forever, we are young

(by anaëlle)

Son repas de midi Jaesun l’attendait depuis qu’il avait posé le pied hors de son lit. Il avait sa matinée de libre avant de commencer le travail et de se rendre chez Victor. La mère de ce dernier l’avait contacté la veille pour lui dire qu’elle passerait et qu’il serait préférable qu’il ne commence qu’en début d’après-midi. Il avait senti à son ton qu’elle avait besoin d’un moment seul avec son fils et Jaesun espérait qu’elle allait lui secouer les puces. C’était difficile de lui en vouloir mais il ne faisait aucun effort depuis qu’il le connaissait et ça devait être compliqué à encaisser pour sa propre mère. Il se laissait juste dépérir et malgré toute la bonne volonté de ses parents et de Jaesun, Victor ne semblait pas vouloir changer d’attitude. Ça le tracassait un peu mais il se disait qu’il n’avait pas encore pu le côtoyer assez pour pouvoir changer les choses. Jaesun ne se pensait pas mieux que les autres mais il espérait pouvoir aider Victor malgré ses réticences et la haine qu’il éprouvait envers tout le monde, mais surtout envers lui. Il était son punching-ball et Jaesun encaissait, encore et encore. Il espérait seulement que l’orage ne durerait pas trop longtemps sinon il serait obligé de changer de comportement lui aussi.

Décidant de mettre de côté son patient infernal pour le moment, il se prépara, sourire aux lèvres, pour aller chercher les sushis qui lui faisaient tant envie. Dans quelques minutes, Elsa et lui seraient enfin ensemble pour manger et ça suffisait au jeune homme pour être de bonne humeur. Rapidement, il se retrouva à saliver devant l’étalage des mets japonais. Il avait beau être asiatique il n’y connaissait rien et ça lui avait valu bon nombre de réflexions de la part d’Elsa. Il se souvenait encore de sa tête dépitée quand il lui avait annoncé qu’il ne parlait pas la langue de son pays natal et surtout qu’il ne se souvenait même pas y avoir mis les pieds. Il était arrivé très petit en France n’ayant pas vraiment eu le temps d’apprendre à parler ni même écrire en Coréen. Jamais Jaesun n’avait éprouvé de manque quant à ce pays. Il s’était toujours senti français et n’avait aucune intention de partir en pèlerinage sur la terre de ses ancêtres. Pour lui, ses aïeux vivaient en Bretagne, à Saint Malo. Il n’avait peut-être pas le sang des Chesnais dans ses veines mais leur amour avait fait taire toutes les craintes qu’il avait pu ressentir étant petit. Bien sûr, tout petit, il s’était posé des questions en voyant la blondeur de sa maman et ses propres yeux bridés mais ils avaient su lui parler et lui expliquer la situation. Il s’estimait chanceux de n’avoir aucun doute ni ressentir de manque. Cependant, il avait promis à Elsa qu’un jour ils iraient ensemble en Corée. A croire que la jeune femme tenait plus à l’Asie que ça n’était le cas pour lui.

Le plateau rempli de leurs sushis préférés, Jaesun se hâta de se rendre chez son amie. Sur sa tête était vissé un chapeau typique japonais en paille qu’il venait d’acheter au restaurateur. Des regards intrigués se posaient sur lui et s’il avait su parler japonais il aurait sûrement tenté d’alpaguer les gens feignant d’être perdu. Seulement, la faim commençait à se faire sentir et il lui fallut une volonté énorme pour ne pas piquer un sushi avant d’arriver. Hors de question de faire des conneries et de perdre du temps, son estomac criait famine. Rapidement, il se dirigea vers le logement de son amie et entra après avoir frappé. Il prenait ses aises, ça avait toujours été comme ça. « L’asiat’ en carton est arrivé ! » scanda-t-il pour s’annoncer. Il devait avoir l’air complètement con avec ses sushis et son chapeau mais il s’en fichait. Il voulait juste faire rire son amie.

S’avançant vers elle, il embrassa sa joue et tendit le plateau. « kon'nitchiwa beauté ! » dit-il en papillonnant pour prendre un air niais. « J’ai réfléchi et je suis d’accord pour apprendre le japonais ! » Retirant le chapeau il le posa sur la tête d’Elsa et rigola. « Enfin, des cours de cuisine japonaise. Comme apprendre à faire des sushis. » Elsa ne cessait de lui répéter qu’il devait accorder plus de crédit à ses origines asiatiques et qu’apprendre une langue de là-bas pourrait être intéressant. Il avait déjà eu du mal à apprendre l’anglais en cours alors le japonais ou le coréen ça lui paraissait insurmontable.

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(by anaëlle)

