Isaac Delatour eden de cacharel JE RESSEMBLE À : tommo, mon bb. CRÉDITS : scarlett glasses (avatar). PSEUDO : anaëlle, la fabulance-même. | Sujet: Re: (isaac) one two i'm coming for you, three four lock your door, five six suck on my dick. 15/9/2014, 00:42 | |
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être parisien, ce n’est pas être né à Paris, c’est y renaître
+ Introduction
Je n'avais pas eu une enfance difficile en soi. Mes parents avaient su m’inculquer quelques valeurs et principes dont l’importance me paraissait évidente encore aujourd’hui, bien que je ne sois plus en accord avec certains d'entre eux. Quand je dis "mes parents", je veux surtout dire "ma mère". Si je ne pouvais pas qualifier mon enfance de pénible, je n'avais tout de même pas été épargné, à part peut-être par l'amour paternel. En tant que petit garçon, c'était pourtant ce dont j'aurais eu le plus besoin, je crois. Néanmoins, je n'avais jamais manqué de l'affection de ma mère. Au final, peut-être était-ce la meilleure des choses. Du moins, je ne réclamais rien de plus. Je n'avais jamais été comme tous les autres garçons, et ce sur bien des points. Et maintenant, j'étais capable de comprendre que c'était précisément pour cette raison que je faisais honte à mon père. Je mentirais en affirmant que cela ne me touchait pas, mais disons que j'avais réussi à m'y habituer au fil du temps. Vous savez, c'est comme tout. Comme le goût d'oignon immonde qui vous reste dans la bouche des heures durant, mais auquel on ne prête presque plus aucune attention depuis qu'on a pris le pli. Ce n'est qu'une sorte de rodage à acquérir. De toute façon, je ne m'étais jamais attendu à recevoir autant d'affection que mon père en donnait à Benjamin, mon frère. Non pas que je n'en avais pas eu le souhait, au contraire, mais j'étais une personne lucide. L'intérêt qu'ils se portaient mutuellement était tel qu'il n'y avait tout simplement aucune place de plus, ni pour moi, ni même pour ma mère. Mon frère n'était pourtant pas un exemple de perfection, bien au contraire. Il était vulgaire et baignait dans ses innombrables défauts jusqu'au cou. Pourtant, ce cher Mr. Delatour, brillant avocat (et ce, bien avant d'être un père) avait toujours clairement affiché sa préférence pour mon frère sans aucun scrupule, pour la simple bonne raison que lui était "normal", comme il se plaisait à le dire. Je ne m'étais toutefois jamais plaint de cette situation, car j'avais pu garder ma mère pour moi tout seul. C'était toujours ce que je m'étais dit, naïvement, dans ma petite tête d'enfant. Je m'étais toujours senti mieux aux côtés de ma mère, et aussi loin que je m'en souvienne, elle a toujours été la seule à me soutenir dans n'importe quelle situation. Encore jeune, j'ignorais ce à quoi j'aspirais, ce que j'avais envie de faire pour le reste de ma vie, ce pour quoi j'étais fait... Mais je savais déjà que j'avais toujours été volage de nature. Je n'avais pas la prétention de dire que j'étais un artiste dans l'âme, mais j'avais simplement besoin de ça : un brin d'imprévu, de rêve, d'échappée et une bonne dose de liberté. Le reste ne m'importait que trop peu.
+ Chapitre I
Je m'amusais à donner des coups de pieds dans le ballon qu'Albane m'envoyait. Albane, c'était ma voisine. Elle avait mon âge je crois, et qu'est-ce qu'elle était jolie. On aurait dit Fiona dans Shrek, mais en mieux. En beaucoup mieux, même. Par contre, elle était littéralement nulle au football. Ceci étant, je ne lui en avais jamais tenu rigueur. Après tout, elle ne pouvait pas avoir toutes les qualités du monde. Quoi qu'au final... elle n'en avait pas énormément des qualités. Elle était même plutôt chiante en réalité. Alors que je lui faisais une énième passe, la brunette esquiva la balle avant de laisser tomber ses fesses mollement dans l'herbe. « Bon ça suffit, j'arrête de jouer. » « Mais pourquoi ? » demandai-je d'une petite mine triste. « Parce que j'aime pas tes jeux de garçons d'abord. Pourquoi on jouerait pas à la poupée plutôt ? » Une légère moue sur le visage, je fis mine de réfléchir à un argument béton qu'elle ne pourrait contredire. « Parce que que t'es dans mon jardin alors c'est moi qui décide à quoi on joue ! » « Oui mais nous on est deux filles, donc la majorité l'emporte. » Deux ? Alors elle était schizophrène en plus ? Je ne voyais qu'elle ici, moi. Ses propos ne tenaient même pas la route. Sceptique, je posai mon regard sur elle, comme pour lui signifier que j'attendais une explication de sa part. « Regarde, voilà Julieeeeette ! » Il n'en fallu pas plus à la petite fille pour se relever et courir vers son amie qui était en train d'enjamber le petit muret avec une difficulté non dissimulée. Juliette, c'était la meilleure copine d'Albane, et autant dire que lorsqu'elles étaient toutes les deux, je passais complètement à la trappe. Je l'aimais bien Juju, mais elle me piquait ma Babane. Sans attendre, je pris l'exemple de cette dernière et me laissai tomber par terre en croisant les bras. « Diiiiiiiiiis, est-ce que je peux utiliser tes toilettes ? J'ai trèèèès envie de pipi mais j'ai oublié d'y aller avant de partir et papa m'a dit que je n'avais pas le droit de m'en servir pour arroser les plantes. » Je relevai doucement la tête vers la deuxième brunette qui avait les collants tout troués à cause de son escalade d'il y avait quelques secondes. « Moui. » répondis-je simplement, une main sur la joue et l'autre arrachant l'herbe. J'étais un petit garçon, mais je boudais comme une fille. Le regard rivé au sol comme si soudainement l'anatomie des vers de terre m'intéressait grandement, je ne vis pas Albane s'avancer vers moi. En revanche, je sentis sa petite main venir recouvrir