Par une nuit, alors que le soleil était déjà couché, on entendit résonner les pleurs d'un nouveau-né, dans un hôpital anglais. Albane Joy Garnier, de mon nom complet, je venais de pousser mon premier cri un certain premier septembre mille neuf cent quatre vingt cinq, à Paris. Ma naissance fut d'ailleurs accueillie comme une bénédiction. Mes parents, brillant médecin et couturière de métier, avaient toujours rêvé d'avoir une fille et j'étais alors leur plus beau cadeau. Telle une petite princesse, je fus gâtée par ces derniers, qui ne trouvaient jamais rien assez bien pour leur petite fille adorée. Je peux clairement dire que je n'ai jamais manqué de rien, mais je n'en ai pas pour autant profité. L'argent ne m'est jamais monté à la tête, malgré qu'il comportait de nombreux avantages certains. Mis à part ça, je n'ai pas des tas de souvenirs de mon enfance, les années ont passé depuis cette époque. Ce que je sais en tout cas, c'est que j'avais un soir demandé à mes parents si je pourrais avoir une petite sœur. A ce moment-là, j'avais besoin d'une présence à mes côtés, d'une personne avec qui partager mes secrets et rigoler, j'avais envie de veiller sur quelqu'un de plus fragile que moi, et qui avait sûrement besoin de moi. Seulement, la vie n'avait pas décidé d'être clémente une deuxième fois avec ma famille. Ma mère m'avait expliqué, les larmes coulant sur ses joues, qu'elle ne pouvait plus avoir d'enfant. Je n'oublierais jamais ce jour. C'est à cet instant que je me suis dit que je serais leur seul enfant, et que je devais être à la hauteur de leurs espérances. Ne pas les décevoir, je ne voulais surtout pas les décevoir. Tout le long de ma scolarité, je fis du mieux que je pouvais pour me montrer digne d'eux. J'obtenais de bonnes notes, mon comportement était irréprochable et je n'étais pas le genre de filles dévergondées à souhait. Enfin, en apparence... Parce que comme tous les jeunes de mon âge, je ressentais le besoin de sortir et de m'amuser pour penser à autre chose que mes leçons. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai fait le mur. Ceci étant dit, je ne me suis jamais fait pincer, c'est le principal. Pas franchement glorieux, je sais. Mais je n'ai pas besoin que l'on me fasse la morale, du moment que j'assure à l'école, j'ai tous les droits (a).
Juliette, ou l'une des premières rencontres que j'ai fait dans ma vie. Et pourtant pas des moindres. Elle et moi, on peut dire à juste titre qu'on se connaît depuis le bac à sable. Nous nous étions suivi à l'école pendant tout notre parcours scolaire, et nous retrouvions aussi à jouer ensemble les jours de repos.
« Est-ce que Juliette est là ? » adressais-je, à un des papas de cette dernière qui m'ouvrait sa porte d'entrée. Pas le temps de dire un mot qu'une tornade brune fonçait sur moi et me sautait dans les bras.
« Il faut absolument que je te montre mon nouveau jeu » m'extasiais-je. Nous étions parties en courant vers ma maison, et avions rejoint ma chambre. Je m'empressais de sortir ce nouveau jeu électronique dont mes parents m'avaient fait cadeau il y a peu. Hyper concentrée, mon amie semblait tout autant en admiration que moi. Notre relation avait toujours été comme ça, nous avions toujours tout partagé, nos jouets, comme nos secrets. Elle était cette sœur que je n'avais jamais eu, mais dont j'avais tellement rêvé. Nos journées se terminaient souvent en bataille d'oreillers sur nos lits respectifs que nous utilisions en guise de trampoline. Les années défilaient, ne faisant que renforcer nos liens. Nous étions toujours de plus en plus proches, au fil des ans, bien que cela semblait ne plus pouvoir évoluer au vue de notre niveau d'attachement actuel déjà bien avancé. Allongées sur mon lit, nous papotions comme à notre habitude, quand je saisissais mon téléphone portable que je mettais en mode 'appareil photo'. Je me rapprochais de Aurore, essayant de faire une belle photo de nous deux. Évidemment, la demoiselle avait envie de plaisanter et faisait des grimaces pas possibles.
« Allez Ju', fais-moi un sourire » commençais-je. Mais elle continuait de plus belle, et moi j'éclatais de rire.