Ce matin, tu as ouvert les yeux et pour la première fois depuis des jours, tu as pu apprécier le silence et la solitude. Romain n’est pas venu te réveiller avec une idée perverse derrière la tête et il n’a pas laissé de mots derrière lui non plus. Tu respires enfin et tu souris comme une idiote en allant en petite tenue jusque devant ton frigo où tu choisis la bouteille de jus de pomme que tu finis d’une traite. C’est rafraîchissant et rien ne pourra entacher ta journée, sachant qu’en plus le meilleur asiatique en carton que tu connaisses vient passer le déjeuner avec toi. Des sushis sont prévus au menu et tu en salives d’avance. T’espère qu’il sera à l’heure. Lui contrairement à toi n’est presque jamais en retard. Toi, la ponctualité tu as du mal et si on allie à ça ta mémoire de poisson rouge, on a un combo assez impressionnant. Tu arrives même à oublier que tu envoies des sms à ta meilleure amie pour qu’elle vienne chez toi pour lui montrer des albums photos. Tu es vraiment irrécupérable ! Oui bah si Romain n’avait pas été là à essayer de me faire porter ces sous-vêtements pour cuisiner, bah j’aurais pas eu à me réveiller si tôt et à me rendormir après et ainsi oublié Bilie ! Tout est de la faute de Romain c’est bien connu que c’est lui le méchant dans l’histoire. Encore une fois, tu voudrais faire quelque chose pour le neutraliser, mais ce qu’il a contre toi pour te tenir presque en laisse, t’empêche d’agir. Hors de question que ta mère apprenne que tu te trémousse en tenue affriolante devant des hommes qui ont l’âge de ton père et qui te regardent comme un morceau de viande fraîche, alors que tu devrais être sur les bancs de l’école de management que tu as payé en début d’année. Tu soupires en pensant au fait que tu mens à ta mère alors qu’elle est loin en train de faire son tour du monde avec ton nouveau beau-père. Seulement, tu ne veux pas qu’elle revienne simplement parce que tu n’arrives plus à suivre tes cours. Le cœur un peu plus lourd qu’à ton réveil, tu te diriges vers ta salle de bain pour prendre un bain bien chaud histoire de détendre tes muscles. Hier le show était particulièrement éprouvant au niveau physique alors t’as besoin de reposer tes jambes. Tu te glisses dans l’eau brûlante avec un soupir d’aise. Là comme ça, c’est le paradis. Un sourire de bien-être s’affiche sur tes lèvres alors que tu surfes sur ton téléphone à la recherche du prochain épisode de manga que tu vas regarder. Tu as beau adoré avoir les feuilles entre les mains, pouvoir le regarder ça te donne des frissons à chaque fois. Voir en action tes personnages préférés te fait vibrer et tu manques à chaque fois de faire tomber ton portable dans l’eau quand tu regardes dans ton bain. Ta dernière lubie c’est ce manga sur le volleyball : « Haikyuu!! » Tu ne sais pas pourquoi tu as adhéré à ce manga, mais les personnages de Hinata et Kageyama t’obsèdent. T’as même rêvé que tu faisais partie de l’univers de cet anime et que tu poussais Hinata dans les bras de Kageyma parce que t’es persuadée qu’ils sont amoureux l’un de l’autre. Oui tu as la fâcheuse manie de mettre en couple tous les mecs que tu vois. D’ailleurs en plus d’eux, y a trois ou quatre autres couples que tu as formé. C’est pas ma faute si je vois des gays partout ! Une fois l’épisode fini, tu décides enfin de sortir de l’eau qui a entretemps refroidie. Tu te rinces et passa ta serviette avant de passer devant le miroir et de te maquiller légèrement. Quand c’est fait, tu prends la direction de ta chambre pour te vêtir d’une robe d’été et d’une petite veste. On est au milieu du printemps et pourtant, il fait quand même un peu froid. Tu ne mets pas de chaussures parce que tu restes à l’intérieur et tu te précipites dans ta salle à manger pour dresser la table. T’as à peine le temps de finir de poser le dernier verre que Jaesun entre dans l’appartement que tu partages avec ton demi-frère. « Super et c’est le meilleur asiat’ du monde, tu le sais ça ? » Tu retrouves ton sourire et il vient plaquer un baiser sur ta joue avant de te tendre le plateau de sushis. Rien que de les voir t’as envie de tout bouffer d’un coup. Cependant, tu le salues et le remercie avant. « Kon'nichiwa, mon soleil et arigato. » Tu déposes le tout sur la table et tu te retournes quand il te dit qu’il veut bien apprendre le japonais. Tes yeux pétillent alors que tu te retournes vers lui comme si tu venais de découvrir des cadeaux au pied du sapin. Néanmoins, tu déchantes vite quand il te dit que c’est que la cuisine. « Mais euh, t’es pas drôle… c’est fun d’apprendre le japonais. J’avoue que c’est compliqué sur le début, mais on s’y fait ! T’es sûr que tu veux pas ? » Tu lui sors ton arme secrète, les yeux de biche mélangés à ceux du chat potté. Un combot auquel il ne peut pas résister. Si je suis pas trop kawaī comme ça. Tu restes comme ça quelques secondes le temps qu’il réagisse avant de revenir à la normale. « En tout cas, le chapeau traditionnel te va très bien. Je suis sûre que tu ferais fureur là-bas. Qu’est-ce qu’il me tarde d’aller là-bas pour aller voir un festival, les fleurs de cerisiers, porter un yukata, me promener dans le quartier geek de Tokyo, visiter les studio Ghibli… » Dès que tu es lancée sur le Japon, tu ne peux pas t’arrêter. Tu continues de faire la liste des choses que tu veux faire une fois là-bas, tout en gardant cette voix de gamine qui te caractérise tant quand tu parles de quelque chose que tu aimes.

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(by anaëlle)

Pour Jaesun, l’appartement d’Elsa était presque devenu sa deuxième maison. Même s’il ne pouvait y aller aussi souvent qu’il le souhaiterait à cause de leurs emplois du temps, il s’y sentait toujours bien. Peut-être était-ce seulement dû à la présence de sa meilleure amie ? Tant qu’elle était avec lui, Jaesun était heureux. Elle lui manquait de plus en plus. Leurs vies d’adultes ne leur permettaient plus de se voir aussi souvent mais dès qu’ils en avaient l’occasion, Jae ne manquait pas de les faire retomber dans l’innocence de leurs jeunes années. Ils avaient tous les deux ce côté joyeux et parfois peu mature qui les avait fait s’entendre à merveille ; même s’ils tapaient souvent sur le système de leurs camarades lorsqu’ils partaient dans leur monde. Ça faisait leur charme et ils en étaient plutôt fiers.

« Le ‘meilleur’ je ne sais pas mais le plus beau ça c’est clair ! » Bombant le torse fièrement, Jaesun fit un clin d’œil à la demoiselle. « Je ne peux pas être le meilleur asiat quand je suis obligé de réfléchir dix plombes à ce que veut dire ‘arigato’ » Ce n’était même plus une question de connaître l’Asie ou non. ‘Arigato’ était plutôt basique mais il avait mis longtemps avant de se mettre dans le crâne la signification. Et puis mince, il n’était pas d'origine japonaise mais coréenne, ça n’avait rien à voir. Du moins, c’était ce qu’il pensait. Après tout, tous les européens ne parlaient pas la même langue (il ne parlait pas non plus coréen mais ça, c'était une autre histoire. Japonais, coréen, chinois : langues trop compliquées pour sa petite tête de franchouillard). Et s’il n’était pas calé sur les pratiques des pays du continent asiatique, il était certain qu’ils n’avaient en commun que les yeux bridés.

Lorsque Jaesun aperçut l’espoir dans les yeux d’Elsa il ne put que rigoler. Comment pouvait-elle encore le croire ? Apprendre le japonais était fun d’après elle ? Lui tout ce qu’il voyait étaient des dessins étranges empilés sans aucune idée de comment les prononcer. « J’ai jamais été bon à l’école, je parle anglais comme une vache espagnole et tu penses vraiment que je vais réussir à apprendre le japonais ? » Il ne refusait pas que pour embêter Elsa – même s’il fallait l’avouer, ça l’amusait beaucoup – il savait juste que ça serait impossible pour lui et qu’il s’énerverait en ne réussissant pas. Mais ce qui l’énervait encore plus était le pouvoir qu'avait Elsa sur lui. Ses yeux implorants et son visage d’ange ne le laissaient jamais indifférent et Jaesun ne put que grogner contre son amie. « Arrête avec cette tête là ! Ca ne marche pas sur moi le… aye… ae… aegyo ! » scanda-t-il fièrement en ayant retrouvé le mot. Il avait vu ce terme sur il ne savait plus quel site coréen que lui avait montré Elsa. Cette dernière venait d’ailleurs de se perdre dans ses pensées, listant toute une série de choses qu’elle aimerait faire en se rendant au Japon. La passion que son amie pouvait avoir l’amusait. Elle en connaissait bien plus que lui sur ce continent qui aurait dû être le sien et elle ne cessait de vouloir l’entrainer avec elle. « Attends, je google yukatruc » dit-il en sortant son iPhone pour comprendre ce qu’elle voulait dire. « Ah un kimono avec des fleurs ! J’en veux un ! » Lui qui aimait les excentricités se retrouvait comblé devant les images de jolis ensembles. « Merde, ceux pour les hommes ont pas l’air d’avoir de fleurs » ronchonna-t-il faussement outré. « On ira se balader habillés comme ça avec des couronnes de fleurs sur la tête à la place des chapeaux de paille… » Imaginant la scène, il ne put s’empêcher de rire et d’ajouter « Quoi que, ils risquent de nous expulser pour atteinte et non respect traditions japonaises… » Il ne connaissait rien à leur traditions et coutumes et, même s’il n’était pas forcément très intéressé, l’idée d’être irrespectueux ne l’enchantait guère.

