Surexcitée. Janelle est tout bonnement surexcitée à l’idée de se rendre à cette première édition de Paris en Seine. Elle ira sans doute faire un tour à la fête foraine plus tard, grande enfant qu’elle est, mais ce qu’il l’intéresse avant toute chose, c’est d’aller assister à quelques-uns des concerts organisés sur la rive droite. Le concept de ne recevoir que des groupes francophones l’enchante. Oui, elle a des origines qui ne sont pas françaises, mais elle, elle est et elle aime profondément la langue française et les artistes francophones. Elle a hâte d’entendre les artistes qu’elle affectionne déjà, de découvrir également de nouveaux talents à ajouter plus tard à son iPod. Mais hors de question de s’y rendre seule, alors ça fait des jours qu’elle tanne Aymeric, son meilleur ami pour qu’il l’y accompagne. Malheureusement, le jeune a des obligations professionnelles à assurer avant, mais il lui a promis qu’il la rejoindrait plus tard dès qu’il serait disponible. Cette fille est aussi volcanique que le laisse penser la couleur atypique de ses cheveux. Janelle est montée sur ressort, elle ne tient pas en place et très honnêtement, ce bout de femme survoltée, en train d’écrire un texto, ça ne fait pas bon ménage. La jeune femme tout en écrivant sur son smartphone, ne fait pas vraiment attention à ce qui l’entoure et l’inévitable se produit, elle percute quelqu’un, lui marchant sur le pied, avec ses talons hauts. « Oops, pardon, je suis désolée. » Pas gênée plus que ça, au lieu d’afficher une mine désolée, elle affiche un large sourire sincère. Autant le prendre avec bonne humeur, surtout dans une ambiance telle que celle-là, plutôt que de se confondre en excuse qu’elle ne sait pas vraiment faire et lancer un climat de mauvaise humeur. Elle est là pour s’amuser et faire la fête.

On lui reprochait souvent, à Lily, d'être trop rêveuse. Tête en l'air, dans la lune. Dans son monde. Mais si elle tenait tant à garder la tête dans les nuages, c'était parce que ce qu'elle voyait dans le monde réel ne lui plaisait pas. Elle ne se sentait jamais à l'aise, ailleurs que dans son monde à elle, dans lequel elle n'avait jamais peur. Et c'était lorsqu'elle enfonçait ses écouteurs dans ses oreilles, sur le chemin du retour de la fac, qu'elle entrait le plus dans cette petite bulle de calme. Elle voyait le monde, mais ne l'entendait plus. C'était ce qu'elle aimait le plus. Mais parfois, elle en oubliait même de voir le monde, et suivait le chemin jusqu'à chez elle sans même y songer. Et, alors qu'elle était d'habitude si solide, sa bulle éclata. - Aïe. Elle retira rapidement son pied qu'une jeune femme (janelle) venait de piétiner, et retira un écouteur. En croisant le regard intrépide de la rousse en face d'elle, Lily se sentit toute petite, et bafouilla un désolée avant de rougir, pur mécanisme de défense lorsqu'elle heurtait le monde réel. Et puis, elle réalisa. En jetant un coup d’œil autour d'elle, elle réalisa qu'elle n'était pas là où elle était censée être. La pression de la foule la frappa d'un seul coup, à mesure qu'elle assimilait le paysage. Un scène, des gens qui dansent, qui crient et rient. Elle reporta alors son attention sur la jeune femme, qui semblait s'apprêter à partir, et fronça les sourcils. - Vous savez ce que c'est, tout ça ? Elle ponctua sa phrase d'un sourire poli, tentant tant bien que mal de cacher la panique qui la guettait, alors qu'elle ne rendait compte que, finalement, elle ne connaissait rien de Paris.

