Alice ne dormait pas beaucoup. Jamais. Elle passait le plus clair de la nuit à lire, enroulée dans un plaid sur le canapé du salon, une tasse de thé à portée de main. Des soirées tranquilles, qu'elle appréciait particulièrement. Le silence de l'appartement se mêlait aux bruits lointains de la circulation, qui atteignaient les tympans d'Alice d'un simple ronronnement. Anaïs n'était pas là, ce soir. Elle était partie quelques heures auparavant avec des amies à elle, et avait claqué la porte bien avant vingt heures. Il n'était pas tard, en fin de compte. À peine minuit. Mais le sommeil était bien loin de guetter Alice, qui ne comptait plus les heures qui défilaient. Elle ne s'endormirait pas avant deux ou trois heures du matin, de toute façon. Elle avait compris qu'elle n'était pas victime d'insomnies. Non, elle avait simplement besoin de très peu de sommeil. Cinq à six heures lui convenaient parfaitement, malgré les figures alarmées de chaque médecin qui apprenait avec horreur qu'elle n'avait jamais dormi les huit heures réglementaires. Alors, elle profitait de la nuit pour faire toute sorte de choses. Dessiner, peindre, lire. Écouter la musique.
Elle porta sa tasse de thé à ses lèvres, et - surprise par la sonnerie de la porte d'entrée, elle en renversa la moitié sur sa couverture. - Fais chier. Elle jeta un oeil à sa montre, fronçant les sourcils. Et puis, avant même d'atteindre la poignée, elle devina. - Baptiste, lâcha-t-elle en ouvrant la porte. Elle plissa les yeux en découvrant le jeune homme sur le seuil. - Qu'est-ce que... Elle ne s'ennuya pas à terminer sa phrase, bien consciente qu'il n'avait même pas besoin d'une raison valable pour frapper à cette heure-là. - Tu m'as fais peur, idiot. Elle montra d'un geste son pantalon de pyjama mouillé par le thé. - Et non, je ne me suis pas fais dessus, si c'est ce que tu te demandes. Elle se décala pour le laisser entrer, et alla se jeter sur le canapé. - Bon alors, que me vaut ce plaisir?

1h30, voilà ce qu’affiche son téléphone. Il est sûr que Alice ne dort pas. Alors, une fois qu’il est certain que la fille avec qui il venait juste de coucher est bien endormie, il se faufile hors de la chambre avec ses vêtements. Il s’habille rapidement dans la salle de bain et se dépêche de partir tant qu’il en est encore temps. Il a bu et sent la bière mélangée à la vodka à des kilomètres. Heureusement, il n’a pas beaucoup à marcher puisque son amie n’habite pas loin. C’est d’ailleurs en grande partie pour cette raison qu’il a accepté de suivre cette rousse, parce que Alice n’habite pas loin de son appartement et qu’il pourrait s’y rendre après coup. Franchement, un jour il faudrait qu’il se case et arrête de faire ce genre de chose. Pourtant, il aime séduire, plaire et coucher avec le plus de filles qu’il peut. C’est un quetard, il le sait et souvent sa réputation le précède, comme ce soir. Baptiste avait été invité à une soirée par une des filles qu’il avait déjà sautée et il avait accepté parce qu’il se souvenait qu’elle avait été un bon coup. Il s’était dit que si jamais il n’arrivait pas à trouver quelqu’un d’autre, il se rabattrait sur elle. Seulement, pendant toute la soirée, il avait senti une paire d’yeux qui le suivait partout jusqu’à ce qu’il se rend compte que c’était ceux d’une rousse assez bien gaulée. Il s’était donc laissé aller avec elle et maintenant en bas de chez elle, il s’allume une clope en marchant vers l’appartement de Alice. Elle ne sera sûrement pas endormie la connaissant. Il termine sa clope et jette le mégot avant d’entrer dans le hall et de monter jusque chez Alice. Il sonne et l’entend jurer derrière la porte. Baptiste sourit et son sourire s’agrandit quand il la voit. « Salut Alice. » Son sourire se transforme en un sourire idiot quand elle montre son pantalon et il éclate de rire. Qu’est-ce qu’elle a foutu pour mouillé son pyjama de la sorte ? Apparemment c’est de sa faute et il fronce les sourcils. Comment ça peut être de sa faute alors qu’il vient d’arriver. En plus, elle a le culot de l’appeler idiot ! Non mais elle va le regretter. « Oh tu sais avec toi on sait jamais. Ça m’aurait pas étonné que tu te fasses dessus Mamie. » Baptiste aime bien l’emmerder avec ça, parce qu’elle sort pas souvent avec lui. Du coup, il l’appelle Mamie parce qu’elle agit comme une mamie. Il en a la preuve quand il rentre et qu’il voit sa tasse de thé ainsi que sa couverture. Sérieux Alice, va falloir que tu sortes, penses-t-il alors qu’il se jette à ses côtés sur le canapé. « Parce qu’il me faut une raison pour venir voir la plus magnifique des amies ? » Le