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Invité Invité | Sujet: (orphée). 4/2/2016, 02:54 | |
| Elle n'avait pas eu envie d'y aller aujourd'hui, pourtant elle était assise dans une de leurs innombrables chaises inconfortables à écouter ses "camarades" parler. S'exprimer, partager. Charlotte ce n'est pas, pour ainsi dire, son point fort tout cela. Elle a du mal, depuis l'accident. C'est peut-être encore trop vif, peut-être que si elle en parle vraiment toutes ses émotions refoulées l’assailliront sans jamais plus vouloir la quitter; c'est de ça qu'elle a un peu peur. Alors, quand ils lui demandent de prendre la parole, elle se contente de banalités. De ça va et de ma prothèse ne m'a pas fait mal cette semaine, ni dérangée. Quelques petits mensonges, aussi, à l'occasion. Elle essaye de dire que des choses positives, dans le cas contraire le temps de parole est plus long et c'est ce qu'elle redoute le plus en venant ici. À l'association pour jeunes en situation d'handicap, charmant nom pas vrai ? C'était la réalité, après tout, ils étaient tous atteint d'un handicap ou d'un autre. Ils étaient comme elle, ils auraient compris si sa jambe flanchait sous le stress. Mais non, elle s'obstine à rester à la surface. Ce n'était pas comme si s'ouvrir pourrait l'aider, pas vrai ? Charlotte essayait vraiment de s'en convaincre, à chaque fois. Parfois elle arrêtait de se voiler la face, se disait que ce serait le jour où elle s'ouvrirait à eux; ce n'était malheureusement pas encore arrivé. Jamais elle n'osait. Quel dommage. L'adolescente se fit surprendre par la voix qui respirait l'autorité de leur directeur de séance. Il leur annonçait qu'ils pouvaient se lever, manger, choisir ce moment pour échanger en plus petit comité, retrouver ses amis. Partir aussi. Et normalement, c'est ce qu'elle faisait, Charlotte. Elle demandait à sa soeur de venir la chercher dès que sa chaise était rangée. Mais tout ce que la jeune femme avait en tête était ; pourquoi pas aujourd'hui ? Encore et encore, comme si cela résonnait dans son esprit. Elle allait parler à quelqu'un aujourd'hui. C'était décidé. Pas que le regard insistant du bénévole y soit pour quelque chose. Du tout. Habituellement, ce n'était pas qu'elle évitait tout contact avec les autres, mais elle était quelque peu effrayée à l'idée de se faire rejeter ; la plupart d'entre eux se connaissaient déjà avant son arrivée. Ce qui n'arrangeait en rien sa peur. Celle de déranger, d'être de trop. D'être la nouvelle, une fois encore. Et, bien que son arrivée ici remonte à quelque temps déjà, elle n'ose pas. Charlotte s'obstine à rester dans son coin.
Non sans prendre son courage à deux mains, elle se dirige d'un pas peu certain vers lui. Orphée. Il est souvent seul, Charlotte l'a remarqué, sans avoir l'air d'être embêté par cela. Il ne pouvait plus parler, une opération qui a mal tourné. C'est pour cela qu'il était ici. Une fois à son niveau, de ses lèvres sort un petit salut, timide même. Tout comme celle qui l'avait prononcé. Charlotte, lui rappela-t-elle, bien qu'ils ne se soient jamais retrouvés en "tête-à-tête". Orphée, c'est ça ? Un petit sourire prit forme sur son visage, n'arrivant pas tout à fait jusqu'à ses yeux. Charlotte ne savait pas réellement pourquoi elle avait dit cela, mais c'était ce que les gens avaient tendance à faire avec ceux qui restent dans leurs coins, les timides. Ce qu'on lui faisait. Elle se contentait de calquer leur comportement et ... oh, mon dieu elle venait de lui faire ce qu'elle détestait qu'on lui fasse. Elle n'était VRAIMENT PAS dans sa zone de confort. Ses yeux bleus se posèrent sur le brun, il avait l'air ... surpris, déboussolé ? Charlotte ne savait pas vraiment, mais ça devait ressembler en tout point à l'expression qu'elle arborait quand on l'abordait. Désolée, c'est juste que ... tu vois, ils sont tous en petits groupes et ... on est souvent seuls tous les deux. Elle n'était pas très douée pour parler avec les autres, encore moins s'il s'agissait de commencer une conversation. Je me suis dit que ça ne te dérangerait pas que je te tienne compagnie. Et ... vice-versa. Charlotte avait attrapé la bougeotte, elle était mal à l'aise comme à son habitude, quoique moins qu'en temps normal. L'option de se faire rejeter était toujours ... belle et bien une option. Pas celle qui préférait. Je peux totalement partir si je te dérange, je comprendrais parfaitement lui annonça-t-elle avec un sourire un peu forcé. Pour donner le change. |
| | | Invité Invité | Sujet: Re: (orphée). 4/2/2016, 08:38 | |
| Le groupe de soutient des jeunes en situation handicap m'a énormément aidé. Au début j'y allais à reculons, n'ayant pas trop envie de m'exposer ou de prendre le risque de m'exposer. Mais au final, j'apprécie énormément ces moments de convivialité. Si bien que j'attends toujours avec une certaine impatience le moment où je sortirais de ma maison pour y aller. Comme aujourd'hui. Et aujourd'hui est un très grand jour, car j'ai décidé de me mettre enfin en avant et raconter ce qui m'était arrivé. Évidement, j''avais prévenu le directeur de séance la semaine passé afin qu'on trouve une solution pour que l'assemblée me comprenne. Il a dit qu'il y réfléchirait cette semaine.
