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ghost from the past (eva)

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MessageSujet: ghost from the past (eva) ghost from the past (eva) Empty8/3/2016, 01:45


   
ghost from the past

   
“Malheur à celui qui, au milieu de la jeunesse, s'abandonne à un amour sans espoir.”
   
Paris est plongée dans la nuit et toi, tu erres, le long de la Seine. A cette heure avancée de la nuit, la plupart des parisiens dorment déjà, dans la perspective de se lever quelques heures plus tard, pour une dure journée de travail. Mais toi, demain, tu te fais remplacer par ton employé, Armand. Tu as terriblement besoin de faire une pause cette semaine, de prendre du temps pour méditer et pour profiter de la capitale. Cette nuit, tu as rêvé de ton père. Il était vivant, à tes côtés, et vous parliez de quelque chose dont tu ne te souviens plus. Tu voyais nettement son visage, tu entendais sa voix. A ton réveil, tu t'es retrouvé plongé dans une infinie tristesse. Avec personne pour t'entendre, pour t'écouter. Tu ne connais personne qui a vécu pareille tragédie, tu ne peux donc pas te confier. Ta souffrance, tu ne peux donc que la vivre seul.

Après cette journée morose, tu as besoin de sortir, d'évacuer tes pensées noires. Paris est la ville d'oubli. Dans les ruelles, le long de la Seine, dans des bars, des cafés, des boîtes, tu parviens à ne plus penser au passé. L'alcool aidant, bien sûr. En retrouvant des visages familiers ou en rencontrant de beaux éphèbes ou superbes créatures blondes, tu arrives également à t'abandonner. Cigarette à la bouche, tu te balades sur les quais, jusqu'à arriver au pont Alexandre III. Nonchalant et apathique, comme souvent, tu tires quelques taffes, en te demandant quelle va être ta distraction du soir. Tu tombes sur cet endroit que tu aimes bien, "Faust", un bar et boîte de nuit, sous le pont. Habitué des lieux ? Pas vraiment, mais tu y as été plusieurs fois, souvent dans un état des plus déplorables. Avant de partir de chez toi, tu t'es enfilé trois whiskys, histoire de te débarrasser de ta déprime. Cela n'a pas totalement marché, mais tu n'as pas dit ton dernier mot. A l'entrée de la boite, tu rentres facilement. Tu es bien beau et bien sapé, on ne te refuse jamais l'entrée.

La musique électro est très forte. Tant mieux, tu n'auras pas à écouter les discussions totalement inutiles de 99% des gens ici. Tu es un peu snob, difficile, les gens trouvent rarement grâce à tes yeux. C'est peut être pour ça que tu es si seul, finalement. Tu as des aventures, bien sûr, mais tu te retrouves tout de même très souvent seul, le matin. Tu commandes un whisky et t'installes au bar. Ton endroit préféré dans toute boite. Tes yeux s'attardent sur les filles qui dansent autour de toi. Blondes, brunes, rousses, elles sont toutes charmantes, dans leur genre. Mais tu n'es pas encore d'humeur à draguer, il te faut boire un peu plus pour cela. Et puis, un dépressif ? On a vu meilleur séducteur. Tu bois ton whisky en regardant les gens qui s'agitent au son de la musique. Jusqu'à ce que ton regard s'arrête sur une personne.
Elle.
Eva. Celle qui t'a brisé le cœur en mille morceaux. C'est comme si elle te l'avait arraché à mains nues, en fait. Lorsqu'elle s'est tapé, allègrement, ton meilleur ami. Bouleversé par cette vision, tu restes bouche-bée. Qu'est ce qu'elle fout là? Tu ne sais pas quoi dire, pas quoi faire. Tu te gardes bien d'aller lui parler. Tu es terrassé par cette vision.
Tu la regardes. Elle danse avec un mec, un peu lascivement, d'ailleurs. Cela te file le tournis. Car cela te rappelle ce terrible jour où tu l'as surpris en pleine action avec ton pote. Tu ne peux néanmoins détourner ton regard. Cette apparition, toute droite sortie du passé, te semble irréelle. Elle est toujours aussi belle, avec ses cheveux en bataille et son doux visage. Ce visage que tu trouvais angélique, avant. Mais tu ne peux la considérer comme cela. Elle t'a encore plus brisé que tu ne l'étais déjà. Tu n'en crois toujours pas tes yeux. Est-ce l'alcool? Est-ce une hallucination? Tu te poses ces questions bêtes jusqu'à ce qu'elle croise ton regard. Merde, elle t'a repéré. Tu pensais que, avec cette foule et cette faible lumière, elle ne te verrait pas. Maintenant, tu te sens comme un con. Que peux tu bien faire? Tu ne vas quand même pas aller faire la conversation avec celle qui t'a trahi, il y a un an de cela. Peut être même plus, tu ne sais plus. Tu as tout fait pour tirer un trait sur cette sombre histoire. Tu ne vas pas briser tout ce que tu as réussi à faire pour l'oublier, en allant lui parler. Et en même temps, tu as tellement envie de lui rappeler à quel point elle s'est mal comportée, à quel point elle t'a fait souffrir. Tu as envie de la faire culpabiliser. Mais elle est avec ce mec, la musique est si forte, tu ne t'en sens pas le courage, pour le moment. A la place, tu bois, après avoir détourné ton regard. Elle est un fantôme du passé, auquel tu ne dois pas prêter attention.
   