Elle est tellement pétillante et survoltée au quotidien qu’elle en est parfois exaspérante même pour son entourage. Et elle doit même avouer que parfois elle s’auto soule comme elle s’amuse à le dire. Seulement, Janelle ne changerait pour rien au monde, c’est ce qui fait son charme après tout, non ? En tout cas, lorsqu’elle marche sur le pied de la blondinette sans l’avoir fait exprès et que c’est cette dernière qui s’excuse, la danseuse par au quart de tour. « Hey, non, mais t’inquiètes pas, c’est pas à toi de t’excuser, c’est de ma faute hein, je ne faisais pas attention. J’espère au moins que je ne t’ai pas fait trop mal ? » Le ton enjoué, la bouille radieuse. C’est tellement rare de voir la rouquine le visage triste et terne. Bon OK, le maquillage aide bien parfois à avoir meilleure mine, cacher éventuellement la fatigue, mais quoi qu’il en soit, elle est la majeure partie du temps toujours de bonne humeur. Elle est d’un optimisme à toute épreuve. « C’est le festival Paris en Seine. Ils viennent de le lancer, c’est la première fois qu’ils le font, de ce côté-ci concerts à gogo et uniquement avec des artistes francophones, sur la rive gauche, fête foraine pour les petits et les grands qui ont gardé leurs âmes d’enfant. » Janelle est tellement excitée et euphorique à l’idée de ce festival, que ça lui ait particulièrement difficile de cacher son enthousiasme quand elle explique à la jeune fille de quoi il s’agit. « J’en conclu t’es là un peu par hasard ? Tu devrais vraiment rester un peu, ça vaut le coup du détour, et puis l’ambiance de fou qu’il y a déjà. Si tu ne veux pas être seule, tu peux rester avec moi. Je m’appelle Janelle. » Elle adresse un très large sourire à la blonde. Ultra sociable, JJ parle facilement avec les gens, les embarque dans son univers. Bien souvent, elle fait même plus des monologues qu’autre chose, mais ça ne la dérange pas, elle sait que tout le monde n’est pas aussi expansif qu’elle.

Javier n’aurait jamais cru qu’un jour il puisse être autant excité par rapport à quelque chose que la ville de Paris puisse faire. S’il adore tout ce qui est concerts, pièce de théâtre, cinéma et autres activités artistiques, le simple fait de parler et d’entendre parler de fête foraine le rend malade. Qu’est-ce qu’il peut y avoir d’amusant à faire des manèges qui vous donnent envie de vomir. Lui, préfère totalement se balancer au rythme de la musique, sentir l’énergie que les artistes mettent dans leur art et puis surtout, voir les corps transpirants des femmes. Ouais vu comme ça, ça n’a rien de bien glamour, mais croyez-le quand les vêtements des femmes se collent à leur peau à cause de l’humidité et de la transpiration, elles n’en sont que plus sexy. C’est donc pour son amour de la musique et des femmes qu’il se rend à ce festival sur la rive droite. Il laisse la fête foraine préférant se consacrer aux artistes francophones qui se produisent. Javier se faufile dans la foule et repère alors deux femmes en pleine discussion. Enfin, c’est plutôt la rousse qui parle et la blonde qui semble subir le flot de paroles de la jeune femme. Il rit intérieurement et se rapproche d’elles pour écouter ce qu’elles se disent. La rousse semble totalement enjouée par ce qui l’entoure et ça donne une idée au mexicain. Il se rapproche d’elle jusqu’à s’éclaircir la voix. « Excusez moi, je n’ai pas pu m’empêcher d’entendre votre conversation. Je suis bien content que l’idée que j’ai soumise au maire vous plaise mademoiselle. » dit-il sûr de lui, comme si c’était réellement lui qui avait donné cette idée, alors qu’en fait pas du tout. C’est simplement une technique de drague vu qu’elles sont toutes les deux à son goût.