la mienne. « Pourquoi est-ce que tu fais la tête comme ça ? » me demanda-t-elle d'une petite voix. Je me forçai à ne pas répondre. « Regarde, je t'ai cueilli une fleur. » Timidement, je relevai la tête vers la brunette qui souriait de toutes ses dents - enfin presque puisqu'elle en avait une ou deux en moins à cette époque. Les yeux brillants, je me relevai d'un bon. « Oh attends, bouge pas, moi aussi j'ai un cadeau pour toi ! » Sans perdre une seconde, je me dirigeai vers la maison en courant et me mangeai la marche devant la baie vitrée. Ceci ne me déboussola pas pour autant, et, malgré mon pantalon déchiré et mes mains égratignées, je poursuivis ma route. Dans le couloir, je croisais d'ailleurs Juliette qui était venue demander de l'aide à ma maman car elle peinait à se reculotter. « Ah tiens, re-coucou Juju ! » lâchai-je le plus naturellement du monde avant de filer tout droit vers la cuisine. C'est une minute ou deux plus tard que je retrouvai Albane dans le jardin, un paquet de gâteaux à l'oignon à la main. J'ouvris le paquet en question et en sortit un gâteau que j'examinai le temps de quelques secondes. Il était rond, avec juste un trou au milieu. Parfait. « Donne-moi ta main. » Mais comme celle-ci ne venait pas assez vite, je pris la main de la brunette moi-même et passai l'un des gâteaux autour de son doigt. « Maintenant, t'es mon amoureuse à moi pour toujours ! » « Et on s'épousera plus tard ? » s'enquit la petite fille avec un sourire jusqu'aux oreilles. « Ben oui, évidemment. » répondis-je avant de déposer un bisous collant sur sa petite joue ronde. Ce fut la voix de Juliette qui vint nous interrompre. « Bon alors, on joue ? J'ai ramené mes poupées moi ! » Mais je n'avais toujours pas envie de jouer à des trucs de filles. Furtivement, je posai mon regard sur Babane, puis sur Juliette. Elles avaient les joues rosées et les yeux pétillants. Comment aurais-je pu leur refuser quoi que ce soit ? C'était mes copines, et je les aimais vraiment beaucoup, même si elle étaient chiantes à souhait. « D'accord, mais moi je joue le chien ! » Ce soir là, comme presque tous les soirs, le rire de trois enfants retentit dans l'un des jardins du quartier. Et un petit garçon, le sourire aux lèvres pensait en son for intérieur qu'il avait de la chance d'avoir rencontré deux amies comme elles.
Les filles c'est bien, mais jouer à la dinette toute la sainte journée, ce n'était pas vraiment mon truc. Je le faisais pourtant, pour leur faire plaisir, mais je préférais de loin taper dans un ballon. Et pour ça, j'avais Mathieu. Pour ça, et pour les bêtises aussi... « Lequel de vous a fait ça ? » Une nouvelle fois, mon regard passa par-dessus l’épaule de la maîtresse pour regarder l’état du mur de l’école qui avait subi nos foudres artistiques. Enfin, il nous avait suffi de quelques mains trempées dans un pot de peinture et le tour avait été joué. Le pire, c’est que je ne me sentais même pas coupable. Je trouvais même ça plutôt joli. Enfin, à croire qu’en grandissant on perd son sens de l’humour. Moi, je m’étais promis de ne jamais devenir comme ça. Même à trente, quarante, cinquante ans, je rigolerais toujours autant, j’en avais décidé ainsi. Je fis pivoter ma tête à droite, puis à gauche afin d’observer la réaction de mon acolyte. Mathieu avait le pot de peinture dans la main – ou plutôt dans les deux vu que le pot était presque aussi grand que lui. « Beeeen... je crois bien que c'est Marc madame », dénonçai-je au hasard en désignant de la tête le petit mec boutonneux à lunettes qui passait juste à côté de nous. La maitresse sembla me dévisager comme si je racontais n’importe quoi. Curieux, je baissai donc le visage afin de voir si quelque chose clochait chez moi. Bof. A part mes vêtements et mes mains qui étaient recouverts de peinture, je ne voyais pas trop ce qui pouvait bien l’intriguer à ce point. Ou peut-être était-ce le trou que j’avais sur ma manche. Ce matin, j’avais voulu découper une image dans un livre mais j’avais ciselé mon pull avec. Ça m’arrivait souvent ce genre de choses alors j’imaginais qu’elle ne m’en tiendrait pas rigueur. « Inutile d’accuser votre petit camarade, je sais que c’est vous », répliqua notre maitresse après avoir lâché un énième soupir de désespoir. Pas franchement convaincu, j’haussai simplement les épaules en faisant la moue. Je pouvais voir qu’elle attendait toujours que l’on se dénonce mais aucun de nous n’était décidé à le faire. « Si vous voulez, on fait comme si de rien n’était », proposa alors Mathieu en lui adressant un sourire angélique de façon à mieux faire passer la pilule. « Et on peut s’en aller si tu veux madame », ajoutai-je avec mes grands yeux de merlan frit. « Ça ira pour cette fois mais je vais devoir en parler à vos parents. Ce genre de bêtises vous arrive beaucoup trop fréquemment et… » « Merci madame ! » criai-je au loin alors que nous étions déjà tous les deux en train de courir hors de l’école dans un seul et même éclat de rire. Nous avions poursuivi la fin de la récréation à nous raconter chacun un peu de notre vie afin de faire passer le temps. Je lui racontais comment j’avais renversé mon verre de lait en voulant tremper mon choco BN dedans, et lui m’expliquait de quelle manière il avait troué une énième paire de chaussettes aujourd’hui en voulant tester la force de son gros orteil. J’aimais bien aller à l’école pour faire le pitre avec lui et faire tourner notre maîtresse en bourrique. Mais ce que je préférais, c’était lorsqu’on était rien que nous deux, comme ça. J'étais encore trop jeune pour m'en rendre compte à cette époque mais c'était un fait : il était et resterait mon meilleur ami, qu'importe les circonstances. Je lui avait promis.
