le soleil brille, le soleil illumine. d'une lumière éclatante, d'une lumière aveuglante. la chaleur imprègne ta peau à découvert et les bouts de tissus recouvrant ton corps. un chapeau sur la tête te protégeant des rayons trop puissants empêchant ta vue, tu vagabondes dans les ruelles de Paris. les écouteurs enfoncés dans les oreilles, la musique à fond sortant des oreillettes et défonçant tes tympans. ton corps bouge en quelques mouvements gracieux au rythme entraînant de la mélodie. tu danses, tu tournes, tu sautilles, sur les pavés colorés des rues. du bout des chaussures, tu effleures le sol avec grâce. cheveux au vent et sourire étincelant affiché sur ton visage de porcelaine. aujourd'hui, la journée est belle. aujourd'hui, tu es joyeuse. tu es heureuse de vivre, de faire partie de ce vaste monde le temps d'un instant dans ton existence. pas de question existentielle, pas de question retournant ton crâne. rien de ça. il n'y a que toi, et la chaleur du printemps. t'illumines d'une joie les ruelles où les traces de ton passage se marquent, tu les illumines d'une faible lumière de vie. le sac reposant sur la force de tes épaules, bougeant à chaque sautillement de ton corps. un sac où sont rangés soigneusement tes patins à glace protégée ainsi qu'une bouteille d'eau, et quelques autres bricoles pour passer un après-midi agréable en ce temps. la joie au ventre, t'es guillerette, les pieds marchant en direction de la patinoire. tu erres, tu gambades, tu tangues, au gré du vent. y a les salutations lointaines échappées entre tes lèvres à l'encontre des passants fuyant les passages de ta mémoire. surprise, ignorance ou retournement de mots, t'as le droit à plusieurs réactions. mais tu les ignores toutes. t'es dans ton monde. tu remarques pas le monde tournant autour de toi. tu y participes mais tu n'y fais pas attention. t'es ailleurs, perdue dans les notes musicales échappées de tes écouteurs. tu remarques même pas l'ombre poursuivant chacune de tes trajectoires. t'es dans tes pensées. les paroles t'envoûtent, le rythme t'entraîne, et l'impatiente gronde dans ton ventre à la pensée d'effleurer la glace. tu n'attends que cela. tu ne rêves que de cela. depuis des jours, le jour et la nuit, cela omnibus tes pensées. telle une musique ou un pub restant ancrée dans l'esprit. entrant dans un parc pour couper ton chemin, ta musique se stoppe l'instant de quelques secondes perdurant dans le temps. quelques secondes où tu entends un bruit sourd coupant ton élan. tes mouvements s'arrêtent soudainement. et la musique repart à l'instant où ton corps stoppe chacun de ses faits et gestes. une chute. bruit que tu sembles avoir entendu mais dont tu n'es pas certaine. tu te retournes pour apercevoir ce qui se déroule derrière ton dos. les traits de ton visage se déforment par la surprise. une femme, blonde, coincée dans un buisson du parc, le buste à l'extérieur et les fesses à l'intérieur. à croire qu'elle s'était cachée derrière et quand se relevant, elle est tombée. tes doigts s'approchent de tes oreillettes pour les retirer précipitamment. et tes jambes, d'un geste vif et rapide, s'approchent de cette femme dont t'ignores l'identité. mais son visage qui te semble étrangement familier, comme-ci tu l'avais déjà remarqué à plusieurs reprises cependant, pas moyen de mettre un nom derrière ce visage. tu t'avances jusqu'à elle, tes genoux raflent le sol, des gravillons blessant tes genoux découverts. tu tentes d'être rapide, tu tentes d'être utile. tes mains l'aidant à se dégager du buisson. tu ne te poses pas de question. inquiétude surpassant la curiosité. "est-ce que ça va ?" tu souffles quand son visage se relève pour faire face au tien, ton regard accrochant ses prunelles. l'étrange couleur rouge de ceux-ci t'intrigue. les hypothèses prennent très vite par de tes pensées. fin soupir s'échappant de tes lippes, t'as compris la situation, par totalement idiote ou naïve. "où est-ce que vous alliez ?" parce que vous êtes défoncée. que t'as envie d'ajouter à tes paroles mais tu fermes ta bouche. tu t'inquiètes pour cette mystérieuse jeune femme. tu ne peux pas juste t'en aller et là laisser dans cet état, proie au danger de la ville des lumières possédant plus d'ombres que de lumière.