Lily était décontenancée par l'énergie de la jeune femme en face d'elle. Elle dégageait une telle grandeur, un tel enthousiasme, qu'elle se sentit minuscule à côté. Elle lui sourit poliment, serrant la lanière de son sac dans une tentative de ne pas rougir plus. - Non, ça va. Le contraste entre les deux était saisissant. On pourrait presque visualiser l'excitation de la rousse allant s'écraser sur la timidité de la blonde. Lily n'était pas à l'aise mais, étrangement, elle n'avait pas envie de fuir. Un festival. Alors, Lily était si isolée dans sa petite bulle, qu'elle n'avait aucune idée de ce qui se passait dans sa propre ville. - Hm, oui, je crois que je me suis perdue en rentrant de la fac. Elle lâcha un petit rire nerveux, et le sourire de Janelle la détendit. - C'est gentil, mais je voudrais pas te déranger, tu attends sûrement quelqu'un. Toujours cette politesse dégoulinante, cette incertitude qui lui collait à la peau. Bien sûr, qu'elle voulait rester. Mais ses réflexes étaient plus rapides que cette petite étincelle de folie dans son coeur. - Lily. Elle sourit, un sourire simple et sincère. Parce qu'elle l'aimait bien, Janelle. Et, en voyant un homme s'approcher, elle ne pu s'empêcher d'avoir le coeur qui se sert. Elle avait tendance a voir le danger partout. Mais c'était surtout l'inconnu qui lui faisait peur. L'invisible, l'imprévu. Et là, c'était beaucoup d'informations en même temps. Elle se mordit la lèvre, ses réflexes voulant laisser à Janelle le plaisir de répondre à l'homme derrière elle. Mais elle choisit de plonger. - C'est une très belle idée. Elle lui sourit, poliment, et le rouge de ses joues lui fit regretter tout de suite d'avoir parlé.

Paris en Seine. Autant dire que pour une fois, la brune avait été plutôt emballée par l'idée. C'était bien la première fois que la capitale française avait quelque chose de bon à lui offrir. Siam aimait bien ces ambiances-là. La musique, la boisson, la fumette, les gens qui viennent d'un peu partout, qui ne se prennent pas la tête et qui ne font que partager et s'amuser sans même se connaître forcément. Les festivals lui allaient tellement bien à cette demoiselle, mais tous ceux qu'elle avait eu l'occasion de faire jusqu'à présent ne s'étaient jamais illustrés en France. On sait tous que les meilleures organisations ne sont pas dues au français malheureusement. Cependant, elle avait l'impression que ce premier évènement du style allait être grandiose. On dit bien qu'il y a une première fois à tout et Siam entendant bien être de la partie et en profiter pleinement. La riche héritière n'était pas accompagnée, elle n'avait personne à emmener de toute façon. Ces derniers temps, toute compagnie ne faisait que l'agacer. Ceux qu'elle connaissait l'insupportait. Elle avait besoin de voir autre chose, de rencontrer de nouvelles personnes. L'ancien ne faisaient que remonter de mauvais souvenirs, encore un peu trop douloureux, à la surface. Totalement ouverte à ce qui l'attendait, Siam s'était donc pointée au festival. Et même si elle n'était pas une férue de musique française, elle se sentait déjà emportée par ces sons qui lui faisaient un bien fou.

La différence entre les deux jeunes femmes est impressionnante, la blonde est aussi réservée et introvertie que Janelle est expansive et extravertie. Mais c’est probablement ce qui fait qu’elles pourraient s’entendre, qui sait ? Si jamais elles venaient à continuer à se côtoyer après cette journée. D’ailleurs devant la gêne touchante de la blondinette qui n’ose pas déranger, alors que la danseuse voit bien son envie de rester, elle ne peut que répondre avec toujours autant d’enthousiasme. « Il y a mon meilleur ami qui doit me rejoindre plus tard, s’il finit assez tôt le boulot. Donc techniquement, je suis tout aussi seule que toi présentement, et même si Aymeric venait, ça ne changerait rien au fait que tu peux rester avec moi, je ne mange pas, et lui non plus. OK, j’en donne probablement l’impression, j’arrête pas de causer. » Et la rouquine se met à éclater de rire, consciente que son trop-plein d’énergie peut faire un peu peur parfois. C’est là qu’un homme plus âgé qu’elles deux s’incruste annonçant qu’il est celui qui a suggéré l’idée de ce festival au Maire. Janelle plutôt crédule et n’ayant absolument aucune raison de ne pas le croire attend que la jeune fille près d’elle termine sa phrase pour sauter au cou de l’homme en question. « Franchement MERCI, parce que c’est une trop bonne idée que vous avez eue là. Je suis fan, merci, merci, merci. » Expansive un jour, expansive toujours. Janelle, elle se fiche de ce que peuvent penser les gens, elle parle et elle agit comme elle pense, comme ça vient sans réfléchir aux conséquences que cela peut avoir. Au pire, il la repoussera gentiment, gêné de son enthousiasme et sera pas bien grave. D’ailleurs, elle anticipe et se recule rapidement. « Vous restez avec nous ? Je m’appelle Janelle. » Et elle lui tend la main, comme elle l’avait fait un peu plutôt avec la blonde en se présentant à elle. C’est ainsi qu’elle se rend compte que la demoiselle ne s’est pas présentée en retour, alors elle tourne le visage à elle, tout sourire. « Au fait, c’est quoi ton prénom ? » C’est quand même mieux de savoir avec qui ont va passer quelques heures de sa vie.

