Somewhere only we know

Yorick & Hugo

Pourquoi stresser autant ? Il n'y avait aucune raison. En fait, je n'avais pas beaucoup dormi de la nuit, tout ça à cause de lui, de ce gamin... Soupirant, je repoussais ma couverture pour me découvrir. Ça faisait bien une bonne heure que j'étais dans mon lit à cogiter, il était temps de me bouger un peu. Je n'étais pas forcément nerveux lorsque j'avais des rendez-vous, mais cette fois, si. Sûrement parce que je ne le connaissais pas au final, que je ne l'ai vu qu'une soirée et que l'on ne s'est pas parlé tant que ça. Qu'est-ce qu'il fait dans la vie ? Quelle âge il a au juste ? Et pourquoi est-ce qu'il voulait tant sortir avec moi ? Pourquoi moi ? Trop de questions qui me trottaient dans la tête et qui du coup me rendaient nerveux. Il était encore tôt, je me contentais de regarder la télé pour me changer les idées en attendant. On avait rendez-vous vers midi, pour manger un bout ensemble. Je ne lui avais pas donné rendez-vous là où je travaillais, je préférais rester prudent lorsque je ne connaissais pas. Mais il avait l'air sincère, j'ai pu le voir à ses yeux. De très beaux yeux d'ailleurs, tout comme l'ensemble de son visage. Et puis, quand il est parti, j'ai eu le temps de voir qu'il avait de belles petites fess... Reprends toi Hugo, tu ne peux pas te baser que sur un physique, sauf si ça ne concerne qu'un soir. Seulement, il n'avait pas l'air de vouloir ça et moi, moi j'étais perdu. Je ne savais pas ce que je voulais, je voulais simplement comprendre un peu plus cette situation et apprendre à le connaître lui, histoire que je puisse me faire une idée. Bon, il était temps de me préparer, de toute façon, je n'arrivais pas à me changer les idées.

Je filais sous la douche, profitant du contact agréable de l'eau tiède tandis qu'enfin j'arrivais à penser à rien pendant quelques instants. Sortant de la douche, j'enfilais une serviette autour de ma taille après m'être essuyé et je filais jusqu'à ma commode. Là, je mis une bonne quinzaine de minutes à décider de ce que j'allais porter. Il fallait que ce soit beau, mais pas trop et sexy, mais pas trop. Eh oui, pas si facile de se rendre à un rendez-vous. Une fois habillé, je me suis coiffé, mettant là encore plusieurs minutes avant d'être satisfait et une petite dose de parfum avant d'être fin prêt. Je quittais mon appartement avant de rejoindre le métro le plus proche pour me rendre jusqu'à notre lieu de rendez-vous. J'étais en avance, d'au moins une demie heure. Évidemment. J'avais comme une boule dans le ventre, une nervosité qui faisait un peu plus surface et en même temps, j'étais comme impatient, curieux de voir ce que tout ça allait donner. Plutôt que d'attendre dehors, j'entrais pour demander une table pour deux, précisant que j'attendais quelqu'un avant de commander. Ainsi, je fus installé à une table dans le fond, ce qui me rassurait puisque l'on serait plus tranquilles pour discuter qu'au milieu de la salle. Ainsi je patientais, tapotant nerveusement la table avec mon doigt tandis que j'observais l'extérieur pour le voir venir.

Et s'il attendait dehors en pensant que je n'étais pas encore arrivé ? Je n'avais pas pensé à ça à vrai dire, mais je ne pouvais pas non plus lâcher ma table, si ? Que faire ? Je réfléchissais un moment avant de finalement appeler un des serveurs. « Excusez-moi, je... Je vais chercher mon ami dehors, vous pouvez me garder la table ? Enfin, je ne pars pas du restaurant, je pars juste chercher mon ami, je reviens, s'il vous plait ne mettez personne ici. » C'était pas clair, mais tant pis. Je me levais, espérant que le serveur m'ait quand même compris avant de me dépêcher de sortir. En sortant, je me cognais contre le dos de quelqu'un d'un peu plus petit que moi, un dos ferme cela dit. « Ah, désolé... » En levant les yeux, je reconnus justement celui avec qui j'avais rendez-vous, ce dénommé Yorick. Je fus un peu surpris sur le coup tandis que la boule dans mon entre était à son paroxysme. Quelle belle entrée en matière ! Tandis que mes joues prirent une légère teinte pourpre, je tentais de me redresser pour me reprendre. « Tiens, salut ! Pile à l'heure ! Je suis arrivé un peu à l'avance, j'ai réservé une table, on devrait y aller avant que quelqu'un ne nous la prenne. » Ainsi, je l'accompagnais jusqu'à notre table tandis qu'on nous donnait la carte. Furtivement, je l'observais par-dessus ma carte, pour me le remettre à l'esprit. C'est vrai qu'il était pas mal, surtout ses yeux. Bon, comment amener tout ça ? « Alors... Yorick. Donc tu... Tu es amoureux de moi c'est ça ? Et tu aimerais qu'on sorte ensemble ? Mais... Enfin, c'est franc comme déclaration, mais c'est rapide, je ne te connais même pas ! Hum... Parle moi, parle moi de toi pour commencer ? Ou... De ce que tu veux... Enfin, histoire qu'on fasse connaissance, tu ne crois pas ? »

I'm burning alive

C’était le jour J. Le jour de son rendez-vous tant attendu avec le beau musicien qui avait ravi son cœur et éveillé quelque chose en lui. Il était tellement impatient que rien ne pouvait le contrarié, rien l’énerver. Il était complètement à l’ouest mais, il réussit à piquer la salle de bain avant ses colocataires qui ont alors râlé. Yorick pensait à Hugo pendant qu’il prenait sa douche, il était aussi nerveux que s’il avait été une collégienne ayant son premier rendez-vous avec le garçon le plus populaire de la classe. Il fallait qu’il ce calme mais son cœur en avait décidé le contraire. Yorick se demandait s’il allait réussir à tenir le coup, à tenir une conversation. Il espérait surtout qu’Hugo serait là. Après tout, Hugo avait dit « oui » mais Yorick restait un inconnu, un étranger à ses yeux et un frisson d’angoisse le traversa : et s’il ne venait pas ? Sa gorge se serra lentement et son ventre se tortilla de nervosité. Oh zut … non, non, non, il fallait rester positif. Hugo allait venir. Oui, il en était sûr … Mais peut-être que … NON ! Sa tête toucha le carrelage de la douche et il soupira. C’était bien la première fois qu’il était si nerveux et un rire s’échappa de sa gorge. C’était ridicule, c’était grisant ! Quelqu’un frappa à la porte de la salle de bain : « YORICK !! Sors de là, ça fait une demi-heure que t’es là-dedans, tu t’es noyé ou quoi ? » « Ahaha, désolé, désolé ! » « Grouille-toi mec ! » « Yep, je sors, deux minutes ! ». Il se sécha rapidement, il n’avait pas vu l’heure défilée. Il se précipita à l’extérieur de la salle de bain avec un petit sourire contrit sur le visage mais déjà un de ses colocs s’étaient enfermé dans la salle de bain. Il alla rejoindre sa chambre où il s’habilla d’un jean noir qu’il attacha avec une ceinture de cuir et d’une chemise banche. Il se peigna, enfila une veste avant de prendre ses clés, son portefeuille et de partir.