+ Chapitre II
Dégoutant. Voilà comment je pourrais qualifier mon premier baiser. Pourtant, elle était belle cette fille, tous les garçons rêvaient de sortir avec elle, et à cette époque, je croyais que moi aussi. Je ne pouvais pas dire qu'elle embrassait mal, c'était plutôt l'inverse en fait. Elle était d'ailleurs étrangement précoce déjà à son âge car à à peine douze ans, elle n'avait pas hésité à fourrer sa langue dans ma bouche avec ferveur. J'aurais pu être surpris, mais je l'avais été davantage lorsque je me rendis compte que ce moment, aussi parfait fut-il, ne me procura aucun effet. Vous savez, aucun papillon dans le ventre, aucun sentiment de plénitude. Je n'étais même pas content d'avoir l'opportunité d'aller frimer devant mes potes parce que la plus jolie fille du collège venait de m'embrasser. A l'instant même où celle-ci détacha ses lèvres des miennes, mon regard se posa machinalement - presque mécaniquement - sur ce garçon qui passait toujours dans le couloir à cette heure-ci. Je le savais parce que cela faisait plusieurs mois maintenant que je l'avais remarqué, et qu'en réalité, c'était pour cette raison que moi aussi je venais dans ce couloir tous les mardis à 15h30. Je voulais simplement l'apercevoir, l'espace d'une seconde ou deux, même si lui ne me voyait pas. Ce jour-là, c'était précisément en posant une nouvelle fois mon regard sur lui que je compris que si j'avais trouvé ce baiser si dégoutant, ce n'était pas parce qu'il avait été baveux ni maladroit, et encore moins mal fait. Ce n'était pas non plus parce que celle qui me l'avait offert était laide, non. C'était tout simplement parce que je n'aimais pas les filles.
Ce genre de grands repas familiaux, je détestais ça. C'était toujours beaucoup trop solennel pour ce que c'était. A seulement quinze ans, je n'avais pas mon mot à dire. Aussi, je me contentais chaque fois d'être physiquement présent, mais mentalement ailleurs. J'avais pris l'habitude de dissimuler mon téléphone portable à l'intérieur de mes manches, portable que je ressortais aussi régulièrement que discrètement sous la table pour envoyer quelques messages à Albane. Les incessants coups d’œil à la fois doux mais désapprobateurs que me lançait ma mère me firent deviner que je n'était visiblement pas aussi discret que j'aurais souhaité l'être, mais à la seconde où je me promis intérieurement de calmer la cadence, je ne pus m'empêcher de m'y remettre aussitôt. De toute façon, les adultes qui étaient présents autour de cette grande table étaient bien trop occupés à discuter de choses qui ne m'intéressaient pas pour s'occuper de ce que je faisais de mes dix doigts. Cependant, j'avais beau être absorbé par les messages que j’échangeais avec Albane, ma curiosité maladive me poussait toujours à laisser traîner une oreille, sans même que je ne m'en rende compte. Et ce fut une certaine phrase prononcée par mon père qui me fit subitement abandonner toute activité, comme si je venais de recevoir un électrochoc. « Alors, il paraît que Daniel a déshérité son fils. Il a appris que c'était un petit pd. » Le rire mesquin qui vint conclure ses propos me fis presque froid dans le dos. C'était ce genre d'étroitesse d'esprit qui m'exaspérait plus que cela m'étonnait. Je ressentais comme une sorte de dégout, incapable de concevoir qu'à notre époque, quelqu'un soit encore capable de penser de cette manière, et encore moins s'il s'agissait de mon père. Je le savais très conservateur et fermement attaché à ses principes, mais j'avais toujours ignoré à quoi se rapportaient ces derniers. D'ailleurs, j'étais persuadé que mon père, tout autant que ma mère, était au courant de mon orientation sexuelle. Nous n'en avions jamais réellement discuté, et je crois qu'ils évitaient tous les deux d'aborder le sujet. Probablement que cela les rendaient beaucoup trop mal à l'aise. « Dis-moi Isaac, tu a une idée du métier que tu souhaiterais exercer plus tard ? » me questionna mon oncle sans que je m'y attende. Le sujet avait dévié sans même que je ne m'en rendre compte, mais il était évident que mon esprit, lui, était resté éperdument accroché à sa précédente remarque. De manière machinale, je lâchai mon portable sur mes genoux, comme pour me concentrer davantage sur la conversation. « Ben justement, ça tombe bien que tu me poses la question parce que je sais précisément ce que j'ai envie de faire. » répondis-je aussi simplement que bêtement en plantant mon regard dans le sien avec provocation. « J'aimerais bien devenir... tatoueur. Pour tripoter le corps des mecs tu vois, ça c'est ma vocation. » conclus-je intentionnellement, guettant une quelconque réaction de leur part. La honte les étouffait peut-être tellement qu'ils n'avaient jamais discuté de ça avec moi, mais moi, je n'avais jamais été mal à l'aise quant au fait d'être gay. Je ne m'étais jamais considéré comme malade ni même anormal. L'anormalité, c'était d'être incapable de comprendre que l'on puisse aimer un alter-égo qui nous soit si similaire. Aussi, je n'étais en aucun cas mal à l'aise de m'aventurer sur ce terrain. Je n'aimais pas parler de moi, et encore moins de mes relations amoureuses qui n'en étaient jamais vraiment, mais cette fois-ci, exprimer mes avis et mes choix avait été comme un besoin que je n'avais su contrôler. « Et alors quoi ? Tu vas me déshériter moi aussi ? Y'a pas de place pour les pd dans cette putain de famille, c'est ça ? » Avec détermination, je fixai mon père, lui signifiant ainsi que j'attendais réellement qu'il régisse, de quelque manière que ce soit. Pour la première fois de ma vie, je fus incapable de déceler le moindre de ses sentiments, si tant était qu'il en avait déjà eu. La petite lueur dans ses yeux n’était animée d'aucune once de colère au même titre qu’elle ne révélait aucune froideur, et la déception y était tout aussi imperceptible. Avec l'humour que je lui connaissais bien, mon oncle déclara alors que ce n'était probablement qu'une passade parce que "c'est l'âge où on se cherche", s'était-il justifié. « Je crois malheureusement que vu le nombre de mecs qu'il a déjà enfilé, il n'a pas l'air de trouver ça dégueulasse... » La voix de mon frère attira mon attention, mais sûrement pas autant que le ton empli de sous-entendus qu'il avait employé, à mon grand étonnement. Je crois qu'il était tout aussi dégouté que mon père, mais la provocation faisait partie de lui. Furtivement, mon regard croisa le sien. « Benjamin, tais-toi ! » s'écria mon père dont les joues avaient viré au rouge pivoine. Un sourire satisfait vint étirer mes lèvres d'une manière tellement agaçante, presque irritante pour mon père j'imagine. Le ridicule de la situation me faisait rire. Bêtement. Afin de couper cours à cette discussion qui n'en était pas vraiment une finalement, je me levai de ma chaise, prétextant que j'allais justement appeler mon petit-ami du moment parce que j'avais besoin de me soulager. Prendre le risque d'être trop vulgaire pour eux ne me faisait même plus peur, et c'est donc intentionnellement que j'en rajoutai une couche pour la dernière fois de la soirée avant de rejoindre ma chambre.
