Elle n’avait d’autre passion que celle de sa ville bien aimée. Sous l’œil aiguisé de la dame de fer, elle se plaisait à écouter avec attention la mélodie des gouttes de pluie qui s’écrasaient une à une sur le plastique de son parapluie. Dans une ritournelle infatigable, elles faisaient parfaitement écho aux incontournables chansons qui se succédaient dans ses écouteurs usés ; celles qui faisaient de la belle Paris la ville de l'amour.

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L'amour avec un grand A. Le cri des fleurs bleues, celui des âmes extasiées qui croient encore et toujours au grand amour. L'amour romantique qu'on voit dans les films, l'amour chimérique qu'on lit en roman. La croisée des âmes-soeurs, l'ivresse éternelle.


L'amour passion. Celui qui est beau mais qui fait des ravages. Celui qui ne peut faire de bien sans jamais faire de mal. L'amour qui n'a pas de raison, l'amour qui n'a que la folie : les vagues qui enlacent d'une sauvagerie sans pareille, la violence brûlante qui consomme le coeur mais jamais ne le consume.


L'amour ou pas. L'amour inattendu. L'amour que l'on ne cherche pas. Celui aux avant-goût de plaisants espoirs et de troublantes incertitudes. Il s'immisce sans crier gare aux creux des âmes patientes, celles-là-mêmes qui n'attendent plus rien, si ce n'est que l'amour court un jour après leur propre destin. Si toutefois il le veut bien. Si toutefois il le vaut bien.


L'amour dépendant. L'amour addictif. Le pilier indispensable, la préciosité indiscutable. L'amour oxygène dont l'absence crève les âmes. Un besoin élémentaire, une nécessité vitale. L'amour dont il manque toujours une dose pour survivre, et deux ou trois autres pour simplement vivre. Jamais suffisant, toujours follement attendu.


L'amour, la merde. L'amour fantaisiste, l'amour fabriqué avec de la taule et des pans en papier branlants. Celui qui n'existe pas ou qui n'est plus assez fiable. L'amour aux jambes flageolantes, aux promesses incertaines ; écho de la peur, du dégoût, des blessures, du rien du tout.


L'amour innocent. L'amour dans son plus simple appareil ; celui qui gambade au gré des émois nouveaux mais qui ne creuse jamais son trou. Jamais de blessures, jamais de folles fièvres. Seulement le bonheur éphémère. L'amour dans la simplicité, celui qui aime puis désaime, celui qui vient puis qui s'en va, semant derrière lui le grisant parfum des douces amourettes.

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Là où d’autres auraient d’ordinaire hurlé au ciel en courant maladroitement sur les rues pavées du vieux paris, elle, elle ralentissait la cadence tandis qu’elle humait l’air humide de la capitale. Elle ne demandait rien de plus, même pas le soleil brûlant de la côte qui faisait mourir d’envie et de désir la plupart des parisiens de souches, ceux qui maudissaient chaque jour la ville lumière de n’offrir que pollution et embouteillages. Elle, elle appréciait particulièrement le rythme saccadé de cette pluie si commune à son existence, si agréablement familière. Elle l'aimait parce qu'elle s'accordait parfaitement à la mélodie du bonheur. Sa mélodie. Son bonheur.

(c) contexte imaginé par laurine (freakshow) et anaëlle (old money). et entièrement rédigé par anaëlle (old money).

« Si la tour Eiffel montait moins haut le bout de son nez, si l'Arc de triomphe était un peu moins lourd à porter, si les gens se tassaient un peu moins dans le métro, si l'on retirait des rues, les guéridons des bistrots. »

Avec des si c'est le destin, une image à peine entrevue qui fait les amours clandestins, ça vous prend au dépourvu. Avec des si on peut refaire, c'est le temps de l'arrière-saison. Avec des si on peut défaire quand on est plus au diapason.

S'il y avait une huitième merveille, si rien n'était plus pareil. Avec des si à la pelle, on mettrait Paris en bouteille.

(c) poèmes : "suppositions" de jacques charpentreau, "avec des si" de pierre cléon / ouverture : anaëlle (old money).