Invité Invité | Sujet: premier contact (cloé&flo) 11/12/2016, 00:30 | |
|
J'suis arrivé, à plus tard. Un message pour Lina et il descend de sa moto, l'attachant à un poteau. Retirant son casque, l'échangeant contre une casquette, il balaie du regard la petite rue et s'avance, d'un pas décidé. Les poings serrés, froissant les quelques papiers qu'il tient entre ses mains froides, il grimpe les quelques marches le séparant de la porte, de la vieille sonnette. Il vérifie une dernière fois l'adresse griffonnée par son avocat, le nom collé sur la boite aux lettres. Hardy. Le quartier n'est pas si moche mais la maison ne paie pas de mine. Coincée entre deux autres bâtiments, à peine remarquable. De celles qu'on passe devant sans les voir. Trop banales. Trop ternes. Il a bien failli la manquer, continuant son chemin, ratant le numéro. Y'a quelque chose de réjouissant à se dire que sa mère n'a pas réussi. Qu'elle n'a pas eu mieux que son père, que leur ancienne vie. Une joie mal placée probablement. Une casquette vissée sur le crâne, une écharpe, un blouson, il se fige sur le pas de porte, soudainement assailli de doute. Peut-être aurait-il du écouter les conseils de son avocat. Laisser un tiers s'occuper de la paperasse, la forcer à signer, la menacer de la trainer en justice, de porter plainte pour abandon. Florian, il n'a pas tout saisi au charabia juridique, mais le discours était plutôt effrayant. Et à voir la vieille baraque, il imagine qu'elle n'a pas les moyens pour se défendre. Parfait. Il entre, elle signe, il se barre. Histoire de lui faire plus de mal. Histoire de lui montrer qu'il n'a pas eu besoin d'elle. Jamais. Qu'il a réussi. Qu'il n'est pas un moins que rien. Qu'il a pu s'acheter la putain de rolex qu'il porte à son poignet, exprès. La mine mauvaise, il finit par appuyer sur la sonnette. Un bruit strident résonne de l'autre côté, lui arrachant un froncement de sourcils. Il jette un oeil derrière lui, vérifiant qu'il a bien attaché sa moto puis revient sur la porte. Des bruits de pas. On semble s'agiter là derrière. Fouiller dans il ne sait trop quoi. Un bruit de clés dans une serrure, on déverrouille la vieille porte en bois qui grince en s'ouvrant. Une douce chaleur lui caresse le visage, contrastant avec le froid extérieur. Il s'attendait à voir le visage de sa mère. Plus ridé. Plus abîmé par le temps. Mais c'est une gamine qui lui ouvre. Une gamine qui ressemble à sa mère. Décontenancé, n'ayant même pas imaginé devoir faire face à la progéniture, il se raidit, mal à l'aise. Il n'a pas pris la peine de retenir les prénoms, il n'avait pas prévu de les rencontrer, de leur parler. Juste rester un inconnu. Faire signer les papiers, la menacer, se barrer. C'était le putain de plan. Ne s'encombrant pas des politesses, le coeur tambourinant follement, soudainement stressé, il balance un peu violemment sa demande. « Est-ce que madame Hardy est là ? » Madame Hardy. Pas sa mère. Juste cette étrangère. Il ne sait pas si la fille l'a reconnu. Si elle sait qu'il existe. Qu'ils partagent un bout d'ADN. « J'voudrais lui parler. » Il agite les quelques papiers qu'il tient entre ses doigts, apposé du logo d'un grand cabinet d'avocat. « C'est assez important. » Il n'est pas aimable Florian. Il s'en fout. C'était une putain de mauvaise idée de venir. Il aurait du envoyer son avocat. Pas lui. Putain.
|
|