Je marchais en direction du lac. A cette heure-ci, il était rare qu'il y ait du monde, et je me plaisais à m'y retrouver seul de temps en temps. Souvent, même. Sur le chemin, aucune bise de vent n'était venue me caresser le visage, aucun bruit n'était venu percer ce silence si agréable que j'aimais retrouver ici. Je n'étais pourtant pas vraiment ce genre de personne à aimer se plonger dans la solitude la plus complète dans ces espèces de lieux bateaux où les amoureux ne pensent qu'à se retrouver pour se bécoter sous un arbre. J'avais toutefois un certain besoin d'intimité lorsque je dessinais. C'était bien, je crois, la chose pour laquelle j'étais le plus pudique. J'avais davantage peur de me mettre à nu émotionnellement parlant, et c'était cruel comme cette pudeur pouvait en devenir presque excessive. Je n'aimais pas l'admettre, mais me retrouver ici était une sorte d'échappatoire personnelle. « Eh la pédale, qu'est-ce que tu fous là ? » Je n'avais pas vu la personne qui avait craché ces mots avec autant de dédain que j'en avais pour les homophobes de son espèce, mais je savais pertinemment que c'était à moi qu'il s'adressait. Je le savais parce que cette voix, je ne la connaissais que trop bien. Un sourire narquois au coin des lèvres, je m'arrêtais sans même prendre la peine de me retourner vers mon frère. D'une main, je sortis une cigarette qui trainait dans ma poche, et entrepris de l'allumer à l'aider de mon briquet sans que ce sourire ne se détache de mes lèvres. « Qu'est-ce que tu crois que j'vais faire ? J'vais niquer un ours dans les bois ! » Sans aucun pression, je tirai une taffe de ma cigarette avant de me retourner enfin vers les deux énergumènes qui s'amusaient à me chercher les noises pour la simple et bonne raison que je n'aimais pas les nichons. « Viens Ben, c'est bon, laisse-le. » lâcha timidement l’acolyte de mon frère. Lui qui avait pourtant l'habitude de dénigrer les gens de ma sale race, comme il aimait à le dire, ne semblait plus tellement partant cette fois-ci. Sa voix était presque tremblotante, et je devinais à son attitude qu'il n'avait pas envie de rester ici. En tout cas, pas face à moi. Le temps de recracher la fumée de ma cigarette, je posai mes yeux sur le jeune homme en question, balayant minutieusement du regard chacun de ses traits. « On se connait, non ? » lâchai-je finalement. Ce n'étais pas réellement une question. J'étais persuadé de mes propos. « Non, tu dois faire erreur mon vieux, je traine pas avec les p'tits pd comme toi. » « Je suis sûr qu'on s'est déjà croisé quelque part, pourtant. » insistai-je en souriant narquoisement. Le silence qui suivit ma dernière remarque ne vint que confirmer mes pensées, presque autant que la façon dont il déglutit péniblement. Ses joues avaient considérablement rosies, et je pus distinguer qu'il se mordit la lèvre, embarrassé. Je me souvenais précisément de la fois où nous nous étions effectivement croisés, si tant était que c'était le mot adéquat. FLASHBACK - La boîte n'était plus qu'à quelques mètres. Je le savais par habitude, mais aussi parce que j'entendais déjà le son de la musique dont le rythme faisait presque tambouriner le sol contre mes pieds. Depuis que Mathieu avait quitté la ville, je passais le plus clair de mes soirées dans des boîtes gay. Sa compagnie me manquait terriblement, mais je m'occupais comme je le pouvais, et surtout comme j'aimais le faire. De mon point de vue, c'était l'essentiel. A peine avais-je mis un pied dans la boîte que déjà je m'étais mis dans l'ambiance, ayant retrouvé dans le même temps quelques amis de la veille, amis et plus si affinités. Accoudé au bar, je commençais par commander une boisson ou deux, comme toujours. « J'te paie un verre ? » « En quel honneur ? » questionnai-je le jeune homme pour toute réponse à sa précédente question. « En l'honneur de cette rencontre... qui promet d'être intéressante. » Sa réponse m'avait satisfait, et le sourire qui étira mes lèvres en était la preuve. « J'espère au moins que tu penses la même chose. Je ne voudrais pas risquer de me faire attraper... » Une nouvelle fois, je me contentai de sourire. Je ne cherchais pas à entretenir un quelconque mystère, j'étais comme ça. Ni plus ni moins. Un rire franc et sarcastique se fit entendre de derrière le comptoir. « La seule chose que tu risques d'attraper avec lui c'est une MST ! J't'aurais prévenu. » Etienne, le barman, je le connaissais depuis un petit bout de temps maintenant, et il semblait que c'était bel et bien réciproque. Aussi, je ne m'offusquais pas de ses propos. D'ailleurs, ç'aurait été cruellement hypocrite de ma part de le faire. Je m'étais tu. L'inconnu en avait fait de même. Je ne le connaissais absolument pas, mais la seule chose que j'étais capable d'affirmer, c'est qu'il n'était visiblement pas du genre à écouter les conseils des autres. Vers 2h00 du matin, approximativement, nous avions fini par faire l'amour dans les toilettes pourries et dégueulasses de l'établissement. Faire l'amour était un bien grande expression ceci étant. Nous ne nous étions pas revus depuis, mais les sanitaires, eux, n'étaient pas restés hors d'usage pour autant. - FIN DU FLASHBACK. Il faisait sombre, mais je n'avais pas oublié son visage. Comment aurais-je pu ? Pas de chance pour lui sans doute, j'étais de nature physionomiste. « Si si, je me souviens parfaitement où on s'est vus. » avouai-je enfin sans que mon regard ne se détache du sien. « Putain Ben viens c'est bon, on s'casse ! » Sans même m'en rendre compte, je laissai échapper un sourire grinçant. En réalité, sa réaction m'amusait. On aurait