Et aujourd'hui, quelle n'est pas ma surprise lorsqu'en arrivant, il interpellante pour me présenter une jeune femme. Une traductrice, une qui sait signer et qui sait lire. Elle traduirait mon histoire en français parlé. Je lui offre un petit sourire et lui tends la mains puis me présente. Pendant 10 minutes nous sommes là à nous échanger des informations. Je lui explique mon histoire déjà avant afin qu'elle ne soit pas surprise lors de mon passage sur scène. Alexia, c'est ainsi qu'elle s'appelle, est adorable. Elle semble réellement triste pour moi, ce que je peux comprendre après tout. Mais peu importe.
Arrive le moment où je dois monter sur scène. Je me met en place, dos au public et prends plusieurs profondes inspirations. Alexia s'approche, me demande si ça va aller et j'hoche doucement la tête, lui demandant de me laisser deux secondes pour me calmer. Je fini par me retourner. Mon regard se porte sur les gens présents. Je me redresse puis lance un coup d’œil à la traductrice avant de me lancer.
J'explique les raisons pourquoi nous sommes deux sur scènes, pourquoi je ne parle pas. Je leur montre directement que je suis muet puis leur fait comprendre les raisons. Pendant une petite dizaine de minutes je parle avec mes mains et en oublie carrément mon stresse. Au final, lorsque j'arrête j'avoue que je me sens bien mieux. Carrément soulagé. Sous les applaudissements des gens, je m'avance vers Alexia et la prends dans mes bras avant de la remercier. Je retourne ensuite m'installer à côté de la traductrice et écoute les trois autres jeunes qui se présentent eux et leur histoire.
A la fin, lorsque le directeur de séance nous dit qu'on peut aller manger quelques choses, je me lève et Alexia me dit qu'elle doit partir directement. Je suis un instant déçu étant donné que j'aurais tellement aimé encore parler avec elle, mais je ne peux pas la retenir. Alors je lui souris simplement, la remercie encore chaleureusement puis lui fait un signe de la main pour lui dire au revoir et ….me voilà seul. Je m'avance vers le buffet, attrape un bout de gâteau et un café puis vais rejoindre mon mur, là où je suis toujours seul.
Sauf aujourd'hui. Aujourd'hui est décidément une bonne journée. En voyant une jeune fille s'avancer vers moi, je me redresse. Mon cœur s'accélère, comme toujours lorsqu'un inconnu vient me voir. Elle se place devant moi, se présente puis me demande si je m'appelle bien Orphée. J'hoche la tête pour lui signifier que oui, c'est bien moi. Un sourire timide se peint sur mes lèvres. J'avoue être un peu gêner mais ce n'est pas grave. Elle avait raison de venir me voir, j'apprécie toujours la compagnie des autres. Et elle me semble particulièrement gentille. Je crois qu'elle est, comme moi, assez mal à l'aise. Lorsqu'elle me dit qu'elle peut aussi partir si je préfère, je me redresse d'avantage et secoue vivement la tête avant de regarder autour de moi. Rah si seulement Alexia était resté, elle aurait put traduire pour moi. Je soupire doucement puis lève mon index pour lui indiquer d'attendre une minute.
