Elle ne sait pas, ses yeux se posent sur les photos qui défilent sous ses yeux, sur le carnet qu'Aloïs lui avait offert le jour de ses dix-huit ans. Il est minuit, et choses non conventionnelles, elle a demandé à Charlie de passer à l'appartement pour dîner, mais elle lui a donné minuit comme horaire. En même temps, en fermant le café à vingt et une heure trente, en nettoyant tout, elle ne pouvait pas se mettre à la cuisine avant. Alors elle a prit le temps de préparer le repas préféré de Charlie, et maintenant, elle attend que ça cuise, elle attend que la blonde sonne à sa porte, mais elle ne vient pas. Elle regarde l'heure qui trotte, qui défile et elle a le cœur qui se serre. Peut-être qu'elle dort, peut-être qu'elle est occupée avec quelqu'un d'autre. Elle ferme les yeux un instant, ouvre la fenêtre de son balcon et s'allume une cigarette qu'elle fume comme un pompier, tirant dessus de la manière la plus rapide possible. Puis elle voit cette fille qui passe à la terrasse du café d'en face, un peu seule, un peu perdue. Elle descend alors, et elle lui sourit. « Je vous ai vu depuis mon balcon, vous semblez perdue, vous allez bien ? Je ne peux laisser les jolies filles toute seule comme cela. » La jeune rousse relève la tête et lui sourit, Elena lui tend la main, elle semble alcoolisée. Quand elle pousse la petite porte adjacente à celle du café, elle laisse passé la fille aux cheveux de feu et elle la laisse aussi l'embrasser. Bon. Elle l'entraîne alors dans un ballet de caresses, de gestes tendres, elle l'emmène jusqu'à l'étage de son appartement, allume la lumière, quittant ses lèvres « Bouge pas. » Et elle met le plat au four, en fermant les yeux un instant. Elle ne viendra plus. Quand elle retrouve sa rousse, elle l'embrasse, lui fait ce qu'elle a envie de lui faire, l'allonge un instant sur le canapé avant de l'embrasser à nouveau. Puis elle entend trois coups contre la porte. Elle sait que c'est elle. Elle se mord la lèvre, enfile son tee-shirt, et elle ouvre la porte « Je ne t'attendais plus. » qu'elle prononce, essoufflée. Elle ne sait pas comment elle va réagir et elle espère secrètement que la jeune rousse ait sauté par le balcon, mais elle sait que c'est tout le contraire. Malheureusement.
"leee(..)o ! arrête de bouger ou je te pousse délicatement dans l'étang !" lui dis-je en explosant de rire. j'avais beau l'aimer, il m'exaspérait parfois. il faut dire qu'il n'avait pas été tellement d'accord pour venir avec moi faire un shooting photo. la tête dans la lune, ce matin en buvant mon si précieux café sur le balcon, la lumière transperçant les nuages me donna une folle envie de faire de la photo. je m'y remettais doucement depuis quelques temps. pour l'instant, j'avais toujours eu envie de me retrouver seule avec mon reflex. mais depuis que je l'avais revu, j'avais envie de mettre des visages devant mon objectif, pour me perfectionner encore un peu. jusqu'à ce que ce soit elle qui pose pour moi. comme avant. "alors d'accord, pousse moi." "t'es fou, il fait moins trois degré dehors. si on avait été en juillet je t'aurais jeté à l'eau sans hésiter tu me connais". "charlie, ton téléphone sonne." lily avait dû oublier de remettre le mode vibreur, j'ai horreur de ça quand elle oublie, je loupe toujours des messages. après avoir lu le message, mon visage s'éclaire d'un sourire, puis blêmit. "ça va ?" me demande leo, perplexe. "c'est elena, elle m'invite à dîner ce soir." "et... c'est une bonne chose ?". "oui.. non, je sais pas en réalité." baissant le regard, je sens une larme couler sur ma jour gauche. il me prend le menton et le relève doucement. "tu as peur." ce n'était pas une question. il me connaissait tellement bien. "tu vas y aller ?" "je ne sais pas."
assise en tailleur sur mon canapé, je sirote un thé, un plaid sur les genoux. je lis un livre, éclairé par la lumière tamisée de ma lampe de chevet. il est minuit et demi. les yeux dans le vide, je ferme mon livre et me lève. j'enfile un jean et un débardeur blanc, mon perfecto noir, un peu de rouge à lèvre et je pars. dans le métro, je ne me rend pas bien compte de ce que je fais. je suis comme sous emprise. quand je sonne à la porte, il est une heure du matin. j'ai une heure de retard, et elle m'ouvre, les cheveux décoiffés, affublée d'un simple tee-shirt par dessus sa culotte. et avant même d'entendre la voix d'une femme, je sais. je comprend ce qui se passe rien qu'en lisant dans les yeux d'elena. "je vais partir c'est rien." je tourne les talons et pris pour qu'elle ne me rattrape pas.