dit un petit enfant qui avait peur qu'on dise à ses parents qu'il avait fait une bêtise. Et pour être honnête, la façon dont j'avais le contrôle de la situation, j'adorais ça. « Eh ça va mec, j'ai le droit de parler avec mon frère même s'il aime les teubs. » Charmant, comme toujours. Je ne pris toutefois pas en compte sa remarque. « Justement, en parlant de ça, tu connais la boîte, tu sais, celle qui est à deux pas du bar "Le Lezard" ? Je suis sûr que tu t'en souviens, c'est là-bas qu'on s'est croisés. » Les sourcils arqués, mon frère se retourna vers son pote d'un air interrogateur. « Mec, de quoi il parle ? Tu foutais quoi là-bas ? » « Je... je sais pas du tout de quoi il parle... Il invente n'importe quoi j'te dis ! » de grands gestes accompagnaient ses propos qui s'accordaient parfaitement à ses incessantes bafouilles. Je ris une fois de plus après avoir tiré une nouvelle taffe. « J'invente rien. Tu sais, j'étais sur le point de rentrer... et tu m'as demandé l'heure. » prétextai-je. Je vis qu'à la suite de mes propos, tout son corps se détendit instantanément, comme s'il était soulagé que je n'aie rien dit devant mon frère. Peu m'importait qu'il n'assume pas sa sexualité. Moi, j'assumais la mienne. « Mais tu ne te souviens probablement pas, il faisait sombre... » terminai-je en lui adressant un sourire plutôt significatif. Pour ce que nous avions fait ce soir-là, la lumière n'aurait pas été nécessaire de toute façon. « Maintenant, à part si vous avez l'intention de vous servir de moi pour tenter de nouvelles expériences sexuelles, j'aimerais bien pouvoir aller faire ce que j'ai à faire. » Et, sans rien ajouter de plus, je tournai les talons après avoir écrasé mon mégot de cigarette à leurs pieds.
+ Chapitre III
La rue qui longeait le salon de tatouage était plus animée qu'elle avait l’habitude de l’être, mais ce n’était pas d’un pas pressé que les piétons déambulaient. La plupart d’entre eux avaient profité des premières douceurs de l'hiver pour se balader sous la neige et profiter par la même occasion des rues illuminées de la ville. Il était vrai que malgré les quelques bises glacées qui se laissaient régulièrement sentir, l'approche de Noël était plutôt propice aux promenades et autres sorties en tout genre telles que le dernières courses. Parmi les personnes qui avaient intégrées mon champ de vision, j’avais pu en observer certaines qui s’étaient arrêtés devant la jolie vitrine du magasin d'en face qui vendait de jolies objets artisanaux. En revanche, à cette période de l'année mais aussi à cette heure de la journée, il n'y avait pas grand monde pour franchir le seuil du salon. « Bon Tom, j'prends ma pause, j'vais fumer une clope. » informai-je mon collègue avant de me diriger vers la sortie arrière. Dehors, le vent était glacial, comme je l'avais imaginé quelques minutes auparavant en observant les passants s'emmitoufler davantage dans leurs gros manteaux d'hiver. J'avais laissé la veste à l'intérieur, et je pouvais clairement sentir mes poils s’iriser le long de mes bras. Curieusement, j'aimais bien cette sensation. Tandis que ma cigarette se consumait au fur et à mesure que les seconde s'écoulaient, j'entendis la porte du salon claquer. Il y avait donc quelqu'un sur cette terre qui préférait venir se faire dessiner sur la peau plutôt que de perdre son temps à faire la queue dans les rayon des chocolats au supermarché. « Ah, c'est toi qui était venu prendre rendez-vous pour te faire faire ce papillon sur le haut de l'abdomen, c'est ça ? T'es sûr de vouloir te faire ça mec ? Tu sais, un tatouage c'est permanent. » Je ris pour moi-même en entendant Tom tenter de dissuader notre client de se faire tatouer. C'était la meilleure. Mais il était simplement plus vigilant que moi. Personnellement, je me fichais pas mal que certaines personnes regrettent leurs tatouages deux jours plus tard. Il m'était même arrivé d'en tatouer certains qui étaient beaucoup trop bourrés pour se rendre compte du ridicule du tatouage qu'ils avaient choisis. Pour être honnête, j'en riais encore aujourd'hui lorsque j'y repensais. « Oui, j'en suis sûr. Enfin je crois. » « Bon ben c'est parti mon p'tit gars ! Vas m'attendre dans la salle au fond, je te rejoins dans deux minutes. » « Hm... Isaac n'est pas là ? » A l'entente de mon prénom, je ne pus m'empêcher de jeter un coup d'oeil à travers l'ouverture de la porte, par simple curiosité. Cette voix m'avait semblé familière, mais pas au point de me souvenir à qui elle appartenait. A quelques mètres de Tom, l'air un peu perdu, je reconnus instantanément ses traits. Un visage enfantin encadré par quelques mèches brunes naturellement bouclées. Un regard troublant et troublé. Un sourire timide mais aussi enjôleur qu'envoutant, et ce, bien malgré lui. En réalité, c'était sûrement ça le pire. Il n'en faisait même pas exprès. FLASHBACK - Chez Albane, c'était un peu comme chez moi. J'y rentrais comme dans un moulin. Après tout, ce n'était pas comme si la voir à poil allait me faire quelque chose. A part me faire fuir, peut-être. Non, j'exagérais, c'est vrai. Elle était plutôt belle, et pas que du visage d'ailleurs. Mais j'avais beau essayer à mes heures perdues, je n'arrivais définitivement pas à aimer quoi que ce soit dans un corps féminin. Au moins, c'était de l'amitié pour de l'amitié, et j'aimais Albane pour ce qu'elle était. Une amie qui m'étais plus que précieuse. Précieuse à tel point que je lui prêtais quelques affaires de temps à autre - et Dieu seul savait à quel point je n'étais pas prêteur, en plus d'avoir tous les autres défauts du monde. Ceci étant, le