   
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MessageSujet: Re: ghost from the past (eva) ghost from the past (eva) Empty8/3/2016, 19:51


   
ghost from the past

   
““Si tu plonges longtemps ton regard dans l'abîme, l'abîme te regarde aussi.””
   


Debout devant l’évier, Eva tente de reprendre doucement ses esprits. Ses mains s’agrippent à ses cheveux blonds avec nervosité. Ses mèches glissent au travers de ses doigts pour enfin de compte se balancer dans son dos. Son souffle est irrégulier, elle se sent comme oppressée et les paumes de ses mains se pressent contre ses tempes. Ces dernières se posent finalement contre le meuble de salle de bain, marbré à sa surface plane. Pendant de longues secondes- ce qui lui semble même une éternité- elle regarde cette ligne blanche et poudreuse qui se présente à elle. Le rail est si bien tracé, qu’elle se révulse à la détruire.
Ses doigts se posent contre sa lèvre inférieure, jouant de manière puérile avec. Ses vêtements haute-couture ne peuvent dissimuler le caprice qu’elle réalise à ce moment. Cela en devient convulsif et ses mains glissent le long de sa mâchoire ainsi que de son cou, maltraitant sa peau par cette pression malsaine. De légères traces rouges apparaissent suite à leur passage.
Elle cède à la tentation: le rail de coke disparait en l’espace d’une seconde. L’artiste peintre balance la tête en arrière, plongée dans d’incommensurable abîme et pourtant si apaisante: ses muscles se détendent et elle déglutit enfin avec aisance. Lorsqu’elle revient à elle, ses yeux verts clairs croisent son reflet dans le miroir- la poudre blanche persiste. Elle balaye avec  ardeur cette dernière avant d’ouvrir le robinet et de laisser l’eau froide déferler.
La porte subit alors quelques secousses ce qui l’éveille complètement de son délire. «  Il y a quelqu’un?»  demande une voix, trop intrusive à son goût. Levant les yeux au ciel elle attrape et ferme son Clutch Alexander McQueen de la collection Floral & Pearl Evening avec vigueur. Elle éteint l’eau et relève son regard vers le miroir; son maquillage ne semble pas avoir bouger. Ses lèvres sont toujours teintées d’un joli rose-orangé et ses yeux soulignés d’un trait d’eye-liner sont simplement plus vifs désormais.  
Elle recule de deux pas afin d’avoir une vision globale de son apparence- parfait. Ses Giuseppe Zanotti claquent sur le carrelage alors qu’elle se dirige vers la sortie des toilettes; elle ouvre avec véhémence la porte, découvrant une femme de la quarantaine, exaspérée par autant d’inconvenance. La française hausse simplement les épaules avant de poursuivre sa route.


