« as you are »
t'as toujours détesté attendre. pourtant t'as pas trop le choix. t'aimerais courir toi. voir le monde. le jardin à travers la fenêtre t'attire tellement. alors tu changes de pied. ça te fera peut être patienter un peu plus. un leurre vain. t'es qu'une gamine. à six ans, tu voudrais refaire le monde. mais t'es là. coincée avec ta petite valise. t'as envie de te tourner vers ta mère. lui demander de partir. mais tu sais que c'est pas bien. elle t'avait dit de bien te tenir durant le voyage. et il est pas terminé. ici t'avais pas le droit de parler plus haut, de courir. t'avais même l'obligation de mettre tes mains sur la table. t'avais pas bronché. parce qu'au fond, tu sais que c'était très important pour tes parents. t'avais même essayé de parler avec ta grand-mère. même si elle semblait aussi pincée qu'un crabe. t'avais laissé couler. mais t'aimes pas le regard que ta mère a à présent. il est triste. presque déçu. t'espères ne pas le décevoir encore plus. alors tu bouges pas. ce séjour chez ta famille paternelle, tu le détestes. autant que les choux de bruxelles. t'as envie de retrouver ta ville, ta chère ville. paris. mais tu patientes. tu finis par quitter la contemplation de la fenêtre. tu te places à côté de ta maman. elle attend elle aussi. pourtant son regard est ici. il ne regarde pas la belle entrée. le grand escalier de marbre. ou encore le début de salon à droite. non. elle ne s'extasie pas devant toutes ses choses. toi-non plus d'ailleurs. enfin plus maintenant. quand t'es arrivée il y a une semaine, t'avais jamais vu de choses aussi jolies. mais on t'avait demandé de rien toucher. alors t'as touché avec tes yeux. c'était pas facile. mais tu y es arrivée. à présent ce monde de diamant était aussi froid et dur que joli. ça te faisait de la peine. t'as failli te tourner vers ta mère pour lui demander quelque chose. mais t'as pas eu le temps. à peine t'avais ouvert la bouche que ton père arrivait. il semblait pas content. en colère même. pourtant en vous voyant, ta mère et toi, son regard s'est adouci. comme de la neige au soleil. il vous a rejointes et a pris l'autre valise. la grosse. celle qui contenait toutes vos affaire. toi, t'as resserré tes petits doigts autour de la tienne. la toute petite. celle qui contenait tes crayons de couleurs et tes feuilles.
« on y va. » dit alors ton père. les vacances étaient finies. tu dis rien. mais ton regard se fixe vers le grand escalier de marbre. tu commences à faire quelques pas derrière tes parents. mais tu finis par t'arrêter.
« diane, viens. » ta tête se tourne vers ta mère. pis ton père.
« on dit pas au revoir ? je voulais dire au revoir à olympe. » olympe. c'est ta cousine. ce petit bout d'enfant avec qui t'a fait les quatre cent coups pendant une semaine. t'as l'impression de la trahir. t'avais dit hier que vous iriez faire une chasse au trésor dans le jardin aujourd'hui. tu seras pas là. et tu l'auras même pas prévenu. t'as honte. presque. ta mère se penche vers toi. elle est désolée. tu le vois dans son regard. sa voix est douce. peut-être pour ne pas te brusquer.
« non. on ne dit pas au revoir. mais olympe le sait. ne t'inquiètes pas. » t'hésites un instant. pis t'acceptes la main de la mère pour te diriger vers la voiture familiale. elle voulait pas te brusquer ta mère. ou du moins te cacher la vérité. la vérité que t'es pas la bienvenue ici. t'as beau être la fille de ton père. t'es trop colorée pour eux. les aristos, ça rigole pas avec les origines. des idiots. tu les reverras jamais. c'est peut-être mieux ainsi. t'étais trop jeune. t'as pas vu les remarques qu'il faisait à tes parents. un pique par-ci par-là. une remarque sur la robe "modeste" de ta mère. un pincement sur l'ex de ton père -qui date de plus de dix ans-. elle était mieux que ta mère. elle avait des origines. des vrais. pas ceux d'une secrétaire et d'un boulanger hispaniques. oh ça non. ouais t'es trop innocente pour comprendre ça. alors tu t'avances presque dans la naïveté en rejoignant votre voiture. pourtant quand tu t'assois, t'as l'impression de la voir à la fenêtre. ta grand-mère. impeccablement coiffée. son regard coule vers vous. t'arrives pas tellement à voir ce qu'il y a dedans. de la colère sans doute. de la gêne. mais aussi de la déception ouais. et il y a autre chose. ouais. un truc que tu vois pas. parce que t'es encore qu'une enfant. tu vis dans un joli monde. il y a de la tristesse dans son regard.