« Laisse tomber, c'est plus marrant comme ça » affirmait-elle. Il était clair qu'elle n'avait pas tort, c'était tellement drôle des photos n'ayant ni queue, ni tête. Et puis, c'était tellement nous. La séance se terminait donc en gros bordel, des cris qui fusaient dans tous les coins de la maison, des éclats de rire... tout ceci annonçant encore de belles photos qui promettaient d'être affichées et placardées sur tous les murs de nos chambres respectives. Juliette était comme ma moitié, mon âme sœur, ma meilleure amie en somme. Personne au monde ne pouvait me ressembler autant qu'elle. Nous plaisantions souvent sur le fait d'avoir été des jumelles séparées à la naissance. Si bien qu'on agissait même parfois en tant que tel.
Léandre et moi, c'est un peu comme Tic et Tac, Boule et Bill, Timon et Pumbaa, Wallace et Gromit, ou encore Laurel et Hardy. Enfin, vous m'avez comprise. Duo de choc. Liés comme deux doigts de la main. On forme une belle paire. Depuis notre première rencontre, c'était comme une évidence. Il y a des gens comme ça avec qui tout coule de source dès le début, dès la première rencontre, c'est ce qui s'est passé avec lui. Et c'est toujours le cas aujourd'hui. […]
« Dis Curly, tu m'aimes ? » lui demandais-je, le plus sérieusement du monde alors que j'étais fixé sur mon écran de portable. Il aurait pu se dire que je ne faisais pas attention à lui ou quoi, mais les filles font tout en même temps. C'est du talent ça, on l'apprend pas sur le tas.
« Je sais pas, tu me donnes quoi en échange ? » me répondit-il, un sourire au coin des lèvres. C'est qu'en plus, il cherche les histoires le merdeux. Je relevais le regard dans sa direction en mode choquée. Il osait me répondre ça, il n'avait vraiment peur de rien.
« J'avais envie de faire des gâteaux, mais j'ai changé d'avis finalement. Tu mérites pas que je te nourrisse » ajoutais-je. Il y réfléchirait à deux fois désormais avant de me contrarier.
« Non mais att... » se reprit-il, avant que je ne le coupe :
« Quoi ? Tu viens de te rappeler que tu m'aimes en fait ? Comme c'est bizarre ». Comme si je ne l'avais pas vu venir le bonhomme, je le connais quand même trop bien. Je sais exactement comment il va réagir dans chaque situation. C'est même plus marrant à la fin, il n'y a même plus de surprise, faudrait qu'il pense à se renouveler. Je lui tirais la langue à la place de tout discours inutile, et me replongeais dans la lecture de ce qui défilait sur mon écran de portable.
« Babane ? » m'interpella-t-il.
« Huuum » fis-je, sans prendre la peine de lever la tête. Il ne fallait pas que je lui prête trop d'attention non plus, j'étais censée être vexée, je n'aurais même pas dû lui répondre déjà, mais c'est difficile.
« Je t'aime » dit-il, le plus naturellement du monde.
« C'est vrai ce mensonge ? » m'enquis-je pour la forme, on ne profite pas de moi de la sorte.
« C'est pas un mensonge, sinon je serais déjà plus là » rajoutait-il. Non mais ça voulait dire quoi ça, que j'étais si insupportable que ça ?
« Dis-moi, quel est le message que tu essaies de me faire passer là ? » le questionnais-je, très sérieusement.
« Oh rien du tout » m'affirmait-il, avec son petit air malin que je ne lui connaissais que trop bien. Il se foutait de ma gueule pour la énième fois de la journée. Je me demandais souvent lequel de nous deux était le plus insupportable en fin de compte. Mais si je tenais autant à lui, c'était peut-être bien pour toutes ces petites choses là au fond.
« Tu m'as inscrite à 'Secret Story' ? » m'exclamais-je. Ça, c'était la dernière bombe que ma meilleure amie venait de me laisser entendre. Et je commençais vraiment à flipper, parce qu'avec elle, je savais que je devais m'attendre à tout. Elle était franchement capable de tout me faire, et de tout m'inventer. Juliette hochait la tête à la suite de ma question, toute fière d'elle en plus. Je la regardais alors, ne sachant pas quoi faire, ni quoi lui répondre.