jeune homme se penche vers elle et elle peut clairement sentir son haleine alcoolisée si elle respire à ce moment. Bon, il n’est pas carrément mort, vu qu’il a décuvé depuis la fin de la soirée, mais il n’est pas non plus frais. Le blond n’a pas besoin de regarder la brune pour savoir qu’elle va l’envoyer chier s’il ne se décide pas rapidement à lui dire la raison de sa présence chez elle. « J’étais à une soirée, organisée par la brune de la dernière fois… » Il marque une pause avant de se rappeler qu’elle n’était pas venue à cette soirée non plus. « Oublie, tu verras pas qui c’est, t’avais fait ta mamie aussi ce jour là… Bref, j’étais à une soirée et y avait une rousse super bien roulée. On est allé chez elle et je l’ai faite grimper au rideau. » Cette fois, le sourire de Baptiste se change en sourire pervers. C’est qu’elle était plutôt pas mauvaise la jeune femme. Il aurait même pu en redemander pour un autre round si elle ne s’était pas assoupie, ivre morte. Dommage pour elle, c’est parce que c’est rare que Baptiste soit opé pour le faire une seconde fois avec une fille dans son état. Il devait lui aussi être bien amoché. « Bref, elle a fini par s’endormir et j’avais envie de me doucher, donc je suis passé par chez toi parce que c’était près. Tu me laisses me doucher ? Oh parfait t’es un amour. » Il claque un baiser sur sa joue sans lui laisser le temps de réagir et se dirige vers la salle de bain.

C'était une habitude, chez Baptiste. Sortir, se faire la première naïve qui lui tombait sous la main, et puis oublier son nom à la seconde même où elle finissait de le prononcer. Et Alice était la dernière à le lui reprocher. Après tout, elle était elle-même plutôt volage, mais dans un sens différent. Elle ne se contentait pas du sexe, avait eu plusieurs relations plus ou moins longues. Mais dès qu'elle sentait que son partenaire commençait à s'attacher, elle prenait ses jambes à son coup. Elle ne savait pas réellement pourquoi. En fait, elle ne se posait même pas la question. Simplement, elle avait toujours ce réflexe de tout stopper lorsque ça devenait sérieux. Baptiste, lui, il ne prenait même pas la peine de voir plus loin qu'une nuit. Et bien qu'ils soient plutôt tactiles et très proches entre eux, Alice était l'une des rares filles avec qui il ne tentait rien. Son rire résonna à moitié dans le couloir de l'immeuble, et à moitié dans la pièce, et Alice dû se retenir de ne pas rire aussi. A peine quelques secondes, et ils étaient déjà tous les deux affalés sur le canapé. Alice posa ses jambes sur les genoux de son meilleur ami, et joua la fausse modestie en réponse à son compliment. - Je sais, je suis la meilleure. Son haleine alcoolisé vint s'écraser sur le visage d'Alice, et elle tapota sa joue. - T'as l'air frais comme un gardon, dis-moi. Elle attendait qu'il explique la véritable raison de sa présence, et espérait pour lui que ce soit important. Il l'avait coupée en plein chapitre du roman qu'elle avait déniché le jour même dans une minuscule librairie d'une rue piétonne presque invisible des passants. - Hey, je suis pas une mamie ! Elle le frappa avec un coussin, vexée par sa remarque. Du moins, elle n'était pas toujours une mamie. Elle devait l'avouer, elle ne sortait plus beaucoup. Elle choisirait sans hésitation une soirée dans son canapé avec un bon livre et un thé, plutôt qu'une sortie en boîte. Même si c'était rare, il lui arrivait de sortir. Elle roula des yeux face au sourire pervers de Baptiste. - T'es irrattrapable, souffla-t-elle. Tu lui as demandé son prénom, au moins ? Elle se doutait que non, ou alors, il l'avait déjà oublié. Elle avait à peine eu le temps de réagir, qu'il avait déjà filé dans la salle de bain. Elle haussa les épaules, de toute façon elle ne pouvait pas grand-chose contre lui. Elle s'assit en tailleur sur le canapé, et appuya son coude sur le rebord. Il avait laissé la porte ouverte à moitié, et elle n'avait qu'à parler un peu plus fort que d'habitude pour qu'il l'entende. - Alors je suis juste une douche, pour toi ? Elle feignit l'indignation et la peine, mais un sourire était collé à son visage. - Tu sais Baptiste, un jour, toutes les filles que t'as sauté et dont t'as oublié le nom vont se liguer contre toi. Elle fit une pause, imaginant une bande de jeunes femmes courant derrière un Baptiste effrayé, et lâcha un rire. - Elle te poursuivront dans tout Paris. Des centaines de furies, t'imagine? Et tu finiras sûrement castré. Elle ricana puis s'étira, attendant que son meilleur ami termine de se décrasser. Après tout, maintenant qu'il était là, autant qu'il reste.