Yorick avait une sainte horreur d’être en retard, encore plus si c’était un rendez-vous qui lui tenait à cœur et là … ça lui tenait vraiment à cœur, comme si c’était LE rendez-vous de sa vie. Ca l’était, probablement. Heureusement, il connaissait Paris comme sa poche, il y était né et y avait grandi, ce qui était considérablement la tâche et savait quel transport en commun prendre pour aller à tel endroit et à quelle heure ils passaient. Quoi qu’il en soit, il arriva pile à l’heure au lieu du rendez-vous mais il ne rencontra pas le doux visage d’Hugo et le doute l’envahit ainsi que le stress. Peut-être était-il coincé quelque part et qu’il arriverait un petit peu en retard ? Ou peut-être qu’il ne viendrait pas du tout ? La boule dans sa gorge dont il avait réussi à se débarrasser revient au triple galop. Il fallait qu’il ce calme, qu’il respire. Il le fallait. Alors qu’il se décidait à faire les cent pas, quelqu’un lui rentra dedans par derrière. Il réussit à maintenir son équilibre et se tourna vers cette personne pour voir … Hugo. Le soulagement fît une rapide apparition sur son visage avec qu’un sourire et la tendresse apparaissent. « Salut, je suis content de te voir. » Et c’était sincère. Il le suivit donc à l’intérieur et jusqu’à la table où il s’installa face au jeune homme. Son sourire n’avait pas disparu. Un serveur apporta le menu, son regard se baissa sur ce dernier mais il revenait bien trop souvent sur Hugo. L’envie de le voir était trop forte et puis, Hugo était beaucoup plus intéressant qu’une carte de restaurant.

Yorick écouta Hugo jusqu’au bout, sans l’interrompre, ses yeux azurs étincelants d’une lumière qu’il ne pensait pas avoir. Hugo semblait aussi nerveux que lui et pour une raison obscure, cela lui permit de se détendre un petit peu. C’était bizarre hein ? Ses yeux se plongèrent dans les siens tandis qu’il s’installait plus confortablement et, sur le ton de la confidence dit : « C’est vrai, je suis amoureux de toi et je souhaite que l’on soit ensemble. » Direct et franc, comme d’habitude, le tact ? Il ne connaissait pas … ou très peu bien qu’il puisse ressentir de l’embarras, ce qui était le cas. Il ajouta ensuite : « Je t’ai dit que je t’aimais mais je ne sais même pas si tu es attiré par les hommes, dans tous les cas, tu n’es pas homophobes sinon, tu ne serais pas avec moi.  Je ne t’oblige à rien, c’est juste mon cœur qui est attiré par toi, un coup de foudre si tu veux. Je sais que l’on doit apprendre à se connaître mais au moins, tu sais ce que je ressens pour toi. » Il passa une main dans ses cheveux et détourna un peu le regard. Il lui sourit ensuite avant de reprendre : « Je ne suis pas très doué pour parler de moi donc, n’hésite pas à me poser des questions, j’y répondrais de façon honnête. Tu dois savoir que je suis plutôt franc et que parfois, les mots sortent de ma bouche sans que je puisse vraiment réfléchir … Hm … Qu’est-ce que je pourrais te dire … J’ai 21 ans et je fais des études de médecine, je travaille dans un bar comme serveur. Je vis en coloc dans le quartier des étudiants. Je suis en fait bisexuel mais ça, au pire, on s’en fout ahaha. J’ai un grand-frère, Hippolyte … Les prénom originaux, ils adorent ça mes parents haha. » Il a été interrompu pour le serveur et Yorick commanda le plat du jour, il n’était pas très difficile en nourriture. Il attendit que le serveur s’éloigne pour reprendre : « Hm … Sinon … J’aime bien faire la fête et quand je suis venu dans le bar où je t’ai rencontré, j’ai eu … je ne sais pas … comme une révélation ? Ou un coup de foudre comme je te l’ai dit ? Appelle cela comme tu veux mais je n’ai pas d’explication, c’est comme ça, je suis attiré par toi. Sinon, je ne sais pas trop quoi dire. Moi aussi, je suis curieux de te connaître Hugo, parle-moi de toi, s’il te plaît. » Son regard brillait d’intérêt mais pas d’une curiosité malsaine, maladive, c’était un intérêt comme un homme amoureux peut en avoir pour celui qui fait battre son cœur.

Somewhere only we know

Yorick & Hugo

Pourquoi est-ce que j'étais autant nerveux ? Ce n'était pas moi qui m'était déclaré, je n'avais rien à attendre de tout ça après tout. J'avais l'impression d'être un gamin qui allait à son tout premier rendez-vous. C'était ridicule, pourtant, je ne pouvais m'en empêcher. Je ne pouvais expliquer mes agissements idiots et niais, mais c'était peut-être parce que je n'avais pas eu de rendez-vous depuis pas mal de temps. Ou bien c'était parce que je ne voulais pas décevoir ces beaux yeux pétillants de joie qui me fixaient parfois. Il était assis, face à moi, Yorick, et je ne savais pas pourquoi mais son sourire trop franc et ses yeux brillaient me perturbaient. Je me demandais si mon père avait ressenti ça lui aussi lors de ses premiers rendez-vous avec ma mère qui était fan de lui. En fait, c'était sûrement le premier fan que je rencontrais, hormis ma famille évidemment. J'avais pris la parole en premier, j'étais le plus vieux après tout, quelque chose me disait que ça devait être à moi de démarrer et de tenter de poser les choses, de calmer ses ardeurs. Si ça se trouve, il était encore mineur et je risquais de gros ennuis. J'eus à nouveau droit à sa franchise sans limite qui me surprit malgré tout et mis légèrement mal à l'aise, à moins que ce n'était que de la gêne, de la timidité. Comment pouvait-on dire être amoureux sans ressentir aucun embarras ? Ce garçon avait au moins une grande qualité, à moins que ce ne soit un défaut. Malgré tout, embarras ou pas, je ne pouvais nier que c'était agréable d'entendre qu'on pouvait plaire, que certains pouvaient tomber amoureux de nous.

