BEAUTIFUL DIRTY RICH, Cette dernière soirée de l'année, Siam l'avait appréhendée. Elle en avait entendu parler longuement, elle avait eu vent des préparatifs qui n'en finissaient pas, elle l'avait vu arriver d'un très mauvais oeil. Mais elle n'en avait rien dit, préférant ne pas s'en préoccuper tant qu'il n'y avait pas lieu de le faire. Dans sa tête, il était bien hors de question qu'elle y mette les pieds. La brune imaginait déjà le tableau. Tous ces gens friqués qui ne se côtoyaient que les trente six du mois, et qui allaient faire semblant de s'apprécier le temps d'une soirée. Ils allaient en raconter des anecdotes, des histoires insignifiantes et peut-être même pas réelles dans le fond, puisque tout ce qui comptait, c'était de se faire mousser. Siam évoluait dans ce monde depuis sa plus tendre enfance, mais elle ne s'y faisait toujours pas. Elle n'avait jamais été femme à faire semblant et ça ne commencerait pas maintenant. Elle avait bien essayé de faire comprendre à ses parents qu'elle ne serait pas de la fête. Qu'elle avait bien mieux à faire, avec des gens bien plus intéressants à ses yeux. C'était peine perdue. Les parents Lambert avaient toujours tout décidé pour leur progéniture et ils ne tolèreraient pas un scandale de plus dans la famille. Siam n'avait pas d'autres choix que celui de se résigner. Cependant, elle ne garantissait pas un comportement irréprochable pendant cet espèce de gala. Qui s'y frotte, s'y pique. [...] La journée avait déjà très mal commencé. Madame Lambert avait exigé que sa fille voit une styliste afin de se parfaite une tenue pour le réveillon. Comme si la jeune héritière n'était pas assez capable de s'habiller seule, avec ce qui lui plairait. Siam connaissait tous les codes depuis toujours. Seulement, ce que l'on ne pouvait pas enlever à sa mère, c'était bien que la demoiselle ne les avait pas toujours respecté. Il n'y a rien de plus ennuyeux que les règles après tout. La brune partait du principe qu'elles étaient faîtes pour être transgressé, sinon il n'y avait absolument aucun intérêt. Et encore une fois, elle n'avait pas eu le choix. Puisque cette styliste avait été mise dans ses pattes et il avait été tout simplement impossible de s'en dépêtrer. Siam serait donc encore parfaitement apprêtée pour cette soirée-là. Elle attendait toujours impatiemment le jour où elle pourrait se montrer telle qu'elle était vraiment. Pour l'heure, c'était une longue robe noire élégante, avec des escarpins argentés et toute une panoplie de bijoux qui pourrait provenir directement du casse d'une bijouterie. Siam sentait déjà l'ennui mortel pointer le bout de son nez, mais elle ne pourrait pas y couper bien qu'elle aurait presque prié pour ça. Elle qui n'était pas croyante pour un sou. C'est fou ce qu'on serait prêt à faire dans un profond désespoir. [...] Personne n'avait perdu une minute de ce début de soirée qui s'annonçait grandiose, et le chauffeur familiale avait déposé tout le monde au bas du bateau qui avait été privatisé pour l'occasion. Il y avait du monde partout, Siam ne savait plus où donner de la tête. Et on venait la saluer, la complimenter et que sais-je encore, à chaque minute qui passait. Tant d'hypocrisie lui aurait donné des boutons. Alors après quelques formules bien placées, elle s'était éclipsée dans un soupir de soulagement. Installée sur une banquette à l'écart, elle n'avait que sa coupe de champagne pour seule compagnie. Avant qu'il n'arrive...
L’événement avait été prévu quelques mois plus tôt, comme à chaque fois que la famille se montrait en public. Il était toujours nécessaire de s'y mettre à l'avance, afin que le service de sécurité puisse s'organiser et transmettre les ordres en temps et en heure. C'était donc avec une certaine assiduité que le jeune homme avait parcouru sa fiche, résumant son rôle auprès de Siam Lambert en cette soirée du 31 décembre.
« Veiller à sa sécurité en respectant son intimité, surveiller sa consommation d'alcool ou de produits illicites, l'éloigner des photographes, lui rappeler les noms des personnes qui se présenteront à elle, la ramener à son domicile si elle le désire. »
En somme, comme d'habitude. Depuis quelques temps pourtant, il s'était rajouté quelques règles supplémentaires, comme le fait de tenter de l'éloigner d'autres hommes ou encore de lui redonner le sourire autant que possible. Des tâches communes, mais malheureusement plus compliquées à réaliser. Paré de son costume habituel d'un noir profond et d'un chemise blanche parfaitement repassé, le bodyguard errait sur le paquebot, gardant toujours un œil sa cliente favorite. C'était assez étrange de continuer à travailler pour elle maintenant qu'ils avaient dépassés un stade de relation professionnel. Mais puisque celle ci ne semblait pas y attacher tant d'importance, Scott continuait son job. Et après tout : ça payait très bien chez les Lambert, et avoir la possibilité de voir la brunette tous les jours était un des avantages.
« Tireau, vous allez me faire le plaisir de vous rapprocher de Mademoiselle Lambert, le paquebot a déjà été vérifié de fonds en comble merci. - Tout de suite monsieur, répondit-il après avoir approché sa manche de sa bouche. »
Une petite remise en place de la part de son patron, quelque chose d'inhabituel pour celui qui exerçait son travail avec une grande précision. Mais depuis quelques temps, il devenait plus consciencieux, presque parano. Peut-être était-ce les sentiments qui naissaient en lui qui lui imposaient ce comportement ou peut-être avait-il un pressentiment : impossible de le déterminer pour le moment.
Rapidement, il obtempéra aux ordres de son boss et retrouva Siam à l'écart de la foule, installée sur une banquette. Elle avait une coupe à la main, encore pleine. La troisième peut-être vu l'heure ? Difficile de déterminer lorsqu'on la voyait, elle qui encaissait si bien l'alcool et les folies. D'une démarche assurée, il s'approcha de la jeune femme, prêt à engager la conversation. C'était loin d'être aisé pour lui de rester stoïque lorsqu'ils n'étaient que tous les deux, de se contenter d'être silencieux et protecteur, alors qu'il crevait d'envie de se montrer tactile et sauvage.
"Mademoiselle Lambert, vous n'appréciez pas la soirée ? lança-t-il bêtement en s'arrêtant une fois face à elle, gardant tout de même une certaine distance de 'sécurité'. Le mal de mer peut-être ?"
Il n'avait pas vraiment l'habitude de se montrer ainsi, mais elle lui faisait perdre ses moyens. Et Scott était ainsi lorsqu'il était perturbé : limité, humain et parfois même un peu con.