« you're the reason why »
tu portes ton verre de jus de fruit à tes lèvres. t'as jamais réellement supporté l'alcool. et aujourd'hui, valait mieux être sobre. tu te voyais mal te retrouver à vingt-six ans sur la table devant toute ta famille. alors tu t'es contentée d'un jus d'ananas. personne n'a fait de remarque. c'est ta boisson préférée. bien frais, tu pourrais faire n'importe quoi pour en avoir. vraiment. tu portes tes lèvres à ta paille pour en boire une gorgée. autour de toi, ça fourmille. tes proches maternels ont formé de petits groupes dans le jardin. il y a de l'ambiance. les enfants de tes cousins courent partout. les plus vieux comme ton grand-père sont en grande conversation avec la génération de tes parents. parlant sans doute du prix du pouvoir d'achat qui baisse. un vrai scandale. toi, tu préfères un peu rester à l'écart. enfin presque. parce qu'une petite main se glisse dans la tienne. une petite tête blonde te sollicite.
« tu viens jouer avec nous ? » elle arbore un sourire qui ferait fondre n'importe qui. alors tu te laisses faire. tu les connais même pas ces gamins. mais tu peux rien leur résister. enfin certes, c'est de la famille à ton grand-père. enfin ton beau-grand-père. le nouveau mari de ta grand-mère maternelle. quelle idée de se marier encore à cet âge-là hein. ça complique tout pour les jeunes. un vrai casse-tête chinois. mais tu dis rien. tu souris à la petite Iris qui tient fermement ta main. elle t'emmène doucement vers les autres enfants. ils rient. s'attrapent. l'innocence enfantine, c'est la chose la plus merveilleuse au monde. t'as toujours adoré les enfants. c'est sans doute pour ça que tu commences ton métier de professeur d'école dans quelques semaines. t'as presque mal au ventre en y pensant. mais c'est encore loin tout ça. presque.
« il faut que tu comptes. nous on va se cacher. » expliqua la petite fille en s'arrêtant. ils veulent jouer à cache-cache. tu as souvent joué à ça quand t'étais petite. tu souris et t'acquiesces. bien vite les gamins s'enfuissent en courant. le jeu commence. tu profites pour te mettre derrière un arbre. tu comptes jusqu'à dix. c'est comme ça que l'on fait. six. sept. t'entends des rires au loin. des rires enfantins. neuf. dix. c'est parti. t'es dans le game maintenant. tu mets pas longtemps à les trouver. sauf la petite iris. elle te met du fil à retordre cette petite. elle devrait jouer la femme invisible tiens. tu commences à t'impatienter. au bout de dix minutes. les autres enfants t'aident. mais rien n'y fait. alors tu te diriges vers la maison. peut-être que le jardin n'était pas assez grand pour tout le monde. tu montes les quelques marches du perron. pis tu rentres dans quelqu'un. enfin failli. le choc est à peine. il t'a vu à la dernière seconde. toi, la surprise t'a fait perdre tes moyens. mais t'as réussi à te stopper. ou presque. tu lèves tes grands yeux vers lui. tu les fronces un peu. un jeune homme. tu le connais pas. il n'est pas de ta famille. il semble le comprendre d'ailleurs.
« je suis le petit fils de richard. sacha. » Le nouveau mari de ta grand-mère. tu commences à tout assimiler. mais ça devient vraiment dur.
