. C’est comme si ton esprit avait mis cette partie de ta vie entre parenthèses parce qu’il ne voulait pas que tu te sentes mal en te remémorant toutes les choses peu intelligentes que tu avais fait. En tout cas tu soupires devant leur bêtise et te rapproches de l’homme dans son fauteuil qui essaie d’attraper sa boite de conserve. L’objet de son désir, une boite de lentilles cuisinées. Tu l’attrapes donc et lui mets entre les mains avec un sourire. T’espère qu’il t’enverra pas chier, ou même pire qu’il te renvoie la boite au visage. Pourtant rien de tout ça. Il reste stupéfait et de te regarde comme si tu étais un alien. Soudain, ton prénom sort de sa bouche et c’est à ton tour de le regarder surprise. Comment connait-il ton prénom ? Toute sorte de scénario te viennent en tête mais aucun ne te semble approprié. Tu te concentres alors sur son visage et c’est là que tu le reconnais. VICTOR HWANG ! Putain, mais comment t’as fait pour ne pas le reconnaitre. Pour ta défense, tu n’aurais jamais pensé le voir dans un fauteuil roulant alors, tu n’as pas fait le rapprochement. C’est bizarre de le voir là devant tes yeux et de ne pas l’avoir reconnu. « Victor ? » Son prénom passe la barrière de tes lèvres dans une interrogation, comme si tu n’étais pas sûre de toi, alors que tu l’es. T’arrives pas à croire que c’est vraiment lui dans ce fauteuil. D’aussi loin que tu te souviennes, quand vous sortiez ensemble, il te parlait de danse. Quand vous vous êtes séparés, vous avez perdu contact mais jamais t’aurais pensé qu’il puisse finir handicapé. « Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? » demandes-tu dans un souffle. T’as peur qu’il le prenne mal si tu venais à t’apitoyer sur son sort. Pourtant, tu ne peux pas t’en empêcher. T’es trop gentille et même si ça fait des années que vous vous êtes pas vus, t’as l’impression que ça ne fait quelques mois, ton regard a changé quand il se repose une nouvelle fois sur lui. Il est désolé et en même temps on peut y voir un peu de pitié. Tu détournes rapidement la tête pour éviter qu’il ne le voit. « Je suis désolée de ne pas t’avoir reconnu. Je m’attendais pas à ce que tu sois dans un fauteuil en fait… » Ta voix reste en suspens et tu te masses la nuque mal à l’aise parce que tu ne sais pas quoi dire de plus. Il doit en avoir marre des gens qui lui montrent de la pitié, de la charité. Tu ne sais plus où te mettre et d’un coup, tu regrettes que ta gentillesse maladive t’es poussée à venir l’aider. Si tu ne l’avais pas fait et que tu avais fait comme tous les autres, vous ne seriez pas dans cette situation inconfortable pour toutes les deux. Tout ça, parce que tu ne peux pas retenir ton instinct maternel. Inconsciemment, tu poses ta main sur ton ventre qui commence à prendre forme petit à petit. T’es heureuse que ce bébé se forme dans ton corps. Tu ne l’a encore annoncé à personne, sauf à ton cousin qui a eu du mal à avaler la pilule. Heureusement, lui parler d’être le parrain du futur enfant a eu raison de sa colère. Dans un sens, tu comprends ce qu’il ressent et ça t’effraie aussi de savoir que tu auras peut-être à élever seule ce bébé. Mais d’un autre côté, tu voudrais qu’il comprenne que toi, tu as foi en l’homme que tu aimes et qu’il te laissera pas tomber. Une nouvelle fois tu soupires et tu reportes ton attention sur Victor. « C’est bizarre de se retrouver comme ça dans un supermarché, après tant de temps… Tu deviens quoi ? » Tu te maudis alors de ne pas avoir su retenir ta langue et tes mots. Des fois, tu es vraiment bête Juline. Comme s’il allait te dire que tout va bien dans sa vie, qu’il est heureux et tout… « T’es pas oblige de répondre… Désolée c’était maladroit de ma part. Mais tu sais, j’ai toujours l’habitude de trop parler quand je suis gênée ou que je suis maladroite. Bref, fais pas attention à ce que je dis. » reprends-tu en lui lançant un regard désolé. Maintenant, tu dois vraiment être une des personnes qu’il ne voudra jamais revoir de sa vie.
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