J’ai besoin d’un verre, il faut que je remette mon cerveau dans le droit chemin, que je fouette ce cœur ingrat qui bat dans ma poitrine. Je ne regarde même pas l’heure qu’il est, et file sous la douche. Une fois propre, je regagne ma chambre et m’habille le plus simplement du monde. De toute façon, là où je vais, on n’est pas regardant sur la tenue. Je prends un post-it et gribouille un « Je sors. J’ai rendez-vous. ». Ouais, j’ai rendez-vous avec un bon Whisky. Je colle le message sur ma porte et prendre la tangente. J’ai besoin de prendre l’air. J’étouffe chez moi, bizarrement. J’ai envie de m’amuser un peu. Un rapide passage par la cuisine pour prendre une pomme, je la mangerais en route. Me voilà dehors. Tout est calme. Parfait. Quelques rares voitures traînassent dans le coin, j’opte pour la solution Metro. Je sais que je ne devrais pas mais, je suis un grand garçon, je sais me défendre après tout.
Une ligne, puis deux et ainsi de suite jusqu’au dix-septième arrondissement de la belle Paris. Le quartier en lui-même est plutôt cool. Je suis loin de mon coin de riches mais, je ne cherche pas « mes semblables », je veux du sang neuf, autant visiter chaque recoin de la ville, non ? Je me fais apostropher par un groupe de touristes, les nanas me demandent par où aller à la Tour Eiffel en partant d’ici. Ma bonne volonté me perdra puisque je décide de les accompagner. Les conversations vont bon train dans le wagon, elles rient juste un peu trop fort c’est tout. Et pourtant, c’est bien moi qui me prend les regards noirs des rares vieux présents. J’hausse un sourcil alors qu’un ivrogne se pose à côté de moi. Il me parle de sa vie trépidante, et de sa dernière partie de « queue ». J’aurais pu me passer des détails mais soit, laissons-le jouer les vantards, il ne fait de mal à personne. L’odeur de l’alcool et de la pisse, me retourne le cœur et je réprime difficilement un haut-le-cœur. Je crois qu’après ça, j’ai retenu ma respiration autant que possible. Lorsqu’il descend enfin, il me claque un billet dans la main en me remerciant. Je me retrouve con. Je n’ai pas spécialement besoin qu’on me fasse la charité, je crois que je vis plus que décemment, non ?
Le Metro se stoppe et je continue de jouer les guides auprès du groupe. Elles me posent des questions sur la vie à Paris, si c’est une bonne vie, si on trouve facilement du travail. Qu’est-ce que j’en sais moi ? Mais déjà la Grand Dame de Fer nous fait face dans sa robe de soirée. J’ai droit à des remerciements un peu trop chaleureux. Ce n’est pas le tout mais, je dois partir moi, j’ai un verre qui m’attend ! Et je retourne dans le Metro, je refais le chemin en sens inverse. Le Saint Graal n’est pas loin, je suis arrivé dans le dix-septième. Encore quelques mètres et je m’engouffre dans un bar que je fréquente souvent, surtout pour, admettons-le sans honte, reluquer le barman. Il y a un jeu du chat et de la souris entre nous, j’aime beaucoup ce badboy. « Salut ! Tu vas bien ? Je vais prendre un Whisky double, j’en ai besoin ! »