◊◊◊

Assisse dans un Ubert, elle regarde Paris éclatante et ses lumières dansantes. Sa jolie tête blonde lasse, tombe gracilement sur le haut  de la banquette passagère. La drogue s’est dissipée inexorablement dans son sang durant le dîner, la rendant plus joviale qu’à son habitude. Eva sourit bêtement et rit alors plus aisément aux blagues de ses futurs collaborateurs… Elle séduit et fait fondre les coeurs avec encore plus d’aisance. Cela avait aboutit à la signature d’un contrat juteux au plat principal et une proposition lorsqu’elle déclara rentrer chez elle; l'agent en communication n’avait su résister à un tel charme.
'La fatigue l’avait tellement assénée qu’elle ne pouvait accepter, au risque de dire des sottises’- discours murement réfléchi.
Ses patrons soucieux de protéger une telle beauté avait alors commandé un Ubert, indiquant son adresse de domicile. La belle s’était empressée d’en fournir une tout autre une fois qu’ils eurent dépassé les rues donnant sur le Ritz. Le pont Alexandre III était d’une beauté à couper le souffle à cette heure avancée et lorsque la voiture traversa le pont, elle eut pendant un faible instant l’impression d’être une privilégiée.
Les lumière du Club dénommé 'Le Faust’  apparaissaient petit à petit dans son champ de vision. Elle se redressa avec asthénie, ouvrant sa pochette coutant plus d’un Smic, et sortit un billet de 50 euros. «  Gardez la monnaie » souffla-t-elle en ouvrant la portière et déposant les billet sur la banquette.
« Vous ne pouvez pas descendre ici...  » s’empressa le conducteur. Il était trop tard, elle était dehors, appréciant le vent hivernal qui effleurait la peau de sa gorge nue. Elle était ailleurs et dévalait la route pavé sur des talons de 15 cm comme ignorant le danger l'entourant.
Elle arriva enfin devant l’entrée du Club; les videurs la reconnurent aussitôt lui offrant quelque sourire. Sa main parfaitement manucurée vînt se poser amicalement sur l’épaule d’un d’eux avant qu’elle ne s’engouffre dans l’immensité putride de la boîte de nuit. La musique électro parvenait de manière inéluctable à ses oreilles- pourquoi persistait-elle à suivre ce chemin?
Les lumières électrisantes, d’un bleu trop prononcé, accompagnées de flash ne tarderaient pas à déclencher une crise d’épilepsie à quelqu’un. Elle atteignit un de carré VIP déclenchant la surprise de ses amis, qui à priori n’attendaient qu’elle. « Merci, non. » refusa-t-elle poliment lorsque Paul, photographe de mode de chez IKKS lui proposa un rail.
L’étudiante en art contemporain passa une main nerveuse dans ses cheveux, déplaça ses mèches rebelles d’un côté à un autre. Elle replaça de même son Blazer Helmut Lang noir qui lui faisait un décolleté des plus plongeants- il était possible d’observer la naissance de sa poitrine, au plus grand plaisir de certain. Eva était une belle femme, elle en avait pris conscience et désormais en usait et en abusait. La musique commençait à l’emporter, sa tête se pencha légèrement en arrière.
On lui tendit un verre de champagne, elle le but à moitié avant de s’élancer vers la piste. Tout de noir vêtue elle s’immergea rapidement. Son corps se balançait avec entrain, exaltation… Un individu se pressa contre elle, dansa lascivement contre son dos. À travers son pantalon en cuir, il lui semblait que ce partenaire soit un homme ce qui la força à se retourner pour apercevoir son faciès. Il lui était impossible de distinguer ses traits…
Ses mains se perdirent dans sa chevelure, pour remonter avec sensualité contre sa nuque. Où était-elle? Que faisait-elle? Sa tête se tourna alors en direction du bar et ses paupières s’ouvrirent; elle se tétanisa une fraction de seconde en l’apercevant. Le reconnaître n’était pas une difficulté; ces yeux d’un bleu cyan, elle ne pouvait pas les oublier. Elle déposa ses avant-bras sur les épaules de l’inconnu, continuant néanmoins de l’observer avec curiosité.
Il semblait être le même, peut-être plus marqué que par le passé, mais il arborait toujours ce souffle frappant. Eva n’avait considéré que deux personnes dans sa vie comme détenant cette délicate frénésie, cette élégance et splendeur indicible: sa mère et Ulysse… Ulysse; son prénom semblait lui même soupirer des langueurs inconnues et sensuelles. L’homme, qui devait être âgé de 28ans désormais, l’avait quitté du regard.
Sans s’en rendre compte, la jeune femme s’était éloignée du danseur extraverti pour s'avancer avec nonchalance vers l’impassible. Elle arrêta soudainement le pas, redécouvrant son visage… Si Ulysse avait été un poème, il serait certainement Le Serpent qui Danse de Baudelaire.
Ses yeux se perdirent au sol, fixant ses sttileto d’un beau cuir doré. Elle cru se revoir à la libraire trois ans plus tôt- il en était hors de question. Elle se reprit alors, tête haute , tel l’homme qui valait trois milliard, et avança vers le comptoir. Son corps longiligne se colla contre la paroi avec suavité.
« Un Jean Tonic » commanda-t-elle alors.  
   