Julie Perrin
black opium de ysl
JE RESSEMBLE À : Bar Refaeli
CRÉDITS : Morphine & bat'phanie pour la signature & Liloo_59 pour les gifs
l'incompréhension du moment. d'une main se voulant bienveillante, tu aides cette inconnue dont la familiarité des traits t'intriguent. tu peux pas exprimer où, comment, et pourquoi mais t'as une impression de déjà vue qui picote ta curiosité. tu poses pas la moindre question pour le moment, et te contentes d'observer ce qui cloche. odeur désagréable, oeil rougeâtre et pupilles dilatées. tu comprends bien trop vite. et tu ne peux retenir le faible soupir qui s'extirpe de tes lèvres effaçant ton doux sourire. inquiétude du moment pour un visage éphémère de ton existence. "je vais bien oui." t'as du mal à y croire. pourtant, tu hoches simplement la tête. ton regard fixant le sang coulant sur sa peau. le sac soutenu par la force de tes épaules tombe à terre et tu te mets à chercher un objet à l'intérieur de celui-ci. des mouchoirs. une quête que tu n'arrives pas à terminer donc tu te lâches un long soupir. tes dents mordant légèrement ta lèvre. "j'ai vu un rat. ça m'a fait peur." ta tête se relève pour la fixer, et un petit sourire naquit à la commissure de tes lèvres. t'as un peu envie de rire, tu l'avoues. mais tu te retiens, par politesse. tu ne connais rien d'elle, tu ignores les réactions qu'elle peut avoir ou même les raisons poussant son état. tu juges pas. le jugement n'a jamais été une chose faisant partie de ton vocabulaire. tu observes, tu analyses les particules du monde mais jamais tu ne juges. tu n'as pas ce droit, tu n'es pas au-dessus du monde. personne ne doit juger autrui, surtout ceux qui ne sont qu'une énigme dans la vie, qu'on ne connaît pas, certainement de courte durée. cette jeune femme semblant forte, tu ignores ce qu'elle a pu vivre, ce qu'a éteint l'étincelle de vie dans l'océan de ses yeux. donc, tu juges pas. jamais. "je vois."faible hochement de tête. peut-être que cela est vrai après tout, paris n'est pas la ville la plus propre au monde et les rats gambadent un peu partout. peut-être que c'est qu'une idée, qu'elle est encore consciente des dires et du monde s'agitant autour d'elle. "je n'ai pas de mouchoirs, je suis désolée mais on peut aller en acheter, y a une supérette pas loin." haussement d'épaules, et sourire étirant tes lèvres. tu parles doucement, t'as envie qu'elle comprenne ce que tu dis. t'as jamais été défoncé, tu ne le seras très certainement pas d’aussitôt mais t'as lu quelques trucs. peut-être que pour elle, tu parles une langue étrangère. ou qu'elle te comprend totalement et doit avoir l'impression que tu la prends pour une illettrée. tu sais pas trop. "je t'ai déjà vu quelque part, non ?" cette fois, tu lâches un rire cristallin sans contrôle. c'est plutôt drôle comme situation dans un sens. et t'as l'impression d'être moins parano quand elle lâche ça, que ce sentiment de déjà-vu ne provient pas seulement de toi. une pensée qui te met étrangement en confiance. ton rire faiblit au fil des secondes avant de totalement s'éteindre pour ne laisser que la brise de vent résonner autour de vous deux. "j'ai l'impression de t'avoir déjà vu aussi mais, j'ignores complètement où."paris est grand, paris est vivant. les habitants y vivant sont des centaines et des centaines, de nombreux visages te sont déjà apparus dans de courts moments inattentions ou d'attention. c'est pas tellement étonnant dans un sens. et totalement dans l'autre. souvent ces centaines de visages se reflétant une seconde dans tes prunelles, tu ne les recroises jamais, comme chaque être vivant, il t'arrive de les oublier, un lointain souvenir s'effacant dans ta mémoire. surprenant ou non, cette sensation te donne confiance en sa personne. peut-être que tu ne devrais pas. tu ne sais pas trop. mais ce dont tu es certaines c'est que tu ne vas pas la laisser errer les rues de la ville dans cet état.