« Non mais Ju' ! T'es sérieuse ? Tu m'as vraiment inscrite à 'Secret Story' ? » insistais-je. Si ça se trouve, elle était juste en train de se payer ma tête, c'était tout à fait probable aussi ce genre de choses.
« J'ai une tête à plaisanter ? Je vais te montrer la feuille puisque t'as même pas confiance en ta meilleure amie » s'exaspérait-elle. Et moi je soupirais avant d'éclater de rire, elle avait le don de provoquer des psychodrames quand elle voulait. Puis, elle revint brandissant sa preuve en forme de feuille devant mes yeux. Je jetais ma tête dans l'oreiller à côté de moi dès que j'eus vu la feuille en question.
« Sérieusement ? Il faut que je fasse une vidéo pour le casting. Mais t'es complètement folle ! » m'exclamais-je. Ce qui me perturbait surtout, c'était que je ne savais pas ce que j'allais faire dans une émission de télé-réalité comme celle-là, je n'avais jamais fait ça de ma vie. Et puis, si il fallait que je participe à ce programme, c'était avec Juliette, et non pas toute seule.
« Comme si une vidéo allait te faire peur, tu fais comme moi. Je te montrerais comment fonctionne une caméra » ajoutait-elle, plus pour se foutre de moi qu'autre chose. J'étais quand même capable de faire fonctionner ce genre d'appareil. Je saisissais l'oreiller dans lequel je m'étais jetée il y a quelques minutes, et le balançais sur Juliette. Elle ne l'avait pas volé celui-là. Au final, j'aurais bien tenté de faire je-ne-sais-quoi pour me faire remarquer, j'avais de la ressource à ce niveau. Enfin bon, toujours est-il que je n'avais pas été retenue, et que c'était bien mieux comme ça. Je m'étais tout de même amusée à faire cette vidéo, et c'était le plus important.
« Isaac ? Tu te rappelles quand tu collectionnais les jeux qu'il y a dans les boîtes de céréales ? » lui demandais-je, un léger sourire en coin.
« Bah oui, c'était il y a pas encore si longtemps » m'affirmait-il.
« Évidemment, que je suis con. T'as encore 5 ans dans ta tête » dis-je, en esquivant le coup que je n'allais pas tarder à recevoir.
« Il m'arrive encore de les garder » ajoutait-il pour la route.
« Tu te fous de ma gueule ? Mon pote est un éternel gamin. Comment suis-je censée vivre avec ça ? » me plaignis-je.
(début du flash-back) Juliette, Isaac et moi étions assis, enfin à notre façon, sur notre banc habituel à l'école. Nous papotions de conneries et d'autres trucs, des sujets d'enfants de notre âge en fait. « Oh Isaac, j'ai encore trouvé un cadeau dans ma boîte de céréales ce matin » déclarais-je, toute excitée en me jetant sur mon sac pour en sortir le précieux trésor. Dès que je l'eus trouvé, je le donnais au petit garçon qui était déjà super heureux de pouvoir compléter sa collection. Pour me remercier, il m'offrit un petit bisou sur ma joue gauche, un souvenir que je ne risquais pas d'oublier de sitôt. « Ouuuuh les amoureux ! » s'exclamait Juliette. « Bah oui, Isaac c'est mon amoureux, c'est pour ça que je lui donne mes jouets » fanfaronnais-je. Jamais gênée de rien la Babane, et même plutôt fière d'elle. (fin du flash-back) « Et la fois où vous êtes venus à ma fête d'anniversaire, y'avait des glaces et j'ai fait tomber ma boule par terre et... » commençais-je.
« Et tu t'es mise à chialer comme une gamine capricieuse » complétait-il.
« Non mais n'importe quoi ! J'étais triste, c'est tout. Tu te rends pas compte que c'était une vraie tragédie pour moi à cet âge-là ! » me justifiais-je.
« Rassure-toi, tu ferais encore une très bonne tragédienne aujourd'hui » plaisantait-il. J'étais habituée avec lui, il fallait toujours qu'il m'enfonce.
« Je me souviens aussi quand t'avais demandé à ta mère ce que ça voulait dire 'I love you' » débutait-il. Je me cachais immédiatement la tête dans les mains.
« Et tu m'as dit 'Et toi, est-ce que tu me i love you' ? » poursuivait-il, alors que nous éclations de rire tous les deux.
