Il est neuf heures vingt huit minutes, la cloche avait sonné depuis un bon bout de temps et toi toujours pas en cours. Tu es près du grillage de l'autre côté près de la vieille école privée du quartier, dite "hantée" et tu fumes des clopes. Tranquille, tout va bien dans la vie. Tu n'es pas toute seule évidemment; deux copines assez grandes de tailles fument avec toi, sacs pendus à leurs dos, qui te cachent de la vue de passant assez gentils pour s'en foutre carrément de toi et te laisser tranquille. Les flics étaient bien trop occupés à prendre leurs petits déj dans leurs voitures ou dans La Brioche du coin et, de toute façon, c'était toujours désert à cette heure-ci. Les constructions ne commençaient pas avant onze heures, donc tu étais tranquille. Et puis, il y a eu ce défi qu'on t'a soudainement proposé. Vous êtes donc rentré à dix heures, à la récréation et vous vous êtes faufilés sans que personne vous voit au gymnase. Tes copines sont restés là à te scruter de loin pendant que tu avançais un peu plus dans la pièce. Il n'y avait personne puisque les cours d'EPS étaient annulés. Et pour courroner le tout, pas de pion en vue. Normalement, c'était un accès interdit aux élèves. Normalement, c'est un défi débile, comme tous les autres. Mais, justement, c'est pourquoi tu les adorais; après tout, les règles ont été établies pour être brisés, c'est ça la vie.  
Tu t'es donc faufilé discrètement entre les portes et tu t'arrêtes devant une qui est un peu reculé dans le coin, qui est plus lourde et plus dur à ouvrir que les portes du vestiaires. Elle ne dégageait en plus pas beaucoup de lumières; la salle d'équipement. C'est une salle où on rangeait tous les équipements et les matériaux nécéssaires au cours d'EPS mais aussi à d'autres activités dont tu n'as, de toute façon, jamais participé - ou du moins pas cette année. Et de toutes les salles, c'était celle-là qu'elles avaient choisis. Tu dévérouilles donc la porte avec une clé que tu t'es procurée en portant ton masque de bonne élève, fais signe à tes deux potes de venir et, rapidement, tu t'es faufilée là-dedans. Comme tu l'avais prédis, il n'y avait pas beaucoup de lumière et pas de fenêtre; l'odeur de poussière et de sueurs se mélangeaient dans l'air, créant une ambiance désagréable, voir même irrespirable. Tu avais limite envie de te casser; mais cinquante balles était en jeu petite Sylvie, de quoi tu as peur ? Soudainement, tu entendis la porte se claquer dans un grand bruit suivit d'un cliquelis derrière toi. Tu fais volte-face, t'approche et essaye d'ouvrir la porte; cela ne s'ouvre pas. Tu essayais une nouvelle fois, plus fort, en appuyant le plus possible sur la poignée jusqu'à entendre les ricanements des deux filles suivis de bruits de pas rapidement qui s'éloignait. Tu venais de tout comprendre; tes "potes" se sont payés ta tête et t'ont enfermés dans cette salle. Et comme elles t'aiment énormement, tu risque de rester là un bon moment. Dans une tentative vaine, tu tambourinas la porte puis te glissa le long du mur en soupirant. Tu ouvris ton téléphone; pas de réseau. "Et merde, quelle bande de bouffones ses deux-là." Tu passas ta main dans tes cheveux tout en soupirant une nouvelle fois lorsqu'il eut soudainement un bruit sourd qui te fis sursauter. Et un deuxième, cela provenait près de la petite fente qui servait de fenêtre au bout de la pièce. Tu scrutas et observa qu'il y avait du mouvement là-bas. Ton sang ne fit qu'un tour et tu ne pu t'empêcher de t'exclamer "Qui va là ?" avec une assurance presque inexistante. Tu ne croyais pas forcément aux fantômes ou autres créatures de la culture horreur, mais le frisson qui t'a parcouru l'échine te suffisait simplement pour déterminer que tu avais un très mauvais pressentiment de ce qui allait se passer...