Je me tourne vers une table, y pose mon gobelet dessus puis sort mon carnet de mon pantalon. Je n'aime pas trop écrire mais c'est le meilleur moyen de communiquer avec quelqu'un. Je griffonne rapidement quelques mots sur le papier puis me retourne vers Charlotte et le lui tends avec un petit sourire timide. « Désolé, l'écrit est sans doute la meilleure des solutions pour que tu puisse me comprendre. Sauf si tu connais la langue des signes ce que je ne pense pas » avais-je écris « ça va ? Tu es nouvelle non ?» disait la suite des mots. Autant tenter d'engager une conversation directement, non ? Je garde mon regard rivé sur la jeune femme et l'observe avec une attention tout particulière, attendant de voir sa réaction. |
| | | Invité Invité | Sujet: Re: (orphée). 6/2/2016, 03:02 | |
| Il avait tout de même eu l'air content en la voyant, malgré sa gêne apparente. Cela rassurait Charlotte de voir que ce genre de situation affectait les autres de manière similaire. Et, apparemment, Orphée souhaitait qu'elle reste. L'adolescente ne le quitta pas des yeux tandis qu'il lui préparait sa réponse, qu'il lui tendit avec timidité. Charlotte ne savait pas si elle devait tout lire d'un coup, puis répondre ou fractionner sa lecture en l'entrecoupant de réponses. Tant pis, elle partait sur la seconde. Désolé, l'écrit est sans doute la meilleure des solutions pour que tu puisse me comprendre. Oh, non, ne t'en fais pas ! Tu n'as pas à être désolé ! Charlotte quitta des yeux son papier quelques secondes, lui décochant un bref sourire avant de se replonger dans sa lecture. Sauf si tu connais la langue des signes ce que je ne pense pas. Eh bien, à vrai dire, j'ai appris il y a plusieurs années. Charlotte ne put empêcher son sourire de réapparaître sur son visage, son ami Axel lui traversant l'esprit. C'était lui qui avait donné envie à la Charlotte de treize ou quatorze ans d'apprendre la langue des signes. Enfin commencé ... Oui, son accident était arrivé avant qu'elle ne puisse la maîtriser et elle n'avait pas repris depuis. Ni même vraiment pratiqué. Je ne dois plus très bien m'en souvenir, lui dit-elle en signant laborieusement pour lui montrer l'ampleur des "dégâts". Désolée j'ai dû complètement massacrer les mots. Et elle espérait simplement ne pas avoir signé totalement autre chose, elle s'en serait retrouvée plutôt gênée. Ça va ? Tu es nouvelle non ? Je viens ici depuis un petit moment déjà, j'y suis plus ou moins forcée. Mais je me fais la plus discrète possible, c'est un don. Charlotte agrémenta sa dernière phrase d'un petit rire bien que ne trouvant en rien ce qu'elle venait dire marrant. Ce n'était rien qu'un signe de nervosité. Je pars dès qu'on en a le droit, aussi. La jeune femme lui tend sa feuille en lui demandant ; et toi, tu viens ici depuis combien de temps ? Et, puis, Charlotte comme à son habitude commença à jouer avec ses cheveux probablement parce qu'elle se retrouvait les mains vides. Parce qu'elle s’apprêtait à aborder un sujet qui pouvait le mettre mal à l'aise, aussi. J'ai beaucoup aimé ce que tu as partagé avec nous, d'ailleurs. Il était le seul que Charlotte avait écouté jusqu'au bout. Ce n'était pas que les récits des trois autres jeunes ne l'intéressaient guère, loin de là, mais elle était repartie dans son monde. Le monde de Charlie. Elle avait entendu des bribes par-ci, par-là. Elle devait bien être le pire membre de l'association, oh well. Ce ne doit pas être évident de ... se mettre à nu comme cela. Devant tout le groupe. Elle l'enviait un peu, d'être aussi courageux. Comme tous ceux qui avaient partagé leurs histoires avant, et après, lui. Charlie doutait qu'elle le puisse un jour, ou alors, était tellement loin qu'il se trouvait hors de son champ de vision. Je suis désolée que tu aies dû subir tout cela ... Un petit sourire désolé se figea sur son visage, elle n'avait pas pitié de lui, elle était simplement désolée et attristée. La jeune femme posa à nouveau son regard sur Orphée, étrangement sous cet angle il lui disait quelque chose. Rappelait quelqu'un. Elle n'y avait jamais prêté attention avant, mais en même temps elle ne s'était jamais vraiment attardée sur son visage. Cela aurait été bizarre et plutôt embarrassant qu'il la retrouve en train de le fixer, là elle attendait sa réponse alors c'était différent. Un air confus s'inscrit sur son visage tandis que ses sourcils se froncent et son front se plisse, pourquoi ne remarquait-elle cela que maintenant ?! Puis, ses yeux se posent sur les siens et ça lui revient. Elle reconnaît le bleu de ses yeux. Sa main se pose immédiatement sur ses lèvres comme pour retenir le cri de surprise qui ne demande qu'à sortir. |
| | | Invité Invité | Sujet: Re: (orphée). 6/2/2016, 20:54 | |
| Je n'ai pas pour habitude de me mettre ainsi en avant. Certes, il m'arrive assez régulièrement de jouer devant un publique mais ce n'est absolument pas la même chose. Dans ces cas là, je joue, j'ai mon instrument avec moi qui m'accompagne et qui me permet de ne pas être stressé. Mon instrument à cette particularité de me transporter dans un autre monde, un havre de paix, de telle manière que je ne prends aucunement en compte ce qui m'entoure. Mais là, debout sur la scène, c'est totalement différent. J'ai peur qu'on ne me prenne pour un idiot ou quoique ce soit. Au final, pourtant, tout se passe très bien. Isaline parvient avec brio à tout traduit sans problème. Malheureusement, elle est obligé de partir directement après. Dommage, j'aurais espéré pouvoir communiquer un peu avec et en apprendre un peu plus sur elle. Mais nous avons échangé nos numéros, je sais que je la reverrais. Je ferais tout pour la revoir assez rapidement.