Je l'écoutais en silence, évitant de l'interrompre parce qu'il satisfaisait ma curiosité en m'en disant un peu plus sur lui. Un coup de foudre hein ? Je n'en avais jamais connu jusque là. En fait, je n'avais pas eu beaucoup de relations sérieuses, c'était surtout des coups d'un soir. Il faut croire que c'est monnaie courante entre deux hommes et j'avais appris à m'y faire, à supporter de ne combler que mes désirs physiques. Il fallait croire que ça arrivait de toute façon, bien que je ne savais pas comment gérer ça. Le serveur vint l'interrompre à un moment, pour nous demander ce que l'on avait commandé. Puisque c'était un petit restaurant pas cher, je m'étais contenté d'un burger, me rendant compte une fois en lui rendant la carte que ce n'était peut-être pas le plus sexy pour un premier rendez-vous. Ah ben tant pis, c'était une bonne façon de tester son coup de foudre justement. Finalement, il retourna la discussion vers moi, pour en savoir plus sur moi. C'était normal après tout, il fallait qu'il voit si son coup de foudre en valait le coup ou pas. Son regard me perturbait à nouveau, il avait l'air tellement intéressé, tellement amoureux. Je détournais les yeux, par gêne, avant de finalement me faire violence pour tenter de le regarder dans les yeux, du moins de temps en temps. « Moi ? Oh, je ne crois pas qu'il y ait grand chose à dire. Je... Hum... C'est vrai que te déclarer comme ça, ça aurait pu être dangereux, si tu étais tombé sur un homophobe qui aurait voulu te fracasser. Enfin, je pense que tu peux te défendre un minimum, t'es plutôt bien foutu. Euh.... Je veux dire, t'as l'air d'avoir de quoi te défendre ! » J'étais assez franc moi aussi, ce qui m'amenait souvent dans des situations plus gênantes encore. Heureusement que je ne suis pas allé jusqu'à parler du fait que j'avais remarqué qu'il avait des fesses visiblement musclés, du moins c'était ce qu'on pouvait devenir sous son pantalon. Bon, reviens en à la base Hugo.

« Mais tu as de la chance, j'aime les hommes moi aussi. Enfin, à la différence que moi j'aime que ça. Hum... J'ai vingt-cinq ans, alors je suis un peu plus vieux que toi, mais je suis rassuré de voir que tu n'es pas mineur à vrai dire. Tu fais assez jeune tu sais ? Comme tu le sais, je joue de la musique dans des bars le soir, mais la journée je suis aussi serveur, on aurait presque pu tomber au même endroit ! » Je rigolais tandis que la boule dans mon ventre rétrécissait. Tout se passait bien au final, du moins pour le moment et il avait l'air d'être quelqu'un de prévenant, de gentil. Qu'est-ce qu'il se serait passé si on avait travaillé au même endroit ? Est-ce qu'il m'aurait harcelé toute la journée ? Enfin, harcelé , n'est pas le bon moment c'est vrai. « Je suis content de savoir que j'ai au moins un fan d'ailleurs. J'adore ça la musique, c'est ma passion. Sans ça, je serais bien malheureux. C'est mon père qui m'a entraîné là-dedans, il est musicien aussi. J'ai un frère à qui je ne parle plus et trois sœurs dont une seule plus jeune que moi, elle a le même âge que toi d'ailleurs. » Le serveur arriva avec nos commande et l'odeur de mon hamburger m'ouvrit l'appétit. Je l'attrapais avec mes deux mains pour mordre dedans, ne me rendant pas compte que de la sauce s'était logé sur le coin de mes lèvres et un peu sur mes joues. Après avoir mâché et savouré ma première bouchée, je le reposais pour reprendre. « C'est vrai que t'es franc, t'es bien le premier que je connais à avouer son attirance de cette façon, sans gêne. Tu sais... C'est la première fois que je me trouve dans cette situation alors je ne sais pas vraiment comment m'y prendre, je pense qu'il faut simplement que je te demande d'être patient, histoire que je me fasse mon idée sur toi. » Je tournais ma tête un instant en entendant un enfant rigoler un peu plus loin et je fus surpris de remarquer qu'il me pointait du doigt. Sa mère lui fit la leçon, mais je me demandais pourquoi est-ce qu'il se moquait de moi. J'avais quelque chose ? Je tournais la tête vers Yorick, le questionnant du regard, avant d'enchaîner à la fois. « Au fait rassure moi, c'est la première fois que t'as un coup de foudre comme ça ou ça t'arrive souvent ? Et tu dis que c'est arrivé comme ça, mais par simple curiosité, je peux savoir ce qui te plais tant chez moi ? »

I'm burning alive

La discussion était entamée entre les deux hommes et Yorick sentait sa nervosité partir petit à petit. Hugo n’avait pas l’air d’avoir peur, de ne pas être ennuyé ou de vouloir partir ce qui lui permettait de souffler un petit peu. Discuter avec lui permettait à Yorick de se rendre compte qu’Hugo était bien plus qu’un excellent musicien et beau gosse. C’était quelqu’un de bien. Il le ressentait et cela ne s’expliquait pas, peut-être son regard, son comportement –qu’il trouvait d’ailleurs adorable-. Face au compliment d’Hugo, l’étudiant senti ses joues rougir tandis qu’un sourire apparaissait sur ses lèvres. « Merci pour le compliment Hugo. T’es franc toi aussi, je préfère cela ». Il était rare que Yorick se batte avec des personnes et quand il le faisait … ben il en ressortait tout aussi amoché que les autres mais avec la satisfaction de ne pas s’être laissé faire ni tombé sur le sol ou bien de fuir.