Posant ses fesses à table, Jaesun piqua un premier maki. « En vrai, j’ai hâte d’y aller aussi. J’ai vraiment envie qu’on partage ça. » Les sushis étaient si délicieux qu’il dut se retenir de les enfourner un à un en quelques secondes. « On ira dans tous les restaurants sympas. Overdose de ramens, sushis et soupes ! » Il était littéralement un ventre sur pattes, adorant spécifiquement la nourriture asiatique – peut-être que c’était dans les gènes ? – et ne pouvait résister à l’appel de ces plats typiques. « En rentrant on aura pris 10 kilos, je vais devoir passer ma vie à la salle de danse... Quoi que ça me donnera plus de force pour tacler mon patient qui répond au nom de Satan. » Il ne parlait que très peu de Victor. Elsa savait qu’il avait des difficultés avec quelqu’un mais il ne lui avait pas encore dit qu’il le connaissait vaguement avant son accident, qu'il était vraiment infernal et surtout, elle ne savait pas qu’il était lui aussi asiatique. Elle risquait d’oublier qu’il était infecte et vouloir le rencontrer rien que pour parler Asie avec lui. L’image d’un Victor ultra blasé devant une Elsa toute joyeuse apparut devant ses yeux et il ne put s’empêcher de pouffer de rire. Cet homme était plus grincheux que le nain de blanche neige et grumpy cat réunis. Et encore, il était gentil avec cette comparaison.

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(by anaëlle)

Dès l’entrée de Jaesun dans ton appartement, tu te sens de suite mieux. Cet homme a le don de te redonner le sourire rien que par sa présence. Tu oublies alors ce connard qui te sert de demi-frère et tu fais abstractions de tous tes petits problèmes. Ils ne sont qu’insignifiants et ne réussiront pas à te gâcher ton repas avec le coréen. Bye-bye Romain ! Tu me pourriras pas une autre journée. Va crever dans un fossé. T’as toujours aimé quand il vient te voir comme ça avant que tu n’ailles bosser et en plus il ramène des sushis. Ça ne pouvait pas être mieux. « Le plus beau, je sais pas ça… » réponds-tu en faisant mine de réfléchir et en le détaillant de la tête au pied. Objectivement, c’était un bel homme. Enfin, toi t’es pas objective. C’est ton meilleur ami et il est asiatique. Ton obsession de l’Asie a fait que tu as finis par devenir amie avec lui. C’est vrai qu’au début tu l’as approché que pour ça. Et puis de fil en aiguille il s’est avéré que vous aviez de bons atomes crochus. D’ailleurs, il est au courant que c’est à cause de ça que vous êtes amis maintenant. Mais ça a pas eu l’air de le déranger plus que ça, puisqu’il est là devant toi. Si je pouvais, j'aurai un harem d'asiatique autour de moi. Genre comme dans les mangas où la fille se retrouve seule au milieu d'une dizaine de mecs rien que pour elle. Mais moi contrairement à elle, je serai pas si cruche. Tu frappes son épaule doucement avant de reprendre. « Mais oui tu es beau et tu es le meilleur. Bon par contre, je te félicite pas pour arigato… C’est pas comme si je le disais pas souvent. » Tu prends une petite moue boudeuse quelques secondes avant de l’abandonner. Tu ne peux pas être fâchée avec Jae plus de quelques secondes. Vous n’y arrivez pas. Vous êtes tous les deux des enfants et les enfants ne peuvent pas rester en colère les un contre les autres très longtemps. Du coup, quand il te dit qu’il est d’accord pour apprendre le japonais avec toi, tes yeux brillent d’une lueur d’espoir. Il peut pas résister à l'appel de ses origines c'est pour ça. Bon il est pas japonais mais c'est pas grave ! Combien de fois tu as rêvé qu’il te dise ça ? Trop de fois pour compter. Tu voudrais vraiment qu’il le fasse avec toi parce que tu voudrais partager encore plus avec lui que votre passion de la danse. Tu voudrais parcourir l’Asie et tu l’amènerais avec toi. Pour ça, il est d’accord en plus. Mais il vous faut au moins avoir quelques bases dans chaque langue parce que sinon, c’est pas marrant. Malgré le refus de Jaesun sous prétexte qu’il n’avait jamais été bon à l’école et qu’il parlait l’anglais comme une vache espagnol, n’ont pas eu raison de ta volonté de fer et de la lueur d’espoir qui est encore perceptible dans tes yeux. Tu réussiras à le convaincre. D’ailleurs, tu as même une arme infaillible pour ça. Tu utilises une technique secrète ancestrale comme tu te plais à l’appeler pour rendre le truc un peu plus glamour. En fait, ce n’est simplement que des yeux de chien battu. Tu sais que ça énerve Jae parce qu’il ne peut pas te résister quand tu as ce regard. Je suis trop mignonne comme ça, il peut rien me refuser. Et puis s'il le fait, j'ai encore un autre atout dans ma manche. Il te demande d’arrêter mais tu ne fais pas attention à ce qu’il dit parce que tu sautes de joie et tu tapes dans tes mains comme une attardée. IL L'A FAIT ! IL L'A FAIT ! Il a réussi à se souvenir de ce mot coréen pour décrire la tête que tu as fait. Une fois que tu as fini de sauter partout tu t’empares de ses mains et tu plantes ton regard dans le sien. « Tu vois c’est pas si difficile que ça de s’en souvenir hein, hein hein ! » Tu ne lui laisses pas vraiment le temps de rebondir sur ce que tu viens de dire que tu es déjà repartie sur tous les trucs que tu veux voir et faire quand tu seras au Japon. Y en a tellement que t’es sûre que tu as perdu ton meilleur ami en cours de route. tu rigoles quand il sort son téléphone pour regarder sur google ce qu’est un yukata. Tu es sûre qu’il va aimer et qu’il sera déçu quand il apprendra que ceux à fleurs sont que pour les femmes. Ça ne manque pas d’arriver et tu le laisses partir dans son délire avec ses couronnes de fleurs au lieu des chapeaux traditionnels. Ce qu’il ne sait pas c’est que les chapeaux ne sont pas obligatoires. Justement, c’est une tradition, mais les jeunes ne la suivent pas forcément. Du coup, une simple couronne pourra très bien le remplacer. « Je suis sûre que tu pourras en porter un avec des fleurs dessus. T’auras juste à te faire passer pour une fille. Avec une couronne de fleurs dans les cheveux ça va pas être compliqué. » te moques-tu gentiment. Jaesun sait que ce n’est jamais méchant quand tu parles de ce genre de chose. T’es la première à lui offrir des tas d’accessoires pour la tête alors tu ne te permettrais pas d’être sérieuse quant à ses goûts. Toi tu l’aimes qu’importe ce qu’il porte. Qu’il soit efféminé ou même viril, tu t’en fous, il reste Jaesun Chesnais et ça ne changera pas du tout. « Non, plus sérieusement, ils doivent sûrement en faire pour homme avec des fleurs. Il sera pas comme le mien, mais c’est déjà ça. En tout cas, je sais déjà de quelle couleur je le veux. » Tu marques une pause alors que tu t’imagines dedans. Tu en rêves depuis que t’as prévu de faire ce voyage au pays du soleil levant. « Il faudra qu’il soit rose pâle, comme la couleur des fleurs de cerisiers et les fleurs rose plus foncé ou alors blanches. » Encore une fois, tes yeux s’illuminent quand tu parles du Japon. Tu ne cesseras jamais d’être si obsédée par ce pays et ce même si tu y vas. Tu sais que ce sera pire si tu mets les pieds là-bas. « D’ailleurs, il faudra qu’on y aille en Mars/Avril pour voir la floraison des fleurs de cerisiers. » reprends-tu en le regardant s’asseoir et piquer un maki. T’as même pas le temps de lui taper la main qu’il l’a déjà enfourné dans sa bouche. Tu le regardes outrée et tu t’assois toi aussi en attrapant les baguettes. Tu joins tes mains devant toi. « Itadakimasu. » Tu baisses la tête avant de prendre ton premier maki en souriant. « Si on va au Japon, faudra pas que t’oublies de dire bon appétit et que tu fasses du bruit en mangeant pour montrer que t’aimes ce que tu manges… Ouais c’est bizarre je sais. » Tu ris quelques secondes avant de le perdre quand il te parle de son patient. Tu grimaces quelque peu. « Il est si terrible que ça ? Pourquoi tu l’abandonnes pas ? Va pas t’épuiser à cause de lui. » Tes paroles pourraient aussi très bien s’appliquer à ta situation avec Romain. Faudrait vraiment que tu arrêtes de donner des conseils alors que tu ne les appliques pas à toi-même. En vrai, la solution serait de partir de cet appartement que tu partages avec lui. Tu serais libre. Pourtant, tu restes. T’as du être masochiste dans une autre vie. Et j'aime ça on dirait en plus...

