Soirée tranquille entre deux potes en galère au Moose #HUGO

Hugo & Raph'

Deux potes en galère, c'est nul mais dans un bar, c'est mieux !

Depuis que j’ai revu Lou il y a quelques jours, je n’arrête pas de penser à elle ! C’est vrai, je n’ai jamais cessé de penser à elle d’ailleurs mais la revoir après un an et demi, ça m’a fait un choc… Mon esprit, ma tête sont un peu perturbés de plus, j’dois vraiment me trouver un travail aussi. Professeur de danse c’est vraiment cool mais voilà, ce n’est qu’en remplacement du coup je gagne de l’argent c’est vrai mais pas autant que je veux. C’est le minimum pour vivre on va dire… Faire tous ces efforts pour au final ne pas avoir de boulot, c’est chiant. Alors oui, intermittent du spectacle c’est galère pour trouver quelque chose, même pôle emploi tu trouves un truc qui correspond à tes critères ou pas en fait, c’est vraiment de la pure merde ouais. Ca t’envoie des e-mails pour un job qui n’a aucun rapport avec ce que tu recherches, c’est vraiment se foutre de la gueule du monde ! Soit, j’ai vraiment besoin de m’aérer l’esprit et de penser à autre chose qu’à tout ça. Mon cerveau est en ébullition tellement je réfléchis de trop… Y a vraiment qu’à Disneyland Paris qui recrute des gens mais franchement, ça me tente pas vraiment ce monde puis bon, me déguiser en je ne sais pas quoi faut pas abuser non plus ! Aha

Bon, ce soir j’ai prévu de sortir et j’ai envoyé un message à Hugo pour savoir si il était partant qu’on aille se boire un verre dans un bar. Il est aussi dans la même galère que moi niveau boulot alors c’est parfait ! On peut déprimer avec nos verres et puis ça fait une occasion de se voir aussi. J’avoue, j’ai un peu la flemme de sortir parce qu’il fait vraiment moche mais pour sortir boire un verre, je suis toujours le premier ! Surtout que je n’ai rien fait aujourd’hui alors je ne peux pas dire que je suis vraiment fatigué… Je dois juste assurer un cours de danse demain mais ça, c’est un autre jour. N’allons pas trop vite, chaque chose en son temps.

Vingt et une heure trente, je me pointe devant le bar à l’heure pour une fois. Oui moi et la ponctuation, c’est pas trop mon point fort on va dire sauf dans le milieu professionnel mais avec les autres, faut pas trop compter sur moi. Je me pose donc devant le bar en fumant ma clope. Ouais parce qu’on peut plus fumer à l’intérieur alors j’en profite avant de rentrer. Je sais, ce n’est pas bon pour la santé blablabla mais je m’en fiche, je fume depuis mes seize ans, je ne vais pas arrêter maintenant et quand bien même, je ne fume pas énormément non plus ! Un demi paquet par jour voir moins c’est pas la mer à boire… J’ai prévu d’arrêter mais un jour, quand ma tête et mon corps en aura décidé.
Je regarde ma montre, Hugo n’est toujours pas là. Bon, allez il ne va pas tarder ! Il a sûrement un problème avec le métro ou alors, il s’est perdu ! Aha, possible aussi… Ca arrive à tout le monde de se perdre, surtout à Paris.

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Soirée tranquille entre
deux potes en galère.

“Ceux qui sont incapables de discerner ce qui compte réellement dans l'existence ne seront jamais heureux.”

C’est en fin de journée que je me rends compte qu’en vrai, j’ai une vie de merde. Sans rire, je me lève seulement quand je suis un minimum motivé, soit pas avant onze heures parce que sinon c’est trop tôt pour moi, et je passe ma journée devant des films. En y repensant, je regarde toujours les mêmes films, toutes les semaines. Et entre tout ça, ou pendant tout ça, je fume et je surveille les annonces de casting. En ce moment, ce n’est pas mirobolant. Pourtant, j’y mets du miens. Enfin, de mon point de vue. Je regarde ma montre. Et merde, je suis déjà en retard, je ne suis même pas douché. Je dois retrouver Raphaël devant un bar. Lui et moi, c’est la vie artistique, c’est pas ou peu de travail, c’est la merde. C’est un bien beau résumé. Je commence à désespérer légèrement de ne pas trouver de contrats. Enfin je précise que je veux des contrats qui me permettront de m’amuser sur scène. Pourquoi un autre ? Pourquoi pas moi ? La vie est injuste.