Yorick l’écouta ensuite jusqu’au bout, enregistrant ce qu’il lui disait avant de faire petite moue comique et de dire : « Rassure-moi, je fais pas quinze ans hein ? Mais si tu veux la preuve que j’ai 21 ans, je peux te sortir ma carte d’identité. » Il éclata ensuite de rire et lui dit pour le rassurer : « Enfin, on me le dit assez souvent donc, j’ai l’habitude, c’est de famille. J’aurais adoré travailler avec toi et en même temps, je pense que tu m’aurais détesté, par parce que je t’aurais stalker mais à force de ce voir … ça aurait pu être compliqué ? Enfin, je ne sais pas.» Comme c’était la première fois que cela lui arrivait, il ne pouvait pas vraiment savoir ce genre de truc et puis, comme il voyait que ses parents étaient très proches lorsqu’ils étaient ensemble et qu’ils se voyaient très peu, cela lui avait donné cette image : moins on se voit, plus on s’aime. Ce qui était plutôt bizarre, je l’accorde. Puis, il lui parla de sa famille, une grande famille, il devait y avoir une sacrée ambiance à la maison d’Hugo quand il était gosse mais il ne demanda pas pourquoi il ne parlait plus à son grand-frère, il n’était pas encore assez proche pour cela. De plus, si Hugo souhaitait lui en parler, il le lui dirait à ce moment-là, ce n’était pas à lui de faire ce premier pas. Yorick se retient de rire à grande peine en voyant le visage barbouillé d’Hugo, vraiment, il était adorable. Avec un sourire confiant et rassurant, il ajouta alors « Je suis certain que tu auras d’autres fans et que tu en a probablement déjà. J’étais loin d’être à l’aise, j’étais vraiment nerveux et gêné l’autre soir et aujourd’hui, j’étais terriblement nerveux, j’avais peur que tu ne viennes pas aussi mais maintenant, ça va beaucoup mieux héhé. J’attendrais Hugo, j’attendrais le temps qu’il faudra. » Il avait dit cela avec un air sérieux et déterminé, c’était ce qu’il ressentait après tout.

Il haussa un sourcil et, avant de répondre, mangea un bout de son plat avant de dire : « C’est la première fois que j’ai un coup de foudre … c’est peut-être même la première fois que je tombe véritablement amoureux de quelqu’un. Quant à ce qui m’a fait être attiré par toi … » Il approcha sa main de son visage et retira un peu de sauce de sa joue, le regard brillant d’amusement : « Malgré le fait que tu sois plus âgé que moi, tu manges encore comme un enfant et que je trouve cela adorable. » Il éclata alors de rire cependant, ce n’était pas un rire moqueur. Yorick attendit tranquillement qu’Hugo finisse de s’essuyer la bouche avant de hocher de la tête pour lui dire que tout était bon avant d’ajouter : « Plus sérieusement, ce qui m’a attiré chez toi …  en fait, pour être tout à fait honnête, je ne crois pas que ça puisse s’expliquer. Dès les premières notes de ta musique, quelque chose en moi s’est mis à bouillonner … Urgh … Et j’ai ressenti quelque chose que je n’avais jamais ressenti auparavant, tout simplement. » Il soupira, il avait conscience que ce n’était pas très clair mais il ne pouvait pas mieux expliquer car, lui-même, ne comprenait pas encore totalement ce qui l’avait fait tomber pour lui : « Tu dois me prendre pour un fou … », c’est ce qu’ajouta en murmurant Yorick tandis qu’il semblait absorbé par son plat. Il avala une bouchée pour se donner une certaine contenance avant de relever les yeux vers lui. « Tu ne sembles pas pouvoir croire que quelqu’un puisse tomber amoureux de toi … pourquoi ? Et comment ça se fait que tu ne sois pas plus connu que cela alors que tu as du talent ? » Il était probablement trop curieux mais il n’avait pas pu s’en empêche, cela lui semblait assez irréel.

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Yorick & Hugo

Franc, je l'étais oui. J'avais tendance à dire ce que je pensais assez souvent et j'étais impulsif en plus, autant dire que ce n'était pas un bon mélange dans certaines circonstances. Cela dit, je n'étais pas aussi franc que lui. Non pas que ça me gêne, c'était plutôt amusant en fait, de l'entendre prononcer des paroles sans s'y attendre. Au moins, on sait à quoi s'attendre avec lui et ça, c'est qui me plaît chez les gens, je dois bien l'avouer. Je ne pouvais m'empêcher de rigoler face à sa remarque sur son âge, ce qui me détendait un peu plus. Allez savoir pourquoi, mais j'avais le sentiment que je pouvais lui faire confiance à vrai dire. Peut-être à cause de sa franchise justement, ou bien simplement une impression générale. En revanche, j'ai été assez surpris par ce qu'il sous-entendait, à propos des gens qui se voient trop. Je n'étais pas sûr d'avoir compris où il voulait en venir, mais si j'avais vu juste, il avait une vision assez particulière de l'amour à mon avis. « Compliqué à force de se voir ? Je ne vois pas pourquoi, les gens que tu aimes bien, tu les vois assez souvent en général, parce que sans eux on s’ennuierait bien trop. Tu ne penses pas ? » C'était comme ça que je voyais les choses en tout cas, comme ça que j'avais toujours vécu jusque là : autour de gens que j'aime. Ma famille, mes amis, c'étaient des gens qu'il me fallait voir souvent, j'avais besoin d'eux, un peu comme la nicotine. C'était ma dose de bien-être, je ne pouvais concevoir de passer trop peu de temps avec eux. C'était d'ailleurs pareil dans mes relations amoureuses, mais il était encore trop tôt pour parler de ça avec Yorick.

J'étais assez surpris, encore une fois, de son honnêteté et sans doute qu'une légère teinte pourpre était apparue sur mes joues. En fait, j'appréciais le fait qu'il se confie autant, qu'il n'ait pas de limites entre ce qu'il pense et ce qu'il dit. C'était adorable quand je pensais au fait qu'il était nerveux lui aussi. Je n'étais pas le seul et ça me rassurait encore, bien que c'était normal pour sa part, plus que pour la mienne. Je devins rouge tomate lorsque Yorick essuya la commissure de ses lèvres, me faisant comprendre que je ne mangeais pas très proprement. Je me dépêchais de m'essuyer le visage, cachant à la fois mon visage gêné. Ok, ça m'arrivait parfois de faire des gaffes, mais j'étais sûr que lui aussi et quand son tour viendra, je m'amuserais autant à en jouer. « Je... Je ne mange pas comme un enfant, j'étais... distrait ! J'aurais dû prendre quelque chose de moins salissant pour cette fois. » Reprends toi Hugo bon sang, c'est toi le plus adulte, c'est à toi de te montrer viril et mature. Il m'indiqua que j'étais bel et bien propre avant de m'expliquer son ressenti. J'étais touché de voir que ma musique avait eu un tel effet sur quelqu'un, c'était sans doute le plus grand compliment que j'avais eu jusqu'à aujourd'hui. Je me mis alors à rire, un peu par modestie, mais aussi simplement parce que j'appréciais ses mots. « Non, je ne te prends pas pour un fou. En fait, je sais que la musique peut avoir un tas d'effet sur les gens, mais je crois que tu viens de m'offrir le meilleur compliment que j'ai jamais eu. C'est la première fois que ma musique et ma voix font un tel effet à quelqu'un, au point qu'il en tombe amoureux. » Maman, c'est pour ça que t'es tombée amoureuse de Papa ? Il faudrait que je lui demande, peut-être que ça m'aiderait pour ma situation aussi.