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(by anaëlle)

La passion d’Elsa pour tout ce qui était asiatique amusait grandement Jaesun. Lui n’en avait que faire et la voir s’acharner à essayer de lui apprendre des choses lui donnait juste envie de l’embêter un peu plus. Il ne détestait pas cette culture, loin de là, ça n’était juste pas la sienne. Ça aurait dû, il en était conscient et peut-être la rejetait-il inconsciemment parce qu’il était blessé. Au fond, il n’en savait rien. Il n’avait juste jamais eu de manque et ne voulait pas s’y intéresser. « En fait, je ne retiens pas parce que dès que tu parles autre chose que français, mes oreilles se ferment. Elles te censurent… » confia-t-il en papillonnant exagérément. Il entendait tout ce qu’elle disait mais il était vrai que parfois son esprit s’évadait. Il tentait tant bien que mal d’éviter son regard implorant. Dès qu’Elsa lui faisait son petit numéro, il sentait son cœur fondre et toute sa bonne volonté s’en allait. Ça l’énervait mais il se faisait piéger à chaque fois. Mais quand la jeune femme se mit à sauter partout Jaesun se frappa le front. Plus jamais il ne mentionnerait ce foutu mot. Il lui donnait raison en retenant ces termes barbares. Elle n’allait plus le lâcher. « J’suis foutu, aidez-moi » dit-il en levant les yeux au plafond. Le seul truc qui lui plaisait dans tout ça était la possibilité de voyager. Que ça soit le Japon ou un autre pays, ça lui importait peu, il voulait découvrir le monde alors accepter de partir avec sa meilleure amie n’était pas si difficile. Ce qui l’embêtait le plus était qu’elle voulait absolument qu’ils aient des notions de japonais. Quelle idée. A ses yeux, ça n’avait pas vraiment d’importance, il apprendrait « bonjour, au revoir, merci, manger, toilettes » et c’était suffisant. Le reste il le dirait dans l’anglais médiocre qu’il connaissait. Les yeux à présent rivés sur son téléphone et les yukata fleuris. Vexé que les plus jolis soient réservés aux femmes, Jaesun ne manqua pas de le mentionner tout en ronchonnant. Il adorait les accessoires qui sortaient du commun et particulièrement les fleurs. Non il n’en portait pas souvent, seulement des couronnes mais ça ne l’empêchait pas d’adorer certaines pièces. « Et pourquoi il ne sera pas comme le tien ? On pourrait être jumeaux du yukata ! » Il ne s’imaginait pas vraiment avec un vêtement rose pâle mais si ça plaisait à son ami alors ça lui plairait à lui aussi. « C’est vrai que c’est joli les cerisiers en fleurs. Il y en a même à Paris tu sais pas besoin d’aller jusqu’au Japon pour en voir. »