fait était que madame était assez bonne au jeu des caprices et qu'elle avait vite fait de me casser les oreilles. Aussi, lorsque j'étais de bonne composition, je finissais toujours par capituler. Cette fois, la brunette m'avait supplié de lui prêter le DVD de son film préféré, I Love You Man. Ce n'était pas comme si elle l'avait déjà regardé 82543649 fois. Mais c'est ça avec Babane : quand elle aime, elle ne compte pas. « Bon, quand t'auras cinq petites minutes dans ta vie de superstar tu prendras le temps d'économiser pour t'acheter un pauvre petit DVD hein, ce serait sympa ! » lâchai-je alors que je laissai la porte se claquer derrière moi. En guise de salutation, j'assénai un coup du fameux DVD sur la tête de mon amie avant de le balancer sur le canapé. « Enfin, comme je suis une âme généreuse et altruiste comme tout l'monde le sait, j't'en fais cadeau. De toute façon j'ai jamais le temps de regarder de films alors. » Je voyais bien qu'Albane essayait tant bien que mal d'en placer une, mais je m'en fichais pas mal. « Eh ça sent bon ! » En même temps que je prononçai ces mots, mon attention se porta sur le paquet de cookies qui trainait là, juste devant moi, sans personne autour. Mes cookies préférés. C'était un signe du bon Dieu, j'en étais certain... ou alors c'était juste qu'Albane avait su prévenir mon arrivée à la perfection. Irma Garnier, l'amour de ma vie. Sans dire un mot, je tendis le bras en direction de ces délices, mais une voix qui m'était inconnue m'en empêcha avec fermeté. « Je t'interdis formellement de bouffer mes cookies ! » Mon regard s'éloigna du paquet de gâteaux pour se poser sur le jeune homme qui venait de faire irruption dans la pièce. Je pris quelques secondes pour l'observer et en vins à la conclusion que je ne l'avais jamais croisé auparavant. Pourtant, il ne s'était pas gêné pour m'accueillir d'une drôle de façon. Toutefois, je crus bien l'espace d'un instant que ce fut tout aussi drôle pour lui. Désormais immobile, la bouche entrouverte, le bouclé semblait être resté hors du temps. Il était évident que je n'étais pas la personne à laquelle il s'était attendu... mais il était tout aussi évident que de mon côté, je me plus à faire comme si je croyais le contraire. « Okayyyy, je pose le cookie, regarde... déstresse mec. » le rassurai-je, un sourire en coin tandis que je reposai le gâteau à sa place initiale. Amusé, je ne pus m'empêcher d'observer la moindre réaction de la part du jeune homme. Il semblait un peu bouleversé, timide peut-être aussi. Et complètement à l'ouest. Et contre toute attente, je trouvais cela cruellement mignon. « C'est qui ? Il est marrant ton copain. » Albane qui avait encore la bouche pleine car elle n'avait pas pu s'empêcher d'engloutir un cookie me fis signe de patienter quelques secondes, secondes desquelles je profitai pour observer le jeune homme avec un intérêt indéniable. Il avait l'oeil pétillant d'innocence et, bien qu'il ait l'air incontestablement troublé, il en était tout aussi troublant. J'étais captivé par son regard qui pourtant était presque devenu inexpressif car immobile. Immobile, mais fixe. Nos yeux s'étaient accrochés entre eux, sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. Comme s'il avait quelque chose de spécial. « Ohoh, Léandre !? On se réveille ! Magne-toi ou il va vraiment prendre tous tes cookies rien que pour t'entendre râler ! » Albane qui avait pour but de sortir le bouclé de ses pensées me sortit des miennes par la même occasion. Les sourcils arqués, je portait alors mon attention sur la brunette qui avait encore un cookie à la main. Visiblement, c'était plutôt elle qui était partie pour vider le paquet, à l'inverse de ce qu'elle semblait insinuer. « Ouais, je vais tout bouffer. » répétai-je pour me moquer de la jeune femme, accompagnant mes propos d'un franc hochement de tête. « Albane ? T'as encore des miettes là... juste là. » D'un doigt, j'essuyai les quelques miettes en question au coin de sa bouche avant de lever les yeux au ciel. « Hein ? Quoi ? » Attendez... c'est moi ou est-ce qu'il venait tout juste de réagir ? Alors que mon regard croisa le visage déboussolé du dit Léandre, je me mordis fermement la lèvre afin de ne pas éclater de rire. « Je... j'te pique un truc à boire, okay ? » Je fis mine de me gratter le menton, dissimulant ainsi le rictus qui venait d'apparaître au coin de mes lèvres, puis le regardait s'éloigner pour rejoindre la cuisine. A peine avait-il quitté la pièce que je levai les bras en l'air afin de signifier mon innocence à Albane. « J'te jure que j'ai rien fait pour le mettre mal à l'aise moi ! » clamai-je alors à l'intention de la brunette. « C'est un angoissé ton copain... il est toujours comme ça ? » La petite mine hésitante que prit Albane me suffit amplement pour en conclure que oui, il était spécial. Mais il y avait mille et unes manières d'être spécial. En revoyant la réaction du bouclé dans ma tête, j'esquissai un fin sourire et fourrai ma main dans le paquet de cookies. « Mais dis-moi, simple curiosité, il serait pas un peu... » mais la voix du fameux Léandre vint me couper dans ma lancée... et dans la sienne aussi. « Désolé... Donc tu es quuuuuaaaah... » Un fracas se fit entendre tandis que le jeune homme s'écrasa au sol, s'étalant de tout son long dans le même temps. Ni une ni deux, Albane éclata de rire sans aucun scrupule face à ce pauvre Léandre qui ne devait décidément pas en mener large. Pour autant, je ne manquai pas de l'accompagner dans ses rires. Pour le coup, la situation était bien trop comique. Même Mr Bean à côté, c'était rien. Mais bien vite