Invité Invité | Sujet: Who's that in the fog ? (pv Léandre) 11/2/2017, 03:59 | |
| J'étais en train de frimer, quelque chose dans ces eaux-là. Mon esprit était capable d'une telle déconnexion et grand bien m'en fasse, je n'avais aucunement besoin d'alcool ou drogue pour planer dans une indifférence déglinguée un jeudi matin, de bonne heure. J'avais passé la soirée et une partie de la nuit en compagnie de camarades dont j'ignorais à peu près tout et sur lesquels je ne voulais rien apprendre. Cela ne nous empêchait pas de rigoler un peu trop fort, et de jouer les intellos autour d'un café sensé chasser la gueule de bois de certains membres du petit groupe improvisé. La plupart d'entre nous, d'ailleurs, possédions sans doute quelque intelligence et curiosité faisant de nous de parfaits clients pour ce genre d'établissement un peu bobo. Ce que j'aimais Paris... Paris et ses cafés qui vous font planer sous l'effet de l'agréable odeur des livres et du café. J'aurais presque fumer une cigarette, si ce n'avait été de cette pseudo motivation d'un début de journée à me préserver de quelques minutes de vie envolée en fumée. Bref, j'observais la chaise - ou plutôt le fauteuil, c'en était presque un - dans lequel était assise l'une des compagnes du petit groupe. Une belle brune, dont le rire cristallin éveillait un certain plaisir chez moi. J'aurais sans doute dû coucher avec elle. J'aurais sans doute pu. Mais comme bien d'autres occasions, je l'avais laissé filer. La vérité était que, sauf exception, j'avais de plus en plus horreur de l'intimité à deux ces derniers temps et me laissait bien davantage interpellé par des groupes dans lesquels je préservais un certain anonymat. Je me nourrissais de la frénésie des conversations sans queue ni tête ne menant à rien et n'aspirant encore moins à rien, mais qui accordaient malgré elles cette impression d'être partie intégrante de quelque chose. Je ne supportais plus la solitude non plus.
Et dans cette rêverie lasse et espiègle, je relevais la tête avec nonchalance vers la silhouette d'un jeune homme qui passait ramasser nos tasses éparpillées comme si nous étions chez nous, sans égard au travail des employés. Quelque chose dans mon sourire nonchalant prit, quelques secondes durant, un aspect bien plus contrarié. Ou surpris, quelque chose entre les deux. « Léandre ? » Si ce nom, surgit d'un passé que j'avais enterré si loin en mon coeur, ne m'avait pas semblé si improbable, je me serais probablement gardé de le clamer de la sorte. Ses yeux se posaient sur moi et je reprenais sans y réfléchir une posture moins oisive. Je me fichais d'avoir attirer sur nous, et plus particulièrement sur lui, l'attention de mes comparses du matin. J'étais surpris, voire estomaqué de le trouver là où je ne l'aurais jamais cherché. Car en vérité, je n'avais plus souhaité entendre parler de lui, une fois qu'il avait bien manifesté son opinion à l'égard de... ce que nous avions eu. Le revoir, laissait s'entrouvrir une étrange connexion avec le jeune homme que j'avais été, un jour passé, et dont il ne restait plus grand chose. J'étais partagé entre la curiosité et l'amertume qui était mon amie du quotidien, qui me donnait presque envie de le charrier sur je-ne-sais-quel sujet. « T'offres pas à boire, à un ancien copain ? » Il était probablement difficile de cerner le ton, moi-même ne savais pas tellement ce que je désirais voir naitre de ces étranges retrouvailles. Mes yeux ne dérivaient pas de lui, dont l'image vieillie de quelques années ne pouvait que... me toucher, singulièrement, et d'une bien étrange façon.
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