   
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MessageSujet: Re: ghost from the past (eva) ghost from the past (eva) Empty10/3/2016, 01:12


 
ghost from the past

 
“Malheur à celui qui, au milieu de la jeunesse, s'abandonne à un amour sans espoir.”
 


Perdu dans tes pensées, l'alcool faisant son effet sur toi, tu ne remarques pas qu'Eva s'est approchée du bar. Tu tentes à tout prix de ne pas laisser toutes ces images te revenir en tête: votre première rencontre, votre premier baiser fiévreux, les disputes, les discussions jusqu'à l'aube, les nuits passées contre son corps chaud, ce terrible soir où tu l'as vue te tromper. Tu essaies de ne pas y penser mais justement, c'est en te disant cela que tout te revient en mémoire. Il faut que tu boives de nouveau. Si tu es soûl, tout ira mieux. Voilà ton credo depuis quelques temps. Tu bois ton whisky cul sec et en demandes un autre. Après un cinquième whisky, tu seras assez éméché pour oublier tout cela. Mais c'est sans compter sur la présence de la belle blonde, celle qui a brisé tous tes espoirs en l'amour, mais celle que tu ne parviendras probablement jamais à oublier. Tu as trop lu de romans, sûrement. Tu aimes cela, le tragique d'une relation amoureuse, l'impossibilité de s'aimer, les duperies, les disputes. C'est fou à quel point lire Musset et Proust t'a totalement détraqué.

Et puis, tu entends sa voix, malgré la musique tonitruante. Sa voix grave, suave, délicieuse. Cette voix qui t'a dit des mots doux mais aussi des choses terriblement cruelles. Tu te crois vraiment dans un cauchemar. Tu regrettes d'être venu seul. Si tu étais venu avec une fille, elle n'aura probablement pas osé s'approcher si près de toi. Ni même parler de façon à ce que tu l'entendes. Tu fermes les yeux et tu te passes les mains sur tes tempes. Tu aimerais tellement que tout cela ne soit pas réel. Eva, tu ne voulais jamais, ô combien jamais la revoir. Tu as réussi à te reconstruire à peu près, tu ne veux pas que tout ton travail sur toi-même soit ruiné par son apparition. Mais Paris n'est pas si grand, il faut croire. On finit toujours pas tomber sur ceux qu'on connaît. Et puis, tu as cru comprendre, quand vous vous êtes quittés, qu'elle est devenue une créature de la nuit, comme toi. Quelqu'un qui se bourre la gueule plusieurs fois dans la semaine, se fait des rails de coke en toute circonstances et se réveille avec des inconnus le lendemain. Elle qui était si innocente. Comme quoi, la dépravation nous guette tous.