Amusé, Jaesun n’attendit pas avant d’enfourner un sushi. Il avait tellement faim. « itatetrucbidule » scanda-t-il en se penchant exagérément. Ça n’était pas la première fois qu’elle faisait ça et il n’avait toujours pas réussi à retenir le mot. Aucune volonté. « Faire du bruit ? Comme ça ? » Prenant un deuxième sushi, il se mit à mâcher exagérément en tentant d’être aussi bruyant que possible. « C’est surtout très peu élégant. On se fait engueuler toute notre jeunesse pour manger correctement et là, faut faire l’inverse ! » Ça paraissait peut-être normal aux asiatiques mais pour la plupart des occidentaux, cette pratique était plutôt déroutante. « Enfin s’il faut manger comme un crade, je pourrai faire un effort » dit-il en lui faisant un clin d’œil. Seulement en voyant le sourire d’Elsa s’effacer, Jaesun regretta directement d’avoir mentionné Victor. Il était difficile de l’ignorer, l’homme exécrable faisait partie de ses journées, il pensait à lui presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ça pesait énormément sur son moral mais il ne lâcherait pas. « Je ne veux pas l’abandonner Elsa. Il a besoin de moi. » Victor était peut-être quelqu’un d’imbuvable mais il ne voulait pas le laisser tomber. « J’me suis juré que je l’aiderai… Tu sais, il dansais lui aussi avant alors je ne peux que comprendre son attitude » confia-t-il presque tristement. Jaesun ne détestait pas vraiment Victor, il n’aimait juste pas sa façon de le traiter mais il savait aussi que l’homme se servait de lui pour passer sa colère. Il n’était pas celui qu’il détestait le plus… « Cet homme a tout perdu Elsa. Il éprouve une haine énorme envers lui même et il la rejette sur moi. Oui c’est dur mais je dois tenir. » S’imaginer à sa place le tuait. Il se demandait bien comment il supportait l’idée de ne plus pouvoir danser. Jaesun ne pourrait jamais s’y faire. « J’ai envie de lui faire la peau parfois mais je me rappelle directement que sa vie est gâchée. J’ai juste envie de lui rendre le sourire… » sa phrase s’acheva avec un soupire triste. Peut-être s’était-il donné une mission trop compliquée, hors de portée. Mais il ne lâcherait pas avant d’avoir tout tenté. « C’est mon patient… J’veux qu’il aille bien… » Malgré lui, Jaesun voyait en Victor plus qu’un patient. Ils auraient pu être amis, il le savait. Ils avaient beaucoup de goûts en commun. La danse premièrement, la musique ensuite. Il se souvenait d’un homme joyeux lorsqu’il l’avait croisé à la MJC. Peut-être cela lui prendrait-il du temps, peut-être y laisserait-il des plumes mais il voulait absolument voir les lèvres de Victor s’étirer en un sourire et effacer sa peine, au moins un peu.

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(by anaëlle)

« COMMENT CA TU ME CENSURES ?? » Tu ouvres la bouche faussement outrée parce que tu viens d’entendre. Tu sais que dès que t’en viens à parler de l’Asie en général, Jae se ferme comme une huitre. Tu as beau le saouler avec ça, ça finit toujours pareil. Ça rentre par une oreille et ça sort par l’autre. Si tu n’étais pas Elsa Chevalier, tu aurais pu finir par baisser les bras. Mais vu comment tu es têtue et bornée, y a aucune chance pour que tu laisses tomber son apprentissage. Pour la peine, je vais encore plus redoubler d’efforts puisqu’il a dit qu’il me censure ! Non mais il se prend pour qui ? Si tu pouvais faire la tête à Jaesun, tu aurais croisé tes bras sur ta poitrine, tu lui aurais tiré la langue et tu aurais tourné la tête vexée parce qu’il vient de dire. Seulement, tu ne peux pas lui en vouloir plus de cinq secondes. Cet homme c’est ton toi en version masculin. Vous vous entendez tellement bien que t’as des fois l’impression de te voir et ça te fait peur. C’est comme avoir un miroir en face de soi mais il n’est pas réellement réfléchissant vu que tu ne ressembles pas sur le plan physique à Jae. Souvent, tu l’appelles ton frère d’une autre mère parce que c’est évident que vous auriez pu être frères et sœurs, tellement vos comportements sont similaires. Du coup, vous êtes tellement semblables que tu sais exactement ce qui le fait craquer. Ton air de chien battu sur le visage tu veux le convaincre d’apprendre le japonais avec toi. Tu sais qu’il ne résiste jamais à cette expression. T’es encore plus heureuse quand il te ressort ce mot coréen que tu essayais de lui faire retenir depuis des semaines. Sa remarque te fait pouffer de rire et tu arrêtes de sauter partout comme si tu avais des ressorts sous les chaussures. Tu commences à faire la liste de tout ce que tu veux faire une fois dans le pays du soleil levant et vous partez dans un délire concernant les yukatas. Rien que de t’imaginer dans ce kimono fleuri, tu as un sourire rêveur sur le visage. On serait vraiment trop mignon dans nos yukatas. J’ai vraiment trop hâte d’y être. Je serai enfin débarrassée de Romain pour quelques temps. Tu t’offusques quand Jaesun compare les cerisiers parisiens à ceux japonais. Comment ose-t-il faire ça ? C’est comme comparer le Mont Blanc et l’Everest… Faut se rendre à l’évidence que ton meilleur ami ne met aucune bonne volonté dedans. Sauf, peut-être parce qu’il veut porter un yukata à fleur. « Compare ce qui est comparable Jae. On mélange pas les torchons et les serviettes. Les cerisiers japonais sont mieux que ceux d’ici ! Et pour le yukata, tu pourras l’avoir fleuri je pense. » Tu lèves les yeux au ciel en secouant la tête comme une petite vieille exaspérée par la nouvelle génération. Il est vraiment pas croyable. Heureusement que je l’aime. C’est pas ta faute si le jeune homme te met dans cet état-là. Il ne comprend pas la véritable signification de ton obsession pour les pays asiatiques. Ça va au-delà du fait que lui vient de là-bas. Non, c’est un amour que tu voudrais réciproque. Oui, parce que tu prévois de partir vivre là-bas définitivement si tu peux. Mais ça, t’en a pas encore parlé. Pour le moment, tu préfères te concentrer sur le plat de sushis qui n’attendent que tes baguettes. Tu ris encore une fois quand Jaesun essaie de redire bon appétit en japonais. « Sérieusement, t’es vraiment un asiat en carton. » souffles-tu alors que tu répètes Itadakimasu et en lui expliquant qu’au Japon il faut faire du bruit avec sa bouche si tu aimes ce que tu manges. Pour illustrer tes paroles ton meilleur ami enfourne un autre sushi dans sa bouche et fait le plus de bruit possible. C’est dégoûtant et tu ne retiens pas la grimace de dégoût qui s’affiche sur ton visage. Encore un peu, et il ouvre la bouche pour te montrer l’intérieur. S’il fait ça, je le frappe jusqu’à ce que mort s’en suive. J’peux tolérer qu’on fasse du bruit quand on mange parce que c’est une tradition nipponne mais ouvrir la bouche pour faire profiter tout le monde de ce qu’on mange… NO FUCKING WAY. « Voilà, t’as compris le principe. Et ils mangent pas comme des crades. C’est juste leur tradition. Nous on trouve ça carrément chelou parce qu’on a pas été élevé de cette manière, mais est-ce que tu te rends compte qu’ils doivent nous trouver bizarre à manger en silence ? » Chacun à sa façon de faire les choses et c’est pour ça que tu veux voyager. Tu veux rencontrer d’autres personnes, être au contact d’autres cultures. Tu veux tout voir du monde. Cependant, la conversation ne reste pas longtemps sur ce sujet léger. Vous en venez à parler de ce démon à cornes qui mène la vie dure à ton meilleur ami. Même si tu lui as dit d’abandonner, tu ne le penses pas vraiment, et puis tu sais que Jae ne le fera jamais. Il est trop consciencieux dans son travail pour ça. Tu l’écoutes donc en silence et t’aurais presque pitié de l’homme, s’il ne faisait pas autant de crasse à Jaesun. Tu peux comprendre qu’il se sente mal dans sa peau. Mais c’est pas une raison pour faire de la vie de ton ami un enfer. Il fait tout pour lui rendre la vie plus facile et lui le traite comme une merde. Heureusement que tu ne l’a jamais rencontré tu aurais pu faire un malheur. S’il continue de faire souffrir Jae, je vais lui arracher les testicules et je les lui ferai bouffer. On blesse pas mon asiat en carton pour son plaisir. Tu soupires quand le jeune homme a fini de parler. Tu comprends aussi le ressenti de ton ami. Tu sais qu’à sa place tu aurais fait pareil. Impossible de laisser tomber quelqu’un. Vous devez être trop gentils, c’est pour ça. « D’accord, je veux bien qu’il se sente mal, qu’il ait tout perdu dans sa vie à cause de cet accident. Mais c’est pas une raison pour te traiter comme un chien. T’es là pour lui rendre la vie meilleure, alors il ferme sa gueule et il accepte sans rechigner. C’est bon, c’est pas le seul à souffrir dans le monde. Et puis la Terre ne tourne pas autour de lui. Faut qu’il apprenne à ne pas être centré sur lui quoi. » Tu sais que t’es vulgaire et que tu vas sûrement trop loin, mais ça te bouffe de le voir comme ça, sachant qu’il est aussi doux qu’un agneau et que si les choses avaient été différentes, ils auraient pu être amis. « Je pense qu’il est jaloux de toi, parce que t’es en pleine forme et que tu peux danser quand tu veux… » Tu penses alors à une idée géniale. « Fais lui regarder Intouchables, il se sentira mieux après. Parce que d’après ce que tu m’as dit il peut encore bouger le haut de son corps non ? Il verra comme ça qu’il y a plus à plaindre que lui… » Je suis parfaite ! Tu peux le dire.

