Stressée. Je m’étais levée la boule au ventre. Je n’avais pas trouvé l’appétit pour prendre un petit déjeuner correct, un café m’avait suffi. J’appréhendais cette journée comme j’en avais rarement appréhendé une. La veille j’avais vu cette annonce et immédiatement j’avais fait le rapprochement entre le nom qui signait l’annonce et le nom que j’avais trouvé dans les dossiers de l’agence d’adoption. Mr Fontaine. C’était un nom pas si rare que ça finalement et j’aurais pu passer outre mais je ne croyais pas au hasard. Cette annonce avait été mise sur ma route pour une bonne raison. L’homme en question recherchait une baby-sitter pour sa fille de deux ans. Cela aurait pu ne pas être elle mais j’avais cette intuition peut être maternelle ? Cette intuition qui me disait que cela ne pouvait être que mon enfant, que ma fille, que ma chair, que mon sang.

J’avais réfléchi pendant deux longues heures, assise dans mon salon, face à mon téléphone, ayant appris le numéro par cœur. Puis au final ce fut une pulsion qui me fit appeler Mr Fontaine. Et avant que je me rende compte que ce n’était peut-être pas une si bonne idée il avait déjà décroché. Je m’étais d’abord retrouvée à bégayer quelques courtoisies avant de me ressaisir et d’être la plus convaincante possible en répétant que j’avais beaucoup de temps libre et que j’adorais les enfants.

Le fait était que je m’étais réveillée avec des cernes immenses sous les yeux : je n’avais presque pas fermé les yeux de la nuit. Après mon café je m’étais habillée d’un simple jean noir et d’une chemise blanche aux manches trois quarts. Simple mais classe. Après avoir enfilé mes petites ballerines assorties à mon jean je partie donc sans même regarder une seule fois ma montre.
Ce n’est qu’une fois arrivée sur le lieu du rendez-vous que je me rendis donc de mon avance : presque plus d’une heure ! Le jardin du Luxembourg. J’aimais cet endroit et ce n’était même pas moi qui l’avait choisi. Aussi quand le dénommé Fontaine l’avait proposé comme lieu pour se retrouver j’avais été étonnée. Je m’assis donc tranquillement sur un banc, sortant un livre que j’avais toujours dans mon sac. Cela me permettait de penser à autre chose, d’arrêter de stresser.

Presque une heure plus tard je levais les yeux de mon bouquin, me sentant observée.