Baptiste n’a pas besoin de s’embarrasser de choses inutiles avec sa meilleure amie. Elle le connait, elle sait comment il est. Du coup, elle n’est pas surprise de le voir arriver chez elle à une heure aussi avancée de la nuit. Ils se retrouvent donc sur le canapé de la jeune femme après avoir ri comme des porcs dans l’entrée de l’appartement. Alice pose ses jambes sur celle de Bapt et il sourit. Ils ont beau être très tactiles entre eux, il n’a jamais eu de désir pour elle. Attention, ça ne veut pas dire qu’elle est moche ou quoi. C’est juste qu’il considère leur amitié plus importante que de coucher avec elle. C’est bien l’une des rares femmes de Paris sur qui il ne mettra jamais la main. « Ouais ouais. Prends pas la grosse tête non plus. » répond-il en soufflant dans la direction de la jeune femme son haleine alcoolisée. Elle ne tarde pas à lui en faire la remarque d’ailleurs. Il sourit comme un débile avant de lever les deux pouces en l’air. « Ouais, je crois que j’ai un peu abusé de la boisson avec David. » Cependant, il sait que ça ne va pas l’aider et qu’il va devoir donner la véritable raison de sa présence dans le salon de la brune. Il essaie donc de rassembler ses idées et parle d’une soirée où il a rencontré une fille avant de se rappeler qu’elle n’était pas venue non plus à celle-là. Il éclate de rire quand elle lui maintient qu’elle n’est pas une mamie. « Quelle jeune de vingt-cinq ans, célibataire et aussi canon que toi, passerait sa soirée, un vendredi soir avec un pyjama immonde dans son canapé avec une tisane et un livre… Aucune. Donc tu es une mamie. » Il finit son explication avec une nouvelle fois un grand sourire. Il est fier de ce qu’il vient de dire parce qu’il sait que c’est vrai. Aucune fille de son âge qu’il connait n’aurait eu l’idée un vendredi soir de passer sa soirée de cette façon. Elle serait plutôt allée à une fête organisée par un ou une pote avant de se rendre dans une discothèque avant de finir ou non dans le lit d’un/une inconnu(e). Alors dans l’esprit de Baptiste, le comportement de la jeune femme s’apparente à celui d’une grand-mère. Il arrive même à sa sœur qui a dix ans de plus que lui de sortir avec son mari pendant qu’il garde son neveu. C’est pour dire que Alice est encore plus vieille que sa sœur dans sa tête. Bapt continue donc son histoire en expliquant ce qui s’était passé. « Euh… Je crois que c’était Anne… Ou alors Amandine… Ouais en fait je sais plus. » Ouais il le sait qu’il es irrattrapable. Mais c’est ce qui fait son charme. Il couche avec des filles pour son propre plaisir le temps de trouver celle qui comblera son cœur. Pour le moment, il n’y a personne puisque Lana ne veut plus de lui alors il les enchaine. Le blonde ne laisse pas le temps à sa meilleure amie de réagir qu’il se trouve déjà dans la salle de bain en train d’enlever ses vêtements pour prendre une douche. « Non t’es aussi un frigo si ça peut te faire plaisir. Parce qu’après ma douche, je vais aller fouiller dans ton frigo. » dit-il avec un ton insolent dans la voix. Il entre dans la douche et allume l’eau qui lui coule sur la peau pendant qu’il écoute Alice déblatérer des conneries sur une horde de meufs qui lui courent après parce qu’il n’a pas été correct avec elles. Baptiste coupe l’eau et répond à la jeune femme. « Putain, mais ce serait un rêve ouais. Une foule de filles rien que pour moi… Mais c’est le paradis oui. Elles pourront pas me castrer, j’suis un trop bon coup. » Baptiste finit de dire des conneries en se savonnant avant de rallumer une