Hurle la conscience d'arrêter de forcer les choses, d'arrêter de croire qu'un retour en arrière est possible. Hurle la conscience de laisser l'oiseau qu'est Charlie vivre sa vie sans s'en mêler, sans devenir un poids dans sa vie qu'elle semblait tenir d'une main de maître quand la blonde n'était pas là. Alors peut-être qu'elle devrait fuir une nouvelle fois, une fois de plus. Corps sans attachs, corps qui vogue et divague vers des horizons inconnus. Mais non, Charlie elle mérite d'être heureuse, Charlie elle mérite qu'on lui caresse la joue, le matin pour la réveiller. Charlie elle mérité le bonheur qu'Elena ne peut pas lui offrir. Mais Elena, elle a les souvenirs de Charlie qui lui restent en mémoire. La façon inédite qu'elle a de manger un burger, de sourire, de plisser le front quand elle est inquiète, un peu paniquée. Le sourire qu'elle avait parfois le matin en se réveillant d'une nuit un peu plus torride que les autres. Toutes ces choses qu'Elena n'oublie pas. Elle n'y arrive pas, c'est aussi simple que ça. Mais pour le moment, elle a le corps occupé par une autre fille, plus rousse que la brune incendiaire qui occupe sa vie, elle ne veut plus penser alors elle laisse ses lèvres parcourir le corps laiteux de la demoiselle qu'elle a sauvé dans la rue. Qu'elle a sauvé d'une soirée sûrement morose, pensant que son arc-en-ciel ne viendrait plus. Alors, le corps et l'âme plus legers elle butine, tente, provoque des sourires sur des lèvres maquillées. Jusqu'à ce que l'épée de Damoclès s'abatte. Trois petits coups, simples. Elena, elle rapplique comme un chien bien dressé, elle ouvre la porte, marque sa gêne. Elle se gratte derrière la tête quand elle voit la brune qui n'a pas le visage heureux. Puis la jeune fille alcoolisée qui se la ramène, Elena grggne un instant, s'avance pour fermer la porte mais elle n'a pas le temps de dire un truc qu'elle entend "je vais partir c'est rien." Elle ne veut pas. Non, elle ne peut pas partir. Elena la rattrape alors, saisit son poignet et plante ses yeux dans celle qu'elle considère encore et toujours comme la femme de sa vie. « Non Charlie, ne part pas s'il te plaît. J'ai fais ton plat préféré, tu sais, le poulet avec de la crème et du riz sauce coco. Je me suis démené pour faire ça.. » Elle continue à la fixer « Cette fille c'est rien. Cette fille c'est pas toi, je retrouve personne qui me fasse autant vibrer que toi. » Et Elena entend que ça s'agite derrière, elle voit la rousse qui s'enfuit, murmurant un salope un peu trop audible « Je veux vraiment me rattraper » qu'elle signe finalement. Puis, elle aimerait lui dire qu'elle veut pas rester seule, qu'elle a peur de rester seule en ce moment, Alois il est parti à cette époque et elle veut pas se dire qu'elle va foirer une fois encore. « Viens.. s'il te plaît. » qu'elle la supplie avant de l'attirer vers la porte de son appartement entrouverte, sa main caressant la joue de la jeune Gauthier du bout du doigt.
ça fait mal. pas comme une simple douleur à la tête ou ventre. pas comme un coupure ou une brûlure. c'est comme si je ressentais la douleur d'une soeur jumelle à l'autre bout du monde. j'ai mal mais je n'éprouve rien. c'est comme une toute petite aiguille qui s'enfonce dans mon cœur. puis comme des dizaines de milliers de petites aiguilles. puis un coup sec, vient le couteau, qui se tourne et se retourne, qui sort et rentre, encore et encore. je l'avais dit à léo, comme d'habitude, je me fais des films dans ma tête, j'imaginais déjà qu'elle était redevenue celle que j'avais connue. cette lennie avec qui je passais des journées ensoleillées dans des draps blancs veloutés. à rire à en pleurer, nues l'une contre l'autre. boire du café toute la matinée et de la vodka framboise toute la soirée. cette lennie qui me comprenait en un regard, qui me faisait me sentir vivante. cette lennie qui m'aimait démesurément. alors c'était du vent ces retrouvailles ? pourquoi a-t-elle tant chercher à se faire pardonner, si c'est pour me jeter au premier accro, au premier retard ? lorsque je sentis la douceur de sa peau et la fermeté de sa main se poser sur mon poignet, je fermais les yeux une demi-seconde. ne plus rien entendre, ne plus rien voir. mais sentir. sentir les sanglots et soubresauts jusque que dans ses doigts. sentir le désarroi, le désespoir dans la paume de sa main. pourquoi ? encore. cette fois