Je m'apprêtais à prendre une autre bouchée de mon burger avant de lui répondre, avant de me souvenir de l'histoire de la sauce. « Je crois que je vais utiliser des couverts pour cette fois, on sait jamais. » Souriant, j'attrapais donc des couverts pour me couper un bout et prendre une bouchée. « Je ne suis pas le genre pessimiste qui se dit que l'amour n'existe pas et tout et en fait, je sais que je peux plaire, mais... Aujourd'hui, c'est plus une question de sexe que d'autre chose. Je ne suis pas du genre grand romantique, mais j'avoue que ça me manque un peu d'avoir quelqu'un. J'ai eu beaucoup de conquêtes, autant te l'avouer, mais seulement quelques histoires d'amour. » Il était franc avec moi, je préférais l'être totalement avec lui, histoire d'être équitable. « Et puis c'est la première fois qu'on me déclare son amour avec tant d'honnêteté, c'est sans doute ce qui me surprend le plus entre nous. » Je rigolais, comme une sorte de petite moquerie, mais sans méchanceté. Juste pour le taquiner. « Et je te remercie pour tes compliments, mais tu sais, ce n'est pas facile de percer dans la musique. J'aimerais ne vivre que de ça, pouvoir faire rêver des tas de gens, mais pour le moment, j'aurais surtout besoin d'un groupe. Alors je me contente des petits bars en attendant de pouvoir me rapprocher de mon rêve, mais ça a son charme aussi. » Peut-être qu'au fond, j'avais aussi un peu peur de me lancer pour tomber de trop haut. Mais au moins maintenant, grâce à Yorick, je savais que ma famille n'était pas les seuls à aimer ma musique. Il était temps en tout cas de détourner la conversation à mon tour. « Bon et dis moi, tu as eu plusieurs histoires d'amour pour ta part ? Je pense bien que t'as dû faire tourner la tête de certaines et même, de certains. » Avec des yeux comme ça, impossible qu'il n'ait pas été l'un des plus populaires dans sa vie. Il avait quelque chose d'attachant aussi, il était vrai. « Oh en tout cas, promis, la prochaine fois que tu viendras me voir me produire dans un bar, fais moi signe et je t'invite dans ma loge. Dis-toi que c'est un grand honneur, tu seras le premier à y passer ! » Je lui fis un clin d’œil avant de rigoler de ma propre bêtise. On ne pouvait pas appeler ça une loge, c'était une petite pièce qui servait de débarras en temps général dans la plupart des bars. Cependant, c'était aussi pour lui signifier que je comptais bien le revoir après aujourd'hui, même si le rendez-vous n'était pas terminé. J'avais besoin de temps, mais les choses étaient bien parties et petit à petit, il réussissait à me plaire de plus en plus.

I'm burning alive

Il sourit lorsqu’Hugo commença à rigoler, cela signifiait qu’il commençait à lui faire confiance ou quelque chose dans le genre. Lorsqu’Hugo posa sa question face à la remarque de Yorick, ce dernier ne savait pas quoi répondre. Il resta un instant silencieux, prenant le temps de réfléchir en observant un couple un peu plus loin. Il haussa ensuite les épaules et dit en souriant : « Oui c’est vrai mais cela dépend aussi peut-être des personnes. J’imagine que j’ai dit ça parce que j’ai toujours connu ce genre d’atmosphère … ». Cela pouvait sembler irréel pour des personnes qui avaient grandi dans une famille où l’amour était bel et bien présent et visible mais chez les Renard … on ne disait pas « je t’aime », les câlins étaient rares tout comme la présence des parents. L’excellence des enfants devait être visible à tous mais pas les faiblesses, c’était comme ça chez lui. Son regard azur était parti un petit peu loin et il secoua la tête pour revenir à la réalité : « Oups, désolé » dit-il avec un petit sourire contrit. Il n’avait pas non plus eu une vie malheureuse hein, il y avait bien pire mais l’absence de ses parents avaient laissé une sorte de vide en lui et, probablement en Hippolyte aussi. Bien changement de sujet, c’était un jour joyeux aujourd’hui !

Heureusement pour lui, Hugo semblait un peu maladroit aujourd’hui –et peut-être les autres jours aussi ?- ainsi, il se retrouva avec de la sauce autour de la bouche. Bizarrement, Yorick trouva cela adorable –il était vraiment amoureux hein …- et il ne retient pas le geste tendre pour lui enlever une partie de la sauce. La réplique d’Hugo le fît beaucoup rire par la suite, c’était possible et à la fois peu crédible. Par la suite l’étudiant se retrouva légèrement rouge sur les joues sans vraiment savoir pourquoi, ce n’était pas un compliment qu’il lui faisait, il n’était pas une fille pour rougir de la sorte mais … mais il l’avait fait. Il sourit légèrement et dit : « Je pourrais te le redire quand tu veux Hugo parce que c’est vrai et je découvre que ta musique est un peu comme toi. Elle va directement au cœur et reste à l’esprit. Elle est honnête et franche. Et ça fait du bien. » Encore une fois c’était totalement sincère et il fallait qu’il le dise. Il avait parfois du mal à retenir les mots de sortir et on lui disait souvent qu’il manquait de tact, ce qui était vrai dans un sens.

