Sometimes, encounters with strangers seem way more fun than discussions you have with people you've known your whole life.
« Alors Alaric, bien dormi, ce matin? » que la dame nous cuisinant le repas à la cafétéria de la maison de transition me demande. Je me passe une main lasse sur le visage, un petit sourire toutefois poli étirant les commissures de mes lèvres. J'aimais bien cette dame; un peu âgée, mais très compréhensive et cuisinant toujours de merveilleuses recette concoctées par elle-même. J'hoche la tête, avant de la regarder.
« Comme toujours, Léa. Tu me sers le déjeuner du jour, s'il te plaît? » La politesse était de mise, c'était l'une des caractéristiques de ma réinsertion sociale: la gestion de la colère, et les bonnes manières aussi. En laissant le dialogue là où on l'avait terminé, la prénommée Léa agrippe mon cabaret et y dépose une assiette de crêpes avec des fruits, et me la redonne en souriant. Je la remercie d'un petit mouvement de la tête, agrippe un jus d'orange au passage et décide plutôt d'aller manger dans ma chambre. D'habitude, j'étais du genre à vouloir parler aux autres mecs de la maison, mais je voulais aussi un peu de temps pour moi. De toute façon, je devais sortir d'ici aujourd'hui, redécouvrir la ville, essayer de me trouver un emploi, fort probablement. J'avais pas la gueule de l'emploi, semble-t-on me dire. Tant pis. Pour le moment, je continuerais à jouer et gratter un peu ma guitare. C'était ça qui me plaisait.
J'allai dans les douches communes pour me laver et commencer ma journée du bon pied. J'enfilai un jeans simple ainsi qu'un t-shirt blanc, tout ce qu'il y a de plus propre dans mon petit garde-robe de fortune. Une fois mes dents brossées, je m'en allai en barrant la porte de ma chambre et fourrant la clé de cette dernière dans ma poche. J'avais perdu l'habitude d'avoir un portable dans ma poche; pas assez d'argent pour en acheter un. J'étais quasiment impossible à contacter, autre que par la maison de transition. Ça changeait de mes journées avec mes jeux vidéos du temps où j'avais 18 ans, ça c'est clair.
Le ciel était partiellement éclairé et le vent faible; une température tolérable et parfaite pour que je décide d'aller visiter un peu Paris à vélo. Comme j'étais toujours à l'extérieur, l'une des organisatrices de réinsertion sociale avait décidé de sortir le vieux truc rouillé de son garage pour me le donner. Je lui en était éternellement reconnaissante. Je pu finalement donc me rendre au 12ème arrondissement. J'y venais rarement, avant d'aller en prison, habitant dans le nord de la ville. Je me demandais d'ailleurs ce que devenaient mes parents. Je me demandais aussi ce que devenais la blonde de la prison, mais ne poussai pas mes rêves éveillés trop loin.
Après avoir erré un peu, déposé quelques CV dans des endroits qui pouvaient engager des gens avec des casiers judiciaires et profité un peu du soleil qui se montrait le bout du nez, j'eu un petit creux et décidai de m'arrêter au café l'Arrosoir. À cette heure, il était quand même relativement désert, et quelques employés parlaient un peu dans l'entrée, clopes au bec. Je fourrai une main dans la poche arrière de mon jeans, là où logeais comme d'habitude mon paquet de cigarette. J'en allumai une rapidement et me dirigeait vers le café, la petite terrasse se voulant accueillante me faisant sourire un peu.
Mon regard est toutefois rapidement attiré par une demoiselle blonde assise à l'une des tables. Son t-shirt aux manches remontées laisse paraître les tattoos sur ses bras, et je fronce les sourcils, piqué de curiosité. Elle est aussi nue-pieds, ce qui m'intrigue encore plus. Un petit sourire amusé étire le coin de mes lèvres, et je fourre la clope entre mes dites lèvres, décidant d'aller l'aborder. J'avais pris cette habitude de foncer vers les gens quand je voulais leur parler, pas le moins du monde timide ou gêné. J'avais côtoyé des mecs ayant tué leurs femmes, leurs enfants, des policiers, alors une petite blondinette assise là, c'est pas ses jugements qui allaient m'effrayer. C'est pour ça que je tire la chaise qui se trouve devant elle et que je m'écrase dessus, soufflant la fumée de ma clope en tentant d'éviter son visage.
« Ils sont chouette, tes tattoos. » Que je dis en pointant ces derniers du menton, ne perdant pas mon petit sourire en coin.
« Il veut dire quoi, celui-là? » Que je demande en pointant du doigt le mot Silence tatoué sur son poignet.
Je me rend compte par le fait même que je ne me suis pas présenté. Je ne lui ai même pas dis salut. Je ne me sens pas plus mal, je trouve ça même marrant. J'ai perdu mes réflexes de socialisation, semblait-il. Je devrais en parler à l'organisatrice.
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