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(by anaëlle)

Embêter Elsa était un de ses loisirs préférés alors il ne se gênait pas pour la taquiner dès qu’il le pouvait. Parfois, il avait envie de faire des efforts, discuter de l’Asie avec elle et s’impliquer un peu mais très vite, son attention était attirée par autre chose. Ils avaient beau être meilleurs amis, il ne partageait pas la passion de la jeune femme. C’était plutôt hilarant sachant qu’il était celui qui était né sur ce continent. Le pire dans tout ça était qu’elle n’arrêterait sûrement jamais de le bassiner avec son Asie préférée. Il était condamné à subir alors si elle s’acharnait, il lui rendrait la monnaie de sa pièce en étant de moins en moins attentif ! « Mes oreilles veulent mon bien, elles s’inquiètent pour ma santé mentale » dit-il l’air moqueur. Même si ça l’agaçait parfois, jamais il ne s’était énervé, c’était plutôt drôle de la voir aussi dingue dès qu’elle abordait le sujet. « T’es raciste des cerisiers français ou quoi ? Ils t’ont fait quoi ? Les pauvres… » Pour Jaesun un cerisier était un cerisier qu’il soit français ou japonais. Il n’y connaissait strictement rien mais le plaisir d’offusquer Elsa était bien trop grand alors il n’hésita pas à appuyer sur ce détail. « Moi j’aime les petits cerisiers français… surtout quand ils perdent leurs putains de pétales et qu’il pleut. Ça colle partout et c’est dégueulasse. » Combien de fois ses parents s’étaient-ils plaints en voyant le pare-brise de leur voiture recouvert de pétales ? Les Chesnais avaient la « chance » d’habiter une rue bordée par des cerisiers.

Les baguettes restèrent sur son plateau et Jaesun attrapa directement les sushis dans ses doigts. Manger avec des bâtons, qu’avaient-ils trouvé de plus compliqué ces asiatiques ? « Oui, mais je suis le plus beaux des asiatiques en carton je t’ai déjà dit. » Cette culture lui paraissait tellement lointaine et comme il ne faisait aucun effort pour apprendre, il restait complètement ignorant. Au plus grand désarroi de son amie. Mais son exaspération était divine aux yeux de Jaesun alors il s’acharna un peu plus sur le sushi dans sa bouche faisant le plus de bruit possible. Il en viendrait presque à se dégouter lui même. « Ils nous trouvent surement bizarres oui. On mange en silence et on utilise des râteaux à la place de bâtons en bois ! » dit-il en papillonnant exagérément. A force d’entrainement, il parvenait à attraper des sushis avec des baguettes mais lorsqu’il devait s’attaquer à des petites choses comme du riz, il ne mangeait que grain par grain et abandonnait rapidement au profit de sa bonne vieille copine la fourchette. Malicieusement, Jaesun prit son verre et but une gorgée bruyamment. « Pour boire aussi il faut faire du bruit ? Faut que je me prépare si on mange avec des japonais faudrait pas que je fasse honte à la plus asiatique des françaises » affirma-t-il moyennement sérieux. Au fond, il n’avait aucune envie d’avoir l’air bête une fois au Japon. Il taquinait Elsa mais jamais il n’irait manquer de respect à un japonais dans son pays. Jaesun s’amusait en compagnie de son amie mais il était quelqu’un de respectueux alors, même s’il ne faisait aucun effort, il retenait tout de même les quelques conseils qu’elle pouvait lui donner.

Malheureusement et ce par sa faute, le sujet dériva sur Victor. Cette situation était vraiment difficile pour lui mais il s’acharnait. Echouer ne faisait pas partie des options envisageables et malgré lui, il s’était attaché à ce petit bout d’homme en fauteuil. Victor lui en faisait pourtant voir de toutes les couleurs, il faisait tout pour qu’il abandonne son poste mais ça ne faisait qu’augmenter le désir de réussite de Jaesun. L’énervement d’Elsa fit presque sourire le jeune homme. Elle venait d’enclencher le mode « protection de Jae » et ça lui réchauffa le cœur. « Je sais Elsa, je sais que ce n’est pas une raison… » Victor était exécrable et même si Jaesun n’en pouvait plus, il n’arrivait pas à lui en vouloir très longtemps. « Il ne sait pas que je danse. Je ne lui ai pas dit. S’il l’apprend je pense que là je vais me faire découper en rondelles. » Jaesun craignait ce moment. Victor le détestait déjà tellement juste par sa simple présence. S’il apprenait en plus qu’il dansait depuis tout jeune et qu’il fréquentait la MJC où il donnait des cours, son patient risquait de vouloir l’assassiner. « Je ne pense pas que ça soit une bonne idée Elsa. Il sait parfaitement qu’il y a pire que lui dans le monde, mais on est tous pareil, on ne pense qu’à nous et nos malheurs dans ce genre de cas. » Jaesun ne pouvait s’empêcher de lui trouver des excuses malgré le mal qu’il pouvait lui faire. « Il me rend dingue, il m’étouffe mais je sais que tout n’est pas perdu. C’est récent Elsa. Il a juste besoin d’ouvrir les yeux. Et j’suis peut-être débile de penser ça mais je suis sûr que je suis capable de le faire sourire à nouveau… » dit-il avant d’enfourner un sushi et de le mâchouiller faiblement. « Même si ça prend du temps, j’veux pas l’abandonner. » Fuyant presque le regard d’Elsa, Jaesun grimaça à ses propres mots. Il s’était beaucoup trop attaché à ce patient et à ce besoin de l’aider. C’était mauvais.