Yorick l’écouta avec une grande attention hochant la tête tout en mangeant son plat car il ne voulait pas qu’il refroidisse, souriant de temps en temps. Il se redressa ensuite, essuya sa bouche avant de boire une gorgée d’eau pour répondre : « Je me doute que tu as connu d’autres hommes dans ta vie car en plus d’être beau garçon, tu es quelqu’un de bien comme on dit. » Il sourit, bien entendu, il jalousait ces garçons qui avaient pu avoir des rendez-vous amoureux avec lui, marché dans les rues de la capitale main dans la main mais en même temps, il se disait que, peut-être, il serait le prochain. Il hocha de la tête et ajouta ensuite : « Je ne connais pas beaucoup au monde musical bien que j’aime en écouter mais je te crois. A ce qu’il paraît jouer dans des bars et autre permet d’apprendre, que c’est comme une école, c’est vrai ? » C’est ce qu’il avait entendu dire. Lui n’était pas musicien mais il connaissait quelques personnes qui l’étaient et c’était ce qu’ils disaient. « Si tu cherches à monter un groupe, tu pourrais passer une annonce ou quelque chose du genre ? Et moi, je peux essayer de voir parmi mes amis(es) s’ils sont intéressés ou s’ils connaissent du monde qui seraient intéresser, qu’en dis-tu ? » C’était une proposition comme une autre, c’était ainsi que se construisait un réseau après tout. Enfin, il partait loin tout de même là. Hugo dévia la conversation et Yorick préférait quand Hugo parlait de lui, il avait l’impression que le jeune homme avait une vie trépidante comparer à la sienne. Il haussa de nouveau les épaules et dit : « C’est vrai, j’ai eu quelques aventures mais, comme je l’ai dit, je ne crois pas être tombé amoureux de quelqu’un auparavant. C’est pour cela que je me faisais larguer haha … Je n’étais probablement pas assez sincère … » Comme dans la plupart des choses qu’il faisait à vrai dire. Ses études, il ne les faisait pas pour lui mais parce que son père le voulait. Il n’avait pas vraiment de passion et s’était toujours obstiné dans ses études jusqu’à ce qu’il décide de prendre son indépendance. « Tu n’as pas peur que je t’ « attaque » si tu m’invite dans ta loge ? » dit-il d’un air sérieux avant d’éclater de rire. « Ne t’inquiète pas, je ne ferais rien sans autorisation du principal concerné. » C’était nul, il fallait bien l’avouer mais il n’avait pas pu s’empêcher de le taquiner un petit peu. Il lui offrit un clin d’œil avant d’ajouter : « Tu as d’autres passions que la musique sinon ? » cela lui permettrait de réfléchir à un prochain lieu de rendez-vous pour lui faire plaisir. Le serveur revient pour prendre leurs assiettes et Yorick commanda un café parce que cela lui permettait de rester un peu plus longtemps avec Hugo. « Tu veux prendre quelque chose Hugo ? C’est moi qui paie aujourd’hui. » Et même si Hugo n’était pas d’accord, il paierait quand même.  

Somewhere only we know

Yorick & Hugo

J'avais de la peine pour Yorick. Je ne comptais tout de suite en savoir plus sur sa famille, mais de ce que je comprenais, il n'avait pas eu l'air de grandir avec une famille expressive. Elle était sûrement aimante, à sa façon, mais j'avais l'impression de lire un peu de solitude dans ses yeux, alors que son regard se perdait je ne sais où. Il s'excusa, je lui répondis avec un simple sourire alors qu'il me faisait vraiment de la peine. J'aurais presque pu le prendre dans mes bras, là, pour le réconforter, lui montrer ce que c'est qu'être tactile, de montrer ses émotions. Mais bien vite, la conversation changea de sujet et il me fit un compliment, à nouveau. Ça me gênait un peu à vrai dire, dans le bon sens évidemment et malgré tout, je ne serais pas contre qu'il me le redise quand il veut. En fait, c'était agréable lorsqu'il me faisait des compliments, ça me faisait vraiment plaisir. Sa sincérité n'arrêtera sans doute jamais de me toucher autant, mais ce n'était pas un mal, bien au contraire. « Eh bah... Merci, ça me fait vraiment plaisir Yorick. Vraiment. » Je lui lançais un sourire, ne pouvant me dégager de son regard pendant quelques instants. Il commençait à m’envoûter, alors que ce n'était sûrement pas son but ou du moins, que c'était fait inconsciemment. Ce qui lui donnait encore plus de charme à vrai dire.

Encore des compliments, mais malgré tout, derrière ses mots, j'avais l'impression de déceler une petite jalousie, ce qui m'amusait un peu. Il pourrait être jaloux de ceux que j'ai rencontré jusque là ? Il n'avait pas à l'être, du moins pour la plupart, car j'étais déjà plus attaché à lui qu'à beaucoup de mes conquêtes d'une nuit. « Je ne sais pas si on peut vraiment dire que c'est comme une école, mais en tout cas, ça me permet de pratiquer devant des gens, de m'habituer aux regard et aux critiques s'il y en a et surtout, d'avoir un peu plus d'expérience à chaque fois. Enfin, je t'avoue que c'est purement par plaisir que je fais ça, parce que c'est une sensation tellement agréable ! » Et lui, il pouvait ressentir ça ? Il avait une passion du genre ? Il fallait que je sache, c'était toujours important comme information après tout. Mais peut-être qu'il n'en avait pas, il m'avait bien dit qu'il avait ressenti quelque chose d'aussi fort que lorsqu'il a entendu ma musique. Je me relevais suite à sa proposition, excité et effrayé à la fois. Il me poussait, j'appréciais ça et ça me faisait un peu peur, mais venant de sa bouche, j'avais l'impression que c'était possible. « Tu ferais ça pour moi ? C'est super sympa ! C'est vrai que je n'avais pas encore pensé à faire une annonce ou quoi, mais c'est une bonne idée, tu penses que des gens seraient intéressés ? » Peut-être, avec son aide. Il avait vraiment l'air spécial, allez savoir pourquoi. Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire lorsqu'il me parla de ses anciennes relations, alors qu'il n'y avait rien de drôle, à part une chose. « Pas sincère ? Toi ?! Non, je ne te crois pas, ce n'est pas possible ! » C'était le gars le plus honnête au monde, comment il avait pu ne pas être sincère ?

Je souriais, amusé par sa remarque quant à ma loge, qu'il tentait aussitôt de rattraper. « Oh t'en fais pas, si le concerné est intéressé, tu le sauras très vite. » Accompagné d'un clin d’œil. Je n'en étais pas à ma première séduction, sur ce point j'étais sans doute moins maladroit que lui. Peut-être pas tant, il me fit la même chose à vrai dire. J'attendis avant de répondre, tandis qu'il commandait un café. « Non merci, ça ira, et hors de question que je te laisse payer ! » Je disais ça, mais je savais qu'il insisterait, j'en étais sûr. Enfin, s'il n'avait pas prit de café, c'est moi qui en aurait pris un, pour faire durer le rendez-vous. « En tout cas, je n'ai pas d'autres grandes passions, pas comme la musique en tout cas, mais et toi, tu en as ? » L'occasion idéale de lui demander. Le café arriva bien vite et le serveur s'éloigna, nous laissant seuls à nouveau. Je l'observais, d'un air distrait. « Tu sais Yorick, notre rendez-vous n'est pas encore terminé je sais, mais je tenais à te dire que... C'était un moment très agréable, je suis content d'avoir fait plus ample connaissance avec toi. Tu dégages un quelque chose de... Spécial, peut-être à cause de ton honnêteté, je ne sais pas. Mais en tout cas, tu as bien fait de m'avouer tes sentiments, je te l'assure. » Je n'en avais pas pour lui, je ne pouvais pas être si rapide, mais j'avais une attirance, c'était certain. Il me plaisait, autant physiquement que mentalement et j'entrevoyais peut-être quelque chose avec lui, une histoire. Peut-être. Je lui souris, pour accompagner mes paroles. Bon puisqu'il aimait l'honnêteté, il fallait aussi que je me lâche sur cette chose qui me gênait. « Et je... C'est sans doute indiscret, mais je me demandais... Comment est ta famille ? Tu as l'air d'avoir une conception de la famille et du couple complètement différente de la mienne. Ce n'est pas mauvais, mais... Tout à l'heure, quand tu étais pensif, tu avais presque un air triste alors... Je me permets de te demander. » Je ne voulais pas le faire souffrir ou quoi, juste en savoir plus sur lui. Je glissais ma main lentement jusqu'à la sienne pour l'attraper et la serrer, lui lançant un sourire compatissant. Sa main était chaude, c'était vraiment agréable comme contact. C'était une première approche, un premier rapprochement entre nous. C'était peut-être niais ou quoi, mais je m'en fichais, mon cœur battait un peu plus fort et ça me suffisait amplement.

