Sujet: le coup d'la panne ft. big bro dumont 21/8/2017, 14:17
famille dumont, n°2 & n°5
elle est belle la bagnole. elle est rouge la bagnole. flashy. rouge é-car-late. du type un peu vernis, un peu brillante, tape à l’œil mais que personne n’oserai toucher de peur de faire une rayure sur la carrosserie. y a un petit écusson sur l’avant qu’elle ne reconnaît pas. faut dire qu’elle ne s’y connaît pas en voiture : elle ne maîtrise ni les marques, ni le vocabulaire, en cas de panne elle est aussi utile que le sapin odorant qu’on accroche au-dessus du volant. une belle plante qui sent bon, c’est à peu-près à ça qu’elle est réduite, sur le siège passager en cuir qui menace de fusionner avec ses cuisses.
autour de la voiture c’est poussière, poussière et tournesols. le tout en haute définition, rien de comparable aux paysages flous qui s’observent à grande vitesse, et pour cause : ils frôlent les zéro kilomètre heure. ou plutôt, ils viennent de les atteindre. et en un dernier soupir majestueux, le carrosse acheva sa course vers le soleil. ils étaient parti pour une petite balade entre frère et sœur, parce qu’il parlait beaucoup trop de sa nouvelle acquisition de footballer surpayé superficiel, statut dont elle n’allait pas se plaindre, pour qu’elle ne soit pas, ne serait-ce qu’un tout petit peu intéressée. certes, les voitures n’avait jamais trop fait parti de son champ de connaissance, en vraie parisienne qui ne passerait pas son permis avant ses vingt-cinq ans, mais il avait attisé sa curiosité à force de jantes en chromes et de courbes fluides qui permettaient, selon ses dires, une moindre résistance au vent. c’est vrai qu’elle ne résistait plus tellement au vent, là, arrêtée au milieu de la route. alana lança un regard à son frère, mi-interrogateur, mi-situt’énervesjetelaissetranquillepromis. personne n’avait encore énoncé les faits à voix haute, les rendant bien plus réels qu’ils ne l’étaient déjà et elle savait à quel point il avait l’air d’aimer sa voiture, elle ne voulait pas déjà briser ce moment encore plein d’espoir. c’est vrai, qu’après tout, elle pourrait toujours se réveiller la voiture. comme ça, par magie, alimentée par la puissance du soleil. dans ces moments là, dans les films, ils soulèvent le capot et parlent de carburateur, de bougie et de pleins d’autres mots inconnus aux oreilles d’alana. elle décida alors d’aller vers le plus simple, vers la seule chose qu’elle savait concernant ces bêtes à moteurs : « dis, nath, t’as pas oublié de faire le plein avant de partir ? »
Nous arrivâmes ma Rolls et moi dans une zone dangereuse, un endroit isolé; (@serge gainsbourg// beerus)
voiture rouge
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Sujet: Re: le coup d'la panne ft. big bro dumont 29/9/2017, 20:55
belle journée annoncée. le soleil éblouissant les horizons à s'en brûler la rétine, le réveil de la matinée exécuté avec une facilité déconcertante, et c'est comme-ci chaque détail formant cette journée était une pièce de puzzle trouvant instantané sa place. aucune contrariété. ça en devenant trop parfait pour être réalité, même pour toi. tu as même fait un achat dans la matinée, un achat que tu rêvais depuis des années-lumière au minimum. une voiture. flambante neuve, magnifique, éblouissante. une beauté touchant ton cœur de plein fouet. un véritable coup de foudre. le vendeur, il t'a eu avec ses belles paroles, ses beaux mots. du bout des lèvres, il a réussi à te convaincre que cette voiture avait toutes les qualités du monde et encore plus. tu y as cru, le doute des premières secondes s'était vite dissipé. tu n'as pas pu résister à cet achat, claquer le flic précieux dans une chose ne te servant certainement presque jamais dans ta routine. mais la force de l'attraction de cette couleur rouge pétillant dans ton iris a été trop forte pour pouvoir résister. et, tu n'étais plus qu'un gamin parlant sans s'arrêter, sautant partout, émerveillé par l'achat qu'il avait fait. tant de fierté brillant dans tes prunelles, tant de mots incompréhensibles pour autrui mais prenant tout son sens dans ta boîte crânienne. ton excitation enfantine était à son comble, et tu étais euphorique, tellement que tu as même réussi à convaincre alana te faire un tour avec toi. faut croire que l'incompréhensibilité de tes mots, étant plus celui-ci du vendeur que les tiens, l'ont amadoué à son tour. tu étais content, vraiment content de l'embarquer avec toi dans une petite balade en ne t'arrêtant pas de la saouler à coup de paroles impigeable mais à la consonance étrangement mélodieuse et envoûtante. heureux comme un enfant à noël. mais là, la voiture s'arrêtant sans que tu les décides la moindre seconde, sans que tu es le contrôle sur l’engin, elle te semble moins merveilleuse la bagnole. l'euphorie retombe en même temps que la course se stoppe. l'éphémérité des émotions passagères de ton être chamboulé par l’inconvénient de l'instant. tu as pris un temps non défini à te rendre compte que la voiture avait stoppé sa route. tes mots ont commencé à s'éteindre dans le fond de ta gorge et ton grand sourire s'est fané. tes doigts serrant avec force les clefs, tu tentes à plusieurs reprises de les tourner pour redémarrer le moteur. mais rien n'y fait. elle est coincée, et tu sais même pas pourquoi. tu te sens bête. tu as même l'air complètement idiot, penaud. nouvel achat, premier problème. arrêt non désiré au milieu d'une route inconnue.