« Arrête, j'étais super mignonne, et j'étais folle de toi. Je sais pas ce qui m'a pris d'ailleurs. Erreur de jeunesse sans doute » le taclais-je à mon tour. L'amour vache, c'est comme ça entre nous, c'est comme ça qu'on fonctionne. Mais on s'aime dans le fond, sachez-le.
Deux mois de vacances dans la capitale anglaise, loin de ma ville française, autant dire : le paradis. Dès mon arrivée, je n'ai pas mis de temps à faire de nouvelles rencontres. Et c'est d'ailleurs Jorden qui s'est présenté sur mon chemin. Le courant était de suite passé avec lui, si bien qu'on a passé le reste des vacances ensemble, à se baigner, s'éclater, sortir... Avec d'autres jeunes de notre âge bien sûr, mais il était évident que nous étions plus proches. Une fois, je l'avais même entendu me glisser à l'oreille :
« Alby' j'adore nos potes, mais là j'ai juste envie d'être avec toi », ce qui n'avait pas manqué de m'arracher un sourire gêné, mais heureux. Pourtant, le premier pas vers l'autre a été difficile à franchir. Alors, Nous nous sommes seulement contenté de profiter de ces jolis instants que nous offrait la vie dans un premier temps, avant de se dire qu'on avait qu'une vie et qu'il fallait en profiter maintenant ou on risquerait de le regretter. Ce fut le dernier jour le plus dur. Se dire que l'on ne se reverra sûrement jamais quand on s'est autant attaché et que l'on a passé autant de temps ensemble, c'est dur. A cet instant-là, je me baladais donc sur la plage traînant des pieds, les yeux dans le vague. Et comme s'il savait où il pourrait me trouver, Jorden était arrivé, juste derrière moi, et il m'avait attrapé par la taille tout en me gardant contre lui.
« Pourquoi je prolongerais pas mes vacances ? » dis-je avec insouciance. Ce n'était pas aussi facile de convaincre mes parents pour ma part, d'autant plus que c'était déjà la rentrée et que je n'avais donc pas d'autre possibilité que celle de rentrer dans ma ville. C'était des idées de jeune fille, non réfléchies, mais je resterais définitivement une rêveuse.
« T'as même pas eu le temps de me connaître... » continuais-je. Actuellement, j'avais la sensation qu'il ne savait rien de moi, et j'aurais voulu que ça se passe autrement.
« Ah bon ? Qu'est-ce que je devrais savoir ? » me demandait-il, dans un petit sourire plein de charme. Ce sourire qui m'avait fait fondre tout l'été, et que je n'étais pas prête d'oublier. J'étais restée captivée un instant, comme pour m'en imprimer une image mentale.
« Je suis hystérique, capricieuse, bordélique, sensible, rêveuse, impulsive » énumérais-je.
« Et moi je bave quand je dors » m'avoua-t-il.
« Hum sexy » ne puis-je m'empêcher de répondre. Et tout d'un coup, sans que je ne puisse avoir une quelconque réaction, il m'avait retournée face à lui et avait déposé ses lèvres sur les miennes. Instinctivement, j'avais fermé les yeux, avant de ressentir à nouveau les frissons me parcourir le corps tout entier. J'aurais voulu que ce genre de baiser qui allait tant me manquer, dure pour toujours. J'aurais souhaité le garder près de moi pour l'éternité. Puis, c'est là que je dû partir, vraiment.
« Tu m'oublieras pas ? » murmurais-je, alors qu'il avait pris une dernière fois ma main, et que nos doigts commençaient à se délasser à cause de la distance.
« Jamais » avait-il susurré. C'était plutôt au mouvement de ses lèvres que j'avais compris le message, vu que je n'entendais plus rien, et que je ne regardais plus que lui, s'éloigner de moi, chaque seconde un peu plus. Je passais mes doigts sur mes lèvres, ayant l'impression d'avoir fait face à un mirage. C'était ce qu'il était devenu, puisque je ne le reverrais sûrement jamais. Évidemment, nous avons tenu nos promesses les premiers mois. Nous passions plus de temps au téléphone et sur skype qu'ailleurs. Mais il n'est jamais venu découvrir ma petite ville et je n'ai jamais remis les pieds à Londres. Ce n'était qu'une petite parenthèse enchantée qui resterait cependant indélébile.