« t'es diane c'est ça ? » tu acquiesces doucement.
« oui c'est ça. dis-moi. t'aurais pas vue une petite fille d'après peu dix ans, iris ? » il sembla chercher un instant. toi t'attendais comme s'il allait te donner la réponse. une adulte qui cherche une petite fille, c'était presque pathétique. un brin désespérant aussi. pourtant il te sourit. un sourire franc.
« iris te donne du fil à retordre ? » t'as failli restée la bouche ouverte.
« comment tu sais que ... ? » il rit alors. t'as pas l'impression qu'il se moque de toi. pourtant tu te renfrognes un peu. t'as la mine d'un petit chiot agacé. ça le fait rire encore plus.
« parce qu'il n'y a que ma petite soeur pour te faire tourner en bourrique. allez viens. je crois avoir aperçu le petit monstre par là. » il semblait vieux pour avoir une soeur d'un tel âge. mais tu ne relevas pas. tu savais ô combien les histoires de famille pouvaient être compliquées et noueuses. alors tu le suivis avec un sourire. c'est comme ça que cela a commencé. par une séance de cache cache à une fête d'après mariage dans le jardin de ta grand-mère. tu t'étais défendue de l'aimer. car c'était un peu ton demi-cousin. ou chose du genre. mais tant pis. les sentiments avaient primé.
« some type of love »
t'as les mains dans la farine. t'as envie de bien faire. t'adores cuisiner. et pis ça fera plaisir à sacha. t'en es sûre. quand il rentrera une bonne odeur embaumera votre appartement. la tartre aux fraises, ça a toujours été sa préférée. et pis toi tu résistes pas aux fraises. sentir leur gout fruité dans ta bouche. découvrir l'explosion dans ton estomac. c'était ce que tu préférais. d'ailleurs tu ne les cuisais jamais. tu détestais ça. cuire une fraise serait comme un sacrilège pour toi. ça devient pâteux, amer. immangeable en somme. alors tu t'appliques. tu malaxes la pâte comme tu peux avec tes petits bras. faut bien l'étaler. qu'elle soit bien régulière. tu finis par frotter un peu ton front avec ton haut de poignet. ça fatigue la cuisine. bientôt ta jolie pate orne ton plat. tu places des haricots dessus pis tu l'enfournes. vingt minutes, c'est parfait. tu commences à te laver les mains. quand tu entends la porte. sacha. ça ne peut être que lui. tu souris. un peu. en ce moment, c'est compliqué entre vous. vous avez du mal à vous comprendre. vous divergez. mais tu refuses de le voir. parce que ça te tuerait. t'as l'impression de l'avoir toujours aimé. alors tu te voiles la face. et pis tout ne va pas si mal. tu t'en convaincs chaque jour qui passe. il te le prouve parfois. comme en déposant un baiser sur ton front en rentrant. tu te tournes vers lui tandis qu'il s’assoit à une des chaises de la cuisine.
« tu as passé une bonne journée ? » il releva un instant sa tête des quelques pubs que t'avais déposé en revenant du travail.
« bien. on a réussi à avoir un nouveau client. ça pesait un peu. » t'acquiesces doucement même si à vrai dire t'y comprends pas grand chose. t'as l'impression qu'il joue à un homme d'affaires enrôlé dans la finance. pourtant c'est juste un expert comptable dans un cabinet. rien de bien intéressant. il s'en plaint parfois. elle tente de le rassurer. toujours.
« et toi ta journée ? pas trop fatiguée avec les enfants ? c'était aujourd'hui ta sortie non ? » tu penches un peu la tête. toujours quand tu réfléchis.