dernière fois l’eau pour tout enlever. Une fois que c’est fait, il sort de la douche et attrape une serviette sous le lavabo qu’il enroule autour de sa taille avant de sortir de la pièce dégoulinant d’eau et de se rendre dans la cuisine. « Putain, j’ai la dalle. Ça crève de donner un orgasme à une femme. » Le blond ouvre le frigo de sa meilleure amie et voir un morceau de fromage. Il l’attrape et mort dedans à pleines dents avant de prendre du jambon et du beurre. Il avise un morceau de pain un peu plus loin et se fait un sandwich. « Il reste un peu de pain. Tu veux un sandwich tant que j’y suis ? » Comme ça, ils peuvent donner l’impression d’un couple mais ce n’est pas le cas. Il considère Alice comme sa sœur. Ce serait trop glauque qu’ils soient en couple.

Diamétralement opposés, et pourtant si semblables. Ils aimaient tous les deux la vie, la croquer à pleine dent, profiter de chaque seconde. Cependant, ils avaient des façons bien différentes d'exploiter leurs journées – et nuits. En même temps, Alice ne pouvait pas lui en vouloir. Il était beau gosse, charmeur, il n'avait qu'à papillonner des yeux et bafouiller un compliment pour que n'importe qui lui tombe dans les bras. Sauf Alice. Il n'y avait jamais eu aucune ambiguïté entre eux, malgré tous les moments passés ensembles. Ils étaient amis, presque comme frère et sœur, et on ne couche pas avec son frère. Mais le voir débarquer en milieu de nuit pour squatter la douche, c'était plus que probable. Ce n'était pas la première fois qu'il lui faisait le coup, sûrement pas la dernière, et Alice, elle s'en fichait comme lui de sa première conquête. De toute façon, Anaïs n'était pas là, et Alice pouvait interrompre sa lecture sans sourciller. Il leva les pouces en l'air dans un signe victorieux, positif ou alors parce qu'il était trop éméché pour se rendre contre du ridicule de la scène, ce qui fit lever un sourcil à la jolie brune. - Je crois aussi, mais c'est à confirmer. Elle appuya son coude sur le dossier du canapé, posant sa tête au creux de sa main. Il n'avait pas tort, elle avait les passions d'une vieille dame. Elle aimait la lecture, et le thé, et les plaids moelleux et les promenades. Elle haussa les épaules. - Premièrement, aimer lire ne fait pas de moi une mamie. Deuxièmement, il m'arrive de sortir. Tiens, d'ailleurs, la prochaine fois que tu prévois de faire une virée nocturne pour trouver ta prochaine proie, appelle-moi. Elle se pencha vers lui, lui lançant un regard de défi et ajouta : - Je te montrerais qu'il y a autre chose que la mamie que tu vois. Elle haussa deux fois des sourcils, et se recula, un sourire fier collé au visage. Elle roula de nouveau des yeux, secouant la tête de désespoir. Elle entendait l'eau couler, et eut une envie soudaine d'ouvrir le robinet de l'évier pour l'aider à se réveiller avec un peu d'eau froide. Mais elle se ravisa, consciente du risque. Elle s'attendait à tout, avec Baptiste. - T'imagines que, si ça se trouve, t'es même pas dans le top 5 des trois dernières filles avec qui t'as couché ? Oh, j'adorerais discuter avec l'une d'entre elles, pour voir. Enfin, si elles se rappellent de toi, déjà. Elle ricana, le regardant sortir de la salle de bain et se diriger vers le frigo. Il en sorti du fromage, et mordit dedans. - Tu sais que c'est à Anaïs, ça ? Elle rit, puis se stoppa net. - En fait, tout ce que t'as sorti est à Anaïs. T'as encore oublié que je suis végétalienne. Quel ami ingrat tu fais. Mais sers-toi, de toute façon je vais faire les courses demain, je lui en prendrais.

