« Un jour… il faudra vraiment que j’arrête de penser avec ma bite. » De toute façon, vu comme il faisait froid ce soir j’allais bientôt ne plus en avoir. Ce n’est pas le boxer que la salope du soir avait eu la décence de me laisser qui allait protéger mes parties intimes. Je n’arrivais pas à croire qu’elle avait réussi à me berner aussi facilement. Quelques shots de tequila, une femme absolument sexy, une promesse de me faire jouir comme jamais et voilà que je me retrouvais en sous-vêtement, menotté aux grilles de la Place des Vosges. Ah je l’avais pas vu venir celle-là !

Déshabille-toi, m’avait-elle dit. Ne t’inquiète pas je vais te réchauffer, m’avait-elle assuré. Ça sonnait aussi faux que lorsque ma mère me promettait que le Père Noël m’apporterait ce que je voulais sous le sapin chaque année. J’espérais à chaque fois, ne réalisant pas que c’était beaucoup trop beau pour être vrai. Je finissais toujours avec des trucs à la con pendant que tous mes copains avaient les jouets les plus cool. C’était pareil ce soir. J’étais comme un con sur ma grille pendant que d’autres se tapaient de jolies belettes. J’avais vraiment un don pour m’entourer des femmes les plus odieuses et manipulatrices de la Terre. Comment j’aurais pu deviner que cette fille m’avait attiré dans ses filets pour se venger d’avoir baiser sa copine sans la rappeler ? Toutes mes conquêtes savent à quoi s’attendre avec moi. Ce n’était pas ma faute si elle avait espéré être celle qui me ferait quitter mon célibat. Mais non, il avait fallu qu’elle se plaigne à sa meilleure amie et que celle-ci me promette la nuit la plus folle de ma vie pour mieux me ridiculiser.

Ah elle avait bien ri en voyant ma tête lorsqu’elle a balancé mes fringues au milieu de la place et m’avait expliqué la situation. « Quelle pétasse… » Je me contorsionnais en espérant briser une des menottes bas de gamme avec lesquelles elle m’avait attaché. « Alleeez… » Je grognais, forçais, et libérais ma main gauche de la grille. Je soupirais de bonheur et tirais de toutes mes forces sur ma seconde main emprisonnée… qui ne cédait pas. Je continuais encore quelques minutes avant de me résigner. J’allais me péter le pouce avec ses conneries, j’avais besoin de trouver une autre solution. Une petite observation des alentours m’offrait une autre alternative. De l’autre côté des barreaux, j’apercevais mon téléphone. Il avait sauté hors de mon pantalon lors de son vol plané. C’était comme s’il l’avait fait exprès pour me sauver. « Viens voir papa… » demandais-je à mon second enfant, mon iPhone. Il me paraissait à portée de bras. J’allais tout de même bientôt me déboiter l’épaule à force de gesticuler entre les barreaux. Mais il fallait à tout prix que je l’atteigne sinon j’allais mourir de froid pendant la nuit. Ce serait les passants très matinaux qui me retrouveraient là, bleu et congelé contre ma grille. Je ne pouvais pas faire ça à ma fille. La pauvre serait la risée de tout Paris si on apprenait que son père était mort comme ça. J’aurais peut-être droit au Darwin Awards de la mort la plus conne de l’année. Comment entrer dans la postérité !

Par chance, j’atteignais finalement le Saint Graal et l’embrassais en le ramenant vers moi. Je regardais l’heure, puis ma liste de contact en cherchant qui pourrait bien venir me sauver à cette heure si tardive… Mon choix se portait sur Candice. Je l’appelais aussitôt et ne lui laissais même pas le temps de dire « allo ? ». « C’est une question de vie ou de mort, » Littéralement ! « rejoins moi Place des Vosges le plus vite possible avec une scie à métaux. Je t’expliquerai quand tu seras là. » Je ne prenais pas plus de son temps et raccrochais pour la laisser venir à mon secours rapidement. Elle pouvait me charrier jusqu’à ma mort, peu importe. C’était la seule personne capable de se procurer une scie à métaux à une telle heure dans Paris. Et la seule à le faire sans trop se poser de question. Je n’avais plus qu’à attendre qu’elle arrive. En espérant ne pas avoir succombé d’ici là. « Ce sera une sacrée anecdote à raconter lundi au boulot… » Il y a qu'à moi que ça arrive ces conneries !