C'est fou le nombre de calories qu’on pouvait trouver dans un yaourt nature. Depuis au moins une bonne demi-heure, Gaspard s'embêtait à faire le tri dans ses aliments. Non il ne suivait pas un régime hypocalorique, mais sa sœur oui. Bouffer un yaourt nature amer dégeulasse et sans sucre en plus (en tant que plat principal il tenait à le préciser) qui au final valait 65 calories, il ne comprendrai jamais ce choix. Sa vie était voué au double-cheese et nuggets. Mais un yaourt nature please ? Pour le peu que ça tenait dans son estomac généreux, il fallait tout de même compter une bonne demi-heure de vélo elliptique pour évacuer ces foutues calories. Gaspard balança donc, non sans fureur, le pack de six yaourts nature dans son caddie. Oui au fond de lui, il espérait qu'Olivia allait retrouver le droit chemin, c'est à dire le chemin du Mcdo, du Quick et du KFC.

En général, aller faire les courses, n’était pas vraiment la tâche favorite de Gaspard. Même si dans un sens « faire les courses » c’était pas si loin du fait d’  « aller faire du shopping », mais bon, on va dire qu’acheter du papier toilette et des steaks hachés, c’est quand même un peu moins fascinant que d’acheter de sublimes pompes Jordan ou encore un somptueux maillot de la NBA. Mais il fallait avouer que même si sa sœur suivait son régime à 3 calories, Gasp, lui, ne se privait pas. Et généralement, c'est pour ça qu'il n'allait jamais faire les courses seul. Mais cette fois il avait craqué. Le frigo était VIDE tout comme son estomac qui continuellement ne cessait de crier famine. Faire les courses n'était pourtant pas une bonne idée, ou en tout cas ce n'était pas une tâche à accorder à Gaspard. Cependant, ce dernier n'était pas dupe. Une chose à retenir : ne jamais (je dis bien jamais) laisser une fille au régime dans un supermarché (au risque de la voir tout dévaliser). Alors c'était à Gaspard de s'en charger, ses parents étant absent pour le week-end.

Mais c'est justement en s'apercevant que le quinoa était en fait une graine, comestible qui plus est, que Gaspard se retourna et aperçu du coin de l'œil une silhouette qui ne lui était pas étrangère. Une rousse et il n'en connaissait pas des milliers. Une jolie rousse et cette fois il n'en connaissait qu'une. "Anais !", s'écria-t-il, en mettant ses deux mains sur ses pâles épaules. Gaspard avait du mal à se l'avouer mais il est vrai qu'Anais était sans doute son amie la plus proche. Presque sa meilleure amie en somme et c'était assez rare ça. Quelqu'un d'assez fort psychologiquement pour enduré cet imbécile qui ne vit que de sa chaine, de junk food et de NBA, ca se trouvait pas à tous les coins de rue. Il y avait Olivia, sa sœur, certes mais Anais était l'exception qui confirmait la règle. D'une unicité imparfaite, cette dernière se retourna laissant dévoiler son visage angélique. Un brin de fraicheur dans la vie un peu trop masculine de Gasp. "Ca gaze ?", lui demanda-t-il, en secouant, l'air amusé, une bouteille de Rosport. Ok la blague était nulle. Mais c'était du Gaspard, et Anais le connaissait suffisamment pour dire qu'il n'en avait jamais assez de faire des blagues pourris. C'était cependant un humour enfantin qui marchait plutôt bien entre ces deux là, l'ambiance n'était jamais tendue entre eux, toujours très relax. "Euh ouais… tu dois certainement te demander ce que je fous là. Eh bien dis toi que j'ai pris ma vie en main. Je vais faire les courses maintenant. Et OUI tu peux m'appeler "beau gosse", maintenant.", lui avoua-t-il, le sourire en coin. Faux, archi faux. Mais quel beau parleur ! Si sa sœur ne lui avait pas mis le couteau sous la gorge pour y aller (ce n'est qu'une expression, chill), il n'aurait sans doute pas décoller de son fauteuil de gamer. Mais croiser Anais rendait tout de suite la tâche moins rude. C'est soudainement que, gêné, il s'appercut que le contenu de son caddy ne réflétait pas forcément les ingrédients du "beau gosse". Hot dogs, Red Bull, Haribo, Chips… les yeux craintifs du jeune homme derivèrent du caddy vers ceux d'Anais. "Oui je me suis un peu trop lâché sur les glucides…Oups.", lui dit-il, dans un air de fatalisme. Il reprit plus calmement son sérieux, puis sentit une boule de culpabilité vivante en lui quand il appercut le contenu si diététique du panier d'Anais. "Toi, tu devrais passer à la maison un de ces quatre. Ma sœur voudrait sûrement de ton aide.", lui avoua-t-il, en lui faisant les gros yeux, surpris par tant de…sainitude. "Bon sinon toi …quoi de beau ? Le boulot ?", lui demanda-t-il, en pensant très fort à la période si éprouvante qu'était les soldes d'été pour les enseignes de mode et de maquillage. "Toujours pas de promo pour ton mec favori ?", lui glissa-t-il à l'oreille, en ricanant à moitié. Gaspard était un profiteur certes. Mais la relation Anais/Gasp était de toute facon basée sur une relation de donnant-donnant alors ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait se priver. Et puis Anais le savait bien, Gaspard adorait ses petits échantillons Sephora.