Baptiste a trop bu, c’est clair comme de l’eau de roche. Alors quand Alice lui fait remarquer, il ne peut pas s’empêcher de lever les pouces en l’air. Il doit avoir l’air bien idiot comme ça, mais lui, ça le faire rire. Son taux d’alcoolémie doit être trop élevé pour qu’il raisonne normalement. « Je crois que tu peux le sentir à mon haleine non ? » Pour appuyer ses dires, il se rapproche encore un peu et lui souffle son haleine fétide sur le visage, tout content de lui. Un sourire passablement débile s’affiche sur son visage alors qu’il traite pour la troisième ou quatrième fois sa meilleure amie de mamie. En même temps, qui aime se mettre sous un plaid, un thé dans une main et un verre dans l’autre. A part Alice, il ne connait aucune autre fille de ce genre. Cependant, il fut surpris quand elle lui avoua qu’elle viendrait avec lui à la prochaine soirée. Il en rit même, rejetant sa tête en arrière en ayant du mal à s’arrêter. « Tu vas ramener ton thé et ton plaid ? Tu vas faire sensation avec ton look vintage sur le dancefloor. » Intentionnellement, Baptiste se fout d’elle avant de se lever pour aller prendre une douche. Les traces de ses ébats avec cette fille dont il a totalement oublié le nom sont encore présentes sur lui. Il a du rouge à lèvres dans le cou et sûrement un ou deux suçons. Il grimace. Il n’est pas fan de ce genre de chose ou alors, seulement quand c’est lui qui les fait pour marquer sa propriété. Pendant qu’il prend sa douche, Alice et lui discutent de sa soirée et la jeune femme en vient à parler des femmes avec qui il avait couché. Encore une fois, ce qui lui dit la brune le fait rire et il sort de la salle de bain en se montrant de la tête au pied. « Je suis inoubliable mon cœur. » De temps en temps, souvent quand il se vantait, il lui donne des petits surnoms totalement débiles. Ça le fait rire et il reporte son attention sur Alice en lui faisant un clin d’œil. Il adresse un dernier sourire à la jeune femme avant de se diriger vers le frigo pour attraper de quoi bouffer. C’est que ça creuse de boire, danser et s’envoyer en l’air. Quand Alice parle d’Anaïs, il relève les yeux de son sandwich vers la brune. Anaïs, c’est qui déjà elle ? Ah ouais c’est la rousse avec qui elle partage l’appartement. C’est pas tellement important aux yeux de Bapt qu’il a totalement fait abstraction de la jeune femme dans son esprit. Il hausse alors les épaules en revenant vers le canapé, offrant une dernière fois le sandwich à son amie. « T’es sûre, t’en veux pas ? » Quand il est bourré, et même très souvent quand il est sobre, Baptiste peut être très lourd, une vraie plaie. Alors ce n’est pas étonnant de le voir insister pendant quelques secondes encore pour que Alice prend un croc de son repas improvisé. Voyant qu’elle ne cèderait pas, il met enfin fin à ce petit manège et plante ses dents dans le pain arrachant un gros morceau. « Putain, j’ai jamais compris les végétariens/végétaliens… C’est complètement stupide de se priver de viande pour manger que des graines ou des légumes. » Il continue de parler alors qu’il a la bouche pleine et qu’il mâche en même temps. C’est dégueulasse et écœurant, mais Alice a l’habitude de tout ça. Il fait ça pour l’énerver parce qu’il aime bien jouer avec elle. « Tu penses aux plantes que tu arraches du sol et que tu bouffes. C’est comme les animaux, elles sont en vie aussi. C’est cruel ! » reprend-il pour se moquer gentiment d’elle. Lui, il ne pourrait jamais se passer d’animaux. Il aime trop la viande, et la rouge en particulier, bien saignante, pour laisser tomber et ne manger que des légumes et fruits. Baptiste ne comprend pas trop ce principe hipster et espère que ce ne sera qu’une mode passagère comme le régime sans gluten. Encore une connerie pour faire consommer des produits plus chers sans que les gens ne sachent réellement ce qu’il y avait dedans. Bon plan pour faire dépenser des centaines d’euros à des personnes trop naïves pour voir qu’elles se font avoir. « Mais ça te manque pas la viande ? » demande-t-il en croquant une nouvelle fois dans ce sandwich jambon-fromage.

