janelle jiménez & siam lambert ☆

shoulda just called it like i saw it
shoulda just called for help and ran like hell that day

Encore une soirée emplie de désespoir. Cela faisait des mois et des mois que Siam n'avait plus l'impression de voir la lumière du jour. Peut-être parce que c'était le cas finalement. Totalement déconnectée à coup de soirées alcoolisées qui revenaient bien trop souvent, elle perdait ses journées endormie, à ne plus penser à rien, dans son lit. Mais il n'y avait que comme ça qu'elle survivait. Ou qu'elle avait au moins l'impression de le faire. Parce que le reste du monde lui semblait tellement futile et digne d'aucun intérêt. Elle avait essayé de se battre au début, se rendant bien vite compte que ça ne servait plus à rien. Alors elle a cessé de demander trop d'efforts à son être et elle a complètement abandonné, lâché les armes. C'est tout ce qu'elle sait faire quand elle se sent profondément blessée. Elle est plus fragile que battante Siam, ce pourquoi elle se laisse vite dépasser, submerger. Il était donc impératif qu'elle trouve un lieu où tout oublier ce soir. Encore un. Peu importe où, pourvu qu'on lui serve des verres, beaucoup de verres. C'était ça que son corps réclamait désormais, à croire qu'il avait changé de drogue. Dommage que ce soit la première qui était finalement inoffensive. [...] Sur place, Siam ne perd pas de temps. C'est au comptoir qu'elle s'installe pour pouvoir réclamer sa boisson directement à la source et quand elle la veut. Jetant de temps à autres de légers coups d'oeil au spectacle se déroulant sur la scène du prestigieux Moulin Rouge, elle enfile les verres. Plus vite que de raison, et plus qu'elle ne devrait en consommer. Ça devenait bien trop régulier des derniers temps, ça allait finir par la perdre si elle ne réagissait pas plus vite. Mais la brunette n'en avait que faire de réagir, elle ne pensait qu'à oublier. A faire taire cette douleur atroce qui parcourait son être nuit et jour, sans discontinuer. C'est ce qu'on appelle la maladie d'amour. Et elle n'avait pas envie d'en guérir. A choisir, elle préférait même en mourir. Le liquide aidant, elle était légèrement partie ailleurs, dans un monde un peu moins noir. Mais visiblement pas encore assez puisque c'est la voie d'une jeune femme qui la tira quelque peu de son semblant de rêverie. De quoi est-ce qu'elle pouvait bien se mêler celle-là ? On ne lui avait rien demandé. Siam remarqua sans mal qu'elle ressemblait à une danseuse aperçue sur scène tout à l'heure, c'était peut-être même bien elle. Pour ce qu'elle en avait à faire. Elle leva les yeux au ciel à la remarque que la rousse. « Pour ce que j'en ai à faire de ce à quoi je ressemble » Je suis pas là pour me donner en spectacle, était-elle sur le point de vouloir rajouter, mais ça ne sorti pas. Parce que c'était finalement ce qu'elle faisait malgré elle. Elle alimentait les journaux à scandales pour leur plus grand bonheur. Une fois encore, ils ne la rateraient pas. Ils étaient partout. Bien présents. Trop présents. Siam avait l'impression de suffoquer en permanence. La danseuse n'avait pas l'air de vouloir lâcher l'affaire et ça allait vite l'énerver. Est-ce que Siam s'était préoccupée de son numéro tout à l'heure. Chacun son boulot, chacun sa merde. « T'es gentille mais je vais continuer au whiskey. Y'a que ça de vrai... » Et y'a que ça qui me fait du bien, marmonna-t-elle, dans sa moustache. Pourvu que cette fille lui lâche les baskets, c'était tout ce qu'elle demandait. La brune n'avait aucune envie de discuter. Elle sentait sa tête qui commençait à décoller un peu de la surface de la terre, mais pas assez encore. Alors elle avala encore un verre. Comme elle l'aurait fait avec un jus d'oranges ou un verre d'eau. C'était devenu mécanique. Siam ne ressentait plus rien. Si ce n'est le manque de Matthéo, et cette douleur dans son coeur qui allait avec.