I'm burning alive

Yorick l’écoutait avec plaisir. Entendre quelqu’un parler de sa passion était toujours intéressant mais quand il s’agissait de l’homme que l’on aime, ça l’était encore plus selon lui. Bien qu’il ne comprenne pas complètement comment une personne peut être tellement passionné par quelque chose, cela le dépassait lui qui n’avait jamais véritablement été passionné par quelque chose. Il avait parfois l’impression d’être un vilain petit canard parce qu’il était différent des autres sur ce point. Il croyait ce que disait Hugo, il sentait qu’il ne mentait pas, il avait vu son visage, son regard quand il était sur scène qui était encore différent de ce qu’il voyait durant ce rendez-vous. Il sourit doucement et hocha de la tête : « Bien sûr que je peux faire ça. Et je crois sincèrement que cela pourrait intéresser du monde s’ils sont aussi passionné que toi alors, il n’y aura pas de souci. Je ferais passer le mot si tu es d’accord bien entendu. » Bizarrement, Yorick était sûr qu’Hugo allait accepter, vu son enthousiasme, c’était impossible que ce soit non comme réponse. Et puis, ils passèrent à leurs différentes conquêtes et Yorick haussa les épaules : « Oui, je n’étais pas sincère parce que je n’étais pas vraiment amoureux d’eux, voilà ce qu’ils me reprochaient bien que je n’ai jamais trompé qui que ce soit. Je ne sais pas comment ils savaient mais … ils le savaient. C’est bizarre non ? » Malgré le fait que Yorick soit plutôt beau garçon, il avait un petit peu de mal avec les relations longues et parfois les sentiments des autres. Pas qu’il soit naïf ou stupide mais il n’était pas vraiment doué pour ce genre de choses.

Yorick éclata de rire suite à la remarque d’Hugo bien que ses joues se sont teintées de rose. S’il faisait cela, il ne résisterait pas à la tentation de le prendre dans ses bras ou de l’embrasser ce qu’il voulait empêcher pour ne pas lui faire peur. Après tout, il avait bien dit qu’il attendrait que le principal concerné soit d’accord. Il n’allait quand même trahir sa parole … Quoi que, son impulsivité était parfois trop grande. Un sourire éclaira le visage de Yorick : « Qu’est-ce que tu paris que je vais payer moi-même ? » son intonation de voix était amusé mais cela ressemblait presque à un défi. Est-ce qu’Hugo allait mordre à l’hameçon ou laisserait-t-il couler ? C’était une question qui, maintenant le titillait assez. Il s’étira un instant, réfléchissant à la question avant d’hocher négativement de la tête : « Non, je n’ai pas de grandes passions comme toi avec la musique. J’aime bien faire du sport ou écouter de la musique mais ça s’arrête là. Je suis un peu à part dans la famille.» Il laissa échapper un léger sourire en coin : « Enfin, ce n’est pas si grave de ne pas avoir de grandes passions … si ? » Il lança une petite moue contrarié bien vite remplacé par un grand sourire sur son visage. Son cœur s’était un petit peu trop emballer, il faisait des loopings dans sa poitrine … Est-ce qu’il pouvait espérer ? Il fallait qu’il se calme, si jamais Hugo ne l’aimait jamais en retour il … cela ferait trop mal. Il laissa de côté cette pensée pour répondre doucement : « Je suis très heureux que tu penses cela. Je me sens … soulager de t’avoir avoué mes sentiments également et si tu veux tout savoir, je crois que je t’aime de plus en plus. Ah mais je ne veux vraiment pas te mettre la pression, c’est juste qu’il fallait que je le dise. » Le serveur revient avec le café, Yorick attendit qu’il s’éloigne pour ajouter : « Désolé ». Désolé de déballer ses sentiments. Désolé d’être si franc. Désolé d’être sans tact. Désolé de parler avec de réfléchir. Oui, c’était un peu pour tout cela qu’il s’excusait.

Il attrapa de la main gauche sa tasse de café et prit une gorgée. La question d’Hugo le prit au dépourvu pendant une seconde. Il déposa la tasse et il eut un rire nerveux : « Ah désolé de t’avoir inquiéter. » Et puis la main d’Hugo se posa sur la sienne. Yorick posa son regard azur sur cette main chaleureuse et aimante quelque part. Il sourit. Il n’osa pas bouger de peur qu’il retire sa main, ce qui aurait été très dommage car il aimait cette sensation. « En fait Lyte et moi on a plus vu notre nourrice que nos parents quand on était plus jeune. Ils étaient toujours très occupés. Mon père est médecin aux urgences et ma mère professeur de littérature à l’université … Et puis, c’est extrêmement rare quand ils nous prennent dans leur bras et je n’ai pas de souvenir qu’ils nous aient dit un jour qu’ils nous aimaient. Ce que je sais c’est qu’ils s’aiment vraiment mes parents. C’est bizarre aussi … on est vraiment une famille décalé par rapport au reste du monde. Mais Lyte et moi, on ne manquait de rien sinon et puis, on était toujours tous les deux. Donc, ne t’en fais pas plus que cela. » Il ne l’aurait pas dit à tout le monde mais il pouvait faire confiance à Hugo et puis il n’avait pas envie qu’il s’inquiète ou qu’il pense qu’il n’était pas heureux. Et puis, peut-être qu’il avait besoin de se confier à quelqu’un au final. Il termina son café qui commençait à refroidir et il fît une petite grimace. Urgh … le café froid c’était vraiment pas bon. Cependant, il n’avait nullement envie de se lever et partir, il voulait rester là pour parler encore et encore avec Hugo. « Quand tu m’as parlé un peu de ta famille, j’ai eu l’impression que c’était une famille aimante, chaleureuse et qui se disait facilement « je t’aime » ou des câlins, je me trompe ? » Il n’osait toujours pas aborder le sujet de son frère puisqu’ils ne se parlaient plus apparemment et il n’avait pas envie de le froisser ou  de le blesser. Peut-être valait-il mieux changer de sujet ? « Au fait, est-ce que tu veux qu’on échange nos numéros de portable ? Ca serait sympa de pouvoir se parler comme on veut et quand on veut. » Il avait surtout envie de garder le contact avec Hugo. Le serveur passait et repassait derrière lui, il le voyait dans la glace face à lui, ce qui avait tendance à l’agacer de façon prodigieuse : « Hm … Hugo, tu veux qu’on aille autre part pour continuer à faire connaissance ? » Non, il n’y avait pas de sous-entendu là-dessus vilains pervers, il détestait simplement avoir l’impression d’être épier et d’avoir la pression pour sortir d’un endroit parce que d’autres personnes attendaient !

