Elena, elle tourne, elle va devenir folle. Elle a le coeur qui se serre, sensation étouffante. Elle déglutit difficilement et elle envoie balader sa veste qu'elle porte sur le dos dans le canapé, elle ouvre les fenêtres et elle cherche de l'air. Rien n'y fait, elle ne sait pas ce qui lui prend, elle a peur, est-ce qu'elle va crever ? De l'air, il lui en faut. Quand les battements de son coeur se calment, elle se jette dans son canapé et elle s'allume une clope sur laquelle elle tire rapidement, violemment, trop violemment. Elle la consume et elle laisse sa vie qui se consume à coup de latte tirées. Elle soupire, puis elle pense à Charlie, Charlie et son sourire. Charlie et ses mots un peu trop secs, ses mots qu'on veut entendre, Charlie et ses baisers qui te tirent des plus belles rêveries. Elena, elle pense trop, ou pas assez. Mais elle pense. Et ça lui fait du bien, même si elle a mal, ça lui fait du bien. Peut-être un peu trop. Elle s'humidifie les lèvres et elle regarde les photos, les fait défiler petit à petit, et elle tombe sur une photo avec Siam. Elle lui envoie un texto, lui dit de la rejoindre, peut-être qu'elle viendra, peut-être qu'elle ne viendra pas. Elle ne sait pas. Alors, elle monte sur le toit, parce que c'est là qu'elle lui a donné rendez-vous. Elle sort la bouteille de vodka de l'intérieur de son manteau et elle s'installe sur le bord, les pieds dans le vide, et elle les balance, prenant quelques gorgées avant de se lever pour marcher sur le bord. Elle sent le vent qui s'immisce dans ses cheveux, elle attend. Elle attend en marchant, flirtant avec le vide Aloïs, est-ce que tu me détestes encore ?Aloïs est-ce que tu m'aimes toujours malgré ce que je t'ai fais ? Et elle attend, encore et toujours. Peut-être qu'elle viendra, peut-être pas. Elle attend.

I MISSED YOU BUD',
Debout devant la fenêtre de sa chambre, le regard dans le lointain, Siam est pensive. Sauf qu'elle ne sait même plus à quoi penser, ni même si elle en est encore capable. Elle a trop de choses plein la tête, et le coeur trop vide. Comme un besoin irrépressible de se détendre et de ne plus penser à rien, se fait sentir. Parfois, elle voudrait juste disparaître de la surface de la terre et tout oublier. Pour que plus rien ne l'atteigne. Jamais. Elle n'est pas forte du tout Siam, même si c'est ce qu'elle s'évertue à montrer au monde. C'est même tout le contraire, elle se laisse bouffer par tout et n'importe quoi. Elle se laisse engloutir. Les idées noires sont à l'abri et bien gardées au chaud dans tous les recoins de son esprit. Comme un automate, elle rejoint quand même la salle de bain où elle actionne le robinet qui remplira la baignoire. A la regarder, on aurait tout aussi bien pu voir un fantôme. Vierge de sentiment, vierge de tout. Revenue à son poste d'observation, Siam reprend sa contemplation du dehors. Elle s'allume une cigarette dont la fumée remplira encore la pièce. Et elle le sent. Scott. Son garde du corps. Il est à la porte. Il attend comme toujours, le moindre prétexte qui pourra lui permettre de passer la porte. Il est bien souvent trop sur son dos, et Siam ça l'agace. Elle a besoin d'espace, de liberté, de pouvoir respirer toute seule. Alors elle enclenche la musique, à fond les ballons. Pour ne plus rien entendre. Pour que Scott n'entende rien de plus que le brouhaha. Et Siam laisse le son l'emporter. Par on-ne-sait quel miracle, l'héritière entend son portable vibrer. Et en lisant le message, elle se laisse tomber assise sur le bord de son lit. Elena, une revenante. Ça faisait un moment qu'elle était resté sans nouvelles de la jeune femme. Elle avait cherché à la recontacter mais c'était comme si elle s'était tout simplement évaporé. C'est plongée dans ses souvenirs qu'elle relève soudainement la tête en entendant la porte s'ouvrir à la volée. Elle voit Scott éteindre la musique, puis éteindre le robinet de la baignoire, avant de revenir. Siam n'écoute même pas ce qu'il lui dit et se contente de lui lancer un regard noir, lourd de sens. Elle se lève et quitte sa chambre en trombe. Avant de finalement se raviser et revenir sur ses pas. Elle avait malheureusement besoin que Scott la dépose chez Elena. Et Dieu sait qu'elle aurait préféré ne rien avoir à lui demander en cet instant. [...] L'adresse était toujours la même. Du moins, Siam l'espérait parce qu'elle n'en avait pas d'autre. Sans même un regard ou un remerciement pour son garde du corps, elle le somme de rester en bas en attendant son retour. Elle sort de la voiture et se dirige droit vers le toit, là où l'attendait son amie. Et elle la voit assise au bord du vide. Aucun doute possible, ça ne pouvait être que Elena. Elles avaient le même goût du risque toutes les deux, elles avaient tout en commun. « J'ai vraiment cru que t'avais fini par lâcher prise » qu'elle débute pour tout préambule. Parce qu'elles étaient faite dans le même moule, et qu'elles auraient très bien pu sauter toutes les deux. Un jour. Siam n'a jamais été douée avec les sentiments mais elle était heureuse de revoir Elena. Vraiment.