« oui, ça va. ils ont été enchantés de cette journée dans les bois. des vrais petits scouts. par contre mon jean est foutu. » tu fais alors une petite moue. une conversation banale pour un couple banal. vous êtes pas un couple nouveau ou alors toujours empreint d'originalité. non. il était juste sacha et toi diane. tout simplement. après cinq ans, la monotonie commencent à s'installer. ça te fait peur. tu vois l'impasse qui arrive. et pis t'as envie d'autres choses. lui voit rien. enfin t'en as l'impression. il se lève et s'approche de toi. il entoure ta taille. t'es bien dans ses bras. t'as l'impression de pouvoir conquérir le monde. tu sens lire le monde sur ses lèvres. alors tu t'y blottis un peu. t'entends son rire. t'aimes son rire. depuis le premier jour.
« t'as de la farine dans les cheveux. c'est mignon. » tu souris à ton tour. faut pas que t'oublies ta tarte d'ailleurs. mais c'est loin de tes pensées pour le moment. t'oublies l'univers là, ta tête contre son torse. pis tu te souviens d'un truc. juste un truc.
« oh. j'ai oublié de te dire. juliet vient d'avoir son bébé. c'est un petit garçon. » rien qu'en en parlant, tu te sens heureuse. les enfants, ça t'a toujours mise de bonne humeur. vraiment. un jour t'aimerais bien avoir un bien à toi. un parfait mélange de toi et lui. oui. ça serait ton désir le plus fou. après tout, tu commences à dater. trente-et-un ans. c'est beaucoup. beaucoup de femmes ont déjà au moins deux enfants à cet âge-là. et ça te fait mal un peu. vraiment. t'aimerais devenir maman. pouvoir bercer un enfant. lui apprendre les bases de la vie. un fruit de votre amour. oui c'est vraiment ça que t'aimerais.
« oh. c'est bien. » c'est tout ce qu'il te dit. vous avez déjà abordé le sujet. et ça s'est mal terminé. t'aimerais bien qu'il ait les mêmes aspirations que toi. car sinon vous allez dans le mur. tu le comprends pas. tu l'as toujours vu protecteur avec sa soeur. sa très jeune soeur. presque comme un père. mais il semblait se fermer avec toi. comme une huître. ça te faisait mal. trop. il ne t'avait jamais écartée de quelque chose. jusqu'à aujourd'hui. alors t'essayes encore un peu. juste un tout petit peu.
« tu sais peut-être qu'on pourrait... » tu finis pas ta phrase. parce que t'es comme une enfant. t'as peur de la suite. de ses paroles. et ça ne se fait pas attendre. il soupire et se détache de toi. tu te sens vide.
« ne commences pas diane. on en a déjà parlé. le sujet est clos. c'est pas le moment. » il s'éloigne d'elle. comme toujours. son ton est devenu froid. toi tu te pétrifies.
« on en a pas parlé. tu en as parlé. pas avec moi. c'est toi qui ferme le sujet. mais tu vois, moi je veux en parler. » tu dis. ça commence à t'énerver. toujours ces mêmes paroles. pas le moment. pas maintenant. le sujet est clos. tu commences à en avoir marre. toutes ces divergences, ça te mine. parce que le sujet des enfants n'est pas le sujet. malheureusement. vous pouvez vous quereller à propos du sel parfois. d'autres fois à cause du programme à la télévision. pour un rien en fait.
« Pour dire quoi, diane hein ? pour dire que je n'en veux pas, que toute cette discussion mènera à rien. que l'on va juste s’engueuler à cause de ça ? c'est ce que tu veux ? » le ton commence à monter. mais toi, tu ne te démontes. pas toi aussi tu commences à voir rouge. t'aimes pas ça. mais c'est plus fort que toi. ton côté euphorique s'éteint.
« je veux juste qu'on en parle ! c'est trop te demander hein ? » tu le regardes. presque avec espoir. mais il semble s'être refermé. comme une huitre. tu soupires.
« tu sais quoi ? laisse tomber. oublie. » tu veux juste partir. parce que tu sens que ça monte entre vous. t'aimes pas ça. t'aimerais tellement que tout cela cesse. que tout redevienne comme avant. mais c'est pas possible. vous êtes trop lancés pour vous arrêter. ton coeur s'affole. il tente de t'avertir. mais t'es aveugle. l'agacement et l'irritation t'agace. alors tu commences à partir. vers le salon. tu pourras te calmer là-bas. lui aussi. surtout lui. mais il attrape ton bras. t'as presque un espoir dans les yeux. il ne le voit pas. ses paroles sont tranchantes.
