De la pluie, encore et toujours de la pluie. Je commence à croire que mon meilleur ami est mon parapluie en ce moment : au seul détail près que j’ai oublié mon fameux meilleur ami sur la banquette de la voiture en sortant. Dommage, me voilà trempé et absolument pas prêt à me balader. C’était pourtant ce que j’étais venu faire, à la base. Mais j’ai congédié mon chauffeur, et je vois déjà son regard noir si je le rappelle tout de suite.
Je n’ai plus qu’à chercher un café où m’abriter. Marchant d’un pas mollasson -je suis déjà trempé alors je ne vais pas en plus m’essouffler. Finalement, je me retrouve dans une grande allée, bien dégagée, où les parapluies s’entrechoquent. Mais ils ne sont pas seuls, à s’entrechoquer : à quelques mètres de moi, un gamin de 13 ou 14 bouscule la foule, court à pleines jambes, comme s’il cherchait à fuir quelque chose.
Je fronce les sourcils, un peu curieux. Et puis finalement, j’aperçois un jeune homme pensif qui n’a rien vu venir. Tellement rien qu’il se fait arracher sa sacoche en plein vol et n’a même pas le temps de se retourner que le fugitif a repris sa course effrénée. Enfin ça, c’était avant qu’il ne croise mon chemin.
Je tends mon bras droit, chope le gamin par le col et le soulève légèrement. « T’as cru que t’allais t’en sortir comme ça ? » Dis-je avec l’oeil noir, mais un calme olympien. Il frémit. « Tu rends ça au mec à qui tu l’as pris et tu dégages. » Finis-je par dire.
Mais le gamin, terrorisé, lâche la sacoche et s’en va aussi vite qu’il est arrivé. Je soupire. Comment peut-on en arriver là ? Je ne soupire pas pour le geste, mais pour le motif qui l’a poussé à faire ça. Si jeune, et déjà un bandit.