Je me lève et prends une douche rapide. J’enfile un jean, un polo et une veste, et hop, je suis parti. Quel temps pourri. Il pleut, le ciel est gris. Et puis, c’est Paris ! Les gens marchent vite, les gens ne se parlent pas. Ce n’est pas la ville la plus joyeuse qui existe, ça c’est clair. Je décide de prendre le métro, étant déjà trop en retard pour prendre le temps de marcher. Même si Raph ce n’est pas le mec chiant qui va me faire des reproches au moindre pas de travers, j’ai reçu une belle éducation de la part de mes parents, donc je vais essayer de limiter mon retard au maximum. Et puis de toute façon, il est toujours en retard lui aussi, donc on va peut être arriver en même temps. Pourtant, je n’aime pas prendre le métro. Je suis peut être un peu claustro au fond, ou alors juste asociable, voire un peu des deux. Non, soyons réalistes, je ne suis pas un mec sociable. Je suis bien, dans mon appart, seul, devant un film. J’ai toujours été comme ça, mais j’ai le sentiment que ça empire avec l’âge. Et la mort de ma mère n’a rien arrangé. J’ai perdu la femme de ma vie, une de mes raisons de vivre. J’essaye de me battre, mais il faut croire que je ne suis pas un grand bagarreur.

L’heure de la délivrance ! J’allume une clope dès que je suis sur les marches qui me permettent de rejoindre la rue. J’avance vers le bar où Raph m’a donné rendez-vous. Je le vois, lui aussi la clope à la bouche. Quelle belle équipe de fumeurs. Je lui adresse un beau sourire. Ouais, je suis plutôt content de le voir. Je ne compte même plus depuis combien de jours je ne suis pas sorti de chez moi. « Alors, tu ne peux plus te passer de moi ? » lui ai-je demandé avec un sourire moqueur.

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Hugo & Raph'

Deux potes en galère, c'est nul mais dans un bar, c'est mieux !

Je n’aime pas attendre, je déteste ça… C’est peut être pour ça que j’attend avec une clope, ça passe le temps et c’est vraiment pas bon pour la santé comme le dit si bien ma mère… J’ai déjà essayé d’arrêter mais je n’arrive pas à tenir et puis, beaucoup de mes amis fument… On est bien d’accord que ça n’aide pas la personne à arrêter de fumer ! Je termine ma clope avant d’entendre une voix, la voix d’Hugo qu’on peut reconnaître facilement du moins, je sais la reconnaître. On doit passer trop de temps ensemble à se lamenter sur notre sort parce que ne pas trouver de boulot dans notre domaine, c’est vraiment naze ! Je pose mon regard sur lui avant de rigoler à ce qu’il dit, toujours aussi drôle dit donc.

« Voilà c’est ça t’as tout compris ! Et puis bon, ça fait longtemps qu’on s’est plus vus alors fallait bien remédier à ça » dis-je avec un sourire.
C’est vrai que ça fait un petit temps qu’on ne s’est pas vus. Bon, ce n’est pas parce que je suis trop occupé parce qu’en fait, je n’ai rien à faire à part quelques petits trucs par ci par là mais rien de bien intéressant. C’est juste que ce soir, j’ai eu envie de sortir mais seul ce n’est pas marrant du coup, j’ai pensé à Hugo ! Je suis un gentil pote, je pense toujours à mes amis.