Somewhere only we know

Yorick & Hugo

Yorick était amoureux, vraiment amoureux, n'importe qui pourrait le voir et moi le premier. La façon dont il me regardait, dont il me parlait, toutes ses mimiques et ses expressions. Tout ça montrait clairement la façon dont il me voyait et c'était plaisant à vrai dire, flatteur et agréable, très agréable. Il était prêt à tout, il était prêt à m'aider même pour quelque chose qui ne le passionnait pas en soit, juste pour me faire plaisir. Je ne pouvais pas m'empêcher de me contenter de sourire, emporté par son optimise, par son courage. « Bien sûr que je suis d'accord, c'est très gentil de ta part, merci ! » En fait, je comprenais un peu ce qu'il me disait, par rapport à ses anciennes conquêtes. Quand l'autre n'était pas amoureux, ça se voyait, ça se sentait. C'est aussi pour ça que les choses étaient difficiles pour moi, pour faire un choix. S'il m'avait avoué son amour alors que ça n'en était pas, je l'aurais vu, je l'aurais repoussé en douceur. Seulement, pour une fois apparemment, il semblait vraiment amoureux. Je lui souris alors. « Ce n'est pas si bizarre non, on ressent facilement ces chose là tu sais. Par exemple là, je peux savoir combien tes sentiments sont vrais, pas juste parce que tu le dis sans aucune gêne, mais aussi parce que tes yeux pétillent, parce que tu me dévores souvent du regard, parce que tu souris beaucoup. Je le sens, tu vois ? » Et lui, que ressentait-il de son côté ? Est-ce que j'envoyais des signaux moi aussi ? Est-ce que j'étais plutôt positif ou négatif ? Non, j'étais positif, je le savais, il me plaisait de plus en plus, c'était un garçon qui ne pouvait pas laisser indifférent, Yorick.

Bien sûr qu'il finirait par payer, il réussirait à me prendre de court, mais je n'avais pas dit mon dernier mot et j'étais prêt à me battre pour payer. Quoique. Je rigolais un peu, amusé par sa remarque. « D'accord alors disons que tu payes aujourd'hui, mais la prochaine fois, c'est mon tour ! » Et cette fois, il n'aura pas son mot à dire, j'y ferais attention. D'ailleurs, c'était aussi une façon de lui confirmer qu'il y aurait une prochaine fois, que je voulais le revoir, que j'avais envie de passer du temps avec lui encore. Je souris sur ses inquiétudes concernant les passions avant de secouer la tête, à la négative. Il fallait que je le rassure un peu je crois. « Non, ce n'est pas grave, tout le monde n'en as pas forcément. Les passions, c'est un sentiment agréable, mais il y a d'autres sentiments autant agréable. » J'étirais un sourire plus joueur alors qu'une pensé me frôlait l'esprit. « Et la passion, on peut aussi en trouver dans un couple, c'est d'ailleurs une passion bien plus puissante dans ce cas, quand elle est liée à l'amour. » Je fronçais les sourcils en l'entendant s'excuser. Pourquoi ? Pourquoi s'excuser ? Je ne comprenais pas et du coup, je n'ai pas su vraiment quoi répondre, préférant ignorer ce mot. J'aimais qu'il soit franc, qu'il se confie, qu'il déballe ses sentiments. Ça me plaisait, beaucoup.

Je l'écoutais raconter son passé, sans prononcer le moindre mot, juste pour comprendre. Je ne pouvais m'empêcher de serrer un peu sa main dans la mienne, compatissant avec ce qu'il me racontait, bien qu'il n'avait pas eu une enfance malheureuse non plus. J'aurais voulu le serrer contre moi, le réconforter, allez savoir pourquoi. Il enchaîna sur ma famille et je pensais à mon frère, à ma nièce, l'espace d'un moment, mais je ne préférais pas lui en parler, pas tout de suite. « C'est à peur près ça oui. Nous étions beaucoup d'enfants, nos parents ont toujours été très aimants, ils nous ont toujours encouragé dans tout ce que nous entreprenions, ils ont toujours été là pour nous sans parler qu'entre frères et sœurs, on était tous soudés aussi. Oui, je dois avouer que dans ma famille, j'ai eu l'habitude des sentiments, des câlins et des bisous, je ne peux pas me plaindre. » Mais peut-être que je pourrais lui faire découvrir aussi, si tout va plus loin. Je retire ma main de la sienne pour aller chercher mon portable dans ma poche quand il me propose d'échanger nos numéros et je lui donne le mien, intéressé par l'idée. Il proposa ensuite de s'en aller et je hochais de la tête. « En fait, il va falloir que j'aille bientôt travailler malheureusement, donc on va devoir se quitter là, mais on se reverra, ne t'en fais pas ! » Ainsi, il paya, comme il l'avait prévu et nous sommes sortis en dehors du café, c'était le moment des au revoir. « Bon... Bah ça aura été un super moment écoute ! Tu es quelqu'un de vraiment bien Yorick et j'avoue que je suis pressé de te revoir, on se décidera ça par messages maintenant qu'on a nos portables ? Alors, je te dis... A plus ? » Je lui tendis la main, pour serrer la sienne avant de m'éloigner. Quel abruti ! Tandis que je commençais à partir, je me rendais compte que je regretter mon geste. Lui serrer la main. Autant lui faire un doigt, c'était la même chose. Non, je ne pouvais pas le quitter comme ça pour notre premier rendez-vous, pas avec ce que je ressentais. Je me retournais alors pour revenir vers lui, il était de dos, il avait prévu de partir aussi. J'attrapais son épaule pour l'avoir face à moi et je déposais un baiser tendre, doux et chaste sur ses lèvres. Un premier baiser, celui qui signifie une promesse. Une fois nos lèvres séparées, je lui souris alors avant de partir pour de bon cette fois, impatient de le revoir, euphorique, heureux.