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(by anaëlle)

Tu ne peux pas t’empêcher de jouer la fausse offensée quand Jaesun continue sur sa lancée de la censure. Non mais il se prend pour qui. Il est quand même gonflé. C’est pas comme si tu lui rabâchais toute la journée à propos de l’Asie. Bon c’est pas tout à fait vrai. J’dois le saouler avec l’Asie et surtout le Japon presque à chaque fois que l’on se voit. Le pauvre… Après l’air faussement offensé, ton regard se fait méprisant l’espace de quelques secondes et tu fais la chose le plus mature que tu puisses faire dans cette situation, tu lui tires la langue en fronçant les yeux comme une gamine. Puis quand ta langue est de nouveau dans ta bouche, tu te mets à rire comme une idiote. Maintenant, il doit vraiment me prendre pour une folle si c’est pas déjà fait. La conversation se poursuit sur la différence entre les cerisiers français et ceux japonais. Tu avoues que toi non plus tu ne vois pas vraiment de différence, ce sont des cerisiers. Mais le simple fait qu’ils soient nippons te fait les aimer encore plus. « C’est pas du racisme… Enfin si un peu j’avoue. Mais quand même ils sont tellement plus beaux et majestueux au Japon. Ils ont même leurs propres festivals quoi. » Tes yeux s’illuminent encore rien qu’à la mention d’un festival. Tu te vois déjà là-bas habillée d’un yukata fleuri et le regard parcourant les rues avec avidité. Au pays du Soleil Levant, ils ont des festivals pour tout et rien. T’as même vu une fois des photos sur un festival en rapport avec des phallus et la grande attraction c’était de s’asseoir sur un gros pénis en bois et de se faire prendre en photo. T’es pas sûre de vouloir faire un truc du genre, voire même pas du tout. T’en as même pas parlé à Jae, c’est pour dire. T’y crois qu’à moitié, mais peut être qu’un jour t’ira vérifier par toi-même. D’ailleurs, en parlant de ton meilleur ami, tu hoches la tête quand il parle des fleurs qui se collent au pare-brise. T’as beau aimé tout ce qui est en rapport avec la culture asiatique, t’es quand même lucide. Ces fleurs sont un vrai casse-tête quand elles tombent et qu’il pleut. Cependant, t’adores aller chez Jaesun pour la floraison. Tu te croirais presque au Japon pour le coup. Encore une fois tu regardes horrifiée ton meilleur ami manger. Il a laissé tomber les baguettes pour utiliser ses doigts. Tu frappes doucement ton front de ta main dans une parfaite imitation d’un facepalm. Gosh, heureusement que c’est pas un restaurant asiatique… Des fois, tu te fais peur. T’es tellement à cheval sur les traditions que tu pourrais même faire fuir un vrai japonais. Tu ressembles presque à une vieille femme nippone qui n’a pas évolué avec son temps. « Le plus extraordinaire, merveilleux, magnifique des asiats en carton. Sans toi, je serai totalement perdu et ma vie n’aurait plus la même couleur. » réponds-tu en levant ta main pour placer le dos contre ton front dans une pose mélodramatique. T’as raté ta vocation, t’aurais dû faire du théâtre au lieu de te trémousser dans un cabaret. Tu soupires avant de te reprendre. Ce n’est pas le moment de te laisser abattre. Ce n’est qu’un job provisoire c’est tout. Enfin, un job provisoire qui durait quand même depuis longtemps maintenant. Bref, tu préfères penser à autre chose et tu pars sur les pratiques nippones quand il s’agit de manger. Il faut faire beaucoup de bruit pour montrer qu’on aime ce que l’on mange. A la réflexion de Jae, tu manques de t’étouffer devant sa connerie. C’est clairement un truc que toi tu aurais pu dire. Tu n’arrives à t’arrêter qu’au prix d’un effort surhumain. « Non mais t’es con Jae. J’ai failli m’étouffer. T’aurais eu ma mort sur la conscience. Je serai revenue te hanter parce que je suis morte avant d’avoir pu visiter le Japon. » T’es vraiment atteinte ma pauvre fille. Le Japon, toujours le Japon. Faudrait t’enfermer. Tu lui souris malicieusement avant de manquer une nouvelle fois d’avaler de travers. Non mais sérieusement, sans lui, ta vie ne serait pas aussi marrante. « Non il me semble pas que le bruit soit requis pour boire… Sauf peut-être si c’est de la soupe… Enfin, en tout cas, tu pourras jamais me faire honte Jae… » Tu marques un temps d’arrêt pour te lever et venir déposer un baiser bruyant sur sa joue. « Je t’aime comme tu es Jaesun Chesnais. » T’es pas friande des démonstrations d’affection de ce genre, mais de temps en temps, t’aimes bien rappeler à tes amis que tu les aimes qu’importe ce qu’ils font. De toute façon, pour être ami avec toi, il faut avoir un grain aussi gros que celui que t’as à la place du cerveau. Bien que tu préfères les sujets plus légers et moins prises de tête, la conversation dérive sur Victor et tu ne peux pas t’empêcher de montrer ta colère à ton meilleur ami. Cet homme est en train de lui bouffer la santé et la vie. C’est pas parce qu’il est dans un fauteuil roulant qu’il doit agir comme un gros connard. Certes, tu ne sais toi-même pas comment tu pourrais réagir dans cette situation, mais y a toujours plus malheureux que toi. Alors, tu tairais sûrement ta souffrance pour continuer à vivre, un sourire plaqué sur ton visage comme tout le temps. C’est plus fort que toi, quand quelqu’un s’attaque à ton asiatique préféré, tu ne peux pas t’empêcher de devenir ultra protectrice. Je ressemble même à un pitbull des fois, tellement je m’énerve. Heureusement que je l’ai pas devant moi, sinon, je le frapperai de toutes mes forces. « Bah c’est pas une raison même s’il ne sait pas que tu danses. Merde, tu restes un être humain avec des sentiments. Je pense pas que lui apprécierait qu’on le traite comme il te traite. » Sur ce sujet, tu restes intraitable. Tu sais que tu as raison et tu n’en démordras pas. Tu croises alors tes bras sur ta poitrine et ton regard se fait plus petits alors que les mots sortent de la bouche de Jaesun. Non mais je rêve ? Il n’est quand même pas en train de défendre cet enfoiré. Tu n’en crois pas tes oreilles. C’est bien ce qu’il fait. Tu restes silencieuse quelques instants après que Jae ait dit qu’il ne voulait pas l’abandonner et qu’il ait fui ton regard. Si tu ne le connaissais pas si bien, tu penserais qu’il en pince pour lui. T’es une petite fouine, alors tu poses la question. « Tu sais que lui trouver des excuses et le défendre ne changera pas ta situation… Si je ne te connaissais pas mieux, je dirai que tu craques totalement sur ton enfoiré de patient. » Tu souris malicieusement et tu te lèves pour venir te placer devant Jae et attraper son menton dans ta main pour le faire tourner vers toi. Tu approches ton visage vers le sien. T’es si près de lui que vous n’auriez que quelques centimètres à couvrir pour vous embrasser. « Me dit pas qu’il te plait malgré ce qu’il te fait subir ? » Tu peux parler Elsa Chevalier… Romain te traites super mal aussi, mais ça t’empêche pas de le trouver canon et de fantasmer à chaque fois que tu le vois torse nu se balader dans l’appartement.