j'avais trop besoin de réponses. pourquoi elle est partie ? pourquoi cette fille ? pourquoi est-ce qu'elle m'aime ? quand j'ouvre les yeux, elle est là, les larmes aux yeux, perdue, essayant de me faire rester avec sa cuisine. je savais qu'elle avait fait des efforts pour ça, elle déteste cuisiner et n'est pas très douée. mais cela importait peu maintenant. "cette fille c'est rien." comment ose-t-elle me dire ça ? j'avais envie de lui cracher à la figure que si c'était rien, pourquoi elle était là, alors que moi, j'étais tout près. quand elle signe, elena, elle est belle, elle est gracieuse, j'ai jamais vu quelqu'un être aussi à l'aise avec les signes qu'une personne dont c'est la langue maternelle. elle avait fait ça pour moi. se donner corps et âme pour apprendre à communiquer avec moi. parce qu'elle savait que lire sur les lèvres, c'était pas naturel et que ça me fatiguait. avant. avant j'étais amoureuse d'une fille. maintenant, je suis amoureuse, mais je ne sait plus de qui. lorsqu'elle posa la main sur ma joue je ne pu m'empêcher d'avoir un mouvement de recul. j'avais pourtant dit que plus jamais elle ne me referait souffrir, que je partirais. mais je ne lutta pas quand elle m'attira vers le salon. posées dans le canapé, en tailleur, face à face, je la regarde droit dans les yeux et je signe : "il va me falloir des réponses, et des vraies. sinon je pars, pour de bon elena. tu ne me reverras plus." j'inspira longuement et me força à ne pas aller me blottir dans le creux de ses bras.
Y'a la douleur qui s'immisce, qui gratte sous l'épiderme. Elena, elle voudrait s'arracher la peau, ça fait souffrir, ça brûle à l'intérieur, comme une cigarette que tu déposes sur une peau nue et qui laisse des traces. Sauf que là, c'est des traces sur le palpitant, il est rafistolé son palpitant, à coup de corps dénudés, à coup de soupirs. Elle aimerait s'enfuir Elena, s'enfuir avec Charlie, lui dire qu'elle est belle, elle cause des séquelles la jeune Gauthier, avec son sourire, avec son envie de donner, toujours plus. Encore et encore. Se jeter corps et âmes dans une relation, se dire que tout est parfait. Elena ne la mérite pas, elle le sait. Au moment même où elle a touché le corps de la jeune fille au cheveux de feux, elle le sait. Elle ne la mérite pas, devrait lui dire des choses horribles pour qu'elle finisse par la détester vraiment et ne plus vouloir la revoir. Ca fera mal, mais au moins, elle pourra partir la blonde, elle pourra s'enfuir, se dire que Charlie est heureuse avec une autre. Qu'elle ne la mérite pas, ou tout du moins, qu'elle ne la mérite plus. Elle sent le coeur de Charlie qui s'accélère un peu quand elle lui attrape le poignet, coeur qui s'ébrèche, coeur au bord des lèvres. Elle ne veut pas qu'elle parte, elle ne veut pas affronter ses démons toute seule, elle veut une fois de plus se blottir contre la peau douce de Charlie pour se dire que ça ira bien. Elle ne sait plus quoi faire pour la retenir, pour qu'elle ne parte pas. Elle lui dit ce qu'elle a sur le coeur mais ça ne semble pas suffire. Elle a le coeur qui hurle le prénom de la brunette en face d'elle, elle a le coeur qui ne demande qu'à être pansé, par ses baisers, par ses caresses le matin, quand la fenêtre est ouverte et que les coeurs flirtent sous les bruits des oiseaux. Puis y'a le mouvement de recul, un bout de coeur qui se détache et qui fait un bruit sourd dans la cage thoracique d'Elena. Elle se mord la lèvre, lutte contre les larmes qui menacent de couler et elle soupire de soulagement quand Charlie se laisse finalement faire pour finir dans le salon. "il va me falloir des réponses, et des vraies. sinon je pars, pour de bon elena. tu ne me reverras plus." Qu'est ce qu'elle veut comme réponses ? Elle lui a sûrement tout dit. Elle ne sait pas. Ne sait plus. Alors elle signe « Alois est mort. » Elle essuie une larme qui coule le long de sa joue avant de rajouter « ça te va comme réponse ? » Et ça fait mal à l'intérieur, ça hurle. Elena voudrait s'enfuir. Elle ne peut pas rester là, faible, elle ne peut pas lui montrer qu'elle a ses failles qu'elle peut appuyer là où ça fait mal. Alors elle s'enfuit dans la cuisine, attrape le plat à mains nues et le lâche aussitôt « Putain ! » ça résonne dans la pièce. Elle va exploser, elle veut que Charlie reste mais que cette sensation douloureuse s'en aille. Tout simplement.