« Bon allez fini ta clope, comme ça on peut rentrer » Moi pressé de rentrer ? Mais pas du tout voyons… J’ai juste envie de boire un peu, de ne penser à rien et encore moins aux journées pourries que je passe à répondre à des annonces de castings. Oui parce que ça aussi c’est chiant, surtout qu’au final, je ne suis jamais pris alors pourquoi s’acharner autant ? Peut-être parce que j’y crois encore mais il faut que je songe à faire un truc en dehors de ça sinon, je vais vraiment pas gagner ma vie et payer un loyer à Paris, ça coûte pas mal. Parfois, j’ai envie de retourner à Nice et d’y rester mais beaucoup de castings se font à Paris alors faire des voyages aller/retour, ça coûte aussi cher. Du coup, je me dis que Paris c’est mieux et que je compte y rester jusqu’à ce que je ne peux plus danser, donc j’en ai encore pour vingt-ans on va dire, à part si je suis bien rouillé avant.

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Soirée tranquille entre
deux potes en galère.

“Ceux qui sont incapables de discerner ce qui compte réellement dans l'existence ne seront jamais heureux.”

« Bon allez fini ta clope, comme ça on peut rentrer » Je sens venir que, pendant cette soirée, il n’y en aura pas un pour rattraper l’autre. Deux artistes presque au chômage qui ne savent plus quoi faire de leur vie, c’est un beau duo, n’est-ce pas ? On n’est pas tant du genre à se plaindre, mais quand on est réunis, il n’y a plus de barrières. On dit tout ce qu’on a sur le cœur, d’autant plus après quelques verres. « Oh, t’as deux minutes ?! » Je le regarde, avec un petit sourire. J’ai du mal avec l’autorité. Je finis ma clope tranquillement. J’ai juste envie de le faire râler. Ce n’est pas cool, certes. Mais comme on dit, qui aime bien châtie bien. Je termine, enfin, et regarde Raph en souriant. « C’est parti ! » Depuis le temps que je n’ai pas mis le nez en dehors de mon appartement, je compte bien profiter de cette soirée, qui plus est en présence de mon pote. Il a de la chance, je suis plutôt de bonne humeur ce soir.

On rentre dans le bar. On s’assoit sagement à une table avec nos bières. On démarre de façon soft. C’est l’échauffement on pourrait dire. Je suis de bonne humeur, mais de naturel bavard. Ce n’est pas demain que le changement va opérer. C’est quand même bizarre, même avec un bon pote comme Raph, je ne parle pas beaucoup, enfin je deviens tout de suite plus expressif après quelques verres. Je bois une gorgée de ma bière. J’attends qu’il engage la conversation. En fait, mon côté peu bavard s’est encore plus renforcé depuis la mort de maman. Et puis Nine et Léon ont toujours été bavards et beaux parleurs, donc j’ai pris l’habitude. Mais ça ne m’a jamais dérangé. Je préfère écouter que raconter. Mais oui, après la mort de maman, j’ai appris à me taire. Parce que dire ce que je ressentais, je n’ai jamais voulu. Je l’ai exprimé, à ma manière. Pourtant, je suis certainement celui que ça touche le plus encore aujourd’hui. C’est un sujet sensible, qui rend le remariage de mon père tabou. J’ai espoir qu’il dise non le jour du mariage, même s’il y a peu de chances. Sort de tes pensées Hugo, sinon il va se douter de quelque chose. Je tente de revenir rapidement à la réalité. C’est un peu mon problème, je me perds vite dans mes pensées. C’est parce que je suis habitué à être seul, affalé dans mon canapé ça. C’est souvent que mon frère et ma sœur me disent que je suis dans ma bulle, que j’ai l’air absent. C’est vrai, j’ai parfois l’impression de vivre dans un autre monde, dans mon monde. Mais rassurez-vous, il est loin d’être parfait ce monde. Je pose mon regard sur Raphaël. C’est drôle, il a l’air pensif lui aussi. Quel beau duo dit donc ! Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. J’attrape ma bière pour boire encore quelques gorgées. Je dois être un ivrogne ce soir, puisque sans m’en rendre compte, je l’ai déjà finie. J’appelle donc le serveur. « On commande quoi ? » Je pose la question à Raph, qui n’est pas loin d’avoir fini son verre non plus.

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