« Je suis en couuuuuuuuuuuuple » chantais-je, reprenant ce tube de Max Boublil que vous devriez tous connaître sinon c'est que vous seriez un inculte pur et dur. Et je vous détesterais pour ça d'ailleurs.
« Quoi ? T'es en couple ? Mais depuis quand et avec qui ? » s'exclamait ma meilleure amie, en mode folie parce qu'elle a affaire à un scoop. Je détourne mon regard dans sa direction et c'est une mine désespérée que je lui affiche.
« Non mais Ju' tu te fous de moi ? C'était ton idée que je sois 'en couple' avec Léandre » lui rappelais-je, espérant que la mémoire allait lui revenir.
« Aahh tu parles de ça ! Je croyais que tu voyais vraiment quelqu'un » se justifiait-elle, du mieux qu'elle le pouvait.
« Oui bah j'ai remarqué. Franchement, tu m'inquiètes. C'est ce dont on était en train de parler. T'as pas Alzheimer par hasard, parce que oublier ce qu'on vient de se dire y'a cinq minutes, ça relève du haut niveau » déclarais-je, alors que la demoiselle me faisait une belle grimace parce que j'osais me foutre de sa tronche. Après tout, c'était elle qui avait eu l'idée lumineuse de faire croire aux parents de Léandre qu'il sortait avec moi. De cette façon, il aurait enfin la paix, parce qu'on pouvait vraiment dire que ses parents étaient à fond sur la mission de lui trouver une copine. Le pauvre garçon, il n'en voulait pas de copine, il préférerait un copain en fait. Mais ce qui pour moi paraissait évident, ne l'était visiblement pas aux yeux de tout le monde. Je suis peut-être trop psychologue dans l'âme ou trop observatrice, je ne sais pas trop. Toujours est-il que je préférais que mon meilleur ami soit libre d'être lui-même.
« Vous êtes sérieuses ? Non mais... Sérieux ? » demandait Léandre suite à l'annonce de Juliette. Est-ce que ça paraît si farfelu que ça ? Non c'est plutôt l'idée du siècle.
« Okay, vous êtes folles. Clairement. Mais je dois avouer que c'est assez rusé... » ajoutait-il, comprenant qu'on n'avait jamais été aussi sérieuses de notre vie.
« Ecoute, je suis la seule fille que tu aimeras jamais, alors rien ne sera plus crédible crois-moi » affirmais-je, dans un léger rire. Je m'étais toujours demandé ce qu'on ressentait en faisant du théâtre, je n'allais pas tarder à le savoir.
Aujourd'hui, je suis à l'université, où j'étudie les langues étrangères. La danse reste toujours ma première passion, mais tant que je ne serais remarquée nulle part, je ne pourrais pas en faire un métier, ou tout au moins un peu plus qu'un loisir. En attendant, je me rabats sur un autre domaine qui m'intéresse aussi, dans un autre style. Pourquoi pas devenir traductrice, c'était une idée qui m'inspirait. Et les cours que je suivais semblaient me conforter dans ce choix. Concernant mes relations à l'heure qu'il est, elles n'ont aucunement changé. J'ai même emménagé avec ma meilleure amie, ce qui me permet de ne plus la quitter d'une semelle. Vivre avec la personne qui compte le plus à mes yeux, c'est assez comparable au paradis sur terre. Je ne dis pas que ce ne serait pas insupportable pour un autre colocataire. J'ai bien conscience que vivre avec deux filles comme nous, ce n'est pas le calme et la paix tous les jours.
« Vous êtes bien sur le répondeur de Juliette et Albane, sauf que là, c'est notre soirée chips/télé, donc on vous rappelle après la pub » commençais-je, dans le combiner.
« D'ailleurs, passe-moi le saladier » tentait Juliette, en essayant de saisir le plat. On entendait des cris et des plaintes de tous les côtés, admirez le calme de notre habitation.
« Te fatigue pas, les chips, c'est pas pour les naines » clôturais-je. N'empêche que la seule défense de Juliette était de crier. Je réalisais enfin que le téléphone n'était pas raccroché.
« Oups, alors laissez un message après le bip, on vous recontacte après la bataille de chips. Bye » terminais-je, en raccrochant pour de bon. Je savais très bien comment finissaient toujours les soirées chips/télé. Oh... Et d'ailleurs, bienvenue à la maison !