Je suis maintenant debout là, contre le mur, avec mon bout de gâteau et mon café, lorsqu'une jeune femme vient me voir. Elle me parle, me dit qu'elle me voit régulièrement seul et comme elle l'est, elle aussi, elle s'était dit que ça ne me dérangerais sans doute pas d'avoir de la compagnie. Je lui fait comprendre par écrit que je suis bien content qu'elle soit venue vers moi, qu'elle ait fait le premier pas me touche pas mal je dois dire. Elle lit le petit mot que je lui ai écrit, me dit que je n'ai pas à être désolé puis me surprends en me disant qu'elle a commencé à apprendre la langue des signes il y a plusieurs années de ça.
J'arque un sourcil et sourit largement. Je ne le pensais pas ! Ça voudrait dire qu'elle me comprendrait ? La désillusion tombe rapidement. Elle me fait comprendre par signe qu'elle a tout oublié. Je grimace un peu, ravalant ma déception, puis hoche doucement la tête en souriant lorsqu'elle me dit avoir sans doute massacré les mots. Oui, elle n'a pas bien signé, mais je ne peux pas lui en vouloir, bien au contraire. Elle n'y peut rien si elle n'a plus pratiqué depuis longtemps. Elle fini tout de même par répondre à ma question : non elle n'est pas nouvelle, elle vient ici depuis un petit moment, mais elle part toujours rapidement dès qu'on a l'autorisation.
J'hoche la tête pour lui faire comprendre que je vois, que je comprends mieux maintenant pourquoi je ne l'ai jamais vu. Elle me redonne la feuille en me demandant depuis combien de temps je viens ici. J'attrape rapidement mon stylo et le carnet puis griffonne un «2 ans 1/2 » dessus que je lui tends. Elle me dit ensuite avoir beaucoup aimé ce que j'ai partagé avec eux avant, bien que ça ne devais pas être évident de se mettre ainsi à nu devant tout le monde. J'hausse les épaules. Certes ce n'était pas facile mais une fois lancé ça allait.
Par la suite, je baisse le regard, quelque peu mal à l'aise, lorsqu'elle reprends en me disant que être désolé pour moi d'avoir eu à subir tout ça. Je reprends mon stylo en main et le carnet puis écrit à nouveau rapidement « Oui, ce n'était pas facile. Enfin, j'ai mit plus de 2 ans avant de me sortir d'une grosse dépression » j'hésite un instant. Je garde pour moi que j'ai eu des pensées suicidaire, non ? Oui. Oui il vaut mieux. « Mais c'est parce que j'ai appris à signer que j'ai réussi à m'en sortir et … me voilà donc. » je lève un instant le regard vers la jeune femme et la voit qui se plaque une main devant la bouche comme si elle voulait masquer un cris.
Je fronce les sourcils et regarde autour de moi, dès fois que la source de la surprise de la jeune femme serait dans la pièce puis revient à elle et l'interroge du regard tandis que je lui tends mon carnet. Pourquoi me regarde-t-elle comme ça ? Que ce passe-t-il, pour …. ? Je me fige finalement et la fixe. Elle est la jeune femme de la dernière fois, non ? Celle dans la rue, qui m'a foncé dedans, celle chez qui j'ai vu une prothèse et que j'ai tout simplement fuis lâchement. |
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