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(by anaëlle)

Si Jaesun ne connaissait pas aussi bien Elsa, il pourrait croire que sa seule passion était l’Asie et surtout le Japon. Elle en parlait sans cesse au plus grand désespoir du garçon. Au début, il écoutait sagement, tentant de s’intéresser mais aujourd’hui, il n’y arrivait plus et préférait s’amuser de tout ça. S’il avait dû se passionner pour un pays ça aurait pu être la Corée du Sud, son pays natal et pas un autre mais non, il se sentait français et la culture asiatique ne le passionnait pas tant que ça. Bien sûr, il était un peu curieux de savoir comment les coréens pouvaient fonctionner, mais le reste, il s’en tamponnait complètement. Pauvre Elsa. Elle qui avait cru trouver le Saint Graal en devenant amie avec Jaesun se retrouvait avec un asiatique qui n’y connaissait rien du tout. Pire, il ne faisait que très peu d’efforts. « T’es vraiment une japonaise refoulée. Même pas tu choisis la Corée, le meilleur pays du monde. » Non, pour lui c’était la France mais il voulait juste embêter son amie et il utilisait le moindre petit truc pour ce faire. Mais heureusement pour lui, Elsa acceptait ses blagues débiles et son côté ignare. Si elle avait réellement voulu un asiatique à fond sur sa propre culture elle aurait laissé tomber Jaesun depuis bien longtemps. D’ailleurs, en sentant son baiser sur sa joue, le jeune homme ne put retenir un grand sourire. « Moi aussi je t’aime miss Chevalier » souffla-t-il et avant qu’elle ne s’échappe, il enroula ses bras autour de sa taille et la serra fortement. « T’es la meilleure, tu l’sais ça ? » Lui aussi lui offrit un bisou puis la libéra de son étreinte. Sans elle sa vie à lui ne serait pas la même non plus. Jaesun était quelqu’un de très sociable, allant facilement vers les gens mais il n’avait trouvé personne d’autre comme Elsa. Ils auraient pu être de la même famille, jumeaux même – sauf pour le côté j’aime l’Asie plus que tout.

L’atmosphère qui avait été légère s’était peu à peu assombrie dès que le sujet « Victor » fut mis sur le tapis. La situation était compliquée et Jaesun comprenait qu’Elsa puisse être en colère. A sa place, il aurait sûrement été bien pire. Lui-même se voyait faiblir jour après jour, comment pourrait-il la blâmer. « Parfois j’ai l’impression qu’il s’acharne sur moi comme il s’acharnerait sur lui-même. » Il avait du mal à  cerner Victor et savoir s’il le haïssait lui ou plutôt ce qu’il représentait. Jaesun savait juste que le plus âgé se détestait plus que tout. Lui n’était sûrement qu’un punching-ball et même si c’était mal, parfois Jaesun préférait se laisser faire pour éviter que Victor ne s’en prenne à lui-même. Ça le fatiguait oui, mais il tiendrait le coup, il se l’était juré. Pourquoi ? Au fond, il ne savait plus trop et les paroles d’Elsa provoquèrent de petites rougeurs sur ses joues bronzées. Se retrouver si proche de son amie aurait pu le faire sourire et s’ils n’avaient pas parlé de Victor, il aurait sûrement sorti une boutade sur le fait qu’il rêvait de l’embrasser plus que tout. Mais il n’en était rien. Jaesun était juste gêné. « Tais-toi… » Doucement, il poussa la main de son amie et se recula. Un long soupir vint trahir son malaise alors qu’il s’asseyait tout au fond du canapé pour fuir son amie. « C’est pas drôle. J’suis perdu okay ? » Depuis quelques temps, il se demandait ce qui pouvait bien le pousser à s’acharner autant pour Victor. La conscience professionnelle ? Au début, oui, ça avait été la bonne réponse mais aujourd’hui, tout semblait différent. « Dit comme ça on a l’impression que je l’apprécie parce qu’il me fait du mal… Mais c’est pas ça Elsa… » Fermant les yeux, il vint frotter son visage comme si ça pouvait faire partir le rouge qui venait d’assombrir un peu plus sa peau. « Je me suis attaché à lui. Un peu trop je crois. Puis, il est beau… vraiment très beau... Même s’il passe son temps à faire la gueule. » Était-il masochiste ? Jaesun était plutôt du genre à aimer les choses simples, les rires et la tendresse. Victor était tout sauf ça mais il se retrouvait attiré comme un aimant. « Regarde… » Attrapant son téléphone, il ouvrit l’application instagram et chercha la photo de Victor qu’il avait volée avant de la montrer à son amie. « Je ne sais pas pourquoi Elsa, mais c’est comme ça… J’ai pas choisi de ressentir ça pour lui. » Il n’était pas amoureux de Victor, il ressentait quelque chose de particulier qu’il ne parvenait pas à définir. C’était juste la première fois qu’il avait envie de se plier en quatre pour quelqu’un, de souffrir à sa place pour le soulager. Même pour son ex petit ami, Jaesun n’avait pas eu ce sentiment. « T’as déjà ressenti un truc comme ça toi ? J’veux dire… être attiré par quelqu’un qui semble te détester ? Qui te traite mal ? » Alors qu’il n’avait pas regardé son amie durant toute sa confession, Jaesun releva finalement les yeux vers elle. Il était anxieux et stressé, choses qu’il n’avait presque jamais ressenties auparavant.