"dis nath, t'as pas oublié de faire le plein avant de partir ?" phrase claquante dans la réalité se jouant. tes paupières s'abaissent, se soulèvent, se ferment, s'ouvrent, à plusieurs reprises. tu papillonnes du regard comme pour te rattacher au monde réel. les mots se détachant les uns des autres et se frappent contre les parois de ton crâne. c'est pas violent, ça sonne même pas comme un reproche. mais digne d'une femme ayant ses règles, tu es à fleur de peau, déception du moment trop forte pour ne pas être vexé. pauvre petit garçon. surtout qu'elle te semble idiote, la question. comme-ci tu aurais omis ce détail plus qu'important, et pourtant, tu y penses quelques instants, court instants de réflexion où la réponse te vient immédiatement. non, tu y as pensé. tu étais excité comme un enfant avec son jouet mais, tu y as pensé. "j'y ai pensé. 'ana, je suis pas débile." craché avec une amertume en direction de l'automobile. une amertume qu'elle ne peut sentir n'étant qu'un objet sans âme mais peut-être que tu espères qu'elle t'entendra et qu'elle se remette à démarrer pour pas te décevoir. sauf que tu n'es pas dans le film la coccinelle, ce n'est qu'un objet, une voiture faîtes de fer, pas de cœur, d'âme ou de cerveau. tu ouvres ta portière et la ferme dans un balancement violent. violence éclatante sous la colère éphémère. tu vas jusqu'au capot que tu ouvres pour y voir apparaître le moteur. tu t'en sors peut-être pas mal avec un ballon entre les pieds mais la mécanique, ce n'est vraiment pas ton truc. pourtant, tes prunelles accrochent chaque détail ornant le mécanisme servant à faire fonctionner la voiture. tu cherches d'une façon désespérée, priant silencieusement pour un miracle, la chose clochant. mais y a rien qui te saute aux yeux, aucune évidence fracassant ta boîte crânienne. tu lâches un soupir en refermant le capot. ton regard accroche celui de ta petite soeur toujours installée confortablement, et tu hausses les épaules comme pour répondre à une question silencieuse. y'a rien à faire, toi tu peux rien faire et à part si ta soeur t'a caché une passion soudaine pour les moteurs de voitures, elle peut rien faire non plus. "fait chier." les mains s'appuyant sur le capot rouge, et le souffle effleurant le bout de tes lèvres. les réflexions à la recherche de solution miracle déambulent dans ta cervelle mais rien ne te vient, tu penses à tant de choses et rien à la fois. tu relèves la tête quelques secondes et fais un signe de la tête à alana pour qu'elle sorte de la voiture. et à la seconde où son corps s'échappe de la carrosserie, un sourire plaisantin où les excuses se cachent se dessine sur tes lèvres. "je crois bien qu'on est coincé là. à moins que tu m'as caché des talents pour réparer un moteur ?" la tête se tournant dans sa direction, tu la fixes intensément, presque avec l'espoir fou qu'elle se réinvente soudainement super garagiste. "mais pas grave ! c'est un mal pour un bien, comme je sais que tu n'as pas fait de sport depuis longtemps, tu vas m'aider à pousser la voiture sur le côté puis on fera du stop." pourtant tu n'es pas serein, et seule la crispation de tes doigts se serrant autour de tes mains en est la preuve, parce qu'au vu du monde qui passe par cette route, vous n'êtes pas prêts de trouver une âme charitable voulant bien vous ramener à la maison.