Comment c'est la vie là-haut Alois ? Est-ce que tu es bien ? Est-ce que tu me détestes ? à chaque fois qu'elle a l'impression de crever, de s'étouffer, elle se pose toujours ses questions existentielles, questions bêtes qui lui viennent en mémoire comme des couteaux bien aiguisés pour lui faire un peu plus mal. Elle a mal Elena, elle survit peu à peu à la douleur, elle survit grâce à son café, grâce au sourire de Charlie qui lui remet un peu de baume au coeur, mais elle sait pertinemment que si un jour, elle doit se foutre en l'air, elle le fera sans hésiter. Mais elle a déjà fait trop de mal autour d'elle, ses parents, elle n'a plus de nouvelles, mais la seule qui reste importante à ses yeux c'est la blonde qui fait tourner son coeur un peu plus fort, durant les quelques secondes où son regard apparaît, ou les traits de son sourire lui viennent en mémoire, comme des anges gardiens prêts à déployer leurs ailes pour la rendre heureuse. Elle est heureuse Elena, quand on la voit, on pourrait croire qu'elle respire la joie de vivre, mais elle a les heures sombres qui traînent dans un coin de sa tête. Elle a mal au fond, mais personne ne le sait, personne ne le comprend. Personne ne comprenait ce qu'elle vivait avec Alois, alors maintenant qu'il est mort, elle ne parvient pas à se dire que quelqu'un la comprendrait, c'est impossible, ça sonne trop faux dans sa tête. Dans ces moments là, elle n'est bien que quand elle est sur le toit, quand elle voit les gens petits qui marchent, courent pour certain, quand elle voit les lumières qui s'allument et s'éteignent au grès des secondes qui passent. Et elles s'imaginent ce que peuvent se dire ces personnes aux vies des plus normales. Mais ses pensées sont troublé par une voix qui s'élève dans la presque obscurité parisienne. « J'ai vraiment cru que t'avais fini par lâcher prise » Elena sourit, avant de se retourner, pour toute réponse, elle s'approche de Siam et la prend dans ses bras. Peu habituel, mais elle en a besoin. Terriblement besoin. j'ai failli, j'te jure que j'ai failli. Mais elle n'en a jamais la force. mais j'sais pas, j'ai jamais la force de le faire. Puis ça me retirerait des belles choses dans la vie. Dont toi. Et elle sourit avant de retourner à sa place initiale, les pieds dans le vide tu viens ?

Spoiler:

I MISSED YOU BUD',
Les fantômes, ça n'existe pas. C'est ce qu'elle se dit tout le temps, Siam. Et puis, il suffit qu'elle soit complètement allumée. Alcoolisée, droguée, ou que sais-je d'autre et toutes ses certitudes, qu'elle avait quelques instants auparavant, se retrouvaient réduites à néant. La seule issue était de se dire que l'on ne savait jamais. Siam était clean aujourd'hui, et c'était plutôt rare pour être notifié. Cela pouvait expliquer que la réapparition de son amie Elena l'avait secoué. Elle était revenue, comme elle était partie. Siam aurait pu se sentir trahie et ne pas daigner répondre à sa requête. Mais ce n'était pas son genre. Elle était bien trop contente de retrouver cette amie unique, qui la comprenait si bien. Mieux que quiconque. Ses semblants d'occupation, de quelques secondes auparavant, n'avaient plus lieu d'être. Elle s'en fichait pas mal maintenant. Il n'y avait que Scott qui avait réussi à l'atteindre et à l'énerver, encore. Pourtant, il ne lui restait qu'à ravaler sa fierté pour lui ordonner de l'emmener chez son amie. Siam aurait tellement apprécié de pouvoir se passer de lui parfois. C'était si pesant d'avoir toujours quelqu'un sur son dos, quelqu'un qui épiait le moindre de ses faits et gestes. Mais c'était malheureusement l'histoire de sa vie. Par chance, Elena n'avait pas changé d'adresse. Qui sait tout ce qu'elle aurait pu faire pendant cette période où Siam s'était demandé si elle n'avait pas tout simplement cessé d'exister. Elle se posait souvent la question dès qu'elle n'entendait plus parler d'elle. Parce que son amie était tout aussi extrême qu'elle-même. D'un jour à l'autre, tout pouvait basculer. Et c'était d'ailleurs en abordant ce point qui les rapprochait autant, qu'elle avait choisi d'annoncer sa présence. Elena la prit dans ses bras et étonnamment, ça faisait un bien fou de la sentir, bien vivante. « J'ai failli, j'te jure que j'ai failli. Mais j'sais pas, j'ai jamais la force de le faire. Puis ça me retirerait des belles choses dans la vie. Dont toi. » Siam sourit à cette réponse, en sachant très bien que sa présence ne suffirait pas toujours à sauver la vie d'Elena. Alors elle la regarde, reprendre place au bord du vide, sans en ressentir la moindre peur. « Tu viens ? » Et Siam prend place à ses côtés. C'est beau la vue d'ici, c'est sûrement pour ça qu'elle a tout le temps l'impression que le vide l'appelle, inlassablement. Elle cogite Siam, à propos de tout et de n'importe quoi. Et la question tranchante, tombe. « Pourquoi t'es partie ? » L'héritière a les yeux dans le vague, impossible de savoir ce qu'elle regarde. Mais elle est ailleurs, les pieds dans le vide, et elle attend de savoir ce que son amie va lui servir en guise de réponse.