la AlbaneMorteDeRire fit place à la AlbaneEnPanique lorsque Léandre eut le malheur de ne pas répondre à ses appels, probablement trop sonné encore par sa chute monumentale. « Léandre ? Léandre ça va ? Sérieux réponds ! » Pour être honnête, je crois bien que si le jeune homme avait continué à jouer la baleine échouée, inerte, Albane se serait levée pour se jeter sur lui. Cependant, c'est aussi amusé que je l'étais depuis tout à l'heure que j'aurais regardé le spectacle de loin. « Ouais... Ouais ça va... J'espère au moins qu'il reste un cookie... » réussit enfin à lâcher Léandre. Cette simple phrase me fit cesser toute activité de mâchage intensif sur le cookie qui se trouvait encore dans ma bouche. J'aurais aimé pouvoir lui faire plaisir, mais malheureusement, recracher l'ultime gâteau n'était peut-être pas la meilleure des solutions. « Pas vraiment à vrai dire... », avouai-je alors que j'avais encore la bouche pleine pour preuve de ma culpabilité. « J'viens de finir le dernier, j'voulais juste te faire chier ma... » « C'est bon, laisse tomber. C'est rien. » A cet instant précis, je dus faire un effort surhumain pour ne pas rire. Mais rire du comique de cette situation grotesque, même pas de lui en fait. Parce que le pire c'était que son air idiot me plaisait plus qu'il ne me faisait rire. C'était donc lui ce fameux nouveau petit-ami. Ou plutôt, "petit-ami". J'ignorais pour quelle raison, mais j'avais immédiatement remarqué que quelque chose clochait. Je n'avais pas une tonne de qualités - j'en étais bien loin, même - même s'il y en avait bien une que l'on ne pouvait pas m'enlever, c'était mon sens de l'observation. Or, je n'avais pas eu besoin de très longtemps pour me rendre compte qu'effectivement, quelque chose n'allait pas. Comme s'il n'y avait ni amour ni intérêt. Seulement de l'amitié bien placée. Si Albane et moi avions tous deux le cul posé sur le même canapé, je sentais très clairement que le regard de Léandre, lui, était rivé sur ma personne. Pas à côté, non. Sur moi. Le simple fait de me sentir observé ne me mettait pas mal à l'aise, mais me faisait me poser pas mal de question. Est-ce que si Albane avait été une bimbo blonde à la poitrine démesurée, le bouclé aurait porté son attention sur elle ? Rien n'était moins sûr à vrai dire. Pourtant, j'avais envie de le tester davantage. « Donc c'est toi le mec mystère dans la vie d'Albane ? » Encore une fois, il fallut quelques longues secondes à Léandre avant qu'il ne sorte de ses pensées. « Hein ? » Lorsqu'il revint à la réalité, nos deux regards se croisèrent une énième fois, et je crus sentir en lui comme une gêne. « J'expliquais à Isaac que tu étais mon petit ami, celui que je m'efforçais de cacher pour éviter qu'il me fasse chier. » Oui, c'était à peu près ce qu'elle venait de me faire comprendre, mais était-ce pour autant la parfaite vérité ? Je n'en était pas si sûr, et c'était probablement pour cela qu'Albane avait conclus son explication en disant que c'était compliqué. Et à en juger par la tête de Léandre, ce devait être réellement compliqué. Si j'écoutais mon intuition, cette dernière ne ferait que confirmer le tout. Mon intuition, et aussi son regard que je croisais chaque fois que je tournais la tête. Et Dieu sait que je a tournais souvent, incapable de m'en empêcher. Ses grands yeux clairs étaient sans arrêt en train de me scruter d'une manière qui se voulait discrète mais qui se révélait davantage révélatrice. Et pour être honnête, ça me plaisait. D'ailleurs, du coin de l'oeil, j'en faisais de même tout en écoutant Albane qui ne cessait de parler. Mais je ne pouvais pas nier que mon esprit était ailleurs, totalement obnubilé par le jeune homme. Tellement que je pus presque prévoir qu'il allait se lever avant même qu'il ne le fasse. « J'dois y aller, j'ai hum, des courses à faire pour ce soir. » C'était l'excuse la plus minable que j'avais entendu de ma vie, et je ne pus retenir un rire. Il ne le releva pas toutefois et se contenta de se diriger vers la porte d'un pas décidé. « Bah alors, tu dis pas au revoir à ta chérie d'amouuur ? » me moquai-je en regardant Léandre avec insistante. Oui, j'étais toujours convaincu qu'Albane était tout sauf sa chérie d'amour, et c'est en réalité pour cela que je me jouait de lui de cette façon. Autant jouer le jeu jusqu'au bout. Léandre eu un instant d'hésitation, et, bien que je n'aie pas les yeux en direction d'Albane, je pouvais sentir qu'elle n'était pas à l'aise avec ça. « Mêle toi de tes oignons Delatour ! » scanda-t-elle comme pour éviter de mettre Léandre dans l'embarras. Celui-ci ne se démonta pas pourtant et, sous mon regard toujours aussi attentif, déposa un baiser sur les lèvres d'Albane. Un baiser qui n'en avait que le nom cependant. « J't'appelle ce soir, à une prochaine Isaac... » « J'y compte bien ! » lançai-je à son attention en lui adressant au passage un dernier sourire empli de sous-entendu. Lorsqu'il claqua enfin la porte derrière lui, je ne me retins plus d'éclater de rire. « Qu'est-ce que t'as, abruti ? » « Non rien, vous formez un très joli couple, vous allez super bien ensemble tu sais et vous avez l'air de vous aimer beaucoup... » commençai-je en guettant la réaction de la brunette. « Mais... il serait pas un peu gay ? » En l'espace d'une fraction de seconde, je pus observer chacune des étapes de décomposition du visage d'Albane qui ne s'attendait visiblement pas à cette question. « Gay ? Léandre ? Pff alors la mon pauvre, tu dérailles complètement. Y'a pas plus hétéro que lui et d'ailleurs... » « ça va, te fatigue pas ! » l'interrompis-je en me marrant