Alors qu'elle regarde le serveur, tu portes tes yeux sur elle. Elle est superbe, dans son blazer noir. Tu te doutes bien qu'elle porte des fringues hors de prix. Il faut bien dépenser son argent quelque part. Tu détailles du regard sa bouche, son cou, ses épaules. Tu te souviens les avoir embrassés. Cela te tue, de te souvenir de tout cela. Avec nostalgie, en partie. Mais une nostalgie teintée de haine. Car oui, tu penses la détester, depuis ce jour tragique où elle t'a trahi. Tu ne te remets absolument pas en question et reportes toute la faute sur elle. Si tu étais réaliste et réfléchi dans cette affaire, tu verrais bien que tu as une large part de responsabilité dans votre rupture. Mais ton orgueil est immense, ton orgueil te tuera.

Vos regards se croisent et tu restes muet. Tu ne sais absolument pas quoi lui dire. Que peut-on bien se dire après un an d'absence ? L'eau a coulé sous les ponts, vous avez probablement énormément changé tous les deux. Pourtant, ta tristesse, elle, ne t'a jamais véritablement quitté. Ton visage reste impassible. Tu ne souris pas, tu ne clignes même plus des yeux en cet instant. Tu bois du whisky, de nouveau. Tu ne pourras supporter ces "retrouvailles" que si tu es complètement torché. La boîte est bruyante, mais à cet instant, c'est comme si la musique s'était éteinte. Comme s'il n'y avait plus que vous deux. Vous deux et ta rancœur. Tu ne peux pas la laisser retourner à son mec de tout à l'heure, tu ne peux pas la voir danser cette façon, cela te retourne l'estomac, cela te rappelle encore et toujours sa trahison. Comme elle est non loin de toi, tu finis par lui dire, assez fort, pour qu'elle entende: « Alors, tu viens te faire sauter par qui, ce soir ? » Tes mots sont humiliants, durs et vulgaires. Ils ne te ressemblent pas. Tu as toujours été correct avec les femmes, tu n'es pas du genre à les maltraiter verbalement ou physiquement. Mais tu as envie de lui montrer que ta rancœur ne s'est jamais véritablement éteinte et que tu ne comprends pas la personne qu'elle est devenue. Plus tard, tu regretteras sûrement de lui avoir parlé ainsi. Mais tu es déjà soûl, las et triste. Trop triste pour faire attention à la portée de tes paroles.
 
 
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MessageSujet: Re: ghost from the past (eva) ghost from the past (eva) Empty11/3/2016, 18:56


   
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““Si tu plonges longtemps ton regard dans l'abîme, l'abîme te regarde aussi.””
   