Baptiste était un crétin. Un crétin qui débarquait à n'importe quelle heure pour se doucher et vider son frigo, qui la traitait de mamie, et qui, en plus, lui soufflait son haleine alcoolisée au visage comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. Alice le fusilla du regard, reculant son visage. - Sérieusement? Mais Baptiste, c'était son Baptiste, et c'était alcoolisé et totalement barré qu'elle l'adorait. Pas autrement. Même lorsqu'il se moquait de son plaid, et même lorsqu'il lui rit au nez lorsqu'elle affirma qu'à la prochaine soirée, elle l'accompagnerait. - Tu vas ramener ton thé et ton plaid ? Tu vas faire sensation avec ton look vintage sur le dancefloor. Elle le frappa sur le bras, faussement vexée. - Tu verras, je vais faire sensation, t'imagine même pas à quel point. Et ce sans mon plaid et sans mon thé. Tu verras. Elle disait ça sur un ton de défi, presque l'envie d'y aller tout de suite, à cette soirée. Alice était plutôt compétitrice, ou du moins, elle avait tendance à vouloir prouver aux gens qu'ils avaient tort. Et quoi de mieux pour prouver qu'elle n'était pas une amie qui de faire des trucs de jeunes, whatever that means. Elle attendait patiemment qu'il sorte de la salle de bain, sachant pertinemment qu'elle toucherait un point sensible en parlant de ses conquêtes. Baptiste était un don juan, un coureur de jupon peut-être. Il ne cessait de les enchaîner, de s'en vanter, et d'oublier leur prénom au moment même où elles quittaient la pièce si ce n'était avant. - Je suis inoubliable mon cœur. Elle leva les yeux au ciel, ne prenant pas la peine de répondre quoi que ce soit. De toute façon, Baptiste était bien trop imbu de lui-même pour prendre ses critiques au pied de la lettre. Et en plus, ça n'était jamais vraiment des critiques, venant d'Alice. Elle se fichait pas mal qu'il couche avec n'importe quelle femme qui lui plaisait, c'était même tant mieux pour lui, et pour elles selon ses dires. - T’es sûre, t’en veux pas ? Elle secoua la tête négativement. Non, elle n'en voulait pas, et il le savait pertinemment, mais Baptiste était un crétin-imbu de lui-même-carrément insistant. - Putain, j’ai jamais compris les végétariens/végétaliens… C’est complètement stupide de se priver de viande pour manger que des graines ou des légumes. (…) Tu penses aux plantes que tu arraches du sol et que tu bouffes. C’est comme les animaux, elles sont en vie aussi. C’est cruel ! Elle se tourna vers lui, lui et sa bouche pleine de jambon qu'il mâchait avec ardeur. Puis, elle prit une grande inspiration l'air aussi nonchalant que possible, jouant avec le coin du plaid et dit : - Tu sais, les végétaliens sont deux fois plus efficaces au lit que les omnivores. C'est prouvé. Ça veut donc dire que je suis deux fois meilleure que toi au lit. Elle relève ses yeux noisettes, se retenant de sourire. Elle aimait la perspective d'être meilleure que Baptiste dans son domaine de prédilection, le sexe. Elle haussa les épaules, puis fit mine de regarder ses ongles l'air de se vanter sans non plus en faire trop. La subtilité, c'était tout ce qui faisait leur relation. - Je dis ça, je dis rien. Mais c'est prouvé scientifiquement. Désolée, chaton. Lancé sur le sujet du végétalisme, et alors même qu'ils avaient dû en parler des centaines de fois, il continua à poser ses questions, sans se moquer cette-fois. - Non. Tu sais, j'ai arrêté d'en manger quand j'avais quoi… Quinze ans ? Ça fait dix ans, je vis très bien sans. Et j'aime bien l'idée de réduire le nombre de victimes que je ferais dans ma vie. Elle rit à cette remarque, qui paraissait bien plus poétique dans sa tête. Elle repousse le plaid au fond du canapé, et se tourne vers Baptiste. - Tu reste dormir ? Anaïs est partie je sais pas où, elle rentre pas.