intérieurement en voyant avec quelle conviction elle tentait de défendre son copain corps et âme, à tel point qu'elle en était devenue rouge écarlate. Le problème avec Albane, c'est qu'elle mentait terriblement mal. Je devinai à sa tête qu'elle cherchait à tout prix quelque chose pour se rattraper, mais je ne lui laissai pas le temps de parler. « Il a un mec ou pas ? Nan attends, je vais reformuler la question... est-ce qu'il a déjà eu un mec ? » « T'es stupide ou quoi ? Il est avec m... » « Ouais, t'as raison, ça se voit qu'il n'a pas énormément d'expérience » la coupai-je intentionnellement. Quand j'avais décidé de l'emmerder, je l'emmerdait jusqu'au bout. « Je suis sûr que j'aurais pas mal de choses à lui apprendre... » « TU TOUCHES PAS A LEANDRE TOI, C'EST CLAIR ? Il a pas besoin de toi dans ses pattes, il a assez de problèmes comme ça, et puis... et puis il est pas comme toi lui ! » hurla-t-elle sans trop réfléchir. « Tu sais que tu viens de te vendre toute seule ? » « Beuh... pas du tout... c'est juste que... » elle ne prit même pas la peine de terminer sa phrase, préférant la conclure d'un long soupir. De mon côté, je me redressai sur le canapé puis me relevai de ce dernier avant de me retourner vers Albane. « Bon, c'est pas que j't'aime pas, mais je dois passez chez Mathieu. Maintenant bouge ton gros cul de cachalot et viens me dire au revoir. » « J'ai pas un gros cul ! » répliqua-t-elle du tac-o-tac avant de me tirer la langue puisque c'était tout ce qu'elle savait faire quand elle ne savait plus quoi dire. Elle prit tout de même la peine de se lever et de me rejoindre à l'entrée. « Allez, à plus tard », lâchai-je simplement avant de l'embrasser sur le front. « Et puis te casses pas, hein... j'ai un radar à gay. » Sans rien ajouter de plus, j'ouvris la porte et quittai le loft d'un pas pressé. Au bout de l'allée, je pus quand même entendre Albane crier comme une tarée : « IL EST PAS GAY ! » Un sourire narquois aux lèvres, je m'étais contenté de m'éloigner. - FIN DU FLASHBACK. « Non désolé, il est en pause. C'est moi qui vais me charger de toi. » « Non non c'est bon, je suis là ! Laisse, je m'en occupe. » les interrompis-je en m'adressant principalement à Tom. Le regard de reproche qu'il me lança alors me fis émettre un léger rire. « Encore un que tu t'es tapé c'est ça ? » s'enquit-il au creux de mon oreille alors que je me munissais d'une paire de gants. D'un air innocent, je levai les mains en l'air, un sourire en coin. « Même pas. » lui assurai-je alors que je me dirigeais vers la pièce où attendait Léandre. « Faut savoir savourer les bonnes choses. » Comme un enfant qui se cache les yeux pour ne pas voir la piqûre que lui fait le médecin, Léandre fermait les paupières de temps à autres mais tentait toutefois de les garder ouvertes le plus possible dès que je posais mon regard sur lui. « T'es sûr que ça va ? T'es pâle comme un linge. Je peux faire des petites pauses si tu te sens mal. » lâchai-je non sans une pointe de moquerie face à son attitude. « Hein ? Euh non non, ça va très bien. Très très bien même. C'est pas une aiguille qui me fait peur. » Cette preuve d’assurance aussi bancale que factice fut toutefois très vite ébranlée lorsque je posai soudain ma main sur la sienne. « Serre-moi la main. Il paraît que c'est plus efficace que de serrer les dents. T'inquiètes pas, j'ai pas besoin de mes deux mains pour travailler. » Un sourire narquois vint étirer mes lèvres alors que je pouvais sentir la moiteur de sa main. Il ne répondit rien et semblait hésiter à prendre ma main. « Vas-y j'te dis. » insistai-je. Je m'empêchai de rire à la vue de ses pommettes qui commençaient à rougir considérablement. « Et non, je n'ai pas peur de me faire broyer les os. Allez, serre fort avant de faire une syncope. » En réalité, je n'étais plus très sûr du cas dans lequel il était susceptible de faire une syncope. Mais étrangement ou pas, j'aimais jouer à ce petit jeu. Alors que le bouclé restait toujours immobile, je serrai sa main de moi-même. Dès lors, Léandre ne rouvrit plus les yeux. Je pouvais presque sentir la pression qu'il exerçait pour les garder clos, tant et si bien que j'en avais presque mal à sa place. Pas assez toutefois pour me priver de caresser du regard le haut de son corps dénudé. Cette vue me plaisait, autant que lorsque je touchais sa peau sur laquelle j'étais en train de dessiner. De temps à autres, j'admirais à nouveaux les traits de son visage bien que déformés pas la grimace qu'il faisait malgré lui. Albane me l'avait brièvement décrit comme étant un grand brun aux yeux clairs. Le fait était qu'il n'était pas simplement un grand brun aux yeux clairs. Il avait ce je-ne-sais-quoi, cette maladresse touchante qui s'observait rien que de l'extérieur. Un truc qui m'intriguait plus que de raison. Je détestait ça. Je n'étais intrigué par personne. Je ne voulais être intrigué par personne. La vérité, c'était qu'il me plaisait bien. Mais pas comme quelqu'un qu'on baise dans les toilettes d'un bar. C'était Léandre.
de paris à chez moi, il n'y a qu'un pas
PSEUDO/PRÉNOM : anaëlle, plus connue sous le pseudo anaëlle (l'originalité c'est swagito je sais). ÂGE : vingt-et-un ans, ça commence à faire. SEXE : on the beach ou ailleurs, ça m'est égal. VILLE : le mans, la ville des rillettes. RAISON(S) DE L'INSCRIPTION : lbd c'est mon bb à moi. IMPRESSIONS : il est perf, ça se voit non. FRÉQUENCE DE CONNEXION : le plus souvent possible, au moins un peu tous les soirs je pense, sauf exceptions (genre les examens uh). UN DERNIER MOT ? cornichon. |
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