Le barman l'aperçoit alors au coin du bar et lui offre un large sourire. Face à son expression béate, Eva ne peut s'abstenir d'en jouer: ses dents se saisissent avec suavité de sa lèvre inférieure. Néanmoins, son pied droit tape nerveusement sur le sol, comme impatiente ou agacée.  Ses doigts glissent alors contre la surface du bar, saisissant le rebord opposé avec convoitise. L'employé du Faust termine avec promptitude le cocktail et sert alors la jeune femme -cliente régulière- dans la minute. « Merci  » siffle-t-elle à son encontre quand il remonta le regard vers sa personne. Sa voix aux tonalités succulentes eurent le don de le faire déglutir avec peine. Un sourire séraphique prit place sur les lèves de la française telle une véritable victoire sur l'adversaire.
Le jeune homme n'eut malheureusement pas le temps de s'attarder; les autres personnes attendant, tous plus impatients que les autres.
Le regard bleu-vert d'Eva dériva avec lassitude sur son verre et elle commença à jouer doucement avec- à défaut de proie masculine. Durant ce faible instant, Ulysse avait quitté ses pensées, la place qu'il occupait était dépourvue de sa personne et un poids s'était envolé de ses épaules. La vérité était tout autre. À cette pensée, sa mâchoire se serra légèrement et elle joua de ses molaires.
La jeune femme porta alors son Jean Tonic aux lèvres; l'alcool ainsi que l'acidité du citron déferla dans son oesophage déclencha une amertume et une sensation de brûlement encore et toujours difficilement supportable. Pourquoi buvait-elle ce cocktail? Ah oui, il était connu pour être "un rapide", un mélange bien élaboré pour vous faire tourner la tête avec rapidité. Elle haussa alors les épaules et bût le restant d'un trait. La parisienne secoua vivement la tête, ses cheveux blonds fouettant avec vivacité son visage d'ange. La musique changea soudainement et les couleurs d'un bleu électrisant aussi, ce qui attira son attention vers la piste de danse et alors qu'elle délaissa cette vue bien ennuyeuse pour retourner à la contemplation de son verre, désormais vide, elle croisa les yeux bleus d'Ulysse.
« Merde, il est encore là celui-là » soupira-t-elle d'une voix presque inaudible. Malheureusement elle fut bien vite aspirée par les abîmes. La mélancolie  prit place et les souvenirs remontaient inlassablement. Elle détestait la façon dont il avait de poser son regard sur elle et elle dégueulait sur les sentiments qu'elle éprouvait à son égard à cet instant... Ses mâchoires se serrèrent un peu plus; était-ce de la haine? Eva avait été pendant de longues semaines dans un état déplorable. Une sombre souffrance avait prit place dans son être, elle n'avait jamais ressenti une telle tristesse auparavant. Finalement elle était devenue maussade et sèche- l'élève dépassant le maître. Était-elle passée à l'étape de la colère? Certainement. Elle se sentait tellement désabusée d'avoir aimé un homme tel que Ulysse.
Eva ne parvenait pourtant pas à chasser de sa mémoire ces longues nuits d'été passées à ses côtés. Ils parlaient pendant plusieurs heures, de tout de rien... Parfois, il lui accordait une intrusion dans son intimité, aussi faible soit-elle. L'artiste peintre se souvenait parfaitement de la description de son père. Elle avait sans aucun mal imaginé cet homme d'une aura innommable et Ulysse tenait beaucoup plus de son paternel qu'il ne le pensait.
Ce dernier s'endormait alors avec facilité et tous ses démons le quittaient soudainement; Eva elle ne parvenait pas à trouver le sommeil et l'observait ainsi pendant des heures. Ses traits reposés, il paraissait plus jeune et insouciant. Ses doigts fins se perdaient alors dans les mèches brunes du libraire et elle jouait avec ces dernières inlassablement.
Elle perçu dans ses yeux un mépris, une rancoeur ce qui la foudroya sur place. Tout illusion de retrouver l'âme, l'esprit dont elle était éperdument tombée amoureuse disparu. Un sourire amère et hautain naquit sur le coin de ses lèvres et elle détourna son attention du brun.
Malheureusement, toute tentative de l'ignorer était vaine car Ulysse lui signifia dans la seconde sa présence avec quelque parole acerbe. Sourcil arqué, elle daigna donc lui porter à nouveau attention. « Alors, tu viens te faire sauter par qui, ce soir ? » Monsieur avait encore l'art et la manière de s'adresser à la gente féminine à priori. Eva, déposa son menton contre son épaule et le miroita un instant, pensive. Finalement, un rictus arrogant et piquant s'empara de son visage angélique, comme avilissant son interlocuteur.
« Certainement pas par toi Guillemin. Que veux-tu on ne change pas les bonnes habitudes .» lui lança-t-elle à son tour en haussant dédaigneusement les épaules.  « Et toi, à qui vas tu refiler tes MST? »





   
   
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MessageSujet: Re: ghost from the past (eva) ghost from the past (eva) Empty5/4/2016, 23:31


 
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“Malheur à celui qui, au milieu de la jeunesse, s'abandonne à un amour sans espoir.”
 
