Le commissariat du douzième arrondissement. Elle y était enfin. Il n'était pas si loin de l'endroit où elle se trouvait, mais Ismène était pressée : chaque seconde comptait. Pourquoi se trouvait-elle là ? On lui avait volé son sac à main. Dire que normalement elle n'en prenait pas. Il fallait que ce soit aujourd'hui ! La blonde refaisait son lacet – ils ne tenaient jamais, aussi serré pouvait être le nœud – et le voleur avait surgi de nulle part. Ismène avait hurlé au vol et avait tenté de lui courir après. Rien à faire, il était plus rapide et trop loin. S'il n'y avait que des broutilles, elle ne serait pas allée au commissariat, mais son téléphone était dedans. C'était important pour elle de l'avoir, c'était l'une des seules choses qui la reliait à sa famille. Elle ne pouvait pas rester chez elle pour attendre que sa mère appelle sur le fixe.

Ismène poussa doucement la porte et entra. Elle regarda autour d'elle, quelque peu intimidée : elle n'était jamais entrée dans un commissariat. C'était sa première fois. Elle se dirigea vers un homme au hasard, sans vraiment savoir ce qu'elle devait dire ou faire. L'homme était blond et était légèrement bronzé. Ismène se racla doucement la gorge pour attirer son attention. Elle avait peur de parler trop doucement – c'était l'un de ses plus gros défauts. Quand les yeux du policier se posèrent sur elle, la blonde dit, sans réellement augmenter le volume de sa voix :

« Excusez-moi de vous déranger, mais... mais on m'a volé mon sac. Je voulais savoir si vous pouviez faire quelque chose pour ça ? »

Elle rentra les épaules et baissa la tête, les joues rouges. Ce qu'elle faisait, en attendant que le policier blond réponde, c'était fixer ses baskets rouges. Aujourd'hui, elle était habillée simplement : un T-shirt blanc avec un motif de pomme, un jean et une petite veste grise. Elle était sobre. Ses cheveux, par contre... ils partaient dans tous les sens. Courir sous la chaleur n'était pas une bonne idée. Des mèches blondes étaient autour de son visage, ce qui pourrait être comparé à des rayons de soleil.

Ismène tritura ses doigts avec nervosité. Si elle avait fait plus attention... ou si elle n'avait pas pris de sac, tout simplement ! Elle soupira discrètement, ses narines s'écartant légèrement. Tout ce qu'elle voulait faire, c'était s'excuser, encore et encore. S'excuser pour s'être fait volé son sac – il n'y avait qu'elle pour faire ça –, s'excuser pour déranger le policier – mais c'était son boulot, murmurait sa conscience dans le but de la rassurer –, s'excuser pour tout ce qu'elle avait bien pu faire. S'excuser aussi pour s'être fait voler son téléphone !

« Encore désolée de vous déranger, murmura-t-elle en croisant les mains, mais mon téléphone était à l'intérieur de mon sac... sinon je ne serais pas venue vous embêter... »