.i can't believe it, you're drunk.

En rentrant chez toi ce soir, la première chose que tu fais c’est de passer ta tête par la porte d’entrée et de vérifier que ton cher, tendre et démoniaque demi-frère n’est pas à la maison. Tu tends l’oreille et quand tu n’entends pas un bruit venant de l’appartement, tu rentres sur la pointe des pieds comme si tu étais en mission commando. Tu regardes dans chaque pièce, même sa chambre pour te confirmer qu’il est absent. La voie est libre Elsa ! Pas de Romain à l’horizon… VIVA LA LIBERTAD ! Tu lèves tes mains en signe de victoire, même si tu sais que cette liberté sera de courte durée, et tu soupires de bien-être. C’est rare qu’il ne soit pas là quand tu rentres du travail. Et c’est encore plus rare quand tu as un jour de repos au Moulin Rouge. Parce que Romain est toujours là, à veiller à te pourrir la vie autant qu’il le peut. Du coup, t’as pensé qu’il y avait un coup fourré. En plus de le chercher dans toutes les pièces de l’appartement, tu regardes s’il n’a pas laissé une note avec un ordre dessus. Après dix bonnes minutes de recherches, tu ne trouves rien et là, maintenant, tu peux savourer ce répit qui ne durera pas très longtemps, t’en as conscience. Mais ça fait quand même du bien de ne pas avoir à avoir peur qu’il te dise quoi faire à chaque instant de ta vie. Tu vas fêter ça avec un verre de vodka coca. Tu ne bois pas ordinairement, mais ce soir, tu as envie d’un verre. C’est bon, un verre n’a jamais tué personne. Tant que je me bourres pas la gueule et qu’il me retrouve pas à moitié morte dans le salon, prêt à faire n’importe quoi de mon corps, ça va. Tu te diriges donc vers l’armoire à alcool et déniche la bouteille de vodka derrière le whiskey et le pastis, deux boissons que tu trouves à vomir. Lorsque tu as le liquide en main, tu refermes la porte et va dans la cuisine pour récupérer un verre ainsi que le coca dans le frigo. Tu te sers la vodka et la boisson gazeuse avant de tout reposer à sa place. Le verre en main, tu t’affales comme une grosse dans le canapé devant la télé. La télécommande en main, tu cherches sur Netflix un film romantique à regarder avec ta vodka. Tu optes pour The Notebook, encore une fois. Pas ma faute si j’aime ce film plus que tout. Je ne me lasserai jamais de l’histoire d’amour de Noah et Allie ! C’est tellement beau, tellement pur… Mais bien sûr ce genre de truc ne m’arrivera jamais. A la place j’ai eu le droit à un connard égocentrique qui m’a quitté après avoir eu ma virginité et maintenant je me retrouve coincée avec un autre connard égocentrique mais cette fois-ci il est aussi sadique. Devant ce constat, tu ne peux que souffler. Qu’est-ce que tu donnerais pour trouver l’homme de ta vie, celui qui fera battre ton cœur comme Noah fait battre celui de Allie. T’as même préparé les mouchoirs parce que tu sais que tu vas pleurer. Ce film, tu le connais par cœur, tu l’as vu des dizaines de fois, tu as lu le livre et pourtant, tu n’arrives pas à en être ennuyée. Tu l’aimes c’est tout. Tu connais d’ailleurs toutes les répliques par cœur et tu joues le film avec les acteurs. Le temps file sans que tu ne t’en aperçoive et t’es tellement absorbée devant les images qui défilent devant tes yeux que tu n’es qu’à la moitié de ton verre quand le générique de fin passe. Pour ne pas le gâcher, tu le finis d’une traite. Mauvaise idée puisque tu n’as rien mangé. Tu sens aussitôt la chaleur te monter aux joues et prudemment tu te dépêches d’aller dans la cuisine et de prendre la première chose que tu trouves dans le frigo, un morceau de fromage. Tu ne regardes même pas ce que c’est et tu l’enfournes dans ta bouche avec un soupir de soulagement. Le fromage c’est la vie. Je pourrai manger que ça toute ma vie. Tu refermes le frigidaire et tu te serres un verre d’eau pour une nouvelle fois te mettre sur le canapé confortablement. Cette fois-ci c’est un manga que tu choisis. Tu mets Black Butler et tu apprécies les voix japonaises. D’ailleurs peut-être un peu trop puisqu’après deux épisodes, tu t’endors, un plaid sur les épaules. C’est un coup frappé à la porte qui te réveille en sursaut et tu serres la couverture contre toi, pensant que c’est imagination qui t’a joué des tours. Seulement, quelques secondes après, tu entends un nouveau coup et des clés qu’on essaie d’entrer dans la porte. Tu attrapes tes clés, ainsi que la première chose qui te passe sous la main, c’est-à-dire la corbeille de fruit vide sur la table, et tu te diriges à petits pas vers la porte d’entrée. Soit courageuse Elsa. Ce n’est rien, ce n’est rien, ce n’est rien. Tu as beau essayer de te convaincre, c’est peine perdue. Tes jambes tremblent et tu ne penses pas rationnellement. Si tu l’avais fait, tu aurais compris que c’était Romain qui rentrait. Délicatement, tu insères la clé dans la porte et tu l’ouvres, prête à frapper l’inconnu avec la corbeille à fruits. Heureusement, tu t’arrêtes à temps quand tu reconnais Romain. « Putain Romain, t’es un abruti ! Tu m’as fait peur. » Tu ne remarques pas qu’il est bourré et tu le laisses entrer avant d’aller reposer la corbeille à sa place. Tu t’approches alors de lui et tu sens enfin l’alcool qui vient te chatouiller les narines. « Non mais c’est une blague. Tu pues l’alcool à trente kilomètres… Sérieux, qu’est-ce que t’as foutu. » Même si c’est un connard qui te mène la vie dure, tu l’aides à aller vers le canapé et tu l’assois là. « T’as besoin de quelque chose ? » demandes-tu avant d’ajouter parce que tu le connais. « Et n’en profite pas pour demander des trucs pervers ! Parce que tu peux aller te faire foutre pour que je le fasse. » Tu veux bien restée gentille cinq minutes mais tu le préviens quand même que ta gentillesse a des limites.

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