Faust. Il n'y a rien de plus adapté à la situation. En t'entichant de cette fille, il y a quelques temps de cela, tu as effectivement fait un pacte avec le diable. Mais quel délicieux pacte, sur le coup. Tu la regardes et tu te remémores la douceur de sa peau, son parfum suave et le goût de ses lèvres. Putain. Tout aurait pu coller entre vous. Mais tu as été un gros lâche, comme souvent. Tu n'as rien voulu tenter. Si elle l'a trompé, ce n'est même pas étonnant, finalement. Tu aurais dû t'y attendre. D'ailleurs, "tromper" n'est pas le terme adéquat. Vous n'étiez pas ensemble. Et ça, ça te bouffe de l'intérieur. De te dire que tu aurais pu vivre quelque chose avec elle mais que maintenant, tout est perdu. Elle a changé, toi aussi. A présent, elle doit être devenue aussi nihiliste et je m'en foutiste que toi. La femme que tu as aimé par le passé, celle qui aimait la littérature, croyait en l'amour et avait une vision si édulcorée de la réalité, n'existe plus. Rien qu'à la regarder ce soir, tu peux le voir. Ce n'est peut être pas si mal, après tout. Elle ne voulait sûrement pas rester une sainte nitouche, et à juste raison. Mais quand tu la regardes, tu as l'impression de voir toutes ces minettes parisiennes, qui se ressemblent toutes, qui pensent que la seule finalité dans la vie, c'est prendre de la coke et aller se déhancher au Baron. Elle a détruit le peu d'innocence qu'elle avait en elle. Tu n'es guère mieux, d'ailleurs, en la matière.

Tu bois ton whisky, déjà bien soûl que tu es. Tu dois te bourrer la gueule, ce soir, si tu veux supporter la vue de ce fantôme du passé. Oublier tes regrets. Calmer ta colère aussi. Tu ne lui as jamais pardonné ce qu'elle a fait, bien évidemment. Ni à ton meilleur ami, d'ailleurs, avec qui tu as cessé tout contact. Rien que de penser à quand tu les as vu... Cela te donne la gerbe. D'horribles images tournent dans ta tête. Tu finis ton whisky d'un trait. Si tu es encore plus soûl, tu arriveras à faire abstraction de la réalité. De toute façon, tu ne fais plus que cela, à présent: te soûler pour ne pas penser à ce que tu dois affronter et pour oublier le passé. La mort de ton père, la trahison d'Eva, tous tes échecs sentimentaux. Seule ta libraire, elle, te donne du courage. Tout le reste n'est qu'un vaste amas de frustrations et d'échecs. Tu le sais très bien, mais tu n'auras jamais la force d'en parler à qui que ce soit, ni de te plaindre. De par ton éducation, tu sais à quel point il est vulgaire de s'étendre sur ses problèmes.

Narquoise et arrogante, son regard et son sourire ne t'enchantent guère. Elle qui était tellement différente, auparavant. Comment peut on changer à ce point ? Comment peut-on vouloir ressembler à la parisienne que l'on voit à chaque coin de rue ? Ca, tu ne le comprendras jamais. Bien évidemment, elle est aussi acerbe que toi et te réplique des choses qui pourraient te blesser si tu n'étais pas soûl. Ca ne t'amuse pas, cela ne t'énerve même pas d'ailleurs. Votre conversation n'a certainement pas sa place dans un endroit aussi fréquenté, mais tu t'en contre-fous. Tu lèves les yeux au ciel et décides de la prendre de haut, ainsi que de lui rappeler son passé de fille à papa: « Que diraient tes parents s'ils savaient que leur fifille parlait comme ça... Moi-même, j'en suis tout choqué. » Tu n'étais évidemment pas du tout offusqué, tu comptais tout simplement répondre à ses sarcasmes par les tiens. Tu commandas de nouveau un whisky. Puis, tu la regardas, de haut en bas. Tu savais pertinement que ce genre de regard allait la mettre hors d'elle. Aucune femme n'aime être regardée comme un morceau de viande, et à juste raison. « T'étais habillée comme ça, le jour où tu t'es tapée Matthieu? Enfin habillée. C'est un grand mot. » Tu faisais référence à ton meilleur ami, celui avec lequel elle t'avait trahi. Tu continuais de boire. Tu commençais à sentir l'énervement monter en toi, mais aussi une infinie tristesse. Celle de voir à quel point tu avais échoué, dans cette relation, et que rien ne pouvait être réparé.

 
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MessageSujet: Re: ghost from the past (eva) ghost from the past (eva) Empty6/4/2016, 14:39


   
ghost from the past

   
““Si tu plonges longtemps ton regard dans l'abîme, l'abîme te regarde aussi.””
   