« je croyais que tu voulais en parler. mais tu préfères fuir. c'est mieux t'as raison. » elle tenta de dégager son bras. en vain. il avait une sacré poigne sacha. plus que ta pauvre force de libellule tiens.
« je fuis ? moi ? t'es sérieux ou tu le fais exprès ? c'est pas moi qui fuis tout le temps le sujet. c'est toi le lâche dans cette affaire. c'est toi sacha ! » tu répliques. tu vois rouge. lui aussi. et pis tu la vois pas arriver celle-là. la baffe. il a osé porter la main sur toi. t'es surprise. presque autant que lui. tu portes ta main à ta joue. c'est presque encore chaud. il s'éloigne déjà lui. tu vois pas dans ses yeux qu'il regrette déjà. t'es choquée. t'aurais jamais pensé. alors tu fais quelques pas en arrière alors qu'il en fait un vers toi. il semble désolé. tu le vois pas.
« diane... » tu lèves la main. pouce. temps mort.
« ne m'approche pas. » tu sens déjà les larmes venir. tu les retiens. tant bien que mal. pis tu t'enfuis. tu te précipites vers la porte. tu n'entends même pas t'appeler. non. rien. il cherche même pas à te retenir. il reste encore bouche bée. toi tu t'enfuis. tu te réfugies dans l'ascenseur de l'immeuble. t'as de la chance. il est vide. là tes larmes coulent. tu peux pas les retenir. tout s'est passé si vite. en quelques phrases simplement. t'aurais jamais pensé que ça arrive. sacha était un ange. un véritable petit angelot. pourquoi. cette question tourne en boucle dans ta tête. pas de réponses. et ça te rend folle. alors t'essuies tes larmes. t'as pas fière allure devant le miroir de l’ascenseur. t'entoures ton buste de tes bras. tu te sens pas bien. mais tu tiens bon. t'essaies de te faire un visage. si on te voit comme ça dans l'immeuble. ça va jaser. tu t'en fous dans un sens. dans l'autre non. t'essuies encore tes joues. t'es bien pathétique à vrai dire. tu souffles un coup. t'es bien ici. dans ce cocon. ça te rassurerait presque. pourtant, ça n'a pas duré. les portes de l'ascenseur s'ouvre sur le rez-de-chaussée. t'as réussi à ne pas t'effondrer. tu sors en resserrant les pans de ton gilet autour de toi. t'as besoin de marcher. de prendre l'air. tu traverses le hall d'entrée. en espérant que tu croiseras personne. en vain. en effet, t'as à peine atterri devant les boites aux lettres que la porte de l'immeuble s'ouvre. t'entends les cris d'un enfant et la voix réconfortante d'un père. tu préfères faire mine de prendre ton courrier. heureusement t'avais tes clefs dans ta poche de gilet. tu ouvres alors la petite porte. il y a quelques lettres dedans. sans doute des pubs. mais tu t'y intéresses comme jamais. c'est alors que t'entends sa voix. posée. calme.
« bonjour. » tu relèves le visage vers lui. tu souris. comme tu peux. jonas. ton voisin de palier. tu le connais que très peu. juste quelques paroles échangés. des services par-ci par-là.
« oh. bonjour. » ton ton est enjoué. même si ton coeur n'y est pas. il s'éloigne déjà avec sa fille. il se doute de rien. t'as toujours espéré que les récentes disputes avec sacha ne traversent pas les murs. apparemment pas. ou alors il a la politesse de ne rien demander. tu l'en remercierais presque. quand enfin il a disparu au fond du couloir. tu souffles un bon coup. t'as pas envie de remonter. mais tu sais que tu le feras. parce que tu l'aimes. parce que tu le crois pas capable de recommencer. mais t'as toujours peur. t'aurais toujours peur. t'es dans une impasse. t'as besoin d'un sauveur. et vite.