Il était certain que Lily n'était pas dans son élément. La musique était forte, très forte. Le style n'était pas celui qu'elle écoutait, au contraire. Et la foule, les gens, cette fille aux cheveux de feu. Tout aurait dû la mettre mal à l'aise, lui donner envie de fuir et de se réfugier dans ses livres. Mais ce n'était étrangement pas le cas. Non, au contraire, Lily était excitée par cette perspective et l'idée de plonger tête la première dans l'inconnu. Elle lâcha un rire bien plus détendu suite au monologue de Janelle, et desserra ses doigts de la sangle de son sac. Tout va bien. Tout va bien. - Je veux bien rester alors. Merci. Et puis elle rit de nouveau en la voyant se jeter au cou de l'homme qui venait de leur parler. Décidément, elle adorait cette fille. Elle était si vive, enthousiaste, ouverte. La journée s'annonçait finalement plutôt bien. Quant à l'homme, il était bien plus âgé qu'elles, et elles ne le connaissaient même pas. Il aurait pu être un pervers, n'importe quoi d'autre. Mais Lily laissa ces pensées bien enfouies, et se contenta de lui sourire. - Et moi, Lily. Parce qu'en fonçant dans l'inconnu, elle avait fait le choix de bloquer toute pensée négative.

Quand il a vu ces deux jeunes femmes discuter l’une avec l’autre, la première chose qu’il a pensé était qu’elles étaient des cibles potentielles. La rousse un peu plus que la blonde. Cette dernière lui semble trop timide pour lui. Il aime les femmes avec du caractère et il ne sait pas pourquoi, mais la rousse semble prendre énormément de plaisir et être heureuse d’être là. Elle éclipse totalement la petite à ses côtés. Javier s’approche d’elles et capte leur conversation. Apparemment, la rousse est très enthousiaste à l’idée du concert et aussitôt un scénario se met en place dans sa tête. Il se présente alors comme celui qui a soumis l’idée au Maire de Paris. La réaction de la demoiselle ne se fait pas attendre et elle lui saute au cou. Wahou, il ne s’attendait pas à ça, pas du tout. Cependant, il sourit et tapote doucement son dos en essayant de faire le mec un peu mal à l’aise alors qu’en fait, il ne l’est pas du tout. « Et bien ça fait plaisir de voir quelqu’un d’aussi enthousiaste par rapport à l’un des évènements que l’on propose. Ça donne envie de s’investir encore plus. » Et vas y que j’en rajoute encore une couche. Javier est fier de ça et lorsqu’elle se recule, il est presque déçu qu’elle ne reste pas plus longtemps. « Bien sûr que je reste avec vous. Je peux pas vous laisser seule, pas après que vous ayez dit que vous aimiez mon idée. » Il lui serre la main avec un sourire avant de reprendre. « Enchanté Janelle. Je devine que votre prénom cache une origine latine non ? Je m’appelle Javier. » Nouveau sourire avant de se retourner vers la blonde qui donne elle aussi son prénom. Lily, c’est joli. Ça lui rappelle le prénom de la mère de Harry Potter. « Enchanté Lily. » Elle semble être trop vieille pour que ce soit en rapport avec ça, alors il ne dit rien et en profite pour jeter un coup d’œil autour de lui. Ça lui rappelle les festivals qu’il a pu faire quand il était en Amérique avec Valérie. « Y a-t-il une tête d’affiche qui vous fait plus envie qu’une autre ? » En prévision de ce genre de situation, Javier avait appris par cœur les artistes francophones qui se produiraient sur la scène.