Ils étaient tombés amoureux, s’étaient aimé à s’en rendre fou, puis ils s’étaient détruits mutuellement l’un l’autre avec une langueur malsaine. Cela semblait être un jeu, un jeu dans lequel ils se poussaient chacun leur tout dans un gouffre immense. Il ne prenait jamais fin; leurs paroles étaient plus acerbes l’une que l’autre.
À présent, ils semblaient se haïr et bien que semblables, tout les séparait. C’était une contestation pleine d’ironie. Ulysse était tombé amoureux de la jeune femme candide et tarissant d’éloge quant au futur, à ses ambitions, ses rêves. Puis tout s’était éteint. Le libraire était maintenant rebuté par l’image qu’elle dégageait: une jeune femme impétueuse, avec une rancoeur amère. Le pire, c’est qu’il était responsable d’une telle «  monstruosité. »
Elle perçoit alors dans ses yeux une colère dissimulée. Le brun boit d’un trait son whisky, comme si l’alcool lui était salvateur. L’artiste retînt alors un rire- moqueur bien évidemment.
« Que diraient tes parents s'ils savaient que leur fifille parlait comme ça... Moi-même, j'en suis tout choqué. »
 lui lança-t-il arrogant et téméraire. Cette fois-ci Eva ne pu se retenir de rire. Sa langue vînt humidifier délicatement ses lèvres et elle secoua la tête comme soulignant l’absurdité de ses reproches.
La jeune femme se tourna, dos au bar et déposa d’une lenteur suave ses coudes sur la surface plane. Ses yeux verts se perdaient dans la salle du Faust. Elle sent alors le regard lourd de son ancien ami; il la détaillait avec irrespect et une avidité singulière.
Guillemin souhaitait la faire sortir de ses gonds; il ne supportait pas qu’elle puisse le mettre dans une rage aussi aisément. Malheureusement, ses paroles emplies d’animosité ou de maladresses n’étaient plus suffisante pour la blesser dans son orgueil. Manipulatrice.
Désormais, tout était à son avantage. Trop longtemps elle fut le jouet de tous. À présent le monde n’était plus qu’une vaste plaisanterie pour elle et elle s’amusait avec les sentiments des autres. Monstre.
« T'étais habillée comme ça, le jour où tu t'es tapée Matthieu? Enfin habillée. C'est un grand mot. » enchaîna-t-il. La jeune Legrand arqua un sourcil et son sourire ne s’était toujours pas éteint.
Ulysse décidait donc d’entrer dans la danse délibérément. Elle se dégagea du comptoir, contourna les individus l’entourant et s’approcha du français.
Son pas était lascif, ses hanches roulaient avec grâce. Elle se posta là, à quelques centimètres de sa personne.
La beauté d’Ulysse la frappa- c’était le même schéma chaque fois qu’elle le croisait. Dans cette libraire, dans leur café de prédilection, chez lui, dans ce bar. La différence aujourd’hui était son air impassible. Les émotions ne semblaient plus l’habiter: elle était un vide.
Ses yeux ne quittaient pas les siens- son regard était semblable à une caresse aigre, semblable à la mélancolie dans son plus bel aspect.
Les doigts de l’artiste, d’une finesse peu commune, se déposèrent sur les mains de son interlocuteur. Ces dernières entourait un verre de whisky. Habilement elle glissa sa paume contre ce dernier et s’en empara. Le buvant d’un trait; elle avait brisé en lui le peu d’amour qu’il lui portait, désormais elle lui volait tout échappatoire, tout espoir d’oublier sa douleur.
Lorsque le whisky glissa dans son oesophage, elle déposa avec délicatesse le verre sur le comptoir et porta son attention sur Ulysse.
« Choqué. Tu as toujours été bon menteur. » Elle laissa planer un silence, rapprochant dangereusement son visage du sien; elle était une lionne et lui une simple proie. À sa merci.
« Lorsque Matthieu m’a fait l’amour, je ne portais sur moi que quelques gouttes de Coco Chanel ». Elle reprit ses distances, sourire séraphique aux lèvres. «  Si tu le permets à présent, je dois vaquer à des occupations bien plus attrayantes »

   
   
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