Où il sera question d'une jeune fille à l'air familier, de chocolat, de crevettes, de chiens, de chats, de carotte rappée et un tas d'autres trucs.

Il s'était arrêté. Il avait regardé, à droite, à gauche, devant lui, derrière lui, vers la vitrine de ce bar. Le feu rouge piéton passerait au ver dans très peu de temps, il devait se dépêcher. Il dégaina son portable, photographia l'affiche, et lui avec, et fût aussitôt poussé en dehors du trottoir. La foule, tel un seul membre, se précipita de l'autre côté de la rue, le passage clouté et ses lignes blanches disparut sous une tornade, une rafale de pieds munis de chaussures différentes, allant de Vans rouges à des talons aiguilles de quinze centimètre, passant évidemment par les bottes plates en cuir et fausses fourrures. Oh, nous oublions bien sûr les converses "All Stars" bleues ! Tout ce petit monde, habillé plus ou moins bien, coiffé à la pointe de la mode, traversait la rue, d'un pas pressé, portant avec lui valisettes, sac à mains, valises de voyages, leur chien ou rien du tout. Une fois que toute la population ait atteint l'autre bout de rue, il fallut trouver sa direction ! Ce n'était pas la mer à boire, mais pourtant chaque individu partait dans la direction opposée de son voisin. Aloïs assistait à tous ces déboires personnels, assis sur un banc. Le blond avait pris sa photo d'affiche et son selfie, il était content, il pouvait s'asseoir tranquillement pour observer les gens. Ou ne pas les observer, d'ailleurs, regarder ailleurs. Le jeune homme se trouvait à côté de deux de ses endroits préférés de Paris. Le Louvre, ce musée, havre de paix où l'on se sentait en sécurité, et le Jardin des Tuileries. Il hésitait. Où aller ? Le Louvre étant payant, il se décida à se rendre aux Tuileries. Les marchands étaient nombreux en cette journée ensoleillée, propice aux promenades dans un parc, une visite en plein air, un tour en bateau-mouche dans les bras enjôleurs de la Seine. Les étalages d'un petit marché proposaient et offraient des offres appétissantes, d'autres moins ragoutantes. C'était la première fois qu'Aloïs venait regarder ces légumes, ces crustacés, ces fruits, mais aussi ces peintures, ces aquarelles, ces sculptures. Il n'avait jamais remarqué ce petit marché. Peut-être était-ce la première fois qu'il était là, ce marché ? Toujours est-il qu'il proposait de magnifiques crevettes, pas très chères et bon marché. Le promeneur se hâta de faire une nouvelle affaire et acheta ces crevettes roses toutes jolies. Il remarqua qu'un petit chat semblait, lui aussi, intéressé par les poissons du poissonnier. Aloïs continua sa route, passant devant un écriteau vantant les qualités des carottes disposées, bien alignées, sous cette pancarte. Elle inscrivait tout ce que l'on pouvait faire avec les carottes en vente. Des tas de choses : allant des carottes rappées au carottes bouilles, la purée de carotte, et nous en passons. Aloïs resta ébahi devant le petit stand de chocolat, où s'échappait un fumer léger, un arôme très doux. C'était agréable, c'était frais, ça sentait bon, ce n'était pas très cher, ça avait l'air délicieux. La tentation était trop forte ! Qui pouvait résister à ce parfum ? Qui ? Personne. Alors, le musicien dégaina son porte-monnaie, échangea un bout de papier et quelques jetons contre une tablette de chocolat. Ce n'était pas la meilleure chose pour la santé, mais les brocolis et les épinards compenseraient sûrement. Le gourmand s'assit sur un banc du jardin, devant un rosier blanc, aux teintes légèrement rosées, aux épines acérées. Derrière lui, de la pelouse, aussi verte que de la pelouse, un beau vert pelouse. Un magnifique vert. Quand il tourna la tête, Aloïs remarqua une jeune femme, aux allures familières. Ce devait être une illusion de son esprit, alors il mordit à pleines dents dans sa tablette de chocolat. Un bon chocolat, au goût chocolat. Fondant. Craquant. Délicieux.

Où il sera question d'un tas d'autres trucs chouettes et d'autres moins chouettes.

C'que le soleil était chaud, en cette journée si ensoleillée, si belle, si douce ! Aloïs n'en finissait pas de s'extasier sur la beauté du soleil et du jardin des Tuileries. Il voyait les gens passer, ça lui rappelait "Mistral gagnant", de Renaud. Sauf qu'il n'était pas avec quelqu'un, là, tout de suite, dans l'instant. Peut-être plus tard, songea-t-il. En regardant autour de lui, il ne vit que fleurs et personnes inconnues. Sauf... sauf une, oui. Lorsqu'elle s'approcha, le musicien la reconnu immédiatement. La meilleure amie de Noam. Celle qui ne l'aimait pas plus que ça et lui non plus. « Salut Aloïs, comment tu vas ? » Voilà qu'elle lui disait bonjour. Du nouveau, d'habitude, ils s'évitaient lorsqu'ils étaient dans un périmètre de moins de vingt mètres. Mais bon, après tout, Charlie était plutôt sympa, puis elle avait l'air heureuse, alors autant l'être aussi, tiens. « Salut, Charlie. Tu as l'air heureuse, aujourd'hui. » puis il remarqua qu'elle avait son appareil photo en main. Elle avait raison, la meilleure amie de Noam, de sortir prendre des photos par un si beau temps. Aloïs, perdu dans ses pensées, en avait oublié sa tablette de chocolat qui commençait à fondre dans ses doigts. Il s'empressa de mordre dedans et coupa une barre. « T'en veux ? J'viens de l'acheter. » lui proposa-t-il. Ils n'avaient beau ne pas s'apprécier plus que cela, manger du chocolat c'est pas la mort non plus. Devant leur banc, des pigeons se jetaient sur les miettes de pain, picorant par-ci, picorant par-là. Parfois, il y avait une collision de becs, et après des battements d'ailes. C'était beau comme scène. Peut-être que ça ferait une belle photographie. « Qu'est-ce que tu fais de beau en ce moment, Charlie ? Avec ton appareil ? » demanda-t-il. Les photos de Charlie, d'après son entourage, étaient magnifiques, et Aloïs avait bien envie de voir ses productions. Comme tout amateur de photographie, d'ailleurs. Le trompettiste sortit son portable et regarda l'heure. Pas d'inquiétude. Puis il tapa sur l'icône galerie puis sur les photos qu'il avait faites ce matin. Les montrer à Charlie ? Non, elle se moquerait. Oui, mais si elle apprécie ? Aloïs semblait torturé. Il mordit dans sa tablette pour se détendre. Le chocolat était exquis.

désolée: